Une invitation renouvelée à rechercher le Royaume

En ces temps de division, nous voulons nous concentrer sur l’appel de Jésus à poursuivre sa volonté.

Christianity Today August 14, 2024
Elizabeth Kaye/Images sources : Unsplash

Voyez ceci comme une réintroduction.

Dans notre numéro de mars, j’expliquais que 2024 serait une année de transformation pour Christianity Today. Notre édition imprimée de cet été est le premier résultat tangible de cette promesse.

Du logo aux couleurs, en passant par les polices de caractères, la mise en page et la structure, tout a été repensé et remodelé. Nous espérons que vous apprécierez vous aussi le résultat ! Nous voulons que chaque numéro soit un joyau, une œuvre d’art, un festin de récits et d’idées qui traduisent la richesse de la vie et de la pensée en Christ et dans son Église.

Au cours de l’année, je détaillerai davantage pourquoi nous avons choisi cette voie. Ici, je voudrais simplement expliquer la devise que vous verrez souvent à côté de notre logo.

Avant de rejoindre Christianity Today, j’ai dirigé une agence de création qui a aidé des centaines d’organisations à affiner leur image de marque et leur message. Pourtant, je n’ai jamais considéré Christianity Today comme une marque. J’y vois plutôt un effort pour éclairer ce que signifie suivre Jésus fidèlement à notre époque.

Nous avons cependant voulu centrer cet effort sur ce que je perçois non pas comme un slogan, mais comme une invitation fondamentale : rechercher le Royaume.

Je reviendrai sur notre appel à prendre part au royaume de Dieu dans les prochains numéros. Pour l’instant, je voudrais m’arrêter sur une chose.

Le royaume de Dieu a quelque chose d’insaisissable. Jésus le compare à une graine, une perle, un trésor, une vigne et un banquet. Il parle des « mystères du royaume des cieux » (Mt 13.11) et nous appelle à ne pas courir après les choses du monde, mais à « rechercher d’abord le royaume et la justice de Dieu » (6.33).

« Cherchez d’abord » est la première chanson que je me rappelle avoir chantée. C’était avant mon baptême, avant de connaître Jésus, avant de savoir à quel point le monde et l’Église pouvaient être pleins de beautés et de douleurs. Mais il y avait là, en toute simplicité, l’invitation qui me convoquait à Christ et au service du règne de son amour dans le monde.

Peut-être ne reconnaissons-nous pas toujours le Royaume quand nous le voyons. Mais nous devrions savoir ce qu’il n’est pas. Le monde d’aujourd’hui est meurtri par les guerres et la haine, l’oppression et les abus, et le mépris de la vérité et de la vertu. La couverture de notre dernier magazine, que vous avez peut-être aussi pu découvrir sur les réseaux sociaux, montre une église divisée pour le pouvoir et le profit, comme le vêtement de Jésus au pied de la croix. Ce n’est pas ce que nous recherchons. Ce n’est pas le royaume de Dieu.

Mais nous vous invitons à le rechercher avec nous. Dans l’Écriture. Dans l’œuvre de Dieu à travers le monde. Dans la vie des personnes et des familles, proches ou lointaines, qui amènent Jésus là où règne l’obscurité. Recherchez l’espoir, recherchez Jésus, recherchez le Royaume, et peut-être ensemble le trouverons-nous.

Timothy Dalrymple est président et directeur général de Christianity Today.

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Ce n’est pas la « mission retour » si les migrants restent dans leurs propres églises

En Grande-Bretagne, un chercheur estime que les migrants chrétiens africains doivent pouvoir aider à revitaliser les églises autochtones.

Christianity Today August 14, 2024
Illustration par Elizabeth Kaye/Source Images : Getty

Il y a de cela plusieurs années, Johnson Ambrose Afrane-Twum, Africain d’origine, était pressenti pour devenir pasteur principal d’une église à majorité blanche au Royaume-Uni. Il fut alors approché par un ami blanc :

Christian Mission in a Diverse British Urban Context: Crossing the Racial Barrier to Reach Communities (Studies in Missiology)

« Johnson, tout le monde ici sait que tu as la capacité de diriger cette église. Il n’y a qu’un seul problème : certains disent qu’ils ne veulent pas de toi comme pasteur parce que tu parles avec un accent ghanéen. »

Le pasteur en est resté étonné : « Qu’est-ce qu’un accent vient faire là-dedans ? Est-ce la façon dont Dieu veut que nous édifiions l’église ? »

Avant d’immigrer au Royaume-Uni, en 2005, pour y poursuivre ses études en théologie et leadership, Afrane-Twum avait déjà implanté des églises dans trois pays d’Afrique de l’Ouest dans le cadre du mouvement Calvary Chapel.

Arrivé en Grande-Bretagne, il a rapidement constaté que de nombreuses églises locales étaient moribondes, mais que des communautés dynamiques se créaient du côté des immigrants. Cette prise de conscience et sa longue expérience stimulante dans le travail interculturel l’ont alors poussé à rechercher comment inciter les responsables chrétiens africains à travailler avec les Britanniques pour revitaliser la foi dans tout le pays.

Ces recherches ont fait l’objet d’un ouvrage intitulé Christian Mission in a Diverse British Urban Context. Afrane-Twum y explore l’identité africaine dans les églises britanniques, les barrières culturelles auxquelles les Africains sont confrontés dans le pays et le besoin de moyens plus créatifs pour atteindre les diverses communautés.

Il nous parle de la communauté des migrants africains et de son potentiel de renouveau pour le corps du Christ en Grande-Bretagne.

Comment évaluez-vous les relations actuelles entre les églises britanniques établies et les communautés d’immigrés africains ?

On prétend parfois que les églises noires du Royaume-Uni participent à la « mission retour », ou « mission inversée ». Le Royaume-Uni a apporté l’Évangile en Afrique, et maintenant c’est l’Afrique qui le leur ramène. Mais ce n’est pas ainsi que je vois les choses. Si vous êtes un Africain au Royaume-Uni aujourd’hui et que vous ne vous occupez que de vos semblables et non de la communauté au sens large, alors il n’y a pas de mission retour. C’est une problématique à aborder. Comment nous associer aux églises blanches afin d’être efficaces dans notre travail missionnaire auprès de l’ensemble du Royaume-Uni et pas seulement auprès de nos compatriotes africains noirs ?

De nombreuses églises à majorité blanche permettent aux églises de migrants d’utiliser leurs bâtiments. Mais pour que le partenariat soit efficace, il faut aller plus loin. L’Église des migrants africains et l’Église britannique sont toutes deux d’accord de gagner des âmes au Christ, mais plusieurs changements culturels liés à l’immigration ces dernières décennies rendent les choses plus difficiles. La première chose que nous devons faire est de nous engager à construire une relation spirituelle d’amour et de confiance mutuels. Nous devons aider les églises blanches à comprendre que nous sommes ici pour une mission. Pour l’instant, elles pensent que nous ne sommes là que pour notre propre peuple.

Dieu a providentiellement permis aux églises noires de venir ici pour soutenir les églises britanniques. Bâtir une relation spirituelle d’amour et de confiance mutuels nous aidera à poursuivre ensemble les objectifs du royaume. Si les églises blanches en viennent à croire qu’elles ont besoin d’un réveil et que nous avons été appelés à les aider, la question suivante est de savoir comment nous pouvons les assister au mieux. Comment nous voient-elles et comment les voyons-nous ? S’il existe des préjugés culturels, nous devons y remédier. Atteindre les objectifs du royaume de Dieu devrait être notre but ultime, malgré nos différences.

Vous avez choisi d’étudier quatre églises distinctes dans le cadre de votre recherche sur le ministère interculturel au Royaume-Uni. Quels sont les résultats de vos recherches ?

Deux communautés — All Nations Church à Wolverhampton et Harborne Baptist — sont des églises à majorité blanche qui se sont efforcées d’accueillir des personnes issues de milieux multiethniques. Mon étude de l’église All Nations révèle qu’au Royaume-Uni, les migrants de deuxième génération peuvent non seulement s’adapter au mode de vie et à la culture de la communauté blanche au sens large, mais aussi, s’ils sont soutenus correctement par les responsables locaux, devenir eux-mêmes des responsables d’églises multiethniques.

À Harborne Baptist, j’ai vu à quel point il est important que les pasteurs forment les jeunes de leur église à devenir des responsables interculturels et qu’ils leur donnent la liberté de travailler avec des chrétiens d’autres milieux.

Les deux autres communautés étaient l’église éthiopienne de Londres, qui est mono-ethnique, et l’église de Pentecôte, une communauté très prospère liée à une dénomination du Ghana. La première préfère s’organiser autour de ses propres allégeances et valeurs culturelles. Ses membres estiment qu’ils peuvent mieux se connecter à Dieu avec des personnes qui partagent leurs origines, leur langue, leur histoire, leur culture, leur style de culte et leurs besoins sociaux.

L’église de Pentecôte, en revanche, est une église de migrants qui a tenté de travailler avec une église à majorité blanche. Pour elle, la capacité des migrants de la deuxième génération à participer à des rassemblements multiethniques augmentera à mesure qu’ils se sentiront plus à l’aise dans les espaces sociaux de leur culture d’accueil. Elle élabore donc une stratégie pour atteindre la communauté au sens large. Cet objectif devrait être atteint par la prochaine génération.

En général, les églises de migrants ont permis à leurs membres de retrouver le sentiment d’appartenance et de respect de soi qui leur manquait à leur arrivée dans le pays. Mais nous devons redoubler d’efforts pour collaborer avec les églises à majorité blanche afin de créer une société qui reflète les valeurs du royaume de Dieu.

Quelle est votre expérience du racisme dans l’Église britannique ?

Au Royaume-Uni, certains Blancs estiment que les églises devraient continuer à fonctionner comme elles l’ont toujours fait et qu’il n’est pas nécessaire de franchir les barrières culturelles pour atteindre d’autres groupes. Lors de mon master, un de mes professeurs qui parlait de modèles d’implantation d’églises estimait que les églises noires devaient être destinées aux Noirs et les églises blanches aux Blancs. Ce sont des réflexions de ce genre qui expliquent pourquoi je fais ce travail.

Quant aux personnes de mon église qui m’en voulaient à cause de mon accent, je ne pense pas qu’elles étaient racistes. Je pense qu’elles étaient juste ignorantes.

Comment la communauté des migrants africains a-t-elle réussi à se constituer une identité au Royaume-Uni ?

Ce qui nous a unis, c’est que nous avons été marginalisés par la société britannique. Nous réunir en tant que communauté ecclésiale africaine, nous a donné un sentiment de respect de soi, d’identité et d’appartenance.

Par ailleurs, les nouveaux arrivants ont besoin de l’aide de leurs compatriotes africains. Si vous vous rendez dans une église à majorité blanche et que vous dites « Je n’ai pas de papiers », il n’est pas impossible que la police vienne frapper à votre porte le lendemain.

Les Africains vont à l’église, quels que soient leurs problèmes. Nous prions pour eux, nous les édifions, nous les encourageons et nous les aidons à s’intégrer. C’est ce que doit faire l’église qui est une institution à la fois spirituelle et sociale.

Mais la question clé est la suivante : allons-nous rester cimentés dans notre propre colle ? Allons-nous nous contenter du réconfort que nous donnent nos frères chrétiens africains ou allons-nous partager ce que nous avons à offrir avec les autres ? C’est ce que nous visons. Et c’est ce que la communauté au sens large attend de nous.

Voyez-vous cette collaboration se concrétiser ?

Les églises africaines partagent les doctrines universellement acceptées de la foi chrétienne. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas travailler avec nos frères et sœurs britanniques si nous tous pratiquons l’équité et le respect. Il y a des différences et des points communs dans tous les groupes. Cela ne devrait pas être source de division. Par l’interaction et le dialogue, nous pouvons promouvoir la compréhension des différentes cultures et favoriser une plus grande participation et inclusion de chacun.

Comme le montre le cas de All Nations, les migrants de la deuxième génération sont bien placés pour favoriser des partenariats efficaces entre les églises noires et les églises blanches, car ils connaissent les deux cultures. Le défi pour eux est, cependant, de savoir comment maintenir une certaine culture, identité et foi chrétienne héritées de leurs familles, tout en s’adaptant à la culture du pays d’accueil qui exerce sur eux une grande influence.

Beaucoup d’enfants de migrants ont perdu leur foi en Dieu à cause de la société. Ces jeunes reconnaissent leur héritage ethnique, mais trouvent plus important d’adapter leur vie et leurs valeurs à la culture ambiante. Leur contexte social est donc de plus en plus séculier. Cette situation est préoccupante, car la survie des églises d’immigrants africains dépend de notre capacité à former la prochaine génération. Le succès de toute initiative interculturelle significative dépendra de la manière dont la prochaine génération d’immigrants sera préparée.

La théologie de la libération des Noirs est mentionnée dans le livre comme un moyen de comprendre les contextes africains. Comment cette théologie a-t-elle façonné les églises africaines au Royaume-Uni ?

Les Noirs originaires d’Afrique ne sont pas tous les mêmes. Les Noirs d’Afrique du Sud, par exemple, ont développé leur théologie de la libération. C’est une version sud-africaine de la théologie des Afro-Américains aux États-Unis dans les années 60-70 qui a donné une dimension théologique à leur lutte contre l’apartheid.

Mais d’autres pays d’Afrique subsaharienne, bien qu’ils aient également été confrontés au colonialisme, n’ont pas connu de luttes semblables. La théologie de la libération développée dans ces pays est donc très différente.

Nous, Africains, attribuons une dimension spirituelle à tout ce que nous faisons. Tous nos actes doivent être fondés sur les Écritures. Nous croyons que les démons sont réels et que nous avons besoin de la puissance de Dieu pour vaincre les forces démoniaques et la sorcellerie. Pour la plupart des Africains, la libération passe par la prière, le jeûne et une vie sainte qui aident à vaincre les forces du mal.

Dans cette version de la théologie de la libération, le Saint-Esprit et son pouvoir sont essentiels pour nous venir en aide quand nous sommes confrontés au monde des démons.

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Je laisse ma carrière pour la maternité. Ni l’une ni l’autre ne me satisfera pleinement.

Et ce n’est pas qu’un dilemme féminin. C’est un problème humain.

Christianity Today August 14, 2024
Illustration de Mallory Rentsch Tlapek/Source Images : Getty

Il y a 20 ans d’ici, la simple vue d’un avion dans le ciel me donnait des bouffées de nostalgie. Je venais d’abandonner l’université et, rongée par des années d’anorexie, je n’étais plus qu’un fragile squelette de 23 kilos.

Chaque fois que j’entendais un avion, je regardais le ciel et j’imaginais les gens là-haut. Ils vivaient leur vie, se rendaient probablement à d’importantes réunions d’affaires et conférences à Hong Kong ou à Los Angeles. Ils faisaient ces choses importantes que font les gens qui ne sont pas en train de succomber à l’un ou l’autre trouble alimentaire. Avec une profonde douleur dans la poitrine, je me rappelais mon rêve d’être un jour reporter et de voyager à travers le monde.

Vingt ans plus tard, c’est précisément mon job. C’est moi, à présent, cette personne dans l’avion, qui jusqu’il y a peu, se rendait à des réunions et à des conférences dans le monde entier. Traverser les jungles birmanes à cheval pour filmer une organisation d’aide humanitaire alternative, survoler de lointains royaumes de glace dans un biplace pour aller interviewer les autochtones de l’Alaska ou, au Kenya, croiser des girafes et des gazelles en allant visiter les missions œuvrant auprès de migrants chinois… rien ne pouvait m’arrêter.

Je vivais enfin ce rêve qui me semblait inatteignable 20 ans auparavant, alors que j’avais perdu tout but et tout sens à la vie. Aujourd’hui, pourtant, c’est ce rêve que je vais abandonner. Enceinte de mon deuxième enfant, je vais devenir mère au foyer. Je ne sais pas pour combien de temps. Et je dois dire que ça me fait peur.

Je sais à quel point je suis privilégiée d’avoir la possibilité de ne pas aller travailler à l’extérieur. Je sais aussi que c’est une bénédiction d’avoir des enfants, alors que tant de femmes ont du mal à tomber enceintes. C’est donc avec une certaine honte que je l’avoue : je suis terrifiée à l’idée de passer au statut de mère au foyer.

J’ai nourri ce rêve d’être grand reporter pendant si longtemps, et j’ai travaillé si dur pour y parvenir, qu’y renoncer me donne l’impression que le temps s’est brusquement arrêté. Je me sens comme au milieu d’un saut périlleux, coincée dans les airs dans une spirale, tournant et tombant, sans jamais atterrir.

J’ai fait part de mes luttes à mon groupe de maison. La responsable, maman de 3 enfants adultes, ayant renoncé à une carrière d’infirmière pour rester à la maison, m’a dit d’emblée : « Je sais quel est le problème… Tu es une femme moderne typique ».

Elle a raison. Je suis en effet une femme moderne typique qui s’insurge contre les rôles stéréotypés des hommes et des femmes. Je soutiens ouvertement les femmes qui font tout pour réaliser leurs rêves, qu’il s’agisse d’être ingénieure, pilote ou femme au foyer. Mais à vrai dire, jusqu’à récemment, je ne comprenais pas les femmes qui vivaient la maternité comme une vocation.

Être maman n’a jamais fait partie de mes rêves. Et pour moi, c’est un mythe que les femmes pourraient tout faire en même temps. Ce calcul ne colle pas. On ne peut pas se consacrer à 100 % à sa carrière et à 100 % à la maternité. Comme je ne pensais pas avoir une once d’instinct maternel, j’ai opté pour la carrière. Même le bébé le plus rose et potelé ne me faisait pas envie. Pourquoi aurais-je voulu en avoir un à la maison ?

Les débats sur la féminité et la maternité tournent souvent en querelles culturelles fatigantes se rapportant davantage à des caricatures qu’à ce que sont réellement les femmes. Certains déclarent qu’une femme est libre de faire ce qu’elle veut, de suivre son propre cœur (même s’il est aussi volatile, imprévisible et incohérent que l’enfant que j’ai à la maison). D’autres affirment que les femmes comme moi croient à des « mensonges diaboliques » sur la féminité, car, en définitive, la vocation la plus élevée d’une femme serait d’être épouse et mère de famille. Pour ces personnes, les mouvements féministes ont trompé les femmes en leur faisant croire qu’une carrière pouvait les combler et que la vie au foyer serait fade et étouffante.

Il est vrai que la société n’accorde pas beaucoup d’attention aux femmes au foyer, ce qui peut amener celles-ci à se sentir mises de côté. C’est ce qui explique aussi la montée en puissance des « tradwives » qui revendiquent fièrement, sur les réseaux sociaux, leur vécu très traditionnel de la féminité : rester à la maison pour cuisiner, faire le ménage et s’occuper de leur famille, le tout enrobé dans une attirante esthétique vintage.

Mais aucune des deux options ne me parle. Et elles ne font pas partie des sujets de conversation entre les femmes de mon entourage qui essaient de s’épanouir dans leur maternité ou leur carrière.

Et donc, oui, je suppose que je suis cette « femme moderne typique ». Mais je suis plus que ça. Enfant, j’ai passé de merveilleuses heures à remplir des cahiers d’idées et d’histoires. Il n’y avait là rien de féministe : juste des aspirations qui me venaient du Dieu créateur, celui qui a béni les hommes et les femmes pour qu’ils soient créatifs et cultivent la terre. Je ne suis jamais allée au travail en me réjouissant à l’idée de renverser le patriarcat ou de gagner de l’argent ou un statut social. Je travaillais parce que j’aimais ça.

Puis tout a changé il y a deux ans. Notre fils a grandi dans mon ventre. Puis, il a commencé à me donner des coups de pied. Et avant même que je ne me sente prête à être mère, il est entré dans le monde avec un cri d’indignation.

Grâce aux allocations familiales octroyées en Californie, j’ai pu prendre quatre mois de congé de maternité. Je me souviens de ces 122 jours de maman à plein temps comme d’une période floue, que j’ai vécue en somnambule, imprégnée d’odeurs de lait maternel sucré et de renvois lactés. Je ne savais plus quand le soleil se levait et quand il se couchait.

Mais je n’avais jamais connu une telle tendresse. L’amour qui a fleuri en moi n’était pas celui d’une rose, toute fraîche quand elle s’ouvre, mais fanée à la fin de la saison. Cet amour n’a fait que croître, comme un lierre enchanté qui dansait, toujours vert et luxuriant. De jour en jour, j’ai observé ce sentiment naissant avec émerveillement et curiosité : mon corps a-t-il vraiment créé ce petit être extraordinaire ? Comment un petit humain aussi ridé peut-il apparaître si doux et délicieux à mes yeux ?

Je ne pouvais plus imaginer la vie sans notre fils. Je ne pouvais pas imaginer comment j’aurais pu désirer une vie sans lui. Et pourtant, mon esprit s’ennuyait à mourir. J’étais impatiente de retourner au travail. D’ailleurs, le premier jour de mon retour de congé de maternité, j’ai enlevé la poussière de mon bureau, je m’y suis assise avec une tasse de café fumant — pas tiède — et me suis sentie comme en un début de vacances. Je me sentais libérée. Mon intellect, engourdi à force d’avoir été négligé, pouvait désormais s’intéresser à d’autres choses que l’emploi du temps de mon bambin.

Mais je suis aussi revenue différente. Je me sentais plus vieille, plus irritable, plus lente. Ma créativité était grippée. Je n’arrivais plus à me concentrer. Tous mes sens étaient accaparés par un petit bout avide de nourriture, de toucher, d’attention.

Voyager pour un reportage est devenu un casse-tête logistique. Il fallait remplir un congélateur de lait maternel, préparer deux semaines de repas sains, payer une nounou pour des heures supplémentaires et parfois faire venir les grands-parents de l’autre bout du pays pour qu’ils puissent nous aider.

Trouver le moyen de maintenir ma production de lait était stressant. Un jour, je me suis retrouvée coincée entre deux hommes sur la banquette arrière d'un camion blindé pour un trajet de dix heures à travers les champs d'une Ukraine déchirée par la guerre. Nous nous sommes arrêtés pour manger rapidement, et j'ai couru aux toilettes, essayant frénétiquement de pomper manuellement autant de lait que possible dans l'évier.

La reprise du travail et des voyages a aussi affecté mon mariage. Voir le visage épuisé et hagard de mon mari lors de nos appels vidéo me faisait me sentir coupable et m’irritait. Lorsque je rentrais à la maison, épuisée par les trajets, mon mari m’accueillait avec le soulagement d’un noyé qui aperçoit un radeau. Il s’éloignait en pagayant comme un fou, me laissant dans l’eau comme pour compenser mon absence parentale.

J’aime farouchement et profondément mon bambin. Mais je ne trouve pas la maternité pleinement épanouissante. Mon travail ne l’est pas non plus. Peut-être ne l’a-t-il jamais été ? Même avant de devenir mère, je me souviens qu’à chaque anniversaire, je ressentais l’anxiété de l’année en plus. Chaque fois, j’éprouvais la même faim qu’à l’époque où j’étais anorexique, ce vide et cette insatisfaction de ne pas être aussi accomplie ou influente que je ne le souhaitais.

L’épanouissement, la satisfaction, est un problème du 21e siècle : Mon mariage est-il satisfaisant ? Ma carrière est-elle épanouissante ? Est-ce que mes amitiés me comblent ? Lorsque je n’étais plus que l’ombre de moi-même, ce que je fais maintenant apparaissait comme une conquête des étoiles, de la galaxie, de l’univers.

Aujourd’hui, j’ai les étoiles et la galaxie — plus le cadeau de la maternité que je n’attendais pas et que je n’avais pas demandé. Mais cela ne me semble toujours pas suffisant.

Si on me dit que le problème est que le féminisme moderne m’a lavé le cerveau et que j’ai juste besoin de retrouver le « vrai » sens de la féminité, on m’égare vers une autre illusion. J’ai vu de nombreuses mères au foyer vivre constamment dans la comparaison avec les autres parents et enfants puis sombrer dans une crise d’identité lorsque les leurs n’allaient pas bien ou partaient à l’université.

Ce n’est pas un problème de femme. C’est un problème humain.

Et ce même si la plupart des hommes semblent réussir à concilier les deux mondes : la paternité et leur carrière. Personne ne les critique lorsqu’ils poursuivent leurs ambitions. Et tout le monde les félicite lorsqu’ils emmènent leurs enfants au parc. On n’entend pas non plus autant d’hommes parler de sacrifier leur carrière pour leur famille. C’est dommage. Je connais un homme autrefois trop occupé par son business qui, aujourd’hui, alors qu’il a presque 50 ans, qu’il est riche et qu’il a réussi, sort avec des femmes d’une vingtaine d’années parce qu’il souhaite ardemment avoir des enfants. Il aurait dû réfléchir plus tôt aux conséquences de ses ambitions.

Beaucoup de mes désirs sont bons. J’ai été créée à l’image d’un Créateur. J’ai été créée pour créer. Cela peut inclure des enfants, mais pas seulement. Le travail et la maternité n’ont jamais été supposés me combler. Avant que les humains ne commencent à procréer ou à cultiver la terre, Dieu se réjouissait déjà de leur présence et les qualifiait de « très bons », simplement parce qu’ils étaient là. Il a créé l’humanité déjà comblée en lui. La fécondité et la responsabilité vis-à-vis du monde sont une bénédiction ajoutée, un bonus.

C’est ainsi que la Bible commence, avec Genèse 1 et 2. Le problème, c’est que je suis prise au piège, répétant sans cesse l’histoire de Genèse 3.

Je me sentais peu sûre de moi, épuisée et insatisfaite, lorsque j’ai récemment relu ce chapitre de la Bible. Le Seigneur m’a ouvert les yeux et je me suis vue. J’ai vu le Serpent déformer la Parole de Dieu, tordre le caractère de Dieu et implanter le doute et la tentation dans mon esprit : Dieu est-il vraiment bon ? Suis-je vraiment satisfaite ? Je me suis vue au milieu de tous les fruits que je pouvais manger dans le jardin, mais me focalisant sur le seul fruit que Dieu avait interdit. Le jardin, avec son abondance débordante et son ressourcement constant, n’était pas suffisant. Dieu ne suffisait pas. Je voulais ce fruit.

C’est le péché d’orgueil. C’est l’orgueil qui me donne des attentes toujours plus élevées pour moi-même, l’orgueil qui mesure ma valeur à ce que je produis. Mais je ne serai jamais satisfaite. Je sais trop bien à quel point je ne suis pas à la hauteur et combien de personnes sont meilleures que moi. Je ressens alors la honte et la peur d’être démasquée. Je ne me laisse peut-être plus mourir de faim, mais les mêmes toxines d’orgueil et de honte, qui avaient autrefois causé mon anorexie, coulent toujours dans mes veines.

Genèse 3 n’est pas une histoire du passé. C’est la réalité actuelle. C’est le moteur qui fait tourner le monde et qui alimente ma manière de fonctionner.

À la naissance de mon deuxième enfant, je me concentrerai sur mon rôle de maman. Pendant une période indéterminée. Parce que je crois que c’est en cela que Dieu m’appelle à être fidèle pour cette période où j’enchainerai les allaitements, les berceuses et les séances de rots. Et tout cela me paraîtra ennuyeux et monotone.

J’essaierai d’être fidèle, mais j’éprouverai probablement du ressentiment. J’aurai mal au dos et mon cerveau grincera. Je lutterai pour ne pas perdre patience avec mes enfants et mon mari, et je perdrai parfois la partie. Je m’ennuierai. Je me sentirai insatisfaite. Et j’aurai envie de chercher mon accomplissement dans autre chose. Jusqu’à ce que je me rappelle que Genèse 3 n’est pas la fin de l’histoire.

Car cette prochaine saison annonce aussi une grâce renouvelée. Peut-être ne devrais-je plus penser qu’il est injuste que les femmes soient victimes du choix entre carrière et maternité. C’est peut-être une bénédiction. Car cette transition de mon statut de maman au travail à celui de maman au foyer va me stimuler et m’attirer dans des recoins certes douloureux, mais aussi pleins de tendresse. Il sera aussi bon et inspirant pour moi de quitter mes anciens schémas de pensée et de fonctionnement pour en découvrir de nouveaux.

Au fond, il n’y a rien d’ennuyeux ou de monotone à cela.

Sophia Lee est rédactrice internationale pour à Christianity Today.

Traduit par Anne Haumont

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Oui, nous sommes d’abord appelés à prendre soin de nous-mêmes

Jésus demande si nous voulons aller bien. Mais est-ce le cas ?

Christianity Today August 13, 2024
Illustration de Keith Negley

À 24 ans, à peine marié et diplômé d’une université biblique, je démarrais mon premier ministère en tant qu’aumônier d’hôpital. Je n’avais jamais vu de cadavre auparavant. Je n’avais aucune expérience du deuil. J’étais bien loin de ma zone de confort.

À mon arrivée, le personnel de l’hôpital m’a remis quatre bipeurs et m’a fait visiter brièvement l’établissement. Quelques minutes plus tard, un des bipeurs s’est mis à clignoter et je me suis retrouvé avec des personnes qui venaient d’apprendre que leur maman était morte sur la table d’opération. Elles étaient en pleine crise de désespoir. Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire. Et j’ai découvert mon anxiété.

Les semaines suivantes furent semblables. Mort subite, tests de moelle osseuse, enfants chauves, opérations chirurgicales d’urgence… tout était là pour attiser mon angoisse. Je ne m’attendais cependant pas à une telle intensité !

Chaque jour, les aumôniers sont amenés à visiter des dizaines de chambres où règne l’anxiété. Ils doivent y établir un lien profond avec des personnes qu’ils ne connaissent pas. Ils y partagent souvent avec elles des moments parmi les plus difficiles et les plus intimes de leur vie. Au milieu de tout ce désarroi, ils témoignent de la présence du Christ.

Comment effectuer ce travail, jour après jour, sans être contaminé par l’anxiété ambiante ? Comment ne pas la transmettre aux autres ? Durant mes premières semaines de travail, toute l’agitation qui bouillonnait en moi est remontée à la surface. Il était très difficile pour moi de me connecter à Dieu et d’être présent aux autres pour les soutenir dans les épreuves qu’ils traversaient.

Heureusement j’ai été rapidement initié à la théorie des systèmes. Celle-ci aide spécifiquement à identifier l’anxiété, d’abord en nous-mêmes, puis chez les personnes qui nous entourent. J’ai approfondi cette théorie au cours d’études ultérieures. Aujourd’hui, je l’enseigne auprès de divers responsables dans le monde entier. Mon travail est de leur donner des outils pour voir ce qui déclenche leur anxiété et quand ils sont dans la réaction plutôt que dans la connexion. Je les aide aussi à dépister les schémas anxieux qui se développent au sein des équipes dont ils sont responsables.

Pour moi, la gestion de l’anxiété est un moyen essentiel de se sentir bien. Mais la chose n’est pas évidente pour des responsables. La plupart d’entre eux sont tellement concentrés sur les autres et sur la mission à accomplir qu’ils ont du mal à détecter leur propre anxiété. Son emprise ne se perçoit pas immédiatement et ils risquent donc de la propager.

Je me rappellerai toujours ce que m’a dit un médecin en sortant de la chambre d’un patient après une garde particulièrement éprouvante : « Quand le cœur de quelqu’un s’arrête de battre, prends d’abord ton propre pouls ». On a tous probablement entendu une hôtesse de l’air répéter une recommandation un peu analogue : « Mettez d’abord le masque à oxygène sur votre propre visage avant d’aider les autres. »

Quand notre âme est en manque d’oxygène, nous ne pouvons pas venir en aide à autrui. Nous ne pouvons pas être un serviteur de Dieu efficace si notre anxiété parle plus fort que son Esprit.

C’est ainsi qu’a commencé cette leçon contre-intuitive pour ma vie, une leçon que j’apprends encore tous les jours : je dois d’abord prendre mon propre pouls, mettre mon masque à oxygène et me connecter à moi-même avant de tendre la main pour me connecter aux autres. Ce n’est pas égoïste ; c’est le meilleur chemin pour capter la réalité qui m’entoure, l’offrir à Dieu et me reposer en sa présence. J’ai alors bien plus de chances d’agir en fonction de son souffle divin et de ses incitations plutôt que de mes propres mécanismes de réaction incontrôlés.

Un bon responsable sait ce qui se passe sous la surface. Il sait prêter attention tant aux dynamiques interpersonnelles qu’à la mission à accomplir. Il peut entrer dans une pièce où règne la tension et, plutôt que de se laisser contaminer, se reposer dans la présence de Dieu. Il peut écouter pour apprendre plutôt que pour défendre ou trouver des solutions. Il sait clairement ce qui lui appartient, ce qui appartient à autrui et ce qui appartient à Dieu. (De très nombreux responsables surfonctionnent et portent plus que ce que Dieu leur demande.)

Un bon responsable connait et gère ses déclencheurs de stress avant une réunion afin d’augmenter sa capacité à être bien en phase avec son entourage pendant celle-ci. Il s’autorise à rester humain au lieu d’essayer d’être surhumain. Il n’a pas besoin de faire ses preuves ou d’impressionner les autres. Il sait gérer son désir d’en faire trop ou de se mettre en valeur. Il peut avoir une conversation difficile avec quelqu’un qui s’oppose à lui, sans pour autant être sur la défensive ou agressif.

Que fait-on quand on ne va pas bien ? Beaucoup se contentent de continuer, parfois jusqu’à l’épuisement ou l’échec. Mais lorsqu’un pasteur ou un responsable de ministère ne va pas bien, c’est au nom du Christ qu’il risque de faire de gros dégâts.

Au cours de ces dernières années, bien des personnalités chrétiennes ont causé d’abondantes souffrances en voulant présenter le Christ aux autres tout en étant elles-mêmes trop peu saines et équilibrées. La chose se produit aussi bien souvent dans les églises locales. Qu’est-ce qui aurait été différent si ces personnes avaient d’abord pris leur propre pouls ?

Mais assez parlé des autres. Dieu nous invite à regarder à nous-mêmes.

J’anime un podcast pour Christianity Today intitulé Being Human (« Être humain ») Dans cette émission, je pose à chaque invité une série de questions que j’appelle « The Gauntlet of Anxiety Questions » (litt. « le défi des questions sur l’anxiété »). L’une des questions les plus populaires de cette liste est la suivante : « À quoi voyez-vous que vous n’allez pas bien ? ».

Je pose aussi celle-ci : « Qui sait que vous n’allez pas bien, avant que vous ne le sachiez vous-même ? »

Mais la question la plus provocante sur le sujet ne figure pas dans mon questionnaire. Et c’est Jésus qui l’a posée : « Veux-tu aller bien ? »

Depuis la première fois que je l’ai lue dans les Écritures, cette question m’interpelle.

Jésus se trouvait à Jérusalem pour une fête et s’était arrêté à la célèbre piscine de la porte des Brebis. La rumeur disait que celui qui pouvait entrer dans la piscine lorsque l’eau s’agitait serait guéri de ses handicaps. L’apôtre Jean nous raconte ainsi la suite :

C’est là que gisaient un grand nombre de personnes handicapées : des aveugles, des boiteux, des paralysés. L’un d’eux était invalide depuis trente-huit ans. Quand Jésus le vit couché et apprit qu’il était dans cet état depuis longtemps, il lui demanda : « Veux-tu retrouver la santé ? ».

« Seigneur », répliqua l’invalide, « je n’ai personne pour me mettre dans le bassin quand l’eau est agitée ; pendant que, moi, je viens, un autre descend avant moi. »

Jésus lui dit alors : « Lève-toi, prends ton grabat et marche ! Aussitôt l’homme recouvra la santé ; il prit son grabat et se mit à marcher. » (Jn 5.3-9)

Remarquez que l’homme ne répond pas « Oui, s’il te plaît » à Jésus. Il rebondit sur sa question avec une sorte d’excuse. Je pense souvent à cet échange. Veux-tu retrouver la santé ? Au lieu de dire « oui », j’ai tendance à dire : « laisse-moi t’expliquer ma situation. »

Mes réactions anxieuses en tant que responsable sont en fait souvent des mécanismes d’adaptation que j’utilise depuis mon enfance. Pendant des décennies, ils m’ont aidé, de manière bien imparfaite, dans les moments difficiles. Mais même s’ils ne sont pas fiables, je continue à m’appuyer sur eux. Démêler ce que mon anxiété m’appelle à faire de ce que Dieu m’appelle à faire est donc un travail difficile et lent. Et bien que j’enseigne aujourd’hui ce sujet à plein temps, le « bien-être » ne va pas de soi pour moi. Ma santé me coûte de l’intentionnalité, du courage et de la pratique.

Voulez-vous aller bien ? Je l’espère. Nous manquons de dirigeants chrétiens qui prennent en compte la responsabilité de leur propre bien-être. La conduite de nos églises devient de plus en plus complexe. Et les gens semblent devenir plus réactifs et plus méfiants que jamais. Nous avons donc besoin de responsables qui savent se connecter profondément — aux autres, bien sûr, mais surtout à Dieu et à eux-mêmes.

Ce fut une découverte pour moi de voir l’importance de me connecter à moi-même avant de me connecter à Dieu. De voir qu’en prêtant d’abord attention à ce qui se passait en moi, j’avais plus de choses à lui offrir et plus de choses à lui confier. Et aussi davantage besoin de lui faire confiance. Cela m’a aidé à mieux trouver le repos dans sa présence.

Les deux superpouvoirs de la gestion de l’anxiété sont l’observation et la curiosité. En apprenant à détecter l’anxiété en nous et celle qui nous vient des autres, nous courons moins le risque de la reprendre et de la transmettre. En adoptant une attitude de curiosité envers soi-même et envers les autres — même les personnes plus difficiles — on augmente les chances de se sentir bien.

Voici quelques questions pertinentes à nous poser :

Comment savoir si je suis anxieux ?

Qui perçoit mon anxiété avant moi. Quels en sont les signes ?

Que suis-je censé porter ? Quelle est la part des autres ? Quelle est la part de Dieu ?

De quoi est-ce que je pense avoir besoin alors que ce n’est pas le cas ?

Quelle pratique de même 5 minutes ou moins me permettrait de me détendre dans la présence de Dieu ?

Quand me suis-je senti pleinement et entièrement aimé ces derniers temps ?

En tant que femme ou homme de foi, notre bien-être est un cadeau pour les personnes de notre entourage. C’est un sujet de reconnaissance et quelque chose qui aide chacun à se sentir bien. Mais au-delà de ça, nous valons simplement la peine de faire l’effort d’aller bien. Pour le Seigneur aussi, notre santé compte. Prenons donc des pauses et abandonnons-nous dans sa présence, jour après jour !

Steve Cuss est l’animateur de Being Human, un podcast de CT.

Traduit par Anne Haumont

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Books

La théocratie n’est pas l’ennemie du pluralisme

La loi de Dieu est vraie par nature. Inutile de l’imposer à qui que ce soit.

Christianity Today August 13, 2024
duckycards / Getty

Un de mes amis de tendance progressiste m’a récemment dit que bien qu’il n’aime généralement pas les évangéliques, il me trouve moins problématique que les autres : « Au moins, tu ne revendiques pas à cor et à cri l’établissement d’une théocratie ! ». J’ai pris cela comme un compliment. Mais je regrette de ne pas avoir dit franchement ce que je pense.

À vrai dire, ma femme et moi faisons partie d’une association soutenant la théocratie. Nous assistons d’ailleurs chaque semaine à ses réunions. Nous y apprenons comment promouvoir une théocratie et nous y chantons des cantiques destinés à appuyer notre engagement théocratique. L’association dont je parle, vous l’aurez compris, c’est notre église locale.

Le mot « théocratie » signifie littéralement « règne de Dieu ». En tant que chrétiens, nous croyons que, si nos églises sont certes dirigées par des humains, ces responsables répondent devant Dieu de ce qu’ils pensent et font. Et ils nous rappellent sans cesse que nous, chrétiens, appartenons au « royaume de Dieu » : notre ultime allégeance va à Jésus, celui qui « règne » sur nous.

L’Église en tant que théocratie fait toutefois partie d’un tableau théocratique beaucoup plus vaste. L’univers lui-même, dans toute sa gloire complexe, est une théocratie. La prière du shabbat de la communauté juive reflète bien cette perspective que déroulent devant nous les Écritures. Elle commence par ces mots : « Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l’univers ».

Tout ce qui existe est sous la domination de Dieu. C’est cette configuration théocratique — qui définit la nature même de la réalité — qui donne aux croyants un sens et une espérance. Mais des croyants comme nous devraient-ils pour autant essayer de faire de leur pays une théocratie ? Je ne le pense pas. Le Seigneur ne veut pas que nous imposions notre vision théocratique de la réalité aux autres. Ce que Dieu attend des êtres humains, c’est qu’ils suivent librement sa volonté.

Je ne sers donc pas les desseins de Dieu dans le monde quand je cherche à imposer à d’autres personnes des lois « chrétiennes » qui vont à l’encontre de leurs valeurs et convictions. Et tout ce que je considère comme un péché ne doit pas forcément devenir illégal. Par exemple, je n’aime pas du tout les propos grossiers que j’entends trop souvent dans les séries télévisées, mais je ne vais pas pour autant demander que des lois les interdisent.

Je ne veux pas dire par là qu’il faudrait simplement « vivre et laisser vivre », me contentant d’attendre le retour de Jésus. La Bible m’invite clairement à être actif dans la société où le Seigneur m’a placé.

L’apôtre Pierre exprime ce mandat de la manière suivante : « Ayez une belle conduite parmi les gens des nations, pour qu’[…] ils voient vos belles œuvres et glorifient Dieu au jour de son intervention. » (1 P 2.12)

Pierre fait ici écho à l’exhortation transmise par le prophète Jérémie lorsqu’Israël était exilé dans la ville païenne de Babylone : « Recherchez la paix de la ville où je vous ai exilés et intercédez pour elle auprès du Seigneur, car votre paix dépendra de la sienne. » (Jr 29.7) Si nous sommes appelés à témoigner aux autres de la puissance de l’Évangile, nous avons aussi à nous joindre à eux pour travailler ensemble à des objectifs sociaux qui, au bout du compte, rendront gloire à Dieu.

Je suis reconnaissant de vivre dans une société pluraliste où je peux apprendre beaucoup de choses de personnes avec lesquelles je suis pourtant parfois en profond désaccord sur des questions religieuses, politiques et éthiques. En abordant notamment avec ces personnes les erreurs et les méfaits que les chrétiens ont commis et commettent encore aujourd’hui dans différents domaines importants, je trouve souvent des ouvertures pour cheminer ensemble en vue du bien commun.

Historiquement, les évangéliques de mon pays ont oscillé entre deux façons de se situer par rapport à la culture générale. Dans les années 50, années de ma jeunesse, nous, évangéliques, avions la réputation d’être « apolitiques ». Nous aimions certes chanter des hymnes patriotiques et les prédicateurs nous rappelaient régulièrement notre obligation chrétienne de voter lors des élections, mais nous n’étions pas engagés dans une défense active d’intérêts politiques.

Être citoyen évangélique, c’était surtout voter pour des candidats républicains et prier pour que Dieu bénisse des hommes comme Eisenhower ou Nixon. Nous étions donc relativement passifs en matière de politique, reconnaissants de jouir des libertés d’une nation perçue comme « under God », « sous l’autorité de Dieu ».

Les choses ont changé vers 1980 avec l’émergence de la nouvelle droite chrétienne, conduite par des personnalités comme Jerry Falwell et Pat Robertson. Les évangéliques sont devenus agressivement politiques, s’engageant en faveur de candidats qui promouvaient ce qu’ils estimaient être des causes saintes, souvent explicitement guidés par le projet théocratique d’une « Amérique chrétienne ».

Nous avons donc soit évité toute participation active au système politique, soit nous nous sommes efforcés d’en prendre le contrôle. Nous vivions comme une minorité à part chantant « Ce monde n’est pas ma maison. Je ne fais que passer », ou nous nous autoproclamions « majorité morale », entonnant hardiment « Brille, ô Jésus, couvre ce pays de ta gloire ».

Il existe cependant une troisième option, dont notre société de plus en plus polarisée a désespérément besoin aujourd’hui : une volonté évangélique de travailler patiemment aux côtés des autres, quelle que soit leur confession, à la recherche de solutions viables aux défis complexes auxquels nous sommes tous confrontés en tant que nation.

Dans les prières, les chants et les prédications de nos rassemblements théocratiques hebdomadaires, nous, évangéliques, parlons à Dieu de notre faiblesse spirituelle et de notre vulnérabilité tout humaine. Nous lui présentons aussi les craintes et les espoirs inhérents à notre vie politique.

La prétention dont nous faisons si souvent preuve sur la place publique ne correspond donc pas à ce que nous savons de nous-mêmes au plus profond de notre être. Il serait bon que nous apprenions à afficher un évangélisme plus doux, plus tendre, et prenions notre part dans une quête politique commune qui nous aide à nous épanouir, ensemble avec les autres, dans notre humanité partagée.

L’un de mes héros dans la foi, le grand homme d’État néerlandais Abraham Kuyper, disait ceci dans le discours inaugural de l’université qu’il fonda : « Il n’y a pas un centimètre carré dans toute notre existence humaine à propos duquel le Christ, qui est souverain sur tout, ne crie pas : “À moi !” ».

Cette formule inspire et motive la façon dont je veux vivre en tant que théocrate dans le monde contemporain. Bien sûr, nous sommes toujours tentés de répondre à ce cri de ralliement de manière arrogante et impérialiste, comme si la première chose à faire était d’aller nous emparer de tous ces centimètres carrés de l’univers au nom de Jésus.

Mais, bien comprise, la théocratie exige un esprit humble. L’apôtre Pierre nous dit que lorsque nous sommes invités à « rendre compte de l’espérance » que nous avons en Christ, nous devons veiller à « le faire avec douceur et respect » (1 P 3.15). Puisque Jésus revendique chaque centimètre carré de la création comme sien, où que nous allions dans notre vie, nous foulons une terre sacrée.

Dans ma jeunesse évangélique, on m’avait appris cette célèbre phrase de Hudson Taylor : « Christ est soit Seigneur de tous, soit pas Seigneur du tout ». Je continue aujourd’hui à apprendre ce que signifie représenter tendrement et respectueusement la cause de cet Évangile.

Le Dieu dont nous, théocrates, célébrons la majesté à l’église, ne nous envoie pas seulement dans le monde sur lequel il règne, mais il nous assure que, où que nous allions, il sera avec nous.

Il nous invite à le rejoindre sur tous ces centimètres carrés occupés par des êtres aimés, en proie à la douleur, aux abus, au chagrin, à la solitude et au désespoir liés à notre éloignement de lui.

Nos semblables ont désespérément besoin de rencontrer des croyants pour qui être théocrates signifie servir fidèlement la cause d’un Sauveur aimant.

Richard Mouw est chercheur au Henry Institute for the Study of Christianity and Politics à l’université Calvin et ancien président du Fuller Theological Seminary.

Traduit par Anne Haumont

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Les Jeux olympiques vus par un évangélique français

Le président du Conseil national des évangéliques français nous raconte ses réactions à la cérémonie d’ouverture, pourquoi il apprécie les Jeux et comment il espère que l’Église se saisit de ce moment pour vivre sa foi.

La Tour Eiffel avec les anneaux olympiques

La Tour Eiffel avec les anneaux olympiques

Christianity Today August 9, 2024
David Ramos / Staff / Getty

Dimanche, au début de la deuxième semaine des Jeux olympiques, la France a remporté sa 44e médaille, dépassant ainsi son précédent record pour des Jeux olympiques modernes. Peu de gens auraient pu prédire l'extraordinaire succès sportif du pays ou cette réjouissance nationale, qui semblait manquer après les élections nationales anticipées tumultueuses de juin et juillet.

Mais pour certains chrétiens français, des sentiments négatifs sont réapparus à la suite de la cérémonie d'ouverture controversée. Erwan Cloarec, Président du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), a fait part de ce « sentiment de blessure » la semaine dernière dans un communiqué, ajoutant que lui-même et le Directeur général du CNEF rencontreraient ce jour-là le Bureau central des cultes du ministère de l'Intérieur pour plaider en faveur d'une laïcité qui fait place à chacun et de garanties de la part de l'État que tous, croyants ou non, soient respectés dans leurs convictions essentielles.

Le président du CNEF a souligné que de nombreuses œuvres chrétiennes avaient passé des mois à anticiper le fait que les Jeux olympiques leur offriraient une bonne occasion d'exprimer concrètement leur foi auprès des milliers de personnes attendues dans la ville. Par l'intermédiaire d'Ensemble2024, des œuvres chrétiennes et communautés évangéliques ont organisé des tournois sportifs locaux, un culte de louange du style K-Pop, une exposition examinant les interactions entre le corps, le sport et la spiritualité, une journée de surf, et un festival de louange, ainsi que la distribution de bouteilles d'eau et de produits hygiéniques. Ils ont également mis des aumôniers à la disposition des athlètes et offert aux athlètes chrétiens la possibilité de partager leurs témoignages.

Selon Erwan Cloraec, il est opportun de voir dans la situation qui s'est créée une véritable occasion de témoigner de la foi, alors que la personne du Christ était placée au centre des Jeux lors du tableau controversé de la cérémonie d'ouverture. Il poursuit en soulignant qu'il est nécessaire d'entendre les cris du cœur et le besoin de réconciliation de nos contemporains, leur quête d'identité et d'appartenance. Leur appel résonne dans une société pluraliste ; c'est à nous de leur montrer comment adresser leur appel, d'une voix encore plus forte, vers celui qui les invite tous à sa table et leur offre une véritable réconciliation, une véritable identité et une véritable appartenance.

Nous lui avons demandé de nous parler de la réaction des évangéliques français à la cérémonie d'ouverture, de ce qu'il veut que les gens sachent à propos de laïcité, et de ce qu'il a aimé dans les Jeux olympiques cette année.

Comment avez-vous personnellement participé à l'expression de la foi autour des Jeux olympiques ?

Alors « Ensemble 2024 », c’est vraiment une initiative protestante évangélique, mais puisque c’est l’esprit des jeux olympiques, nous sommes nécessairement en lien avec d’autres acteurs, d’autres confessions. Il y a eu une célébration d’ouverture interconfessionnelle à laquelle j’ai participé au tout début des jeux. Le CNEF était aussi représenté par un délégué lors d'un événement qui n'était pas une célébration interreligieuse au sens cultuel du terme mais une action citoyenne montrant les cultes de la ville agissant au service du bien commun.

Comment les évangéliques français ont-ils réagi à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques ?

Les gens ont ressenti une blessure, le sentiment d'une humiliation. Je sais que dans beaucoup de pays, en dehors de la France, ce tableau de la Cène a provoqué un sentiment de blessure. Nous avions l'impression que par cette parodie, ce simulacre de cène, nous étions ciblés dans notre foi et que notre foi était d'une certaine manière moquée, même si ce n'était pas nécessairement l'intention réelle.

Comme le directeur artistique de la cérémonie a expliqué, et nous pouvons l'entendre, ce n'était pas son intention. Mais en tout cas, la mise en scène de ce tableau et la subversion de la Sainte cène dans une version contemporaine et inclusive a donné le sentiment qu'on jouait avec un certain nombre de symboles et que le christianisme était visé. Nous avons réagi en faisant état de ce sentiment d'humiliation ressenti par les gens, et nous avons dénoncé le fait que dans cette cérémonie, il y avait un agenda de promotion d'une certaine idéologie. Cette propagande idéologique n'avait pas sa place pendant cette cérémonie.

Comment les événements précédents ont-ils influencé la manière dont les évangéliques français ont réagi à celui-ci ?

Évidemment, cette cérémonie était assez unique. Par contre, des responsables religieux et des évangéliques en particulier ont été attentifs à la Loi contre le séparatisme de 2021 (requalifiée en « Loi confortant le respect des principes de la République »). Cette loi a durci la législation pour nos Églises et a fait passer le régime français de laïcité [une forme distincte de séparation de l'Église et de l'État qui a toujours été considérée comme positive par les évangéliques français] d'une laïcité de liberté à une laïcité de surveillance.

Cette loi a introduit de nouveaux contrôles, des règles qui rendent l'exercice du culte administrativement plus compliqué, avec de nouvelles contraintes financières et légales. Il y a peut-être actuellement le sentiments au niveau des évangéliques du moins, d'un ras-le-bol, du sentiment que les cultes sont malmenés.

Pour nos lecteurs non-francophones, qu'est-ce que laïcité ? Pourquoi a-t-elle été instaurée ?

Ce qu'on appelle la laïcité à la française est effectivement un régime spécifique que l'on ne connaît pas en dehors de la France. Le grand combat que l'on mène, c'est de veiller à ce que la laïcité serve les objectifs qu'elle est appelée à servir – c'est-à-dire la liberté de conscience, la liberté de culte, et la liberté de religion.

Normalement, la laïcité à la française bien comprise doit être au service des cultes. Elle n'est pas là pour les réprimer. Elle est là pour permettre à chacun de croire librement ou de ne pas croire, de vivre comme il ou elle l'entend selon les valeurs et la foi qui sont les siennes, avec la possibilité de partager sa foi ou dans le cas contraire, son athéisme ou tout ce que vous voulez. La loi le garantit, dans le droit des cultes en France depuis 1905 et la séparation de l'Église et de l'État.

C'est cette laïcité-là qui devrait prévaloir, mais fréquemment, nous avons une autre lecture de la laïcité qui sert parfois aux médias et à certains politiques. Cette autre version prétendrait que la laïcité est là pour renvoyer l'exercice du culte dans la sphère privée, et de faire en sorte finalement que la religion soit la moins visible possible, soit cachée, soit réduite au silence. Alors notre combat est un combat pour le véritable régime de la laïcité. La laïcité est là pour permettre à la foi de s'exprimer, y compris dans l'espace public, sans devoir s'excuser de croire ce que nous croyons.

Sur une note positive, les évangéliques français ont apprécié la grande liberté d'exprimer leur foi autour des Jeux olympiques.

Y a-t-il des aspects de la laïcité que vous appréciez ?

Au fond, la laïcité est bonne si elle est au service des libertés fondamentales du culte.

L'une des choses qui nous a déplu au niveau de la cérémonie d'ouverture, c'est qu'elle a été inaugurée par le chef de l'État, représentant la République française, ce qui devait garantir qu'aucun citoyen ne se sente exclu ou pointé du doigt. La laïcité, qui garantit la neutralité de l'État, est une valeur forte du gouvernement en France. Et pourtant, on a eu le sentiment dans cette cérémonie d'ouverture que la République ne respectait pas ce principe de neutralité, mais ciblait une religion en particulier, notamment par l'évocation de ce tableau de la Cène.

Si nous défendons la liberté de tous, ceci comprend la liberté artistique, la liberté de penser, la liberté de pouvoir critiquer le christianisme. Demander que les croyants soient libres de défendre leur foi, c'est demander aussi que les non-croyants puissent dire ce qu'ils pensent. Ils peuvent critiquer le christianisme, l'islam, tout ce que vous voulez, dans le corps social.

C'est une liberté qui doit être protégée – croire ou ne pas croire – défendre sa foi ou critiquer la foi. Ce sont des garanties nécessaires. Mais la cérémonie d'ouverture des Jeux était autre chose – c'était une cérémonie représentant la République française, et au nom du principe de neutralité, ils auraient dû veiller à respecter chaque personne dans ce contexte.

Qu'avez-vous aimé dans les Jeux ?

En dehors de cet épisode malheureux de la Cérémonie d'ouverture, globalement cet événement présente bien des aspects créatifs réussis, et les Jeux olympiques, d'après les échos que j'ai dans les médias, semblent assez réussis. En tant que Français, on est fiers que les Jeux se déroulent bien. À Paris, beaucoup de sites sportifs très bien agencés ont été insérés parmi les monuments historiques de la ville. C'est très beau et assez remarquable. C'est une machine bien huilée. Je crois que nous pouvons être fiers que la première semaine des Jeux a été une réussite pour la France.

Il y a une certaine fierté parmi nous, et un engouement derrière Léon Marchand et le judoka Teddy Riner. [Marchand a remporté quatre médailles d'or individuelles et une médaille de bronze en relais, et Riner a gagné des médailles d'or en judo individuel et par équipe.] On a fait une belle première semaine !

Et puis, tous les acteurs et parties prenantes d'Ensemble2024 sont plutôt reconnaissants pour tout ce qui se vit, les contacts, les expressions de l'Évangile qui progresse à la faveur de ces jeux, et nous espérons, au-delà.

Traduit par Jonathan Hanley

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Les leçons de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris

En tant que directeur artistique, je pense que les organisateurs ont mal tenu compte de leur public. Mais en tant que chrétien, je ne suis pas surpris par le mépris de ceux qui ne font pas partie de l’Église.

“La Cène” de Da Vinci et “Le Festin des Dieux" de Jan van Bijlert

“La Cène” de Da Vinci et “Le Festin des Dieux" de Jan van Bijlert

Christianity Today August 5, 2024
Illustration by Christianity Today

À

l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024, Thomas Jolly a semblé confiant dans ses préparatifs pour de grandioses cérémonies d’ouverture et de clôture. Le directeur artistique était resté très discret sur les détails des spectacles qu’il élaborait depuis deux ans, mais dans les jours précédant les Jeux, il avait révélé qu’il s’attendait à ce que le spectacle soit « très significatif pour les artistes qui s’y produiront ».

Maintenant que la cérémonie d’ouverture est passée, il lui reste à défendre sa vision.

Une des scènes du spectacle a tout particulièrement suscité la controverse : un tableau de militants LGBTQ, de travestis et de danseurs aux costumes extravagants qui, de l’avis de nombreux téléspectateurs, rejouait La Cène de Léonard de Vinci. « Mon souhait n’est pas d’être subversif, ni de me moquer ou de choquer », a déclaré Jolly en réponse au tollé. « Je voulais surtout envoyer un message d’amour, un message d’inclusion et pas du tout de division. » La scène a cependant bel et bien divisé, suscitant l’ire de ceux qui y voyaient une parodie moqueuse du Christ et de ses disciples.

On observe ainsi un réel fossé entre ce que Jolly affirme à propos de ses intentions artistiques et la manière dont son art a été perçu.

En tant qu’artiste et directeur artistique, je suis constamment en train de me demander ce que les images communiquent. Lorsque j’examine les propositions de nos artistes, j’évalue non seulement l’exécution technique de celles-ci, mais aussi la manière dont nos lecteurs pourraient en interpréter le sens. Dans mon journal, je prends des notes et j’esquisse des possibilités en cherchant la bonne façon de transmettre une idée sans mots. Le symbolisme doit-il être manifeste ? Cette scène nécessiterait-elle au contraire nuance et ambiguïté ? Comment l’utilisation des couleurs ou des formes peut-elle offrir une nouvelle perspective ?

Dans tout mon travail créatif, j’ai des intentions précises quant à ce que je veux transmettre. Je dois cependant ensuite me projeter pour essayer d’anticiper la manière dont ces intentions seront perçues.

Tous les créateurs sont soumis à leur public, à la manière dont le lecteur d’un roman, l’auditeur d’un album ou le visiteur d’un musée comprendra et recevra leur œuvre. L’art n’existe pas de manière isolée : il est toujours communautaire. C’est une bénédiction, pas une malédiction. Dès que nous racontons une histoire, que nous publions une chanson ou que nous jouons une pièce de théâtre, nous ne sommes plus seuls avec notre travail. De cette belle manière, à la fois merveilleuse et risquée, tout art est une collaboration entre l’artiste et le reste du monde.

Défendant son tableau controversé des Jeux olympiques, Jolly affirme que ses intentions étaient différentes de l’offense perçue par certains téléspectateurs. En d’autres termes, selon lui, ce n’est pas de sa faute. Le public offensé n’a pas interprété son art correctement. Il prétend que la scène n’est pas inspirée par le tableau de Da Vinci, mais par Le Festin des Dieux, une peinture de Jan van Bijlert représentant un banquet sur le mont Olympe. Le dieu du soleil Apollon fait face au spectateur ; un Dionysos nu mange des raisins au premier plan. Il est assez plausible que cette œuvre ait été sa véritable source d’inspiration.

" Le Festin des Dieux " est un tableau du peintre hollandais Jan van Bijlert, autour de 1635–1640
” Le Festin des Dieux ” est un tableau du peintre hollandais Jan van Bijlert, autour de 1635–1640

Mais dire « Vous n’avez pas interprété mon art correctement » n’absout pas l’artiste. Ce type de réponse est paresseux et prétentieux. Elle provient d’un ego qui suppose que le point de vue de l’artiste est la seule lecture correcte de ce qui a été communiqué. En blâmant l’interprétation erronée du spectateur, l’artiste affirme que son intention l’emporte sur ce que son art a communiqué. Une telle réponse nie la réalité objective de la place d’une œuvre d’art dans le temps et dans l’espace, ainsi que de son contexte dans l’histoire et la culture.

Comme l’a souligné un historien de l’art et professeur émérite au New York Times , « L’idée de la figure centrale avec une auréole et un groupe de disciples de chaque côté… C’est tellement typique de l’iconographie de “La Cène” qu’il serait téméraire de lire l’œuvre autrement. »

Nos intentions sont importantes, mais elles ne garantissent pas la réaction des autres. Lorsque Paul avertit : « Que ce qui est bien pour vous ne devienne pas pour d’autres une occasion de dire du mal de vous », il ne demande pas aux Romains de se défendre (Rm 14.16, BDS). Il leur demande de changer leur façon d’agir, de « ne rien mettre en travers du chemin d’un frère qui puisse le faire trébucher ou tomber » (v. 13).

Nos intentions ne définissent pas la réalité. Nous sommes responsables de l’élaboration minutieuse de nos créations. Et nous devons rester assez humbles pour reconnaître quand nous échouons dans notre communication.

Les artistes sont très perspicaces. En tant que directeur artistique, Jolly a dû soigneusement réfléchir aux implications de chaque détail de cette représentation. Ne pas prendre en compte le regard de 2 milliards de chrétiens à travers monde était à tout le moins imprudent, mais pourrait tout à fait révéler un dédain intentionnel.

L’art se fait parfois délibérément choquant et provocateur. L’art peut attirer l’attention et déranger les présupposés pour de bonnes raisons. Mais Jolly affirme que telle n’était pas son objectif. S’il voulait souligner l’inclusion, il l’a toutefois fait à l’exclusion des chrétiens et des divers groupes religieux consternés par le spectacle. En fin de compte, son message n’a trouvé écho qu’auprès d’une partie de ses téléspectateurs.

Les chrétiens n’ont donc pas tort d’être offensés. Mais, une fois offensés, la manière dont nous donnons suite à l’offense est également importante.

Que Jolly et les artistes aient pris le risque du scandale, ou l’aient recherché, il est compréhensible que les chrétiens trouvent ce tableau rappelant la dernière Cène particulièrement injurieux. Mais au-delà des décisions artistiques irréfléchies, l’Église devrait-elle s’étonner d’un tel affront, sans parler de l’obscénité du reste de la cérémonie d’ouverture ?

Au milieu de divers propos contre l’immoralité, Paul écrit à l’Église de Corinthe qu’elle ne peut pas s’isoler du péché de la société qui l’entoure. Il faudrait pour cela que les chrétiens se retirent du monde lui-même (1 Co 5.10). Certes, ils doivent s’efforcer de protéger l’intégrité du corps de l’Église — comme nous devons le faire aussi. S’il y a quelqu’un parmi nous qui refuse de se détourner de son péché, Paul exhorte les Corinthiens à ne pas le fréquenter afin de préserver une certaine norme morale au sein de leur communauté.

Mais ce n’est pas une norme que Paul attend du monde extérieur à l’Église. Il rappelle aux Corinthiens qu’il appartient à Dieu de juger « ceux qui sont du dehors », y compris dans le contexte d’un péché sexuel choquant. Ce n’est pas leur rôle à eux (1 Co 5.13). Apparemment, l’Église de Corinthe était tentée de prendre ses distances et d’éviter toute interaction avec les non-croyants de la ville de Corinthe.Paul veut les détourner de ce chemin.

C’est ce même schéma qui a poussé les pharisiens à interroger Jésus lorsqu’il mangeait avec des collecteurs d’impôts (Mt 9.10-13). Jésus aurait-il partagé un repas avec des travestis, avec des personnes susceptibles de ridiculiser l’Église et ses symboles sacrés ? Évidemment que oui ! Il est hors de doute qu’il l’aurait fait et nous appelle à faire de même. Mais il est aussi hors de doute que Jésus les appelle à la repentance. Sa réponse au péché n’était pas de fuir ou de condamner, mais de proclamer son pardon et d’inviter les gens à le suivre. C’est l’invitation qu’il nous adresse à tous.

Nous ne devrions pas nous attendre à ce que les non-croyants comprennent ou respectent la gravité solennelle d’une scène comme celle du dernier repas de Jésus et ses disciples. Il n’y a pas à nous étonner de l’obscénité de diverses prestations tout au long de la cérémonie d’ouverture. Mais nous ne devons pas non plus rester indifférents. Notre réaction devrait être empreinte de chagrin et de compassion. Notre monde est déchu, nous compris. Nous avons simplement eu la chance d’avoir entendu et reçu l’œuvre rédemptrice de Jésus.

Ainsi, à l’instar d’un artiste réfléchi qui s’interroge sur les implications de son travail, nous devrions réfléchir à ce que nos actions communiquent. Quelle est l’intention derrière nos actes et nos paroles ? Lorsque les chrétiens condamnent et boycottent publiquement les Jeux olympiques en réaction à la cérémonie d’ouverture, cela ne traduit guère notre conviction que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.

Et lorsque Barbara Butch, la DJ au centre du tableau, reçoit des menaces de mort et fait l’objet de harcèlement après le spectacle, notre silence sur le caractère sacré de sa vie, en tant que personne créée à l’image de Dieu, est révélateur.

Pourrions-nous plutôt partager un repas avec ceux qui ne sont que d’autres humains déchus comme nous ? Et pourquoi pas nous promener dans les couloirs d’un musée en discutant de ce que les œuvres accrochées aux murs semblent communiquer ? Dans de tels espaces partagés, nous pourrions trouver des lieux pour exprimer comment nous nous appuyons sur une espérance dont nous sommes fiers. Aucune moquerie ne l’emportera sur l’amour bien réel qui a été déversé dans nos cœurs par la grâce de Dieu (Rm 5.5).

Jared Boggess est directeur artistique pour la version imprimée de CT.

Traduit par Jonathan Hanley et révisé par Léo Lehmann

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11 athlètes chrétiens à encourager aux Jeux olympiques de Paris 2024

Rencontrez des athlètes olympiques du monde entier qui aiment Dieu.

Christianity Today August 2, 2024
Illustration par Mallory Rentsch Tlapek / Source Images: Getty / WikiMedia Commons

Beaucoup de fans des Jeux olympiques apprennent que leurs athlètes préférés aiment Jésus par le biais de messages sur les réseaux sociaux ou en visionnant des interviews post-match après leur succès sur le terrain, le court, la piste ou dans la piscine. Mais l'écrasante majorité des chrétiens participant aux Jeux ne monteront pas sur le podium.

Pour beaucoup, le simple fait d'arriver aux Jeux témoigne de leur capacité à surmonter des blessures, des problèmes de santé mentale ou le chagrin dû au décès de leurs proches. Vous trouverez ci-dessous des histoires d'athlètes chrétiens de 12 sports et de 10 nations, tous désireux de faire honneur à leur pays et à leur Seigneur.

Avec les contributions d'Annie Meldrum, Isabel Onge, Angela Lu Fulton, Franco Iacomini, Mariana Albuquerque et Morgan Lee.

Basket-ball

Kayla Alexander, Canada

https://www.instagram.com/p/C3OQj6gNnBk/

Kayla Alexander, 33 ans, basketteuse de l'équipe du Canada, écrit fréquemment sur Instagram et sur son blog pour expliquer comment Dieu a guidé sa carrière. « Chaque rêve de mon enfance a été dépassé par l'action de Dieu d'une manière que je n'aurais jamais cru possible », a-t-elle écrit en 2018.

La sportive vedette a joué dans la WNBA et fait actuellement partie de l'équipe professionnelle espagnole Valencia Basket, un sommet qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir atteindre. En 2020, elle s'est blessée au genou, ce qui l'a mise hors service et lui a brisé le cœur, en ses propres termes. Mais sa foi en Dieu a continué à la motiver : « Malheureusement, des événements se produisent qui n'ont pas de sens, dont nous ne comprenons pas la raison ou le pourquoi, mais je suis convaincue que [Dieu] fait tout pour le bien et pour sa gloire. »

Lorsque le Japon a battu le Canada dans le tournoi de qualification olympique, Alexander a cru que ses espoirs olympiques étaient anéantis. Mais l'équipe s'est suffisamment reprise pour terminer en 3e position et s'assurer une place de qualification. « Dieu a décidé que nous n'étions pas encore sur la touche ! Quand on dit que les voies de Dieu sont mystérieuses ! En voilà un bon exemple, » a-t-elle déclaré.

Carlik Jones, Soudan du Sud

https://www.instagram.com/p/Cq3dTxLu5E5/

Depuis que le Soudan du Sud est devenu une nation indépendante il y a 12 ans, le pays est en proie à des conflits et à des catastrophes humanitaires. Pourtant, cet été, le pays envoie sa toute première équipe de basket-ball aux Jeux olympiques, emmenée par Carlik Jones, 26 ans.

Jones, qui a joué pour les Chicago Bulls et joue actuellement avec les Zhejiang Golden Bulls, est né avec une maladie cérébrale qui l'a empêché de participer à des compétitions sportives pendant plusieurs années, car une commotion cérébrale aurait pu le blesser gravement. Finalement, alors qu'il était encore à l'école, les médecins lui ont donné le feu vert, et sa carrière de basketteur a commencé.

Jones s'adresse fréquemment à Dieu sur les réseaux sociaux. « Je place ma confiance et ma foi en DIEU, et je le laisse me guider », a-t-il tweeté en octobre 2022. Le mois suivant, il a écrit : « JE SUIS EXTRÊMEMENT béni, MERCI À DIEU », et le mois suivant : « DIEU, TU ES MAGNIFIQUE. »

Malgré le manque d'expérience internationale de son équipe, Jones croit en son potentiel. « Le Soudan du Sud a été négligé, son peuple a été négligé et nous, en tant qu'équipe, avons été négligés », a-t-il déclaré l'année dernière. « Nous essayons simplement de mettre le Soudan du Sud sur la carte. »

Judo

Geronay Whitebooi, Afrique du Sud

https://www.instagram.com/p/CwkdFnFI_ih/

Au cours de sa vie, la judokate Geronay Whitebooi en a trop vu pour se payer de mots. Lorsqu'elle a récemment terminé deuxième au Marrakech Africa Open 2024, elle a posté une photo d'elle après le tournoi avec une expression sérieuse sur le visage.

« Mon cœur désirait la médaille d'or, mais ce n'était pas le plan de Dieu pour moi aujourd'hui. DIEU est ma force et mon pouvoir », a-t-elle écrit dans un long message sur Instagram.

Whitebooi, qui s'était également qualifiée pour les Jeux olympiques de 2021, a remporté de nombreux titres lors de tournois africains et européens. Pourtant, pour arriver à ce stade de sa carrière de judokate, elle a dû renoncer à sa vie sociale et s'éloigner de sa famille, d'autant plus qu'elle a dû faire face à la perte tragique de deux de ses proches : son père à l'âge de 13 ans, et sa sœur il y a deux ans.

« Cette médaille représente fièrement un autre effort que j'ai fait pour franchir les barrières, mais c'est une médaille que je regarde avec tristesse parce que j'ai rendu [ma sœur] fière mais je n'ai pas été assez présente pour ma famille et moi-même pendant cette période", a-t-elle déclaré à propos de sa victoire à la Coupe européenne seniors 2022.

« Nos souffrances ont un but », a-t-elle récemment écrit. « Nous pouvons aussi nous réjouir lorsque nous rencontrons des problèmes et des épreuves, car nous savons qu'ils nous aident à développer notre endurance. »

Rugby

Jerry Tuwai, Fidji

https://www.instagram.com/p/Cui_ISVJ7Cs/

Le rugbyman fidjien Jerry Tuwai, 35 ans, a mené son équipe à la conquête de l'or à Rio 2016 – la première victoire olympique du pays – et à Tokyo. Les deux fois, Tuwai et ses coéquipiers se sont serrés les uns contre les autres en formant un cercle et ont chanté l'hymne traditionnel We Shall Overcome [Nous vaincrons] ou, comme on dit aux Fidji, E Da Sa Qaqa. Les paroles se traduisent en français : « Nous avons vaincu / Par le sang de l'agneau / Et la parole du Seigneur. »

« Nous commençons toujours (…) et nous terminons toujours par nos prières et nos chants. Cette chanson dit que notre Dieu est un Dieu d'amour », a déclaré Tuwai.

Tuwai a grandi dans l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale fidjienne, Suva, et a vécu dans une maison d'une seule pièce aux murs de tôle ondulée. Il utilisait des bouteilles en plastique ou des ballots de vêtements comme ballon de rugby. Lorsqu'on lui demande ce qui lui a permis de réussir dans ce sport, Tuwai mentionne la discipline et sa dépendance à l'égard de Dieu.

En janvier, Tuwai a été écarté de l'équipe des Fidji de rugby à sept parce qu'il n'était pas suffisamment en forme. Six mois plus tard, il a été annoncé comme étant le capitaine de l'équipe prévue pour Paris, juste au moment où il pensait que sa carrière de rugbyman était terminée. « On a des projets différents, mais Dieu a un autre projet pour nous… peut-être celui-ci et peut-être le prochain grand projet », a-t-il déclaré. « Moi, je ne sais pas. Seul Dieu sait. »

Football

Rasheedat Ajibade, Nigeria

https://www.instagram.com/p/Cf2X3I4MCMO/

Lors du dernier match du tournoi de qualification olympique, Rasheedat Ajibade a marqué le but de la victoire – et le seul du match – qui a permis à l'équipe féminine de football du Nigeria de se rendre à Paris, ses premiers Jeux depuis 2008.

Ajibade a célébré sa victoire en portant un maillot sur lequel on pouvait lire « Jésus révélé, Jésus glorifié, Alléluia », et en légende d'une photo prise après le match, elle a écrit, « A TOI SEUL SEIGNEUR SOIT TOUTE LA GLOIRE. LE MANDAT EST CLAIR. »

Malgré ces déclarations audacieuses, Ajibade dit qu'elle se considère comme une personne réservée et qu'elle s'est souvent contentée de se teindre les cheveux en bleu pour exprimer sa personnalité. Pour Ajibade, ses cheveux sont un clin d'œil à sa lutte contre la dépression lorsqu'elle était adolescente et un symbole de son désir d'encourager les personnes concernées : chacun peut surmonter des problèmes de santé mentale.

Ajibade a commencé sa carrière de footballeuse professionnelle à l'âge de 13 ans. En 2022, elle a terminé meilleure buteuse de la Coupe d'Afrique des Nations féminine. Elle joue également pour l'Atletico Madrid, qui a remporté la Coupe féminine en 2023.

Malgré son succès, Ajibade reste attentive aux moins fortunés de son pays. L'année dernière, elle a visité un bidonville de Lagos, puis a écrit : « Notre mission était double : accomplir des actes de bonté et partager la lumière de l'Évangile (Marc 16.15). »

Natation

Adam Peaty, Grande-Bretagne

https://www.instagram.com/p/CRx9zWmruum/

Adam Peaty a remporté le 100 mètres brasse hommes aux Jeux olympiques de Rio et de Tokyo et a également remporté huit médailles d'or aux championnats du monde. Pourtant, le nageur britannique a dû faire face à d'importants problèmes personnels, notamment la dépression et l'alcoolisme.

Il est devenu chrétien en 2022 suite à une blessure au pied qui l'a contraint à quitter la piscine. Il a commencé à aller régulièrement à l'église après avoir rencontré l'aumônier Ashley Null, et cette nouvelle routine lui a semblé « être la partie manquante du puzzle », a-t-il dit. Il arbore désormais une grande croix tatouée sur l'abdomen, accompagnée des mots Into the Light [Vers la lumière].

Athlétisme

Olivia Lundman, Canada

https://www.instagram.com/p/C7fGBuNScYV/

Olivia Lundman, 21 ans, participera au tout premier relais mixte marche marathon des Jeux olympiques aux côtés de son coéquipier et entraîneur, le médaillé olympique Evan Dunfee. Lors de l'épreuve de qualification en avril, Lundman a lutté dur dans les 10 derniers kilomètres et a vomi à deux reprises. Mais elle s'est accrochée et a terminé dans les 22 premières places pour se qualifier pour les Jeux.

Lundman a également fondé Beneath the Surface [Sous la surface] pour partager les récits de jeunes qui vivent avec des problèmes de santé mentale. « J'ai appris à m'ouvrir aux autres, à accepter ce que je suis et à m'appuyer sur ma foi », a-t-elle écrit. « C'est quelque chose sur lequel je dois encore travailler chaque jour, mais je sais que j'ai été placée sur cette planète pour une raison. »

Lors d'une prédication dans son église en novembre dernier, Lundman a témoigné que la prière l'avait aidée à surmonter ses expériences de dépression et d'anxiété. « Lorsque j'étais en difficulté, je me disais : "Dieu, pourquoi m'as-tu abandonnée ? Où es-tu ?" Je n'avais pas réalisé que c'était pendant les moments où j'étais en difficulté qu'il était le seul à me faire avancer et à me porter chaque jour. »

Tarsis Orogot, Ouganda

https://www.instagram.com/p/C7DAyjzxd32/

Les coureurs de fond ougandais ont mis le pays sur la carte en tant que puissance de premier plan pour la course à pied. Cette année, Tarsis Orogot pourrait rendre son pays célèbre dans l'épreuve de sprint. Étudiant à l'université d'Alabama, le détenteur du record national sur 100 et 200 mètres se décrit comme « juste un garçon habité par un rêve ». Mais ses bons résultats aux championnats d'athlétisme de la NCAA pourraient bien faire de ce rêve une réalité.

En dehors de la course à pied, Orogot s'est fait une réputation pour son goût pour les chaussettes et dit qu'il se rend généralement à une rencontre avec 15 paires, y compris des paires à l'effigie de Sonic le hérisson, Bob l'éponge et des dessins d'Avengers. « Lorsque je cours à mon plus vite, c'est généralement que je porte mes ailes », a-t-il déclaré à Olympics.com.

Son côté ludique mis à part, la formation d'Orogot l'a amené à se déplacer de l'Ouganda au Kenya puis aux États-Unis. Il a écrit : « Toute la gloire et la louange à toi, Dieu majestueux. »

Marileidy Paulino, République dominicaine

https://www.instagram.com/p/CSZgLCJrYVo/

Contrairement à de nombreux athlètes professionnels qui commencent leur carrière dès l'enfance, Marileidy Paulino, athlète originaire de la République dominicaine, a commencé son parcours à l'âge de 19 ans afin de subvenir aux besoins de sa famille.

Ancienne coureuse pieds nus, Paulino est depuis devenue médaillée d'argent olympique dans l'épreuve individuelle du 400 mètres et dans le relais 4×400 (Tokyo 2020). En outre, elle a remporté trois médailles aux championnats du monde d'athlétisme.

En 2021, Paulino a suscité des commentaires en raison d'un message porté sur ses baskets : « Dieu est mon espérance. Amen. » Plus tard, une image de l'athlète tenant le drapeau de la République dominicaine et la Bible a été l'un des moments les plus marquants des Jeux de Tokyo.

« Je porte la Bible sur moi parce que j'ai foi en Dieu, qui m'a permis d'obtenir cette médaille », a-t-elle expliqué. « Je le dédie au peuple dominicain et je l'exhorte à croire en Dieu, car lui seul est notre espoir. »

Yemisi Magdalena Ogunleye, Allemagne

https://www.instagram.com/p/C84d1JXIA1H/

Yemisi Ogunleye est une athlète allemande spécialiste du lancer du poids dont le compte Instagram déclare avec audace : « PAS MOI, MAIS JÉSUS EN MOI. » Ogunleye a remporté une médaille d'argent lors des Championnats du monde en salle en début d'année, en effectuant un lancer égal à son propre record personnel de 20,19 mètres (66,24 pieds), et a également remporté l'argent dans deux autres compétitions européennes, ainsi que le bronze aux Championnats d'Europe.

La foi d'Ogunleye l'a portée à travers les blessures et les succès. « Avec ou sans médaille, j'ai de la valeur. »

Ogunleye est la fille d'un père nigérian et d'une mère allemande et a déjà parlé de son expérience des comportements racistes. Néanmoins, elle est restée fidèle à Dieu et à l'appel qu'il lui a adressé. « Sachant que Dieu a préparé un chemin, toute la gloire revient à Jésus », a-t-elle déclaré.

Haltérophilie

David Liti, Nouvelle-Zélande

https://www.instagram.com/p/C4H9OM3Ln8M/

Après une saison 2017 décourageante, David Liti a décroché la médaille d'or aux Jeux du Commonwealth de Gold Coast 2018 en soulevant un total combiné de 403 kilogrammes, un record. Choqué par cette victoire, il a pleuré sous la douche pendant une heure, en demandant à Dieu ce qu'il essayait de lui dire.

L'athlète kiwi et tongien s'est rendu compte qu'il n'était jamais seul. « Dieu m'a donné tous ces défis pour que je puisse être meilleur, pour que je puisse venir et être prêt pour le jour où je gagnerai », a-t-il déclaré.

Liti a ensuite participé à la compétition de Tokyo, se classant cinquième en haltérophilie dans la catégorie des 109 kilos. Pour les prochains jeux, le jeune homme de 27 ans a dit en plaisantant qu'il espérait être reconnu comme un « mangeur professionnel de croissants » pendant son séjour parisien. Il a également déclaré : « J'ai la chance de faire ce que j'aime à mon plein potentiel et je suis impatient de me trouver sur place pour représenter tous ceux qui ont fait partie de ce voyage. »

Traduit par Jonathan Hanley

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Books
Review

Résoudre le problème des abus spirituels dans l’Église est simple — en théorie

Les propositions de Michael Kruger ne sont pas spécialement révolutionnaires, mais elles nous invitent à la vigilance et à quelques efforts.

Christianity Today July 19, 2024
Illustration de Mallory Rentsch/Source Images : Pexels

Les abus spirituels sont loin d’être un phénomène nouveau. De récents scandales impliquant des responsables chrétiens de premier plan ont néanmoins remis cette réalité sur le devant de la scène.

Bully Pulpit: Confronting the Problem of Spiritual Abuse in the Church

Bully Pulpit: Confronting the Problem of Spiritual Abuse in the Church

Zondervan

192 pages

$14.29

Dans un bon mélange de fondements bibliques et d’applications pratiques, Bully Pulpit: Confronting the Problem of Spiritual vient alimenter les débats émergeant dans ce contexte.

Le nom de Michael Kruger n’est pas celui que l’on s’attendait à voir sur la couverture d’un livre traitant des abus spirituels. L’homme est plutôt connu comme spécialiste — très respecté — du Nouveau Testament et du christianisme primitif. Mais des cas d’abus spirituels portés à sa connaissance l’ont poussé, en tant qu’enseignant et président de séminaire, à se pencher sur ces questions délicates. « Parfois », souligne-t-il, « on ne fait pas les choses parce qu’on le veut, mais parce qu’elles doivent être faites. »

L’ouvrage ne s’adresse pas en premier lieu à des responsables abusifs. Il s’adresse d’abord aux églises et aux organisations paraecclésiales qui recrutent et soutiennent des responsables dont les pratiques s’opposent aux idéaux décrits dans les Écritures et dont le leadership, sous des dehors orthodoxes, déforme ou ignore les préceptes du Nouveau Testament.

Ce qu’est l’abus spirituel et ce qu’il n’est pas

Dès le début du livre, Kruger reconnaît les malentendus potentiels liés au terme d’abus spirituel. Un péché commis par un responsable n’est pas forcément un abus spirituel. Une offense ressentie par un membre non plus. L’abus spirituel ne doit pas être confondu avec le fait de dénoncer le péché de quelqu’un ou d’initier une démarche de discipline, ni avec certaines autres pratiques légitimes d’accompagnement pastoral,

Pour éviter les malentendus, d’autres termes ont été proposés par le passé. Dans un ouvrage de 1868 intitulé The Church of Christ, le théologien écossais James Bannerman utilisait, par exemple, « tyrannie spirituelle » ou « oppression spirituelle ». Ces expressions décrivaient des schémas que nous identifions aujourd’hui comme des abus spirituels.

Mais pour Kruger, même s’il est parfois mal compris, le terme abus spirituel ne doit pas être abandonné. Il faut juste le définir clairement. Sa définition est d’ailleurs au cœur de Bully Pulpit et mérite d’être citée dans son intégralité : « L’abus spirituel se produit lorsqu’un responsable spirituel — tel qu’un pasteur, un ancien ou responsable d’une organisation chrétienne — exerce son rôle d’autorité spirituelle de telle manière qu’il manipule, domine, malmène et intimide ceux qui dépendent de lui afin de protéger son propre pouvoir et son contrôle, même s’il est convaincu que ses objectifs sont dictés par la Bible et la recherche du Royaume de Dieu. »

Kruger prend soin non seulement de définir ce qu’est l’abus spirituel, mais aussi de souligner ce qu’il n’est pas. Bien que l’abus spirituel soit parfois lié à des maltraitances physiques, sexuelles ou émotionnelles, il ne doit pas être confondu avec celles-ci. Il peut parfois être délicat de le distinguer de traits de personnalité intimidants, inamicaux ou involontairement insensibles. Mais l’amour de l’Église oblige néanmoins chaque chrétien à veiller à la sainteté de celle-ci en identifiant et en affrontant les comportements abusifs.

Dans les premiers chapitres du livre de Kruger, presque tous les exemples semblent provenir de mégaéglises très médiatisées, ce qui pourrait involontairement donner l’impression que l’abus spirituel se produit principalement dans ces contextes. Cependant, lorsque Kruger passe aux conseils pratiques, on voit clairement que ces maltraitances ne sont pas moins fréquentes dans les petites communautés et les églises stagnantes que dans les mégaéglises en pleine croissance.

L’autorité n’est pas le problème

La solution aux abus spirituels n’est pas d’édulcorer l’autorité au sein de l’organisation ecclésiale. Comme le souligne Kruger, « la Bible ne résout pas le problème de l’abus d’autorité en éliminant toute autorité ». L’abus spirituel existe précisément « parce que l’autorité spirituelle est une réalité ». Pour défendre ce point de vue, Kruger se tourne vers les Écritures. Partant du premier péché de l’humanité, il passe par les échecs d’Eli en tant que prêtre et d’Israël qui demande un roi, avant d’en venir aux paroles de Jésus et de ses apôtres. De ce panorama résulte une vision profondément biblique des manières appropriées d’exercer l’autorité au sein du peuple de Dieu. Et cette vision nous encourage à reconnaître que, comme le dit Kruger, « Dieu demandera des comptes non seulement aux mauvais bergers, mais aussi à ceux qui les protègent et leur donnent des moyens d’agir ».

Kruger est ouvertement complémentarien, estimé que Dieu a réservé des rôles distincts et complémentaires aux hommes et aux femmes. Il n’est cependant pas aveugle à la façon dont les dirigeants abusifs déforment le complémentarisme biblique. Dans ces situations d’abus, une femme peut être poussée à suivre ce que veut un leader masculin, non seulement en raison de la position que celui-ci occupe dans son église, mais aussi du simple fait qu’elle est une femme. Kruger refuse, à juste titre, d’excuser de telles applications erronées de la théologie complémentarienne. Cette volonté qu’il a de remettre en question ceux d’entre nous qui partagent ces convictions renforce son argumentation.

Prévention, redevabilité et protection

Bully Pulpit offre une liste concise des tactiques qu’un pasteur abusif peut employer pour éviter de devoir rendre des comptes. Le livre aborde aussi de manière sensible les différents impacts qu’un abus spirituel peut avoir sur les victimes. Et il propose des solutions. Si celles-ci ne sont pas surprenantes, on ne peut pas non plus prétendre qu’elles soient simples à suivre consciencieusement. Les stratégies proposées par Kruger consistent notamment à empêcher les leaders abusifs d’accéder à des positions d’autorité, à leur demander d’assumer la responsabilité de leurs actes et à limiter leur pouvoir. L’auteur insiste aussi sur la protection et la prise en charge des personnes qui dénoncent des abus spirituels. Il termine son livre en demandant aux responsables d’église de veiller sur eux-mêmes afin de ne pas tomber dans ces travers.

L’une des sections les plus utiles du livre décrit la manière dont un responsable abusif peut manipuler les gens au moyen d’expressions partielles — et généralement très émotionnelles — de remords apparents. En confessant juste ce qu’il faut d’inconduite pour susciter la sympathie ou pour faire naître l’espoir qu’il regrette sa façon d’agir, la personnalité abusive peut réussir à préserver sa position d’autorité. Chuck DeGroat, pasteur et éminent auteur d’ouvrages sur les abus spirituels, parle de tactiques de « fausse vulnérabilité ».

Les recommandations de Kruger en matière de prévention, de responsabilisation et de protection ne sont pas révolutionnaires. Il s’agit de choses simples dont la mise en œuvre nécessite cependant du temps, des efforts et de la vigilance. Mais ce sont aussi des réponses profondément bibliques au problème de l’abus spirituel. L’une des forces de Bully Pulpit est d’ailleurs sa simplicité. Kruger est un érudit, mais il a réussi à produire un livre concis et bien illustré, y compris par ses références à Harry Potter, Star Wars et Le Seigneur des Anneaux. Un profane peut donc facilement y trouver son compte.

Quand la personne abusive est aussi le fondateur

La simplicité et la concision de ce livre sont parmi ses plus grands atouts, mais cela signifie aussi que toutes les questions ne sont pas couvertes. Il aurait été utile d’au moins mentionner certaines dynamiques courantes.

Pour ne citer qu’un exemple, dans plusieurs des cas très médiatisés mentionnés tout au long du livre, le pasteur abusif était également le pasteur fondateur de son église. Kruger reconnaît l’importance d’empêcher qu’un responsable spirituellement abusif ne devienne pasteur d’une église. Mais que se passe-t-il lorsque c’est le pasteur fondateur qui a ce profil ? Dans de tels scénarios, les membres du personnel et les membres peuvent être enclins à tolérer des comportements abusifs non pas parce qu'ils craignent l'abuseur, mais parce qu'ils craignent ce qui arrivera à l'église si le leader fondateur perd sa place.

Il est peu probable que les gens affrontent l'abus spirituel s'ils pensent que l'abuseur est nécessaire à la survie de l'église. C’est un peu comme hésiter à retirer un organe malade du corps parce que l’on a l’impression que, sans lui, la vie ne sera plus possible. Et il arrive que l'église ait été tellement construite autour de la vision d'un pasteur fondateur qu'elle ne survivra en effet pas sous la même forme après le départ de celui-ci.

Malgré cette lacune, le livre de Kruger reste très appréciable et servira assurément les églises dans les années à venir. L’orientation biblique et théologique de Bully Pulpit offre un équilibre particulièrement utile lorsqu’il est lu en parallèle avec des ouvrages plus axés sur la psychologie comme le When Narcissism Comes to Church: Healing Your Community from Emotional and Spiritual Abuse, de Chuck De Groat.

Plusieurs scandales récents nous obligent à regarder en face à la question des abus spirituels dans l’Église. Kruger nous appelle à admettre le problème et équipe les églises avec de quoi faire les premiers pas en vue d’un changement durable.

Timothy Paul Jones est titulaire de la chaire C. Edwin Gheens de ministère de la famille chrétienne et président du département d’apologétique, d’éthique et de philosophie au Southern Baptist Theological Seminary.

Traduit par Anne Haumont

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« Prêt à ouvrir tes portes… et tes toilettes ? »

Les évangéliques français travaillent ensemble pour témoigner de Jésus aux Jeux olympiques de 2024.

Christianity Today July 19, 2024
Illustration de Blake Cale

Pour beaucoup d’habitants de Paris, les Jeux olympiques d’été sont source de préoccupation. En effet, bien que les épreuves de la 33e Olympiade ne soient pas prévues avant la fin du mois de juillet, les Parisiens se préparent depuis le printemps.

Les prix des tickets de métro vont doubler, et certains se demandent si le système peut gérer l’afflux attendu de 16 millions de personnes. Les logements pour étudiants ont été réquisitionnés pour accueillir le personnel chargé de l’organisation des Jeux olympiques. Diverses inquiétudes touchent également la Seine, les bâtiments, les travaux nécessaires pour rendre la ville accessible aux athlètes paralympiques, et même la vulnérabilité face à une éventuelle attaque terroriste.

Le soutien des Français aux Jeux olympiques a chuté de 11 points au cours des deux dernières années ; dans la région autour de la capitale, seule une personne sur cinq déclare aujourd’hui que la tenue des Jeux olympiques à Paris est « une très bonne chose ». Quarante-quatre pour cent la voient d’un mauvais, voire très mauvais œil.

Matthew Glock n’en fait pas partie.

« Je vois les Jeux olympiques comme un catalyseur », dit cet implanteur d’églises américain qui vit en France depuis plus de 30 ans. « Cela permettra aux églises et aux associations de se réunir et de travailler ensemble pour le bien de la cité. »

Il se trouve être à l’avant-garde de la coordination des chrétiens évangéliques « pour faire rayonner l’amour de Jésus-Christ en paroles et en actes » lors de ce qui reste l’un des plus grands événements sportifs du monde.

Le centre de Paris compte plus de 70 églises évangéliques, auxquelles il faut ajouter tous les groupes non enregistrés qui se réunissent notamment dans des maisons, et les nombreuses autres églises de région parisienne. Seul 1 % de la population française est évangélique, mais cela représente tout de même plus de 745 000 personnes.

La plateforme Ensemble2024 a été lancée à la fin de l’année dernière pour les réunir autour des Jeux. Cette initiative de coordination évangélique travaille avec une vingtaine d’organisations, dont des ministères auprès des sportifs, des ministères de ressources chrétiennes, d’évangélisation, des ministères auprès des étudiants ou encore engagés dans la musique. Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF), qui représente environ 70 % des évangéliques français, est également impliqué, de même qu’un certain nombre d’organisations évangéliques internationales, dont Jeunesse en Mission, Operation Mobilisation, International Mission Board et Greater Europe Mission.

« Nous créons un cadre qui soutient les initiatives en cours », nous explique Matthew Glock, « afin de mieux servir notre ville ».

L’initiative rassemble toutes sortes d’événements, des compétitions sportives amicales aux soirées de projection en passant par un concert de cantiques dans une église « à un jet de pierre du principal complexe sportif intra-muros ». Des aumôniers seront à la disposition des participants et des athlètes chrétiens pourront partager leur témoignage.

Il n’y aura cependant pas d’évangélisation directe. Ensemble2024 s’est engagé à ne pas faire de prosélytisme afin d’éviter toute controverse dans la France laïque.

Les évangéliques, qui ont soutenu l’introduction de la laïcité en 1905, se sont depuis parfois sentis visés par des autorités qui se méfient de toute manifestation religieuse plus fervente qu’un catholicisme de tradition. Il y a quelques années, un ministre du gouvernement avait déclaré que les autorités devaient surveiller de près les évangéliques, affirmant sans preuve qu’ils recevaient beaucoup de fonds étrangers. Une autre avait renchéri et affirmé faussement que les évangéliques exigeaient également que les gens fassent certifier leur virginité avant le mariage.

La CNEF a soulevé des inquiétudes sur la liberté religieuse dans le pays, y inclut la liberté d’évangéliser, auprès des Nations unies. La faîtière voit dans les Jeux olympiques l’occasion de démontrer que les évangéliques n’ont rien d’une nuisance pour la société française. Au contraire, le CNEF a voulu affirmer dans un communiqué officiel que les chrétiens sont en plein accord avec les valeurs des Jeux : l’amitié, le respect, l’excellence, la détermination, l’égalité, l’inspiration et le courage.

Les organisateurs d’Ensemble2024 espèrent démontrer leur engagement à l’égard de ces valeurs communes lorsqu’ils seront au service de la population pendant cet été. Ils tenteront de montrer Jésus aux gens plus qu’ils ne parleront de lui.

« [N]ous sommes là pour apporter une réelle bienveillance dans la société, une réponse aux besoins, », peut-on lire sur le site d’Ensemble2024.

Le groupe de coordination espère promouvoir des initiatives évangéliques pour aider les sans-abri, sensibiliser à la prostitution et au trafic sexuel, et prendre soin de l’environnement avec des campagnes de ramassage des ordures et de recyclage.

Certaines églises pourraient fournir des traducteurs, avec des badges portant la mention « Je parle ____ », pour aider les nombreux touristes qui ne parlent pas couramment le français ou l’anglais. D’autres, situées sur les principales voies piétonnes, mettront leurs installations à la disposition des nombreux touristes de la ville.

Un article du site Ensemble2024 pose la question : « Prêt à ouvrir tes portes… et tes toilettes ? » « La France fait face à de vrais enjeux au niveau logistique : permettre à de nombreux visiteurs, pendant les Jeux en été 2024, d’avoir accès à des toilettes, des points d’eau, des possibilités de transport pour les athlètes, etc. En tant que chrétien, nous voulons avant tout être là pour aider […] »

Si la mise à disposition de toilettes propres et de produits d’hygiène féminine témoignera de l’amour du Christ aux visiteurs internationaux, d’autres actions s’adressent plus particulièrement aux Français.

L’Alliance biblique française, par exemple, a publié une édition du Nouveau Testament intégrant les témoignages de 16 personnalités sportives, dont le champion de handball français Joël Abati et la sprinteuse américaine Allyson Felix.

Ce Nouveau Testament a été publié dès avril afin d’encourager globalement plus de Français à lire la Bible. L’Alliance travaille avec le Syndicat des libraires de littérature religieuse et a organisé plusieurs événements en mars — le « mois de la Bible » en France — et en avril.

« Nous voulions avoir une parole vis-à-vis de nos contemporains, de la population française », explique Nicolas Fouquet, chef de projet de l’Alliance biblique, « pour s’adresser à nos voisins plus qu’aux touristes étrangers. »

Les efforts déployés par les évangéliques pour se coordonner et éviter de se marcher sur les pieds ont été réels. Certains ministères ont même pris la décision de se retirer pour laisser la place à d’autres.

« Nous prenons une pause officieuse d’un an parce que nous avons encouragé nos associations membres à s’associer pleinement à Ensemble2024 », rapporte Tom Hawkins, qui travaille avec Go+ France, un ministère actif dans le domaine du sport. « Nos efforts sont donc coordonnés et ne sont pas en concurrence les uns avec les autres. »

Il espère que les Jeux olympiques jettent les bases d’un grand nombre d’opportunités de service à l’avenir. Le fait de voir différents groupes chrétiens se réunir lui donne de l’espoir quant à la future coopération entre évangéliques en France.

« Go+ et ses membres pourront profiter de l’héritage des partenariats créés pour les Jeux », estime-t-il

Héritage est justement l’un des mots clés des organisateurs des Jeux olympiques. Ils souhaitent en effet faire le lien entre les Jeux de 2024 et ceux de 1924, qui s’étaient également déroulés à Paris, et convaincre les Parisiens que le travail d’organisation et tous les inconvénients liés en vaudront la peine à long terme.

De nombreux habitants de la capitale française ne sont pas convaincus. Mais les évangéliques qui s’associent pour saisir les opportunités offertes par ces jeux comptent bien sur des fruits durables.

« D’un point de vue spirituel », dit Matthew Glock, « nous avons à cœur de considérer tout ce que nous faisons dans l’optique de l’héritage que nous laisserons. »

Kristen Vonnoh est reporter indépendante en France.

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