Au-delà de la bienfaisance, offrez une place aux plus pauvres.

Les structures et les horaires des églises rendent souvent difficile la participation de la classe ouvrière. Nous pouvons changer cela.

Christianity Today December 18, 2023
Illustration par Mallory Rentsch / Source Images: WikiMedia Commons

Les fêtes de fin d’année s’accompagnent d’un souci de l’autre et d’une générosité qui s’expriment souvent par diverses actions caritatives. Pendant un mois, cet esprit donne par exemple lieu à des collectes de jouets, de nourriture ou de manteaux. De nombreuses églises locales servent de points de rassemblement et de distribution.

Mais se pourrait-il que les personnes socialement moins favorisées aient besoin de quelque chose de plus de la part des communautés chrétiennes ? Et si le cadeau que les églises pouvaient spécifiquement leur offrir était un lieu de culte et de communion ? L’un des sujets religieux les plus discutés au cours de la dernière décennie est la montée en puissance des « sans religion », qui n’appartiennent donc à aucune communauté religieuse spécifique. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 29 % de la population américaine, soit une augmentation de 10 pour cent en autant d’années. Le Pew Research Center prédit que si les tendances actuelles se maintiennent, les sans-religion seront majoritaires d’ici 2070.

Mais les données révèlent une situation encore plus surprenante chez les plus pauvres et les ouvriers. Selon Ryan Burge, auteur de The Nones: Where They Came From, Who They Are, and Where They Are Going (« Les “sans religion” : d’où ils viennent, qui ils sont et où ils vont »), 60 % des sans-religion gagnent moins de 50 000 dollars par an, et seulement 21 % d’entre eux ont un diplôme universitaire.

En un mot, l’appartenance à une église est de plus en plus l’apanage des classes professionnelles instruites. Pour certains, ces données pourraient suggérer une corrélation entre l’engagement religieux et les types de choix qui conduisent à la richesse, selon une théorie qui voudrait que la foi et la fréquentation de l’église locale favorisent la réussite sociale. D’autres noteront que le mariage entre en corrélation avec le statut socio-économique et que les enfants adultes de parents durablement mariés ont 78 % de chances de plus de fréquenter l’Église que ceux issus de parents divorcés, jamais mariés ou veufs. Peut-être les personnes qui s’engagent auprès de leur conjoint se retrouvent-elles également dans des positions plus stables dans la société ?

Mon expérience dans des communautés de la classe ouvrière suggère une autre réalité, plus directement préoccupante : trop souvent, des obstacles structurels empêchent les plus pauvres de s’intégrer véritablement dans les communautés religieuses. Or les personnes les plus vulnérables sont encore plus menacées lorsqu’elles sont privées des avantages d’une communauté stable. Les horaires sont l’un des obstacles qui empêchent les moins fortunés de rejoindre les bancs de l’église, car les calendriers traditionnels des cultes s’alignent souvent sur ceux de la classe moyenne aisée. Les cultes se tiennent principalement le dimanche matin, et d’autres événements ont lieu le soir et le week-end. Mais les personnes en situation plus précaire ont souvent des horaires irréguliers qui changent sans préavis.

Même ceux qui ont un emploi du temps plus stable et structuré peuvent se retrouver en équipe de nuit, travaillant pendant que les autres dorment et dormant pendant que les autres prient. Étant donné le caractère rituel de la vie ecclésiale, ceux qui ne peuvent pas assister aux rassemblements sont considérablement entravés dans leur capacité à s’intégrer de manière significative. La disparition de certaines lois est également un facteur aggravant. Autrefois, il était courant que des réglementations limitent les transactions commerciales et d’autres activités le dimanche. Bien qu’enracinées dans la pratique religieuse chrétienne, ces lois répondaient également à un besoin commun de repos, ne serait-ce que parce qu’elles limitaient la possibilité que les employeurs exigent des travailleurs qu’ils travaillent ce jour-là. Cette évolution est particulièrement significative pour les personnes travaillant dans le secteur des services. Les restaurants et les magasins ouverts le dimanche doivent employer du personnel le dimanche — un poids qui pèse de manière disproportionnée sur ceux qui se trouvent au bas de l’échelle sociale. Ainsi, alors que la classe moyenne aisée peut choisir d’assister à un culte et de manger ensuite dans un restaurant, ceux qui travaillent dans ces services ont moins de choix. La réalité inévitable est qu’une personne usant de ces services le dimanche conduit à ce que d’autres soient face à des difficultés pour leur éventuelle participation à un culte. Mais les obstacles auxquels se heurtent les plus pauvres ne se limitent pas aux horaires de travail. Ils concernent aussi la famille et la structure du foyer. Par rapport à leurs homologues de la classe moyenne aisée, les plus pauvres et les ouvriers connaissent des taux de mariage beaucoup plus faibles et des taux de divorce beaucoup plus élevés, ainsi que des taux plus élevés d’enfants nés hors mariage. Il en résulte des foyers éclectiques comprenant des réseaux de parenté élargis, des solidarités alternatives et un ensemble potentiellement changeant de partenaires amoureux accompagnés de leurs enfants. Dans la mesure où les ménages pauvres et de la classe ouvrière ne correspondent pas à la structure de la famille nucléaire, il peut être plus difficile pour eux de s’intégrer dans la communauté ecclésiale. Il ne s’agit pas de suggérer que les églises modifient leur enseignement éthique sur le mariage ou la famille, mais si le fait d’avoir un foyer intact est une condition préalable à un engagement significatif, ceux qui ne sont pas dans la norme resteront en marge.

Là encore, il serait facile de voir une corrélation entre un taux faible de mariages et la faible affiliation à l’église et de supposer que les plus pauvres et les travailleurs choisissent eux-mêmes un mode de vie qui les met à l’écart de la communauté chrétienne. Mais même si tel était le cas, il reste difficile pour eux de retourner à l’église s’ils décident de le faire. La communauté chrétienne devient alors un lieu qui n’est accessible qu’à ceux qui ont dès le départ et durablement choisi un certain style de vie. Notons au passage que ce « style de vie » n’inclut pas nécessairement la fidélité sexuelle. De nombreuses cultures ecclésiales se rapprochent davantage des structures domestiques de la classe moyenne aisée, non pas parce que les gens suivent une éthique sexuelle particulière, mais parce qu’ils suivent un schéma domestique particulier.

En clair, les couples de la classe moyenne aisée ne renoncent pas à avoir des relations sexuelles avant ou même en dehors du mariage. Ils renoncent à fonder une famille en dehors du mariage et attendent pour cela que leur formation, leur carrière et leur mariage soient bien établis. Ce « chemin de la réussite » ne fonctionne pas simplement pour son éthique, mais parce qu’il s’aligne sur les structures établies, y compris les structures ecclésiales. Comme le formule l’analyste Ross Douthat, les membres de la classe moyenne aisée font certains choix de style de vie « parce que les bénéfices obtenus en suivant prudemment la trajectoire “études, travail, mariage, enfants” sont si évidents que les Américains ayant fait des études supérieures les considèrent comme une sorte de sagesse gnostique qui n’a pas besoin d’être expliquée ». Que peuvent donc faire les églises pour réduire les obstacles auxquels se heurtent les plus pauvres et les ouvriers ? Comment résister à la tendance à la désaffiliation des personnes les plus vulnérables parmi nous ?

Les responsables d’église pourraient envisager de diversifier leurs programmes hebdomadaires de culte et autres activités afin d’offrir davantage de points d’entrée. Ils pourraient également célébrer la cène ou offrir des études bibliques en dehors de l’église, là où se trouvent les fidèles manquants, de la même manière que les églises ont développé des ministères pour les personnes qui ne peuvent pas assister aux cultes en raison de leur santé ou de leur âge. Une autre approche encore serait de faire le point quant à savoir si une vision particulière de la famille nucléaire oriente leur ministère. Un parent isolé peut-il réellement s’intégrer dans un groupe d’étude biblique ? Un grand-parent élevant de jeunes enfants trouvera-t-il le soutien dont il a besoin ?

Ces réflexions et changements pourraient s’avérer utiles pour les églises dont la population est déjà diversifiée. En revanche, d’autres communautés pourraient avoir besoin d’évaluer humblement si une personne de statut socio-économique inférieur pourrait véritablement s’intégrer en leur sein. Se sentirait-elle perpétuellement exclue en raison des attentes de l’église en matière de participation bénévole, de dons d’argent, de financement d’événements coûteux ou même de vie dans le même quartier que les autres paroissiens ? Les communautés plus uniformément prospères pourraient trouver des moyens de soutenir financièrement le travail des communautés qui s’occupent déjà des plus vulnérables. Compte tenu de la stratification socio-économique existant parfois entre dénominations, cela pourrait signifier franchir des barrières confessionnelles et culturelles pour soutenir des ministères différents du sien. Mais cela aussi fait sens. Alors, faites un chèque et envoyez-le à une église qui sert là où vous ne pouvez pas le faire.

Ceux d’entre nous qui appartiennent à la classe moyenne aisée doivent utiliser leur pouvoir sur la société pour le bien des personnes qui ne sont pas assises à côté de nous à l’église, mais travaillent dans nos usines. Si nous comprenons la valeur du sabbat et du culte pour nous-mêmes, nous devons aussi considérer que le sabbat et le culte sont le patrimoine légitime de tous les enfants de Dieu, quels que soient leurs revenus. En définitive, l’affiliation religieuse est une question d’appartenance. Si les données suggèrent que les pauvres et les ouvriers ont moins le sentiment d’appartenir à des communautés religieuses spécifiques, nous savons que nous appartenons tous à Dieu et que, par conséquent, nous sommes solidaires les uns des autres. Comme le disent les Proverbes : « Le riche et le pauvre se rencontrent : c’est l’Éternel qui les a faits l’un et l’autre. » (Pr 22.2)

En tant que membres de la famille de la foi, la chose la plus bienfaisante que nous puissions faire est peut-être d’ouvrir grand les portes et d’accueillir nos frères et sœurs.

Hannah Anderson est l’autrice de Made for More, All That’s Good et Humble Roots : How Humility Grounds and Nourishes Your Soul.

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Le suspense du oui de Marie

Une courageuse réponse qui résonne dans l’éternité.

Christianity Today December 18, 2023
Phil Schorr

Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge ?

L’ange lui répondit : L’Esprit Saint descendra sur toi, et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Vois : ta parente Elisabeth attend elle aussi un fils, malgré son grand âge ; on disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et elle en est à son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu.

Alors Marie répondit : Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. Et l’ange la quitta.

(Luc 1.34-38)

Le premier chapitre de Luc nous offre le récit de la visite de l’ange à Marie, de la manière dont elle a écouté ses paroles et de sa réponse courageuse : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. » Ces mots devraient remplir chaque croyant d’admiration et d’émerveillement, mais surtout de gratitude. Ces quelques versets de Luc constituent l’une des grandes charnières — ou l’un des tournants les plus décisifs — de toute la Bible. Ils répondent au premier tournant tragique de la Genèse : la désobéissance d’Ève.

Le choix d’Ève a eu des conséquences terribles pour nous tous. Son oui au serpent a condamné et diminué notre véritable humanité : tout le contraire de ce que le serpent avait promis ! Mais si Ève a tourné le dos à Dieu, et nous tous avec elle, Marie se tourne vers lui de plein gré, et son oui courageux à Dieu accueille Jésus dans le monde. Et en Jésus, chaque personne peut désormais choisir, si elle le souhaite, de recevoir l’accueil de Dieu. Cet accueil débouche à la fois sur une plénitude de vie ici-bas, malgré toutes les limites, et sur la vie éternelle avec lui.

Notre Dieu est le Dieu de la liberté et de l’amour, et il ne s’impose à personne. Au contraire, il attend gracieusement notre assentiment, notre oui à son amour. En lisant ces versets et en nous replongeant dans le suspense de ce moment, nous retiendrions presque notre souffle : Dieu nous offre de venir dans le monde en tant que sauveur, et Marie, en ce moment, parle pour nous tous. Que dira-t-elle ? Va-t-elle offrir sa vie entière pour être renouvelée, changée à jamais ? Ou bien va-t-elle fuir ce fardeau ?

Entre les versets 37 et 38 se niche toute l’angoisse de l’attente, avant que se fasse entendre la réponse de Marie qui nous ouvre à un extraordinaire soulagement et à la joie. Le oui de Marie ne change pas seulement tout et pour toujours, il offre aussi un modèle pour notre propre vie chrétienne. Nous aussi, nous sommes appelés à ne pas avoir peur, mais à nous ouvrir à Dieu : Moi aussi, je suis ton serviteur, que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. Dans les quelques vers ci-dessous, j’ai essayé d’évoquer un peu du suspense et de l’importance de ce moment.

Nous voyons si peu, nous restons à la surface, Nous mesurons l’extérieur de toutes choses, Préoccupés par nos propres objectifs Nous manquons le chatoiement des ailes des anges, Ils scintillent de joie autour de nous Un tourbillon de roues, d’yeux et d’ailes déployées, Protégeant le bien que nous voulons détruire, Flamboiement de gloire caché dans le monde de Dieu. Mais ce jour-là, une jeune fille s’est arrêtée pour voir Ses yeux et son cœur ouverts. Elle entendit la voix ; La promesse de Sa gloire à venir, Alors que le temps s’arrêtait pour son choix ; Gabriel s’agenouilla et pas une plume ne bougea, Le Verbe lui-même attendait sa parole. Ce poème, « Annonciation », est extrait de Sounding the Seasons, Canterbury Press, 2012, et utilisé avec l’autorisation de l’auteur.

À méditer



En réfléchissant à la réponse de Marie au message de l’ange, comment son « oui » courageux au plan de Dieu vous inspire-t-il et vous interpelle-t-il dans votre propre cheminement de foi ?

De quelle manière pourriez-vous, comme Marie, cultiver un esprit d’ouverture et d’abandon ?

Malcolm Guite est un ancien aumônier et Life Fellow du Girton College de Cambridge. Il enseigne et donne de nombreuses conférences sur la théologie et la littérature.

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Les palpitations du premier-né de la création

Aimer même ce que nous ne voyons pas encore

Christianity Today December 17, 2023
Phil Schorr

Ce Fils, il est l’image du Dieu que nul ne voit, il est le Premier-né de toute création. Car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses dans les cieux comme sur la terre, les visibles, les invisibles, les Trônes et les Seigneuries, les Autorités, les Puissances. C’est par lui et pour lui que Dieu a tout créé. Il est lui-même bien avant toutes choses et tout subsiste en lui.

(Colossiens 1.15-17)

À cette époque de l’année, nous sommes bombardés d’images tentant d’attirer notre attention : espoirs de vacances en toute sérénité ou encore multiples cadeaux censés enfin nous satisfaire. Imaginez un instant ce que peut être l’amour pour quelque chose que vous n’avez jamais vu. Même sans comprendre pleinement ce que vous aimez, vous ressentez l’espoir d’un accomplissement, d’un achèvement, d’une plénitude. Et s’il s’agissait d’une personne ?

C’est une situation que les mères connaissent bien. Elles sentent leur bébé bouger en elles bien avant de découvrir son visage. Peut-être est-ce ce que Marie a ressenti pendant neuf longs mois, tandis que son ventre grandissait, essayant de donner sens au fait que ces petits battements et ces coups de poing étaient les premiers mouvements du Fils du Très-Haut.

Pendant 2000 ans, Dieu avait révélé sa présence sous diverses formes : fumée, feu, don de manne ou encore nuée au sommet d’une montagne. Il était impossible — et interdit — de se faire une quelconque représentation de lui. Il était invisible, irréductible à une image ou à notre vision humaine.

Une juste adoration se vit toujours dans la tension entre l’immanence et la transcendance de Dieu. Quelle plus extraordinaire rencontre entre ces deux réalités y a-t-il que dans l’incarnation ? Dieu, dans sa grâce, a rendu visible l’invisible et a choisi d’habiter parmi son peuple comme l’un des nôtres. Mais le premier-né d’entre les morts n’est pas seulement venu dans notre fragilité humaine. Il est venu comme le plus faible d’entre nous, un nouveau-né. Dieu est devenu une créature sans défense exposée aux besoins humains les plus élémentaires : être nourri, vêtu et lavé. Il est difficile d’imaginer que la plénitude de Dieu puisse faire sa demeure dans la peau d’un nouveau-né de deux kilos. Cet enfant était pourtant le moteur de la création, présent avant le début des temps et prééminent en toutes choses. En lui, ce bébé qui ne pouvait pas tenir sa propre tête droite, tenaient toutes choses. Jésus dans la crèche est une image peut-être inattendue, mais le Dieu de l’humilité, du service et de la réconciliation est bien celui dont nous avons besoin.

Au fur et à mesure que l’histoire progresse, l’image devient plus claire. Dieu s’est plu à habiter ce petit corps fragile. Ce n’était pas une obligation ou un inconvénient pour lui de se révéler à nous de cette manière, mais son réel plaisir. Et aujourd’hui encore, c’est le réel plaisir de Dieu — sa joie — de se révéler, de se donner au-delà même du nécessaire, de régner en humble roi, pour notre bien et notre joie. Il se réjouit d’apporter la réconciliation, de restaurer la création telle qu’il l’avait conçue en son commencement édénique et, oui, de lever le voile et faire en sorte que nous puissions le voir face à face.

Tel est le Dieu dont nous avons besoin : un Dieu qui donne l’exemple de l’humilité, du service et de la joie de la réconciliation. Il tient toutes choses ensemble, de la création à la crèche, de la croix à la nouvelle création.

À méditer



Comment l’image d’une mère ressentant les mouvements du bébé dans son ventre enrichit-elle votre compréhension de l’expérience de Marie et de l’incarnation de Jésus ?

Comment la réalité du Dieu transcendant prenant chair en un nouveau-né sans défense remet-elle en question nos idées du pouvoir et de la grandeur ?

Caroline Greb est épouse, mère, femme au foyer, artiste et éditrice adjointe pour Ekstasis Magazine.

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L’importance de savoir rapetisser

Faire confiance à Dieu face au déclin

Christianity Today December 14, 2023
Phil Schorr

À qui appartient la mariée ? Au marié. Quant à l’ami du marié, c’est celui qui se tient à côté de lui et qui l’écoute : entendre sa voix le remplit de joie. Telle est ma joie, et, à présent, elle est complète. Lui doit devenir de plus en plus grand, et moi de plus en plus petit.

(Jean 3.29-30)

Il n’est jamais agréable de se sentir remplacé. Les disciples de Jean-Baptiste ont dû en faire l’expérience. Alors que Jean et ses disciples baptisent près de Salim, Jésus commence lui aussi à baptiser dans la campagne de Judée toute proche. Alarmés par le fait que ce nouveau maître connaît plus de succès que le leur, les disciples de Jean lui font part de leur inquiétude en constatant que « tout le monde » va vers Jésus pour se faire baptiser (Jn 3.26). Ils attendaient peut-être de la part de leur maître une indignation semblable à la leur ou une entrée en compétition. Au lieu de cela, Jean leur montre la beauté du paradoxe de l’Évangile.

Ses disciples craignent la tournure inattendue des événements, mais Jean leur rappelle ce qu’il a toujours dit : « je ne suis pas le Messie, mais j’ai été envoyé comme son Précurseur. » (v. 28) En apprenant la nouvelle du succès de Jésus, Jean dit en fait que sa joie « est complète » (v. 29). La popularité de Jean est en train de s’éteindre. Son succès s’estompe. Son influence décline. Pour la plupart d’entre nous, ce serait un motif de découragement et de jalousie, mais pour Jean, c’est une source de joie. Voilà l’extraordinaire paradoxe de l’Évangile. La vie chrétienne consiste à perdre pour trouver. Donner pour gagner. Mourir pour vivre. Il est donc parfois bon de savoir rapetisser, perdre de l’influence apparente ou perdre son rang.

« Lui doit devenir de plus en plus grand, et moi de plus en plus petit », dit Jean (v. 30). Même si la fin de l’année est souvent associée à un accroissement de l’activité — plus de choses à faire, plus de choses à acheter, et plus de gens à voir — certains sont aussi dans une saison de déclin. Vous avez peut-être perdu un être cher et vous vous retrouvez avec moins de chaises à table. Après une perte d’emploi, votre agenda est peut-être moins rempli et les cadeaux de fin d’année moins nombreux. Comme les disciples de Jean, nous pouvons nous inquiéter ou déplorer ces changements. Cependant, juste avant de redire à ses disciples qu’il n’est pas le Messie, Jean leur rappelle aussi que tout est un don de Dieu (v. 27). Jean avait une vision adéquate de sa mission. Il n’avait pas une trop haute opinion de sa personne, comme s’il était le Christ lui-même, mais il savait aussi qu’il avait une valeur et une raison d’être dans le plan de Dieu. En Jean 1, l’auteur rappelle au lecteur que Jean « n’était pas lui-même la lumière, mais sa mission était d’être le témoin de la lumière » (v. 8). C’est Christ la « véritable lumière » (v. 9). Jean savait que son rôle était important, mais ne représentait pas l’étape ultime.

Pendant cette période de l’Avent, rappelons-nous que les succès que nous avons rencontrés ne sont pas de notre fait. C’est la bonté du ciel qui s’est déversée sur notre vie sans que nous l’ayons mérité. Nous pouvons nous en remettre à ce que Dieu a pour nous, qu’il soit en train de donner ou d’enlever, car notre vie ne nous appartient pas. Elle appartient à Dieu (1 Co 6.19). Où que nous en soyons dans cette vie, nous pouvons humblement faire confiance aux projets de celui qui est la véritable lumière et rendre témoignage à son sujet.

À méditer



De quelle manière pouvons-nous trouver de la joie et un sens à notre vie dans les périodes de déclin ou d’affaissement de notre influence ?

Comment le rappel que tous nos dons et nos succès viennent de Dieu façonne-t-il notre regard et nous encourage-t-il à faire humblement confiance à ses plans ?

Laura Wifler est autrice, podcasteuse et cofondatrice de Risen Motherhood. Elle a écrit plusieurs livres pour enfants, dont Any Time, Any Place, Any Prayer.

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Oublions-nous que nous appartenons à Dieu ?

Se laisser guérir par la découverte de notre véritable identité

Christianity Today December 13, 2023
Phil Schorr

Mais vous, vous êtes un peuple élu, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a pris pour sien, pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.

(1 Pierre 2.9)

Célébrer le règne du Roi éternel, c’est aussi célébrer la façon dont, grâce à Jésus, nous sommes libérés de l’esclavage du péché et de la mort. Nous qui étions loin, nous avons été intégrés dans une relation nouvelle avec Dieu et jouissons de la promesse d’un repos éternel (Ep 2.13).

Les paroles de Pierre s’adressent à des chrétiens d’origine principalement non-juive qu’il décrit comme « résidents temporaires » et « étrangers » dans l’Empire romain (1 P 2.11). Ils n’étaient pas citoyens de ce monde, comme en exil dans une société qui valorisait fortement la citoyenneté dans sa hiérarchie sociale. À l’époque, la tolérance de Rome à l’égard de la liberté religieuse diminue. Pierre écrit donc à des chrétiens marginalisés et persécutés, souffrant pour leur allégeance au roi Jésus.

En 1 Pierre 2.9, l’apôtre offre à ses lecteurs des paroles de réconfort : c’est Dieu, et non les hommes, qui détermine leur véritable identité. Pierre utilise quatre expressions pour décrire leur identité en Christ : un peuple élu, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte et un peuple que Dieu a pris pour sien.

Ses paroles renvoient à Exode 19.4-6, où Dieu explique à Moïse le but de l’alliance qu’il souhaite conclure avec Israël. Israël avait été mis à part pour montrer au monde ce que signifiait l’adoration du seul vrai Dieu. Ils devaient faire l’expérience de sa bénédiction et servir de canal à cette bénédiction pour le monde.

La souffrance et la persécution peuvent démoraliser et déshumaniser un peuple, le dépouillant de sa dignité et de son espoir. Ce que le monde essayait de prendre à ces chrétiens, Pierre cherche à le restaurer. Il rappelle à ces étrangers en exil la gloire de leur statut. Par le Christ, ils sont devenus membres de la famille d’Abraham et ont un accès direct à Dieu. Ils ont pour toujours un statut de prêtres royaux mis à part pour conduire les nations à Dieu.

Grâce à l’Évangile, nous qui avions été déshumanisés sommes réhumanisés. Nous sommes revêtus de force et de dignité grâce à celui à l’image duquel nous avons été créés.

Mais dans un monde infecté par le péché et le mal, il peut être facile d’oublier ces choses.

Nous oublions que nous appartenons à Dieu. Aveuglés par les luttes de la vie, nous avons du mal à voir l’espérance éternelle que nous avons simplement parce que nous sommes à lui.

Mais comme l’a dit la chanteuse de gospel Shirley Caesar, « cette espérance que nous avons, le monde ne nous l’a pas donnée, et le monde ne peut pas nous l’enlever. » Quelle que soit la noirceur de la nuit, nous aurons toujours une espérance. Par le Christ, l’amour inébranlable et la fidélité de Dieu nous accompagnent jour après jour. Ainsi, au milieu de la souffrance et de la persécution, nos yeux se tournent vers ce qui est éternel et non vers le passager. Nous nous rappelons que notre identité, notre valeur et notre vocation sont déterminées par Dieu, et non par les êtres humains. Nous serons son peuple pour l’éternité ; notre chez-nous éternel se trouve en lui.

À méditer



Comment la compréhension de notre identité en tant que peuple élu et appartenant à Dieu influence-t-elle notre perspective sur la souffrance et la persécution ?

De quelle manière le monde essaie-t-il de définir notre identité et notre valeur ? Comment ne pas oublier que notre véritable identité est déterminée par Dieu ?

Elizabeth Woodson est formatrice biblique, théologienne, autrice et fondatrice de l’Institut Woodson, une organisation qui aide les croyants à mieux comprendre leur foi et à la faire grandir.

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Books

Mike Bickle reconnaît des « défaillances morales » passées, mais pas d’agression sexuelle.

Le fondateur de la Maison internationale de prière s’exprime pour la première fois alors que le ministère a commissionné une enquête externe.

Mike Bickle, fondateur de l’IHOPKC

Mike Bickle, fondateur de l’IHOPKC

Christianity Today December 13, 2023
Fournie par l’IHOPKC

Le fondateur de la Maison internationale de prière de Kansas City (abrégé IHOPKC en anglais), Mike Bickle, a admis avoir eu un « comportement inapproprié » et des « défaillances morales » (« moral failures ») il y a plus de 20 ans, mais il affirme que les accusations d’agressions sexuelles qui ont été portées contre lui cet automne sont fausses.

Ce mardi, il répondait pour la première fois aux récentes accusations d’abus, déclarant s’être repenti de ses « péchés passés ». Il s’est excusé pour la façon dont la situation a affecté sa famille et son ministère et a demandé à ses soutiens de ne pas prendre sa défense en ligne.

« Certains se demanderont peut-être pourquoi je ne fais une déclaration publique que 20 ans plus tard. C’est parce que j’ai été récemment confronté à ces choses que j’ai dites ou faites il y a plus de 20 ans — des choses que je croyais réglées et sous le sang de Jésus », a-t-il écrit. « Puisque l’affaire est devenue publique, je veux me repentir publiquement. »

Un groupe d’anciens responsables de l’IHOPKC a publié en octobre une déclaration affirmant que Bickle avait été accusé d’inconduite sexuelle « où l’alliance du mariage n’a pas été respectée » et qu’ils avaient entendu des témoignages concordants de « plusieurs victimes ». La semaine dernière, sur le site The Roys Report, une femme a affirmé que Bickle l’avait agressée sexuellement alors qu’elle était stagiaire à l’IHOPKC, il y a 27 ans.

Mike Bickle est en congé de son ministère depuis le 26 octobre, le temps que les responsables de l’IHOPKC examinent les accusations. Dimanche, après des semaines d’échanges, l’église a annoncé l’ouverture d’une enquête par une tierce partie. Bickle a déclaré qu’il avait rédigé une déclaration dès le 28 octobre, mais que son conseiller juridique lui avait conseillé d’attendre.

Le pasteur, âgé de 68 ans, ne décrit pas le « comportement inapproprié » passé dont il parle, si ce n’est pour dire qu’il n’admet pas les « activités sexuelles plus intenses que certains suggèrent ». Il évoque également de « fausses accusations » d’agressions sexuelles.

Il déclare s’être par le passé « rapidement et sincèrement repenti », même s’il reste toujours peiné par son péché.

Au début de l’automne, un groupe d’anciens dirigeants de IHOPKC — désigné comme « advocacy group » (« groupe de défense ») par le ministère — a pris connaissance d’accusations contre lui sur plusieurs décennies.

Dwane Roberts et Brian Kim, qui avaient déjà fait partie de l’équipe de direction et du conseil d’administration d’IHOPKC, ainsi que Wes Martin, ancien pasteur de la Forerunner Christian Fellowship, ont déclaré avoir tenté de le rencontrer directement et avoir ensuite fait part de leurs préoccupations aux responsables d’IHOPKC lorsqu’il avait refusé.

Les responsables qui demandent à IHOPKC de faire preuve de transparence et de demander des comptes estiment que les aveux de Bickle sur son « comportement inapproprié » sont insuffisants.

« Ce n’est qu’une fraction de ce dont Mike est réellement coupable », a posté le prédicateur Joel Richardson. « Ce n’est rien d’autre qu’une opération de relations publiques. »

IHOPKC a fait appel à un nouveau porte-parole, Eric Volz, de l’agence internationale de gestion de crise David House. Volz a qualifié la déclaration de Bickle de « pas dans la bonne direction » et a déclaré : « Nous avons clairement deux versions de cette histoire et c’est à 100 % la raison pour laquelle nous avons besoin d’une enquête indépendante menée par une tierce partie. »

Bickle est une figure majeure du christianisme charismatique et son mouvement a donné naissance à des centaines de « maisons de prière » dans le monde entier. Au Brésil, la Maison de prière de Florianópolis a été la première de ces églises à prendre ses distances avec Bickle le temps de l’enquête.

Bickle a évoqué les débats sur les réseaux sociaux et le discrédit en ligne suscité par les accusations. Il a conseillé à sa famille et à ses amis de ne pas prendre sa défense et de ne pas insulter ses détracteurs. « J’ai confiance dans le fait que le Seigneur dira ce que lui et voit et a à dire à mon sujet en temps voulu », s’est-il exprimé.

IHOPKC a partagé la déclaration de mardi sur les réseaux sociaux en encourageant ses abonnés à continuer à prier.

Mike Bickle prévoit de s’abstenir de tout ministère public pendant une « durée prolongée », voire indéterminée.

« Je vois cela comme une discipline aimante de Dieu “à retardement” sur ma vie (Hé 12.6, 11). Je me tournerai vers d’autres responsables pour déterminer combien de temps durera cette saison — elle pourrait être longue et même permanente », indique la lettre. « Je ne reprendrai mon ministère de prédication que si Dieu le confirme à travers d’autres personnes. »

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Books

Des célébrations de Noël annulées à Bethléem, à Jérusalem et en Jordanie

Abasourdis par la guerre à Gaza, des chrétiens de Terre sainte troquent les festivités de Noël pour une veillée plus sobre, en solidarité avec leurs prochains dans la souffrance.

Un garçon tient un ballon en forme de père Noël à l’église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie.

Un garçon tient un ballon en forme de père Noël à l’église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie.

Christianity Today December 12, 2023
Uriel Sinai/Stringer/Getty Images

Il n’y aura pas de décorations de Noël à Bethléem cette année.

En solidarité avec les souffrances de Gaza dues à la guerre entre Israël et le Hamas, les responsables chrétiens et les autorités municipales de la ville de Cisjordanie ont décidé fin novembre dernier d’annuler toutes les festivités publiques. Pour la première fois depuis le début des célébrations modernes, le lieu de naissance de Jésus ne verra pas l’arbre de la place de la Mangeoire décoré.

Ce n’est pas « approprié », ont déclaré les autorités locales.

Mais cette décision de Bethléem fait suite à d’autres. Quelques jours auparavant, les patriarches et chefs des Églises de Jérusalem ont demandé aux chrétiens de Terre sainte de s’abstenir de toute activité « inutilement festive » à l’occasion de Noël. Les églises catholiques de Galilée ont demandé la même chose, de même que le Conseil des églises évangéliques locales de Terre sainte.

« Au vu des milliers de personnes tuées — et afin de prier pour la paix », a déclaré le président de l’association, le pasteur Munir Kakish, « nous n’organiserons que des services traditionnels et des méditations sur le sens de Noël. »

L’initiative est toutefois venue en premier lieu de Jordanie, où se trouve la plus grande concentration de réfugiés palestiniens au monde, dont beaucoup ont pris la nationalité jordanienne. Le 2 novembre, le Conseil jordanien des chefs religieux (CJCR) a annoncé l’annulation des célébrations de Noël.

Noël est un jour férié dans ce pays à majorité musulmane, et de nombreuses places et centres commerciaux sont ornés de décorations en lien avec cette période. Mais les communautés de tout le pays renonceront cette année aux festivités traditionnelles telles que l’illumination des sapins, les marchés de Noël, les défilés de scouts et la distribution de cadeaux aux enfants.

Les services religieux seront maintenus dans tous les lieux.

« Dans nos maisons, nous pouvons faire la fête, mais dans nos cœurs, nous souffrons », a déclaré Ibrahim Dabbour, secrétaire général du conseil et prêtre grec orthodoxe. « Comment pourrions-nous décorer un sapin de Noël ? »

La déclaration officielle des chrétiens jordaniens reflète un souci des « victimes innocentes » et dénonce les « actes barbares » de l’armée israélienne. Elle souligne la « période difficile » que traversent Gaza et l’ensemble de la Palestine, notant la destruction de maisons, d’écoles, d’hôpitaux et de lieux de culte.

Elle s’engageait également à ce que les offrandes collectées durant le week-end du 19 novembre soient reversées à Gaza.

Dabbour, dont les parents ont fui les villes de Ramallah et de Jaffa, aujourd’hui israéliennes, lors de la guerre de 1948, est né à Amman et préside la Société biblique jordanienne. Il établit un lien entre la guerre actuelle et ce déplacement initial, appelant au dialogue plutôt qu’à la poursuite d’une violence génératrice de fanatisme.

Mais au-delà de la solidarité avec leur nation affligée, Dabbour considère que le conseil, qui représente 130 000 chrétiens dans le royaume hachémite, avait un autre objectif dans cette déclaration.

« De nombreux musulmans ne connaissent pas l’histoire du christianisme et pensent que nos origines sont occidentales », dit-il. « Mais nous sommes les fils de Saint-Pierre, présents depuis 2000 ans. Nous voulons montrer à la société que nous sommes un seul et même peuple. »

Les évangéliques jordaniens estiment qu’ils ont encore une obligation supplémentaire.

« Nous avons un rôle à jouer auprès de nos amis occidentaux », dit David Rihani, président et surintendant général de l’Église des Assemblées de Dieu de Jordanie. « Jésus ne nous a pas enseigné à prendre aveuglément le parti l’un contre l’autre. »

Il cite une vidéo largement diffusée du pasteur américain Greg Locke, dans l’État du Tennessee, appelant Israël à transformer Gaza en « parking » et à faire exploser le Dôme du Rocher pour faire place au Troisième Temple et inaugurer le retour de Jésus. Rihani observe que les évangéliques locaux refusent d’être associés à ce sionisme chrétien.

La décision de renoncer aux festivités de Noël trouve également écho dans la culture jordanienne.

Ayant grandi à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest d’Amman, dans la ville traditionnelle de Salt, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Rihani se souvient que les musulmans et les chrétiens assistaient ensemble à toutes les célébrations de mariages dans le voisinage, sans qu’aucune invitation ne soit nécessaire. Mais s’il y avait des funérailles, tout mariage prévu était soit reporté, soit célébré discrètement au sein de la famille.

Les mariages au milieu de la guerre sont désormais traités de la même manière.

« L’annonce n’était même pas nécessaire », dit Imad Mayyah, président du Conseil évangélique jordanien. « Aucun Jordanien ne fête quoi que ce soit. »

Fondé en 2006 et représentant les Assemblées de Dieu, les baptistes, les nazaréens, les évangéliques libres et l’Alliance chrétienne et missionnaire, le Conseil évangélique jordanien a publié sa propre déclaration.

« Les fêtes de Noël, où nous nous souvenons de la naissance de notre sauveur Jésus-Christ, nous arrivent alors que nous sommes au cœur d’une tragédie humaine qui ravage notre région », dit le texte. « En obéissance à la Sainte Parole de Dieu et en accord avec [le sentiment chrétien et public, le conseil] a décidé de limiter les célébrations de Noël aux cérémonies religieuses et aux prières au sein de nos églises. »

Le Conseil évangélique a également prié pour la sagesse du roi Abdallah II et du prince héritier.

Au courant du mois de novembre, le roi a publié un article d’opinion dans lequel il réitérait le soutien de la Jordanie à une solution à deux États. Fin octobre, il avait annulé un sommet régional à Amman avec le président américain Joe Biden, pour protester contre la « punition collective » infligée par Israël à Gaza. Le 1er novembre, il a rappelé l’ambassadeur jordanien d’Israël et, deux semaines plus tard, il indiquait que « toutes les options » étaient sur la table.

La Jordanie a été le deuxième pays arabe à signer un traité de paix avec Israël, en 1994.

Depuis 1924, le royaume hachémite préserve son rôle de gardien des sites religieux musulmans et chrétiens de Jérusalem. Il a maintenu ce droit même lorsqu’il a renoncé à sa souveraineté sur la Cisjordanie en 1988.

Mais avec plus de 180 Palestiniens tués par les forces israéliennes ou des colons juifs en Cisjordanie depuis le début de la guerre, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que toute initiative visant à pousser les Palestiniens de l’autre côté du Jourdain serait considérée comme une « ligne rouge » équivalant à une déclaration de guerre.

L’armée jordanienne a depuis fortifié ses positions le long de la frontière.

Le roi a également désigné l’Organisation caritative hachémite jordanienne (OCHJ) pour faciliter les dons à la population de Gaza. La Jordanie a mis en place un hôpital de campagne géré par l’armée dans la partie nord de la bande de Gaza et a envoyé plusieurs ponts aériens en coordination avec Israël et les États-Unis. Sept membres du personnel ont toutefois été blessés par des tirs d’obus israéliens, que la Jordanie a qualifiés de « crimes odieux ».

Son deuxième hôpital de campagne a été mis en place dans le sud de la bande de Gaza.

La déclaration du CJCR encourage chaque confession de distribuer ses offrandes à la population de Gaza par les canaux qu’elle préfère. Les églises baptistes et les Assemblées de Dieu de Jordanie envoient des fonds par l’intermédiaire de l’OCHJ, tandis que les orthodoxes grecs travaillent directement par l’intermédiaire de leur patriarcat de Jérusalem et de l’église Saint Porphyre, où des centaines de chrétiens ont trouvé refuge.

David Rihani salue les chrétiens de Gaza pour le rôle qu’ils jouent depuis longtemps dans l’aide humanitaire. Ibrahim Dabbour réitère son soutien au roi qui s’oppose au fanatisme des deux camps : Israël qui insiste sur sa volonté d’être un État juif et le Hamas qui affirme que la Palestine est réservée aux musulmans.

Les analystes affirment que le groupe islamiste n’est pas très populaire en Jordanie. Mais lorsque la nouvelle des atrocités terroristes du 7 octobre s’est répandue, certains Jordaniens ont spontanément fait la fête dans les rues, distribuant des pâtisseries et scandant que « Toute la Jordanie est le Hamas » lors des manifestations qui ont suivi.

Tel n’est pas le cas, même parmi les islamistes. Le Hamas est une branche des Frères musulmans, dont les membres jordaniens se sont scindés en deux factions en 2015, en partie à cause de leurs affiliations régionales avec l’Égypte ou la Palestine. Le groupe national désormais autorisé est essentiellement composé de Jordaniens, tandis que l’autre entité encore active est essentiellement composée de Palestiniens.

Cette dernière a appelé à armer le peuple jordanien, tandis que le chef du Hamas à l’étranger a exhorté les tribus jordaniennes à entrer en guerre.

Mais la souffrance de la Palestine unit tout le monde, et des manifestations massives ont fait pression sur le palais. Les forces de sécurité ont interdit aux manifestants l’accès aux zones sensibles telles que l’ambassade d’Israël et la frontière, mais ont par ailleurs autorisé des manifestations de grande ampleur.

Suivant l’exemple de son mari, la reine Rania a accusé les dirigeants occidentaux de pratiquer un « double standard flagrant ».

« Est-on en train de nous dire qu’il est mal de tuer […] une famille entière sous la menace d’une arme, mais qu’il n’y a pas de problème à la tuer sous les bombes ? » a-t-elle demandé, faisant le parallèle avec les attaques du 7 octobre. « Il s’agit d’une histoire vieille de 75 ans, une histoire accablante de morts et de déplacement pour le peuple palestinien. »

Mais comment parler de ces morts ?

La déclaration du CJCR mentionne des « victimes innocentes », mais aussi le « sang pur de nos martyrs à Gaza et dans toute la Palestine ». Cette seconde expression implique-t-elle plus que les seules personnes tuées dans les « dommages collatéraux » ?

« Comment appelez-vous une famille qui vit à Gaza dans une maison héritée de ses arrière-grands-parents et qui est tuée parce qu’elle refuse l’ordre de partir ? », demande Rihani. « Ne défendent-ils pas leurs maisons, leurs enfants et leurs biens ? »

Bassam Shahatit, vicaire général de l’évêque grec catholique melkite de Jordanie, qui fait partie du CJCR, explique que dans la théologie chrétienne arabe, le terme de martyr inclut ceux qui meurent pour leur patrie. Le mot grec biblique original a le sens de « témoin », avec pour les chrétiens un accent particulier sur le témoignage de la foi, comme avec le martyr d’Étienne en Actes 7.

Mais de nombreux membres du clergé en Palestine, dit Shahatit, considèrent que la résistance et la libération font partie du devoir patriotique, et que ceux qui sont engagés dans la défense armée font partie du tissu national. Cependant, alors que les églises de la région appellent à des moyens pacifiques de soutenir la patrie, le sujet reste sensible et divise de nombreux arabes.

« Entrent-ils au paradis ? », s’interroge Shahatit à propos de tous ceux qui sont morts. « C’est une question pour Dieu. Bien qu’ils ne soient pas chrétiens, nous les appelons toujours des martyrs. »

Ibrahim Dabbour insiste lui sur la signification chrétienne du terme « martyr », désignant celui qui sacrifie sa vie pour Jésus ou l’Évangile. Mais compte tenu de l’usage sociétal du mot pour désigner celui qui meurt injustement ou pour défendre la patrie, il renvoie aussi à une définition musulmane plus large : « celui qui meurt pour la vérité ».

En ce sens, il estime que le terme s’applique à de nombreuses victimes à Gaza.

Mais ce qu’il faut maintenant, dit David Rihani, c’est de la compassion, et des actes. Se référant à Romains 12.15 — pleurez avec ceux qui pleurent — il rappelle que le message chrétien s’accompagne toujours d’espoir.

Ainsi, lorsqu’il sera assis avec ses enfants le jour de Noël, le sapin illuminé et les fenêtres fermées, il leur racontera l’histoire d’un bébé dans une mangeoire qui mourut sur une croix. Il soulignera que la résurrection montre que la souffrance de Jésus est porteuse d’espérance pour tous ceux qui croient en lui.

« Nous voulons porter cette espérance à Gaza », dit Rihani. « Pour que le monde voie leur souffrance et pousse à une solution pacifique. »

En observant les grands rassemblements propalestiniens dans le monde entier, il sent que l’opinion mondiale évolue. Les puissances internationales pourraient ainsi avoir l’occasion d’encourager les négociations de paix. Et si le message du roi jordanien est entendu, dit Rihani, il se pourrait qu’une solution à deux États voie le jour.

Pour les évangéliques du pays, ce serait un miracle pour les fêtes de fin d’année.

« Nous espérons que nous pourrons bientôt recommencer à faire la fête », dit Ibrahim Dabbour. « Si Dieu le veut, la guerre s’arrêtera avant Noël. »

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Comment contempler sa gloire ?

Nous devenons peu à peu ce que nous contemplons.

Christianity Today December 12, 2023
Phil Schorr

Le Seigneur dont parle le texte, c’est l’Esprit, et là où est l’Esprit du Seigneur, là règne la liberté. Et nous tous qui, le visage découvert, contemplons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en son image dans une gloire dont l’éclat ne cesse de grandir. C’est là l’œuvre du Seigneur, c’est-à-dire de l’Esprit.

(2 Corinthiens 3.17-18)

La première fois que le mot « gloire » a vraiment attiré mon attention, c’était par un chaud dimanche matin dans une église majoritairement noire d’Atlanta, en Géorgie. J’étais jeune prédicateur invité, et des « Glory! » se sont élevés à plusieurs reprises de la dernière rangée pendant que je parlais, avec une énergie et une autorité spirituelle indéniables. À l’arrière de la salle, un groupe bien expressif de femmes entrait en résonance avec quelque chose que moi, fraîchement diplômé du séminaire, je ne percevais pas. En m’adressant à leur église bien-aimée, j’étais plus concentré sur la manière de relier intellectuellement les différents points de mon sermon et de transmettre ma connaissance des Écritures que sur la réalité de cette gloire qu’elles proclamaient avec beauté. À l’époque, le mot « gloire » n’occupait pas beaucoup de place dans mes pensées ou mes conversations. Le concept me semblait vague et me mettait même un peu mal à l’aise. Mais ce jour-là, j’ai décidé que je devais savoir ce que ces femmes savaient. Je suis allé parler avec elles après le culte, et il était tout à fait clair qu’elles n’étaient pas en train de clamer des mots religieux vides de sens pour susciter l’émotion. Elles avaient vécu le rassemblement des saints et la prédication de la Parole comme un partage de la gloire divine en communion avec le Saint-Esprit.

Leur foi ardente m’a rappelé que nous devenons ce que nous contemplons. En fixant nos yeux sur Jésus et en expérimentant la présence et la puissance de Dieu dans nos vies, nous comprenons et reflétons de plus en plus sa gloire. En revanche, le plus grand des esclavages s’installe lorsque nous fixons nos yeux sur nous-mêmes ou sur les idoles qui nous entourent. Jésus a ouvert la voie à l’habitation de l’Esprit en nous, afin que nous puissions être libérés de l’esclavage du péché et contempler la gloire du Seigneur. Son avènement enlève le voile sur nos cœurs et offre la bénédiction de contempler sa gloire et d’être transformé selon cette même gloire (2 Co 3.17-18).

Ce dimanche matin, il y a bien des années, il était clair pour moi — et pour ceux qui m’entouraient — que je n’étais pas dans ma zone de confort. Alors que j’exprimais mes propres difficultés après le culte, une femme m’a dit : « Il vous aidera à passer au travers ! » J’ai eu besoin de cet encouragement pour fixer mes yeux sur Jésus tout au long du voyage de la vie et de ma vocation pastorale.

Ces femmes ont été pour moi comme les anges qui proclamaient « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » (Lc 2.13-14), affirmant la gloire du Seigneur et pointant vers la présence, la puissance et la paix de mon Sauveur. Je serais heureux de les entendre dans mon église tous les dimanches, m’aidant à contempler Jésus qui est venu pour que nous puissions tous lui ressembler.

À méditer



Le mot « gloire » est très utilisé dans le contexte de la louange. Quelle en est votre compréhension ? Comment ce concept influence-t-il votre relation avec Dieu et votre louange ?

L’auteur exprime sa gratitude pour le soutien de la communauté ecclésiale qui nous aide à contempler Jésus. De quelle manière votre communauté de foi vous soutient-elle et vous encourage-t-elle dans votre démarche de contemplation de la gloire de Dieu ?

Steve Woodrow est le pasteur enseignant et directeur de l’église Crossroads Church d’Aspen, dans le Colorado, depuis 23 ans.

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Un amour à l’échelle de l’univers

Le frisson d’espoir naissant dans nos cœurs à l’Avent

Christianity Today December 11, 2023
Phil Schorr

Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle. En effet, Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que celui-ci soit sauvé par lui.

(Jean 3.16-17)

J’aime l’échange entre Nicodème et Jésus dans l’Évangile de Jean. Il rencontre Jésus de nuit pour éviter le jugement de ses collègues pharisiens. Il veut avoir le temps de poser à Jésus des questions honnêtes. Le gardien des coutumes juives veut comprendre ce qui l’intrigue chez cet homme qui parle avec tant d’autorité.

Jésus répond avec patience et douceur à la franchise de Nicodème. En décrivant sa mission dans le monde, il l’enracine dans l’amour, ce qui est intéressant quand on sait que Nicodème était un maître de la loi. Jésus montre à Nicodème que, dans son amour pour tous les humains, Dieu a donné son Fils unique pour que quiconque croit ne soit pas condamné à une éternité sans Dieu.

De quel type d’amour Jésus parle-t-il ici ? On peut utiliser le mot « amour » de manière générique pour exprimer son affection pour quelque chose : j’aime tel type de nourriture, j’aime mon travail, j’aime telle émission de télévision, j’aime mon hobby. Il s’agit d’une forme d’amour.

Mais en Jésus, voilà le type d’amour que Dieu a manifesté et l’effet qu’il voulait que cet amour ait sur nous : « Voyez combien le Père nous a aimés pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu — et nous le sommes ! » (1 Jn 3.1)

La grande révélation que Jésus apporte concernant la nature et la profondeur de l’amour de Dieu est que cet amour conduit à ce que nous puissions être appelés enfants de Dieu. Mais cet amour a coûté très cher, comme c’est toujours le cas pour un tel amour. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », dit Jésus en Jean 15.13. Il ne s’agissait pas simplement d’une vague affection, d’un sentiment un peu mou ou d’un attachement particulier à notre égard. L’amour de Dieu pour nous est encore plus profond et plus large que l’univers lui-même, car « Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui », nous dit Jean en 1 Jean 4.16.

Bien que nous soyons nés dans l’obscurité jusqu’au plus profond de notre âme, Dieu a envoyé Jésus pour percer ces ténèbres au moyen d’une lumière assez éclatante pour éclairer tous les confins de l’univers. Jésus ne s’est pas contenté d’exposer les plans divins de rédemption. Il dévoile également la motivation du Père : l’amour.

Un frisson d’espoir surgit dans nos cœurs chaque année durant l’Avent, lorsque nous imaginons l’étendue incommensurable de l’amour de Dieu pour nous dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ.

À méditer



Nicodème, un maître de la loi, cherche des réponses auprès de Jésus et rencontre la profondeur de l’amour de Dieu. Comment la façon dont Jésus présente sa mission en termes d’amour questionne-t-elle la compréhension courante de l’amour dans notre culture ?

L’Avent est une saison d’attente et de célébration de l’immensité de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Comment pouvons-nous cultiver l’admiration et la gratitude pour cet amour de Dieu dans nos vies ?

Ronnie Martin est pasteur principal de l’église Substance à Ashland, dans l’Ohio. Il est également directeur du renouvellement des responsables pour Harbor Network et est l’auteur de sept livres.

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De bonnes nouvelles à propos de nos mauvaises nouvelles

La souffrance ne peut pas toujours être spiritualisée.

Christianity Today December 10, 2023
Phil Schorr

Il fallait que je vous dise aussi cela pour que vous trouviez la paix en moi. Dans le monde, vous aurez à souffrir bien des afflictions. Mais courage ! Moi, j’ai vaincu le monde.

(Jean 16.33)

J’ai de bonnes nouvelles pour vous : il y aura de mauvaises nouvelles.

L’incarnation du Christ est entremêlée de mauvaises nouvelles. Son arrivée est accompagnée du massacre d’une génération d’enfants par un tyran. Son ministère s’achève par sa torture et son exécution. Même après la victoire de la résurrection et la naissance de l’Église à la Pentecôte, ses disciples remplis de l’Esprit ont été persécutés et exilés, « dispersés dans les provinces du Pont, de Galatie, de Cappadoce, d’Asie et de Bithynie. » (1 P 1.1) L’Église a fini par répandre l’Évangile dans une grande partie du monde, mais elle a souffert et s’est bien des fois divisée pour des désaccords théologiques insignifiants et des rivalités entre personnes. J’imagine qu’il ne s’agit pas de l’histoire messianique à laquelle Israël s’attendait ni du rêve de l’Église primitive.

Nous vivons dans une culture obsédée par l’éradication de la douleur qui invente et vend en permanence des remèdes pour s’en protéger, des pilules pour l’atténuer ou des stratégies de développement personnel pour l’éviter. Il est impopulaire de dire : « la vie est dure ; attendez-vous à souffrir. » C’est pourtant la vérité.

Jésus dit les choses clairement : « Dans le monde, vous aurez à souffrir bien des afflictions. » (Jn 16.33) Et pourtant, beaucoup d’entre nous se retrouvent ébranlés, en colère et peu préparés lorsqu’ils font l’expérience d’une profonde souffrance. Après les premières émotions, nous réalisons que nos réactions aux problèmes de la vie ne correspondent pas aux vérités théologiques que nous confessons.

J’ai été confronté à ce paradoxe plus d’une fois : l’enseignement de Jésus selon lequel nous pouvons nous attendre à une vie remplie de mauvaises nouvelles, mais aussi à ce qu’il nous conduise à travers elles, est en fait une très bonne nouvelle.

Savoir que la souffrance peut à tout moment survenir nous préserve d’une spiritualité superficielle qui croit que la douleur peut être évitée ou qui attribue systématiquement les difficultés à l’infidélité. Lorsque nous souffrons, ce n’est pas une exception ou un échec : c’est une réalité de la vie. Si nous croyons que nos efforts ou nos pensées positives nous protégeront de la douleur, préparons-nous à vivre un choc existentiel lorsqu’elle surviendra. Le Christ ne cache pas ces réalités et nous invite à accepter à la fois l’inévitabilité des difficultés et l’assurance qu’il les a surmontées. Prendre conscience de cela est en fait très libérateur.

Le Christ a vaincu les souffrances et les tentations de ce monde de la même manière qu’il a vaincu la mort : non pas en la supprimant, mais en la traversant fidèlement, en lui permettant de devenir le véhicule même par lequel il offre le salut à l’ensemble du cosmos. En Jean 16, Jésus nous invite à faire de même : vivre de la paix de son Esprit plutôt que de la crainte des circonstances et se rappeler que les problèmes du monde, si aberrants soient-ils, n’échappent pas aux mains de notre Seigneur. Ils viendront, mais avec lui nous serons en mesure de les traverser.

La souffrance viendra, et parfois elle sera du genre que l’on peine à revêtir de spiritualité, que vous penserez probablement ne pas pouvoir affronter. Lorsque cela se produit, ne soyez pas surpris et ne pensez pas que c’est à vous d’en faire un miracle. Rappelez-vous que c’est le Christ qui triomphe : faites-lui confiance, appuyez-vous sur lui et laissez-le faire le travail de vous sauver et de sauver le monde à travers lui. Telle est la réalité concrète de l’histoire de l’Avent. Alléluia !

À méditer



Comment réagissez-vous personnellement à la souffrance et aux épreuves ?

Comment pouvez-vous vous appuyer sur l’exemple du Christ et sur la paix de son Esprit dans les moments de souffrance ?

Strahan est un auteur, musicien et directeur spirituel originaire d’Aotearoa, en Nouvelle-Zélande. Il est l’auteur de trois recueils de prières, dont le récent Beholding.

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