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Non, tous les signes ne pointent pas vers une dictature woke en Amérique

À propos du dernier livre de Rod Dreher : ce qu’il discerne et ce qu’il manque.

Christianity Today January 28, 2022
Image: Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: WikiMedia Commons / Ciocan Ciprian / Marjan Blan / Unsplash

Il y a dans le dernier livre de Rod Dreher, Résister au mensonge. Vivre en chrétiens dissidents, beaucoup de vérité, de perspicacité et d’éléments appelant à une sérieuse réflexion.

Live Not by Lies: A Manual for Christian Dissidents

Live Not by Lies: A Manual for Christian Dissidents

Penguin

256 pages

$12.49

À son meilleur, le livre force une Église chrétienne de plus en plus fragile et polarisée à répondre de son apathie morale et politique. Toutefois, il manque quelque chose à l’ouvrage de Dreher : une connaissance de soi, une sobriété prudente, une conscience que même ceux qui sont du bon côté peuvent involontairement devenir ce qu’ils cherchent à détruire.

Dreher, chroniqueur pour The American Conservative et sans doute le blogueur conservateur le plus lu sur Internet, ne manque ni d’éloquence ni de sagesse. Il a montré la qualité de sa réflexion dans son livre de 2017, Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus. Le pari bénédictin, un manifeste largement diffusé appelant les chrétiens occidentaux à réinvestir consciemment dans la construction de leurs propres « communautés de vertu » au lieu d’essayer de gagner une « guerre culturelle » (culture war) par la politique. Le pari bénédictin est un ouvrage poignant qui s’adresse avec force à une Église à la croisée des chemins. Il a trouvé écho auprès de chrétiens avides d’un engagement plus sain envers leur culture.

Malheureusement, la sensibilité spirituelle de ce précédent livre fait souvent défaut dans Résister au mensonge. En fait, l’essentiel du livre n’est pas du tout didactique ou contemporain, mais constitue plutôt une plongée dans le christianisme vécu sous le totalitarisme soviétique. Les rencontres et les conversations de Dreher avec des survivants de l’oppression soviétique et leurs descendants occupent la majeure partie de l’ouvrage. De fait, Dreher attribue son désir de l’écrire à un appel téléphonique reçu d’une famille tchèque, extrêmement préoccupée de la ressemblance des attaques contre la liberté religieuse aux États-Unis avec leur expérience des régimes communistes du 20e siècle.

Deux livres en un

De ses voyages et conversations, Dreher en arrive à un diagnostic sévère : les États-Unis sont déjà soumis de plein gré à un « totalitarisme doux » (soft totalitarianism) par les ennemis des idées religieuses et conservatrices traditionnelles. Il écrit : « Un militantisme progressiste – et profondément anti-chrétien – conquiert peu à peu notre société ; le pape Benoît XVI le décrit comme une “dictature mondiale d’idéologies apparemment humanistes” qui exclut les dissidents et les pousse aux marges ». Dreher présente sa thèse au moyen d’une approche double : chaque chapitre fait entrer le témoignage historique de survivants du communisme en conversation avec l’Occident contemporain, spécifiquement dans la perspective des grandes questions culturelles de liberté religieuse, de sexualité et de liberté d’expression.

Les lecteurs que pourrait rebuter ce type de résumé doivent savoir que Dreher n’avance pas sans preuve. Le chapitre trois, intitulé « Le progressisme comme religion », met en lumière une convaincante similitude entre l’idéologie matérialiste du communisme et la vision du monde qui prédomine sur un campus universitaire américain moyen. L’inquiétude de Dreher à propos d’un progressisme moderne inquisitorial et punitif n’est pas un délire fébrile de la droite ; la même préoccupation a été maintes fois soulevée par des non-conservateurs tels que Jonathan Haidt et Andrew Sullivan (ce dernier ayant récemment été contraint de démissionner de son poste de chroniqueur au magazine New York). S’appuyant sur les observations du philosophe Roger Scruton, décédé en 2020, à propos des cultures totalitaires, Dreher commente :

Les crimes de pensée […] par leur nature même, faisaient de l’accusation et de la culpabilité une seule et même chose […] La portée du crime de pensée contemporain s’étend constamment — homophobie, islamophobie, transphobie, biphobie, grossophobie, racisme, capacitisme, etc. –, au point qu’on ne sait jamais si le terrain sur lequel on s’aventure est sûr ou bien s’il est miné.

Le propos de Dreher apparaît difficile à contredire dans un monde où une fervente adhérente du libéralisme comme J. K. Rowling peut se retrouver face à une opposition déchaînée du seul fait qu’elle croit qu’un homme ne peut pas être une femme ; où le cadre de Mozilla, Brendan Eich, peut perdre son emploi parce qu’il partage la même perspective sur le mariage entre conjoints de même sexe que Barack Obama en 2008 ; un monde où le rédacteur en chef de la rubrique « opinions » du New York Times peut être contraint de quitter son poste au seul motif d’avoir publié un article — celui du sénateur républicain Tom Cotton appelant au déploiement de troupes fédérales pour calmer les troubles de l’été 2020 – que certains employés progressistes du Times trouvaient inadmissible. Dreher a de bonnes raisons de soupçonner le progressisme américain de pratiquer les tests de pureté idéologique d’une façon qui rappelle les abus des régimes marxistes ; ceux qui en doutent devraient prêter attention à la clameur croissante des inquiétudes, qui s’élève bien au-delà des cercles conservateurs typiques.

Si le propos de Dreher s’arrêtait là, Résister au mensonge serait un livre juste, quoique banal. Mais le message du livre n’est pas simplement que les progressistes sont devenus intolérants. Ce qu’il affirme, c’est que cette intolérance — associée à une décadence culturelle généralisée et à l’avènement du « capitalisme de surveillance » — menace ouvertement la vie et les moyens de subsistance des chrétiens traditionnels. Dreher compare les innovations en matière de « services de localisation » de la Silicon Valley au système de « crédit social » de la Chine communiste, et nous prévient que les survivants des régimes meurtriers reconnaissent le visage de leurs ennemis dans la société américaine telle qu’elle se développe.

Le technocapitalisme, écrit Dreher, « reprod[uit] en réalité l’atomisation et la solitude radicale que les gouvernements communistes totalitaires avaient l’habitude d’imposer à leurs peuples captifs pour les contrôler plus facilement ». Là encore, ce sentiment est soutenu principalement par des histoires : celles de personnes comme Kirill Kaleda, un prêtre russe dont la carrière et les perspectives d’avenir ont été détruites à jamais en raison de ses convictions antisoviétiques, ou comme Yuri Sipko, un baptiste russe qui se souvient de ses professeurs d’école contraints de l’endoctriner.

Il y a en réalité deux livres dans Résister au mensonge. Le premier livre est le témoignage historique d’une remarquable résilience spirituelle face à l’Union soviétique. Le deuxième livre est un plaidoyer passionné pour convaincre les chrétiens occidentaux contemporains de se voir dans le premier livre, de ressentir une continuité entre cette histoire et leur présent, et de se préparer aux pressions, à la persécution, et peut-être plus.

Dreher est un journaliste chevronné qui a une grande expérience dans la couverture des batailles pour la liberté religieuse. Compte tenu de cette expérience, Résister au mensonge constitue une démonstration étonnamment faible de l’imminence du totalitarisme « woke ». L’essentiel du livre paraît assez impressionniste, comme si passer d’un témoignage historique soviétique à une analyse culturelle contemporaine, puis revenir à l’histoire soviétique, constituait en soi une preuve suffisante. Dreher reconnaît que la situation religieuse, sociale et politique de l’Europe de la fin du 19e siècle était passablement différente de celle des États-Unis actuels, mais pour lui, cette différence n’est pas vraiment pertinente. Il a une piètre opinion du christianisme américain – « l’esprit thérapeutique a conquis les églises. […] Relativement peu de chrétiens contemporains sont prêts à souffrir pour la foi » — mais il ne dit presque rien sur les formidables (mais pas imperméables) protections juridiques américaines de la liberté religieuse. En fin de compte, il n’offre aucun scénario plausible montrant comment un pays aux institutions juridiques profondément façonnées par la liberté de conscience et une population historiquement religieuse pourraient basculer dans une terreur « woke ».

Un tel scénario pourrait-il se produire ? Peut-être. Mais il y a des alternatives à considérer, comme celle présentée par un autre intellectuel chrétien, Ross Douthat, dont le livre The Decadent Society soutient que la société américaine est bien plus susceptible de s’engluer dans une stagnation politique paresseuse et des enclaves sous-culturelles immuables que de succomber à quoi que ce soit de véritablement totalitaire. La prophétie reste un art difficile ; des personnes qui ont en commun les plus profondes convictions religieuses et sociales peuvent néanmoins interpréter différemment les éléments en jeu. L’argumentaire de Dreher est énoncé avec passion et n’est pas dépourvu d’appuis, mais il n’emporte finalement pas la conviction.

Deux types de mensonges

Nous arrivons ici à un point de divergence entre Le pari bénédictin et Renoncer au mensonge, qui semble beaucoup moins sensible que son prédécesseur aux tentations particulières qui guettent les chrétiens conservateurs. Alors que Le pari bénédictin décrivait comment la poursuite du pouvoir a desservi les croyants, Résister au mensonge donne l’impression que nous devrions consolider notre pouvoir avant que ce ne soit plus possible. Alors que Le pari bénédictin situait les pierres d’achoppement les plus préoccupantes à l’intérieur de l’Église, Résister au mensonge ne laisse aucun doute sur le fait que le danger provient de l’élitisme « woke » de gauche. Le pari bénédictin me confrontait à la nécessité de me placer du bon côté. Résister au mensonge m’assure que je le suis déjà.

Ces critiques proviennent d’une personne qui se reconnaît profondément dans les engagements théologiques de Dreher. Il a tout à fait raison de dire que la culture dominante méprise les chrétiens traditionnels. Son affirmation que notre espace public, après s’être avachi pendant longtemps dans un nihilisme relativiste, est maintenant vulnérable aux tentations de la solidarité collectiviste est irréfutable. Toutefois, en faisant de Résister au mensonge une jérémiade contre les progressistes, Dreher manque une occasion de prêcher l’engagement envers la vérité tant aux révolutionnaires sécularistes qu’aux réactionnaires de droite. Mis à part une poignée de passages sur les péchés des « deux côtés », Dreher est si résolument focalisé sur l’établissement de parallèles entre les dirigeants communistes et les élites libérales qu’il passe à côté de la nature contre-culturelle et non tribale de la foi et de l’identité chrétiennes.

Les chrétiens qui laissent vraiment leurs engagements envers la vérité absolue et la souveraineté divine sur toutes choses façonner leurs intuitions ne se classent pas aisément sur l’échiquier politique. La même Bible qui célèbre l’humanité de l’enfant à naître condamne aussi les mauvais traitements envers l’immigrant et l’étranger. La même Bible qui commande le soutien aux pauvres et la réconciliation dans les conflits ethniques révèle également le dessein d’un Dieu qui crée « l’homme et la femme ». Le même principe biblique de vérité objective confronte à la fois les discours intersectionnels et les récits conspirationnistes d’« élections volées ». En matière de guerre culturelle, la politique d’équité de l’Évangile n’épargne personne.

Nous devons assurément résister aux mensonges : les mensonges que notre époque séculière nous raconte, mais aussi les mensonges que nous nous racontons nous-mêmes. Dreher a des choses utiles à dire dans la première catégorie. J’aurais aimé qu’il en dise plus sur la deuxième.

Samuel D. James est rédacteur en chef adjoint des acquisitions chez Crossway Books, et il blogue sur Letter and Liturgy.

Traduit par Emilie Nkoy

Révisé et édité par Léo Lehmann

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Nous en avons trop fait à propos du genre

Comment se réapproprier une identité plus significative que sa masculinité ou sa féminité ?

Christianity Today January 25, 2022
Mike Mozart / Flickr

Comment est-ce que je vis en tant que femme dans ce coin retiré du monde ? Je n’aurais pas su que répondre à cette question lorsque je suis arrivée pour la première fois dans la nature sauvage de l’Alaska en tant que jeune épouse d’un pêcheur. En fait, je n’aurais même pas envisagé de me poser la question, principalement parce que je ne me considérais pas en tant que femme. Pas plus que je ne me pensais comme fille.

Je ne pensais pas grand-chose du genre, en partie parce que j’ai grandi dans un foyer non genré, et en partie à cause de la culture elle-même. Dans les années 70, les hommes comme les femmes portaient des pattes d’éléphant, se faisaient une raie au milieu des cheveux et se baladaient sur des chaussures à semelles compensées.

Les experts scientifiques et médiatiques nous disaient que les différences entre les sexes étaient des constructions purement sociales : nous étions tous des produits de notre environnement. Les parents progressistes plaçaient des camions sous le sapin de Noël pour leurs petites filles et les garçons recevaient des poupées. Même des couples d’âge moyen et avancé marchaient main dans la main dans des tenues assorties.

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Mon mari et moi avons tout pris. Dans notre phase idéaliste, nous avons décidé que nous travaillerions ensemble dans la pêche commerciale, puis nous rentrerions à terre préparer le repas et laver la vaisselle ensemble. Je me suis vite réveillée de ce rêve.

Et en tant que société, nous nous sommes aussi éloignés de cette conception du genre qui prévalait dans les années 70. En 2015, nous étions mis face à cette double image de Bruce devenu(e) Caitlyn Jenner : son ancienne version exacerbée de la masculinité exprimée dans des prouesses athlétiques et son hyperféminité actuelle, obtenue grâce à la chirurgie, aux hormones, à beaucoup de maquillage et à une séance photo pour Vanity Fair.

Les progrès de la science, et en particulier des neurosciences, se sont soldés par une série de percées menant à la conclusion que, tenez-vous bien, les hommes et les femmes étaient bel et bien différents : physiquement, dans leur fonctionnement cérébral, en matière de style de communication, de schéma hormonal, et tout cela dès avant leur naissance.

Presque toutes les disciplines scientifiques ont contribué à répertorier les manières étonnantes dont homme et femme se distinguent. Ils étaient si éloignés l’un de l’autre que l’un des livres les plus populaires des années 90 plaçait les hommes sur Mars et les femmes sur Vénus. En moins de deux décennies, les hommes et les femmes étaient passés de la marche main dans la main dans des tenues assorties à l’habitation de différentes planètes.

La neuroscience a été utile, à sa mesure. Nous sommes tout de même soulagés lorsque nous découvrons que certains traits de notre conjoint (ou frère ou sœur) ne sont pas leurs propres aberrations, mais un comportement assez normal parmi leur genre. Je possède une série populaire d’enseignements sur le mariage chrétien qui s’amuse de cette espèce masculine qui ne peut pas effectuer plusieurs tâches en même temps pour sauver sa vie, qui ne prononce que 17 mots par jour (en fait, des études disent 7 000), qui n’a aucune idée de son véritable état émotionnel, etc. Puis vient le pendant féminin : des femmes qui parlent sans arrêt, sautent du coq à l’âne, se focalisent sur des détails, et ainsi de suite.

Ces choses sont désormais considérées comme des lieux communs, en particulier dans certains cercles chrétiens : les hommes sont rationnels ; les femmes sont émotives. Les hommes sont des loups solitaires ; les femmes sont coopératives. Les hommes ne peuvent faire qu’une chose à la fois ; les femmes sont multitâches. Vous pourriez probablement en lister une douzaine d’autres.

Comme on pouvait s’y attendre, nous avons basculé d’un extrême à l’autre, passant du tout-culture au tout-nature, endossant désormais les stéréotypes de genre avec le cachet et la bénédiction de la science. Toutes ces analyses et catalogages des genres, je crois, ont finalement alimenté la crise actuelle à propos de l’identité et de l’expression de genre.

Je ne voudrais pas minimiser la difficulté de la condition de Jenner et d’autres, celle de la dysphorie de genre. Cependant, nous subissons tous les conséquences d’une fixation culturelle sur le genre. Un homme ou une femme, un garçon ou une fille, qui présente des traits considérés comme relevant de l’autre genre peut être conduit à questionner son identité d’une manière bien plus forte qu’il y a quelques décennies.

Les hommes, semble-t-il, sont particulièrement touchés. Les femmes et les jeunes filles bénéficient d’une généreuse latitude qui reconnaît l’athlète, le mannequin, le PDG et la mère comme des expressions également valables de la féminité. De nombreux parents, comme moi, encouragent leurs filles à devenir des lanceuses et des meneuses de jeu (ou encore des pêcheuses) plutôt que des princesses. Mais les attentes culturelles à l’égard de la masculinité sont bien plus avares. Si un homme est doux, compatissant, artistique, empathique, cultive la beauté dans sa vie, parle avec ses mains, apprécie l’amitié des femmes, sa masculinité et son orientation sexuelle sont instantanément remises en question.

Les stéréotypes eux-mêmes ne sont pas non plus équitables entre les sexes. Après avoir subi des générations de sexisme, les femmes s’en sortent mieux que les hommes dans certains contextes. La société loue les femmes pour leur plasticité neuronale ; elles sont flexibles, coopératives, empathiques, honnêtes. Les femmes dépassent les hommes dans l’enseignement supérieur, en termes d’employabilité et dans pas mal d’autres mesures. Au cinéma, elles sont toujours aussi glamour et sexy… mais également tout aussi audacieuses que les hommes.

Et nos homologues masculins ? Ils incarnent toujours des athlètes et des super-héros, mais pas grand-chose d’autre. Pendant plus de 20 ans, des sitcoms nous ont donné à voir des pères incapables et pathétiques. Les écarts moraux des hommes politiques sont devenus la norme. Les hommes sont critiqués pour leur rigidité monolithique. C’est ce qui conduisit Hanna Rosin, observatrice sociale, à son article de couverture de 2010 pour The Atlantic intitulé « The End of Men » (« La fin de l’homme »). À mon époque, beaucoup de filles voulaient être des garçons, moi comprise, parce que les garçons détenaient tout le pouvoir. Plus maintenant. Désormais, ce sont les hommes qui veulent être des femmes : les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à subir une opération de changement de sexe.

Je ne cherche pas à expliquer la transformation de Jenner à partir de l’avancement des femmes soutenu par les médias à notre époque, bien que cela puisse y avoir contribué. Cette double image de Bruce puis Caitlyn mettait en scène l’écart croissant entre les sexes. Mais encore plus que cela, l’interview de Jenner et la couverture de Vanity Fair soulignaient avec force que notre obsession très sexualisée pour le genre nous égare.

Nous semblons reconnaître que nous avons un problème, mais ne parvenons pas trouver un moyen de le résoudre. Une approche a été de considérer que le problème serait une obsession des « catégories binaires », que l’on a donc tenté de résoudre en développant plus de catégories. Facebook propose toutes sortes de choix d’identification de genre, comme le font de nombreux groupes LGBT. Mais tracer plus de lignes et trier les gens dans des boîtes toujours plus petites ne fait qu’accentuer le problème de fond.

Notre identité et notre personnalité ne sont ni entièrement contenues ni entièrement expliquées par notre masculinité ou notre féminité ou toute catégorie que l’on imaginerait entre les deux. En réalité, nous avons passé tellement de temps à diviser et à définir notre identité sexuelle, même dans l’Église, que nous avons perdu notre identité la plus essentielle, et avec elle, notre sens de l’unité.

Oui, Dieu a fait la femme et l’homme différents, mais ce n’est pas le tout du récit de la création. L’homme a été créé par Dieu, la femme a été tirée de l’homme et l’homme est né de la femme. Dès le début, nous faisons partie l’un de l’autre. Nous aspirons l’un à l’autre. Nous sommes un miroir l’un pour l’autre. Nous reflétons l’image de Dieu l’un pour l’autre. (Mais nous pouvons mal interpréter ces aspirations. Se pourrait-il parfois que notre désir d’union et de connexion avec l’autre créé par Dieu soit confondu avec un désir d’« être » l’autre ?) Et le Nouveau Testament regorge de tout ce que nous partageons dans le royaume de Dieu : nous sommes cohéritiers, co-ouvriers, concitoyens, enfants de Dieu, tous habités par le même Saint-Esprit de Dieu.

Notre préoccupation centrale n’est pas de savoir si nous sommes à la hauteur des notions culturelles actuelles de féminité ou de masculinité ou de quoi que ce soit entre les deux, mais à celle de la personne du Christ. Christ était vraiment un homme. Pourtant, son identité première n’était pas sa masculinité, mais sa relation avec Dieu.

Les Écritures appellent les hommes et les femmes à se conformer non pas au modèle du monde, mais à celui de Christ lui-même (Rm 12.12). Dieu nous commande de vivre comme il l’a fait : aimer Dieu de tout notre être, le laisser « renouveler notre esprit », « être unis dans l’amour », « être en plein accord et d’un même esprit », « aimer notre prochain comme nous-mêmes ».

Notre objectif n’est pas la masculinité ou la féminité, mais la piété, qui comprend la compassion, la gentillesse, la miséricorde, la force, la persévérance, le courage, la soumission et bien d’autres vertus trop longtemps attribuées à un genre ou à l’autre. Depuis près de 40 ans de mariage, lorsque mon mari et moi nous disputons, ce n’est pas notre désignation comme femme ou homme ou même comme mari ou épouse qui nous divise, mais le péché et l’égoïsme. Et, après toutes ces années, nous travaillons finalement ensemble à la pêche puis partageons la vaisselle.

Je n’essaie pas de nous ramener aux extrêmes unisexes — et à la mauvaise mode — des années 70. Nous n’avons pas besoin de prétendre que nous sommes tous pareils, ou que le genre n’a pas d’importance, mais le genre a beaucoup trop compté. Une identité établie en tant qu’homme ou femme, homosexuel ou transsexuel, genderqueer ou toute autre désignation LGBT ne répondra pas à nos aspirations humaines les plus profondes : connaître et être connu, aimer et être aimé par celui à l’image de qui nous sommes faits. Toutes ces définitions du genre ne fournissent pas non plus une voie à suivre pour vivre dans notre humanité partagée au sein de la Création.

Être habité par l’Esprit et avancer vers la ressemblance avec Dieu peut apporter la guérison à la dissonance que nous ressentons en nous-mêmes, ainsi qu’aux différences et aux divisions entre nous. Qui que nous soyons, mon espoir est que nous serons connus non pas pour notre catégorie de genre, mais pour notre miséricorde, notre sagesse, notre gentillesse, notre humilité, notre grâce et notre amour. Si nous permettons au Saint-Esprit de faire cela en nous, nous serons exactement ce pour quoi nous avons été créés, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Leslie Leyland Fields vit en Alaska. Elle est autrice de nombreux livres, conférencière et enseignante. Son ouvrage Pardonner son père et sa mère a été traduit en français.

Traduit par Teodora Haiducu

Révisé et édité par Léo Lehmann

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Books

Le corps garde la foi

La vie spirituelle se poursuit malgré la désorientation due à la démence.

Christianity Today January 25, 2022
Image: Courtesy of Tricia Williams / Edits by Rick Szuecs

Le témoignage est important pour de nombreux chrétiens. Que se passe-t-il alors lorsque vous ne pouvez plus vous souvenir de la façon dont vous avez connu Jésus comme votre Sauveur ou des choses que Dieu a faites dans votre vie ? Le psalmiste dit : « Je me rappelle la manière d’agir de l’Éternel. Oui, je veux me souvenir de tes miracles passés » (Psaume 77.11). Qu’arrive-t-il à notre foi lorsque nous ne pouvons plus nous souvenir ?

La théologienne Tricia Williams a posé cette question à des croyants évangéliques atteints de démence dans son livre What Happens to Faith When Christians Get Dementia? (« Qu’advient-il de la foi quand les chrétiens sont touchés par la démence ? ») paru l’an dernier. D’après les réponses reçues, les souvenirs s’effacent, mais pas la foi.

Williams, éditrice de longue date pour Scripture Union, a commencé à s’intéresser à la pastorale des personnes atteintes de démence à la demande d’un collègue qui voulait aider sa femme. Elle a d’abord élaboré des ressources pour la lecture de la Bible et la prière. Elle a poursuivi ses études en Écosse, en vue de l’obtention d’un doctorat à l’université d’Aberdeen, sous la direction de John Swinton, un éminent spécialiste de la théologie de la démence.

Son travail a « toujours un objectif pastoral », dit-elle. Avec ce nouveau livre, elle souhaite aider les chrétiens à mieux s’occuper des personnes atteintes de démence et à voir comment ce que vivent ces croyants peut s’appliquer au cheminement de foi de chacun. Bien que ce livre soit destiné aux universitaires, elle travaille sur un second ouvrage basé sur ses recherches à destination du grand public.

Elle s’est entretenue avec nous au sujet de ses découvertes et de la manière d’accompagner les personnes atteintes de démence.

Tout d’abord, pourriez-vous nous décrire quelques symptômes de la démence ? En quoi ces symptômes soulèvent-ils des inquiétudes pour les chrétiens ?

La démence est un terme générique. En son sein il existe un groupe de maladies qui présentent souvent des symptômes similaires, notamment au début. Dans mes recherches, mes participants souffraient à la fois de la maladie d’Alzheimer et de démence vasculaire. Il existe également d’autres types de démence.

La personne qui vit avec une personne atteinte de démence remarquera que la concentration devient plus difficile et qu’il y a des pertes de la mémoire de court terme. Puis, à mesure de la progression de la maladie, ce qui peut prendre plusieurs années, la mémoire régresse davantage et les comportements sociaux deviennent de plus en plus difficiles à maîtriser.

Lors d’un atelier que j’organisais avec une Église sur le sujet, les participants manifestaient beaucoup de patience, de souci pastoral et de gentillesse. Mais vers la fin de la réunion, une dame qui était restée silencieuse, ne pouvant manifestement plus se retenir, s’est soudain écriée : « C’est très bien, mais en fait je trouve cela extrêmement embarrassant parce que je ne sais pas comment mon père va se comporter quand nous irons à l’église. »

Certaines des questions clés que les gens se posent sont les suivantes : Qui suis-je ? Si votre capacité relationnelle a disparu et que vous ne pouvez plus penser de manière cohérente, existe-t-il encore une identité personnelle ? Qu’est-ce qui fait de moi un être humain ? Ensuite, pour un croyant, se pose la question : Qu’advient-il de ma foi ? Si je ne peux plus me souvenir, si je ne peux plus confesser mes péchés, mon salut est-il toujours assuré ? Certaines personnes se demandent aussi s’il est encore possible de venir à la foi quand on est atteint de démence.

Vous avez interviewé huit personnes à un stade précoce ou modéré de démence. Pouvez-vous les décrire ?

Elles pouvaient encore me parler. Certaines découvraient tout juste ce que signifiait vivre avec une démence. Une ou deux étaient vraiment fragiles et le simple fait d’essayer de communiquer était un véritable combat pour elles.

Au stade où elles en étaient, toutes ces personnes savaient qu’elles étaient atteintes de démence et pouvaient imaginer ce que cela pouvait signifier. Elles étaient toutes conscientes des images stéréotypées que la société associe à la démence et ressentaient toutes une forme d’appel de Dieu pour parler avec moi.

Je vous en dis un peu plus sur deux d’entre elles : Rosemary et Ron. Ce sont des pseudonymes pour protéger leur vie privée et leurs familles.

Rosemary avait été professeure d’anglais. Elle était pleine d’une énergie bouillonnante et voulait désespérément me parler. Sa conversation était tout d’un jet. Elle m’a dit : « L’essentiel, c’est que je veux que tout cela soit à la gloire de Dieu. » Elle semblait à peine respirer tandis qu’elle me parlait, jusqu’à son « Amen » final. Et il y a réellement eu un « Amen ».

Ron, lui, était beaucoup plus fragile. Il avait séjourné en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) et était « né de nouveau » lors d’une croisade de Billy Graham. Il m’a dit : « Je n’ai pas de mémoire, mais j’en ai. » Par ces mots, il voulait dire ceci : même si beaucoup de choses du quotidien ont disparu, je n’oublierai jamais la présence de Dieu à mes côtés.

Comment avez-vous mené les entretiens ? Était-il difficile pour les gens de se souvenir de la question posée ?

Oui, c’était effectivement compliqué. Pour certaines personnes, il était difficile de se souvenir de la raison pour laquelle cette étrangère était dans leur maison pour leur parler. Les gens oubliaient où nous allions. Parfois, ils me racontaient tout un tas de choses que je ne voulais pas forcément savoir parce qu’ils faisaient toutes sortes de détours. Et ce n’était pas un problème, je les ramenais simplement au sujet, gentiment et respectueusement.

Quelqu’un me disait : « Je peux encore conduire à 100 km/h sur l’autoroute. » Dans ma tête, je me suis dit : « Oui, mais devriez-vous le faire ? » Mais comme la personne me disait cela, j’ai tenté de réfléchir à la raison qui la poussait à le faire. En fait ce qu’elle voulait communiquer, c’était : « Je suis au contrôle. Je n’ai pas besoin d’une attention particulière. Je fonctionne comme tout le monde, merci beaucoup ». Lorsque quelque chose est dit en dehors du sujet, je tente de creuser pour entendre pourquoi.

J’étais constamment en train de réorienter la conversation pour la ramener sur le thème de nos échanges. Dans ma tête, mon cadre était : Quelle a été votre expérience de la foi par le passé, quelle est votre expérience de la foi maintenant, et comment pensez-vous qu’elle sera dans le futur ?

Que signifie la démence pour la foi de ces personnes ?

Certains pensent qu’une fois la démence apparue, le chemin de la foi est terminé, alors qu’en réalité mes recherches ont mis en évidence que la foi reste bien vivante. En fait, les gens m’ont même dit qu’elle était plus forte. Alice m’a ainsi rapporté : « J’avais l’habitude de penser que j’étais assez intelligente. » (Elle était médecin.) « Maintenant, je sais que je ne sais pas grand-chose. Mais je sens que là où il y a moins de moi, il y a plus de Dieu. »

J’ai aussi eu des conversations à propos des progrès dans la foi, et cela peut sembler vraiment étrange. Pourtant, cette possibilité de croissance est bien présente. Dans la désorientation, dans la confusion que la démence apporte dans leurs vies, ces personnes pouvaient encore trouver des occasions de réorientation et d’approfondissement de leurs existences.

Alice m’a dit : « Comment puis-je servir Dieu ? Il m’a fait ce don, et je ferai ce que je peux avec les pains et les poissons qu’il m’a donnés. » Elle a un réel souci et une compréhension de certaines des horreurs que vivent les personnes qui entrent dans la démence sans la foi, et elle continue à leur témoigner à partir de sa propre expérience.

Quelles leçons pouvons-nous tirer des personnes atteintes de démence ?

L’une d’entre elles touche à la mémoire. Nous avons tendance à la considérer comme une mémoire autobiographique et linéaire. Or, la mémoire n’est pas seulement une affaire de faits reliés par des neurones dans le cerveau. Elle est liée à l’ensemble de notre corps. J’écris donc beaucoup sur notre mémoire corporelle. C’est l’exemple classique de la madeleine de Proust, qui racontait que le simple goût de ce biscuit lui rappelait soudainement les souvenirs de chez sa tante.

Ce type de souvenir est également observé chez les personnes atteintes de démence. Je peux penser à toutes sortes d’exemples. La façon dont une personne s’habille. La façon dont elle vous parle. Leur histoire passée est inscrite dans leur corps. Leurs manières, leur politesse (ou son absence). Leur compréhension de la foi, des chants et des hymnes. Tout est là, profondément enraciné dans leur mémoire.

Vous semblez dire que nous comprenons mal la mémoire, en pensant qu’il s’agit uniquement d’une cognition mentale ?

Nous nous trompons, en effet. Nous sommes un tout complexe. Le seul fait que les neurones cessent de fonctionner ne fait pas tout à coup disparaître la personne. Non. La personne entière est là et elle a de la valeur. Il se peut qu’elle soit coupée de nous et qu’il faille plus de patience et d’attention pour communiquer. Mais nous pouvons l’inviter à s’ouvrir et commencer à découvrir que cette personne, comme moi, est chrétienne, qu’elle aime Dieu et qu’elle est peut-être en train d’en apprendre davantage que moi sur Dieu et d’avoir plus confiance en lui.

Naomi Feil, une assistante sociale, a développé la théorie de la validation pour communiquer avec les personnes atteintes de démence avancée. Dans un exemple qu’elle cite, elle travaille patiemment, très patiemment avec une femme jusqu’à ce qu’elles arrivent à chanter ensemble « Jésus m’aime, je le sais ». Au fond, aux tréfonds de nous, il y a des vérités enracinées.

Ma grand-mère était atteinte de démence, et je me souviens que des gens ont chanté des hymnes avec elle jusqu’à la fin.

Les participants à ma recherche ne cessaient de citer des textes des Écritures et des paroles de cantiques. Ces mots sont devenus leur langage. Ces choses sont profondément, très profondément ancrées. Parfois, il suffit de solliciter quelqu’un, de l’aider à entrer dans le moment présent. En prenant un peu de temps, vous découvrez qu’il y a là toute une richesse de vécu et d’expériences spirituelles. Ces personnes ne vont certainement pas se lever devant vous et prononcer un sermon cohérent, mais la vie de Dieu est là et c’est un cadeau pour nous. Nous pourrions avoir des choses à apprendre si nous sommes assez patients pour recevoir les dons que cette personne met en œuvre pour nous.

Comment les chrétiens peuvent-ils prendre soin des personnes atteintes de démence ?

Il nous faut accompagner les personnes atteintes de démence. Certains ont mis ce besoin en évidence. L’une des difficultés pour les personnes seules est tout simplement qu’il est devenu très compliqué d’aller au culte ou de participer à des activités de l’Église. Rosemary — la femme pleine d’entrain, qui ne s’arrêtait jamais de parler — voulait continuer à aller à l’Église et trouvait cela très difficile. Elle se rappelle s’être un jour avancée pour recevoir la communion, puis avoir paniqué parce qu’elle ne se souvenait plus où elle était assise. Elle m’a parlé de sa gêne à l’idée que les gens se disent : « Cette idiote ne sait pas d’où elle vient. »

En pratique, c’est une chose qui peut facilement se régler. Si les gens dans la communauté sont au courant de la situation, quelqu’un pourrait simplement décider d’agir en ami de la personne en question et de la guider pendant le culte si elle en a besoin.

Quant aux membres de la famille de personnes atteintes de démence : laissez d’autres personnes partager le fardeau avec vous. Il arrive que la personne atteinte de démence et celui ou celle qui en prend soin cessent de venir à l’église, et que nous ayons tendance à les oublier. Ils ont parfois l’impression que personne ne pourra les comprendre et se retrouvent épuisés par les soins à prodiguer. Mais tant le membre de la famille que la personne atteinte de démence elle-même ont besoin d’autres membres du corps du Christ, pour porter ensemble le fardeau de la maladie.

Traduit par Denis Schultz

Révisé par Léo Lehmann

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Les 50 pays où il est le plus difficile de suivre Jésus en 2022

Trois chrétiens martyrisés sur cinq le sont au Nigeria. Trois églises attaquées sur cinq se trouvent en Chine. L’Afghanistan est désormais pire que la Corée du Nord.

Christianity Today January 19, 2022
Illustration by Mallory Rentsch / Source Image: Benne Ochs / Getty Images

Note de l'éditeur : Portes Ouvertes a maintenant publié la liste de surveillance mondiale 2023 de la persécution des chrétiens.

L’année dernière, mille chrétiens de plus que l’année précédente ont été tués pour leur foi.

Mille chrétiens de plus ont été emprisonnés.

Six cents églises de plus ont été attaquées ou fermées.

L’Afghanistan est le nouveau numéro un de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022, le dernier rapport annuel de Portes Ouvertes sur les 50 pays où il est le plus dangereux et difficile d’être chrétien.

« Les résultats de cette année indiquent des changements majeurs dans le paysage de la persécution », affirme David Curry, président de Portes Ouvertes aux États-Unis.

Depuis que Portes Ouvertes a commencé son classement en 1992, la Corée du Nord était en tête. Mais depuis la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans en août dernier, les croyants afghans ont dû quitter leur pays ou se réfugier à l’intérieur de celui-ci. Beaucoup ont perdu tout ce qu’ils possédaient, note le rapport, et les églises de maison ont été fermées.

« Avant les talibans, ce n’était pas génial, mais ça allait encore », raconte un Afghan évacué, requérant l’anonymat dans l’espoir de pouvoir un jour revenir. « [À présent] les chrétiens vivent dans la peur, en secret, dans la clandestinité totale ».

Portes Ouvertes s’empresse de souligner que le passage de la Corée du Nord à la deuxième place ne reflète pas une amélioration de la liberté religieuse dans ce pays. Au contraire, une nouvelle loi sur la pensée anti-réactionnaire a entraîné une augmentation des arrestations de chrétiens et des fermetures d’Églises de maison.

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Au total, 360 millions de chrétiens vivent dans des pays où les niveaux de persécution ou de discrimination sont élevés. Cela représente un chrétien sur sept dans le monde, dont un sur cinq en Afrique, deux sur cinq en Asie et un sur quinze en Amérique latine.

L’année dernière, pour la première fois en 29 ans de suivi, les 50 pays obtenaient un score suffisant pour enregistrer des niveaux de persécution « très forts » dans la grille de 84 critères de Portes Ouvertes. Cette année, les 50 pays se sont à nouveau qualifiés, de même que 5 autres qui ne rentrent pas dans le classement.

Alors que l’extrémisme islamique continue de susciter le plus de persécutions, Portes Ouvertes note que les restrictions liées au COVID-19 « sont devenues un moyen commode de renforcer le contrôle et la surveillance des minorités religieuses et de leurs rassemblements » en Chine et dans d’autres pays. Les chercheurs ont également constaté que les persécutions poussent de plus en plus les chrétiens à s’exiler, des dizaines de milliers d’entre eux, notamment au Myanmar, devenant réfugiés dans d’autres pays.

L’objectif des classements annuels de l’Index Mondial de Persécution — qui témoignent de la concurrence grandissante que rencontre la Corée du Nord au fur et à mesure que la persécution s’aggrave — est de guider les prières et d’aider à transformer l’indignation en action pertinente, tout en montrant aux croyants persécutés qu’ils ne sont pas oubliés.

L’édition 2022 couvre la période du 1er octobre 2020 au 30 septembre 2021, et est compilée à partir de rapports de terrain rédigés par des travailleurs de Portes Ouvertes dans plus de 60 pays.

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Où les chrétiens sont-ils le plus persécutés aujourd’hui ?

L’Afghanistan ne représente pas le seul changement substantiel dans le classement de cette année. Le Myanmar est passé de la 18e à la 12e place, en raison de l’augmentation de la violence après son coup d’État et de la discrimination en matière de soins de santé. Le Qatar est passé de la 29e à la 18e place, car les Églises de maison auparavant tolérées n’ont pas été autorisées à rouvrir après les fermetures du COVID-19, alors que les mosquées et les quelques Églises officiellement enregistrées ont pu le faire. L’Indonésie est passée de la 47e à la 28e place, en raison de deux attaques islamistes meurtrières contre des églises, malgré la répression gouvernementale contre les terroristes. Enfin, Cuba est passé de la 51e à la 37e place, en raison de l’intensification des mesures prises à l’encontre des dirigeants et des militants chrétiens opposés aux principes communistes.

Dans l’ensemble, les dix premières nations n’ont fait qu’intervertir leurs places par rapport à l’année dernière. La Somalie se maintient à la troisième place, tout comme la Libye à la quatrième, l’Érythrée à la sixième et l’Inde à la dixième. Le Yémen a gagné deux places pour devenir le cinquième pays, remplaçant le Pakistan qui a perdu trois places pour devenir huitième. L’Iran a reculé d’un rang pour se retrouver en neuvième position, et le Nigeria a gagné deux places pour se retrouver en septième position, complétant ainsi les groupe des pires.

Les pays où il est le plus difficile de suivre Jésus :



1. Afghanistan
2. Corée du Nord
3. Somalie
4. Libye
5. Yémen
6. Érythrée
7. Nigeria
8. Pakistan
9. Iran
10. Inde

Étonnamment retiré en novembre de la liste annuelle des pays particulièrement préoccupants du département d’État américain, après avoir été ajouté en 2020, le Nigeria fait l’objet d’une attention particulière dans le rapport de Portes Ouvertes.

« Une fois que vous êtes chrétien au Nigeria, votre vie est toujours en jeu », explique Manga, dont le père a été décapité par Boko Haram. « [Mais] ce n’est pas comme si nous avions un [autre] endroit aller, nous n’avons pas le choix ».

La nation la plus peuplée d’Afrique s’est classée première dans les sous-catégories de l’Index Mondial de Persécution concernant les chrétiens tués, enlevés, harcelés sexuellement, maltraités physiquement ou mentalement, et les maisons et entreprises attaquées pour des raisons religieuses. Elle se classe en deuxième position dans les sous-catégories « attaques d’églises » et « déplacements internes ».

« Il est de plus en plus évident que les chrétiens (et les groupes minoritaires) ne peuvent pas compter sur l’appareil de sécurité pour leur protection », indique le rapport.

Les violations de la liberté religieuse au Nigeria sont liées à une présence islamiste en pleine expansion dans le Sahel africain. Le Mali est passé de la 28e à la 24e place, et Portes Ouvertes craint qu’il ne progresse encore l’année prochaine. Le Burkina Faso est resté stable à la 32e place et le Niger est passé de la 54e à la 33e place. Tout près, la République centrafricaine est passée de la 35e à la 31e place.

« L’épicentre du djihadisme international se trouve désormais dans la région du Sahel », déclare Illia Djadi, analyste principal de Portes Ouvertes pour la liberté de religion et de croyance en Afrique subsaharienne. « Ce terrorisme se déplace vers le sud (…) et des pays majoritairement chrétiens comme le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire sont désormais touchés. » (Aucun ne figure dans l’Index).

Les pays à majorité chrétienne se classent relativement bas dans le top 50. On y trouve la Colombie (n° 30), Cuba (n° 37), l’Éthiopie (n° 38), la République démocratique du Congo (n° 40), le Mozambique (n° 41), le Mexique (n° 43) et le Cameroun (n° 44).

Parmi les 50 premières nations :

  • 11 ont des niveaux de persécution « extrêmes » et 39 des niveaux « très forts ». Cinq autres nations ne figurant pas parmi les 50 premières connaissent également un niveau « très fort » de persécution : le Kenya, le Sri Lanka, les Comores, les Émirats arabes unis et la Tanzanie.
  • 18 sont en Afrique (dont 6 en Afrique du Nord), 29 en Asie, 10 au Moyen-Orient, 4 en Asie centrale et 3 en Amérique latine.
  • 34 ont l’islam comme religion principale, 4 le bouddhisme, 2 l’hindouisme, 1 l’athéisme, 1 l’agnosticisme et 10 le christianisme.

La liste 2022 comprend deux nouveaux pays : Cuba et le Niger. Deux pays ont été retirés de la liste : le Kenya et les Comores.

Parmi les autres remontées notables, citons l’Arabie saoudite, qui passe de la 14e à la 11e place, en raison de la disponibilité d’informations plus spécifiques sur la situation des migrants convertis. Un autre pays du Golfe, Oman, est quant à lui passé de la 44e à la 36e place, suite à une augmentation de la surveillance des chrétiens, en particulier des convertis, dont plusieurs ont été forcés de quitter le pays. En Asie, le Bhoutan est passé de la 43e à la 34e place en raison d’une augmentation de la violence contre les chrétiens dans ce pays bouddhiste traditionnellement non violent.

Les pays où les chrétiens sont confrontés à la plus grande violence :



1. Nigeria
2. Pakistan
3. Inde
4. République Centrafricaine
5. République Démocratique du Congo (RDC)
6. Mozambique
7. Cameroun
8. Afghanistan
9. Mali
10. Soudan du Sud

Période de référence de Portes Ouvertes : 1er octobre 2020 – 30 septembre 2021

Tous les mouvements notables n’ont pas été négatifs. L’Irak et la Syrie ont chacun perdu trois places, passant respectivement à la 14e et à la 15e place, en raison de la diminution du nombre d’églises attaquées et de chrétiens tués. La Tunisie est passée de la 25e à la 35e place, car moins de chrétiens ont été détenus, tandis qu’une baisse de la violence contre les chrétiens a fait passer le Tadjikistan de la 43e à la 45e place. Par ailleurs, la diminution des attaques perpétrées par des groupes hindous radicaux au Népal a fait passer le pays de la 34e à la 48e place.

Portes Ouvertes suggère toutefois que certaines de ces améliorations pourraient être superficielles, en raison d’une baisse de l’activité chrétienne due au COVID-19. L’Égypte est passée de la 16e à la 20e place, et la Turquie de la 35e à la 42e place, en raison de la diminution des attaques contre les églises. Pourtant, en Égypte, la violence à l’encontre des chrétiens individuels est restée élevée, huit croyants ayant été tués, tandis que la Turquie a été le théâtre d’une rhétorique gouvernementale de plus en plus agressive à l’encontre des chrétiens, qui souffrent d’une méfiance sociale croissante.

D’autres nations ont contrebalancé les évolutions positives par des évolutions négatives. Le Soudan est resté à la 13e place car les réformes de la liberté religieuse au niveau national n’ont pas encore été mises en œuvre au niveau local. La Colombie s’est maintenue à la 30e place, car moins de chrétiens ont été tués, mais l’activité criminelle et l’hostilité sociale ont augmenté, en particulier dans les communautés autochtones. Enfin, l’Éthiopie, qui a perdu deux places pour se retrouver au 38e rang, a vu sa baisse de la violence à l’encontre des chrétiens compensée par les pressions communautaires dans un contexte de guerre civile qui rend difficile la distinction entre persécution religieuse et ethnique.

Comment les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?

Portes Ouvertes suit la persécution dans six catégories — incluant la pression sociale et gouvernementale sur les individus, les familles et les communautés — et prête une attention particulière aux femmes. Presque toutes les catégories ont connu une augmentation cette année, et certaines ont atteint des sommets.

Lorsque l’on se concentre exclusivement sur la violence, le top 10 des persécuteurs change radicalement — seuls l’Afghanistan, le Nigeria, le Pakistan et l’Inde restent. En fait, 16 pays sont plus meurtriers pour les chrétiens que la Corée du Nord.

Il y a eu plus de 1000 martyrs en plus par rapport à l’année précédente, puisque Portes Ouvertes a recensé 5 898 chrétiens tués pour leur foi au cours de la période considérée. Représentant une augmentation de 24 %, ce bilan reste une amélioration par rapport au pic de 2016 où l’on avait recensé 7 106 morts. Le Nigeria représente 79 % du total, suivi du Pakistan avec 11 %.

Portes Ouvertes établit des listes précises sur la violence dans les nations qui ont obtenu un classement de 41 points ou plus. L’organisation est connue pour favoriser une estimation plus prudente que d’autres groupes, qui évaluent souvent le nombre de martyrs à 100 000 par an.

Les pays où le plus grand nombre de chrétiens ont été martyrisés :



1. Nigeria : 4,650
2. Pakistan : 620
3. Nom non divulgué : 100*
4. Burkina Faso : 100*
5. République démocratique du Congo : 100*
6. Mozambique : 100*
7. République centrafricaine : 29
8. Cameroun : 27
9. Tanzanie : 25
10. Indonésie : 15

*Estimation


Période de référence de Portes Ouvertes : 1er octobre 2020 – 30 septembre 2021

Lorsque les chiffres ne peuvent être vérifiés, les estimations sont données en chiffres ronds de 10, 100, 1 000 ou 10 000, en supposant qu’ils sont plus élevés en réalité. Et certaines données nationales ne peuvent être fournies pour des raisons de sécurité, ce qui se traduit par la mention « NN » pour l’Afghanistan, les Maldives, la Corée du Nord, la Somalie et le Yémen.

Dans cette catégorie, ce sont une nation non nommée, le Burkina Faso, la RDC et le Mozambique qui complètent la liste avec un total symbolique de 100 martyrs.

Une deuxième catégorie recense les attaques contre les églises et autres bâtiments chrétiens tels que les hôpitaux, les écoles et les cimetières, qu’ils soient détruits, fermés ou confisqués. Le chiffre de 5 110 représente une augmentation de 14 % par rapport à l’année dernière, mais ne représente que la moitié du chiffre record de 9 488 enregistré en 2020.

La Chine (n° 17), qui a rejoint le top 20 l’année dernière pour la première fois en dix ans, est en tête avec 59 % des attaques d’églises enregistrées. Le Nigeria était en deuxième position avec 470 incidents, suivi du Bangladesh, du Pakistan et du Qatar. La République centrafricaine, le Burkina Faso, le Mozambique, le Burundi, l’Angola et le Rwanda ont tous reçu l’estimation symbolique de 100 attaques.

La catégorie des chrétiens détenus sans procès, arrêtés, condamnés et emprisonnés a atteint un nouveau record en 2021, avec un total de 6 175, soit environ 1 000 cas de plus que pour la période précédente. Portes Ouvertes divise cette catégorie en deux sous-catégories, avec 4 765 croyants arrêtés, soit une augmentation de 69 %. L’Inde est en tête avec 1 310 cas. Elle et un pays non nommé, avec le Pakistan et la Chine, représentent 90 % du total.

Les pays où les églises ont été le plus attaquées ou fermées :



1. Chine : 3 000
2. Nigeria : 470
3. Bangladesh : 200
4. Pakistan : 183
5. Qatar : 100
6. République centrafricaine : 100*
7. Burkina Faso : 100*
8. Mozambique : 100*
9. Burundi : 100*
10. Angola : 100*

*Estimation


Période de référence de Portes Ouvertes : 1er octobre 2020 – 30 septembre 2021

Le chiffre de 1 410 croyants emprisonnés représente toutefois une diminution de 4 % par rapport à la période précédente. Un pays non identifié, l’Érythrée, la Chine et le Bangladesh constituent 91 % du total.

Le nombre de chrétiens enlevés a atteint un nouveau record, avec un total de 3 829, soit une augmentation de 124 % par rapport à la période précédente. Le Nigéria représente 66 % du total, suivi du Pakistan avec 26 %.

Les déplacements constituent de loin la catégorie la plus importante, avec 218 709 chrétiens contraints de quitter leur foyer ou de se cacher pour des raisons liées à leur foi. En outre, 25 038 chrétiens ont été contraints de quitter leur pays. Le Myanmar représentait 91 % et 80 % de ces deux catégories.

Portes Ouvertes affirme que plusieurs catégories sont particulièrement difficiles à quantifier avec précision, la plus importante étant les 24 678 cas d’abus physiques et mentaux, y compris les coups et les menaces de mort. Sur les 74 nations étudiées, 36 se sont vu attribuer des valeurs symboliques. Le Nigeria est arrivé en tête, suivi de l’Inde, de deux nations non nommées, de l’Érythrée, du Pakistan, du Myanmar, de la Chine, de la République centrafricaine, du Mozambique et de la Malaisie.

On estime que 4 543 maisons et propriétés chrétiennes ont été attaquées en 2021, ainsi que 1 906 magasins et entreprises. Dans cette dernière rubrique, 18 pays sur 36 ont reçu des estimations symboliques, et le Nigeria arrive en tête.

Le Nigeria, le Pakistan et le Mozambique sont les pays auxquels sont attribués le plus grand nombre de cas dans la première rubrique, seuls le Cameroun et le Bangladesh ayant pu enregistrer les cas réels. L’Irak, la Syrie, la Chine, le Burkina Faso et la RDC complètent le top 10, avec chacun un score symbolique de 100 attaques.

Les catégories spécifiques aux femmes ont également été difficiles à mesurer avec précision pour les chercheurs de Portes Ouvertes. Le total se monte à 3 147 cas de viols et de harcèlement sexuel, avec en tête le Nigeria et le Pakistan, et 36 sur 48 pays ayant reçu un score symbolique. En ce qui concerne les mariages forcés avec des non-chrétiens, le rapport estime un total de 1 588 cas, le Pakistan étant au premier rang des estimations attribuées à 25 pays sur 37.

Pourquoi les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?

La motivation principale varie d’un pays à l’autre, et une meilleure compréhension des différences peut aider les chrétiens des autres nations à prier et à plaider plus efficacement en faveur de leurs frères et sœurs en Christ persécutés.

Portes Ouvertes classe les principales sources de persécution des chrétiens en huit groupes :

Oppression islamiste (33 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans plus de la moitié des pays de l’Index de Persécution, dont 7 des 10 premiers : Afghanistan (n° 1), Somalie (n° 3), Libye (n° 4), Yémen (n° 5), Nigeria (n° 7), Pakistan (n° 8) et Iran (n° 9). La plupart de ces 33 pays sont officiellement des nations musulmanes ou à majorité musulmane, mais six d’entre eux sont en fait à majorité chrétienne : le Nigeria, la République centrafricaine (n° 31), l’Éthiopie (n° 38), la RDC (n° 40), le Mozambique (n° 41) et le Cameroun (n° 44).

Paranoïa dictatoriale (5 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution des chrétiens dans cinq pays à majorité musulmane, principalement en Asie centrale : Ouzbékistan (n° 21), Turkménistan (n° 25), Bangladesh (n° 29), Tadjikistan (n° 45) et Kazakhstan (n° 47).

Oppression communiste et post-communiste (5 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution des chrétiens dans cinq pays, principalement en Asie : la Corée du Nord (n° 2), la Chine (n° 17), le Vietnam (n° 19), le Laos (n° 26) et Cuba (n° 37).

Nationalisme religieux (4 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans quatre pays d’Asie. Les chrétiens sont principalement visés par les nationalistes hindous en Inde (n° 10) et au Népal (n° 48), et par les nationalistes bouddhistes au Myanmar (n° 12) et au Bhoutan (n° 34).

Crime organisé et corruption (2 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution des chrétiens en Colombie (n° 30) et au Mexique (n° 43).

Exclusivisme confessionnel chrétien (1 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés en Érythrée (n° 6).

Intolérance séculière (0 pays) et oppression clanique (0 pays) : Portes Ouvertes suit ces sources de persécution, mais aucune n’est la source principale dans un des 50 pays de la liste 2022. Cependant, l’année précédente, l’oppression clanique était la principale source de persécution en Afghanistan, en Somalie, au Laos, au Qatar, au Népal et à Oman.

Comment se situe l’Index Mondial de Persécution par rapport à d’autres travaux sur la persécution religieuse ?

Portes Ouvertes estime qu’il est raisonnable de considérer le christianisme comme la religion la plus sévèrement persécutée au monde. En même temps, elle note qu’il n’existe pas de documentation comparable pour la population musulmane.

D’autres analyses de la liberté de religion dans le monde corroborent bon nombre des conclusions de Portes Ouvertes. Par exemple, la dernière analyse du Pew Research Center sur les hostilités gouvernementales et sociétales envers la religion a révélé que des chrétiens ont été malmenés dans 153 pays en 2019, soit plus que tout autre groupe religieux. Les musulmans ont été malmenés dans 147 pays, suivis par les juifs dans 89 pays.

Si l’on se concentre uniquement sur l’hostilité des gouvernements, les musulmans sont harcelés dans 135 pays et les chrétiens dans 128, selon Pew. Si l’on examine uniquement l’hostilité au sein de la société, les musulmans sont harcelés dans 115 pays et les chrétiens dans 107.

La répartition correspond aux données de Portes Ouvertes. La Chine, le Myanmar, le Soudan et la Syrie ont enregistré plus de 10 000 incidents de harcèlement gouvernemental chacun. Le Sri Lanka, l’Afghanistan et l’Égypte se distinguent par des niveaux élevés d’hostilité sociale.

La plupart des pays figurant sur la liste de Portes Ouvertes figurent également sur la liste annuelle du département d’État américain qui dénonce les gouvernements qui ont « commis ou toléré des violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté de religion ».

Sa liste des pays plus préoccupants comprend le Myanmar (n° 12 de l’Index 2022), la Chine (n° 17), l’Érythrée (n° 6), l’Iran (n° 9), la Corée du Nord (n° 2), le Pakistan (n° 8), la Russie (qui a quitté l’Index l’année dernière), l’Arabie saoudite (n° 11), le Tadjikistan (n° 45) et le Turkménistan (n° 25). Sa liste de surveillance spéciale de deuxième niveau comprend l’Algérie (n° 22), les Comores (qui ont quitté l’Index cette année), Cuba (n° 37) et le Nicaragua (non classé mais surveillé par Portes Ouvertes).

Le département d’État américain établit également une liste d’entités particulièrement préoccupantes, ou acteurs non gouvernementaux source de persécutions, qui sont tous actifs dans des pays figurant sur la liste de Portes Ouvertes. Il s’agit notamment de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) au Nigeria (n° 7 de l’Index), des Talibans en Afghanistan (n° 1), d’Al-Shabaab en Somalie (n° 4), de Daech principalement en Irak (n° 14), de Hayat Tahrir al-Sham en Syrie (n° 15), des Houthis au Yémen (n° 5), et de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et de Jamaat Nasr al-Islam wal Muslimin au Sahel.

Dans son rapport 2021, la Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) recommandait les mêmes nations pour la liste des pays les plus préoccupants, avec l’ajout du Nigeria, de l’Inde (n° 10), de la Syrie et du Vietnam (n° 19). Pour la liste de surveillance de deuxième niveau du Département d’État américain, l’USCIRF préconise les mêmes nations, à l’exception des Comores, et a ajouté l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan (non classé mais surveillé par Portes Ouvertes), l’Égypte (n° 20), l’Indonésie (n° 28), l’Irak, le Kazakhstan (n° 47), la Malaisie (n° 50), la Turquie (n° 42) et l’Ouzbékistan (n° 21).

Toutes les nations du monde sont suivies par les chercheurs et le personnel de terrain de Portes Ouvertes, mais une attention spécifique est accordée à 100 nations, avec un accent particulier sur les 76 qui enregistrent des niveaux élevés de persécution (scores de plus de 40 sur l’échelle de 100 points de Portes Ouvertes).

Index Mondial de Persécution 2022 de Portes Ouvertes

Rang Pays
1 Afghanistan
2 Corée du Nord
3 Somalie
4 Libye
5 Yémen
6 Érythrée
7 Nigeria
8 Pakistan
9 Iran
10 Inde
11 Arabie Saoudite
12 Birmanie
13 Soudan
14 Irak
15 Syrie
16 Maldives
17 Chine
18 Qatar
19 Viêt Nam
20 Egypte
21 Ouzbékistan
22 Algérie
23 Mauritanie
24 Mali
25 Turkménistan
26 Laos
27 Maroc
28 Indonésie
29 Bangladesh
30 Colombie
31 République centrafricaine
32 Burkina Faso
33 Niger
34 Bhoutan
35 Tunisie
36 Oman
37 Cuba
38 Ethiopie
39 Jordanie
40 République démocratique du Congo
41 Mozambique
42 Turquie
43 Mexique
44 Cameroun
45 Tadjikistan
46 Brunéi
47 Kazakhstan
48 Népal
49 Koweit
50 Malaisie

En français, l’édition 2022 de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens peut être retrouvée sur le site de Portes Ouvertes France ou Suisse.

Traduit par Léo Lehmann

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L’attaque du Capitole a mis en lumière une Église post-chrétienne.

Les événements de l’an dernier à Washington ont menacé non seulement la démocratie américaine, mais aussi le témoignage évangélique.

Christianity Today January 11, 2022
Edits by Christianity Today / Source Images: Andrew Caballero-Reynolds / Tasos Katopodis / Stringer / Getty

Un an s’est écoulé depuis l’insurrection du 6 janvier contre le Capitole des États-Unis, et deux images hantent encore mon esprit. L’une est celle d’une potence de fortune construite pour menacer de mort le vice-président des États-Unis. L’autre est celle d’une pancarte, tenue au-dessus de cette foule en colère, où avait été inscrit « Jésus sauve ». Que ces deux images puissent coexister dans la même foule témoigne d’une crise que connaît le monde évangélique américain.

Certains pourraient faire abstraction des symboles chrétiens lors de l’insurrection — non seulement des symboles, mais aussi des prières « au nom de Jésus » juste à côté d’un chaman exhibant ses cornes à la tribune du Sénat américain évacué. Quelques-uns pourraient oublier les évangéliques qui ont fallacieusement affirmé dans les jours qui ont suivi qu’il s’agissait d’une foule d’activistes antifascistes, et non de personnes issues du rassemblement au cours duquel le président des États-Unis de l’époque a incité la foule à se diriger vers le Capitole.

Et pourtant, les sondages montrent les uns après les autres que un nombre inquiétant d’évangéliques blancs croient au mensonge derrière cette attaque, à savoir que l’élection de 2020 aurait été volée par une vaste conspiration de gauche qui impliquait d’une manière ou d’une autre les gouverneurs républicains conservateurs et les responsables des élections en Géorgie et en Arizona.

Une grande Église évangélique a récemment accueilli l’ancien président Trump. La foule scandait « USA ! » en réponse au discours politique de l’ancien président. Cette scène semblera peut-être encore un peu excessive à la plupart des évangéliques, mais les sondages montrent qu’il ne s’agit pas d’une aberration. Et ces mêmes sondages montrent que, loin de se calmer après l’ère Trump et l’insurrection, ces personnes estiment que la violence pourrait être justifiée dans les jours à venir.

D’une certaine manière, ce que nous avons vu au cours de l’année écoulée depuis ces événements représente un changement. Un nombre croissant de personnes s’identifient comme « évangéliques » — dont beaucoup ne fréquentent même pas une Église — parce qu’elles y voient la désignation religieuse de leur mouvement politique.

Mais, de manière peut-être encore plus inquiétante, ces tendances traduisent ce qui n’a pas changé du tout.

Dans les jours qui ont précédé l’insurrection, des chrétiens évangéliques se sont rassemblés sur le National Mall pour une « marche de Jéricho », répétant les mêmes contrevérités : l’élection avait été volée et elle devait donc être annulée. Ce type d’affirmation selon laquelle, comme l’a dit Trump, « si vous ne vous battez pas […] vous n’aurez plus de pays », n’est pas nouveau pour de larges secteurs du mouvement évangélique américain.

Certains ont vendu des quantités d’équipement de bunker, littéral ou métaphorique, en prévision de l’effondrement imminent de la civilisation, qui ne devait pas manquer de se produire à cause du bogue de l’an 2000, de la charia, de la décision Obergefell de la Cour suprême (sur la légalisation du mariage homosexuel), de la théorie critique de la race ou encore d’un complot visant à fermer définitivement les églises en raison de la pandémie, etc. De nombreux pans de l’évangélisme sont devenus apocalyptiques à propos de tout, sauf de la véritable Apocalypse.

Comme dans le cas de l’insurrection (et cela s’est produit dans pratiquement tous les mouvements autoritaires de l’histoire), un moment apocalyptique est une situation d’urgence nécessitant des mesures d’urgence. C’est ainsi que s’explique la dissonance cognitive de personnes qui prétendent soutenir la loi et l’ordre (parfois en citant Romains 13) et se retrouvent à frapper des officiers de police et à briser des vitres afin d’empêcher le Congrès de remplir son devoir constitutionnel de compter les votes électoraux. Ce sont ces mêmes personnes qui considéreront comme faibles et naïves les paroles de Jésus-Christ lui-même sur le fait de tendre l’autre joue.

Ce genre d’urgence, nous dit-on, ne peut pas se préoccuper des normes constitutionnelles ou du caractère chrétien. Le raisonnement est que le Sermon sur la Montagne n’est pas un engagement au suicide et que la voie de Jésus ne fonctionne qu’avec des ennemis plus raisonnables que ceux qui nous occupent, comme, je suppose, l’empire romain qui a crucifié celui qui nous a donné cet enseignement.

Tel est le signe non pas d’une culture postchrétienne, mais d’un christianisme postchrétien, non pas d’une société qui se sécularise, mais d’une Église qui se paganise.

Ce serait une chose s’il ne s’agissait que de l’attaque de la foule contre le Capitole ce jour-là. C’en est une autre lorsque certains — y compris de ceux qui soulignent des passages dans leur bible et affichent des sujets de prière sur leur réfrigérateur — considèrent cette attaque comme une simple protestation et estiment que nous devrions « passer à autre chose ». Il ne s’agit pas uniquement d’une menace pour la démocratie américaine — bien que ce soit déjà assez grave — mais d’une menace pour le témoignage de l’Église.

On ne peut pas apporter la Bonne Nouvelle à des gens que l’on pourrait décider de battre ou de tuer si les choses tournaient mal. On ne peut pas faire le bien en faisant le mal. On ne peut pas « défendre la vérité » en employant le mensonge.

Peut-être le 6 janvier était-il une terrible anomalie dans notre histoire, une anomalie qui ne se répétera jamais. Je l’espère. Ou peut-être s’agissait-il, comme le dit le journal The Atlantic, d’un « coup d’essai » pour de nouvelles tentatives de coup d’État ou violences collectives à venir. Je n’en sais rien. Quoi qu’il en soit, je sais ceci : en tant qu’évangéliques américains, nous ne pouvons pas justifier ce qui s’est passé au Capitole il y a un an. Nous ne pouvons pas non plus l’ignorer. Si Jésus est celui qui sauve, alors nous devons aller dans sa direction : vers la mission et non vers le ressentiment, vers l’Évangile et non vers la haine.

Et cela signifie que nous devons choisir entre le chemin de la potence et le chemin de la Croix.

Russell Moore dirige le programme de théologie publique de Christianity Today.

Traduit par Léo Lehmann

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Bien vivre le désaccord sans perdre ses convictions

Toute question ne se ramène pas directement à la Bible. Mais comment discerner ?

Christianity Today January 7, 2022
Illustration by Jared Boggess / Source Images: Ekely / Sanjeri / Mikroman6 / Getty

Quelques jours après l’élection du démocrate Bill Clinton à la présidence des États-Unis en 1992, je (Rick) animais une réunion de responsables de petits groupes d’étude et de partage. L’un d’eux, dont les convictions politiques penchaient nettement en faveur du camp républicain, suggéra que nos petits groupes devraient observer un temps de contrition à la lumière des récentes élections. Quelques-uns opinèrent en faveur de la proposition. Était-ce une bonne idée ?

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Je pensais que non. J’évoquai qu’environ 80 % des évangéliques avaient voté Républicain, un fait que nul ne semblait ignorer. Ensuite, je demandai à chacun des responsables de prendre une feuille de papier et d’écrire les noms de deux ou trois personnes de leur petit groupe susceptibles de voter Démocrate.

Il y eut un silence de plomb. Personne ne prit son stylo.

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Enfin, un responsable prit la parole et déclara qu’il pensait que personne dans son groupe n’avait voté Démocrate. Je fis remarquer que si notre communauté reflétait les moyennes nationales pour les évangéliques, un petit groupe de 12 à 14 personnes compterait trois démocrates. Je leur demandai de s’arrêter et de se demander qui étaient ces personnes et ce qu’elles ressentiraient probablement si nous proposions un moment de contrition comme entrée en matière de notre réunion. Ce fut un moment embarrassant.

Les responsables comprirent qu’ouvrir la réunion par une séance de contrition pourrait être mal accueilli par certains. Ils se rendirent également compte que les temps de prière au cours des dernières semaines précédant l’élection avaient probablement été tout aussi aliénants. Nous avions simplement été aveugles à la diversité des convictions politiques au sein de nos groupes.

La définition courante du dictionnaire pour conviction ressemble à ceci : une croyance inébranlable ou fermement ancrée que l’on n’abandonnera pas de sitôt. Nous possédons cependant des croyances de ce type à propos de l’arithmétique sans les qualifier généralement de convictions. Les convictions ne concernent pas seulement des faits ordinaires, mais se rapportent plutôt à des croyances particulières. Nous pourrions dire que les convictions sont des croyances morales ou religieuses profondément ancrées qui orientent nos croyances, nos actions ou nos choix. Cette définition exclut les croyances en matière de goût (qui ne relève pas de la morale). Elle exclut aussi certaines croyances que nous avons mais que nous négligeons ou ignorons facilement (elles ne guident pas nos actions).

Remarquez que cette définition laisse place à deux types de convictions que nous pourrions appeler convictions absolues et convictions personnelles. Les convictions absolues sont dites absolues non pas tant à cause du zèle que nous y attachons, mais plutôt parce que nous pensons qu’elles devraient s’appliquer « absolument » pour tout le monde. Elles sont universelles. Elles concernent aussi bien nous-mêmes que notre prochain. Les principales doctrines chrétiennes sont des exemples de tels absolus.

Les convictions personnelles, en revanche, sont celles qui nous sont propres. Elles guident notre conduite personnelle sans pour autant être partagées par d’autres, et nous en sommes conscients. Il pourrait s’agir de la conviction de ne pas boire d’alcool à cause d’un membre de la famille tué par un conducteur ivre. Une telle conviction ferme peut se comprendre sans que tout le monde la partage. Les distinctions que nous faisons ici ne sont pas nouvelles, elles reflètent simplement cette célèbre maxime : « Dans les choses essentielles, unité ; dans les choses secondaires, liberté ; en toutes choses, charité ».

Comment alors former des convictions chrétiennes profondes sans diviser l’Église ? Examinons de plus près cette notion de conviction. Les convictions sont comme la lumière : elles se divisent en plusieurs couleurs au travers d’un prisme. Considérez la croyance que Dieu a créé les êtres humains à son image — une vérité théologique intemporelle fondée sur les Écritures (Genèse 1.26). Ce genre de conviction pourrait être appelée croyance confessionnelle — un absolu que tout chrétien devrait partager.

Quelques chapitres plus loin, dans Genèse 9.5-6, cette vérité débouche sur un impératif moral qui interdit de tuer quiconque parce que tout humain est créé à l’image de Dieu. Cet impératif moral peut être élargi à un ensemble de propositions positives qui confèrent efficacement de la valeur à la vie humaine. En prolongeant cette idée, nous découvrons qu’accorder de la valeur à la vie humaine signifie probablement plus que simplement être « pro-vie » dans le sens de s’opposer à l’avortement. Il s’agirait plutôt du développement d’une « éthique de vie cohérente », une expression inventée par le cardinal Joseph Bernardin. Une telle éthique s’éloigne de l’avortement mais aussi de l’euthanasie, de la guerre et de la violence. Elle aurait probablement des implications positives comme la garantie des droits fondamentaux nécessaires à qui porte l’image de Dieu. Ceux-ci incluraient la liberté de culte selon sa conscience et la satisfaction des besoins de base tels que la nourriture et le logement.

Les gens ont tendance à être d’accord sur les valeurs elles-mêmes, mais divergent sur la manière de hiérarchiser ces valeurs .

Ces affirmations de plus en plus précises n’émergent pas parce que nous trouvons de plus en plus d’enseignements explicites dans l’Écriture, mais parce que nous développons de plus en plus les implications de notre confession que les êtres humains portent l’image de Dieu. Ces implications pourraient se résumer à une déclaration fondamentale telle que : « Chaque être humain devrait être protégé contre toute atteinte à la vie et avoir accès aux biens de première nécessité pour mener une vie humaine prospère ».

Nous nous déplaçons à travers un spectre qui se précise au fur et à mesure de notre avancée. Nos croyances confessionnelles et nos impératifs moraux façonnent des valeurs fondamentales dans nos âmes — ils façonnent nos désirs et nos aspirations. Cependant, ces valeurs fondamentales ne sont pas encore assez précises. Ultimement, nous avons besoin de déterminer des lignes de conduite spécifiques. Nous devons par exemple décider si l’interdiction de tuer un être porteur de l’image de Dieu doit nous conduire à nous opposer à la fois à l’avortement et à la peine capitale ou seulement à l’avortement.

Notez qu’à mesure que nous nous déplaçons dans ce spectre, chaque étape rend nos convictions plus spécifiques, mais à mesure qu’elles deviennent plus spécifiques, elles sont également plus contestées. Au départ, les déclarations explicites des Écritures ou les vérités fondamentales de nos confessions de foi suscitent l’unanimité de tous les chrétiens. Les convictions sur ces questions sont absolues et universelles. Cependant, plus nos conclusions sont précises, plus la culture, la prudence, les circonstances historiques et la sagesse pratique les influencent. Par conséquent, nos positions se diversifient.

Il est possible de relier ce spectre à trois types de problèmes différents : les absolus, les sujets discutables faisant partie du spectre, et les affaires de goût qui n’en font pas partie. Le spectre commence par les absolus et aborde progressivement les sujets ouverts à la discussion. À l’extrême opposé des absolus, les questions de goût sont en dehors du spectre car elles ne constituent pas des convictions.

En détail : quatre types de convictions

Croyances confessionnelles. Les croyances confessionnelles délimitent les contours du christianisme et fondent la foi et la pratique de l’Église et des croyants. Elles sont souvent exprimées dans des déclarations telles que le Symbole des apôtres ou le Symbole de Nicée. Les croyances confessionnelles sont fréquemment récitées par l’assemblée lors du culte public. Elles sont généralement formulées de manière collective (« Nous croyons ») plutôt qu’individuelle (« Je crois »).

Ceci implique clairement que tous les membres de la communauté sont censés partager ces convictions. Si quelqu’un niait ces déclarations du credo, ce serait une bonne raison de douter de l’authenticité de sa foi. Ces crédos confessionnels conditionnent nos convictions. Nous pourrions même les appeler convictions chrétiennes par opposition aux convictions personnelles, précisément parce que nous croyons que ces convictions font partie intégrante de la foi chrétienne. Elles ne relèvent pas simplement de la conviction personnelle.

Comme leur nom l’indique, les croyances confessionnelles se rapportent à la croyance, non à l’action. Elles sont en grande partie composées d’assertions théologiques intemporelles sur la nature de Dieu, de l’humanité et du salut. Les Églises et les disciples de Christ doivent ensuite décider ce qu’honorer Jésus en tant que Seigneur exige d’eux dans les temps particuliers et les contextes culturels dans lesquels ils vivent.

Impératifs moraux. Identifier les impératifs moraux et spirituels constitue la première étape pour rendre « opérationnelles » les croyances confessionnelles, c’est-à-dire les traduire en actes. Comme les croyances confessionnelles, les impératifs moraux et spirituels sont universels ou presque parmi les chrétiens. Sur le plan comportemental, ce sont les pendants des doctrines théologiques contenues dans nos confessions de foi. Ils sont inspirés des commandements de l’Écriture, de même que les articles de foi de nos confessions dérivent directement des affirmations théologiques de l’Écriture. « Impératif » renvoie à ces hauts principes qui guident les actions, mais il faut noter que le terme touche à un large éventail de comportements. Certains de ces impératifs traitent de questions spirituelles sur l’adoration et sur la dévotion dues à Dieu. D’autres commandements traitent de questions éthiques sur la façon dont nous traitons nos semblables. Nous utiliserons l’expression « impératifs moraux » comme terme générique couvrant à la fois les questions éthiques et spirituelles.

Valeurs fondamentales. Les impératifs moraux et spirituels réclament presque immédiatement des précisions supplémentaires. Appelons cette prochaine étape de notre spectre de convictions : « valeurs fondamentales », en se référant aux choses qui importent — les choses qui comptent réellement.

Le terme valeurs est couramment utilisé par les psychologues ou les sociologues pour identifier les motivations à l’origine des actions. Les valeurs sont des fins recherchées qui guident les choix et aident à évaluer les actions politiques, les personnes et les événements. Récemment, le socio-psychologue Jonathan Haidt a formulé une « théorie des fondements moraux » qui identifie six valeurs humaines fondamentales : le soin, l’équité, la loyauté, l’autorité, la sainteté et la liberté.

Comment ces valeurs communes peuvent-elles déboucher sur de si différentes orientations pour l’action ? La raison en est que les gens ont tendance à être d’accord sur les valeurs elles-mêmes, mais divergent sur la manière de hiérarchiser ces valeurs . Les questions les plus controversées recoupent plus d’une valeur : une politique qui promeut la liberté, par exemple, peut affaiblir l’équité ou manquer de prendre soin d’un besoin humain fondamental.

Par exemple, lorsqu’on parle d’immigration, on pourra s’entendre sur le fait que les gens devraient se soumettre aux autorités et et sur le fait que les immigrants devraient être considérés avec amour et dignité, mais le désaccord pourra survenir sur le poids à donner à ces choses dans des cas particuliers. De plus, nous n’élaborons pas une hiérarchie de valeurs unique et universelle, mais sommes plutôt enclins à hiérarchiser les valeurs différemment selon la situation. En d’autres termes, nous pourrions peser différemment nos valeurs selon que nous sommes face à des réfugiés syriens ou face à des Centraméricains traversant la frontière sud des États-Unis. En bref, les valeurs sont le lieu où un point de départ commun mène à différents points d’arrivée.

Lignes de conduite. La dernière étape sur le spectre des convictions consiste à tracer les lignes directrices spécifiques pour la conduite à tenir. Ici, les impératifs moraux et les valeurs fondamentales trouvent leur expression dans des décisions politiques factuelles, des réponses aux dilemmes éthiques et des plans d’action dans un contexte culturel particulier. Les lignes de conduite tiennent compte des délais, des lieux et des personnes concernées. Elles répondent à la question : comment puis-je honorer Christ du mieux possible au moment, à l’endroit et dans les circonstances où il m’a placé ?

La sagesse et l’expérience acquises dans la vie jouent un rôle extrêmement important dans la formation de lignes directrices pour sa conduite. Timothy Keller explique que prendre soin des pauvres est un enseignement biblique clair et un impératif moral, mais savoir si la meilleure façon d’y parvenir passe par l’entreprise privée, par la redistribution gouvernementale ou par la combinaison des deux relève de la sagesse pratique. De même, l’amour du prochain et la protection de la vie à l’image de Dieu doivent nous conduire à alléger les souffrances humaines et à prendre soin des affligés. Mais il n’y a pas de solution « chrétienne » unique à cela. Néanmoins, il nous revient de décider que faire. Il n’est pas possible de poursuivre toutes les options à la fois.

Il n’est pas rare que nous ayons de fortes intuitions, presque viscérales, sur les questions morales et politiques. Elles ne sont pas nécessairement mauvaises — la conscience fonctionne souvent de manière intuitive sans que nous ne connaissions les ressorts cachés qui la dirigent. Toutefois, il est précieux d’affiner et d’approfondir nos intuitions par une réflexion raisonnée et éclairée par la sagesse d’autrui. Personne n’est la source autosuffisante de toute vérité.

Jennifer Herdt, éthicienne chrétienne à la Yale Divinity School, note qu’une profonde dépendance vis-à-vis de Dieu est essentielle pour développer « un regard lucide sur son propre caractère et ses capacités [qui] permet d’admettre tout autant sa faiblesse et sa force, son incompétence et sa compétence ».

Nous recherchons la vérité ensemble, en tant que membres d’une communauté. Une partie essentielle de ce processus consiste, comme le dit Jacques, à être « modéré et conciliant, plein de compassion et de bons fruits, sans parti pris et sans hypocrisie ». De telles vertus mènent à une « moisson de justice » (cf. Jacques 3.17-18). Lorsque nous pratiquons une écoute ouverte et sincère vis-à-vis des autres, nous sommes en bien meilleure voie pour poursuivre le projet de Paul d’avoir « une pleine conviction dans notre esprit » (cf. Romains 14.5).

Adapté de Winsome Conviction, de Tim Muehlhoff et Richard Langer. Copyright ©2020 Tim Muehlhoff et Richard Langer. Utilisé avec la permission de InterVarsity Press, P.O. Box 1400, Downers Grove, IL 60515-1426. www.ivpress.com

Traduit par Philippe Kaminski

Révisé par Léo Lehmann

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Une lumière pour les nations

Méditation pour le jour de l’Épiphanie

Christianity Today January 6, 2022

Lecture dans Matthieu 2.1-12

À qui s’adresse la bonne nouvelle ? Je reçois parfois des offres promotionnelles décrites comme « Spécial amis et famille ». Certaines choses sont trop bonnes pour être gardées pour soi, mais elles sont aussi trop révolutionnaires pour être ouvertes à tous. Cette méthode de vente met en évidence le fait que nous sommes conditionnés à penser que si quelque chose est exclusif — si nous avons à son égard, d’une manière ou d’une autre, le statut d’initié — cela a de la valeur. Et inversement, si une chose est universelle, sa valeur est perçue comme moindre.

C’est ce qui rend la naissance de Jésus si incroyablement révolutionnaire. Il s’agit de la meilleure nouvelle que le monde puisse recevoir : Dieu est venu sauver son peuple ! Mais ce salut ne concerne pas seulement le peuple avec lequel Dieu a conclu une alliance. Ce salut est pour tout le monde — tous les êtres humains, en tout lieu et en tout temps.

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Nous en avons un premier aperçu dans Matthieu 2 avec le contraste établi entre le roi Hérode et le véritable Messie, le roi Jésus. Hérode est tristement connu pour s’être hissé au pouvoir grâce à son opportunisme politique et sa brutalité. Lorsque le bruit courut qu’un nouveau roi des Juifs était né à Bethléem, il fit tout ce qui était en son pouvoir — y compris tuer des bébés innocents (v. 13-18) — pour protéger le pouvoir qu’il était parvenu à acquérir.

Mais si l’histoire d’Hérode est celle d’une ascension au pouvoir, celle de Jésus est celle d’un abandon du pouvoir. Dans la mangeoire se trouvait celui qui « ne considérait pas l’égalité avec Dieu comme une chose à exploiter », qui « s’est dépouillé » pour nous (Philippiens 2.6-7). Là où Hérode mentait et assassinait pour éloigner les gens, Jésus, dès son enfance et ses premières années, attirait déjà les gens à lui.

Et pas seulement certaines personnes, ou seulement le peuple avec qui Dieu avait fait alliance. Matthieu nous décrit des mages — astrologues, philosophes ou hommes de sagesse — venus de loin, apportant des cadeaux pour cet enfant. L’adoration que ces visiteurs non juifs ont offerte au Messie d’Israël en se prosternant devant lui montre bien toute l’étendue de la promesse de Dieu. L’enfant Christ serait « une lumière pour les non-juifs », afin que le « salut de Dieu parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Ésaïe 42.6 ; 49.6). Dans cette scène de la petite enfance de Jésus, c’est la portée mondiale de l’Évangile qui se dévoile : « Des nations marcheront à ta lumière, et des rois à la clarté de ton aurore. » (Ésaïe 60.3).

Malgré les efforts d’Hérode pour s’accrocher au pouvoir terrestre, il n’y a qu’un seul Roi au nom duquel tout genou fléchira (Philippiens 2.10). Un seul dont le règne est une bonne nouvelle non pas pour certains seulement, mais pour tous. Le Seigneur règne — que la terre se réjouisse ! Venez et adorez le Roi Jésus !

Réfléchissez à Matthieu 2.1-12.


(Option : lisez également Ésaïe 49.1-6 ; 60.1-6 ; Philippiens 2.6-7).


Pourquoi cette première scène où des non-juifs adorent Jésus est-elle si importante ? Qu’est-ce que cet épisode communique au sujet de la Bonne Nouvelle ? Comment souhaitez-vous répondre à Dieu à ce sujet ?

GLENN PACKIAM est pasteur senior associé à la New Life Church de Colorado Springs. Il a notamment écrit Worship and the World to Come et The Resilient Pastor (février 2022).

Traduit par Léo Lehmann

Dix prières pour cette nouvelle année

Pour beaucoup, l’année 2021 a été marquée par les épreuves et les difficultés. Commençons cette année à genoux.

Christianity Today January 3, 2022
Annie Otzen / Getty

1. Une prière pour un nouveau départ :

Seigneur, merci pour cette nouvelle année de vie et pour tout ce que tu nous as accordé l’année dernière. Nous déposons devant toi toutes les déceptions et le travail inachevé, et nous demandons ta miséricorde, ta paix et ta joie au moment où nous envisageons l’année à venir. Tandis que nous discernons le chemin que tu as pour nous dans cette nouvelle année, puissions-nous nous réjouir du don de ta présence.

2. Une prière pour nos habitudes : Seigneur, nous confessons que nous passons beaucoup de nos journées à consommer sans réfléchir les choses qui nous entourent. Nos habitudes manquent souvent d’intentionnalité et nous amènent à vivre des vies distraites et centrées sur nous-mêmes. Nous te prions d’attirer notre attention sur les façons malsaines dont nous utilisons notre temps, notre énergie, nos pensées, nos talents et notre argent. Montre-nous les vieilles habitudes dont nous devrions nous défaire et les nouvelles que nous devrions adopter. Fais de nous, par ton Esprit, des personnes plus miséricordieuses qui t’aiment et aiment leur prochain de manière plus intentionnelle.

3. Une prière pour la guérison dans les relations :

Seigneur, nous échouons de bien des façons dans nos relations. Nous n’avons pas réussi à porter les fardeaux les uns des autres, nous avons laissé faire des offenses et nous avons mutuellement jugé nos motivations. Aide-nous à confesser nos péchés les uns envers les autres. Aide-nous à pardonner et à rechercher le pardon. Que ton Esprit guérisse les blessures et apporte l’unité dans les relations brisées, afin que nous puissions nous aimer les uns les autres comme tu nous aimes.

4. Une prière pour ceux qui sont fatigués :

Seigneur, ces dernières années ont été marquées par la maladie, la mort, la perte d’emploi, l’isolement, l’anxiété, la peur et la division. Nous sommes fatigués. Dans cette lassitude, nous confessons notre tendance au cynisme et au scepticisme et nous demandons que tu nous renouvelles. Donne-nous des yeux pour voir la vie du royaume que le Christ a promise et remplis-nous d’une espérance qui nous permette de vivre chaque jour avec sobriété, générosité et joie.

5. Une prière pour ceux qui sont seuls :

Seigneur, tu es le père des orphelins et tu offres une famille à ceux qui sont seuls. Cette année, aide-nous à nous joindre à toi dans cette tâche. Donne-nous des yeux pour voir ceux qui, autour de nous, peuvent se sentir seuls. Aide-nous à prêter attention aux orphelins, aux parents isolés, aux personnes âgées, aux détenus, aux sans-abri et aux réfugiés qui se trouvent autour de nous. Développe notre capacité à être hospitaliers envers ceux qui soupirent après une famille et une appartenance.

6. Une prière pour ceux qui souffrent :

Seigneur, rappelle à notre souvenir ceux qui souffrent autour de nous, et aide-nous à être fidèles dans la prière et le service pour eux. Nous te demandons également de fortifier tes enfants, dispersés dans le monde entier, pour qu’ils soient les mains et les pieds de Jésus, en particulier dans les endroits où la guerre, la violence, la famine et la maladie dévastent les familles et les communautés.

7. Une prière pour nos voisins :

Seigneur, aide-nous à nous intéresser davantage à nos voisins cette année. Puissions-nous apprendre le nom de ceux qui vivent à côté de chez nous, des personnes qui nous fournissent du café ou de l’essence chaque semaine, ou encore des familles que nous croisons au parc. Rappelle-nous que nous sommes appelés à être une source de bénédiction, même dans les choses les plus simples et ordinaires. Que nous apprenions à demeurer dans ton amour et à l’étendre à nos voisins.

8. Une prière pour notre travail :

Seigneur, tu as placé des chrétiens dans chaque secteur d’activité, dans chaque ville. Aide-nous à bien gérer notre travail cette année, non seulement pour nos familles, mais aussi pour l’épanouissement des autres. Permets-nous d’être une présence restauratrice sur notre lieu de travail. Oriente notre organisation de manière à ce qu’elle reflète ta créativité, ta bonté et ta justice. Aide-nous à agir avec droiture et générosité envers ceux dont le travail est souvent peu valorisé par la société.

9. Une prière pour la communauté chrétienne :

Seigneur, aide-nous à ne pas être de simples consommateurs dans nos Églises locales, ou à penser à nos frères et sœurs dans la foi en seule fonction de nos intérêts. Montre-nous plutôt comment nourrir une véritable communion chrétienne dans notre vie cette année. Donne-nous la perspicacité et l’initiative nécessaires pour cultiver un plus grand amour pour ton peuple. Aide-nous à vivre les uns avec les autres d’une manière telle que les personnes que nous rencontrons finissent par être attirées à toi.

10. Une prière pour nos mains et nos pieds :

Seigneur, bénis nos mains pour qu’elles te servent plus fidèlement dans l’année à venir. Guide nos pieds pour qu’ils marchent dans tes pas, selon l’exemple que tu nous as donné pendant le temps où tu étais sur terre. Aide-nous à te suivre et à t’obéir. Donne-nous la force, par ton Esprit, de nous aimer les uns les autres de manière conséquente et créative.

Dennae est la co-directrice de The Crete Collective, Surge Network, et City to City en Amérique du Nord. Elle sert la Roosevelt Community Church dans le centre-ville de Phoenix, en Arizona. Dennae et son mari Vermon ont 5 enfants.

Traduit par Léo Lehmann

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Une grande joie pour tout le peuple

Méditation de l’Avent pour le 25 décembre, jour de Noël

Christianity Today December 25, 2021

Incarnation et Nativité


Introduction à la quatrième semaine de l’Avent
Cette semaine, nous entrons dans les événements de la Nativité et contemplons le miracle de la Parole éternelle s’incarnant dans le monde comme un petit enfant. Nous tirons des leçons de foi des personnes que Dieu a choisies pour jouer un rôle dans ces événements. Et nous célébrons la bonne nouvelle source de grande joie pour tous les peuples !

Lecture dans Luc 2.8–20

La joie domine ce passage. Dieu a envoyé son Fils sur terre, et la célébration céleste déborde sur le monde dans une louange et une gloire éclatante. Et à qui s’adresse cette joyeuse annonce ? Pas à l’humanité la plus glorieuse, mais à la plus normale, la plus banale, voire la plus poussiéreuse. Des moutons sur lesquels veillent les bergers à la mangeoire qui accueille Jésus, le texte respire des odeurs animales. Noël est une image saisissante de l’Évangile : Dieu n’a pas abandonné sa création, mais a parcouru un long chemin, à grands frais, pour la racheter personnellement.

Luc rapporte une certaine variété de réactions à cette annonce. Il est compréhensible que le premier sentiment des bergers ait été la peur : ils étaient confrontés à des créatures très différentes d’eux-mêmes. Mais leur crainte est vite remplacée par l’impatience. Après tout, cette première venue n’était pas comme sera la seconde. Alors que la seconde venue du Christ entraînera le jugement de tous, cette première venue est une offre de joie pour tous les hommes, qui se traduit par une paix véritable et durable pour ceux qui y répondent (v. 10, 14).

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La diligence des bergers à rechercher le signe annoncé est récompensée par la découverte de la famille de Jésus, comme l’avaient dit les anges. Mais les bergers ne gardent pas la nouvelle pour eux. Ils se montrent tout aussi diligents à rapporter ce qui leur a été dit qu’à rechercher l’enfant. C’est là le cœur de l’annonce de l’Évangile : l’entendre pour nous-mêmes, faire l’expérience que Dieu a tenu sa parole et partager avec d’autres la très bonne nouvelle d’un salut assuré.

Ceux qui ont entendu le témoignage des bergers étaient stupéfaits (v. 18). Cela ne signifie pas nécessairement qu’ils comprenaient toute la portée de ce que les anges avaient dit aux bergers au sujet de l’enfant : Sauveur, Messie, Seigneur. Peut-être que, n’entendant que de banals bergers (et non une armée angélique) et ne voyant qu’un nouveau-né comme un autre, la gloire était trop voilée pour certains. Mais Dieu nous appelle à vivre par la foi en lui, non par la vue.

Marie, pour sa part, a pris tout cela à cœur, le méditant dans sa tête. Et les bergers ont terminé leur voyage missionnaire spontané en louant et en glorifiant Dieu. Le Christ Seigneur, notre Sauveur, a pris pour nous la nature humaine et est venu pour être notre paix. Que notre réponse aujourd’hui, comme celle des bergers, résonne de joie, de louange et de gloire !

Lisez Luc 2.8-20.


Réfléchissez à tout ce que vous avez lu et médité pendant l’Avent. Comment désirez-vous répondre dans la louange à Dieu ? Comment pourriez-vous, comme les bergers, partager cette Bonne Nouvelle avec d’autres personnes ? Priez, et réjouissez-vous !

RACHEL GILSON fait partie de l'équipe de direction de Cru pour le développement théologique et la culture. Elle est l’autrice de Born Again This Way : Coming Out, Coming to Faith, and What Comes Next.

Traduit par Léo Lehmann

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