Le 26 juin 2000, la chaîne ABC diffusait un documentaire intitulé The Search for Jesus (« À la recherche de Jésus »). Le présentateur principal de la chaîne, Peter Jennings, interviewait des spécialistes libéraux et conservateurs du christianisme primitif sur ce que nous pouvons historiquement connaître de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus. La série se terminait par une affirmation frappante de Paula Fredriksen, spécialiste du Nouveau Testament, qui n’est pas chrétienne elle-même.
The Bedrock of Christianity: The Unalterable Facts of Jesus' Death and Resurrection
Lexham Press
272 pages
$13.49
Commentant les apparitions de Jésus après la Résurrection, la chercheuse déclare :
Je sais que, selon leurs propres termes, ce qu’ils ont vu, c’est Jésus ressuscité. C’est ce qu’ils disent, et toutes les preuves historiques que nous avons ensuite attestent de leur conviction que c’est ce qu’ils ont vu. Je ne dis pas qu’ils ont vraiment vu Jésus ressuscité. Je n’étais pas là. Je ne sais pas ce qu’ils ont vu. Mais je sais, en tant qu’historienne, qu’ils ont dû voir quelque chose.
Elle admet, en d’autres termes, que les meilleures preuves historiques disponibles confirment que des disciples de Jésus comme Marie-Madeleine, son frère Jacques, Pierre et ses autres disciples, et même un adversaire (Paul) étaient absolument convaincus que le crucifié Jésus leur était apparu vivant, ressuscité des morts.
Paula Fredriksen n’est pas la seule à penser que ces disciples ont dû voir quelque chose. Pratiquement tous les spécialistes de la Bible à travers le monde occidental, quelle que soit leur appartenance religieuse, s’accordent à dire que les premiers disciples de Jésus croyaient qu’il leur était apparu vivant. Ainsi est née la plus grande religion du monde. À la suite de ces apparitions, des pêcheurs juifs ont commencé à proclamer aux foules de Jérusalem que « Dieu a ressuscité ce Jésus, et nous en sommes tous témoins » (Actes 2.32). Deux mille ans plus tard, le message de la mort et de la résurrection de Jésus est proclamé par des milliards de chrétiens dans presque toutes les nations et presque toutes les langues de la planète.
Qu’ont vu tous ces témoins ?
Une confession fondatrice
Selon la source la plus ancienne dont nous disposons sur la mort et la résurrection de Jésus, une perle que l’on trouve dans 1 Corinthiens 15, Jésus est apparu à de multiples individus et groupes, et à au moins un opposant. Selon la quasi-totalité des spécialistes, cette tradition crédible remonte à moins de cinq ans après la mort de Jésus. Grâce à cette source, nous pouvons remonter jusqu’aux premières années du mouvement chrétien à Jérusalem, jusqu’à la confession fondatrice des premiers disciples de Jésus.
Voici ce que dit Paul dans 1 Corinthiens 15.3-8 :
Je vous ai transmis avant tout le message que j’avais moi aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures ; il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures. Ensuite il est apparu à Céphas, puis aux douze. Après cela, il est apparu à plus de 500 frères et sœurs à la fois, dont la plupart sont encore vivants et dont quelques-uns sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Après eux tous, il m’est apparu à moi aussi, comme à un enfant né hors terme.
Ce catalogue d’apparitions du Ressuscité est sans équivalent dans le Nouveau Testament, et même dans toute la littérature antique. Cette liste nous apprend que Jésus est apparu à trois individus : Céphas (Pierre), son principal disciple, Jacques, son frère, et Paul, son ancien ennemi. Nous lisons également qu’il est apparu à trois groupes : les Douze (les disciples, moins Judas), plus de 500 des premiers disciples et tous les apôtres.
Que Jésus soit apparu à plus de 500 hommes et femmes au même moment est une affirmation vraiment remarquable. Paul met ouvertement sa crédibilité en jeu lorsqu’il affirme que la plupart d’entre eux sont encore en vie. Après tout, que fait-il d’autre que d’inviter les membres de l’Église de Corinthe à se rendre à Jérusalem et à parler à ces témoins, afin d’enquêter eux-mêmes sur ce qu’ils ont expérimenté en voyant Jésus ressuscité ? On constate donc que de solides témoignages oculaires d’apparitions de Jésus ressuscité étaient tout à fait accessibles dans les décennies qui ont suivi sa résurrection. Comme l’observait G. K. Chesterton dans L’Homme qu’on appelle le Christ, « C’est le genre de vérité qui est difficile à expliquer, parce qu’il s’agit d’un fait ; mais c’est un fait à propos duquel nous pouvons faire appel à des témoins. »
Marie-Madeleine figure également sur la liste des principaux témoins oculaires, car elle aussi pouvait aisément être interrogée sur son expérience de Jésus ressuscité. Comme l’écrit Bart D. Ehrman, spécialiste agnostique du Nouveau Testament, dans How Jesus Became God, il est « significatif que Marie-Madeleine jouisse d’une telle proéminence dans tous les récits évangéliques de la résurrection, alors qu’elle est pratiquement absente partout ailleurs dans les Évangiles. Elle n’est mentionnée que dans un seul passage de tout le Nouveau Testament en relation avec Jésus pendant son ministère public (Luc 8.1-3), et pourtant elle est toujours la première à annoncer que Jésus est ressuscité. Pourquoi en est-il ainsi ? Une explication plausible est qu’elle aussi a eu une vision de Jésus après sa mort. » Marie-Madeleine a eu le grand honneur d’être non seulement la première à voir Jésus ressuscité, mais aussi la première personne de l’histoire à proclamer : « J’ai vu le Seigneur ! » (Jean 20:18).
Quoi que ces témoins aient vu, cela a transformé leur vie au point d’être prêts à souffrir et à mourir pour cela. Dans 2 Corinthiens 11.23-33, Paul relate ses souffrances quasi quotidiennes en raison de sa conviction que Jésus lui est apparu. Il a été battu, emprisonné, lapidé, affamé, perdu en mer, et se trouvait jour après jour exposé à toutes sortes de dangers lors de ses voyages dans l’Empire romain.
Nous possédons également des preuves historiques solides que certains témoins oculaires clés ont été martyrisés pour leur foi. Pierre, par exemple, a été crucifié. Jacques a été lapidé. Paul a été décapité. Quoi qu’ils aient vu, cette vision valait la peine qu’ils donnent leur vie. Ils ont scellé leurs témoignages de leur sang.
La baguette magique de l’« hystérie collective »
Afin d’expliquer ces apparitions, certains chercheurs ont émis l’hypothèse que les témoins oculaires avaient simplement été victimes d’hallucinations.
Dans son excellent livre Resurrecting Jesus, Dale Allison, spécialiste du Nouveau Testament, passe en revue les études scientifiques et la littérature disponibles sur les hallucinations. Dans les cas documentés, conclut-il, quatre choses ne se produisent pas (ou rarement). Premièrement, les hallucinations sont rarement vécues par plusieurs individus et groupes sur une période de temps prolongée. Deuxièmement, les hallucinations touchent rarement les grands groupes, en particulier les groupes de plus de huit personnes. Troisièmement, des hallucinations n’ont jamais conduit à affirmer qu’un mort était ressuscité. Et quatrièmement, les hallucinations ne touchent pas un adversaire de la personne concernée. (Nous pourrions également ajouter le fait que les hallucinations ne sont généralement pas connues pour lancer des religions ou mouvements mondiaux).
Pourtant, dans le cas des apparitions de Jésus après sa résurrection, chacune de ces situations rares ou apparemment impossibles s’est produite.
Allison résume énergiquement ses conclusions : « Tels semblent être les faits, et ils soulèvent la question de savoir comment nous devons les expliquer. Les tenants de la foi affirment que ces apparitions de Jésus doivent, compte tenu des rapports qui en sont faits, avoir été objectives. Une personne peut avoir des hallucinations, mais douze en même temps ? Et des dizaines sur une longue période de temps ? Ces questions sont légitimes, et ce n’est pas en brandissant la baguette magique de l’“hystérie collective” qu’on les fera disparaître. »
Un agnosticisme prudent
La seule autre réponse proposée par les chercheurs compétents qui s’attaquent à ce solide dossier historique consiste en diverses variantes de « je ne sais pas ». Tout comme Paula Fredriksen, le célèbre spécialiste du Nouveau Testament E. P. Sanders adopte lui aussi cette approche d’agnosticisme prudent lorsqu’il écrit, dans The Historical Figure of Jesus : « Que les disciples de Jésus (et plus tard Paul) aient eu des expériences de la Résurrection est, à mon avis, un fait. Quelle était la réalité qui a donné lieu à ces expériences, je ne le sais pas. »
Jordan Peterson, populaire professeur de psychologie à l’Université de Toronto, se situe également dans cette catégorie. Il ne peut ni affirmer ni rejeter l’historicité de la résurrection de Jésus. Lorsqu’on lui a demandé directement si Jésus était littéralement ressuscité des morts, il a répondu : « Je devrais y réfléchir pendant encore trois ans avant de me risquer à donner une réponse autre que celle que j’ai déjà donnée ».
La position de l’agnosticisme prudent me paraît respectable. Même les premiers apôtres n’ont pas cru à la résurrection lorsque les femmes leur en ont parlé pour la première fois (Luc 24.8-11). Pourtant, si quelqu’un comme Peterson, avec un esprit et un cœur ouverts, suit les preuves là où elles mènent, je suis convaincu qu’il aboutira aux pieds de Jésus ressuscité, proclamant avec Thomas, « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20.28).
Convaincre Horatio
La nature extraordinaire de la résurrection de Jésus me rappelle ma scène préférée dans le Hamlet de Shakespeare. La pièce s’ouvre sur le « prodige bien étrange » des apparitions du père mort d’Hamlet à Bernardo et Marcellus, puis à Horatio, l’ami d’Hamlet. Horatio est le sceptique du groupe. Dans un échange entre eux, Hamlet questionne son incrédulité face au surnaturel :
Horatio : Nuit et jour ! Voilà un prodige bien étrange !
Hamlet : Donnez-lui donc la bienvenue due à un étranger.
Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio,
Qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie
À travers Hamlet, c’est Shakespeare qui nous invite à nous attendre à l’inattendu. Accueillez l’étrange et l’extraordinaire. C’est en effet un étrange prodige que le fantôme du père d’Hamlet apparaisse à des gens, mais ne le rejetez pas pour cette seule raison. Votre philosophie doit être assez large pour le surnaturel. Il se passe plus de choses dans notre monde merveilleux (et au-delà) que vous ne pouvez l’imaginer. Si votre philosophie n’est pas assez large et ouverte pour inclure le miraculeux et l’extraordinaire, alors vous avez besoin d’une nouvelle philosophie.
Nous devrions être ouverts aux récits miraculeux du monde antique et des temps modernes. Nos philosophies devraient faire place à l’inattendu, à l’étrange et à l’extraordinaire. Cependant, la question la plus importante à poser face à toute affirmation de miracle est la suivante : « Quelles sont les preuves ? ».
Nous avons vu que, même du point de vue des chercheurs les plus sceptiques, le poids des documents historiques atteste que de nombreux individus et groupes ont cru voir Jésus ressuscité. Toutes les preuves que nous avons suggèrent que ces témoins oculaires étaient dignes de confiance et honnêtes. Pourquoi ne pas les croire ?
Et si cela ne convainc pas nos Horatios modernes, allons plus loin, en convoquant les Douze et les plus de 500 personnes qui ont vu le Messie ressuscité.
Il serait même possible de sortir du cadre du premier siècle et d’explorer comment la foi en la résurrection a jeté les bases de toute la civilisation occidentale, inspirant certains des plus grands chefs-d’œuvre artistiques, littéraires, musicaux, cinématographiques, philosophiques, moraux et éthiques que le monde ait jamais connus. Tout cela repose-t-il sur un mensonge ?
Et si ce n’est pas encore suffisant, que nos Horatios considèrent les milliards de personnes qui, aujourd’hui dans le monde, témoignent de la façon dont le Christ vivant a transformé leur vie. Parmi elles se trouvent des géants de la pensée qui se sont convertis au christianisme à partir de toutes les religions existantes (ou de l’athéisme et de l’agnosticisme). En Christ, ils ont trouvé tous les trésors de la sagesse et de la connaissance.
Le jour de Pâques, ces milliards de personnes proclament le même message que les apôtres proclamèrent le jour de la Pentecôte : « Dieu a ramené ce Jésus à la vie, et nous en sommes tous témoins. »
Aujourd’hui plus que jamais, dans ce monde sombre et rongé par bien des maux, votre famille, vos amis et vos voisins cherchent l’espoir. Le Christ vivant est notre seule espérance à tous. Avant que Pâques ne se perde dans la frénésie de la vie quotidienne, posez la question à votre voisin : Qu’ont vu (ou qui ont vu) tous ces témoins ?
Ils ont vu l’espérance incarnée, la nouvelle création, la vie dans sa plénitude, Dieu dans la chair.
Il s’agit en effet d’un bien étrange prodige ! Encouragez vos amis non croyants à ne pas s’arrêter à « je ne sais pas ». Puissent-ils accueillir Jésus ressuscité.
Justin Bass est professeur de Nouveau Testament au Jordan Evangelical Theological Seminary à Amman, en Jordanie. Il est l’auteur de The Bedrock of Christianity : The Unalterable Facts of Jesus’ Death and Resurrection (Lexham Press) et The Battle for the Keys: Revelation 1:18 and Christ's Descent into the Underworld (Wipf and Stock).
Traduit par Léo Lehmann
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