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Confusion, changements de cap, licenciements : que se passe-t-il à l’American Bible Society ?

L’organisation historique et généreusement dotée a connu deux années de turbulences : cinq directeurs généraux, des problèmes d’argent et un ralentissement de son action internationale. Elle est à la recherche d’un nouveau départ.

Le bâtiment new-yorkais de la Société biblique américaine en 1893, à gauche, et le siège actuel de Philadelphie, à droite.

Le bâtiment new-yorkais de la Société biblique américaine en 1893, à gauche, et le siège actuel de Philadelphie, à droite.

Christianity Today March 7, 2024
Wikimedia Commons, Google Street View/Edits by CT

La Société biblique américaine (ABS), vieille de 208 ans, avait une mission simple : imprimer et distribuer des bibles aux États-Unis. À son apogée en 1979, elle en distribuait 108 millions par an.

Une fois que les Américains ont eu accès à des bibles, le défi de l’ABS a été de faire en sorte que les gens les lisent. Au début des années 2000, l’organisation s’est orientée vers une mission de promotion de « l’interaction avec les Écritures ». Cet objectif n’est pas aussi aisé à quantifier que le nombre de bibles imprimées. Dans les années qui ont suivi, ceux qui gravitaient autour de l’organisation n’ont pas toujours été d’accord sur ce qu’il fallait faire avec les ressources héritées de cette grande organisation. Un nouveau musée de la Bible ? Une application biblique pour les militaires ? Un programme d’études sur la guérison des traumatismes par les Écritures ?

Et dans quelle mesure une organisation qui travaille en partenariat avec des sociétés bibliques du monde entier doit-elle se concentrer sur la partie « américaine » de sa mission ?

Cette crise d’identité au 21e siècle s’est accentuée au cours des deux dernières années avec cinq directeurs généraux successifs, des dizaines de millions de dollars de déficit financier et la perte d’un donateur important. Selon certaines sources, une trentaine d’employés ont été licenciés à la fin de l’année dernière, ce qui représente environ 20 % du personnel.

Au milieu de toutes ces questions, l’ABS modifie ses priorités. Mais il n’est pas évident de savoir si les désordres organisationnels sont à l’origine de ces décisions ou font partie des difficultés liées au changement de stratégie. Nous avons interrogé des employés de l’ABS, d’anciens membres du personnel, des donateurs et d’autres personnes engagées. Leurs analyses des causes des problèmes actuels varient.

L’enjeu est de taille, car l’ABS dispose d’un budget annuel d’environ 100 millions de dollars et d’une dotation de 600 millions de dollars, ce qui la place dans le premier pour cent des organisations chrétiennes recensées dans la base de données de Ministry Watch en termes d’actifs. Les sociétés bibliques du monde entier comptent sur son soutien. Au cours des deux dernières années de turbulences, le personnel et d’autres soutiens de l’ABS disent n’avoir pas eu une idée claire de qui dirigeait l’organisation.

Sur les cinq directeurs généraux que l’organisation a connus depuis 2022, deux étaient des membres du conseil d’administration qui assuraient l’intérim, une pratique inhabituelle. L’un d’entre eux, Jeff Brown, n’a tenu qu’un mois. Aucun des membres du conseil d’administration devenu directeur général n’est encore dans le conseil.

L’ABS « ne voulait pas s’occuper de ces questions », déclare Ellen Strohm, une directrice au sein de l’ABS qui a quitté son poste en janvier 2023 après 18 ans de service. Au cours de sa carrière, elle supervisait la collecte de fonds et la gestion de projets.

Elle estime qu’il existait une culture de la « pensée magique » selon laquelle tout allait s’améliorer sans que l’on s’attaque aux problèmes systémiques.

L’ABS aurait évolué vers un fonctionnement plus proche de celui d’une fondation, la supervision de subventions prenant au fil des ans le pas sur l’exercice direct d’un ministère. Selon Strohm et d’autres anciens employés, l’organisation n’a pas mis en place les systèmes nécessaires pour que cela fonctionne, ce qui a engendré des problèmes en cascade.

Aux États-Unis, l’organisation se concentre sur divers projets d’« interaction avec les Écritures » et touche chaque année des centaines de milliers de militaires par le biais de son ministère des services armés ; elle promeut son programme de recherche « State of the Bible » et gère à Philadelphie un nouveau musée sur la Bible dans la vie américaine, le Faith and Liberty Discovery Center.

Historiquement, l’organisation a financé des traductions de la Bible dans le monde entier, avec pour objectif de traduire la Bible dans toutes les langues vivantes d’ici à 2033. Ces dernières années, elle a concentré ses ressources sur son projet de promotion de soins post-traumatiques appuyés sur l’Écriture, afin d’aider les communautés religieuses à faire face aux traumatismes locaux.

Depuis le mois de février, la nouvelle directrice générale de l’ABS, Jennifer Holloran, première femme à occuper ce poste et ancienne directrice de Wycliffe Bible Translators USA, s’est trouvée confrontée à de nombreux défis […]. En août dernier, le cabinet de recrutement de cadres qui cherchait un directeur pour l’ABS indiquait rechercher quelqu’un capable de « mener une transformation organisationnelle ».

« Bien que les défis spécifiques auxquels l’ABS a été confronté ces dernières années se soient présentés avant que je ne prenne mes fonctions de directrice générale, je sais que le conseil d’administration et les principaux responsables ont fait de grands progrès pour recentrer l’organisation autour de sa vision et de sa mission historiques », a déclaré Holloran dans un communiqué qu’elle nous a adressé. Elle affirme que l’ABS « développera de nouveaux moyens pour soutenir les églises et les organisations partenaires dans la création d’opportunités pour tous les peuples de faire l’expérience du message transformateur de l’Écriture ».

Après les licenciements survenus à la fin de l’année dernière, le conseil d’administration a envoyé un courriel au personnel indiquant que le modèle de fonctionnement de l’ABS nécessitait un « changement fondamental » et que l’organisation gérerait « moins de programmes ministériels distincts et individuels, en particulier par elle-même. Nous nous concentrerons plutôt sur des programmes qui […] s’appuient sur nos forces en matière de partenariat, de rassemblement et de leadership éclairé. »

Il semble que l’ABS s’orientera davantage vers l’octroi de subventions, comme l’attribution de fonds pour des travaux de recherche sur la Bible à des groupes tels que Scriptura.

Dans une déclaration répondant à un certain nombre de nos questions, la présidente du conseil d’administration, Katherine Barnhart, a réaffirmé ce changement de stratégie.

« Depuis environ deux ans, le conseil d’administration de l’American Bible Society a stratégiquement aligné sa planification et son travail de manière à ce que l’ABS se concentre sur la recherche, l’encouragement et la promotion d’innovations en matière d’accès à la Bible et d’interaction avec elle », écrit-elle.

« Alors que nous allons de l’avant, l’ABS tire parti de ses principales forces — notamment le rassemblement de partenaires, la fourniture de ressources et le développement et le partage de connaissances — pour jouer un rôle important dans la création et l’extension de programmes qui peuvent à grande échelle pousser la culture américaine et le monde vers les Écritures. Ce recentrage signifie, en partie, que l’ABS gère aujourd’hui moins de programmes ministériels distincts et individuels, en particulier par elle-même. »

Les déclarations fiscales de l’organisation confirment qu’elle a évolué vers un fonctionnement plus proche de celui d’une fondation : ses effectifs ont diminué au fil des ans à mesure qu’elle passait de projets propres à l’octroi de subventions à des partenaires réalisant des projets de promotion de la Bible. Selon ses dernières déclarations fiscales publiques, la plus grande partie de son budget (environ 40 millions de dollars sur les 103 millions de dollars de dépenses pour l’exercice 2022) est consacrée aux subventions accordées à des organisations américaines et internationales. En 2013, elle n’accordait que 11 millions de dollars de subventions sur un budget de 92 millions de dollars.

La présidente du conseil d’administration, Katherine Barnhart, a une expérience dans le domaine des fondations, puisqu’elle a siégé au conseil d’administration de la National Christian Foundation (NCF), à laquelle elle et son mari ont fait don de leur entreprise familiale il y a plus de dix ans. Le vice-président de l’ABS, David Wills, a longtemps été président de la NCF.

Malgré cette évolution vers plus d’octrois de subventions, l’ABS consacre encore une part importante de son budget aux salaires et aux avantages sociaux — 28,8 millions de dollars pour l’exercice 2022.

Le conseil d’administration a également connu des changements depuis 2022. Seuls 10 des 19 membres du conseil d’administration de 2022 y siègent encore, mais les deux derniers présidents du conseil d’administration sont toujours là.

Au cours des deux dernières décennies, l’organisation a intentionnellement réduit le nombre de membres de son conseil d’administration : au début des années 1990, le conseil d’administration comptait 72 membres, puis 30 en 2013, lorsque les statuts ont été modifiés pour limiter le conseil d’administration à 18-24 membres. Il compte aujourd’hui 13 membres, selon le site internet de l’organisation.

La manière dont l’organisation a géré ces changements a nui au moral des troupes, selon de nombreux membres du personnel, anciens et actuels.

Au fil des ans, d’autres organisations chrétiennes à but non lucratif ont changé d’orientation et ont été victimes d’une « mort à petit feu » due à un manque de clarté de leur mission, à des membres du conseil d’administration qui ne remplissaient pas leur rôle, à une mauvaise culture d’entreprise, à l’absence de bons indicateurs et à des donateurs qui éloignaient l’organisation de sa mission, écrivent Peter Greer et Chris Horst dans Mission Drift.

Problèmes financiers et opérationnels

En 2019, Ellen Strohm s’occupait des dons importants à l’ABS. Elle se souvient d’avoir eu l’impression de faire une crise cardiaque à cause de la pression au travail. Elle s’est rendue à l’hôpital où elle a appris qu’elle souffrait d’un pneumothorax.

Cette année-là, l’organisation a découvert qu’elle avait dépassé son budget de 17 millions de dollars. Le dépassement n’avait pas été signalé plus tôt. Cela a entraîné un certain nombre de changements : le départ du directeur général de l’époque, Roy Peterson, des licenciements et une réévaluation des programmes de partenariat financés par l’organisation. L’organisation a pu couvrir le déficit en partie en puisant dans sa dotation, qui s’élève à plus de 600 millions de dollars. Il n’y a eu aucune preuve de mauvaises intentions de la part de l’ABS, qui a récemment fait l’objet de plusieurs audits.

Strohm estime que la réponse de l’organisation aux audits révélant des fonctionnements inadéquats « consistait à soigner l’organisation à la légère ».

Le manque à gagner de 17 millions de dollars semble lié à une confusion entre les organisations partenaires à l’étranger et l’ABS, selon des sources. Les partenaires dépensaient des budgets de projets que l’ABS n’avait pas encore financés.

L’ABS a été un partenaire financier solide pendant tant de décennies que les responsables du programme ont supposé que les budgets promis seraient respectés. Le fait que les partenaires de la société biblique aient des exercices financiers qui tombent à des dates différentes de celles de l’ABS aurait également contribué à la confusion.

Malgré ces défaillances systémiques, selon des membres du personnel actuels et passés, l’organisation a réduit ses programmes de surveillance de divers secteurs. En 2020, l’ABS a dissous Global Scripture Impact, l’unité interne de vérification qui évaluait les programmes financés par l’ABS. Elle a ensuite créé une nouvelle instance appelée « Reporting and Metrics », qui s’est également réduite au cours des années suivantes. Elle dispose désormais d’une nouvelle équipe, appelée « Ministry Insights », qui assure un suivi indépendant des programmes qu’elle soutient.

Les déficits ont été monnaie courante : les déclarations fiscales de l’ABS montrent qu’elle a engendré un déficit total de 56 millions de dollars entre les exercices 2016 et 2022, malgré un excédent de 9 millions en 2022. Selon son rapport de gestion, l’organisation a enregistré un déficit supplémentaire de 11 millions de dollars au cours de l’exercice 2023.

Malgré les déficits, l’ABS dispose encore d’une certaine marge de manœuvre financière avec sa dotation qu’elle avait augmenté de près de 300 millions de dollars en 2015 en vendant son siège de Manhattan et en déménageant à Philadelphie.

Perte d’un partenaire de traduction

Une autre série de problèmes est apparue en ce qui concerne les rapports sur les projets, l’organisation étant passée d’une large base de petits donateurs à une base plus restreinte de donateurs majeurs. En général, les petits dons sont dirigés vers les fonds généraux. Les grands donateurs souhaitent eux généralement que leur argent soit dépensé d’une certaine manière et veulent des rapports plus détaillés, ce qu’Ellen Strohm considère que l’ABS n’était pas en mesure de fournir.

Le passage des petits donateurs aux grands donateurs a « cassé les systèmes », nous explique-t-elle. Selon certaines sources, les donateurs américains ont également tendance à vouloir des indicateurs d’« impact », que les partenaires de l’organisation à l’étranger n’ont pas toujours mis en avant. Les partenaires de traduction à l’étranger pouvaient par exemple simplement envoyer un rapport trimestriel indiquant qu’ils avaient terminé la traduction du livre de Marc, ce qui n’est pas un rapport « standard » aux États-Unis.

Il n’existait pas de « système d’entreprise permettant de suivre les entrées et les sorties dollar par dollar », rapporte l’ancienne responsable des dons. « Lorsqu’il s’agit de relier un dollar d’un donateur à un projet, c’est là que les choses se compliquent et qu’il faut disposer de systèmes très performants. […] L’ABS n’avait qu’une très vague idée de la manière dont l’argent qu’ils recevaient ou donnaient était dépensé. »

En conséquence, elle a déclaré que l’organisation créait des stratégies « si larges que, quelle que soit l’action souhaitée par un donateur, il serait possible de l’y intégrer ».

L’un de ces principaux donateurs était l’organisation Every Tribe Every Nation (ETEN), qui, selon plusieurs sources, versait des millions à l’ABS, principalement pour des travaux de traduction de la Bible. Selon Strohm et d’autres sources, en 2018, l’organisation — dont Mart Green, de la famille Hobby Lobby, est un des les principaux bailleurs de fonds — a commencé à exiger davantage de rapports, faute de quoi elle réduirait son financement.

L’ETEN donnait à l’ABS environ 11 millions de dollars en 2019 et a commencé à diminuer ses dons en 2020, car les rapports ne s’amélioraient pas. Selon Strohm, un audit des fonds de l’ETEN a montré que le taux de conformité de l’ABS était inférieur à 40 %, ce qui signifie que moins de 40 % des fonds étaient utilisés conformément aux intentions des donateurs.

En 2022, l’ETEN a complètement cessé de financer les traductions et, plus tard dans l’année, a retiré tout son financement à l’ABS, ce qui, selon certaines sources, était au moins en partie dû à l’incapacité de l’ABS à fournir des rapports suffisants. L’ETEN a réorienté une partie des fonds vers l’United Bible Societies Association (UBS-A), selon des sources de l’ABS. L’UBS-A, ou en français Alliance biblique universelle, est le consortium des sociétés bibliques mondiales, dont beaucoup supervisent des projets de traduction.

Selon un rapport de fin d’année 2021 de l’UBS-A, « l’association a obtenu des niveaux croissants de financement de la part d’organisations ayant des objectifs similaires, telles que ETEN (Every Tribe Every Nation) et YouVersion ».

Pour l’ABS, ce retrait a contribué à aggraver les problèmes de budgétisation et a été l’un des principaux facteurs du déficit de 16 millions de dollars de l’exercice 2021, considère Strohm.

« Dans la communauté UBS, lorsqu’on lance un projet de traduction de la Bible, on s’y engage pour la durée », dit l’ex-directrice. « On présuppose que vous financerez l’ensemble du projet. L’ABS était entre le marteau et l’enclume. Il n’y avait pas d’argent pour poursuivre ses engagements, et le donateur souhaitait avoir des rapports plus précis. »

Coupes globales

Dans le passé, environ la moitié des subventions de l’ABS ont été accordées à l’étranger et l’autre moitié à des organisations aux États-Unis. Selon plusieurs sources, l’ABS a procédé à des coupes dans ses financements internationaux et a réorienté ses activités vers le contexte américain. Elle qui contribuait à hauteur de 40 % à un fonds destiné à compléter les budgets des sociétés bibliques mondiales aurait réduit sa contribution à 25 %.

Entre-temps, elle a investi des dizaines de millions dans le Faith and Liberty Discovery Center à Philadelphie, qui « explore la relation entre la foi et la liberté en Amérique, de sa fondation à aujourd’hui ». Une source relève que l’ABS reflète une tendance dans l’église américaine en général, où l’argent se concentre davantage sur le ministère domestique que sur le travail missionnaire mondial.

La Société biblique du Liban a lancé un programme d’accompagnement post-traumatique sur cinq ans avec le soutien de l’ABS en 2021. D’après Mike Bassous, directeur de longue date de la Société biblique du Liban, l’ABS s’est retirée du programme l’année dernière.

Bassous rapporte que la Société biblique du Liban était à peu près à mi-parcours du programme, ayant formé environ 300 enseignants bibliques. L’ABS leur permet toujours de collecter des fonds pour le programme auprès de grands donateurs américains par son intermédiaire, mais avec des « frais administratifs » de 28,5 % qui s’appliquent à tous les dons de grands donateurs pour les programmes d’accompagnement post-traumatique.

« Je parle l’anglais américain. Je peux comprendre l’Amérique des entreprises », dit Bassous. « Mais vous ne saviez pas à qui parler à l’ABS. […] Quelque chose ne va pas. »

En ce qui concerne les traductions bibliques à l’international, un donateur de l’ABS a reçu des messages contradictoires sur les projets de l’organisation. Un courriel reçu d’un membre du personnel de l’ABS à la fin de l’année dernière indiquait que l’organisation « se désengagerait des travaux de traduction d’ici le 1er décembre 2023 ». Puis, dans un communiqué de presse publié en janvier à propos de la nouvelle directrice générale, la présidente du conseil d’administration, Katherine Barnhart, déclarait : « Tout en continuant à soutenir le travail essentiel de traduction des Écritures, l’ABS doit également développer de nouveaux moyens pour rendre la Bible disponible. »

« Je suis un soutien de longue date, mais en tant que donateur, je suis dans le flou », dit Nick Athens, ancien membre du conseil d’administration de l’ABS et donateur.

Dans la déclaration qu’elle nous a transmise, Barnhart n’a pas répondu directement à nos questions concernant les changements en matière de traduction. Elle explique cependant ceci : « Lorsque notre recentrage affecte nos partenariats avec d’autres organisations, nous travaillons avec ces partenaires pour explorer d’autres sources de financement et de direction. Nous continuons à soutenir la traduction des Écritures en partenariat avec UBS, tout en nous engageant à nouveau à développer de nouveaux moyens pour rendre la parole de Dieu accessible à tous. »

Au sein de l’organisation, le personnel ne sait toujours pas si et comment l’organisation pense faire face aux récents événements. L’ABS avait commandé une enquête interne, menée par le cabinet d’avocats Simms Showers et communiquée au conseil d’administration l’année dernière, mais le personnel ne sait toujours pas quel était l’objet de l’enquête ni les recommandations qui en ont découlé.

Même la communication de base, disent-ils, a diminué ; le rapport annuel de gestion de l’organisation pour 2023 fait neuf pages, alors qu’il en faisait quatre fois plus les années précédentes.

Des espoirs de changement

Du point de vue d’Ellen Strohm, les problèmes sont systémiques et culturels. Ils ne peuvent être imputés à un seul responsable à quelque moment que ce soit.

« L’ABS a le don de vous briser le cœur », dit-elle. « Le personnel travaille généralement de bonne foi. […] Ils se sont débarrassés de presque tous les responsables depuis que je faisais partie de l’organisation, et les mêmes choses se sont poursuivies. »

Plusieurs sources déclarent qu’une plus grande ouverture de l’organisation pour discuter des problèmes — au lieu d’une culture de « mise en scène de la réussite », comme le formule l’une d’entre elles — aiderait à ramener l’organisation vers la santé.

Plusieurs personnes ont exprimé leur optimisme quant au choix de la nouvelle directrice générale, Jennifer Holloran.

« L’embauche de Jennifer Holloran est, à mon avis, un acompte bien nécessaire de la part de l’actuel conseil d’administration de l’ABS sur la dette qu’il a envers l’héritage de l’organisation, les donateurs, le personnel récent et actuel, et les amis soucieux de l’ABS », nous a déclaré J. David Schmidt, qui a conseillé en matière de stratégie les principaux responsables de l’ABS entre 2012 et 2022. « Son expérience chez Wycliffe et sa volonté de servir en cette période critique est un baume d’espérance dont nous avons grand besoin, surtout après les luttes de gouvernance de ces dernières années. »

Holloran aura la lourde tâche de superviser rien moins qu’un changement majeur dans l’identité de l’ABS. Dans son histoire de l’organisation, The Bible Cause, John Fea note que celle-ci s’est considérée pendant la plus grande partie de son histoire comme une « organisation de service » qui publiait des bibles et produisait des traductions des Écritures. L’ABS doit maintenant voir si elle peut trouver sa voie dans l’attribution de subventions plutôt que dans le service direct.

Eugene Habecker, directeur général de l’ABS de 1991 à 2005, a dit : « Le monde a besoin d’une ABS saine et fonctionnelle. »

Note de l’éditeur : Nicole Massie Martin, responsable de l’impact pour CT, qui a récemment fait partie de la direction de l’ABS, n’a pas été interrogée pour la rédaction de cet article.

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