En voyant Jésus, ils surent.

Méditation de l’Avent pour le 24 Décembre.

Méditation de l’Avent 2022.

Méditation de l’Avent 2022.

Christianity Today December 24, 2022
Stephen Crotts

Semaine 4: Emmanuel


En parcourant les événements entourant la Nativité, nous contemplons l’Incarnation. Jésus — le Dieu fort, le Prince de la paix, la Lumière du monde — s’est fait chair et a habité parmi nous. Comme l’annonçait la prophétie d’Ésaïe, il est « Dieu avec nous ». Jésus est Emmanuel.

Lisez Luc 2.22-40

Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé aux yeux de toutes les nations. LUC 2.30-31

Il est difficile d’être parent, et être parent pour la première fois apporte un poids supplémentaire de difficultés. Tout est nouveau — de la sensation des premiers battements de la vie dans le ventre de la mère aux premiers moments de la rencontre avec votre enfant, puis le premier bain, les premiers repas, les premiers mots et les premiers pas. Il y a tellement de premières fois !

Imaginez ce qu’ont vécu Joseph et Marie, voyageant avec leur nouveau-né de Bethléem à Jérusalem. Le voyage à pied devait prendre quelques heures. Dans une obéissance fidèle, ils firent la route pour la première fois en tant que tout nouveaux parents, se joignant à la coutume de se consacrer à Dieu avec leur enfant.

Tout se passait selon la coutume jusqu’à l’arrivée du juste et pieux Siméon. Il avait attendu la délivrance d’Israël, et en entrant dans les cours du temple, il vécut aussi une première fois. Dieu accomplit sa promesse que Siméon vivrait pour voir le Messie. En voyant l’enfant Jésus, il sut.

Et Siméon ne s’est pas contenté de le voir. Il l’a tenu dans ses bras. À cet instant, Siméon comprit de manière tangible que le salut de Dieu annoncé par les prophètes serait non seulement mondial, mais aussi intime et personnel. Le salut lui-même était incarné dans l’enfant qui babillait et gigotait dans ses bras. Pendant que Siméon adorait et parlait du salut de Dieu, Marie et Joseph s’émerveillaient, se souvenant probablement de l’instruction des anges leur demandant de nommer leur enfant Jésus, un nom évoquant le salut de Dieu.

Pendant que Siméon parlait à Marie, Anne s’approcha d’eux et confirma le cantique d’adoration prophétique de Siméon en louant elle-même Dieu. Pendant des décennies, la vie entière d’Anne avait été centrée sur l’adoration de Dieu, la prière et le jeûne. En voyant Jésus, Anne sut. Elle sut que c’était l’enfant qu’ils attendaient pour la rédemption du peuple de Dieu, et elle parla de Jésus à tous ceux qui voulaient l’entendre. La lumière promise aux nations était arrivée.

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En Marie et Joseph, en Siméon et Anne, nous voyons des instantanés de ce que sont la dévotion à Dieu et une vie juste. Nous voyons l’obéissance et la foi, la discipline et le dévouement, l’attente et l’adoration. Ils ont vu Emmanuel. Ils ont tenu Emmanuel dans leurs bras. Ils ont connu Emmanuel. Ils ont parlé d’Emmanuel.

Alors que nous célébrons cet Emmanuel en cet Avent, marchons dans l’obéissance fidèle comme Marie et Joseph. Entraînons-nous à être dévoués, sincères et remplis d’adoration comme Siméon. Prions, jeûnons et parlons de Jésus à tous ceux qui veulent l’entendre, comme Anne. Il n’y a de rédemption en aucun autre nom.

Kristie Anyabwile est l’autrice de Literarily: How Understanding Bible Genres Transforms Bible Study et l’éditrice de His Testimonies, My Heritage.

Méditez Luc 2.22-40.


Qu’est-ce qui est le plus saisissant pour vous dans l’histoire de Siméon et d’Anne ? Comment leur exemple — et celui de Marie et de Joseph — vous encourage-t-il et vous inspire-t-il en cette veille de Noël ?

Chrétiens dans et face à la Coupe du monde

Des chrétiens ont brillé durant la compétition sportive la plus suivie au monde. Face au coût humain de cet événement, des questions demeurent cependant…

Christianity Today December 23, 2022
Associated Press

Alors que des millions de chrétiens célébraient le quatrième dimanche de l’Avent, des millions de personnes étaient aussi rivées à leur écran, suivant avec passion la finale de la Coupe du monde qui a vu l’équipe argentine couronnée. Malgré un âge déjà avancé dans le milieu, le capitaine de l’équipe Lionel Messi, 35 ans, a été sublime dans la compétition, avec sept buts et quatre passes décisives à son actif, et a remporté le Ballon d’or pour sa cinquième Coupe du monde.

Bien que le réservé Messi, dont le bras droit porte un tatouage montrant Jésus couronné d’épines, n’ait pas exprimé sa foi ouvertement, si ce n’est en montrant le ciel après ses buts, cette Coupe du monde était aussi marquée par la présence de plusieurs chrétiens professants.

À la tête de l’offensive française contre l’Argentine se trouvait l’attaquant de 36 ans Olivier Giroud, le Psaume 23 tatoué en latin sur son bras droit : « Le Seigneur est mon berger. Je ne manquerai de rien ». Pendant cette Coupe du monde, Giroud est devenu le meilleur buteur de l’histoire de la France avec quatre buts magnifiques.

Si Kylian Mbappé, tête de proue de l’équipe, s’est montré à la hauteur des espérances avec sa vitesse fulgurante et ses tirs meurtriers, Giroud a fourni un point de convergence fiable en attaque et son jeu désintéressé a créé des ouvertures pour ses coéquipiers. « J’essaie de parler de ma foi chaque fois que je le peux », déclarait-il après avoir remporté la Coupe du monde en 2018. « Je sens que je dois utiliser mon exposition médiatique pour parler de mon engagement envers Jésus-Christ. »

Pendant la majeure partie de la dernière décennie, alors que Giroud jouait pour deux clubs de Londres, il a fréquenté l’Église St Barnabas de Kensington, qui appartient à l’aile évangélique de l’Église d’Angleterre. Lors du quart de finale de la France contre l’Angleterre, où il a marqué de la tête pour assurer la victoire 2-1 des Bleus, il faisait face à une nouvelle génération d’ailiers anglais qui vivent leur foi chrétienne avec grâce.

Avec trois buts chacun, les Anglais Marcus Rashford et Bukayo Saka ont brillé au Qatar. Tous deux ont été élevés dans des Églises pentecôtistes noires, et Rashford, 25 ans, s’est déjà fait un nom en tant qu’activiste et philanthrope contre le racisme et le sans-abrisme. À 21 ans, Saka a fait la couverture du Time après avoir été élu meilleur joueur anglais de l’année. Il a confié qu’il lisait la Bible tous les soirs pour trouver « la paix et le bonheur ». Bien que Rashford et Saka aient reçu des insultes racistes en ligne après avoir manqué les tirs au but en finale de l’Euro 2020, ils ont tous deux été salués pour leur résilience et pour avoir favorisé une saine camaraderie au sein de l’équipe anglaise.

L’Angleterre a affronté l’équipe nationale masculine des États-Unis en phase de groupe, et la solide défense américaine, menée par Walker Zimmerman, fils d’un pasteur, a permis aux outsiders d’obtenir un respectable match nul contre la redoutable Angleterre. Emmenant son fils d’un an à l’entraînement, Zimmerman a été un leader crucial à l’arrière. Il soutient par ailleurs le contrôle des armes à feu et l’égalité raciale et de genre, en faveur notamment de l’égalité salariale avec l’équipe nationale féminine des États-Unis.

Zimmerman a un compagnon de foi en la personne de Christian « Captain America » Pulisic, qui a marqué le but victorieux contre l’Iran pour envoyer l’équipe américaine en phase éliminatoire, tout en souffrant d’une blessure abdominale après avoir percuté le gardien de but adverse. L’année dernière, Pulisic déclarait à GQ que son transfert à Chelsea, pour un montant de 73 millions de dollars, l’avait rapproché de Dieu, malgré la forte concurrence pour son poste de meneur de jeu et les blessures qu’il y a subies. Deux mois avant la Coupe du monde, il postait le Psaume 147.11 sur Instagram : « Le Seigneur prend plaisir à ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir dans son amour indéfectible. »

De l’autre côté du terrain, le gardien numéro 1 du Brésil, Alisson Becker, a réalisé des arrêts spectaculaires pour enregistrer deux sans faute et ne concéder que deux buts en quatre matchs. Bien qu’une frappe croate malheureusement déviée à la 117e minute ait éliminé les favoris en quart de finale, Alisson retournera à Liverpool où il est entouré de fidèles frères en Christ. Son charismatique entraîneur Jürgen Klopp est un chrétien convaincu, et Alisson a baptisé son coéquipier Robert Firmino dans une piscine de sa maison. Leur coéquipier Virgil van Dijk a même surnommé Alisson, qui est membre d’une Église Hillsong à Liverpool, le « saint gardien ».

Malgré la déception d’une élimination en quart de finale, le sélectionneur brésilien sortant Tite a offert à son équipe de quoi se réjouir. Fervent catholique, Tite a donné du temps de jeu aux 26 joueurs de sa liste au Qatar et a dansé avec ses joueurs pour célébrer la cascade de buts lors de la victoire 4-1 du Brésil sur la Corée du Sud. Pendant la Coupe du monde 2018, il avait assisté à la messe en Russie et il a été vu avec un chapelet lors d’un entraînement au Qatar.

L’équipe la plus pieuse a peut-être été l’Équateur. Un jour avant le début du tournoi, le milieu de terrain Carlos Gruezo partageait une vidéo de lui et de ses coéquipiers en train de prier. « Aujourd’hui commence une nouvelle histoire et celui qui guide nos pas, c’est Dieu », écrivait-il en légende. « Sans toi, nous ne pouvons rien faire. Nous te rendons toute la gloire et l’honneur. »

https://www.instagram.com/reel/ClLWSLJvyvb/

Après que le coéquipier de Guerzo, Enner Valencia, ait transformé un penalty lors du premier match de l’Équateur en Coupe du monde contre le pays hôte, le Qatar, lui et ses coéquipiers se sont rassemblés en cercle, à genoux, levant les mains pour louer Dieu.

Alors que beaucoup espéraient mettre fin à la domination des équipes européennes lors des dernières Coupes du monde, l’entraîneur marocain Walid Regragui a fait les gros titres en menant la première nation arabe et africaine en demi-finale. Bien que sa foi soit inconnue, il a assurément incarné l’impératif biblique d’honorer son père et sa mère en invitant les familles de ses joueurs à les rejoindre gratuitement au Qatar. L’une des images les plus émouvantes de la Coupe du monde a été celle de l’arrière droit marocain Achraf Hakimi courant vers sa mère dans les tribunes pour l’embrasser après la victoire historique du Maroc sur la Belgique. « Notre réussite n’est pas possible sans le bonheur de nos parents », déclarait Regrarui.

Si les supporters marocains ont rejoint les rangs des supporters argentins et brésiliens parmi les plus fervents du monde pendant cette Coupe, les plus appréciés ont été les supporters japonais. Le nettoyage des stades avec des sacs poubelles bleus après les victoires de leur pays sur les poids lourds que sont l’Allemagne et l’Espagne est devenu viral et a inspiré des actes de nettoyage similaires. Les Samurai Blues ont également laissé leurs vestiaires impeccables après chaque match, ce qui leur a valu le respect de la FIFA.

La Coupe du monde de football du Qatar n’aurait cependant pas été possible sans les centaines de milliers de travailleurs migrants originaires des pays d’Asie du Sud qui ont construit le stade, souvent à grand coût pour eux-mêmes. Plus de 2 000 travailleurs népalais sont morts au Qatar depuis 2010 alors qu’ils construisaient des stades extravagants sous une chaleur torride et dans des conditions atroces. D’autres souffriront de douleurs chroniques pour le reste de leur vie, tandis que leur famille restera embourbée dans les dettes et la pauvreté.

« Leur mort [celle des travailleurs migrants] a été acceptée et n’a pas fait l’objet d’une enquête, leurs familles ne sont pas indemnisées de manière adéquate », écrit le vainqueur de la Coupe du monde 2014 et ancien capitaine de l’Allemagne Philipp Lahm, un chrétien, pour expliquer pourquoi il a boycotté le Qatar.

Parmi les derniers mots du journaliste de football américain Grant Wahl, décédé pendant la Coupe du monde, on trouve une critique cinglante de l’apathie face à la souffrance des autres.

« Ils s’en fichent tout simplement », écrivait-il à propos de la mort d’un autre travailleur migrant dans l’un des centres d’entraînement de l’équipe, survenue pendant le tournoi.

Lorsque nous retournerons au culte après avoir applaudi la victoire de Messi ce dimanche, nous devrions peut-être nous demander si l’accusation de Wahl s’applique à nous.

J. Y. Lee est un doctorant au séminaire de Princeton et un écrivain indépendant qui avait réalisé un reportage au Brésil pendant la Coupe du monde 2014.

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Souvenons-nous des bébés assassinés de Bethléem

Le massacre des Innocents par Hérode dans Matthieu 2 nous incite à nous joindre aux « gémissements » du monde de Dieu.

Christianity Today December 23, 2022
Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: WikiMedia Commons / WikiArt

Je déteste la période de Noël. Pas tant pour le caractère mercantile qui, après tout, traverse toute la vie moderne, mais pour son sentimentalisme nauséabond.

L’histoire de la naissance de Jésus n’a absolument rien à voir avec des bébés tout mignons, les échanges de cadeaux ou la célébration de l’unité familiale, et encore moins avec la neige, les rennes, le gui et le père Noël.

Il est question de contrôle impérial, de préjugés sociaux, de mères célibataires, de réfugiés politiques, d’astrologues païens, de violence, de deuils et de dictateurs meurtriers. Une véritable fenêtre sur notre monde contemporain !

Dans le récit que fait Matthieu de la naissance de Jésus, cet événement capital est accompagné de meurtres effroyables. Jésus, comme Israël sous le premier Joseph, est emmené en Égypte (Mt 2.14). Et Hérode, comme Pharaon avant lui, ordonne le massacre d’enfants mâles israélites (v. 16).

Les lecteurs juifs de Matthieu durent également relever des parallèles avec certaines traditions juives non bibliques concernant la naissance de Moïse. Le récit présente typologiquement Jésus comme un nouveau Moïse, mais surtout comme le véritable Israël qui incarne la vocation de Dieu à être une lumière pour les nations en tant que Fils obéissant de Dieu, un thème qui est développé dans le reste de l’évangile de Matthieu.

Ces récits de l’enfance regorgent de paradoxes qui laissent songeur. Le Verbe à qui appartient l’univers n’a pas d’endroit où poser sa tête, et encore moins de maison. Les mages païens se révèlent être des serviteurs du Dieu d’Israël et sont amenés à reconnaître le véritable roi d’Israël, alors que le souverain d’Israël est pire que n’importe quel tyran païen.

Quand la cruauté règne

Hérode a été roi de Judée d’environ 37 à 4 avant Jésus-Christ. Il est considéré comme un « bâtisseur prodigieux » qui a construit de vastes palais-forteresses, la ville entière de Césarée sur la côte méditerranéenne et le second temple de Jérusalem.

Dans l’Évangile de Matthieu, le roi Hérode est troublé par la nouvelle de la naissance d’un roi des Juifs (2.2-3). Il décide de localiser l’enfant et envoie les mages à Bethléem pour lui faire un rapport, mais ceux-ci reçoivent en rêve un avertissement de ne pas retourner chez Hérode (v. 7-12). Un ange avertit également Joseph et Marie pour qu’ils fuient en Égypte, car Hérode a l’intention de tuer leur bébé (v. 13). En représailles, Hérode ordonne que tous les garçons de Bethléem âgés de deux ans et moins soient tués (v. 16).

Selon les spécialistes, une vingtaine de nourrissons et de petits garçons furent probablement ainsi tués, pour une population du village de Bethléem qui ne dépassait pas 1 000 habitants. Bien qu’il n’existe aucun récit extrabiblique documentant davantage cet événement tragique, il s’accorde très bien avec ce que nous savons de la brutalité paranoïaque d’Hérode par des historiens contemporains, tels que Josèphe.

Sous le règne d’Hérode, sa femme préférée et ses deux fils furent étranglés, car soupçonnés de trahison. Son beau-frère eut un « accident de noyade » quand il devint trop populaire. Hérode ordonna également que des notables soient exécutés le jour de sa mort pour s’assurer un deuil national. L’empereur Auguste aurait résumé ainsi la situation : « Mieux vaut être le porc d’Hérode que son fils ».

Le caractère et les actions d’Hérode montrent combien le pouvoir apporte ses propres paradoxes. Plus on acquiert de pouvoir, plus on se sent en danger. Les amis sont remplacés par des flatteurs, et nul ne peut compter sur la loyauté des flatteurs. Des purges fréquentes sont nécessaires. D’où la superstition et la paranoïa qui enveloppent la plupart des infâmes tyrans de l’histoire de l’humanité, jusqu’à des individus comme Vladimir Poutine et Kim Jong-Un aujourd’hui.

Une voix s’élève

Matthieu lit le massacre des Innocents à travers le prisme de l’un des moments les plus douloureux de l’histoire de sa nation : « Une voix s’est fait entendre à Rama, des pleurs et beaucoup de lamentations : c’est Rachel qui pleure ses enfants ; elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus » (Mt 2.18).

L’évangéliste cite Jérémie 31.15 qui évoque Rachel pleurant ses enfants. Le passage dépeint la figure de l’épouse favorite de Jacob (Israël) pleurant parce que ses descendants étaient conduits en exil à Babylone. Rama était le site traditionnel de sa tombe, et les Judéens, dont Jérémie, s’y étaient rassemblés pour faire le voyage (Jr 40.1).

Rachel, qui se lamentait depuis sa tombe à Bethléem pendant l’Exil, pleure maintenant un autre épisode tragique de l’histoire de son peuple.

Matthieu, contrairement à Luc, ne rapporte pas le cantique de joie de Marie. Il n’a que l’angoisse de Rachel. L’aube de l’ère messianique provoque un violent retour de bâton, et ce conflit avec les puissances du mal se poursuivra jusqu’à ce que le royaume du Messie soit finalement victorieux.

Peut-être ce motif est-il destiné à faire le lien avec le thème de l’exode. De même que le premier exode avait été provoqué par les gémissements du peuple en esclavage parvenus aux oreilles de Dieu qui se souvint de son alliance avec leurs ancêtres, de même le nouvel exode de l’humanité commence par les gémissements du peuple de Dieu sur la douleur du monde qu’il habite.

Si certaines traditions chrétiennes se souviennent du massacre des enfants par Hérode en célébrant la fête des Saints Innocents le 28 décembre (ou le 29 décembre pour les croyants orthodoxes), d’autres événements du calendrier liturgique, comme l’Épiphanie (la visite des Mages), font l’objet d’une plus grande attention collective.

Les sermons et chants de Noël traditionnels ignorent également les larmes de Rachel (Mt 2.18) au profit de la louange de Marie. Mais les deux ont longtemps été inséparables dans la piété juive et chrétienne.

La lamentation était la réponse des anciens Israélites au silence de Dieu face à l’injustice omniprésente. Adorateurs d’un Dieu qui parle et agit, ils restaient déconcertés par son silence et son indifférence apparente. Comme ils croyaient que Dieu était juste, ils étaient troublés par sa lenteur à juger la méchanceté.

La lamentation est adressée à Dieu, contrairement à la plainte et aux murmures. Dans la lamentation, paradoxalement, nous nous accrochons à Dieu dans la foi, même si nous l’accusons d’être injuste ou insensible.

Le psaume 88, le plus sombre de tous les psaumes de lamentation, nous relie au silence de Dieu et à l’obscurité dans laquelle vivent tant d’entre nous, à cause de la dépression, de la démence, de la violence, de la maladie, du divorce, du deuil, du handicap, du chômage, etc.

Le psaume 22 était sur les lèvres de Jésus lorsqu’il fut suspendu à la croix (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »). Il exprimait ainsi sa solidarité avec tous ceux qui ont prononcé ces mots dans l’histoire de l’humanité.

Interpellés par la mort

Lorsque des personnes meurent très jeunes, à la suite d’un acte de violence, d’un accident ou d’une maladie, il est légitime d’être en colère. Mais la chose a été normale pendant la plus grande partie de notre histoire et l’est encore dans de nombreuses régions du monde en développement.

Alan Lewis termina son remarquable Between Cross and Resurrection: A Theology of Holy Saturday au cours des derniers stades d’un cancer en phase terminale. Il écrit :

Combien les protestations de ceux qui sont en bonne santé, riches et en sécurité, contre l’injuste brièveté de leur vie, paraissent insensées et creuses lorsqu’elles sont mises en regard des cris de ceux qui endurent sans espoir la banale monotonie du mal, les cycles sans fin de la pauvreté et de la famine, de la guerre, de l’oppression et des abus, et pour qui l’abréviation de la vie serait une bonne nouvelle.

L’Église est appelée à prendre part à l’intercession de Jésus pour ce monde. Cela implique de se souvenir des « gémissements » du monde de Dieu dans les prières et dans les témoignages publics.

Je pense notamment aux terribles souffrances des populations d’Ukraine et du Myanmar, mais aussi de celles qui vivent dans des guerres et des conflits politiques oubliés ailleurs sur terre. Le changement climatique touche le plus durement les personnes qui en sont les moins responsables. C’est aussi une injustice.

Plus nous étudierons l’histoire de nos nations ou le fonctionnement de l’ordre économique actuel, plus nous découvrirons que nos modes de vie confortables sont en quelque sorte subventionnés par les pauvres du monde. La chose a lieu aussi bien au sein des pays qu’entre eux. Pensez par exemple à la façon dont les travailleurs migrants mal rémunérés soutiennent de nombreuses économies modernes, en particulier dans l’agriculture et les industries de l’hôtellerie et de la restauration.

Pour ceux qui refusent de faire face à la souffrance de ceux avec lesquels ils vivent, les cris de lamentation peuvent sembler « peu spirituels », gênants, voire répugnants. Et de nombreuses Églises qui expurgent leurs prédications et leurs liturgies de la tradition de la lamentation biblique se sont installées dans le statu quo, à l’aise dans le monde et prétendant que tout va bien. Elles n’aspirent pas à un ordre mondial plus juste.

Si nous sommes habitués à penser que nous sommes le centre du monde et que le travail de Dieu consiste à rendre notre vie heureuse et réussie (« Dieu a un plan merveilleux pour votre vie »), alors la confrontation avec la tragédie risquera de nous détruire.

Mais si nous avons appris à considérer le monde comme le lieu de tant de souffrances injustes, où des vies innocentes — comme celles des 20 enfants massacrés à l’époque de Jésus — peuvent être détruites prématurément, alors nous ne serons pas surpris lorsque ce qui arrive chaque jour à d’innombrables autres personnes nous arrivera aussi.

Nous aurons été décentrés. Et notre souffrance personnelle peut nous décentrer encore davantage si nous la remettons à Dieu.

Le fait de participer à la protestation de Dieu lui-même contre la souffrance injuste devrait également nous détourner de l’apitoiement sur soi et de la tentation de nourrir de la rancune envers les autres. Cela devrait nous conduire à des actions dans le monde qui s’attaquent aux causes des souffrances injustes et des morts inutiles.

Nous pouvons créer des espaces dans les communautés locales pour que d’autres personnes puissent partager leurs propres histoires de souffrance qui ont été largement ignorées, comme dans le mouvement #MeToo ou (sur une scène politique plus large) les diverses commissions de vérité et de réconciliation qui ont été mises en place dans divers pays à la suite de conflits civils.

Pas de réponses faciles

Pour en revenir aux larmes de Rachel, le passage de Jérémie que cite Matthieu parle ensuite de Dieu qui réconforte Rachel, promettant la restauration de son peuple parce qu’Israël est « un fils chéri, un enfant choyé » (Jr 31.16-17, 20 ; cf. Mt 2.15-18). Il établira une nouvelle alliance (Jr 31.31-34).

Les événements douloureux de l’enfance persécutée de Jésus étaient l’enclume sur laquelle Dieu allait forger l’émergence d’un Israël nouveau et transformé, mettant fin à leur exil et inaugurant une nouvelle alliance par la mort et la résurrection de son Fils.

Mais pourquoi Dieu n’a-t-il pas averti les mères et les pères de Bethléem du projet meurtrier d’Hérode, comme il l’a fait pour Joseph ?

Impossible de répondre à ce genre de question. Le deuil est une expérience de solitude terrible, mais il nous lie aussi, à travers l’espace et le temps, à une humanité souffrante, qui aspire à ce jour où Dieu « essuiera toute larme » de nos yeux. « Il n’y aura plus ni mort, ni deuil, ni cri, ni douleur, car l’ordre ancien des choses a disparu » (Ap 21.4).

Les bébés de Bethléem se relèveront et s’épanouiront avec nous — un espoir rendu possible par celui qui avait alors, pour un court temps encore, été épargné.

En attendant, les larmes de Rachel feront toujours partie de l’histoire de Noël.

Partager sa douleur face au massacre des Innocents nous permet de cheminer avec Dieu dans les ténèbres, un pied dans chacun des deux mondes : le monde qui gémit sous l’emprise des puissances idolâtres et le monde nouveau qui a vu le jour et est en train d’advenir.

Vinoth Ramachandra vit à Colombo, au Sri Lanka, et est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Sarah’s Laughter: Doubt, Tears, and Christian Hope (Langham, 2020).

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Un troupeau de bergers

Méditation de l’Avent pour le 23 Décembre.

Méditation de l’Avent 2022.

Méditation de l’Avent 2022.

Christianity Today December 23, 2022
Stephen Crotts

Semaine 4: Emmanuel


En parcourant les événements entourant la Nativité, nous contemplons l’Incarnation. Jésus — le Dieu fort, le Prince de la paix, la Lumière du monde — s’est fait chair et a habité parmi nous. Comme l’annonçait la prophétie d’Ésaïe, il est « Dieu avec nous ». Jésus est Emmanuel.

Lisez Luc 2.1-21

Dans les champs environnants, des bergers passaient la nuit pour garder leurs troupeaux. LUC 2.8

Lorsque ma femme, Karin, était à l’école maternelle, elle joua un jour une Marie miniature dans une crèche vivante. Bien que l’idée paraisse adorable, du haut de ses trois ans, la réalité d’avoir des animaux vivants à côté d’elle s’avéra terrifiante. Elle se mit à pleurer de toutes ses forces, ne voulant rien savoir de tout ce que l’on tentait pour la rassurer. C’est alors que son père entra sur scène et s’allongea sur le sol entre elle et les bêtes, formant une barricade humaine pour que sa fille se sente en sécurité. Il se recouvrit entièrement de paille pour que les visiteurs ne se doutent de rien.

J’y vois une image frappante de ce qu’est le travail de berger. En Luc 2, les bergers « passent la nuit pour garder leurs troupeaux », ce qui souligne les dangers bien réels de l’obscurité. Les voleurs et les prédateurs représentaient alors la plus grande menace. Les bergers se mettaient donc en danger, protégeant leurs moutons au péril de leur vie.

Mais dans le récit de Luc sur la naissance de Jésus, les bergers se révèlent aussi être des brebis. Ce premier Noël, le Seigneur se révéla comme le bon berger de l’histoire, prenant soin des bergers eux-mêmes comme de brebis de son propre troupeau.

Considérez combien l’attention que Dieu porte aux bergers ressemble à la description que David fait de Dieu comme berger dans le psaume 23. Dieu a répondu au besoin des bergers — un besoin qu’ils n’ont peut-être même pas formulé. Il a apaisé leurs âmes par les paroles de l’ange : « N’ayez pas peur ». Il les a conduits sur les chemins de la justice jusqu’à la crèche. Il leur a montré qu’il était avec eux de la manière la plus humble et la plus accessible qui soit : comme un bébé dans une crèche. Il a restauré leurs âmes par un message d’espoir et d’appartenance — un message qui s’avéra exactement « comme on le leur avait dit ». Il a rempli leur coupe à déborder de louanges « pour toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues ». Il n’a pas seulement répondu à leurs besoins : il a oint leurs têtes d’huile de joie. Il leur a montré une bonté et une miséricorde qui les accompagneraient tous les jours de leur vie.

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J’ai besoin de ce genre de soins. En tant que pasteur, je suis reconnaissant de ce rappel que les bergers font aussi partie du troupeau. Je suis reconnaissant pour un Sauveur qui connaît bien ses brebis capricieuses, qui a lui aussi osé placer sa vie dans la paille, s’interposant entre nous et le danger.

Et je suis reconnaissant que, lorsque nos âmes anxieuses ont besoin d’être soignées, le Seigneur prononce encore ses paroles de paix sur terre, de la voix reconnaissable de notre bon berger. Il y a véritablement là une bonne nouvelle de grande joie pour tout le peuple.

J. D. Peabody est pasteur de l’Église New Day à Federal Way, Washington, et l’auteur de Perfectly Suited : The Armor of God for the Anxious Mind.

Contemplez Luc 2.1-21.


En option

: Lisez également le Psaume

23 et Jean

10.2-4, 11, 14.


Comment voyez-vous la sollicitude de Dieu — et le caractère de Dieu — dans le récit des bergers ? Qu’est-ce que cela met en évidence pour vous au sujet de Jésus ?

Le non-père de Noël

Méditation de l’Avent pour le 22 Décembre.

Méditation de l’Avent 2022.

Méditation de l’Avent 2022.

Christianity Today December 22, 2022
Stephen Crotts

Semaine 4: Emmanuel


En parcourant les événements entourant la Nativité, nous contemplons l’Incarnation. Jésus — le Dieu fort, le Prince de la paix, la Lumière du monde — s’est fait chair et a habité parmi nous. Comme l’annonçait la prophétie d’Ésaïe, il est « Dieu avec nous ». Jésus est Emmanuel.

Lisez Matthieu 1.18-25

Il [lui] donna le nom de Jésus. MATTHIEU 1.25

Le plus grand titre de gloire de Joseph est ce qu’il n’a pas été. Nous le connaissons comme celui qui « n’était pas le père » de Jésus. Matthieu souligne le peu de place de Joseph dans le déroulement de l’histoire de la rédemption, de la grossesse de Marie au lieu de naissance du Christ, jusqu’aux événements qui ont conduit à la fuite de la famille en Égypte.

L’Écriture rend également Joseph remarquablement silencieux. Aucune de ses paroles ne nous est rapportée. De ce fait, Joseph est souvent passé sous silence, ou fait l’objet de nos conjectures. Nous aimerions en savoir plus. Pourtant, l’absence de contribution de Joseph est peut-être précisément ce dont Dieu voudrait que nous nous souvenions.

Le rôle le plus important de cet homme est son absence apparente de rôle. Son implication réduite résume un principe central de l’Évangile : le salut appartient à Dieu seul. L’histoire de Joseph nous rappelle que nous ne sommes pas les orchestrateurs de notre propre sauvetage. L’ange n’a pas dit à Joseph : « Voici ce que Dieu veut, alors fais en sorte que cela arrive ». Il lui a dit, en substance, « Voici ce que Dieu fait, et voici comment recevoir cette vérité ».

Il aurait été compréhensible pour Joseph d’en vouloir à la vie de ne pas se dérouler comme il l’avait prévu. Mais plutôt que de se concentrer sur tout ce qu’on lui demandait d’abandonner, Joseph a fait de la place pour une réalité plus grande : cet enfant était l’enfant promis, la clé de la rédemption du monde entier par Dieu. Et si Jésus était vraiment une bonne nouvelle pour tous les hommes, il était lui aussi concerné. Ce grand projet pour l’humanité signifiait aussi le salut pour lui personnellement.

Il est donc intéressant de noter que le silence de Joseph est rompu par un seul mot. Il n’est pas cité directement, mais on nous dit qu’il l’a prononcé, et que ce mot était Jésus. Joseph est celui qui a eu l’honneur de donner à l’enfant un nom qui signifie « Dieu sauve ».

Matthieu relie ce nom au texte d’Ésaïe identifiant le Messie comme Emmanuel — Dieu avec nous. Jésus et Emmanuel sont pratiquement interchangeables ; la présence de Dieu rend notre salut possible, et notre salut nous permet de nous tenir en sa présence.

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Pour Joseph, donner ce nom était plus que de suivre les ordres de l’ange. C’était une proclamation. L’homme qui ne dit rien parle fort ici. Dans son impuissance, lorsque son monde a basculé, la réponse de Joseph a été « Jésus ». Dieu sauve.

Alors que se déroulent des événements sur lesquels il a peu de contrôle, Joseph peut s’approprier les paroles du prophète : Emmanuel. Dieu est avec moi. Et lorsqu’il dut bientôt faire face à un tel péril que lui et sa famille durent fuir pour sauver leur vie, Joseph portait la vérité dans ses bras. Jésus. Dieu sauve. Emmanuel. Dieu avec nous.

Si l’espace alloué à Joseph dans le récit est réduit, c’est peut-être une bonne chose. En Joseph, nous pouvons voir notre propre petitesse et nous rappeler que c’est au Sauveur présent avec nous jusqu’à la fin qu’appartient le salut.

J. D. Peabody est pasteur de l’Église New Day à Federal Way, Washington, et l’auteur de Perfectly Suited : The Armor of God for the Anxious Mind.

Lisez Matthieu 1.18-25.


En quoi l’acte de Joseph consistant à nommer Jésus vous parle-t-il ? À votre avis, que signifiait ce nom pour Joseph lorsqu’il s’occupait de cet enfant ?

Dieu de puissance et de miséricorde

Méditation de l’Avent pour le 21 Décembre.

Méditation de l’Avent 2022.

Méditation de l’Avent 2022.

Christianity Today December 21, 2022
Stephen Crotts

Semaine 4: Emmanuel


En parcourant les événements entourant la Nativité, nous contemplons l’Incarnation. Jésus — le Dieu fort, le Prince de la paix, la Lumière du monde — s’est fait chair et a habité parmi nous. Comme l’annonçait la prophétie d’Ésaïe, il est « Dieu avec nous ». Jésus est Emmanuel.

Loué soit le Seigneur, Dieu d’Israël, car il est venu prendre soin de son peuple et il l’a délivré. LUC 1.68

Humainement, nous peinons à faire tenir ensemble la miséricorde et la puissance. Ceux qui obtiennent le pouvoir en profitent souvent et ont tendance à en rechercher davantage, tandis que ceux qui sont pleins de grâce ont tendance à renoncer au pouvoir (ou à se le voir retirer). Il y a sans doute des exceptions, mais dans l’ensemble, nous savons et pouvons observer que l’équilibre n’est pas facile à atteindre. Mais contrairement à nous, Dieu sait être à la fois le plus puissant et le plus miséricordieux qui soit, parfait dans sa manifestation de chacun de ces traits.

La puissance gracieuse de Dieu est mise en évidence de plusieurs manières dans le récit de la naissance et des premiers jours de Jean Baptiste. En fait, ce thème de la puissance pleine de grâce est voilé à nos yeux de lecteurs francophones. Élisabeth veut appeler le garçon Jean, conformément au message que Gabriel a donné à Zacharie (Luc 1.13). Son entourage s’étonne, car cela ne correspond pas à la coutume de donner à un enfant le nom d’un membre de la famille. Alors pourquoi Jean (Yohanan en hébreu) ? Ce nom signifie « Dieu est miséricordieux », et ce garçon proclamera les œuvres gracieuses de Dieu pour le monde entier.

Zacharie est incapable de parler depuis le jour où il a appris que sa femme allait avoir un enfant. Mais dès qu’il écrit le nom de l’enfant, sa parole est restaurée et il se met à chanter des louanges. Ce signe témoigne de ce que ce garçon sera spécial. « Que sera-t-il », se demandent les gens ?

Mais Zacharie dirige leur regard dans la bonne direction. Oui, ce garçon a un rôle spécial, mais c’est le Seigneur qui doit être loué. Le puissant Seigneur de tous « viendra pour nous », dit Zacharie, et sera au milieu de son peuple.

Mais la démonstration de puissance du Seigneur ne sera pas oppressive. Au contraire, elle sera libératrice. Le Seigneur a élevé « un Libérateur plein de force » afin de « manifester sa bonté à l’égard de nos pères » et de « nous délivrer ».

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L’idée que Dieu fasse preuve de miséricorde est liée au fait que le peuple de Dieu est dans le péché. Comme leurs ancêtres qui reçurent des prophéties similaires (1 S 2.10 ; Mi 7.20 ; Éz 16.60), ils méritaient d’être punis, mais reçoivent une effusion de la grâce.

Pourquoi Dieu fait-il cela ? Pour que nous puissions le servir. Ce don a pour but que nous puissions vraiment faire l’expérience de « Dieu avec nous ». Le cantique de Zacharie promet le pardon de nos péchés et une illumination pour nous guider sur le « chemin de la paix ». Dans la suite de son Évangile, Luc reviendra à plusieurs reprises sur ces thèmes, soulignant comment la venue du Messie inaugure la restauration et la justice — une paix véritable et durable.

Madison N. Pierce est professeure associée de Nouveau Testament au Western Theological Seminary. Elle a notamment publié Divine Discourse in the Epistle to the Hebrews.

Méditez

Luc 1.57-80.


Où, dans ce passage, voyez-vous la puissance de Dieu ? Où voyez-vous sa miséricorde et sa grâce ? Priez, en exprimant votre réponse à Dieu.

L’invitation de l’Incarnation

Méditation de l’Avent pour le 20 Décembre.

Méditation de l’Avent 2022.

Méditation de l’Avent 2022.

Christianity Today December 20, 2022
Stephen Crotts

Semaine 4: Emmanuel


En parcourant les événements entourant la Nativité, nous contemplons l’Incarnation. Jésus — le Dieu fort, le Prince de la paix, la Lumière du monde — s’est fait chair et a habité parmi nous. Comme l’annonçait la prophétie d’Ésaïe, il est « Dieu avec nous ». Jésus est Emmanuel.

Lisez Luc 1.39-56

Tu es heureuse, toi qui as cru à l’accomplissement de ce que le Seigneur t’a annoncé. LUC 1.45

Peu de choses dans la vie sont aussi perturbantes que les voyages, surtout s’ils s’accompagnent de la fatigue et des nausées matinales souvent associées aux débuts d’une grossesse. Le voyage de Marie, de Nazareth aux collines de Judée, n’était ni facile ni sûr. Pourtant, encouragée par sa foi, mais ayant aussi besoin de soutien, Marie a bravé le voyage, enceinte, pauvre et probablement perplexe. Pourquoi y aller ?

Gabriel avait dit à Marie que sa parente Elisabeth attendait elle aussi un enfant — un miracle pour une femme de son âge avancé. Imaginant bien qu’Élisabeth était la seule personne sur terre qui pouvait comprendre ce qu’elle vivait, Marie est allée la voir. Et quand elle est arrivée, Élisabeth lui a offert l’exacte confirmation dont elle avait besoin : « Tu es bénie plus que toutes les femmes et l’enfant que tu portes est béni. » Élisabeth loua Marie pour sa réponse de foi. Avec ces mots, j’imagine que les craintes de Marie liées à sa grossesse inattendue et à ses conséquences inconnues pour sa vie se sont estompées au profit d’une foi plus affermie.

Les encouragements d’Élisabeth ont rappelé à Marie que la perturbation de ses plans par le Seigneur était aussi une invitation, non seulement à porter et à donner naissance à Emmanuel, « Dieu avec nous », mais aussi à s’investir plus en profondeur dans le sens de la communauté, « nous avec nous ». Attentive à la bénédiction d’Elisabeth, Marie a répondu par un chant de louange. Et elle réfléchit à cette invitation à l’interdépendance dans les derniers mots de son Magnificat : « Oui, il a pris en main la cause d’Israël, il a témoigné sa bonté au peuple qui le sert, comme il l’avait promis à nos ancêtres, à Abraham et à ses descendants pour tous les temps ». Dans sa joie, Marie contemple le fait que le même Dieu qui avait fait des promesses à ses ancêtres, jusqu’à Abraham, leur a parlé à elle et à Elisabeth.

Marie croyait au « Dieu avec nous » et elle a dit oui lorsque Gabriel lui est apparu. Mais sa foi avait encore besoin d’être nourrie. L’Incarnation a entraîné une perturbation majeure dans la vie de Marie ; chose merveilleuse, certes, mais aussi lourde de conséquences. Il lui arrivait quelque chose qui n’était jamais arrivé auparavant dans l’histoire du monde, et elle avait besoin de soutien et d’aide pour l’accepter et s’y préparer.

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Elle s’est donc tournée vers la fidèle Elisabeth. Nous ne pouvons qu’imaginer à quel point Marie a été affermie par les paroles de bénédiction d’Elisabeth. En fait, je crois que nous n’aurions pas le Magnificat de Marie sans les encouragements d’Elisabeth.

C’est le pouvoir de l’interdépendance, de la foi en communauté. Dans notre société individualiste, il est souvent difficile de s’ouvrir à la bénédiction des autres. Nous sommes conditionnés à considérer davantage les risques de la communauté que son utilité potentielle. Mais la vérité est que, comme Marie, nous avons tous besoin des encouragements d’Elisabeth. L’Incarnation vient nous perturber. Elle nous invite à connaître « Dieu avec nous », mais aussi à embrasser « nous avec nous ».

Rasool Berry est pasteur enseignant de l’Église The Bridge à Brooklyn, New York. Il est également l’hôte du podcast Where Ya From?

Contemplez Luc 1.39-56.


Quelles vérités voyez-vous dans ce passage sur Jésus en tant que « Dieu avec nous » ? En quoi les paroles d’Elisabeth et son rôle dans la vie de Marie vous parlent-ils, à vous aussi, de l’importance du « nous avec nous » dans la foi ?

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Christianity Today December 20, 2022
Illustration by Christianity Today

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L’Europe est-elle postchrétienne ou pré-réveil ?

En tant que missionnaire sur ce « continent prodigue », voici comment je vois l’implantation d’Églises, un mouvement de prière et les Églises de la diaspora faire la différence.

Christianity Today December 19, 2022
Illustration de Mallory Rentsch/Images sources : Unsplash / Getty

Postchrétienne. Sécularisée. Continent prodigue. Tels sont quelques-uns des qualificatifs que l’on entend souvent à propos de l’Europe lorsqu’est évoquée la situation du christianisme.

Pourtant, un nombre croissant de personnes pensent que Dieu n’en a pas fini avec l’Europe.

« Une faim spirituelle renouvelée, de nouveaux élans de prière, de nouvelles expressions de l’Église [et] des Églises de migrants qui restaurent la foi » offrent des signes d’espoir sur notre continent aujourd’hui, écrit Jeff Fountain, ancien directeur de JEM Europe.

Se pourrait-il qu’au milieu de ce désert spirituel Dieu fasse jaillir de nouvelles sources d’eau vive, ou même des semences de réveil ?

Ce ne serait certainement pas la première fois que Dieu change le cours de l’histoire d’un continent.

Il y a quelques décennies seulement, les protestants décrivaient l’Amérique latine comme un champ de mission. Aujourd’hui, elle est devenue une force missionnaire, et l’Église brésilienne envoie le deuxième plus grand contingent de missionnaires dans le monde. En 1900, l’Afrique comptait environ neuf millions de chrétiens. Qui aurait pu imaginer que, dans les années 2020, il y aurait un demi-milliard de chrétiens sur le continent ?

Mais les défis missionnaires pour les chrétiens d’Europe sont écrasants.

« L’Europe est l’une des régions les plus difficiles au monde pour témoigner du Christ. Le monstre à trois têtes qui combine sécularisation, pluralisme et matérialisme rend le témoignage chrétien difficile sur le continent », dit Lindsay Brown, ancien secrétaire général de l’IFES (International Fellowship of Evangelical Students).

Le vieux continent a une relation complexe et unique avec la foi chrétienne.

« Aucun autre continent n’a été exposé au christianisme pendant une période aussi longue et de manière aussi étendue », écrit Jim Memory, codirecteur régional de Lausanne Europe, dans Europe 2021 — Un Rapport Missiologique. « Pourtant, si l’Europe a été le premier continent à être christianisé, elle a également été le premier à être déchristianisé. » Comme Jeff Fountain le souligne, le continent a été fondamentalement façonné par l’Évangile, « mais aussi, paradoxalement, par son rejet ».

En tant que missionnaire et implanteuse d’Église à Rome pendant 12 ans, j’ai été témoin de ces réalités.

Après avoir été élevée en Amérique latine et étudié en Amérique du Nord, lorsque j’ai déménagé en Europe et que j’ai commencé à partager ma foi avec les gens autour de moi, il était clair que je devais faire face à un nouveau niveau de scepticisme. Il semblait y avoir un nuage d’incrédulité et de pessimisme, avec le présupposé sous-jacent que Dieu n’existe pas.

Pourtant, à notre époque, « une ré-évangélisation extraordinaire de l’Europe est en cours », écrit Jim Memory dans son rapport. Voici cinq façons dont nous voyons Dieu agir sur le continent.

1. Églises de la diaspora

Le changement de paradigme missionnaire décrit par Samuel Escobar — « de l’Occident vers le Reste » à « de partout vers partout » — est peut-être plus évident en Europe que nulle part ailleurs dans le monde.

Comme l’explique le rapport missiologique de 2021 :

Les migrants latino-américains ont implanté des milliers d’Églises en Espagne, au Portugal et au-delà au cours des trente dernières années. Il est difficile de trouver une grande ville européenne qui n’ait pas une grande congrégation hispanophone et/ou brésilienne. De même, on trouve des Églises chinoises presque partout. […] Les Églises pentecôtistes lancées par des Africains se comptent par milliers rien qu’en Grande-Bretagne.

La contribution des Églises de migrants à l’évangélisation des Européens a également été un thème central de la rencontre 2021 de Lausanne Europe, qui a cherché à aider les Européens de souche à soutenir plus intentionnellement les chrétiens de la diaspora pour atteindre les populations locales, et les responsables d’origine étrangère pour contextualiser leur travail et être plus efficaces pour atteindre les Européens, au-delà des personnes de leur origine.

2. L’implantation d’Églises

L’implantation d’Églises s’est également accélérée en Europe par le biais de divers réseaux, dénominations et agences missionnaires. En France, par exemple, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) s’est fixé pour objectif d’implanter une Église évangélique pour chaque tranche de 10 000 habitants. Le mouvement d’implantation d’Églises en France a connu, en moyenne, une implantation Église à peu près tous les sept jours au cours des dernières années.

« Nous voulons faire passer l’Église en Europe du déclin et du plafonnement à la croissance », déclare Øystein Gjerme, responsable de M4 Europe, un mouvement dont la vision est de voir une Église implantée chaque jour en Europe. L’année dernière, Exponential Europe, un mouvement dynamique d’implantation d’Églises travaillant en partenariat avec d’autres réseaux d’implantation d’Églises comme City to City et des agences missionnaires établies comme Greater Europe Mission, a organisé des tables rondes d’implanteurs d’Églises dans 30 pays différents.

3. Un mouvement de prière

L’historien du réveil J. Edwin Orr affirmait que « chaque fois que Dieu est prêt à faire quelque chose de nouveau avec son peuple, il le met toujours en prière ».

Au cours des deux dernières décennies, le mouvement de prière 24/7 a vu naître 22 000 salles de prière dans 78 pays, dont la majorité en Europe.

Le début de ce mouvement remonte à l’époque où son fondateur, Pete Greig, a vécu une expérience forte. Il y a une vingtaine d’années, alors jeune diplômé de l’université, il priait pour les nations d’Europe alors qu’il se promenait une nuit sur les falaises du cap Saint-Vincent, au Portugal. Au milieu de son intercession, écrit-il dans Red Moon Rising, il eut une vision de jeunes Européens en mouvement, « une armée mystérieuse, sans visage, qui attendait silencieusement les ordres ». L’image lui a rappelé Ézéchiel 37. « Tu vois des os ? Je vois une armée », écrit-il alors dans un poème depuis devenu viral.

Une maison de prière à Augsbourg, en Allemagne, a entretenu une prière constante, jour et nuit, pendant 11 ans, soit 110 000 heures.

4. Une plus grande unité des chrétiens

La guerre en Ukraine a favorisé une collaboration sans précédent entre agences missionnaires. Le site Christian Ukraine Collaboration a réuni des dirigeants de diverses organisations, dont certains ne s’étaient jamais rencontrés auparavant, « pour gérer la complexité et l’ampleur de cette crise humanitaire massive », écrit Matthew Pascall. Des réseaux tels que le European Leadership Forum, l’Alliance évangélique européenne et le Mouvement de Lausanne ont renforcé l’unité et la collaboration.

Dans les milieux charismatiques, une coalition historique de 29 dénominations et agences missionnaires en Norvège a rassemblé 9 000 jeunes, le plus grand rassemblement chrétien interconfessionnel depuis plus de 20 ans, pour The Send Norway.. Au cours de la dernière décennie, d’autres ministères charismatiques comme Awakening Europe ont également rempli des stades aux Pays-Bas, en Autriche et en Suède, rassemblant diverses Églises locales et organisations chrétiennes.

5 La nouvelle génération

En mai dernier, 13 000 adolescents et jeunes adultes de toute l’Allemagne se sont réunis pour le Christival, une conférence organisée par un réseau non confessionnel ayant des racines historiques dans le Mouvement de Jésus. Des initiatives comme celles-ci me portent à croire que Dieu suscite une nouvelle génération d’Européens qui aspirent à une rencontre authentique avec Jésus.

« Nous voyons apparaître une génération émergente qui n’a pas honte de l’Évangile. C’est comme un petit nuage à l’horizon, comme celui qu’Élie a vu avant la pluie dans 1 Rois 18 », décrit Andreas Nordli, directeur de The Send Norway.

J’ai été personnellement surprise de voir la faim des étudiants universitaires en Europe pour un renouveau venu de Dieu. En 2019, Revive Europe, le mouvement que j’ai le privilège de diriger, a rassemblé 3 000 étudiants universitaires de 68 nations pour prier pour un réveil parmi leurs pairs. Les étudiants continuent d’élever ce désir vers Dieu par le biais de réunions de prière hebdomadaires à Berlin et de rassemblements réunissant jusqu’à 400 étudiants à Belfast. Ces derniers mois, nous avons été inspirés en voyant des étudiants croates participer à des cours Alpha bondés à Zagreb et baptiser huit de leurs amis.

« La nouvelle génération semble être plus consciente de la vacuité d’un mode de vie purement matérialiste », observe Luke Greenwood, directeur européen de Steiger, un ministère missionnaire axé sur les jeunes. « Ils sont de plus en plus ouverts aux conversations spirituelles, à la prière, et surtout à la recherche d’une communauté à laquelle appartenir. »

Quelle est la prochaine étape ?

Nous voyons dans les Écritures, encore et encore, que dans les moments les plus sombres, lorsque le peuple de Dieu se tourne vers lui de tout son cœur, Dieu entend ses prières. Dieu aurait-il prévu un réveil pour le continent ?

« Je pense que l’Europe est prête pour un réveil. Une bouffée d’air frais dans des poumons fatigués », déclare la nouvelle secrétaire générale de l’Alliance évangélique européenne, Connie Duarte. « Les jeunes chrétiens européens se réunissent pour prier et demander à l’Esprit saint de réveiller les Européens et de leur rappeler leur héritage spirituel. »

Tim Keller écrit que lorsque le réveil se produit, « les chrétiens endormis se réveillent, les chrétiens nominaux se convertissent et les personnes difficiles à atteindre sont amenées à la foi de manière spectaculaire ». L’Europe en a grandement besoin. J. I. Packer allait jusqu’à dire que « sans réveil dans l’Église, il n’y a vraiment aucun espoir pour le monde occidental ».

Même si certains aspirent à un réveil, les responsables chrétiens européens sont souvent sceptiques, et c’est compréhensible, lorsqu’ils entendent des récits concernant Dieu à l’œuvre ou lisent des réflexions similaires sur un éventuel nouveau mouvement initié par Dieu en Europe. En réalité, le sujet du réveil est discuté depuis des années, mais nous n’avons pas encore vu le genre de mouvement que certains espéraient.

En Genèse 18, Sarah rit à l’entrée de la tente en écoutant trois visiteurs lui dire qu’elle donnerait naissance à un fils dans l’année. L’année dernière, l’évangéliste français Raphaël Anzenberger a rappelé cette histoire aux participants du rassemblement européen de Lausanne, car telle est souvent l’attitude que nous adoptons lorsque nous entendons parler de la possibilité que Dieu insuffle une nouvelle vie à ce vieux continent.

Se pourrait-il que postchrétienne ne soit pas l’ultime qualificatif de l’Europe ? Si certains affirment que le christianisme dans certaines parties de l’Europe semble être mort, nous servons un Dieu qui s’y connaît en résurrection.

Comme le dit Lindsay Brown, ancien directeur international du Mouvement de Lausanne, « sur tout le continent, nous voyons des lumières scintiller dans l’obscurité grâce à de nombreux ministères merveilleux. Priez s’il vous plaît avec nous pour que Dieu, par le biais du Saint-Esprit, transforme ces lumières encore fragiles en une flamme de réveil ».

Sarah Breuel est directrice de Revive Europe et sert dans l’équipe de direction du Mouvement de Lausanne.

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History

Le meilleur outil de lecture de la Bible a aussi compliqué les choses

Certaines conséquences involontaires de l’utilisation des concordances devraient nous servir d’avertissement.

Christianity Today December 19, 2022
Illustration by Michał Bednarski

J’ouvre ma Bible en 1 Pierre 2.8 : « Une pierre d’achoppement, un rocher qui cause la chute. » Par « ouvrir », je veux dire que je sors mon téléphone, que j’appuie sur l’icône de mon application biblique et que je tape le verset dans une barre de recherche.

D’un autre geste, je peux souligner la phrase. La mettre en évidence. La copier et l’enregistrer dans un autre fichier pour y réfléchir, hors contexte, à une date ultérieure. Dans mon application de lecture biblique, il y a aussi une petite icône grise qui ressemble à une bulle d’une bande dessinée. Si j’appuie dessus, elle s’ouvre pour me montrer une référence : Ésaïe 8.14. Il n’y a pas de lien vers ce verset, alors au lieu de sauter vers le prophète, je suis encouragé par la technologie que je tiens dans ma main à fermer l’infobulle et à continuer à lire 1 Pierre : « Ils trébuchent parce qu’ils désobéissent à la parole ».

Alors que nous entrons dans la troisième décennie de ce que le critique littéraire Sven Birkerts a appelé « la lecture à l’ère électronique » et que la culture biblique continue à décliner, quel est l’impact de cet outil sur la lecture de la Bible ? Comment façonne-t-il nos interprétations ?

Il y a de nombreux débats sur la compréhension correcte du sola scriptura de la Réforme. Mais aucun héritier de celle-ci n’en a jamais déduit que nous devions lire les Écritures sans aucune aide extérieure. En fait, les protestants ont toujours adopté les innovations susceptibles d’accroître la fréquentation et la compréhension du texte, des traductions en langue commune aux bibles d’étude, en passant par les commentaires, les éditions illustrées et les abrégés, sans oublier les applications pour smartphones.

Il n’est cependant pas nécessaire d’avoir une profonde méfiance à l’égard du progrès pour se demander si les outils que nous utilisons pour lire la Bible ne pourraient pas, d’une certaine manière, remodeler notre façon de la lire. Et si oui, la remodèlent-ils pour le meilleur ou pour le pire ?

Mes propres recherches sur l’histoire du dispensationalisme suggèrent que nos outils de lecture de la Bible ont parfois à tel point modifié notre lecture qu’ils ont même changé ce que signifie lire la Bible littéralement.

On trouve diverses approches chrétiennes de ce à quoi devrait ressembler une approche littérale de l’Écriture. Littéral peut renvoyer à l’importance accordée à l’inerrance de la Bible, à des croyances concernant l’historicité de certains passages, à une compréhension particulière de l’accomplissement des prophéties (qui pourrait ne pas être littéralement littéral, mais symbolique) ou à l’opinion selon laquelle un passage doit être lu de la manière la plus simple possible, d’où l’importance de comprendre les genres et la réception originale. Pour les dispensationalistes, la lecture littérale s’appuie sur des « chaînes de mots », rapprochant les versets par les « liens » de l’utilisation de certains mots et traitant de mots-clés comme « pierre » de la même manière partout où ils se trouvent dans la Bible. Cette approche du texte n’aurait pas connu sa popularité sans le développement des concordances.

Laissez-moi revenir en arrière : les concordances bibliques remontent au 13e siècle, lorsque 300 moines dominicains, sous la direction de Hugues de Saint-Cher, produisirent un index alphabétique sélectif des mots qu’ils considéraient comme les plus importants dans la Vulgate en langue latine. Bien qu’il s’agisse d’un outil de lecture formidable pour les biblistes, la Concordance de Saint-Jacques était rudimentaire par rapport aux normes actuelles. Plus tard, des concordances médiévales répertorièrent chaque occurrence d’un nombre beaucoup, beaucoup plus important de mots.

Avec la Réforme émergea la demande d’ouvrages similaires en langues vernaculaires. La première concordance du Nouveau Testament en langue anglaise est apparue dans les années 1530, mais elle n’était pas très utile avant que la publication de la Bible du roi Jacques (KJV) dans les années 1600 ne rende les Écritures largement disponibles.

La KJV a bénéficié d’une excellente concordance à partir de 1737, lorsqu’Alexander Cruden, libraire et érudit solitaire, catalogua plus de 77 000 mots. Il lui fallut 26 ans et plusieurs séjours dans un établissement psychiatrique, mais il termina et publia finalement son chef-d’œuvre exhaustif : la Cruden’s Concordance. Elle est toujours imprimée aujourd’hui.

L’outil d’Alexander Cruden pour la lecture de la Bible était souvent associé à d’autres nouveaux supports, comme la Bagster’s Polyglot Bible, qui offrait aux lecteurs 60 000 références croisées dans plusieurs langues imprimées côte à côte, et de nouveaux commentaires comme le Commentary on the Whole Bible de Thomas Scott. Au 19e siècle, les lecteurs anglophones de la KJV disposaient ainsi d’instruments de toute une vie pour les aider à comprendre la Bible de manière nouvelle.

Ces nouveaux outils performants signifiaient que les lecteurs réguliers pouvaient, pour la première fois, faire des références croisées à n’importe quel mot de la Bible. La pierre de 1 Pierre pouvait être liée à celle que Moïse a frappée en Exode 17.6, à celle que Daniel a décrite comme n’ayant pas été taillée « par des mains humaines » en Daniel 2.34, et à celle dont Jésus parle comme tombant sur certains et les écrasant en Matthieu 21.44. Les références croisées créent un nouveau contexte d’interprétation, qui peut être très personnel ou communautaire, selon la façon dont les outils sont utilisés.

Aux États-Unis, cette approche de l’Écriture en vint à être désignée comme la « Bible Reading Method » : la méthode de lecture de la Bible. Elle démocratisa ce qui était auparavant du ressort des universitaires ou des pasteurs bien formés. Les lecteurs pouvaient désormais choisir un mot-clé anglais à étudier, puis examiner toutes les utilisations de ce mot, en extrapolant le sens d’un texte à partir des exemples compilés.

Les gens le faisaient souvent en groupe, encourageant une étude intensive de la Bible qui alimentait des réflexions théologiques. Un groupe pouvait par exemple partir du mot « espérer » dans le psaume 27.14, le relier à la prière de Jacob en Genèse 49.18, les croiser avec l’espérance eschatologique de Paul en Romains 8.19, où la création « espère », puis discuter de la manière dont la délivrance de Dieu est un thème profond qui traverse la Bible du début à la fin. La compréhension de qui Dieu délivre et de la forme que prend cette délivrance pouvait être orientée par le contexte et le récit bibliques, mais était tout aussi souvent conditionné par les circonstances personnelles des lecteurs et leurs présupposés culturels particuliers.

La Bible Scofield fut une référence incontournable pour des millions de chrétiens imprégnés de cette méthode de lecture de la Bible. Elle a été très populaire et largement distribuée parmi certains chrétiens. Cyrus I. Scofield, un pasteur étroitement associé à Dwight L. Moody, intégra dans sa bible de référence de nombreuses notes de bas de page expliquant sa théologie, qui s’appuyait sur un système complexe de références croisées et de concordance inséré au milieu de chaque page de sa Bible. Oxford University Press publia la Bible Scofield pour la première fois en 1909. La première version française date de 1975. Cette bible est encore imprimée aujourd’hui. En plus des outils disponibles sur chaque page, Scofield avait inclus un index de concordance de plus de 150 pages et des instructions pour apprendre aux lecteurs à construire des chaînes de mots. Il explique que les chaînes de mots « conduisent le lecteur de la première à la dernière mention claire d’une grande vérité ». Et au cas où le lecteur n’aurait pas compris, un résumé fourni par Scofield permettait de clarifier le sens avec cette dernière référence.

Dans sa mise en œuvre plus sophistiquée, la lecture de la Bible à l’aide de concordances a permis aux gens de faire l’expérience de l’unité des Écritures. Comme l’expliquait un autre auteur dispensationaliste du début du 20e siècle, Isaac Massey Haldeman, « une étude intelligente et satisfaisante de la Bible » nécessitait une concordance pour se rendre compte qu’une « unité de conception » animait les 66 livres. Les concordances ont permis aux lecteurs laïcs de faire l’expérience de l’unité de l’Écriture, même si elles minimisaient ou mettaient de côté le contexte historique, la paternité humaine, les langues originales, les détails linguistiques et souvent le récit lui-même.

Certains chrétiens conservateurs, comme le collègue de Moody, R. A. Torrey, ont qualifié cette méthode de lecture de la Bible d’approche « scientifique » de l’Écriture. Haldeman décrivait les concordances et les références croisées comme des « instruments » et des « outils » qui, s’ils étaient utilisés correctement, aboutissaient à des résultats reproductibles.

Il peut être surprenant, aujourd’hui, de penser que des personnes se décrivant comme fondamentalistes vantent les mérites de la science. Cependant, au début du 20e siècle, les Américains considéraient la science comme l’arbitre ultime de la vérité dans tous les secteurs de la vie. Comme la haute critique biblique semblait miner l’autorité de l’Écriture dans le monde universitaire, ce cadre interprétatif basé sur les concordances fut déployé en espérant la consolider, scientifiquement parlant.

On aurait pu s’attendre à ce que des fondamentalistes voulant lire la Bible littéralement s’intéressent davantage à la manière dont les premiers chrétiens ont reçu les Écritures. Mais au lieu de cela, l’outil qu’ils utilisaient pour leur lecture de la Bible les a poussés dans cette autre direction « scientifique ».

Cet outil a également préparé le terrain pour un nouveau mouvement théologique que l’on a appelé « dispensationalisme ». Celui-ci s’est développé à partir des enseignements épousés par les Frères étroits, en particulier le responsable anglo-irlandais John Nelson Darby. Il enseignait que l’humanité était divisée en trois parties : Israël, l’Église et les nations. Les nations n’avaient pas de relation d’alliance avec Dieu, mais l’Église et Israël en avaient tous deux une, de sorte que l’Écriture devait être « justement divisée » entre les parties adressées à Israël et celles adressées aux chrétiens.

Pour Darby, ce qui permettait que « chaque partie de l’Écriture trouve sa place » est la « compréhension spirituelle par le Saint-Esprit des choses du ciel et de notre lien avec elles, et des choses de la terre et de notre séparation d’avec elles ».

Cette approche de la Bible se concentrait souvent sur la prophétie, un genre de l’Écriture dont Darby pensait qu’il n’était pas destiné à ses destinataires originaux, mais orienté vers le futur, prédisant des événements qui ne s’étaient pas encore produits dans l’histoire de l’humanité, et qui concernaient principalement Israël. Pour comprendre l’Écriture, il fallait donc savoir comment une pierre pouvait être un fondement (Ép 2.20), une pierre d’achoppement (Rm 9.32-33), et quelque chose qui tomberait sur des gens et les écraserait (Mt 21.44), et comment tout cela correspondait à la fois à Jésus et à une séquence d’événements qui devaient arriver (littéralement/symboliquement) à Israël.

Darby encourageait les concordances, mais il était très attaché à la distinction entre signification « terrestre » et « céleste » de certains versets. Cela a compliqué la méthode de lecture de la Bible en vogue parmi les chrétiens américains les plus désireux d’adopter les enseignements de Darby.

Les Américains qui n’étaient pas imprégnés des présupposés des Frères se reportèrent sur l’idée que les distinctions de Darby pouvaient être découvertes à partir de leur méthode de lecture de la Bible elle-même. Comme l’assurait James Brooks, l’un des plus importants vulgarisateurs américains de Darby, « le langage dans lequel la prophétie est écrite est aussi simple et aussi facile à comprendre que n’importe quelle autre partie des Écritures ». Les concordances, qui cataloguent les mots et non leur signification, ont contribué à ce que cela passe pour vrai.

L’histoire surtout américaine du développement du dispensationalisme après Darby montre comment les lecteurs ultérieurs ont essayé de fonder ses enseignements sur une lecture directe du texte pour les rendre plus conformes à leur méthode de lecture de la Bible. Mais la lecture « directe » ne semble pas si directe si l’on considère la technologie qui permet de lire de cette façon.

Après plusieurs générations d’érudits de l’extérieur qui ont mis à mal le dispensationalisme, et après que ses versions populaires, comme les romans de la série Les survivants de l’Apocalypse (Left Behind), aient sapé sa crédibilité, cette approche de la Bible est largement tombée en disgrâce. Le dispensationnalisme est en déclin, et la « Bible Reading Method » n’est pas souvent enseignée dans les séminaires et institutions chrétiennes.

Pourtant, les instincts de lecture popularisés par cette approche de la Bible persistent. Cette pratique continue d’exercer un puissant attrait. Le lecteur a toujours l’impression que l’Écriture s’ouvre soudain, qu’il pénètre les mystères de la Bible et qu’il n’a pas besoin pour cela d’une formation linguistique ou historique spécialisée. Avec un peu de pratique et une concordance, chaque lecteur peut le faire lui-même, et il peut même prétendre qu’il s’agit de la juste manière de lire la Bible littéralement.

Quant aux concordances, elles existent toujours, bien sûr. Elles restent des outils précieux que nous tenons souvent pour acquis. Elles peuvent être étonnamment utiles pour lire la Bible lorsqu’elles sont utilisées correctement. Cependant, elles ont aussi été largement remplacées par des outils plus efficaces pour les lecteurs réguliers de la Bible. Je peux aisément faire une recherche de mots sur mon application ou cliquer sur un lien qui me fait passer d’une partie de la Bible à une autre.

Cette nouvelle façon de considérer la Bible — comme un texte plein de liens hypertextes — enthousiasme le célèbre psychologue canadien Jordan Peterson. Dans l’une de ses conférences sur la Bible diffusée sur YouTube, il présente un graphique créé par l’informaticien Chris Harrison, montrant les plus de 65 000 références croisées de l’Écriture. Jordan Peterson s’émerveille du fait que si l’on suivait chacun de ces fils, « vous ne feriez plus que voyager sans fin à travers eux. Vous n’en arriveriez absolument jamais à la fin. » Les résultats de ce voyage dépendent toutefois entièrement du chemin que l’on choisit d’emprunter. Cette infinie variété est attrayante pour quelqu’un comme Jordan Peterson, mais elle devrait être moins séduisante pour les chrétiens attachés à l’unité et à la cohérence de l’Écriture.

À l’ère des outils numériques sans fin permettant d’envisager de nouvelles significations de l’Écriture, nous devons être prudents quant à la manière dont notre technologie de lecture façonne et remodèle le contexte du texte. Nous ne lisons pas l’Écriture en solo, c’est certain, mais les outils que nous choisissons peuvent façonner et déformer notre lecture de la Bible. Ils peuvent nous amener à croire que nous lisons simplement et littéralement alors que, avec un peu de distance critique, ce que nous faisons pourrait ressembler à un processus de rupture et de refonte des contextes pour adapter les textes à nos systèmes.

Je ne pense pas que c’est ce qui se passe quand j’ouvre mon application biblique. La technologie me paraît plus neutre que cela. Mais l’histoire suggère qu’il nous faut tout de même rester vigilants.

Daniel G. Hummel est l’auteur d’un livre à paraître intitulé The Rise and Fall of Dispensationalism: How the Evangelical Battle Over the End Times Shaped a Nation (Eerdmans).

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