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Décès de C. René Padilla, père de la mission intégrale.

Il poussait les évangéliques à voir l’action sociale et l’évangélisation comme « les deux ailes d’un avion ».

Christianity Today May 6, 2021
Courtesy of Fraternidad Teológica Latinoamericana / edits by Rick Szuecs

Note de l’éditeur : CT propose également une série d’hommages de la part de responsables et d’amis de Padilla (en anglais).

Carlos René Padilla, théologien, pasteur, éditeur et longtemps membre du personnel de l’association internationale des étudiants évangéliques (International Fellowship of Evangelical Students, IFES), est décédé le mardi 27 avril à l'âge de 88 ans. Padilla était surtout connu comme le père de la mission intégrale, un cadre théologique adopté par plus de 500 missions chrétiennes et organisations humanitaires dont Compassion International et World Vision. La mission intégrale a amené les évangéliques du monde entier à élargir leur mission chrétienne, affirmant que l’action sociale et l’évangélisation étaient deux éléments essentiels et indivisibles, « deux ailes d’un avion » selon les mots de Padilla.

Le rayonnement de Padilla s’est manifesté avec force au Congrès de Lausanne de 1974 lorsqu’il y prononça, en session plénière, un discours marquant. Près de 2500 leaders évangéliques de plus de 150 pays et 135 dénominations s’étaient réunis à Lausanne, en Suisse, pour un congrès dont le financement a été principalement assuré par l’Association évangélistique Billy Graham (Billy Graham Evangelistic Association, BGEA). Un magazine influent qualifiait alors Lausanne de « formidable forum, peut-être le plus vaste rassemblement de chrétiens jamais organisé ». Lorsque Padilla est monté sur scène, il portait les espoirs et les rêves de nombreux évangéliques des nations de l’hémisphère Sud cherchant à être intégrés à part égale dans la prise de décision concernant les Églises et les organisations missionnaires du monde entier.

Padilla a spécifiquement appelé les évangéliques américains à se repentir d’avoir exporté un certain mode de vie américain sur les champs de mission du monde entier – style de vie insensible à la responsabilité sociale et à l’aide humanitaire en faveur des pauvres – plaidant ainsi pour une « mission intégrale ». Il tirait cette expression de son pain au blé entier fait maison (pan integral en espagnol), appelant à une approche de la mission chrétienne synthétisant aspects spirituels et structurels, traduite à l'origine par « comprehensive mission » en anglais.

« Jésus-Christ est venu non seulement pour sauver mon âme, mais aussi pour former une nouvelle société », déclara-t-il à Lausanne.

L’histoire de la vie de Padilla est surprenante par sa portée mondiale – partant d’une enfance pauvre en Colombie et en Équateur pour aboutir à un travail de formation des évangéliques à travers le monde. Il exerça son ministère avec les missionnaires américains Jim Eliot, Nate Saint et Pete Fleming, morts prématurément en Équateur en 1956. Il fut l’interprète de Billy Graham pendant ses campagnes d’évangélisation à travers l'Amérique latine dans les années 1960. En accompagnant John Stott dans ses tournées de conférences en 1970, Padilla se lia d’une amitié profonde avec lui. Il établit un pont entre une jeune génération d'évangéliques du Sud et les dirigeants des États-Unis et de Grande-Bretagne, dans les années tumultueuses entre 1960 et 1970. Il fut à la tête d’organisations évangéliques mondiales. Il fut également largement publié dans des revues théologiques et des publications étudiantes comme celles de l'InterVarsity Christian Fellowship (IVCF).

Une grande partie de l'héritage de Padilla reste en Amérique latine, parmi les pasteurs, les théologiens et les dirigeants laïcs. Alors qu'on lui offrait souvent des postes aux États-Unis, Padilla choisit de rester en Amérique latine, pasteur parmi les pauvres, dirigeant le Centre Kairos pour la mission intégrale (Kairos Center for Integral Mission) et publiant des centaines de primo-auteurs latino-américains par l'intermédiaire de sa maison d'édition Ediciones Kairos. Padilla cofonda également le comité théologique latino-américain (Fraternidad Teológica Latinoamericana, FTL) et l’association internationale des théologiens évangéliques de la mission (International Fellowship of Evangelical Mission Theologians), et fut président de l’association caritative Tearfund UK & Ireland et du réseau Michée (Micah Network), qui a pris l’appellation Défi Michée en France.

Enfant de croyants minoritaires

Carlos René Padilla est né à Quito, en Équateur, le 12 octobre 1932. Padilla grandit aux côtés de la communauté missionnaire américaine dans la région, menant des projets d'évangélisation et traduisant des programmes de radio américains pour le ministère de la radio HCJB alors qu'il était encore adolescent. Enfant, il savait qu'il était différent, marqué par une identité religieuse marginalisée et exclue par la culture latino-américaine ambiante. Le père de Padilla était tailleur de métier, pour payer les factures, mais était aussi implanteur d'Église évangélique dans l'âme. Ses deux parents étaient devenus chrétiens évangéliques avant sa naissance, sous l’influence de l’oncle de Padilla, Heriberto Padilla, qui, selon Padilla, fut l’un des premiers pasteurs évangéliques en Équateur.

L'implantation d'Églises était une entreprise dangereuse dans la Colombie résolument catholique, où sa famille déménagea en 1934. Leurs maisons furent incendiées et de multiples tentatives d'assassinat perpétrées contre lui et son père alors qu'ils implantaient des Églises et évangélisaient en plein air. Dès l’âge de sept ans, Padilla portait des cicatrices à cause des pierres qu’on lui jetait alors qu'il marchait dans les rues de Bogotá pour se rendre à l'école communale.

Avec le recul, Padilla estimait qu’il y avait là le lot du chrétien évangélique fidèle : « En Colombie, vous deviez vous identifier en tant que chrétien évangélique, et si vous le faisiez, vous deviez en assumer les conséquences ».

Comme migrant économique et membre d'une communauté religieuse minoritaire, Padilla fut façonné par un contexte de violence, d'oppression et d'exclusion. La relation entre la souffrance et la théologie était organique pour lui. De sa jeunesse, il se rappelait « le désir de comprendre le sens de la foi chrétienne en lien avec les questions de justice et de paix dans une société profondément marquée par l'oppression, l'exploitation et l'abus de pouvoir ». La question pour Padilla n'était pas de savoir si l'Évangile avait quelque chose à dire à ce contexte latino-américain difficile, mais comment il le faisait. Ces questions conduisirent Padilla à chercher des réponses par la formation théologique et sa mise en pratique parmi les étudiants.

Adolescent, Padilla était à bord de l’avion du pilote missionnaire américain Nate Saint, survolant les Andes équatoriennes. Saint, aidé de Jim Elliot et Pete Fleming, avait récemment organisé un camp biblique évangélique pour enfants dans une petite ville à l’extérieur de Quito. Padilla se rappelait du conseil donné par Saint alors qu’il regardait à travers le cockpit la jungle amazonienne en contrebas : « Tu vas étudier la théologie – fais attention de ne pas absorber la théologie sans la digérer ». Lorsque les trois missionnaires furent tués par des autochtones Waorani, en 1956, lors d’une tentative d’évangélisation qui tourna mal, Padilla était étudiant là où avait étudié Elliot, au Wheaton College. Leur mort soudaine eut sur lui, selon ses mots, un « impact énorme » quand il était à Wheaton.

Études théologiques et retour en Amérique latine

Après son arrivée sur le campus à l'automne 1953, Padilla demanda l'aide du président de l'école, Victor Raymond Edman, qui avait servi comme missionnaire à Quito aux côtés des parents de Padilla, avec l'Alliance chrétienne et missionnaire (Christian and Missionary Alliance). Edman soutint son nouvel étudiant – qui parlait à peine anglais et s’était endetté pour acheter son billet d'avion – en l'aidant à trouver un emploi et à se familiariser avec les ressources du campus. En 1959, Padilla avait obtenu la licence en philosophie et la maîtrise en théologie. Mais il ne put recevoir son diplôme en main propre, car il était déjà parti dans l’équipe de l’IFES au Venezuela, en Colombie, au Pérou et en Équateur. (L'IFES est l'organisme mondial issu de mouvements chrétiens étudiants nationaux tels que la US-InterVarsity Christian Fellowship aux États-Unis, la Universities and Colleges Christian Fellowship en Grande-Bretagne, ou encore les Groupes Bibliques Universitaires en France et en Suisse)

C’est également depuis l’Amérique latine que Padilla demanda en mariage son amie américaine de longue date, une collègue d’étude à Wheaton et employée à InterVarsity, Catharine Feser. Pour lui, sa demande en mariage était double : il s’agissait de l'épouser, lui, et d’épouser l’Amérique latine. L’engagement de son épouse dans le champ missionnaire de l’Amérique latine jouera un rôle important dans leur ministère commun. (En fin de compte, elle rejeta les États-Unis et jura de ne jamais y retourner.) Catharine éditait presque tout ce que René écrivait, y compris son discours de Lausanne de 1974. Elle constitua un précieux pont entre une simple connaissance de l'anglais comme langue étrangère et un anglais tout à fait fluide.

Padilla endossa un nouveau rôle six mois après le renversement du régime de Fulgencio Batista à Cuba par les forces communistes dévouées à Fidel Castro. L’insurrection éveilla les jeunes de la région à la réalité que l’impérialisme américain n’était pas inévitable et amplifia les tendances nationalistes, jetant une large suspicion sur les idées d’origine étrangère. La plupart des ouvrages de théologie évangélique d'Amérique latine n'avaient pas grand-chose à dire sur l'attrait des idéologies marxistes. Le retour depuis la banlieue américaine dans le contexte politique tumultueux de l’Amérique latine choqua le jeune équatorien et remit en question ses catégories théologiques, en particulier celles véhiculées par son cursus à Wheaton.

Frustrations et aspirations à autre chose

L’insatisfaction de Padilla à l’égard des approches existantes du ministère, jointe à l’aspiration des étudiants pour l’engagement social, le poussa à explorer des solutions innovantes en missiologie et en théologie. Ses contacts étendus avec les universités et les étudiants dans l’Amérique latine de la guerre froide lui offrirent une perspective unique. Mais l'expérience dans la pratique du ministère n'était pas son seul domaine de compétence. Les références acquises dans sa formation évangélique lui donnèrent une plus grande crédibilité pour prendre la parole dans les débats théologiques, tels notamment ceux de Lausanne.

De 1963 à 1965, Padilla termine son doctorat à l'Université de Manchester sous la direction de F. F. Bruce, titulaire de la chaire Rylands de critique biblique et d'exégèse, « le bibliste évangélique et conservateur le plus éminent de l'après-guerre », ainsi que l'historien Brian Stanley le décrira plus tard. Étudier avec Bruce rendit Padilla digne de confiance au sein du monde évangélique élargi, au point qu’il fut invité à prendre la parole à Lausanne et à s’associer à John Stott, ce qui s’avéra crucial par la suite pour l’introduction de questions sociales lors du Congrès de Lausanne.

Dans les années 60 et au début des années 70, Padilla commença à parler de la pauvreté théologique de l’Amérique latine, déplorant qu’aux questions locales on donne des réponses étrangères. Padilla unit les forces de ses collègues de l'IFES, Samuel Escobar et Pedro Arana, avec celles du missionnaire Orlando Costas, créant ainsi une coalition éclectique de théologiens bouillonnants. Ensemble, ils partageaient l’expérience de la vie dans des situations d’injustice et d’inégalité pendant la guerre froide, et une frustration suscitée par la manière dont nombre d'organisations évangéliques traitaient les Latino-Américains.

Une telle frustration survint notamment lors du « Premier Congrès latino-américain pour l'évangélisation » (First Latin American Congress for Evangelization), aussi connu sous son acronyme espagnol, CLADE, pour Congreso Latinoamericano de Evangelización, sponsorisé par l’Association évangélistique de Billy Graham (BGEA) en 1969. L'événement avait pour objectif d’aider les pasteurs et théologiens latino-américains à déceler les dangers des théologies d’inspiration marxiste et à imposer les catégories théologiques américaines dans toute la région. La BGEA avait observé à la fois l'avancée apparemment incontrôlable de mouvements théologiques radicaux animés par d'éminents théologiens de la libération de la première génération, et l’amorce du déclin de l’engagement dans la mission évangélique protestante traditionnelle. Mais pour la gauche évangélique latino-américaine embryonnaire, ce CLADE représentait une résurgence du paternalisme et de l’impérialisme évangéliques américains. Padilla qualifia la conférence de « made in USA » et déclara que le paternalisme était « typique de la manière dont le travail est parfois accompli dans le milieu conservateur ».

En réponse, Padilla, Costas, Escobar et d'autres fondèrent la Fraternité théologique latino-américaine (FTL). L'organisation poussa Padilla à publier et à produire des réponses à des questions missiologiques brûlantes, et elle élabora, dans ses premières années d’existence, certaines des théologies contextuelles les plus importantes à l’attention des évangéliques protestants d'Amérique latine, parmi lesquelles le livre de Padilla Mission Between the Times: Essays on the Kingdom (« La mission entre les temps : essais sur le royaume »).

Son intervention au congrès de Lausanne

Avant même Lausanne, Padilla gagnait déjà en importance et aiguisait son sens critique. Dans un article de 1973 paru dans Christianity Today – le premier article du magazine traitant directement de la théologie de la libération – Padilla interpellait les évangéliques conservateurs afin qu’ils s’attaquent à leurs propres préjugés idéologiques avant de critiquer la théologie de la libération. Il rejetait également la théologie de la libération, tout en concluant : « Où est la théologie évangélique qui proposera une solution avec autant d’éloquence mais aussi avec un fondement plus ferme dans la Parole de Dieu ? »

En juillet 1974, Catharine Feser Padilla rassembla ses enfants autour d'un atlas mondial, dans leur maison du quartier Florida Este à Buenos Aires. Sa fille, Ruth Padilla DeBorst, racontera plus tard : « Le ton de la voix de ma mère dénotait une urgence inhabituelle : “Aujourd'hui, quand il fera son discours ici, à Lausanne, en Suisse – pointant du doigt la ville sur la carte – Papi dira certaines choses que tout le monde ne voudra pas entendre. Prions pour lui et pour les gens qui l’écoutent” ».

Au Congrès de Lausanne de 1974, pour la première fois, des dirigeants de l’hémisphère Sud gagnèrent leur place à la table de la gouvernance évangélique mondiale, apportant avec eux un nouveau type de christianisme social. Les Latino-Américains parlèrent d'une voix particulièrement forte, ayant affiné leur critique en tant que communauté religieuse minoritaire. Le rédacteur en chef du magazine Crusade écrivit que les remarques de Padilla « enflammèrent véritablement le congrès » et reçurent « la plus longue salve d’applaudissements jamais adressée à un orateur jusqu’à ce jour ». Même le magazine Time souligna le discours de Padilla dans sa couverture de l’événement, parlant de « l'un des discours les plus provocateurs du congrès ».

Profitant de l'élan produit par ses exposés et ceux d'Escobar en plénière, Padilla, avec John Howard Yoder, rassembla un groupe ad hoc de 500 participants, qu’ils désignèrent comme le rassemblement du « discipulat radical » (radical discipleship), cherchant à approfondir davantage les éléments sociaux dans le projet de la Déclaration de Lausanne. Après le congrès, Padilla estima que leur document sur le discipulat radical était « la déclaration sur la mission holistique la plus forte jamais formulée par une conférence évangélique jusqu'à cette date ». Il déclara également la mort de la dichotomie entre l’action sociale et l’évangélisation dans la mission chrétienne.

La présentation de Padilla fit cependant des vagues. John Stott, par exemple, avait précédemment rejeté ce point de vue, mais changea publiquement d’avis dans son livre de 1975, Mission chrétienne dans le monde moderne. Cela créa cependant un malaise chez de nombreux autres responsables évangéliques, non seulement en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne, mais aussi dans l’hémisphère Sud. Le secrétaire général d'InterVarsity, Oliver Barclay, contesta le cœur de la présentation de Padilla à Lausanne et, plus tard dans l'année, le prévint de la réaction des « médias » à son article tenta de dissuader le jeune leader.

A Lausanne, Padilla établissait le lien entre la mission de l'Église et le contenu du message évangélique lui-même, contenu qui comprenait des réalités sociales. En cela, il contestait la théologie dominante de l'évangélisation protestante majoritaire selon laquelle l'action sociale découlait du message de l'Évangile, mais ne lui était pas inhérente. Pour certains toutefois, faire ainsi de l'éthique sociale une partie du message évangélique avait des relents troublants d’Évangile social et de libéralisme théologique.

Mais pour Padilla, embrasser le message évangélique dans toute son ampleur était vital pour la mission chrétienne. « Le manque de reconnaissance des dimensions plus larges de l'Évangile conduit inévitablement à une incompréhension de la mission de l'Église », affirma-t-il. « Il en résulte une évangélisation qui considère l'individu comme une unité autonome, une sorte de Robinson Crusoé à qui Dieu adresse son appel sur une île. »

Une influence qui perdure

Au cours des décennies suivantes, Padilla a contribué à influer la trajectoire du Mouvement de Lausanne, organisant des colloques et des conférences à travers le monde. Il a continué à parfaire son message, notamment en critiquant le rôle des États-Unis comme puissance mondiale. Son héritage missiologique est peut-être le plus clairement visible dans les documents du congrès de Lausanne à Cap Town en Afrique du Sud, en 2010. Pour la première fois, la mission intégrale a été incluse dans les documents officiels du Mouvement de Lausanne.

Aujourd'hui, il est monnaie courante pour de nombreux évangéliques de parler d'un message évangélique plus large : pour l'individu, pour le prochain, pour la création. Au-delà des rassemblements mondiaux, Padilla a passé une grande partie de son temps à mettre sur pied une formation théologique à la mission intégrale avec le concours de pasteurs et de responsables laïcs de toute l'Amérique latine, au Centre d’études théologiques interdisciplinaires (Centro de Estudios Teológicos Interdisciplinarios, CETI), fondé avec Catharine en 1982.

Le décès de Padilla a été précédé par celui de sa collègue de toujours et première épouse, Catharine Feser Padilla, en 2009. Il laisse dans le deuil sa deuxième épouse, Beatriz Vásquez, et les cinq enfants qu’il a eus avec Catharine : Daniel, Margarita, Elisa, Sara et Ruth, ainsi que avec de nombreux petits-enfants.

En français, on pourra lire la traduction d’une intervention de René Padilla dans l’ouvrage Le cri des chrétiens du Sud. Pour une Bonne Nouvelle incarnée dans des actes. Une de ses interventions sur l’avenir du Mouvement de Lausanne a également été traduite et mise en ligne par la revue Perspectives Missionnaires.

Traduit par Philippe Kaminski

Adapté par Léo Lehmann

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