10 façons de renouveler votre lecture biblique

Le besoin de graver les Écritures dans nos cœurs est d’autant plus criant cette année.

Christianity Today April 21, 2021
Neely Wang / Lightstock

Pour nous chrétiens, se tourner vers l’Écriture devrait être une réponse intuitive lorsque nous sommes aux prises avec l'angoisse face au monde dans lequel nous vivons. Pourtant, le rapport annuel State of the Bible 2020 de la société biblique américaine (ABS) révélait une tendance alarmante : à peine 9% des Américains lisaient leur Bible chaque jour en 2019 – la statistique la plus basse depuis une décennie de recherches de l’ABS – et cela n'a fait que diminuer encore au cours des premiers mois de la pandémie. Mais si l'année 2021 en cours devait comporter ne serait-ce qu’un fragment du niveau d’incertitude auquel nous avons été soumis l’année passée, nous avons plus que jamais besoin des Écritures pour nous guider et nous rassurer. Au cours de mes années passées à diriger des études bibliques en présentiel et un groupe de lecture biblique en ligne, j’ai trouvé que nous avions parfois besoin d’idées pratiques pour savoir comment commencer ou se remettre à ouvrir la Bible. Voici dix façons de lire la Bible sous un tout nouvel angle.

1. Ajoutez une nouvelle traduction à votre bibliothèque.

Si vous avez principalement lu une traduction pendant de nombreuses années, trouvez-en une nouvelle. J'ai récemment bousculé un peu les choses en lisant deux versions différentes après avoir été longtemps très fidèle à une traduction familière. Les versets familiers prennent plus de sens à mesure qu’un ou deux mots traduits différemment me donnent à réfléchir. Les bibles en parallèles – affichant deux à quatre traductions côte à côte – sont aussi excellentes pour lire la Bible de cette nouvelle façon.

2. Lisez l’Écriture à haute voix.

Aussi simple que cela puisse paraître, lire la Bible à haute voix peut en fait nous rapprocher de la façon dont les Écritures ont été présentées pour la première fois à leur public d'origine. De nombreuses Églises suivent cette méthodologie et parcourent ainsi la Bible en trois ans. Lorsque nous lisons les Écritures à haute voix, les phrasés sont mis en valeur et nous pouvons mieux sentir le rythme d’un passage (bien que certaines cadences se perdent en raison de la traduction). La lecture commune des Écritures à haute voix en petit groupe peut également ajouter à la variété, et le fait d'entendre différentes intonations, ou même différentes traductions, peut générer de bons échanges sur le choix des mots. La première fois que nous avons essayé cela dans mon groupe d'étude biblique, j’avais choisi Ésaïe 1 : « Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas. Vos mains sont pleines de sang ! » (v.15). La colère et la frustration de Dieu, communiquées par le prophète, ont pris vie pour les femmes du groupe d’une manière beaucoup plus puissante. Pour amplifier encore cette manière de faire, vous pourriez inviter des personnes de diverses confessions et de différentes traditions ecclésiales à lire avec vous.

3. Écoutez la Bible en conduisant, en cuisinant ou en marchant.

Cette méthode est particulièrement efficace pour ceux qui n’ont pas l’habitude de lire ou les personnes qui ont du mal à trouver un créneau horaire régulier pour lire leur Bible chaque jour. Il est extraordinaire de voir à quel point on peut progresser rapidement dans la lecture de la Bible en utilisant une ressource audio. Internet et les applications bibliques permettent l'accès à de nombreuses traductions et même à une variété d'accents, ce qui rend cette méthode particulièrement attrayante pour de nombreuses personnes. En français, plusieurs versions sont disponibles en audio sur le site de YouVersion, mais de nombreux autres enregistrements existent gratuitement en ligne. En anglais, écouter David Suchet sur YouTube , la lecture par Johnny Cash du Nouveau Testament sur Audible ou de Streetlights sur Spotify est une façon amusante de donner un peu d'originalité aux choses. Un avertissement cependant si vous essayez cette méthode : lorsque mon mari et moi avons commencé à écouter des livres audio lors de longs voyages en voiture, j’ai parfois eu du mal à écouter un narrateur sans que mon esprit ne vagabonde. Si vous trouvez que votre esprit dérive, essayez de vous concentrer sur un ou deux points clés du passage.

4. Prenez un an pour lire la Bible chronologiquement.

Il y a plusieurs années, sur la recommandation d’un ami, je me suis procuré une Bible chronologique. Nous avons décidé de la lire conjointement, en invitant d’autres personnes à nous rejoindre dans un groupe Facebook privé. À ce jour, nous lisons la Bible chaque année dans l’ordre dans lequel les spécialistes estiment que les événements se sont produits. Cette méthode a eu un impact majeur sur ma compréhension des Écritures. Des versets et des passages bien aimés sont devenus partie intégrante de l’histoire du plan rédempteur de Dieu pour tout ce qu’il a créé. La lecture des Rois de pair avec la lecture des prophètes, la comparaison des récits des Évangiles entre eux et la mise en lien des événements des Actes des apôtres avec les Lettres aux Églises ont contribué à combler des lacunes dans ma compréhension.

5. Utilisez un commentaire ou des outils d’aide à l’étude.

Utiliser un nouveau commentaire vous aidera à approfondir votre recherche sur le passage ou le livre que vous lisez. Les commentaires vont plus loin qu’une Bible d’étude en offrant plus de contexte historique et culturel, et ils aident à percevoir le récit des Écritures d’une manière holistique. D’autres ressources multimédias, comme She (He) Reads Truth (en anglais), les cours gratuits de la « The Gospel Coalition » (équivalent américain d’Evangile21) ou les vidéos et études de BibleProject (également en français), parmi bien d’autres, peuvent compléter notre lecture quotidienne de la Parole.

6. Lisez un livre entier d'une seule traite.

Si l'idée de lire un livre entier de la Bible vous intimide, essayez de commencer par un livre plus court comme Philippiens. La lecture d’une épître de Paul dans son intégralité offre un aperçu de ce qui se passait dans la ville antique en question à l’époque. Cela nous donne une idée de toutes les personnes que Paul a rencontrées dans ces Églises et à quel point celles-ci étaient similaires aux individus qui peuplent nos propres Églises. J’ai passé un après-midi d’été à lire Marc d'une seule traite et j’ai pu clairement mieux apprécier son sentiment d’urgence pour la diffusion de l’Évangile. Sa passion pour l’évangélisation m'a sauté aux yeux page après page d’une manière nouvelle. Une variante de cette idée est de lire les livres d’un seul auteur à la fois. (Par exemple, pour examiner Jean de plus près, lisez son Évangile, ses trois Lettres et l’Apocalypse.)

7. Utilisez une bible sans versets

Certaines bibles (en anglais "Readers's Bibles") sont proposées sans chapitres ni versets. Ainsi, ces bibles se lisent davantage comme un roman avec une seule colonne de texte et peu d'éléments distrayant le regard. En français, on trouvera par exemple le Nouveau Testament imprimé ainsi, et le site Sola Scriptura donne accès à tous les textes bibliques mis en page de cette manière. Certaines personnes trouvent que ce format les aide à lire plus longtemps. Le texte original ne contenait pas d'espaces, cela permet donc au lecteur d’expérimenter la façon dont les premiers chrétiens lisaient les Écritures. Certains de mes amis qui utilisent ce genre de bible me disent qu'il aiment particulièrement lire la poésie et la prophétie de cette façon.

8. Méditez un psaume par semaine.

Plutôt que de lire un psaume différent chaque jour, choisissez-en un à relire chaque jour pendant une semaine. Au fur et à mesure que vous lisez, prêtez attention aux phrases du psaume qui ressortent et résonnent en vous, vous aidant à mieux ressentir l’émotion de l’auteur. Je lis souvent le Psaume 51 comme prière quotidienne et je suis étonnée de voir quels versets m'interpellent, souvent en fonction de ce qui se passe dans ma propre vie. Je n’ai pas encore trouvé de meilleur moyen de commencer ma journée que de demander à Dieu « O Dieu ! crée en moi un coeur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé » (Ps 51.10).

9. Lisez les paraboles de Jésus les unes après les autres.

Lisez les paraboles de Jésus en omettant le texte entre chaque parabole. Laissez donc le Seigneur être le maître conteur qu’il est. Jésus savait que la meilleure façon de faire comprendre un enseignement spirituel à son public était de lui raconter une histoire. Dans son livre Reading the Bible with Rabbi Jesus, Lois Tverberg souligne que « les paraboles récurrentes de Jésus à propos des pêcheurs et des agriculteurs ne suscitent pas forcément une réponse viscérale en nous, comme elles pouvaient le faire à l'époque dans un monde agraire. » Nous comprendrons mieux les leçons de ces histoires en nous concentrant sur elles. Qui était le public d’origine ? À quoi ressemblait leur vie quotidienne ? En quoi la nôtre est-elle différente ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer et comment appliquer celles-ci au monde d'aujourd’hui ? Prendre en compte les contextes culturels et sociaux dans lesquels se déroulent les paraboles peut nous aider à voir le texte d’une nouvelle manière.

10. Copiez des livres entiers.

Recopier des passages vous aidera à lire la Bible d’une nouvelle façon. Vous constaterez peut-être que des schémas commencent à émerger. Vous pourriez voir comment certains mots ou certaines phrases sont répétés pour les mettre en valeur. Des jours, des mois, voire des années plus tard, vous retrouverez des pages écrites de votre propre main sur lesquelles revenir, vous connectant davantage aux Écritures. J’ai d’abord recopié de cette manière le livre de Jacques. J’ai été frappée de voir à quelle fréquence les paroles de Jacques me renvoyaient aux enseignements de Jésus. Jacques a écrit sur la foi comme mode de vie, et je ne l'avais jamais autant remarqué avant de l'avoir écrit.

La Bible est la Parole inspirée de Dieu pour nous. L'année est déjà bien entamée, mais il n'est pas trop tard pour de nouvelles résolutions dans nos projets de lecture biblique. Puissions-nous nous tourner en premier lieu vers les Écritures. Comme l’a écrit Jen Wilkin : « Les paroles inspirantes des humains sont un substitut dérisoire aux paroles inspirées de Dieu ». Quelle que soit notre situation, la Parole est une source inestimable de réflexions et d’espoir lorsque nous la lisons, l’écoutons et la méditons.

Traci Rhoades est l’auteur de Not All Who Wander (Spiritually) Are Lost. Retrouvez ses écrits sur tracesoffaith.com.

Traduit par Valérie Marie-Agnès Dörrzapf

Adapté par Léo Lehmann

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Books

Alors que le Sénat français vote pour renforcer le contrôle des Églises, les chrétiens protestent sans crainte

Les protestants français sont en profond désaccord avec une nouvelle loi sur le séparatisme, mais n’adoptent pas pour autant une mentalité de victime dans leur défense de la liberté religieuse.

Des policiers français armés montent la garde devant l'Église Saint Augustin à Paris, le 31 octobre 2020, à la suite des attaques terroristes en France.

Des policiers français armés montent la garde devant l'Église Saint Augustin à Paris, le 31 octobre 2020, à la suite des attaques terroristes en France.

Christianity Today April 20, 2021
Kiran Ridley / Getty Images

Lundi soir, le Sénat français, la chambre haute du Parlement, a adopté en première lecture une loi à visée antiterroriste qui inquiète les responsables d'Églises.

Désormais appelé « Loi pour l'affirmation des principes républicains et la lutte contre les séparatismes », le projet de loi – approuvé par 208 voix contre 109 et 27 abstentions – vise à lutter contre le radicalisme islamiste qui a engendré de nombreux attentats sur le sol français ces dernières années.

Cependant, la volonté de l’administration du président Emmanuel Macron de rendre la France plus sûre n’est pas sans incidence sur la liberté de religion, pourtant profondément ancrée dans le pays.

« Le vent a tourné sur la France », a déclaré Clément Diedrichs, directeur général du Conseil national des évangéliques de France (CNEF) qui, d’après une récente étude, représente la moitié des protestants français. Le gouvernement a « clairement acté que nous ne sommes plus dans une société chrétienne ».

« La religion est devenue comme un élément négligeable », observe-t-il, affirmant que les dirigeants du pays n'ont plus aucune envie de protéger l'espace alloué à une quelconque foi.

En février, comme Christianity Today le rapportait, l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, avait adopté une première version du projet de loi. Le résultat des débats du Sénat est une version avec des mesures d'encadrement encore plus strictes, malgré l’intégration de quelques modifications vues comme positives par les responsables chrétiens.

La Fédération protestante de France (FPF), qui regroupe aussi bien des évangéliques que des luthériens ou des réformés historiques, a salué le fait que la proposition de loi du Sénat garantisse les droits des aumôneries, notamment dans les établissements scolaires, bien que le projet de loi interdise tout type de service religieux dans ces établissements. Le projet de loi assure également aux Églises la propriété des bâtiments qui leur sont cédés à titre gratuit ainsi que l'accès aux subventions publiques pour la mise en accessibilité des bâtiments aux personnes à mobilité réduite.

Le CNEF apprécie que le Sénat ait rétabli l'enseignement à domicile comme une option éducative, tout en l'encadrant davantage. Le projet de loi de l'Assemblée nationale envisageait la suppression de la possibilité d'instruire les enfants à domicile.

Le projet de loi sera soumis en mai à une commission mixte paritaire (députés et sénateurs), qui devrait commencer à aplanir les différences entre les deux versions du projet avant un vote final à l'Assemblée nationale en juillet. Le gouvernement devra ensuite publier les décrets qui préciseront les détails de l'application du texte législatif.

Ainsi, alors que la forme finale reste en suspens et que des organismes chrétiens tels que la FPF et le CNEF poursuivent leurs efforts afin de faire mieux prendre en compte leurs positions et font pression pression pour que l'impact de la loi soit moins contraignant, les Églises françaises commencent à se préparer à ce que pourraient être les nouvelles règles.

Les Églises devraient en particulier faire face à des exigences accrues en matière de déclaration auprès du gouvernement et à de nouvelles règles concernant leurs finances, en particulier les financements provenant de l'étranger et le financement des projets de construction. La loi renforcerait également la surveillance par l’administration de la formation des responsables religieux ainsi que la responsabilité légale des dirigeants, proposant des sanctions sévères à l'encontre de tout discours visant à encourager le non-respect des lois.

« Nous passons d'une séparation de l'Église et de l'État fondée sur la liberté à une séparation basée sur le contrôle », a déclaré François Clavairoly, président de la FPF. « La laïcité n'est plus vraiment une laïcité de confiance et d'intelligence, mais une laïcité de défiance, de soupçon et de contrôle ».

Le célèbre principe français de laïcité, qui va au-delà de la notion anglaise de « secularism », a été inscrit dans une loi de 1905 qui a créé une forme spécifiquement française de séparation de l'Église et de l'État. Cette séparation défend et garantit la liberté de religion et assure la neutralité de l’État dans les questions religieuses.

Les chrétiens protestants ont été parmi ceux qui ont fortement plaidé pour la mise en œuvre de cette laïcité à la française. Mais ce principe est aujourd'hui en danger.

Si les chrétiens français soutiennent les efforts du gouvernement pour faire face à la menace de l'islam radical, ils sont troublés par des contraintes qui ne semblent pas relever réellement la lutte contre le terrorisme et qui mettent toutes les religions dans le même panier que la menace de l'extrémisme islamiste.

« Nos sociétés occidentales ont de plus en plus de mal à comprendre le fait religieux et la manière dont elle guide les fidèles dans leur vie en société », affirme F. Clavairoly. « L'idéologie du terrorisme islamiste qui déforme l'islam a encore plus brouillé la compréhension du fait religieux ».

« La pratique religieuse est devenue quelque chose de menaçant pour de nombreux dirigeants politiques. (…) Nous militons pour dire que la religion n'est pas une menace, mais au contraire, une source d’intelligence et de citoyenneté ».

Parmi les nouvelles contraintes figurerait un seuil au-delà duquel le financement étranger des groupes religieux en France nécessiterait des processus compliqués et fastidieux de déclaration et d'approbation. Le seuil actuellement proposé est de 10 000 euros (environ 12 000 dollars américains) par an.

« Nous existons en tant que jeune implantation d'Église grâce à la générosité d'individus et d'Églises ici en France, mais la partie la plus importante des dons provient encore de l'étranger », a déclaré Étienne Koning, pasteur de l'Église Saint-Lazare, une Église parisienne affiliée au réseau Actes 29. Si ce plafond est retenu, « il aura un impact important sur notre vie quotidienne. Il ne sera pas impossible de faire Église, mais cela sera beaucoup plus difficile ».

Selon lui, les autorités n'ont pas compris que, contrairement aux extrémistes qu'elles disent viser, les Églises comme la sienne ont un projet financier clair pour que la générosité venue de l'étranger soit progressivement remplacée par celle de l'Église locale, au fur et à mesure de sa croissance. Le financement étranger de son Église provient d'individus généreux, salariés ordinaires dans leurs pays et non de sociétés privées ou des richesses issues de l’exploitation pétrolière comme c'est souvent le cas pour les mosquées radicalisées dont le gouvernement veut protéger la société française.

E. Koning note que le second impact majeur que son Église anticipe concerne la liberté d’expression et la liberté de conscience avec un contrôle accru de l'État sur le contenu du message. « Je sais que cela sonne un peu comme ce que l’on entend à propos de la Chine », dit-il, reconnaissant que ce qui est proposé en France ne se situe pas du tout à ce niveau. Il s'inquiète néanmoins de voir la volonté de l’État de « contrôler ce qui est pensé – et du coup, ce qui est dit et ce qui est enseigné ».

Cependant, malgré l’évolution de la nouvelle loi qui s'éloigne de la laïcité intelligente telle qu'ils la conçoivent, la stratégie des dirigeants protestants français – tant à l'égard du gouvernement que des fidèles – a été remarquablement exempte d'alarmisme. Au lieu de cela, ils ont demandé à leurs sœurs et frères d'éviter d'adopter une posture de victimisation, même s'ils reconnaissent la gravité du moment.

« Ce n'est pas l'apocalypse », déclare F. Clavairoly. « Nous ne sommes absolument pas dans une atmosphère de crainte ou de peur ». Au contraire, précise-t-il, nous sommes engagés dans un débat très franco-français qui s'inscrit dans la continuité des échanges parfois difficiles qui ont eu lieu à la fin du 19e siècle et au début du 20e entre les Églises et la République.

« Nous pouvons, sans craindre pour autant pour notre foi, exprimer légitimement nos préoccupations et le fait que nous demeurerons attentifs à la préservation de nos libertés légitimes, dans la défense d’une laïcité bien comprise », a déclaré Erwan Cloarec, directeur de la formation de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France (FEEBF) et pasteur à Lyon.

Pour lui, il s'agit de promouvoir la liberté de croire et de ne pas croire et de pouvoir vivre cette liberté sans être inquiété ou gêné de quelque manière que ce soit par les pouvoirs publics. « Il me semble important de continuer ce combat, sans peur ni faiblesse », affirme-t-il, « le Seigneur est avec nous, et il nous invite à la foi, à la confiance et à la prière ».

« Faut-il avoir peur ? Non », déclare C. Diedrichs, du CNEF. « Dans Jérémie, il est dit que nous devons rechercher le bien de la ville dans laquelle nous nous trouvons. Cette ville n'est pas Jérusalem, c'est Babylone. Beaucoup d’évangéliques préféreraient que nous soyons à Jérusalem plutôt qu'à Babylone. Beaucoup d'évangéliques aimeraient bien être encore dans une société chrétienne qui les protège ».

Mais puisqu'ils ne sont plus dans une société chrétienne, dit-il encore, les évangéliques français doivent être des témoins de l'Évangile comme l'étaient les premiers chrétiens dans leur société non chrétienne.

« Ils n'attendaient pas que leur gouvernement les protège. Ils avaient juste une espérance éternelle et ils témoignaient de cette espérance dans leur société. C'est pourquoi je dis que nous n'avons aucune raison d'avoir peur, mais que nous avons toutes les bonnes raisons d’annoncer l'Évangile ».

Alors que E. Koning, le pasteur parisien, attribue « quatre étoiles » au « sérieux et au professionnalisme » des dirigeants du CNEF pour leur traitement de la question et leur désir d'être des citoyens pacifiques et respectueux de la législation, il précise que lui et d'autres collègues pensent que la posture adoptée a été « trop gentille et un peu naïve ». Il pense que le désir de contrôle du gouvernement et ses répercussions potentielles sur la liberté d'expression et la liberté de conscience donne aux évangéliques français des raisons légitimes d'être préoccupés.

D'un autre côté, dit-il, il existe de nombreuses raisons de ne pas être effrayés : dans un pays démocratique comme la France, les élections peuvent changer bien des choses et il y a des Français qui analysent clairement la situation et décryptent le discours politique.

Quel que soit le résultat, dit encore E. Koning, « nous trouverons le moyen de continuer à servir le Seigneur […] en prenant soin de notre peuple en lui annonçant fidèlement l'Évangile qui change la vie, en servant et en aimant nos voisins tels qu'ils sont, […] sans jamais céder à l'amertume ou à la haine, en construisant toujours des ponts et des relations, afin d'apporter le Christ à notre pays ».

Comment les frères et sœurs chrétiens hors de France peuvent-ils prendre soin de l'Eglise française ? Interviewés séparément, F. Clavairoly et C. Diedrichs apportent la même réponse : « N'ayez pas peur pour nous ».

Mais il y a aussi un appel à la prière.

Conscients des enjeux spirituels, les dirigeants du CNEF comprennent que s'engager dans la prière aurait produirait plus de fruits que certaines de leurs rencontres avec les responsables politiques. Un millier de personnes reçoivent les informations hebdomadaires et les sujets de prière concernant l'évolution du projet de loi sur le séparatisme.

C. Diedrichs invite les chrétiens hors de France à « prier pour nous afin que nous soyons courageux dans la promotion de l'évangile ».

Gerard Kelly, un observateur britannique expatrié qui exerce un ministère en France depuis trois décennies et est aujourd’hui pasteur d'une implantation d’Église en Normandie avec son épouse, est d'accord : « nous devons prier pour le réveil, pour la croissance de l'Église », dit-il. « Nous devons prier pour des Églises dynamiques afin que, lorsque des lois de ce type sont adoptées, les gens ne voient pas les évangéliques comme une sorte de secte bizarre et marginale. Ils doivent voir des personnes qu'ils connaissent en tant que voisins ».

Pour les chrétiens d'autres cultures, voir ce qui se passe dans « l'Europe postchrétienne » peut être une source d'inquiétude quant à ce qui pourrait se produire un jour chez eux. Mais G. Kelly, qui dirige avec sa femme le réseau d’origine britannique « Bless Network », affirme que ces chrétiens peuvent dès à présent apprendre de l'Europe en découvrant ce qu’est la vie dans une culture postchrétienne.

« La postchrétienté signifie une forme d'exil. Nous vivons à Babylone », dit-il, faisant involontairement écho à C. Diedrichs. « Nous ne vivons pas à Jérusalem ». Pour cette raison, G. Kelly, en tant que chrétien européen, dit ne pas s'attendre à ce que son gouvernement promulgue des lois qui correspondent particulièrement à sa vision du monde, même s'il pense qu'il doit protéger les libertés fondamentales.

Il reconnaît que cet exil entraîne des pertes et des douleurs réelles, notamment la crainte des pasteurs et des parents de vivre dans un monde dans lequel leurs enfants ont moins de chances de rester dans la communauté de foi dans laquelle ils ont été élevés.

Mais selon lui, l'exil est aussi très positif pour la mission : un modèle de mission en postchrétienté est beaucoup plus fécond et créatif. « Votre message à l’égard de votre culture n’est pas : “vous devriez rejoindre notre enclave”, mais bien plutôt “vous devriez rencontrer Jésus” ».

« Lorsque l'Église est forte, riche et puissante, elle oublie l'engagement missionnaire parce qu'elle n'en a pas besoin. Elle cesse de s'engager de manière créative avec ses voisins et se complaît avec elle-même », dit G. Kelly. « Dieu brise cette complaisance en permettant l'exil, parce que nous n'avons jamais été destinés à être des séparatistes ».

Traduit par Denis Schultz

Révisé par Léo Lehmann

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Tim Keller : l’espoir d’un monde meilleur commence par la résurrection

Quatre raisons pour lesquelles le christianisme permet une confiance sans égale en une histoire orientée vers un avenir positif.

Christianity Today April 12, 2021
Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: Europeana / Unsplash / The New York Public Library / Perth & Kinross Council

La culture occidentale a longtemps été marquée par la croyance que chaque génération aurait une vie meilleure – économiquement, technologiquement, socialement, personnellement – que la précédente. Mais cette idée de progrès historique linéaire ne se retrouve pas dans la plupart des autres cultures. Les cultures anciennes – chinoise, babylonienne, hindoue, grecque ou romaine – avaient des points de vue différents. Certaines considéraient l'histoire comme cyclique, d'autres la voyaient comme un lent déclin depuis un âge d'or passé.

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L'idée que l'histoire allait dans le sens d'un progrès et d'une amélioration continue de la condition humaine n'existait tout simplement pas.

Puis le christianisme est arrivé. Comme l'écrit Robert Nisbet dans son livre History of the Idea of Progress, les penseurs chrétiens ont offert « à l'idée de progrès un public nombreux et dévoué en Occident et une puissance considérable qu’elle n'aurait pu acquérir autrement [en l'absence des croyances chrétiennes] ». Les Grecs pensaient que l'accumulation des connaissances humaines pouvait conduire à une amélioration mesurée et temporaire de la condition humaine, mais seulement entre deux crises. Les philosophes chrétiens « ont doté l'idée de progrès de nouveaux attributs qui ne pouvaient que lui conférer une force spirituelle inconnue de leurs prédécesseurs païens ».

Le christianisme offre ainsi des ressources inégalées à l’idée d’espoir culturel. (Nous ne parlons pas pour l'instant de l'espoir individuel, l'espoir d'une vie après la mort. Nous parlons de l'espoir collectif, de l'espoir social, de l'espoir pour l'avenir de la société, de la race humaine, l'espoir que l’histoire est orientée dans une direction positive). En examinant le cours de l'histoire à travers le prisme de la résurrection du Christ, nous pouvons faire quatre grands constats sur la nature de l'espérance chrétienne : elle est, et c’est unique, tout à la fois raisonnable, pleine, réaliste et efficace.

L'espérance chrétienne est raisonnable

Pour commencer, il existe de fortes indications historiques de la réalité de la résurrection du Christ. Cela rend l'espérance chrétienne différente de toutes les autres.

N. T. Wright explique que l’évènement de la résurrection du Christ a pour lui des preuves qui nécessitent des explications de la part des historiens et des scientifiques qui le mettent en doute. On ne peut pas simplement l'écarter. Il écrit ainsi : « Dans la mesure où je comprends la méthode scientifique, lorsque quelque chose apparaît qui ne correspond pas au paradigme avec lequel vous travaillez, une option… est de changer le paradigme ». Nous ne devons pas exclure les preuves simplement parce que notre ancien paradigme ne peut pas en rendre compte, mais nous devons les inclure dans un nouveau paradigme, « un ensemble plus large ». Ne pas parvenir pas à fournir une autre explication historiquement plausible aux récits des témoins oculaires et au changement radical, du jour au lendemain, de la vision du monde de milliers de Juifs, ne nous rend pas plus scientifiques, mais moins.

Diverses formes de progressisme occidental croient que l'histoire évolue vers plus de liberté individuelle, plus d'égalité des classes, plus de prospérité économique ou de paix et de justice acquises grâce à la technologie. Mais ces points de vue ne sont pas des hypothèses que l'on peut tester. Ce sont des espoirs, des croyances qui ne sont pas ancrés dans le domaine empirique. La résurrection du Christ, en revanche, s’appuie sur des preuves convaincantes du domaine empirique. Ainsi, tout en exigeant la foi, elle offre un espoir hautement raisonnable, rationnel, qu'il existe un Dieu qui va renouveler le monde.

L'espérance chrétienne est pleine

Toutes les religions ont offert à leurs fidèles l'espoir d'un avenir au-delà de la mort. Notre culture séculière matérialiste, en contraste radical, est la première de l'histoire à dire à ses adhérents que les individus et l'histoire du monde se termineront dans l'oubli ultime. Au bout du compte, nous allons vers le néant, à la fois en tant que civilisation et en tant qu’individus.

D'autres religions ont une perspective « spiritualiste », en ce sens qu'elles croient que la matière est sans importance et que, en fin de compte, tout ce qui subsistera sera du domaine de l'esprit. La culture séculière, bien sûr, est matérialiste puisqu’elle croit qu'il n'y a ni âme ni réalité surnaturelle, que tout a une cause simplement matérielle, physique.

Le christianisme diffère de ces deux points de vue. Il ne se contente pas d'offrir la perspective d'un avenir entièrement spirituel au paradis. La résurrection de Jésus est, pour citer le grec du Nouveau Testament, arrabon, acompte, et aparche, prémices d'une future résurrection physique lorsque le monde matériel sera renouvelé. Ce sera un monde dans lequel la justice habitera, toute larme sera essuyée, un monde dans lequel la mort et la destruction seront bannies pour toujours, un monde où le loup se couchera avec l'agneau : autant de façons lyriques et poétiques de dire que ce monde sera réparé, régénéré, libéré de son esclavage à l’égard de la corruption et de la mort (Rm 8.18-23).

Tout cela constitue l'espérance la plus pleine qui soit. La résurrection du Christ ne nous promet pas seulement une consolation future pour la vie que nous avons perdue, mais la restauration de la vie perdue, et infiniment plus. Elle promet le monde et la vie que nous avons toujours désirés mais que nous n'avons jamais eus.

L'espérance chrétienne est réaliste

La philosophie de G. W. F. Hegel a longtemps exercé une grande influence sur la pensée occidentale. Hegel enseignait que l'histoire se déroulait selon une « dialectique » dans laquelle, à chaque époque, des forces contradictoires parvenaient à une nouvelle synthèse, plus grande. Ainsi, chaque époque est censée être meilleure que la précédente et l’histoire progresse en une série d'étapes ininterrompues. Comme l’a montré le siècle passé, une telle perspective est tout simplement irréaliste. Le christianisme propose une destinée infiniment plus grande et plus merveilleuse pour l'histoire et la société humaines, et il le fait de manière réaliste.

Lorsque nous considérons la mort et la résurrection de Jésus, nous découvrons un modèle divin très différent. Sa vie n'a pas été une série d'étapes ascendantes. Il s'est dépouillé de sa gloire, il est venu et il est mort, mais cette spirale descendante a débouché sur une ascension vers des sommets plus élevés encore, car à présent il dirige non seulement le monde en général, mais aussi le peuple qu’il a sauvé. Ce n'est que par sa souffrance et sa descente qu'il a pu nous sauver et s'élever.

Il ne s'agit pas de la fusion hégélienne de forces égales et opposées. Jésus n'a pas « synthétisé » la sainteté avec le péché ou la vie avec la mort. Il a vaincu le péché et la mort au moyen de sa mort. La vie et le ministère de Jésus ne sont pas non plus les ruptures de séquence aléatoires décrites par certains postmodernistes. Jésus passe par les ténèbres pour finalement nous amener à une plus grande lumière. L'histoire se dirige vers un destin extraordinaire, mais pas par une série d'époques successives permettant d’aller de progrès en progrès, de force en force. Ce n'est pas ainsi que Dieu agit.

L'idée séculière du progrès est naïve et irréaliste. Il est faux de fonder une société sur l'hypothèse que chaque génération connaîtra plus de prospérité, de paix et de justice que la précédente. Et l'alternative postmoderne nous prive de tout espoir. Le christianisme, en revanche, nous offre une manière réaliste et non cynique de considérer l'histoire.

L'espérance chrétienne est efficace

Enfin, l'espérance chrétienne agit au niveau de la vie quotidienne, au niveau pratique.

Le Nouveau Testament utilise le mot espérance de deux manières. Lorsqu'il s'agit d'espérer dans les êtres humains et en nous-mêmes, l’espérance est toujours relative, incertaine. Si vous prêtez à quelqu'un, vous le faites dans l'espoir que cette personne vous remboursera (Lc 6.34) ; si nous labourons et semons, nous le faisons dans l'espoir qu'il y aura une récolte (1 Co 9.10). Nous choisissons les meilleures méthodes et les pratiques les plus raisonnées pour obtenir le résultat escompté. Nous pensons que nous avons tout pesé avec attention et qu’ainsi nous contrôlons la situation. Mais ce n'est pas le cas, ce n'est jamais le cas. Il s'agit seulement d'un espoir relatif, d'un espoir que cela se passera bien comme nous l’avons prévu.

Lorsque l'objet de l'espérance n'est pas un agent humain, mais Dieu lui-même, alors l'espérance devient confiance, certitude, pleine assurance (Hé 11.1). Avoir placé notre espoir en Dieu, ce n'est pas éprouver un désir incertain et anxieux qu'il va peut-être confirmer notre plan, c’est reconnaître que lui et lui seul est digne de confiance, que tout le reste n’est pas fiable (Ps 42.5, 11 ; 62.10), que son plan est infiniment sage et bon. Croire en la résurrection de Jésus c’est confirmer qu'il existe un Dieu qui est à la fois bon et puissant, qui fait sortir la lumière des ténèbres et qui élabore patiemment un plan pour sa gloire, notre bien et le bien du monde (Ep 1.9-12 ; Rm 8.28). L'espérance chrétienne signifie que je cesse de parier ma vie et mon bonheur sur les accomplissements de l’être humain mais que je me repose sur Lui.

Une personne à qui on annonce un diagnostic de cancer mettra à juste titre un espoir relatif dans les médecins et le traitement médical envisagé. Mais sa principale source d’espérance doit être placée en Dieu. Nous pouvons avoir la certitude que son plan et sa volonté pour nous sont toujours bons et parfaits et que notre destin inévitable est la résurrection. Si le principal espoir d'un patient atteint d'un cancer réside dans la médecine, alors un diagnostic défavorable sera tout simplement dévastateur. Mais si son espoir est dans le Seigneur, il sera comme une montagne qui ne peut être ni ébranlée ni déplacée (Ps 125.1). Le prophète Ésaïe (40.31) nous dit que ceux qui « espèrent en l'Éternel » ne se lassent pas, submergés par l’anxiété, mais « renouvellent sans cesse leurs forces » et même « s'élèvent ». L'espoir placé en Dieu conduit à « courir sans se lasser » et à « marcher sans se fatiguer ».

Jésus nous a apporté cela par sa mort et sa résurrection. Lorsque cette assurance demeure en nous, nos circonstances immédiates – la manière dont une situation évolue – ne peuvent plus nous troubler. L'espoir se trouve dans notre regard tourné vers Lui.

Timothy Keller est le pasteur fondateur de la Redeemer Presbyterian Church à New York. Cet article est adapté de HOPE IN TIMES OF FEAR, de Timothy Keller, publié par Viking, une marque du Penguin Publishing Group, une division de Penguin Random House LLC. L'édition française est publiée par les Editions Clé. Copyright © 2021 par Timothy Keller.

Traduit par Denis Schultz

Révisé par Léo Lehmann

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Books
Review

Parents chrétiens : Vous n’avez pas à protéger vos enfants des opinions divergentes

Si ce que nous leur enseignons est vrai, un examen minutieux ne fera que le confirmer.

Christianity Today April 7, 2021
Illustration by Rick Szuecs / Source image: Dan Kenyon / Getty

« J'ai finalement abandonné le christianisme à l'âge de 15 ans », écrit le célèbre athée Richard Dawkins dans Outgrowing God : A Beginner's Guide (traduction française à venir aux éditions H&O). Dawkins espérait atteindre la nouvelle génération en lui annonçant qu’elle n'avait pas besoin de religion. Au cours des décennies qui ont suivi le lancement du mouvement néo-athée, on a pu penser qu’il y avait là le seul message émanant du monde universitaire.

10 Questions Every Teen Should Ask (and Answer) about Christianity

10 Questions Every Teen Should Ask (and Answer) about Christianity

Crossway

208 pages

$7.94

La croyance religieuse était censée décliner au fur et à mesure que le monde se modernisait. Mais cela n’a pas été le cas. Être un universitaire de renommée mondiale et un chrétien orthodoxe sérieux était censé être de plus en plus intenable. Mais cela n’a pas été le cas. Abandonner la religion était censé rendre les gens plus heureux, plus sains et plus moraux. Mais encore une fois cela n’a pas été le cas. En fait, même Dawkins a dû reconnaître (à contrecœur) que les personnes qui croient en Dieu semblent, selon toute évidence, se comporter généralement mieux que celles qui n'y croient pas.

De manière générale, la croyance et la pratique religieuses semblent être bonnes pour la société – et bonnes pour les enfants. Dans un article paru dans le Wall Street Journal en 2019, la thérapeute Erica Komisar donnait ce conseil provocateur : « Vous ne croyez pas en Dieu ? Mentez à vos enfants ».

Komisar ne lançait pas cette idée au hasard. En effet, il existe de plus en plus de preuves que la pratique religieuse régulière a un impact positif quantifiable sur la santé, le bonheur et le comportement social de nos enfants. Dans une étude récente, l'école de santé publique T. H. Chan de l'Université de Harvard a constaté que cette pratique dans l’enfance avait tout un éventail de conséquences en matière de santé et de bien-être plus tard dans la vie. Bien sûr, rien de tout cela ne signifie que la croyance en Dieu est juste, ou que le christianisme soit véridique. Ces données devraient cependant nous amener à réfléchir avant de supposer que nos enfants se porteront mieux sans religion.

Si ces données pourraient interpeller les parents non religieux, il en résulte aussi que le déclin de l'intérêt pour la religion (du moins en Occident) a de quoi inquiéter les croyants. Alors que les preuves des bienfaits d'une éducation religieuse s'accumulent, les vents de la culture éloignent les enfants des ancrages religieux. Que doivent faire les parents, les grands-parents et les personnes chargées de l'éducation des enfants devant ces enjeux de taille ?

Quelles que soient nos croyances à propos de Dieu, il y a certaines choses sur lesquelles je suis certaine que nous sommes d'accord : nous voulons tous que nos enfants soient heureux, en bonne santé, qu’ils agissent bien et qu'ils aient un but dans la vie. Peu d'entre nous voudraient mentir à nos enfants, surtout en ce qui concerne nos croyances les plus profondes. Nous voulons qu'ils connaissent la vérité. Mais nous voulons aussi les protéger de mensonges qui pourraient leur paraître plausibles. Au fond de nous, nous reconnaissons qu'il y a une tension. En effet, pour que nos enfants soient vraiment en sécurité à long terme, nous devons les laisser prendre des risques maintenant. Cela parait plus évident lorsqu'il s'agit de compétences pratiques. Les bébés n'apprendront pas à marcher si nous ne les laissons pas tomber. Les enfants n'apprendront pas à faire du vélo si nous ne les laissons pas risquer une ou deux petites chutes. Les adolescents que l'on n'a pas voulu laisser partir à vélo ne seront pas prêts pour conduire une voiture.

Comment cela se traduit-il dans le domaine des idées ? Pour certains parents, protéger leurs enfants d’idées dangereuses apparaît comme une nécessité. J'ai entendu cela aussi bien de la part de chrétiens qui ne veulent pas que leurs enfants soient exposés à l'athéisme que de la part d'athées qui ne veulent pas que leurs enfants soient exposés au christianisme. Je l'ai même entendu de la part de parents qui pensent avoir l'esprit très ouvert et encouragent leurs enfants à explorer différentes traditions religieuses. Pour ces personnes, l'idée vraiment dangereuse serait que l'une de ces religions puisse être vraie. Nombre d'entre nous, qui expérimentons aujourd'hui les réalités de la parentalité, avons été élevés avec la pensée qu’il était arrogant, blessant et malvenu de remettre en question les croyances religieuses d’une personne.

Je voudrais proposer une approche différente. Plutôt que de protéger mes enfants des idées différentes, ou de les exhorter à accueillir toutes les croyances à égalité, je veux leur donner les moyens d'avoir de vraies conversations avec de vraies personnes qui pensent vraiment différemment d'eux – et de moi. Je veux qu'ils apprennent à bien écouter et à remettre en question ce qu'ils entendent. Si ce que je crois est vrai, un examen approfondi n’y fera aucun tort.

La foi chrétienne a vu le jour dans un monde farouchement hostile à ses affirmations. Mais au lieu d'éteindre la petite étincelle de l'Église primitive, les vents de l'opposition lui ont donné de l'oxygène pour se propager. Je ne veux pas que mes enfants croient en Jésus simplement parce que je leur dis de le faire, ou simplement parce que c'est la religion la plus répandue et la plus diversifiée au monde, ou encore parce qu'aller à l'Église vous rend plus heureux, en meilleure santé et plus généreux envers les autres. Je veux qu'ils voient Jésus par eux-mêmes et qu'ils découvrent la véracité de ce qu'il affirme à son propre sujet.

Contenu adapté de 10 Questions Every Teen Should Ask (and Answer) about Christianity de Rebecca McLaughlin. Copyright ©️ 2021. Utilisé avec la permission de Crossway, un service éditorial de Good News Publishers, Wheaton, IL 60187. www.crossway.org.

Ouvrage à paraître en français chez BLF Editions (www.blfeditions.com) sous le titre 10 questions que tu devrais te poser sur le Christianisme.

Traduit par Simon Fournier

Révisé par Léo Lehmann

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L’humilité de faire face à des accusations d’abus

L’Église presbytérienne de Tates Creek s’est vue félicitée pour la transparence de son enquête. Puis elle a dû recommencer. 

Christianity Today April 4, 2021
Illustration by Michela Buttingol

Parmi toutes ses tâches dans le ministère, Robert Cunningham apprécie surtout les responsabilités académiques : lire, élaborer des sermons, écrire sur la foi et la vie dans la société, et travailler sur sa thèse. Mais le Seigneur avait d'autres plans pour le pasteur principal de l'Église presbytérienne de Tates Creek à Lexington, dans le Kentucky. Au cours des trois dernières années, sa congrégation a fait l'objet de deux enquêtes indépendantes sur des allégations diverses d'abus sexuels commis dans le passé.

Le pasteur Cunningham n'avait pas de formation spécifique concernant les problématiques d'abus et n’était pas familier des meilleures pratiques à adopter face à des allégations à ce sujet. Mais il était profondément conscient de son manque de connaissances et de la responsabilité qui lui incombait de veiller sur son Église alors qu’elle devait faire face à des scandales qu'elle aurait bien voulu éviter. Pendant trois ans, il s'est efforcé de construire une culture d'ouverture, de bienveillance et de justice.

Dans un monde terni par des tentatives de dissimulation, des enquêtes incomplètes, une tendance à blâmer les victimes ou à nier les faits, Tates Creek est ainsi devenue un modèle de la façon dont les Églises doivent répondre aux allégations d'abus sexuels.

Cunningham oeuvrait depuis plus de cinq ans en tant que pasteur principal lorsque le premier cas a émergé en 2018.

L’assemblée de 1000 membres – un nombre considérable selon les normes de l'Église presbytérienne d'Amérique (Presbyterian Church in America – PCA) – était en bonne santé, en pleine croissance et implantait des Églises. Le Presbytère de Savannah River, l'organe directeur de la PCA dans le sud de la Géorgie, a informé Cunningham que l'ancien pasteur des jeunes de Tates Creek, Brad Waller, venait de s'avouer coupable d'attouchements commis sur de jeunes hommes dans une Église de la région de Savannah.

À ce moment-là, le passage de Waller à Tates Creek n'était plus qu'un lointain souvenir pour l'Église. Il y avait plus de dix ans qu'il avait quitté l'Église, et la plupart des étudiants qu’il avait encadrés étaient eux aussi partis depuis longtemps.

« Il nous aurait été facile de dire “Okay, c’est triste. Je n’aime pas entendre ça. Passons simplement à autre chose” », déclare Cunningham. Toutefois, les dirigeants ont décidé de se pencher plus en détail sur ces accusations.

Cunningham a commencé à être impliqué dans l’Église de Tates Creek alors qu’il était étudiant. Il connaissait donc l'ancien pasteur. Il avait même effectué un stage d'été aux côtés de Waller avant de le remplacer en tant que pasteur des jeunes lorsque ce dernier est parti en 2006. Il a appelé Waller et lui a demandé si des abus avaient eu lieu lorsqu'il était à Tates Creek. Waller a répondu par la négative.

Cunningham voulait croire son ancien patron mais quelque chose lui disait qu'il n'avait pas entendu toute la vérité. Quelques appels téléphoniques à d'anciens membres du ministère parmi la jeunesse ont confirmé ses inquiétudes. Les dirigeants de l'Église ont ouvert une enquête qu’ils ont confiée à GRACE (Godly Response to Abuse in the Christian Environment, une organisation qui travaille à prévenir et dénoncer les abus dans les milieux chrétiens).

« Je pense que cette humilité, cette volonté de se montrer vulnérable et enseignable ont offert direction et exemple à son Église tout en donnant beaucoup d'espoir et d’encouragement aux victimes d'abus sexuels, non seulement au sein de l'Église, mais aussi à l’extérieur, à ceux qui observaient la situation », nous a déclaré Boz Tchividjian, directeur exécutif de GRACE au moment des évènements.

Avec l'aide de Tchividjian, Cunningham a rédigé un communiqué pour expliquer au public ce que l'Église savait, ce qu'elle comptait faire, la façon dont les victimes potentielles pouvaient contacter les enquêteurs, et pourquoi toutes ces mesures étaient importantes. La déclaration comprenait également des excuses à la communauté extérieure et aux victimes d'abus.

« J'ai littéralement pleuré à plusieurs reprises en pensant que des adolescents et des jeunes adultes avaient été abusés dans cette Église que j'aime et dont je suis le pasteur » écrit Cunningham, qui est lui-même venu à la foi par le biais de l’association Young Life lorsqu’il était à l’école secondaire. « Je suis tellement désolé. Je veux que vous sachiez que toute cette transparence, cette action sans délai et cette énergie sont pour vous. »

La lettre de 2600 mots détaillait ce que l'Église savait et à quel moment, ce qu'elle prévoyait de faire, ainsi que les prochaines étapes.

« Il est important que chacun comprenne la différence entre une enquête interne et une enquête indépendante », ont expliqué les responsables de l'Église. « Une enquête interne, c'est lorsque nous (ou notre avocat) enquêtons nous-mêmes. Dans ce scénario, nous gardons le contrôle de l'enquête. Une enquête indépendante, en revanche, consiste à inviter un tiers à enquêter sur nous. Dans ce cas, nous renonçons au contrôle de l'enquête et nous nous engageons à accepter toutes les conclusions et corrections. Il était important pour nous de choisir cette dernière option. »

La déclaration de M. Cunningham et son approche de l'enquête ont attiré l'attention de Rachael Denhollander, elle-même survivante d'abus et militante en faveur des victimes, qui est devenue une conseillère respectée en matière d'abus sexuels. Après tous ses efforts pour convaincre les Églises de faire preuve d'ouverture à l'égard des allégations d'abus, elle en trouvait finalement une qui semblait avoir compris.

Trois éléments indiquaient que l’église prenait au sérieux ses obligations envers les victimes, selon Denhollander : l’empressement à faire preuve de transparence, la volonté d’enseigner la justice biblique à ses membres et la décision d’offrir une formation pratique sur la dynamique des abus sexuels.

« Ils ont fait savoir aux survivants qu'ils pouvaient se manifester en toute sécurité et ont dit aux abuseurs qu'ils ne seraient pas à l’abri à Tates Creek », dit-elle.

Au cours des deux années suivantes, l’Église de Tates Creek a permis à GRACE d'enquêter, a accepté son rapport et a mis en œuvre les mesures de protection recommandées pour l'avenir. Cunningham a déclaré à la congrégation qu'ils n'oublieraient jamais ce qui s'était passé et qu'ils seraient toujours ouverts à ce qu’on leur rapporte de nouveaux cas d’abus, mais ce terrible chapitre de l'histoire de l'Église semblait se terminer.

Or, ce n'était pas le cas. En octobre 2020, un ancien membre du ministère parmi les étudiants de Tates Creek a déclaré à Cunningham qu'il avait été agressé sexuellement par le musicien Chris Rice. L'ancien étudiant avait rencontré Rice lors de l'une des nombreuses retraites d'étudiants et de collégiens, alors que Rice dirigeait la musique pour l'Église entre 1995 et 2003.

L'appel a bouleversé Cunningham. Il savait à quel point un autre scandale et une autre enquête seraient difficiles pour l'Église, sans parler du fait qu’il s’agissait d'une célébrité dans les milieux chrétiens et que la pandémie de COVID-19 ne facilitait pas les choses.

Mais c'était aussi un signe que l'approche de l'Église fonctionnait. La victime savait que si elle se présentait et révélait ce qui s'était passé, les dirigeants de l'Église prendraient sa plainte au sérieux, et c'est ce qu'ils ont fait.

L'Église savait ce qu'elle avait à faire. « Nous avons écrit le manuel », dit le pasteur. « Il n’y a plus qu’à le suivre. » Cunningham a refusé de commenter l'enquête à propos de Rice alors qu'elle était toujours en cours, mais a déclaré que les allégations étaient crédibles et soutenues par des preuves étayées. L'Église garde le nom de l'accusateur confidentiel, ce qui est souvent nécessaire pour une enquête approfondie et impartiale. Quelles que soient les conclusions de l'enquête, les défenseurs des victimes espèrent que les dirigeants chrétiens s'inspireront de l'exemple de Tates Creek.

Depuis que les mouvements #MeToo et #ChurchToo ont mis les abus au premier plan, certains évangéliques sont plus désireux que jamais de former leurs dirigeants à prévenir les abus dans leurs Églises et à répondre aux allégations avec compassion, responsabilité et justice.

En juin 2019, la PCA a formé un comité de théologiens, de conseillers et de porte-parole des survivants pour étudier les questions d'abus dans l'Église et développer les meilleures pratiques pour y répondre. La Conférence baptiste du Sud (Southern Baptist Convention – SBC) a également publié un rapport de 52 pages après que le quotidien Houston Chronicle ait identifié 380 allégations crédibles d'abus par des dirigeants d'église de la SBC sur une durée de 20 ans. La SBC a constaté un manque généralisé dans la gestion des accusations ou dans la manière de prendre les abus au sérieux.

Certains défenseurs des victimes ont exprimé leur inquiétude quant au fait que les récents groupes d'étude et déclarations ne préparent pas les Églises à traiter les allégations. Trop peu d'églises disposent d'un processus formalisé et les pasteurs ont tendance à être trop confiants dans leur capacité à comprendre et à détecter les abus, disent les experts.

La plupart des Églises errent en menant des enquêtes internes ou en se référant à des enquêteurs qui préfèrent protéger l'Église des litiges plutôt que de s'occuper des victimes. Peu d'entre elles gagnent la confiance de ceux qui ont été blessés.

« Lorsque les victimes sont abusées dans le cadre d’une Église, elles ne se sentent pas en sécurité lorsqu'elles reviennent dans un tel cadre. Vous ne parviendrez pas à obtenir des preuves si vous ne faites pas appel à un cabinet d'enquête extérieur », déclare Denhollander. Le pasteur Cunningham a affirmé que l'élément crucial de sa démarche a été l'humilité. Il aimait écrire et enseigner. Mais il savait qu'il n'avait aucune formation en matière d'enquête ou de gestion d'un scandale.

Au moment où il a été nommé pasteur principal de Tates Creek en 2011, il a vraiment dû composer avec sa propre inexpérience. À 31 ans, il a fait une dépression nerveuse en tentant d’assumer ce nouveau rôle.

Le processus l'a transformé d'un jeune leader « arrogant et autosuffisant », pour utiliser ses propres mots, en un pasteur principal humble qui connaît ses limites et recherche la sagesse des autres. Cette attitude est devenue un élément important de la culture de l'Église et leur a permis de demander de l'aide lorsque c'était nécessaire.

Denhollander a déclaré que l'équipe de direction de Tates Creek « était déjà en phase avec le cœur de Dieu en ce qui concerne l’Évangile en action et le soutien aux personnes vulnérables », avant d'avoir à faire face à un scandale.

Et l'Église était prête à se montrer vulnérable, à oublier un instant sa réputation et à croire que la lumière de la vérité serait aussi celle de la grâce de Dieu.

Je ne sais pas pourquoi les pasteurs et les Églises pensent qu'ils ont ce qu'il faut pour naviguer dans ces eaux et ne se tournent pas rapidement vers de réels experts », déclare Cunningham. « Au fond, nous avons simplement fait appel à des gens qui savent ce qu'ils font et nous avons fait ce qu'ils nous ont dit de faire ».

Megan Fowler est une contributrice de Christianity Today basée en Pennsylvanie.

Traduit par Simon Fournier

Révisé par Léo Lehmann

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Prières et louanges des pays où il est le plus difficile d’être chrétien

Les épreuves et les joies des croyants de 11 nations de l’Index Mondial de Persécution des chrétiens édité par Portes Ouvertes.

Christianity Today April 4, 2021
Illustration by Rick Szuecs / Source images: Envato Elements

Selon l’Index Mondial de Persécution de Portes Ouvertes en 2021, plus de 340 millions de chrétiens vivent dans des régions où la persécution atteint des niveaux très élevés ou extrêmes

Puisque ces croyants sont nos frères et sœurs en Christ, nous avons pensé qu’il serait édifiant d’entendre les témoignages de l’Église et de ceux qui en sont proches quant à la façon dont Dieu est à l’œuvre et comment prier au mieux pour eux.

Les 11 pays représentés ont été classés dans le top 20 de l'Index Mondial de Persécution en 2020 et 2021. Ils figurent dans leur ordre de classement dans la liste actuelle.

Corée du Nord

Nous louons Dieu :

  • pour les descendants des croyants de Corée du Nord qui ont gardé leur foi malgré la persécution incessante qui y sévit depuis 1945.

  • pour la fondation d'Églises clandestines et la diffusion de l'Évangile en Corée du Nord, bien que toutes les églises y aient été détruites par l'oppression communiste.

  • pour son soutien aux Nord-Coréens, totalement déconnectés du monde extérieur, dans la traduction, l’impression et le partage de la Bible.

Nous prions :

  • pour que le péché d’idolâtrie qui déifie le leader en Corée du Nord cesse afin que tous les Nord-Coréens puissent servir le vrai Dieu.

  • pour que les péchés de violation et de répression des droits de l’homme soient éliminés afin que les Nord-Coréens puissent se réjouir et adorer le Dieu qui nous a tous créés à son image.

  • pour que des denrées alimentaires vitales et autres produits de première nécessité soient distribués aux Nord-Coréens qui continuent de souffrir de la faim et de la rigueur des hivers afin qu’ils puissent au moins maintenir un niveau de survie minimale.

Sujets proposés par Peter Lee, directeur exécutif, Cornerstone Ministries International

Pakistan

Nous louons Dieu :

  • pour le nombre d’étudiants en formation dans les séminaires et les écoles bibliques.

  • pour les nombreuses agences qui enseignent la foi aux disciples.

  • pour l’audace dans le témoignage de nombreux chrétiens.

Nous prions :

  • pour que les étudiants actuels des séminaires et écoles bibliques deviennent de bons pasteurs et évangélistes pour l’avenir.

  • face au danger permanent que représentent les lois sur le blasphème.

  • face aux discriminations systémiques auxquelles sont confrontés les chrétiens dans le domaine de l'emploi, de l'éducation et de la société.

  • pour les croyants d’origine musulmane qui sont confrontés à des dangers supplémentaires si leur identité vient à être révélée.

Sujets proposés par Mgr Michael Nazir-Ali, directeur du Oxford Centre for Training, Research, Advocacy and Dialogue

Iran

Nous louons Dieu :

  • pour le grand nombre d’Iraniens qui se convertissent au Christ. En ce début d'année 2020, Iran Alive Ministries (IAM) a constaté que les Iraniens étaient encore plus réceptifs à l’Évangile, aussi avons-nous consacré le mois de mai à l'évangélisation. Tout au long du mois, nous avons non seulement diffusé davantage de programmes d’évangélisation, mais aussi enseigné à notre public comment évangéliser. Le nombre de personnes converties enregistré est passé de 20 à 50 par semaine à plus de 500 par semaine. Cette progression a continué pendant des mois et le chiffre oscille à présent entre 300 et 400 par semaine. Mais la meilleure bonne nouvelle est que les deux tiers de ceux qui se sont tournés vers Christ ne l’ont pas fait directement grâce à nos programmes mais grâce au témoignage personnel de ceux que nous avons formés à l'évangélisation.

Nous prions :

  • pour la sécurité des membres de notre réseau. Deux de nos distributeurs de bibles en Iran (un homme et une femme) ont été arrêtés au cours de ces derniers mois. Leur arrestation met en péril la vie des autres membres du réseau. S’ils sont torturés et divulguent des noms, le reste du réseau sera également arrêté.

Sujets proposés par Hormoz Shariat, fondateur, Iran Alive Ministries

Nigéria

Nous louons Dieu :

  • pour sa force et sa grâce qui ont permis à nos frères du nord du Nigéria de persévérer dans le service et la foi en Dieu malgré une persécution intense.

  • pour avoir prêté soutien et porté secours aux chrétiens déplacés par le terrorisme dans le nord-est du Nigéria.

  • pour son intervention dans de nombreux cas où des dirigeants chrétiens kidnappés (certains avec leurs conjoints) ont été libérés avec succès.

  • pour avoir procuré à l'Église de Dieu de nombreuses occasions de continuer sa marche pendant le confinement dû à la pandémie de COVID-19. De nombreux croyants ont connu un renouveau dans leur vie chrétienne en suivant des conférences en ligne. Les villes étaient confinées, mais rien ne pouvait bloquer la Parole de Dieu car un nombre record d’âmes sont venues au Christ pendant la pandémie en cours ! Alléluia !

Nous prions :

  • pour que le Seigneur subvienne à des fonds pour que l’Église de Dieu dans le nord du Nigéria soit reconstruite. De nombreux lieux de culte sont en ruine et nous prions pour que Dieu les restaure de manière divine et miraculeuse.

  • pour que le Seigneur arrête et convertisse les caïds qui font régner la terreur et sont les fers-de-lance de la persécution contre les chrétiens au Nigéria. Seigneur, fais-leur vivre la même expérience que Saul (Paul) sur le chemin de Damas.

Sujets proposés par Ronke Mosuro, pasteur ordonné de la Redeemed Christian Church of God et conférencier à la Lead City University à Ibadan, Nigéria

Inde

Nous louons Dieu :

  • pour la manière dont l’Église a été et continue d'être capable de répondre aux besoins de la nation pendant la pandémie de COVID-19. Que ce soit au niveau national ou au cœur de l'Église locale, tous ont fait preuve de compassion pour soulager les souffrances de leurs voisins.

  • pour les efforts d’unité en cours dans l’Église en Inde. Pour la création du Forum national des chrétiens unis composé de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, du Conseil national des Églises en Inde et de l’Alliance évangélique de l’Inde qui constitue un grand pas en avant dans la promotion de l’unité et de la coopération entre les Églises en Inde.

  • pour la capacité des dirigeants d’Église à prendre soin de leurs congrégations en utilisant des outils leur permettant de faire passer l’Église en ligne. Nous louons Dieu d'avoir doté l’Église de ressources qui ont pu contribuer aux soins pastoraux, à la prédication et à l’enseignement, gardant ainsi l’Église en Inde vibrante malgré le confinement.

Nous prions :

  • pour que l’Église en Inde soit une voix déterminante pour la paix, la justice, l’égalité et l’harmonie dans le pays. Priez pour que l’Église continue non seulement à parler mais aussi à intervenir en faveur des marginalisés et des opprimés. Priez pour que l’Église en Inde vive les valeurs du royaume de Dieu et bénisse et transforme la nation.

  • pour l’Église en Inde alors que la persécution et l’opposition ne font qu'augmenter, nourries par l’idéologie du nationalisme religieux et de l’extrémisme. Priez pour que l’Église reste ferme et fidèle dans la foi, en continuant avec amour à tendre la main même à ceux qui la combattent et la persécutent.

  • pour que l’Église en Inde soit en mesure de former efficacement des dirigeants pour répondre aux besoins d’une Église en pleine croissance, qui bénissent l’Église et la nation. Priez pour les mouvements de disciples et de leaders sur le terrain dans différentes régions d’Inde, afin que le Seigneur continue à travailler à travers eux pour engendrer des personnes honorables qui s’engagent dans la société avec compassion et amour pour opérer une transformation.

Sujets proposés par VijayeshLal, secrétaire général basé à Delhi de l’Evangelical Fellowship of India.

Irak

Nous louons Dieu :

  • car le christianisme est toujours présent et le gouvernement continue de toutes ses forces à consolider et renforcer cette présence.

  • pour le fait que l’Église baptiste ait pu apporter de la nourriture et des secours à de nombreuses familles de Mossoul ou des plaines de Ninive vivant dans la précarité ou ayant été déplacées et de diverses origines ethniques et religieuses.

  • pour le fait que les Églises évangéliques du Kurdistan aient reçu un statut juridique officiel.

Nous prions :

  • pour que le gouvernement soit renforcé. En effet, la faiblesse du gouvernement de Bagdad et son incapacité à étendre son influence sur des infrastructures importantes dans le pays génèrent de nombreux comportements qui, bien que loin d’être de la persécution, donnent aux chrétiens un sentiment d'inégalité.

  • pour la stabilité politique et sécuritaire dans le pays. pour que les chrétiens puissent se sentir en sécurité lorsqu’ils retournent dans leurs villages et villes d’où ils ont été déplacés depuis 2014. Beaucoup d’entre eux sont encore à Bagdad et dans d’autres régions du Kurdistan.

  • pour l’enregistrement officiel des Églises évangéliques – y compris la nôtre – car l'absence de reconnaissance de ces Églises entrave leur fonctionnement normal ainsi que leur service.

Sujets proposés par Ara Badalian, pasteur principal de la National Evangelical Baptist Church à Bagdad

Nous louons Dieu :

  • car les Églises évangéliques ont aidé le gouvernement local à distribuer de la nourriture et des médicaments malgré la quarantaine.

  • qu’au milieu de la persécution et de la pandémie, beaucoup aient commencé à chercher des réponses dans la Bible. Nous avons maintenant des bibles dans la langue kurde du Bahdinan.

Nous prions :

  • pour la finalisation de la Bible en langue kurde et la traduction de certains livres d’exégèse et de formation de disciples qui pourront aider les croyants à comprendre la Bible plus clairement.

Sujets proposés par Ashty Bahro, pasteur de l’Evangelical Apostles Church et directeur de l’organisation de secours Zalal Life basée à Duhok, au Kurdistan.

Arabie Saoudite

Nous louons Dieu :

  • pour l’ouverture politique/culturelle/religieuse qui se poursuit et pour le fait que les religieux musulmans de la vieille école ont été marginalisés et remplacés par d’autres qui encouragent une pensée plus libérale.

  • pour les nouveaux liens entre les jeunes et les étrangers qui ont contribué à accroître la tolérance et l’appréciation des autres cultures, des chrétiens et de Jésus.

Nous prions :

  • pour que davantage de personnes s'occupent des croyants d’origine musulmane et soient prêtes à manifester l’amour de Dieu dans la pratique. Nous prions pour qu’ils continuent à grandir en Dieu alors que nous témoignons de son attention pour leur vie et leur bien-être.

  • pour une unité de l’Église qui soit un témoignage par une belle vie visible aux yeux de tous, ainsi que par une bonne entente et une synergie en faveur des besoins des croyants « en recherche » et d’origine musulmane.

Sujets proposés par I. Hanna, responsable d’Église, Dammam, Arabie saoudite

Égypte

Nous louons Dieu :

  • pour son soutien pour notre économie qui a été affectée par le COVID-19.

  • pour sa protection de nos Églises contre de nombreuses tentatives terroristes et pour les efforts que le président Abdel Fattah El Sisi déploie pour promouvoir la citoyenneté et l’égalité.

  • pour que malgré la fermeture de nos églises en raison de la pandémie, la foi chrétienne se renforce et les chrétiens recherchent Dieu plus que jamais.

Nous prions :

  • pour que Dieu mette fin à la pandémie du coronavirus qui a causé la mort de certains dirigeants et pasteurs dans nos Églises.

  • pour que la paix prévale au Moyen-Orient, en particulier avec tous les changements qui se produisent aux États-Unis et en Europe.

  • pour la paix et la protection de l’Égypte, en particulier dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

Sujets proposés par Andrea Zaki Stephanous, directeur général, Organisation évangélique copte pour les services sociaux

Chine

Nous louons Dieu :

  • pour les réunions de prière en ligne et les événements missionnaires communs qui ont apporté un dynamisme incroyable aux Églises chinoises. La crise du COVID-19 nous a amenés à prêter attention aux besoins du monde comme jamais auparavant. Nous louons Dieu pour l'essor des prières ferventes et l’unité des missions rendues possibles grâce aux conférences en ligne.

  • pour la soif toujours plus grande de vérité et pour le sentiment d’appartenance au corps du Christ. L'année dernière de nouvelles Églises ont été fondées chaque semaine sous diverses formes dans tout le pays.

  • pour les témoignages chrétiens par le biais des services sociaux pendant la pandémie. De plus en plus d’Églises s'engagent pour avoir un impact par l'intermédiaire d'organisations non gouvernementales confessionnelles.

Nous prions :

  • pour les étudiants chrétiens confrontés à plus de surveillance et de contrôles que jamais. L’évangélisation sur le campus est devenue presque impossible dans le contexte du totalitarisme numérique. Priez pour la persévérance et la croissance des étudiants chrétiens, car ils sont l’avenir.

  • pour les travailleurs étrangers qui ont dirigé des ministères parmi les minorités au fil des ans. Alors que de plus en plus de personnes sont expulsées du pays, priez pour que plus de travailleurs matures et culturellement réceptifs surgissent parmi les Églises de la majorité Han pour combler le vide et continuer le travail à faire.

  • qu'alors que Dieu a exaucé nos prières et que la Chine a été la première à se remettre de la pandémie, ce soit une bénédiction pour toutes les nations, et non une malédiction.

Sujets proposés par un responsable d’Église à Shanghai

Vietnam

Nous louons Dieu :

  • pour le gouvernement et la communauté chrétienne et leurs efforts et leurs progrès significatifs pour créer des relations et établir une compréhension mutuelle.

  • pour les chrétiens qui ont été proactifs et audacieux en réponse aux besoins physiques et spirituels de leur communauté. En 2020, nous avons constaté une plus grande coopération entre les autorités locales et les Églises pour porter secours aux régions du centre du Vietnam touchées par de graves inondations.

  • pour l’évangélisation qui continue à se faire par le biais des relations personnelles, sur les lieux de travail, dans les locaux de l’Église et par l'intermédiaire des spectacles de rue.

Nous prions :

  • pour que les politiques et les lois sur la religion soient mises en application en mettant davantage l’accent sur la liberté religieuse (plutôt que le contrôle), en particulier dans les zones rurales et montagneuses du pays.

  • pour une plus grande unité et coopération entre les Églises afin qu’elles soient plus présentes dans la vie publique.

  • pour plus de ressources pour la formation des dirigeants d'Églises, ce à quoi la pandémie a nui de façon significative, et pour que ceux-ci attirent un plus grand nombre de jeunes chrétiens.

Sujets proposés par l’Institute for Global Engagement

Ouzbékistan

Nous louons Dieu :

  • pour la toute première Église évangélique du Karakalpakstan qui a été enregistrée par le gouvernement en 2020. Cela est un énorme soulagement pour les responsables et pour les membres de leurs famille car en Ouzbékistan l’activité religieuse non enregistrée est punie par la loi.

Nous prions :

  • pour que plus de frères et sœurs chrétiens dans notre pays aient accès à la formation théologique.

  • pour les nombreuses personnes, en particulier les femmes, qui subissent une énorme pression psychologique en raison du confinement durant la crise du COVID-19. Beaucoup de personnes ont perdu leur emploi et les familles ont des difficultés financières. Nous prions pour que Dieu donne aux familles des occasions de joindre les deux bouts.

Sujets proposés par une responsable de ministère parmi les femmes en Ouzbékistan

Traduit par Valérie Marie-Agnès Dörrzapf

Révisé par Léo Lehmann

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Dissiper le brouillard du mensonge et des « infox » (Fake-News)

La prédication et la formation de disciple traditionnelles peuvent aider à faire face aux thèses conspirationnistes qui menaçent l’accès à la vérité. 

Christianity Today March 30, 2021
Illustration by Rick Szuecs / Source images: Samuel Corum / Stringer / Brent Stirton / Staff / Getty

Certains émeutiers qui ont pris d’assaut le Capitole des États-Unis, début janvier, scandaient le slogan « Pendez Mike Pence ». Mais certains pensaient probablement que l'ancien vice-président était déjà mort.

Parmi les franges les plus marginales des partisans de l'ancien président Donald Trump, en particulier ceux influencés par la théorie complotiste QAnon, court la rumeur que Pence a été exécuté par un tribunal militaire dirigé par Trump, l'année dernière, et qu’il en a été de même pour les Obama, les Clinton, le président Joe Biden et le président de la cour suprême John Roberts. Les reportages les montrant apparemment réagir aux événements actuels, seraient simplement des faux fabriqués par ordinateur. Ou peut-être des hologrammes. Ou des acteurs ? Ou des clones !

C'est évidemment absurde. Et c'est tout aussi irréfutable : on ne peut pas prendre Biden pour se livrer à une vérification à la Thomas, l’incrédule, pour chaque adepte du conspirationnisme. Même si nous le pouvions, il n’existe aucune preuve externe que ce genre de théorie conspirationniste ne puisse expliquer et rejeter.

Mais le plus remarquable à propos de cette croyance est qu'une part importante des gens qui y adhèrent se disent volontiers évangéliques. Leurs profils, sur les réseaux sociaux, arborent des mentions telles que « chrétien conservateur », « chrétien croyant à la Bible », « combattant pour la foi », « Jean 3.16 », « craignant Dieu », « chrétienne, épouse et mère ». Ils partagent des versets bibliques, mêlés parfois à leurs théories conspirationnistes. Ils affirment avec assurance que Dieu accomplit une refonte du gouvernement américain dont ces exécutions imaginaires font partie. Il se pourrait qu’ils aillent à l'Église, peut-être une Église très semblable à la vôtre.

La plupart des Américains engagés politiquement, en général, et les chrétiens en particulier, ne croient pas en des choses aussi extravagantes. Mais cette théorie sur des exécutions de hauts-responsables n'est pas tout à fait l’anomalie complète que nous pourrions espérer. « Dans mon expérience et mes conversations parmi les pasteurs, nous sommes de plus en plus alarmés par l’attirance croissante pour des théories du complot et des idées politiques farfelues, surtout depuis les élections », déclare Daniel Darling, pasteur et vice-président senior des National Religious Broadcasters (Diffuseurs chrétiens nationaux), contributeur à CT et auteur de livres dont A Way with Words : Using Our Online Conversations for Good (Un chemin pour les mots : utiliser nos conversations en ligne pour le bien).

Le point de vue de Darling, qu'il partageait avec moi dans une interview par courriel en janvier, est étayé par de nouvelles données fournies par une enquête de Lifeway. La moitié des pasteurs protestants en Amérique disent qu'ils « entendent fréquemment des membres de leur(s) congrégation(s) répéter des théories du complot qu'ils ont entendues et qui expliquent pourquoi quelque chose se passe dans [leur] pays », révéle ce sondage. La tendance semble être la plus forte, déclare Scott McConnell, directeur exécutif de Lifeway Research, « dans les cercles politiquement conservateurs, ce qui correspond aux pourcentages plus élevés observés dans les Églises dirigées par des pasteurs protestants blancs ».

« Pour la plupart des pasteurs avec qui je m’entretiens, c'est une fraction de leurs communautés », dit Darling, « peut-être parmi la plus engagée politiquement ou la plus connectée. Et pourtant, c'est un élément suffisant pour inquiéter de nombreux pasteurs », poursuit-il, en particulier à propos du « nombre de [chrétiens] captifs de leurs médias favoris, lesquels deviennent de plus en plus extrémistes, et sur le fait que beaucoup sont apparemment réfractaires à entendre des réfutations sensées ».

Il en résulte une crise épistémologique, et ce n'est pas qu’un phénomène marginal. Le mensonge le plus subtil peut être le plus fort : « si quelqu’un se croit debout, qu’il prenne garde de ne pas tomber » (1 Co 10.12). Cette crise est plus qu'un problème politique urgent ; c'est aussi une urgente question de formation de disciple, car les chrétiens sont censés être un peuple attaché à la vérité (Jn 8.31–32).

L'épistémologie est simplement l'étude de la connaissance : que savons-nous et comment le savons-nous ? Quelles sont les sources sûres de connaissance ? Le monde est-il vraiment tel que nous le percevons ? Si la vérité existe (comme l'affirment les chrétiens), pouvons-nous y accéder correctement ? Nous sommes dans une crise épistémologique parce que nos réponses à ces questions dans la sphère publique s’avèrent terriblement confuses.

Les cinq dernières années de la politique américaine ont été une ère de « faits alternatifs » et de « vérité qui n'est pas la vérité ». Les dénonciations de « fausses nouvelles », certaines justes et d'autres cyniquement calomnieuses, se répandent vite, massivement. Les médias dominants sont rejetés parce qu'ils sont déficients ou biaisés (une critique souvent méritée !), Mais les colporteurs de rumeurs sous pseudonymes du monde numérique qui émergent pour les remplacer sont pires. Trop de gens à droite embrassent une forme de « dreampolitik » (« politique du rêve ») – si cela vous semble juste, croyez-le – tandis que chez d’autres à gauche un accent très fort sur l'expérience personnelle comme médiateur de la connaissance rend impossible la communication par-delà les lignes identitaires. Le résultat en est que nous sommes certains de choses qui ne peuvent pas être assurées et que nous doutons de faits fondamentaux. Un brouillard épistémologique s’insinue dans nos foyers et nos têtes via la lecture automatique et les contenus que nous faisons défiler à l’infini sur nos écrans.

Je voulais m’adresser à Darling parce que, si je pense être capable de bien décrire ce problème, si je le cerne bien quand je le vois, y compris – à mon grand désarroi – dans ma propre famille, je ne sais généralement pas quoi faire pour cela. Je sais ce que donne dans ma vie la pratique de ce que Graeme Wood du journal The Atlantic appelle « l'hygiène mentale » (qui, à mes yeux, est aussi une hygiène spirituelle). « La lutte est interne, et familière pour tous ceux qui consomment des médias », écrit Wood. Et pour moi, cela signifie poser des limites – trop souvent brisées – quant à la durée et au contenu de ma consommation de médias, ainsi qu’adopter une routine quotidienne intégrant la lecture des Écritures avant la consultation de mon téléphone.

Mais qu'en est-il des autres, de ceux qui ne reconnaissent même pas l’existence de la crise épistémologique ? Je ne peux pas leur imposer mes limites et ma pratique. G. K. Chesterton, dans Orthodoxie, déconseillait de débattre avec le conspirationniste, recommandant plutôt de lui faire prendre « l'air », pour lui montrer qu'il y a « quelque chose de plus sain et de plus frais en dehors de l’étouffement dans un seul raisonnement ». Mais à quoi bon à l'ère des smartphones, quand on a toujours en poche une source inépuisable de controverses et de confusion ?

Les prises de position publiques – comme cet article lui-même – sont loin de tout faire, me dit Darling. Cela joue « un rôle », écrit-il, « mais le problème doit être résolu par la relation » et dans l'Église locale. Beaucoup trop « d’évangéliques sont plus catéchisés par le podcast, les experts et les politiciens de leur niche politique favorite » que par la Bible, poursuit-il. Une description dont je soupçonne qu’elle pourrait être dérangeante, mais qui est incontestable si l'on considère le temps accordé de part et d’autre.

« Ainsi, peut-être que les pasteurs ont besoin de revenir au genre de prédication à l'ancienne qui met en garde contre les mauvaises influences et nous exhorte à “renouveler notre intelligence” (Rm 12.2) au moyen de l’Écriture », déclare Darling, tout en intégrant dans leur pratique de la formation de disciples « un enseignement soutenu et nuancé sur ce que signifie s'engager dans la politique de manière saine ». Les Églises peuvent utiliser des groupes de maison, recommander des lectures, des recherches et des podcasts, ainsi que des cours pour former et encourager les membres. Ne pas aborder l'engagement politique et la consommation de contenu en ligne, argumente Darling, signifie « céder ce terrain aux marchands de peur et aux conglomérats médiatiques qui cherchent notre attention pour faire du profit ».

Et tout cela doit se faire dans le contexte de l'amour chrétien : dans l'amitié, dans la prière, le jeûne et le combat spirituel (Ep 6.10-18) ; en se supportant et en se pardonnant mutuellement (Col 3.13). Nous ne serons peut-être pas en mesure de faire sortir nos interlocuteurs de la crise épistémologique, mais nous pouvons faire appel, conclut Darling, aux vertus et à la mission chrétiennes, en posant certaines questions. Cela vaut-il vraiment le temps et l’énergie consacrés ? Cela nous aide-t-il à nous « conduire d’une manière digne de l’appel qui [nous] a été adressé » (Ep 4.1) ? Cela conduit-il la pensée à se tourner vers Christ ? Pas besoin de croire au clone de Biden pour que la réponse soit « non ».

Bonnie Kristian est chroniqueuse pour Christianity Today.

Traduit par Philippe Kaminski

Révisé par Léo Lehmann

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Retrouver les bases de la lecture biblique

Les meilleurs outils et stratégies sont d’une élémentaire simplicité

Christianity Today March 23, 2021
Steven Wickenheiser / Lightstock

J’ai appris à cuisiner avec les outils les plus basiques sous la tutelle de ma belle-mère, héritière d'un art de la cuisine remontant à des générations avant elle. Le bacon était frit dans une poêle en fonte, et retourné avec une fourchette. La croûte de la tarte était façonnée avec un emporte-pièce métallique dans un bol à mélanger. Les biscuits étaient coupés à l’aide d’une boîte vide. Des outils simples, employés fidèlement, donnant toutes sortes de bonnes choses.

Mais à mesure que mon intérêt pour la cuisine grandissait, je suis passée à des outils plus compliqués qui promettaient moins de travail ou de désordre. Ma cuisine débordait d’ustensiles à usage unique et d’appareils de luxe, mais le bacon croustillant, les croûtes de tarte feuilletées et les biscuits chauds de mes premières années ne se sont pas améliorés. Dans de nombreux cas, ils n'étaient plus aussi bons, ou la tâche de localiser et faire fonctionner le bon outil avait émoussé mon intérêt.

Il est possible de compliquer des pratiques simples qui donnent de bons résultats. Cela est vrai pour la cuisine, et il en va de même pour la lecture de nos bibles. L'abondance de commentaires en ligne, de lexiques, de bibles interlinéaires et de bases de données que l'on peut fouiller peut nous faire oublier des outils de base éprouvés qui nous sont bien utiles. Voici cinq « ustensiles » simples qui se sont peut-être perdus dans le tiroir des façons d'entrer dans les Écritures et de les analyser :

Lire le texte plusieurs fois

Nous sous-estimons l’efficacité de la lecture répétée pour nous exercer à suivre le sens d’un texte. Celle-ci nous aide à identifier des idées, des noms, des lieux, des images, des rythmes ou des phrases, et nous commençons ainsi à voir des structures et des modèles émerger. Elle ne cesse jamais d'être utile, car à chaque lecture, de nouveaux trésors surgissent du texte. L’une des meilleures approches de l’étude de la Bible – et une des plus négligées – serait de lire un livre biblique du début à la fin, sans essayer de l’analyser ou de réfléchir à ses applications. Et puis de le relire. Et encore une fois.

Consulter une carte

Lorsque J.R.R. Tolkien a publié sa désormais célèbre trilogie Le Seigneur des Anneaux, il plaça dans les premières pages un outil ingénieusement simple qui permit à ses lecteurs d’entrer dans le récit : une carte de la Terre du Milieu. Il est probable qu’un bon nombre de chrétiens occidentaux modernes en savent plus sur la géographie de la Terre du Milieu que sur la géographie du Moyen-Orient. Les annexes de nos Bibles contiennent également des cartes pour nous faire entrer dans ce décor et nous fournir le contexte de ce que nous lisons. Le fait de savoir que l’eunuque éthiopien d’Actes 8 a effectué un pèlerinage de 2400 km nous permet de mieux mesurer la profondeur de son désir de connaître Yahweh. Cartographier les voyages missionnaires de Paul ou les voyages d’Abram ajoute à notre compréhension de ces histoires et nous aide à mieux les retenir.

Utiliser une chronologie biblique

Quand le Royaume d'Israël a-t-il été divisé ? Quand Ésaïe a-t-il prophétisé ? Quelle est la durée de la période intertestamentaire ? Quand le temple a-t-il été détruit ? Garder à portée de main une chronologie biblique peut nous aider à replacer ce que nous lisons dans le contexte historique approprié. Cela peut aussi nous aider à développer une idée des thèmes qui sont couramment abordés à des époques particulières ou à comprendre pourquoi un thème particulier n’apparaît pas dans une partie spécifique de la Bible. Pourquoi ne pas fabriquer un signet à conserver dans votre Bible pour vous aider à apprendre et à appliquer la chronologie de l’histoire biblique à votre lecture ?

Comparer les traductions

Si une expression ou une phrase est difficile à comprendre, comparez-la dans plusieurs autres traductions. L’accès en ligne à plusieurs traductions rend la comparaison facile et accessible. Vous pouvez aussi ajouter une étape supplémentaire à votre lecture répétée en changeant de traduction pour vos parcours ultérieurs d'un livre.

Vérifier dans un dictionnaire

Un lexique d'hébreu ou de grec n’est pas forcément utile pour qui ne connaît pas ces langues bibliques, mais un simple dictionnaire de français peut rendre bien des services. Lorsque Paul rencontre un proconsul dans Actes 13, un coup d’œil dans un dictionnaire nous permet de savoir qu’un proconsul est un gouverneur romain. Quand nous lisons d’anciennes traductions de 1 Jean 2.2 affirmant que Christ est notre propitiation, un dictionnaire nous précisera qu’il s’agit d’un sacrifice expiatoire. Même la recherche de mots courants comme « inébranlable » ou « juste » peut aider à élargir ou remettre en question notre compréhension de certains passages.

Quand il s’agit de lire la Bible, évitez de trop compliquer la recette. Redécouvrez les compétences de lecture de base et lisez avec une attention renouvelée. Des outils simples, employés fidèlement, font toutes sortes de merveilles.

Jen Wilkin est une épouse, une mère et une enseignante de la Bible. Elle est l’auteure de In His Image and None Like Him.

Traduit par Valérie Marie-Agnès Dörrzapf

Révisé par Léo Lehmann

Qu’est-ce que le nationalisme chrétien ?

En quoi cette pensée est-elle à distinguer d’autres formes de nationalisme, du patriotisme ou du christianisme ? Explication.

Christianity Today March 22, 2021
Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: Cameron Smith / Mohammad Aqhib / Unsplash / Reza Estakhrian / Getty Images

Depuis la « marche de Jéricho » en décembre à Washington, D. C., et depuis qu'une foule de partisans de Trump – nombre d’entre eux arborant des signes, slogans ou symboles chrétiens – se sont soulevés et ont pris d'assaut le bâtiment du Capitole américain le 6 janvier dernier, vous avez peut-être entendu parler des méfaits du nationalisme chrétien aux États-Unis.

Qu'est-ce que le nationalisme chrétien et en quoi est-il différent du christianisme ? En quoi est-il à distinguer du patriotisme ? Comment les chrétiens devraient-ils concevoir leur nation ? Si le nationalisme est une mauvaise chose, cela signifie-t-il que nous devions rejeter également l’appartenance nationale et la loyauté à l’égard de notre pays ?

Qu'est-ce que le patriotisme, et est-ce une bonne chose ?

Le patriotisme, c’est l’amour de son pays. Il est à distinguer du nationalisme, qui touche à la manière dont nous définissons notre pays. Les chrétiens devraient reconnaître que le patriotisme est bon parce que toute la création de Dieu est bonne et que le patriotisme nous aide à apprécier notre propre place en son sein. Notre attachement et notre respect pour une partie spécifique de la création de Dieu nous aident à faire ce qui est bien pour développer et améliorer l’endroit où nous vivons. En tant que chrétiens, nous pouvons et devons aimer notre pays, ce qui signifie également travailler à rendre notre pays meilleur, en le soumettant à la critique et en agissant pour la justice quand il fait fausse route.

Qu'est-ce que le nationalisme ?

Il existe de nombreuses définitions du nationalisme, ce qui suscite un vif débat sur la meilleure manière de le décrire. En passant en revue la littérature académique sur le nationalisme j'ai trouvé plusieurs thèmes récurrents. La plupart des chercheurs conviennent que le nationalisme commence par la croyance que l'humanité est divisible en groupes culturels absolument distincts et intrinsèquement cohérents, définis par des traits communs tels que la langue, la religion, l'ethnicité ou la culture. À partir de là, affirment les chercheurs, les nationalistes croient que ces groupes devraient avoir chacun leur propre gouvernement, que les gouvernements devraient promouvoir et protéger l’identité culturelle de la nation et que ces groupes nationaux souverains donnent un sens et un but aux êtres humains.

Qu'est-ce que le nationalisme chrétien ?

Le nationalisme chrétien est la conviction qu’une nation est définie par le christianisme et que le gouvernement devrait prendre les mesures nécessaires pour préserver cet état de fait. Généralement, les nationalistes chrétiens affirment que leur nation est et doit rester une « nation chrétienne », non pas donc simplement dans une éventuelle perspective historique, mais dans celle d’un programme normatif de ce que leur pays doit continuer à être pour le futur. Dans le contexte des États-Unis on doit notamment le développement de ce type d’idée à des intellectuels tels que Samuel Huntington : l'Amérique est définie par son passé « anglo-protestant » et les Américains perdraient leur identité et leur liberté s’ils ne préservent pas cet héritage culturel.

Toujours dans le contexte des États-Unis, les nationalistes chrétiens ne rejettent pas le premier amendement de la constitution qui garantit la liberté de religion, et ils ne prônent pas la théocratie, mais ils sont persuadés que le christianisme devrait jouir d'une position privilégiée dans l’espace public. La notion de « nationalisme chrétien » est relativement nouvelle et ses partisans ne se l’appliquent généralement pas eux-mêmes, mais il décrit précisément les nationalistes pour qui l’identité nationale est indissociable du christianisme.

Quel est le problème du nationalisme ?

L'humanité n'est pas aisément divisible en unités culturelles absolument distinctes. Les cultures se chevauchent et leurs frontières sont imprécises. Puisque les unités culturelles sont floues, elles ne sont pas adéquates comme fondement de l’ordre politique. Les identités culturelles sont mouvantes et leurs contours sont difficilement repérables, tandis que les frontières politiques sont rigides et semi-permanentes. Tenter de fonder une légitimité politique sur l’identité culturelle signifie que le pouvoir politique risque constamment d'être perçu comme illégitime par tel groupe ou tel autre. Le pluralisme culturel est par essence inévitable dans toute nation.

Est-ce un véritable problème ou un simple souci abstrait ?

C'est un problème sérieux. Lorsque les nationalistes s’emploient à construire leur nation, ils doivent définir qui fait et qui ne fait pas partie de la nation. Mais il y a toujours des dissidents et des minorités qui ne se conforment pas ou ne peuvent pas se conformer au modèle culturel exclusif des nationalistes. En l'absence d'autorité morale, les nationalistes ne peuvent s'établir que par la force. Les spécialistes sont presque unanimes à dire que, dans la pratique, les gouvernements nationalistes ont tendance à devenir autoritaires et oppressifs. Par exemple, dans les générations passées, dans la mesure où le protestantisme faisait pratiquement fonction de religion établie aux États-Unis, la situation n’était pas celle d’une vraie liberté religieuse. Pire encore, les États-Unis et de nombreux États en leur sein ont fait du christianisme un pilier pour soutenir l'esclavage et la ségrégation.

En quoi ce que veulent les nationalistes chrétiens diffère d’un engagement chrétien normal en politique?

Les nationalistes chrétiens veulent définir leur nation comme une nation chrétienne et veulent que le gouvernement érige leur modèle culturel spécifique en culture officielle du pays. Aux-États-Unis, certains ont prôné un amendement à la Constitution pour reconnaître l'héritage chrétien de l'Amérique, d'autres militent pour rétablir la prière dans les écoles publiques. Les uns travaillent à inscrire une interprétation nationaliste chrétienne de l'histoire américaine dans les programmes scolaires, affirmant même que l'Amérique a une relation privilégiée avec Dieu ou a été « choisie » par lui pour accomplir une mission spéciale sur terre. D'autres encore préconisent des restrictions migratoires destinées à empêcher tout changement de démographie religieuse et ethnique aux États-Unis ou tout changement dans la culture américaine. On en trouve également qui voudraient conférer au gouvernement le pouvoir de prendre des mesures plus énergiques pour circonscrire les comportements jugés immoraux.

Certains, encore une fois comme l’intellectuel Samuel Huntington, ont soutenu que le gouvernement des États-Unis doit défendre et préserver sa culture « anglo-protestante » prédominante pour assurer la survie de la démocratie américaine. Le nationalisme chrétien se fait parfois le plus flagrant non pas par son agenda politique, mais dans le genre d'attitude dont il témoigne : un présupposé implicite que les chrétiens auraient droit à la première place dans l’espace public parce qu'ils seraient les héritiers du patrimoine véritable ou essentiel de la culture nationale. Les chrétiens auraient un droit prioritaire à définir le sens de l'expérience américaine parce qu'ils se considèrent comme les architectes, les premiers citoyens et les gardiens de l'Amérique.

En quoi est-ce dangereux pour une nation ?

Le nationalisme chrétien a tendance à traiter les autres citoyens comme des citoyens de seconde zone. S'il était pleinement mis en œuvre, il ne respecterait pas la pleine liberté religieuse de tout un chacun. Doter l'État d’une « législation morale » pour réglementer la conduite comporte toujours le risque d'aller trop loin, de créer un mauvais précédent et de créer des pouvoirs politiques qui pourraient se retourner plus tard contre les chrétiens. Dans le contexte des États-Unis, le nationalisme chrétien est par ailleurs une idéologie défendue majoritairement par des Américains blancs, et il a donc tendance à exacerber les clivages raciaux et ethniques. Ces dernières années, le mouvement s'est amplifié, caractérisé par la peur et une conviction que les chrétiens seraient victimes de persécution. Certains commencent à affirmer que les chrétiens américains doivent se préparer à se battre, physiquement, pour préserver l’identité américaine, une idée qui a joué un rôle dans les émeutes du 6 janvier dernier.

En quoi le nationalisme chrétien est-il dangereux pour l'Église ?

Le nationalisme chrétien confond le nom de Christ avec un agenda politique terrestre, proclamant que son programme est le programme politique valable pour tout vrai croyant. Cela est fondamentalement trompeur, quel que soit le programme en question, car seule l'Église est habilitée à proclamer le nom de Jésus et à porter son étendard dans le monde. C'est encore pire lorsque l’on est face à un mouvement politique qui se fait le champion de causes injustes, ce qui est le cas du nationalisme chrétien aux États-Unis et de l’absolutisme qui l'accompagne. Ce nationalisme chrétien en vient à appeler le mal bien et le bien mal. Il se sert du nom du Christ comme d’une feuille de vigne pour couvrir son programme politique, s’approprie le message de Jésus pour en faire un outil de propagande politique et traite l'Église comme la servante et la pom-pom girl de l'État.

En quoi le christianisme diffère-t-il du nationalisme chrétien ?

Le christianisme est une religion centrée sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ telles que définies par la Bible chrétienne et les crédos des apôtres et de Nicée. C'est le rassemblement d’individus « de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, de toute langue » qui adorent Jésus (Ap 7.9), une foi qui réunit Juifs et Grecs, nationaux et étrangers. Le christianisme est politique, en ce sens que ses partisans ont toujours compris que leur foi entre en dialogue avec leurs allégeances terrestres, les affecte et les transcende, mais il n'y a pas de point de vue unique sur les implications politiques qui découlent de la foi chrétienne, hormis le commandement de « craindre Dieu et honorer le roi » (cf. 1 P 2.17), payer ses impôts, aimer ses voisins et rechercher la justice.

Le nationalisme chrétien, par contre, est une idéologie politique axée sur l'identité nationale d’un pays. Dans le cas des États-Unis, cela implique une compréhension du gouvernement et de l'histoire du pays qui est de toute évidence extrabiblique et est contestée par de nombreux historiens et politologues. Plus important encore, le nationalisme chrétien intègre des prescriptions politiques particulières qu'il prétend bibliques mais qui, au mieux, sont des extrapolations de principes bibliques ou, au pire, sont contraires à ces derniers.

Les chrétiens peuvent-ils s'engager politiquement sans être des nationalistes chrétiens ?

Oui. Aux États-Unis, des chrétiens ont été exemplaires par le passé en aidant à mettre en place l'expérience américaine, et de nombreux chrétiens ont travaillé à mettre fin à l'esclavage, à la ségrégation et à d'autres maux. Ils l'ont fait parce qu'ils croyaient que le christianisme exigeait d’eux qu’ils œuvrent pour la justice. Mais ils ont travaillé pour faire avancer des principes chrétiens, non le pouvoir chrétien ou la culture chrétienne. Il y a là la principale distinction entre l’engagement politique chrétien normal et le nationalisme chrétien. L'engagement politique chrétien normal est humble, aimant et sacrificiel. Il rejette l'idée que les chrétiens ont un droit à la primauté dans l’espace public ou un droit naturel à maintenir leur prédominance historique dans la culture américaine. Aujourd'hui, les chrétiens devraient chercher à aimer leurs prochains en recherchant la justice dans l’espace publique, y compris dans la lutte contre l'avortement, en promouvant la liberté religieuse, en favorisant la justice raciale, en protégeant l'état de droit et en respectant les processus constitutionnels. Cette feuille de route est différente de la promotion d’une culture chrétienne, de l’héritage occidental ou de valeurs anglo-protestantes.

Paul D. Miller est professeur de pratique des affaires internationales à l'Université de Georgetown et chercheur à la Commission d'éthique et de liberté religieuse.

Traduit par Philippe Kaminski

Révisé et adapté par Léo Lehmann

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Décès de Luis Palau, qui avait prêché l’Évangile depuis Portland jusqu’en Amérique latine et au-delà

D’abord traducteur de Billy Graham, l’évangéliste d’origine argentine a conduit des millions de personnes dans plus de 80 pays à prendre la décision de suivre Jésus.

Luis Palau

Luis Palau

Christianity Today March 16, 2021
Courtesy of Luis Palaus Association / Edits by Rick Szuecs

L’évangéliste Luis Palau est décédé à l’âge de 86 ans d’un cancer du poumon. Immigrant argentin établi aux États-Unis, Palau est devenu l’un des successeurs les plus éminents de Billy Graham et a annoncé l’Évangile dans plus de 80 pays à travers le monde. Son ministère a permis que des millions d’individus s'engagent personnellement à suivre Jésus comme Sauveur et Seigneur.

Luis Palau a prêché l’Évangile aux chefs d’État d’Amérique latine et, alors même que le Rideau de fer tombait en URSS, ses « croisades » ont rassemblé un large éventail de chrétiens comprenant aussi bien des protestants que des orthodoxes ou des catholiques. Alors qu'il était encore jeune homme, Palau a servi d'interprète à Billy Graham, qui l'a ensuite aidé à financer sa propre organisation d’évangélisation à sa création officielle en 1978.

Luis Palau a commencé à annoncer l’Évangile à un moment réellement historique de l’évangélisation latino-américaine. Le pentecôtisme était arrivé le premier dans la région au début des années 1900. Dans les années 1960 et 1970, René Padilla d’Équateur et Samuel Escobar du Pérou ont commencé à plaider pour la « misión intégrale » (mission intégrale), lançant un véritable défi à l'évangélisme qu’ils pensaient être trop étroitement axé sur le salut personnel individuel au détriment, plus largement, des préoccupations sociales. Luis Palau n’a pas suivi cette trajectoire. Ses écrits en espagnol critiquaient la théologie de la libération et son ministère a continué à se concentrer sur les conversions. Cependant, une grande partie de son travail ultérieur comprenait un engagement actif dans la communauté locale, notamment dans sa ville natale de Portland, dans l'Oregon.

« Palau avait une remarquable façon de prêcher l'Évangile de manière accessible et d'implanter des priorités spirituelles visant le salut personnel en Christ, mais il avait également une certaine conscience sociale », déclarait le professeur d’histoire de Notre Dame Darren Dochuk. « Si ce n’était pas un Évangile social à part entière, c'était néanmoins un message qui démontrait sa conscience des préoccupations sociales ».

Dans les années 1990, le ministère mondial de Luis Palau a commencé à se concentrer intentionnellement sur les États-Unis. Sous l’influence de ses fils, qui ont assumé des rôles de leadership actifs à ses côtés dans le ministère, ses événements d’évangélisation ont de plus en plus été caractérisés par la présence de concerts de rock et par l'existence de projets de service social communautaire. En 1999, le New York Times faisait un sondage pour savoir qui pourrait succéder à Billy Graham. Luis Palau fut le premier nom mentionné.

Bien qu’il ait vécu sa vie d’adulte aux États-Unis, Luis Palau est resté connecté aux réalités de l’Amérique latine, en grande partie grâce à la radio, le moyen même par lequel il avait entendu Billy Graham prêcher pour la première fois alors qu'il était adolescent, un événement qui a inspiré toute son évangélisation. Il payait souvent une couverture médiatique simultanée aux heures de grande écoute pour diffuser ses croisades via la télévision. En plus de sa prédication publique, il apparaissait également à la télévision locale régionale, dans des émissions dans lesquelles il répondait aux questions des téléspectateurs tout en cherchant à diriger ses interlocuteurs vers le Seigneur.

Luis Palau a grandi à Ingeniero Maschwitz, une petite ville située à environ 50 kilomètres de Buenos Aires. Il est né en 1934, seul garçon parmi sept enfants, dans une famille bilingue, d’un père dont les parents avaient immigré d’Espagne après la Première Guerre mondiale et d’une mère issue d'une famille à la fois écossaise et française. Les parents de Palau, Luis Palau Sr. et Matilde Balfour de Palau, sont devenus chrétiens après qu’Edward Rogers, un haut dirigeant du secteur pétrolier britannique, ait donné une Bible à la mère de Luis. Edwards Rogers a exercé une influence spirituelle clé sur les Palau pendant son enfance, et lorsque le père de Luis est décédé de manière inattendue, c'est Edwards Rogers qui a aidé financièrement la famille.

La conversion proprement dite de Luis Palau lui-même s’est produite alors qu’il participait à un camp d’été en 1947, grâce à un conseiller du camp qui l’a conduit au Christ.

« Vous n’êtes pas obligé d’avoir une histoire à couper le souffle sur la façon dont vous avez reçu Jésus. Ce qui compte, c'est que cette histoire soit la vôtre », écrivit plus tard Luis Palau dans ses mémoires. « Certains reçoivent une lumière tombant du ciel, l’expérience de la route de Damas qui les emmène, alors même qu'ils sont les “pires des pécheurs”, directement dans les bras de Jésus. D'autres, parmi nous, sont comme des enfants qui commencent tout juste à apprendre ce que signifie le péché. Pour eux, la lumière venant du ciel ressemble à un faisceau de lampe de poche tremblant sur la page d’une Bible, alors que la pluie froide tombe tout autour. Ce qui compte vraiment dans notre conversion, c’est qu'elle soit réelle. »

Luis Palau a appris l’anglais dès son plus jeune âge grâce à ses parents bilingues. Une grande partie de son éducation s'est également faite en anglais, d’abord dans un pensionnat britannique, et plus tard dans une prestigieuse académie associée à l’Université de Cambridge.

Après avoir terminé l’école et trouvé du travail dans une succursale de la Banque de Londres, Luis Palau a d’abord découvert la voix de Billy Graham à la radio en Argentine, alors qu'il était adolescent. Quelques années plus tard, Luis Palau lui-même adressera à sa radio locale une demande en vue de pouvoir y prêcher. Après avoir initialement aspiré à devenir avocat, Luis Palau commencera alors à rêver d’un ministère à l’échelle mondiale, centré sur l’évangélisation de masse, semblable à celui qui avait caractérisé les croisades de Billy Graham. À peu près à la même époque, il assistera à une étude biblique dirigée par le pasteur et écrivain américain Ray Stedman, qui, tout au long des deux mois qui suivirent, exhortera l’Argentin à déménager aux États-Unis pour se former au ministère.

Lorsqu’il est arrivé dans la région de la baie de San Francisco en Californie, Luis Palau a vécu avec Ray Stedman, qui était également le mentor d’un jeune du nom de Chuck Swindoll. Le mentorat de Ray Stedman allait bien au-delà de simples recommandations de lectures ou de l’imposition de conseils. Il emmenait Luis Palau à des séances de cure d'âme à l’Église, le taquinait sur sa formation juridique et le régalait de ses histoires étonnamment franches et apparemment sans tabou. Ray Stedman a aussi encouragé Luis Palau à suivre les cours du Séminaire théologique de Dallas, mais celui-ci s’est découragé face à l’engagement de quatre ans que cela impliquait et a préféré opter pour un programme d’un an à la Multnomah School of the Bible (aujourd’hui Multnomah University).

C'est à Multnomah que Luis Palau a rencontré sa femme, Patricia, qui résidait en Oregon et qui avait ses propres rêves d’évangélisation mondiale. Après leur mariage, le couple a déménagé à Détroit avant de passer du temps au Costa Rica, en Colombie et au Mexique dans le cadre de l’agence missionnaire Overseas Crusades. Au fil de l’élargissement de leur famille – ils ont finalement eu quatre garçons – les Palau décidèrent d’élever leurs enfants dans l’Oregon. Luis continuait à voyager pendant que Pat restait à la maison. Il avait un jour calculé, 57 ans après leur mariage, qu’ils avaient cumulé 15 ans de séparation à cause de ses voyages.

« Je n’ai jamais perdu de vue que bon nombre des moments les plus précieux, les trésors de la vie de mes fils, se sont déroulés sans moi », a plus tard écrit Luis Palau. « Je ne regrette pas le choix que j'ai fait, même si je pleure les nombreux souvenirs qui ont dû se construire en mon absence. »

Luis Palau avait brièvement rencontré Billy Graham lorsque ce dernier avait visité l'Argentine, mais leurs chemins se sont recroisés alors que Luis approchait de la trentaine. Luis Palau admirait Billy Graham, au point qu'il imitait sa stratégie centrée sur la ville, nommait des hommes d’affaires prospères au conseil d’administration de son ministère, remplissait ses sermons d’événements actuels, faisait appel à des athlètes de premier plan pour apporter des témoignages lors de ses manifestations, et n'organisait pas de croisade à moins qu’une coalition diversifiée d’Églises ne l’invite. Si, au début de son ministère, Luis Palau a fait office de traducteur pour Billy Graham, les deux hommes se sont plusieurs fois associés au cours des décennies de ministère qui ont suivi.

Les croisades de Luis Palau faisaient souvent suite à des décennies de ministère des Églises locales et des sociétés bibliques, dont beaucoup étaient pentecôtistes. Luis Palau et son équipe d’évangélisation ne se contentaient pas de s'adresser à la foule, mais ont toujours cherché à rencontrer les dirigeants politiques de la région où ils se rendaient. « Une conversation prévue pour douze minutes avec le président du Guatemala Carlos Arana Osorio a duré une heure ; le président a accepté une Bible de Luis Palau, déclarant qu’il voulait l’étudier » a par exemple rapporté CT en 1974.

L’ami le plus notoire de Luis Palau a probablement été le dictateur guatémaltèque Efraín Ríos Montt (qui comptait alors un certain nombre de dirigeants évangéliques parmi ses proches). Celui-ci a, par la suite, été reconnu coupable de génocide. Le verdict sera finalement annulé, et Luis Palau disait de lui à CT en 1983 : « C’est formidable d’avoir un président chrétien comme modèle ». « La main de Dieu semble être sur lui ».

Malgré son ministère international et les bouleversements politiques que l’Amérique latine connaîtra dans la seconde moitié du xxe siècle, Luis Palau acquerra la réputation de ne faire que rarement des commentaires d'ordre politique.

« Ceux qui sont appelés à entrer dans l’arène politique devraient considérer cela comme un ministère du Seigneur. Peu m’importe s’il ou elle est de gauche, de droite, athée ou chef religieux. Je dis toujours aux politiciens : “Votre position correspond à une autorité déléguée de Dieu, vous êtes donc des ministres de Dieu” », déclarait-il en 1996. « Je les encourage donc à penser à la justice et à la droiture, et à défendre les pauvres et les nécessiteux. C’est le rôle d’un politicien ».

Au-delà de ses relations avec les dirigeants politiques, Luis Palau était également ami de longue date avec l’homme qui allait devenir l’un des Argentins les plus célèbres du monde : Jorge Bergoglio. Lorsque cet ami est devenu le pape François en 2013, Palau a applaudi cette nomination.

« C’était enthousiasmant à cause de l’Argentine, à cause de sa personnalité et à cause de son ouverture envers les chrétiens évangéliques », déclarait-il à CT en 2013. « J'ai été profondément ému, tout simplement parce que je l'ai connu ».

Cet esprit de partenariat œcuménique a également caractérisé les croisades de Luis Palau. Celles-ci représentaient souvent des mois de partenariat sur le terrain avec les Églises locales et permettaient de construire de la confiance entre des chrétiens éloignés de longue date. Habituellement, ces collaborations s'étendaient bien au-delà des congrégations protestantes. Ainsi, dans des pays comme l’Égypte et la Russie, où les évangéliques et les chrétiens orthodoxes étaient depuis longtemps en désaccord, les croisades ont servi de catalyseurs à un partenariat. Pareillement, en Amérique centrale, catholiques et charismatiques se sont mêlés lors des événements qu'il organisait.

Ce genre de camaraderie n’a pas toujours été possible dans son pays d’adoption. En 1976, par exemple, Luis Palau avait annulé une croisade à Chicago visant les chrétiens nominaux hispaniques à cause de divisions entre les chrétiens pentecôtistes et non pentecôtistes.

« Il est intéressant de noter que les États-Unis sont le pays le plus difficile au monde pour amener les dénominations à travailler ensemble. Les États-Unis affichent souvent le motif “une nation sous Dieu” mais c’est une pure théorie », déclarait Luis Palau à CT en 1996. « Le travail le plus considérable dans une croisade à l’échelle d'une ville, ce n'est pas celui qui consiste à toucher les non-convertis, mais celui de rassembler les Églises pour toucher les inconvertis ».

Malgré son héritage argentin quand il a quitté l’Amérique du Sud, sa formation théologique, ses relations et la structure de son ministère faisaient de lui un Américain aux yeux d'une grande partie du monde.

« Il adopte, en effet, le modèle Billy Graham. Il a, derrière lui, cette grande organisation qui fournit un cadre qui accrédite son ministère ainsi qu'une expertise en gestion, permet la collecte de fonds et offre de la légitimité », expliquait Daniel Ramirez, professeur agrégé de religion à la Claremont Graduate University. « Tout cela vient des États-Unis. Cela ne vient pas d’Amérique latine. »

Au fil des années, l'influence américaine s’est renforcée chez Luis Palau. Pourtant, en même temps, il a cherché petit à petit à se différencier du modèle adopté par nombre de ses événements internationaux jusque là. Ainsi, ses fils le convainquirent d’abandonner le mot croisade pour celui de festival – une suggestion qu’il a d’abord combattue. Comme beaucoup de ses contemporains, il a commencé à troquer les lieux comme des arènes sportives pour des parcs de centre-ville. De nombreux événements ont également commencé à inclure des projets d’aide sociale apportée à la communauté locale. Au cours d’une semaine de vacances, il a retransmis par satellite dans des dizaines d’Églises une émission encourageant celles-ci à rejoindre les étudiants par le biais de fêtes sur la plage avec l'assistance de groupes de musique locaux, de conférenciers et de sports appropriés.

« Il était clairement orthodoxe et en même temps agréable », a déclaré Ed Stetzer, directeur exécutif du Wheaton College Billy Graham Center. « C’est quelque chose que tout le monde ne réussit pas sur la scène nationale. Mais lui l'a fait ».

Plusieurs années plus tard, son ministère basé dans la région de Portland a également attiré l’attention par l’établissement de relations intentionnelles avec le maire de l’époque, qui était ouvertement gay, et par sa collaboration avec une ville qui se vantait d’avoir une réputation laïque et progressiste. Parfois, Luis Palau a craint que l’attention croissante suscitée par son ministère au service de la société n'éclipse l’évangélisation à laquelle il se sentait appelé.

« Nous courons le risque de boucler la boucle et de devenir comme les libéraux », déclarait-il à CT en 2008. « Nous ne devons pas diluer l’Évangile parce que nous déjeunons avec des politiciens. Je m’engage à toujours prêcher le sang de Jésus et la croix de Jésus ».

À travers ses festivals américains, il a également cherché à développer des relations avec la communauté latino-américaine.

« Les Latinos sont les mieux placés pour faire passer le message de l’Évangile dans ce pays en raison de notre engagement fort envers la famille et parce que les Hispaniques ont un sens de l’abandon à l’Évangile », avait-il notamment dit. « Je viens à peine de mentionner un verset biblique qu'aussitôt ils se mettent à applaudir ! » Lors de rassemblements au Pavillon de Chicago de l’Université de l’Illinois, Luis Palau lançait la première partie d’un verset biblique et le public clamait le reste.

Luis Palau pensait aussi que les Latinos pouvaient être un lien entre les communautés polarisées blanches comme noires. « Nous ne nous sommes pas isolés des problèmes de la ville comme le sont les Blancs, et nous n’avons pas les mêmes blessures historiques que la communauté afro-américaine », avait-il affirmé.

« La poussée latino-américaine vers l’évangélisme changera également l’Église évangélique elle-même », exprimait Palau. « L’Église évangélique traditionnelle est désormais trop à l’aise dans cette culture ambiante. Elle a perdu son feu et son sens de la conviction du bien et du mal ».

Malgré la situation politique délicate de nombreux pays dans lesquels Luis Palau s'est rendu, il a la plupart du temps évité tout conflit, à quelques exceptions près. En 1977, Palau a parlé à plus de 60 000 personnes au Pays de Galles sur une durée d'un mois. Mais en 2005, la ville de Cardiff a annulé une réception prévue à son intention à cause de ses « croyances évangéliques extrêmes ». Cette même année, Luis Palau avait exhorté les Églises de maison chinoises à enregistrer officiellement leurs Églises afin de « bénéficier d'une plus grande liberté et des bénédictions du gouvernement ». Ses remarques ont suscité un vif rejet de la part des défenseurs de la liberté religieuse.

Alors même que son ministère se développait aux États-Unis, Palau déplorait le manque de passion de l’Occident pour l’évangélisation.

« En Amérique du Nord et en Europe, bien que je trouve qu’il y a beaucoup de discussions sur l’évangélisation, la véritable évangélisation est difficile à détecter », déclarait-il à CT en 1998. « Les chrétiens évangéliques d’Amérique du Nord paient joyeusement n’importe quel montant pour aller à un concert. Ils remplissent des centres urbains pour des rencontres de louange ou des conventions de combat spirituel. Mais quand il s’agit d’un combat en face à face, un combat qui consiste à parler aux gens de leur besoin du Christ avec douceur et clarté, soudainement, les chiffres diminuent. Dans trop d’Églises, la réponse au défi de proclamer l’Évangile dans leur ville est : “Pourquoi devrions-nous faire cela ?” et “Ca coûte cher” »

Plus de 15 ans plus tard, Palau renouvelait ses condamnations.

« Nous, les chrétiens – et en particulier, nous, les Anglo-Saxons – avons cette idée que nous savons ce que pense l’autre gars avant même de commencer à lui parler. En réalité, nous ne le savons absolument pas », déclarait-il. « Le Saint-Esprit a dit qu’il convaincrait le monde de péché, de justice et de jugement. Croyez-vous cela ? Je le crois ».

Son décès laisse derrière lui sa femme, ses quatre fils et de nombreux petits-enfants.

Traduit par Jean-Paul Rempp

Révisé par Léo Lehmann

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