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Des évangéliques du monde entier face à la réélection de Trump

Du Népal à la Turquie, des responsables chrétiens accueillent les résultats des élections aux États-Unis avec joie, tristesse ou indifférence.

Donald Trump in front of a world map
Christianity Today November 12, 2024
Illustration by Elizabeth Kaye / Source Images: Getty

Alors que les États-Uniens se rendaient aux urnes mardi, le reste du monde attendait de voir qui deviendrait leur 47e président. De nombreuses communautés évangéliques à travers le monde se sentent concernées par l’élection de Donald Trump en termes de politique étrangère, d’aide à l’étranger, de liberté religieuse et d’évolutions culturelles. Néanmoins, les responsables chrétiens de divers pays estiment que l’élection du prochain président des États-Unis ne fera pas de différence pour eux.

Nous avons interrogé 25 responsables évangéliques du monde entier sur leur réaction à une nouvelle présidence Trump et son impact concret sur la situation des évangéliques dans leur pays. Les réponses sont réparties par région : Afrique, Asie, Europe, Amérique latine, Amérique du Nord, Moyen-Orient et Océanie. D’autres réponses seront ajoutées au fur et à mesure qu’elles nous parviendront.

AFRIQUE

Kenya

Nelson Makanda, président de l’Africa International University

Au nom de nombreux évangéliques du Kenya qui pensent ainsi, je félicite le peuple états-unien pour l’élection de Trump. Nous espérons que cette élection augure d’une nouvelle époque où les croyances chrétiennes orthodoxes ne sont pas mises en péril ou criminalisées par des agences d’État états-uniennes.

Nous espérons aussi que les institutions états-uniennes travaillant en Afrique travailleront avec les Africains sans promouvoir des programmes immoraux. L’Afrique veut honorer Dieu et les lois de la nature, et nous espérons que les États-Unis du président élu le permettront. Nos choix et nos libertés devraient être respectés.

Nous espérons que nos cultures et nos peuples seront traités comme des partenaires égaux et dignes un véritable respect mutuel.

Nigeria

James Akinyele, secrétaire général de l’Alliance évangélique nigériane

Compte tenu des difficultés économiques et politiques persistantes du Nigeria, cette élection n’a pas fait l’objet d’un débat local aussi intense que les deux précédentes. Pour les évangéliques, aucun des deux candidats n’était une option évidente. Harris était considérée comme plus pondérée, mais son soutien très fort à l’avortement et aux droits des personnes LGBTQ en a mis plus d’un mal à l’aise. Les positions de Trump en matière de questions morales ont trouvé un écho dans nos convictions évangéliques fondamentales, mais son propre manque de moralité et le suprémacisme blanc auquel on l’associe ont suscité des inquiétudes. Nous espérons qu’il sera plus ouvert à l’immigration.

Certains responsables chrétiens nigérians ont affirmé que la victoire de Trump était une réponse à nos prières pour un président états-unien qui défendrait la foi chrétienne au Nigeria et dans le monde entier. D’autres ont dit qu’il fallait l’accepter comme la volonté de Dieu, sans jugement positif ou négatif. Mais presque tout le monde espère qu’il deviendra moins clivant dans sa rhétorique et son comportement personnel. Et beaucoup sont sensibles à sa promesse de perpétuer le rôle des États-Unis comme gendarme mondial sans pour autant dépendre du reste du monde.

Afrique du Sud

Moss Ntlha, secrétaire général de l’Alliance évangélique sud-africaine

La victoire de Trump est un triste jour pour le mouvement évangélique dans le monde. D’éminents évangéliques états-uniens ont apporté leur soutien inconditionnel à Trump, donnant l’impression que croire en la Bible, c’est soutenir Trump. Leur approbation donne l’impression que le conservatisme théologique requiert et conduit à une vision politique de droite dictatoriale, qui s’oppose à la justice climatique, approuve le génocide en Terre sainte et ce qui s’est passé le 6 janvier.

En Afrique du Sud, nombreux sont ceux qui, ayant connu les horreurs de l’apartheid, savent à quel point un politicien populiste attaché à une vision étroite de la morale sociale peut aisément nuire à ceux qui sont en marge. Trump a déjà déclaré lors de son premier mandat que les pays africains étaient des « pays de merde ». Dernièrement, il a clairement indiqué qu’une fois rétabli à la présidence, il veillerait à ce qu’Israël dispose de tout ce dont il a besoin pour « finir le travail », ce que beaucoup associent à l’effacement des Palestiniens.

Nous craignons qu’avec Trump à la Maison-Blanche il soit difficile de proclamer l’Évangile selon lequel « Dieu a tant aimé le monde » qu’il a envoyé Jésus mourir pour tous, en particulier pour nos prochains musulmans. Nous craignons qu’il n’utilise l’immense pouvoir du gouvernement états-unien pour punir ceux qui mènent des politiques étrangères contraires aux siennes, comme l’Afrique du Sud, qui a fait appel à la Cour pénale internationale pour déterminer si ce à quoi nous assistons dans le conflit israélo-palestinien est un génocide.

ASIE

Bangladesh

Philip Adhikary, président de l’Alliance évangélique bangladaise

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite des réactions mitigées. Si l’administration de Trump a généralement adopté une position ferme en faveur de la liberté religieuse, ses politiques étrangères à l’égard de pays comme le Bangladesh ont souvent été pragmatiques plutôt qu’ouvertement axées sur les préoccupations de minorités religieuses spécifiques. Son approche « l’Amérique d’abord » et son soutien à la liberté religieuse pourraient avoir des conséquences à la fois positives et problématiques pour les évangéliques bangladais.

Cependant, l’aide étrangère états-unienne, qui est parfois assortie de conditions en matière de droits de l’homme, pourrait ne pas changer radicalement en réponse aux priorités de Trump, en particulier si son administration privilégie les intérêts nationaux au détriment des droits de l’homme à l’échelle internationale.

En pratique, la présidence de Trump pourrait entraîner une augmentation des possibilités pour les ONG religieuses grâce à l’aide offerte. Cependant, la montée de la rhétorique nationaliste et anti-immigrés dans certains pays occidentaux pendant son mandat pourrait enhardir l’opposition locale aux évangéliques, ce qui pourrait accroître la pression sociétale ou la persécution.

Chine

Un pasteur d’église de maison en Chine

La présidence de Donald Trump pourrait avoir un impact sur les chrétiens chinois de plusieurs manières importantes. Sa politique de « l’Amérique d’abord » pourrait conduire à un contrôle plus strict des visas, réduisant ainsi l’accès des étudiants chinois à la formation aux États-Unis. Cela pourrait être particulièrement difficile pour les familles chrétiennes en Chine qui font l’école à la maison ou qui envoient leurs enfants dans des écoles chrétiennes non enregistrées. Étant donné que la fréquentation d’un établissement d’enseignement supérieur à l’étranger est souvent leur seule option en matière d’enseignement supérieur, ces familles pourraient être confrontées à des choix difficiles.

D’un autre côté, les étudiants chinois qui sont devenus croyants aux États-Unis pourraient être plus enclins à retourner en Chine, étant donné les possibilités plus limitées aux États-Unis, ce qui pourrait renforcer les communautés chrétiennes locales.

Le soutien de Trump par des groupes évangéliques états-uniens, associé à ses déclarations controversées sur la démocratie et la liberté, risque d’aggraver les divisions au sein des communautés chrétiennes chinoises. Sa rhétorique et l’accent mis sur les intérêts nationaux pourraient fournir des munitions aux médias d’État chinois pour critiquer les démocraties occidentales, ce qui pourrait conduire à des restrictions plus importantes des libertés religieuses en Chine.

Si Trump impose davantage de droits de douane ou d’autres pressions économiques sur la Chine, cela pourrait entraîner des difficultés financières pour de nombreuses familles, ce qui aurait un impact sur la capacité des chrétiens chinois à soutenir l’Église. Toutefois, ces difficultés économiques pourraient également pousser les gens à chercher un refuge spirituel, ce qui pourrait accroître l’intérêt pour la foi chrétienne.

Inde

Vijayesh Lal, secrétaire général de l’Alliance évangélique indienne

Je ne m’attends pas à beaucoup de changements dans la trajectoire générale de la politique étrangère sous une nouvelle administration Trump, car l’Inde est un partenaire stratégique clé pour équilibrer l’influence croissante de la Chine dans la région.

Sur des questions telles que les droits des minorités et la liberté religieuse, on peut supposer que Trump n’exercera pas autant de pression sur l’Inde qu’un président démocrate l’aurait fait. En fait, lors d’une visite en Inde au cours de son précédent mandat, il avait même tristement loué le bilan du Premier ministre Narendra Modi en matière de liberté religieuse. Si l’administration Trump pourrait promouvoir la liberté religieuse à l’échelle mondiale, elle ne commentera probablement pas le traitement réservé aux chrétiens et aux musulmans en Inde.

De nombreux chrétiens d’Inde et d’Asie du Sud qui penchent pour les républicains peuvent se réjouir de son retour au pouvoir, mais pour l’Église en Inde, je ne vois pas de gains significatifs. L’Église indienne ne place pas ses espoirs dans les dirigeants politiques, que ce soit aux États-Unis ou en Inde.

Japon

Masanori Kurasawa, président du Comité japonais de Lausanne

J’ai été déçu que la campagne électorale ait été dominée par la calomnie plutôt que par le débat politique. Les propos discriminatoires et infondés de Trump à l’égard de ses adversaires et des immigrés ont été particulièrement désolants.

Je ne pense pas que les évangéliques japonais seront directement influencés par Trump. Mais nous devons surveiller de près les politiques de Trump dans les mois à venir, qui expriment clairement une vision de « l’Amérique d’abord ». De nombreux chrétiens japonais se repentent profondément du nationalisme japonais basé sur le shintoïsme et des compromis religieux de l’Église pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils sont donc préoccupés par le nationalisme états-unien et se méfient des évangéliques qui sympathisent avec ses politiques.

Népal

Sher Bahadur A. C., secrétaire général de la Communion nationale d’églises du Népal

L’élection de Donald Trump a suscité une vague d’optimisme chez les chrétiens népalais. Pour beaucoup, sa victoire est considérée comme une bonne nouvelle, non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour les communautés chrétiennes du monde entier.

Les politiques de Trump, qui ont montré une forte propension à soutenir la liberté religieuse et les causes chrétiennes dans le monde, l’ont rendu populaire parmi les chrétiens népalais. Nous espérons qu’il continuera à soutenir les chrétiens du monde entier et qu’il nous soutiendra dans nos efforts pour pratiquer librement notre foi.

Bien que nous ne nous attendions pas à des changements significatifs au Népal, l’influence mondiale du gouvernement états-unien et la possibilité de pressions diplomatiques en cas d’actions contre les chrétiens dans notre pays pourraient servir de garde-fou en faveur des minorités religieuses.

Dans le même temps, il convient de tenir compte de la dynamique géopolitique plus large. L’administration Trump est connue pour sa position critique à l’égard des gouvernements communistes, et le Népal est actuellement dirigé par un Premier ministre communiste, Khadga Prasad Sharma Oli. Trump entretient également des relations étroites avec l’Inde, tandis que le Népal est davantage aligné sur la Chine. Cela pourrait potentiellement créer des tensions entre le Népal et l’administration Trump si le Népal approfondit ses liens avec Pékin.

Philippines

Noel Pantoja, directeur national du Conseil philippin des églises évangéliques

Le cœur joyeux, nous célébrons la victoire de Donald Trump lors des récentes élections, reconnaissant que Dieu l’ait ordonné pour diriger les États-Unis. Ce moment nous remplit d’espoir, car il signifie un engagement renouvelé en faveur de la liberté religieuse, permettant aux individus d’exprimer leur foi sans crainte ni restriction.

L’Église philippine s’oppose actuellement aux projets de loi du Sénat et du Congrès philippins sur l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression de genre, le mariage homosexuel et l’avortement. S’ils sont adoptés, ces projets de loi nuiront à l’Église, aux écoles et aux entreprises. Tous les lobbyistes sont soutenus par les défenseurs états-uniens et occidentaux de la communauté LGBTQ, de sorte que la position de Trump sur ces questions et sa victoire aux élections encouragent les églises aux États-Unis comme aux Philippines.

Nous espérons que cette administration aura un impact positif sur la politique étrangère, en encourageant la paix et en renforçant les relations avec les nations qui partagent les valeurs de la démocratie. C’est une victoire non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour tous ceux qui craignent Dieu dans le monde entier, en particulier en Asie, où la lumière de Dieu peut briller plus fort grâce à sa propre direction divine.

Sri Lanka

Noel Abelasan, directeur national de Every Home Crusade

La victoire de Trump pourrait avoir un impact positif sur les chrétiens évangéliques du Sri Lanka en promouvant la liberté religieuse et en orientant éventuellement l’aide états-unienne vers des programmes fondés sur la foi chrétienne. Cet accent sur des principes chrétiens pourrait encourager les chrétiens sri-lankais et soutenir des initiatives alignées sur les priorités états-uniennes.

Toutefois, une attitude de fermeté à l’égard de la Chine pourrait compliquer la position diplomatique du Sri Lanka, étant donné l’influence de la Chine dans la région, ce qui pourrait indirectement affecter les groupes évangéliques locaux. D’une manière générale, cela pourrait renforcer la solidarité entre les évangéliques du monde entier et inciter les chrétiens sri-lankais à se sentir davantage liés à un mouvement commun.

Taïwan

Andrew Chiang, pasteur de la Bilingual Community Church

Je ne pense pas que la présidence de Trump aura un impact sur la liberté religieuse à Taïwan à court terme. Le soutien de Trump aux causes évangéliques conservatrices ne touche pas les habitants de Taïwan, et il est donc peu probable qu’il déclenche des réactions négatives de la part de franges plus laïques de la société. En termes d’assistance et de politique étrangère, Trump et Biden ont tous deux poursuivi une politique de confinement de la Chine, ce qui est à l’avantage de Taïwan tant qu’ils ne vont pas trop loin et ne déclenchent pas la guerre.

La présidence de Trump aura probablement un impact plus important en matière de tendances culturelles et religieuses. Les théories du complot, l’alarmisme sur la fin des temps et les fausses prophéties qui sévissent lourdement aux États-Unis depuis la première présidence de Trump se sont également répandus à Taïwan. Cette tendance se poursuivra probablement sous sa deuxième présidence. Il est difficile de prédire comment les évangéliques de Taïwan réagiront, mais, dans certains cercles, son élection a suscité une réflexion plus approfondie sur la théologie publique et politique. Vu le chaos dont elle est témoin de l’autre côté du Pacifique, l’Église évangélique taïwanaise pourrait renforcer sa propre voix, indépendamment de l’Église évangélique états-unienne.

EUROPE

Arménie

Craig Simonian, coordinateur pour la région du Caucase du réseau Paix et Réconciliation de l’Alliance évangélique mondiale

Je pense que la victoire de Trump et le retour du parti républicain à la tête du Congrès sont incontestablement une bonne chose pour l’Arménie.

Bien que peu de personnes en dehors des milieux politiques le sachent, la République d’Arménie est une pièce maîtresse de la politique étrangère états-unienne depuis plus de 30 ans en raison de sa position stratégique à la frontière de la Russie, de l’Iran et de la Turquie. Mais ce n’est que depuis la guerre menée par l’Azerbaïdjan en 2020 pour récupérer l’enclave peuplée d’Arméniens du Haut-Karabakh, que nous appelons Artsakh, que l’importance de l’Arménie a été mieux reconnue, en particulier parmi les évangéliques. Les chrétiens de la région montagneuse du Caucase sont persécutés depuis des millénaires.

L’éveil des consciences résulte en grande partie du fait que les républicains ont utilisé les commissions du Congrès et les commissions gouvernementales pour défendre l’Arménie. Le pays est devenu la première nation chrétienne au monde en 301 après J.-C. et a toujours eu besoin de protection contre des voisins hostiles. De l’autre côté, si les démocrates ont fidèlement promu la reconnaissance du génocide arménien au cours des 33 dernières années, ils n’ont pas accompli grand-chose de plus.

Aujourd’hui, avec le retour de Trump à la Maison-Blanche, nous pouvons nous attendre à ce que l’Arménie chrétienne émerge davantage en tant que nouvel allié pour la promotion de la démocratie occidentale dans la région. Si Dieu le veut, elle deviendra également un nouveau centre pour les missions mondiales.

Russie

Vitaly Vlasenko, secrétaire général de l’Alliance évangélique russe

Trump était le candidat le plus valable et je suis heureux qu’il ait gagné. Mais l’idée qu’il entretiendrait une relation étroite avec Vladimir Poutine est excessive. Si les Russes ont accueilli favorablement sa première présidence, beaucoup ont été déçus et sont aujourd’hui méfiants. Néanmoins, son élection nous redonne l’espoir que les choses peuvent changer.

J’espère que Trump soutiendra le dialogue international, la paix et la liberté de religion. Il a promis de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures. Il n’est pas Dieu, mais si cela se produit bientôt, j’en serai très heureux. Cependant, la Russie n’étant pas un État satellite des États-Unis, il est très difficile de prédire comment nous serons affectés tant que Trump n’aura pas choisi l’ensemble de son cabinet présidentiel. Pour l’instant, je suis encouragé.

Il est difficile de savoir quel sera l’impact de Trump sur notre communauté évangélique russe. Le soutien mutuel entre les communautés des États-Unis et de la Russie dépend principalement des relations entre personnes et entre églises, et non de celui qui siège à la Maison-Blanche. Historiquement, les autorités états-uniennes ne se sont pas opposées à notre dialogue, mais y ont au contraire contribué de manière positive. Comme Trump a le soutien de la plupart des évangéliques états-uniens, j’espère que son équipe perpétuera cette bonne tradition.

Turquie

Ali Kalkandelen, ancien président de l’Association des églises protestantes de Turquie

Les politiques états-uniennes dans notre région ont inondé notre pays de réfugiés syriens, afghans et ukrainiens. Si Israël étend sa guerre à l’Iran, cela pourrait menacer d’impliquer la Turquie. Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan continue de s’envenimer, car il a été négligé par les États-Unis. Le peuple kurde qui cherche à obtenir une autonomie régionale se confie dans le soutien états-unien.

Ces crises ont eu des répercussions négatives sur la politique et l’économie de notre pays. Nous devons prier pour que Dieu accorde sa miséricorde et sa sagesse à tous les dirigeants du monde. Mais Trump promet de changer de cap et de rechercher la paix dans la région, ce qui serait meilleur et plus juste pour tous. Le président Recep Tayyip Erdoğan appelle Trump « mon ami », et leur relation renforcera probablement les liens communs de nos pays au sein de l’OTAN. 

Bien que les membres de l’Église aient souffert sous le poids de ces crises, celles-ci ont également ouvert de nouvelles possibilités de ministère. De nombreux réfugiés sont venus à la foi en Christ en Turquie, et nos communautés intègrent des croyants d’origine kurde, persane et arabe.

Cette transformation spirituelle se poursuivra et renforcera l’Église. Aucun président états-unien ne peut avoir un impact négatif dans ce domaine.

Royaume-Uni

Gavin Calver, PDG de l’Alliance évangélique du Royaume-Uni

Nous devrons une fois de plus répondre aux accusations de ceux qui présupposent que les évangéliques britanniques marient politique et foi de la même manière que ceux qui portent l’étiquette évangélique aux États-Unis. La politique et la foi seront toujours liées dans une certaine mesure, mais l’association étroite entre confession et orientation politique, évangélique étant souvent perçu comme synonyme de MAGA, a été extrêmement problématique pour nous au Royaume-Uni.

Les évangéliques britanniques, eux, ne sont mariés à aucune orientation politique. Les chrétiens doivent prier pour leurs dirigeants et les soutenir, mais ils doivent aussi prendre position contre ce qui est mauvais. Notre loyauté première doit aller à Jésus et non à un dirigeant national.

J’espère que la prochaine présidence Trump pourra être différente, que les évangéliques de mon pays ne seront pas supposés à tort être alignés avec lui sur le plan politique et nationaliste, et que nous pourrons continuer à être une « bonne nouvelle » au Royaume-Uni.

Ukraine

Taras M. Dyatlik, directeur de l’engagement, Scholar Leaders

Je suis profondément préoccupé par l’impact potentiel des résultats des élections états-uniennes sur la défense de notre pays contre son agression injustifiée par la Russie. L’Ukraine dépend fortement de l’aide et des décisions de politique étrangère des États-Unis, et je crains qu’un changement de direction n’affecte ce soutien crucial.

Je suis troublé de voir certains responsables évangéliques occidentaux adopter des récits qui minimisent ou justifient l’agression russe, souvent à partir de campagnes de propagande russe sophistiquées. L’idée selon laquelle « la guerre s’arrêtera lorsque l’Ukraine cessera de se défendre ou lorsque l’Occident cessera de soutenir l’Ukraine » plutôt que « la guerre s’arrêtera et devrait s’arrêter en obligeant la Russie à quitter les territoires ukrainiens » révèle une méconnaissance inquiétante de la réalité.

L’instrumentalisation de la rhétorique et des valeurs chrétiennes à des fins politiques, tant en Russie qu’aux États-Unis, me préoccupe également beaucoup. Lorsque les valeurs chrétiennes sont trop étroitement alignées sur les pouvoirs politiques, elles sont souvent déformées et utilisées à mauvais escient pour justifier des actions qui nuisent aux plus vulnérables.

Je prie pour qu’indépendamment du leadership et des politiques des États-Unis, la communauté internationale continue à soutenir la lutte de l’Ukraine pour son existence, ses valeurs démocratiques et la dignité humaine.

AMÉRIQUE LATINE

Brésil

Cassiano Luz, directeur exécutif de l’Alliance évangélique brésilienne

La réélection de Donald Trump a des retombées importantes pour les évangéliques brésiliens.

Trump est considéré comme un allié et un ami de Jair Bolsonaro, l’ancien président du Brésil, qui bénéficiait d’un large soutien évangélique. Reconnu coupable d’abus de pouvoir politique et d’abus médiatique, Bolsonaro est actuellement inéligible en 2026 et fait l’objet d’enquêtes pour blanchiment d’argent, falsification du carnet de vaccination et incitation à l’insurrection de 2022 qui a visé le Congrès national du Brésil et d’autres bâtiments gouvernementaux à Brasília. Bolsonaro et ses partisans célèbrent la réélection de Trump, pensant que la pression politique états-unienne pourrait renverser son inéligibilité au Brésil.

Je crois qu’une priorité pour nous, en tant qu’Église évangélique brésilienne, est de comprendre les facteurs qui façonnent nos choix et nos positions idéologiques. Si de nombreux évangéliques brésiliens célèbrent la réélection de Trump comme conforme aux principes de l’Évangile, je préfère me faire l’écho des paroles de Ronaldo Lidório : l’Évangile n’est ni démocrate ni républicain ; il ne s’aligne ni sur Harris ni sur Trump. L’Évangile, c’est Jésus. « Chers amis, je vous exhorte, en tant qu’étrangers et exilés, à vous abstenir des désirs pécheurs qui font la guerre à votre âme » (1 P 2.11).

Mexique

Rubén Enriquez Navarrete, secrétaire de la Fraternité évangélique du Mexique

Donald Trump a de nouveau remporté l’élection présidentielle aux États-Unis. Même s’il n’est pas irréprochable, il reconnaît que les origines et les principes des États-Unis sont ancrés dans le Dieu de la Bible. Je crois que Dieu a permis cela pour deux raisons : donner aux églises une plus grande latitude pour répandre l’Évangile et encourager la réflexion parmi ceux qui se sont éloignés de Dieu.

La question des migrants est une préoccupation majeure pour les églises mexicaines, et le résultat de l’élection aura sans aucun doute une influence là-dessus. Les églises mexicaines organisent des actions de soutien aux migrants, notamment à la frontière. Pour nous, il ne s’agit pas d’un problème, mais d’une opportunité. Bien que nombre d’entre eux arrivent ici en tant que non-croyants, ils se convertissent souvent et, une fois rentrés dans leur pays d’origine, partagent l’Évangile ou soutiennent les églises locales.

Pour les chrétiens mexicains, il n’y a pas d’impact significatif — seulement un sentiment de fierté de savoir que, aux États-Unis, on accorde de la valeur à l’opinion des pasteurs évangéliques.

AMÉRIQUE DU NORD

Canada

David Guretzki, PDG de l’Alliance évangélique canadienne

En raison de la proximité géographique du Canada, les événements politiques majeurs qui se déroulent aux États-Unis ont une plus grande incidence sur notre climat politique et social. Par exemple, lorsque la Cour suprême des États-Unis a invalidé l’arrêt Roe v. Wade, l’avortement est redevenu un sujet brûlant au Canada et a conduit notre gouvernement à promettre de veiller à ce que le Canada ne suive pas la même voie.

Le débat sur l’avortement a suscité beaucoup d’angoisse de part et d’autre, alors que rien n’avait changé dans notre contexte juridique. Le renversement de l’arrêt Roe v. Wade a suscité chez les opposants à l’avortement un désir renouvelé de voir de nouvelles lois, tandis que ses partisans cherchaient à permettre un accès sans entrave à l’avortement.

Bien qu’il y ait toujours des comparaisons entre les politiques états-uniennes et canadiennes, nous cherchons à rappeler aux chrétiens évangéliques que le contexte historique, religieux, social et politique du Canada est distinct.

Notre alliance évangélique se félicite que les élections chez nos voisins se soient déroulées librement et sans violence ni perte de vie. L’Écriture nous enjoint de prier pour tous ceux qui détiennent l’autorité, quelle que soit leur orientation politique. À cet égard, nous demandons à tous les disciples de Jésus d’observer cette exhortation tout en faisant preuve d’une indulgence aimante à l’égard de ceux dont les opinions politiques peuvent différer des leurs.

MOYEN-ORIENT

Égypte

Michael El Daba, directeur régional du Mouvement de Lausanne pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Alors que le monde attendait les résultats des élections états-uniennes, de nombreux chrétiens égyptiens priaient pour la paix. La guerre est partout à nos frontières à Gaza, en Libye et au Soudan, et notre gouvernement a aggravé la situation par des décisions politiques qui ont conduit à une inflation et à un endettement sans précédent. Les touristes ont peur de s’y rendre, tandis que bien des réfugiés y ont trouvé un refuge sûr.

Qu’il s’agisse des droits de l’homme au niveau local ou de la paix et de la stabilité régionales, l’administration Biden n’a pas fait grand-chose. Nous ne nous attendons pas à ce que Trump soit très différent, du moins en ce qui concerne le peuple égyptien. Il poursuivra une approche très transactionnelle des relations avec ses alliés régionaux, y compris l’Égypte, se concentrant sur les ventes d’armes, les transactions commerciales et la coopération en matière de sécurité, tout en ignorant largement l’engagement politique et diplomatique en matière de valeurs. Trump renoncera probablement à toute observation, même prudente, sur les droits de l’homme et les libertés politiques.

Sur une note positive, le soutien massif des évangéliques états-uniens à Trump pourrait aider les évangéliques égyptiens à mieux se faire entendre au niveau local. Si Trump cherche à promouvoir la liberté religieuse à l’international, nous pouvons contribuer au travail pour les droits des minorités. Cela permettrait d’ouvrir davantage la place publique à la participation politique des chrétiens et de surmonter les obstacles administratifs à la construction d’édifices religieux.

Iran

Mehrdad Fatehi, fondateur et directeur exécutif du Pars Theological Centre

Note : Fatehi vient d’Iran, mais est actuellement installé au Royaume-Uni.

Pour la plupart des Iraniens, une présidence de Trump est une excellente nouvelle. Trump a mis le régime iranien sous pression grâce aux sanctions, affaiblissant le régime économiquement. Sous sa direction, les forces états-uniennes ont tué Qassem Soleimani, le deuxième homme le plus puissant d’Iran, qui a dépensé des milliards de dollars pour soutenir le Hamas, le Hezbollah et d’autres groupes appuyés par l’Iran. Beaucoup d’Iraniens espèrent que ces politiques rigoureuses continueront.

À l’inverse, les démocrates ont adopté une politique d’apaisement envers le régime iranien, ce qui l’aide à rester au pouvoir. En serrant la main des dirigeants islamistes, ils ferment les yeux sur les atteintes aux droits de l’homme. Mais la plupart des Iraniens espèrent que Trump aidera le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à attaquer l’Iran pour que le peuple iranien puisse renverser le gouvernement lorsque celui-ci sera au plus faible.

Le régime islamiste est actuellement inquiet, se demandant comment Trump va gérer le cas de L’Iran. Mais une crainte générale de la guerre persiste : elle pourrait nuire au pays sans garantir les résultats espérés par le peuple. La plupart des croyants iraniens, issus d’un milieu musulman, partagent probablement ce regard. Leur situation de persécution est déjà si difficile qu’aucune action de Trump ne pourrait vraiment l’aggraver.

Pour beaucoup, Trump représente la meilleure chance de changement positif pour les Iraniens.

Danny Kopp, président de l’Alliance évangélique israélienne

De nombreux évangéliques pro-israéliens et propalestiniens, par ailleurs opposés les uns aux autres sur la politique états-unienne dans la région, sont ironiquement unis dans leur espoir qu’une présidence Trump apportera une amélioration par rapport à l’administration Biden. Et pourtant, s’il y a une chose que l’on peut dire avec certitude à propos de Trump, c’est qu’il sera imprévisible. Il est tout aussi capable de soutenir une escalade spectaculaire dans l’usage de la force contre les ennemis d’Israël que d’exiger une cessation rapide des hostilités que certains considéreraient comme une capitulation.

En général, les juifs messianiques ne s’attendent pas à ce que Trump aborde spécifiquement leurs problèmes internes en tant que citoyens juifs messianiques d’Israël. Leur nombre est trop faible pour qu’il puisse envisager une politique spécifique à leur égard. Comme leurs concitoyens, ils sont presque entièrement accaparés par la manière dont l’administration de Trump soutiendra ou non Israël dans sa guerre actuelle sur sept fronts.

Une deuxième administration Trump pourrait en effet se lancer dans un effort bienvenu pour élargir les accords d’Abraham afin d’inclure l’Arabie saoudite et peut-être même la Palestine dans l’établissement d’accords de paix avec Israël. Toutefois, si les États-Unis abandonnent leurs alliés en Ukraine et en Asie du Sud-Est aux agressions russe et chinoise, ils ne feront qu’enhardir cet axe qui, principalement par l’intermédiaire de l’Iran et de ses mandataires, a été le principal instigateur de la violence en Israël, à Gaza, au Liban, en Syrie, au Yémen et en Irak.

Liban

Wissam al-Saliby, président du 21Wilberforce Global Freedom Center

Historiquement, les habitants de mon pays d’origine ne voient pas de grande différence entre les politiques des républicains et des démocrates concernant Israël et le Liban. Cependant, de nombreux Libanais au Liban et aux États-Unis ont soutenu l’élection de Donald Trump parce qu’ils préfèrent l’« inconnu » de sa présidence aux politiques de l’administration actuelle, qui ont permis à la guerre au Moyen-Orient de se poursuivre et de s’étendre.

Quoi qu’il en soit, cette région se vide de sa population chrétienne à cause de la guerre, d’abord en Irak, puis en Syrie, et maintenant au Liban. Beaucoup de mes amis et de ma famille sont partis. Les chrétiens palestiniens de Cisjordanie continuent de perdre leurs terres et leurs moyens de subsistance au profit des colons israéliens.

Nous avons besoin de toute urgence d’un processus de paix qui réponde aux véritables griefs et à l’injustice à l’origine du conflit, ce qui n’a jamais été le cas jusqu’à présent.

En outre, la destruction de Gaza et maintenant d’une grande partie du Liban a fortement érodé la crédibilité des États-Unis. Si l’administration états-unienne s’adressait à un pays à majorité musulmane pour dénoncer la persécution des chrétiens dans ce pays, la réponse qu’elle recevrait serait la suivante : « Commencez par arrêter la guerre à Gaza ; ensuite, revenez nous poser des questions sur notre propre bilan en matière de droits de l’homme. »

Palestine

Jack Sara, secrétaire général de l’Alliance évangélique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

La politique états-unienne a eu une influence complexe et souvent controversée, les décisions de la Maison-Blanche affectant profondément notre vie quotidienne et notre avenir.

Le soutien de Trump aux politiques favorisant l’expansion israélienne et son mépris pour les droits des Palestiniens suscitent des inquiétudes. Cela pourrait se traduire par une marginalisation accrue des Palestiniens et un environnement encore plus difficile pour les chrétiens qui s’efforcent de vivre leur foi dans ce contexte très instable.

Trump a reçu un soutien important de la part de nombreux évangéliques, malgré des politiques qui semblent contredire les valeurs fondamentales de justice, de miséricorde et d’humilité que l’Écriture nous appelle à défendre. Je soupçonne qu’une grande partie de ce soutien est enracinée dans une idéologie théologique et politique trompeuse — le sionisme chrétien — qui considère l’allégeance inconditionnelle à l’État d’Israël comme une obligation biblique. De nombreux évangéliques semblent considérer Trump comme le protecteur d’Israël, négligeant peut-être le mépris de sa précédente administration pour les droits des Palestiniens et les conséquences plus larges pour la paix au Moyen-Orient.

Cependant, je garde espoir et je continue à prier. J’espère que l’administration Trump s’efforcera de mettre un terme à la guerre génocidaire à Gaza ainsi qu’à l’invasion terrestre et à la campagne de bombardement généralisée au Liban. J’espère que Trump œuvrera en faveur d’une paix qui respecte véritablement les droits et la dignité de tous les habitants de la Terre sainte et de la région.

OCÉANIE

Australie

Simon Smart, directeur exécutif du Centre for Public Christianity

D’un côté, une autre présidence Trump pourrait ne pas avoir beaucoup d’impact sur les évangéliques en Australie, où le paysage religieux est très différent de celui des États-Unis. Mais, dans la mesure où cela renforce le désir de certains chrétiens d’acquérir autant de pouvoir politique que possible pour atteindre leurs objectifs, cela pourrait s’avérer contre-productif à long terme. L’histoire montre souvent — mais pas toujours — que la foi chrétienne et le pouvoir politique ne font pas bon ménage. C’est une leçon qui paraît difficile à apprendre.

L’Australie est un pays plus laïque que les États-Unis. Pour ceux d’entre nous qui cherchent à faciliter la compréhension de la foi chrétienne ici, l’association, depuis plusieurs décennies, du terme « évangélique » à une orientation politique que la majorité des Australiens perçoit négativement n’a pas aidé la cause. Nous devons faire face à des présupposés qui entravent un dialogue constructif sur la foi.

Reportages d’Angela Lu Fulton, Bruce Barron, Franco Iacomini, Isabel Ong, Jayson Casper et Surinder Kaur

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