Le président Donald Trump a gagné 1,3 million de dollars grâce à la vente de bibles en 2024.
Tandis que les États-Unis se préparaient vendredi dernier à des manifestations d’ampleur et à un défilé militaire à l’occasion de l’anniversaire de l’armée américaine, la Maison-Blanche a publié des déclarations financières. Le rapport de 234 pages, couvrant les 12 mois précédant l’investiture de Trump, montre que sa fortune a fortement augmenté durant sa campagne pour la présidence.
Trump a gagné 57,4 millions de dollars en tant qu’« avocat en chef des cryptomonnaies » et « source d’inspiration » pour une entreprise de cryptomonnaie fondée en 2024, en plus d’autres sources de revenus plus traditionnelles, comme les 50 millions de dollars provenant de son complexe de golf de Mar-a-Lago à Palm Beach (Floride), et les 20,8 millions de dollars issus du Trump National Golf Club Washington, DC, à Potomac Falls (Virginie). Le président a déclaré un total d’actifs d’environ 1,6 milliard de dollars et un revenu annuel de 600 millions.
Une partie de ce revenu provient de son soutien à la bible « God Bless the USA ».
Trump s’était associé à la production de cette bible autour de Pâques 2024, peu après qu’un tribunal de l’État de New York avait menacé de saisir ses biens s’il ne parvenait pas à verser une caution de 175 millions de dollars, le temps de faire appel de sa condamnation dans une affaire de fraude civile.
« Cette bible nous rappelle que la chose la plus importante pour ramener l’Amérique à elle-même et la rendre à nouveau grande, c’est notre religion », déclarait Trump dans une vidéo promotionnelle. « Nous devons protéger les contenus favorables à Dieu. Nous aimons Dieu. Et nous devons protéger tout ce qui soutient Dieu. Nous devons défendre Dieu dans l’espace public et ne pas permettre aux médias ou aux groupes de gauche de nous réduire au silence, de nous censurer ou de nous discriminer. »
La bible « God Bless the USA » utilise la version King James et inclut une reproduction manuscrite du refrain de la chanson « God Bless the USA », de la main du chanteur country Lee Greenwood, qui déclare en anglais : « Je suis fier d’être un Américain, là je sais que je suis libre. Et je n’oublierai pas ceux qui sont morts, qui m’ont acquis ce droit. » Elle contient également la Constitution des États-Unis, la Déclaration des droits, la Déclaration d’indépendance et le Serment d’allégeance.
Elle est vendue au prix de 59,99 dollars. Les éditions soutenues par Trump, dont l’« Inauguration Day Edition », la « Presidential Edition » et la « Golden Age Edition », sont proposées à 99,99 dollars.
Selon l’agence Associated Press, ces bibles sont imprimées à Hangzhou, en Chine, pour environ 3 dollars l’unité. Les livres religieux sont exempts de droits de douane à l’importation depuis la Chine, a précisé l’administration des douanes américaines.
Plusieurs éditions, dont une commémorant la survie de Trump à une tentative d’assassinat à Butler, en Pennsylvanie, sont aujourd’hui en rupture de stock.
Trump n’a pas révélé combien il gagne par exemplaire vendu. Les droits de publication sont versés à une société de licences appelée CIC Ventures. Dans sa déclaration financière, Trump est désigné comme directeur, président, secrétaire et trésorier de cette société. CIC Ventures utilise aussi la marque Trump pour vendre des montres, des baskets et des guitares.
Tim Wildsmith, pasteur baptiste à Nashville et critique de bibles sur YouTube, estime que la « God Bless the USA Bible » semble de fabrication médiocre.
« Je m’attendrais à ce que cette bible coûte entre 15 et 20 dollars au maximum », explique-t-il. « Ça me déçoit qu’elle existe, et ça me déçoit que des gens gagnent de l’argent avec ça… Ça ressemble plus à une opération purement mercantile qu’à autre chose. »
Trump n’est pas le premier président à s’associer à une édition des Écritures. Woodrow Wilson et Franklin Delano Roosevelt l’avaient fait eux aussi, mais ces bibles n’étaient pas vendues : elles étaient offertes aux soldats américains partant combattre pendant les Première et Seconde Guerres mondiales.
Trump a déclaré avoir autorisé l’utilisation de son nom pour la « God Bless America Bible » parce que la Bible est son livre préféré, et « le livre préféré de beaucoup de gens ». Pourtant, même parmi ses partisans évangéliques les plus fidèles, certains doutent qu’il l’ait beaucoup lue.
L’auteur Eric Metaxas, par exemple, a écrit que Trump « a manifesté une méconnaissance frappante de la Bible ».
Lors de sa campagne présidentielle de 2015, Trump avait refusé de dire quels étaient ses versets préférés, estimant que la question était trop personnelle. Lors d’une autre interview avec le Christian Broadcasting Network, il avait qualifié la Bible de « grand livre » qu’on peut lire vingt fois en l’appréciant davantage à chaque lecture, ajoutant qu’il en avait beaucoup appris. À titre d’exemple, il avait cité le commandement « Never bend to envy » (« Ne cède jamais à l’envie »).
Cette phrase n’apparaît ni dans la King James Version, ni dans la Revised Standard Version (que Trump a reçue enfant), ni dans aucune grande traduction anglaise. Le journaliste évangélique David Brody pense que Trump a probablement mélangé deux passages. Après vérification auprès de ses équipes, il lui a été précisé que Trump faisait référence à Proverbes 24.1 : « N’envie pas les méchants. »
Brody a argué que, sous un certain angle, l’incapacité de Trump à citer correctement les Écritures pouvait être vue positivement.
« Trump […] ne voulait pas prendre la voie facile et mémoriser simplement quelques versets de la Bible », écrit Brody dans The Faith of Donald J. Trump. « Je lui avais donné quelques-uns de mes versets préférés. Un collaborateur aurait pu en proposer d’autres, et même rédiger quelques phrases à tonalité évangélique pour flatter les oreilles ou désamorcer les critiques. »
Brody ne qualifie toutefois pas Trump de chrétien. Dans son livre, il écrit plutôt : « Donald Trump semble engagé dans un cheminement spirituel qui s’est nettement accéléré ces dernières années. »
La Bible « God Bless the USA » s’est récemment enrichie de plusieurs nouvelles éditions, notamment l’une soutenue par la Première Dame Melania Trump et une autre par le vice-président JD Vance.
Traduit par Camille Westphal Perrier pour Infochrétienne.
