Le bébé roi

Méditation de l’Avent pour le 18 décembre

Christianity Today December 18, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 9.6-7

Dans mon expérience, regarder des films d’animation a été une composante essentielle de mon rôle de père de trois jeunes garçons. Baby Boss fait partie de ces films. Il nous entraîne dans les aventures d’un bébé « adulte » en mission, qui donne constamment des ordres à son frère de sept ans dans le dos de ses parents.

Ésaïe 9.6-7 nous offre un paradoxe similaire : un nouveau-né déjà « adulte ». Ésaïe décrit celui qui est promis comme un nouveau-né, un chef d’état et un « Conseiller merveilleux, Dieu puissant, Père éternel, Prince de paix ».

L’étonnant témoignage de ce texte prophétique est que Jésus est tout cela, et bien plus encore. Jésus, né comme un enfant humain, était à la fois pleinement humain et pleinement divin : l’Homme-Dieu, le bébé roi.

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Ésaïe s’adressait à une communauté juive découragée qui avançait à tâtons dans les ténèbres, espérant trouver un chemin pour se libérer de son état de « détresse, ténèbres, sombres angoisses » (Ésaïe 8.22). C’est dans ce contexte qu’Ésaïe prophétise ainsi : « Il étendra sa souveraineté et il instaurera la paix qui durera toujours au trône de David et à tout son royaume. Sa royauté sera solidement fondée sur le droit et sur la justice, dès à présent et pour l’éternité » (9. 7). Cette référence au trône de David renvoie à la promesse faite par Dieu à David lui-même : « j’établirai après toi l’un de tes propres descendants pour te succéder comme roi, et j’affermirai son autorité royale […] et je maintiendrai à toujours son trône royal » (2 Samuel 7.12-13). Dieu est un Dieu qui respecte son alliance. Et rien ne s’opposera à ce miracle promis : « Voilà ce que fera le Seigneur des armées célestes dans son ardent amour » (Ésaïe 9.7). Dieu est plein de zèle pour tenir ses engagements envers son peuple.

Dieu est aussi zélé et passionné pour l’Évangile. La bonne nouvelle de l’incarnation de Jésus est qu’en Christ il n’y a plus de ténèbres (Ésaïe 9.2 ; Jean 1.4-5, 14). Dieu est à l’œuvre, à travers le monde, sur chaque continent, dans chaque nation, faisant reculer l’obscurité par la puissance de la première venue du Christ et de son retour imminent. L’incarnation de Jésus dans le monde marque l’avènement d’un jour nouveau, « car un enfant nous est né, un fils nous est donné » (Ésaïe 9.6) !

C’est cela la Bonne Nouvelle, l’Évangile que nous devons partager avec le monde entier. La lumière est venue ; la lumière, c’est Jésus ! Nous n’avons plus besoin de vivre dans les ténèbres et nous pouvons partager cette lumière avec un monde qui a besoin de connaître notre « Dieu puissant », notre « Prince de paix ». Puissions-nous le proclamer librement : Jésus, le bébé roi, est là, et il veut régner dans votre cœur.

Méditez sur Ésaïe 9.6-7.


(Option : Réfléchissez également à Jean 1.14).


De quelle manière cette promesse renvoie-t-elle aux vérités fondamentales de l’Évangile ? Quels aspects de cette prophétie attirent le plus votre attention ? Pourquoi ? Priez, et louez le Christ pour chaque aspect de son identité décrit dans Ésaïe 9.6-7.

MATTHEW D. KIM est le professeur George F. Bennett de prédication et de théologie pratique au Gordon-Conwell Theological Seminary et l’auteur de Preaching to People in Pain.

Traduit par Léo Lehmann

Qui aidera la génération Z face à l’anxiété, la dépression et le suicide ?

Une attention renouvelée aux problématiques de santé mentale pousse les personnes engagées parmi les jeunes à la recherche de nouvelles ressources.

Christianity Today December 17, 2021
Image: Illustration by Rick Szuecs / Source images: Envato Elements

Jarrod Hegwood était convaincu qu’il savait comment accompagner les adolescents de son groupe de jeunes. C’est lorsqu’il a eu lui-même besoin d’accompagnement qu’il a réalisé qu’il n’y connaissait rien.

« J’ai appris que ce que je faisais n’était pas de la relation d’aide », dit Hegwood. « Ce que je faisais lorsque j’étais pasteur en formation s’appelait plutôt “régler les problèmes des gens” — leur dire comment agir et se comporter ; je ne les aidais pas à se comprendre eux-mêmes et à grandir. »

Hegwood a beaucoup appris sur lui-même grâce à un cours de relation d’aide en séminaire et à son propre suivi par un thérapeute. Sa plus grande révélation a cependant été de réaliser l’importance des professionnels de santé mentale. Il a pris conscience qu’en tant que pasteur de jeunesse, il ne possédait pas les ressources pour relever les défis de santé mentale auxquels ses jeunes étaient confrontés.

Partout aux États-Unis, des pasteurs de jeunesse comme Hegwood — qui dirige maintenant un centre d’accompagnement psychologique à Walker, en Louisiane, en plus d’être toujours pasteur de jeunesse à temps partiel — se mettent à considérer sérieusement l’enjeu de la santé mentale et à chercher des ressources pour aider les adolescents chrétiens. Ce changement peut être attribué en partie à une baisse de la stigmatisation liée aux problèmes de santé mentale et en partie aussi à une augmentation préoccupante de l’anxiété, de la dépression et du suicide chez la génération Z (les personnes nées après 1997).

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Entre 2007 et 2012, les troubles anxieux chez les adolescents ont augmenté de 20 %. Aujourd’hui, selon les National Institutes of Health (« Instituts nationaux de santé », États-Unis), un adolescent sur trois éprouvera un trouble d’anxiété. Le pourcentage d’adolescents ayant expérimenté au moins un épisode dépressif majeur présente une augmentation rapide sur à peu près la même période et, à l’heure actuelle, une jeune fille sur cinq déclare expérimenter des symptômes de dépression. Le taux de suicide chez les jeunes de 15 à 19 ans a augmenté de 76 % entre 2007 et 2017 et a presque triplé chez les adolescents de 10 à 14 ans. D’après les Centers for Disease Control and Prevention (« Centres pour la prévention et le contrôle des maladies » ou CDC, États-Unis), le suicide constitue la deuxième cause de décès chez les adolescents après les accidents.

Les ministères de jeunesse évangéliques réagissent. Ils font preuve de créativité et s’associent à des professionnels de la santé mentale pour offrir à la génération Z l’aide et les ressources dont elle a besoin.

Lorsqu’une tragédie a frappé tout près de son centre administratif dans le comté d’El Paso, Colorado, l’organisme Focus on the Family (connu dans le monde francophone sous le nom « Focus Famille ») a commencé à considérer le besoin de ressources plus nombreuses et de meilleure qualité. Vingt-neuf élèves s’étaient suicidés en deux ans dans le comté. Le journal Newsweek avait qualifié la vague d’« épidémie, un fléau se propageant dans les couloirs de l’école ».

Focus a alors mis en place une équipe pour développer des ressources sur le suicide. Ils ont découvert que la plupart des écoles secondaires et des universités, ainsi que certaines Églises, avaient des protocoles d’interventions en cas de suicide, mais que les programmes holistiques de prévention pour les adolescents étaient rares. Focus a alors décidé de produire son propre matériel et a commencé à interroger des personnes sur le suicide des adolescents : des pasteurs de jeunesse, des parents (incluant ceux ayant perdu des enfants par suicide), des adolescents, des personnes touchées par le suicide d’autrui et des personnes ayant tenté de se suicider.

Joannie DeBrito, directrice pour la parentalité et la jeunesse chez Focus et professionnelle certifiée en santé mentale, mentionne que lorsque son équipe a interrogé ces personnes sur les causes du suicide, les médias sociaux sont ressortis comme « la réponse numéro un que tout le monde a donnée sans hésitation ». Les experts pensent qu’un certain nombre de facteurs biologiques, psychologiques et culturels contribuent probablement à l’augmentation spectaculaire du suicide et des problèmes de santé mentale, mais ils continuent à débattre sur l’impact des médias sociaux.

Au minimum, a déclaré DeBrito, il y a une forte corrélation à considérer : en 2007, quand les décès par suicide se sont mis à augmenter rapidement, l’iPhone a été introduit, les gens ont commencé à utiliser des applications de médias sociaux et Facebook a abaissé son âge minimum à 13 ans.

Hegwood observe aussi cette connexion. Il voit des jeunes attirés constamment par leur téléphone, puis émotionnellement malmenés par l’expérience d’essayer de créer des liens significatifs avec les autres sur les réseaux sociaux. On encourage parfois les jeunes à « ne pas se soucier de ce que les autres pensent », dit-il ; cependant, le cerveau des adolescents est conçu pour être en communauté et il les récompense lorsqu’ils reçoivent l’approbation et l’acceptation de leurs pairs. Lorsqu’Hegwood a compris ce fait, sa façon d’exercer son ministère a changé.

« J’ai vraiment pris conscience de l’importance de la communauté », dit-il. « Je sens que c’est presque aussi important que d’avoir une saine doctrine, car si j’ai une tonne de saine doctrine mais que je n’ai pas d’endroit permettant aux jeunes de connecter les uns aux autres, leur cerveau est programmé pour aller se connecter ailleurs. »

Rechercher l’approbation et l’acceptation d’une communauté saine peut être positif, c’est pourquoi Hegwood cultive la communauté parmi ses étudiants, sans leur téléphone. La ressource de prévention du suicide offerte par Focus, Alive to Thrive, qui a été publiée en 2018 (« Vivre pour s’épanouir » ; non disponible en français), suggère aux parents de fixer des limites claires à l’utilisation de la technologie, mais mentionne également que la prévention du suicide devrait commencer en encourageant les jeunes à avoir des relations sociales saines et en les protégeant contre les abus.

Aujourd’hui, un pasteur de jeunesse compétent doit savoir quand orienter quelqu’un vers un soutien psychologique, affirme Steve Johnson, vice-président de Focus on the Family.

« Les problèmes auxquels les jeunes sont confrontés aujourd’hui sont si complexes », dit-il, « qu’il faut souvent quelqu’un avec une expertise clinique pour aider. […] Parmi vos objectifs en tant que pasteur de jeunesse compétent, vous devriez viser le discernement, pour savoir où diriger un adolescent faisant face à des problèmes que vous ne pouvez pas traiter. »

Hegwood n’a pas toujours considéré les professionnels de la santé mentale comme des partenaires dans le ministère. Avant d’entrer lui-même dans cette pratique, il pensait avoir échoué lorsqu’il apprenait qu’un de ses étudiants consultait.

« D’une certaine façon, j’avais l’impression de ne pas avoir répondu aux besoins de ce jeune », raconte Hegwood. « Pour être honnête, je n’étais pas équipé à cette époque pour répondre à ses besoins. Je n’étais pas capable de parler avec lui de ce qu’il traversait, de ce qu’il vivait. »

Puis, dans son ministère, il a commencé à aborder la maladie mentale comme tout autre diagnostic médical qui demande un traitement particulier — comme une jambe cassée ou un cancer. Il considère que les personnes engagées auprès de la jeunesse sont en mesure de servir les adolescents avec une approche globale lorsqu’ils adoptent cette vision de la maladie mentale.

« Il n’y a pas de problème à reconnaître nos limites », affirme Hegwood. « Si nous ne reconnaissons pas nos limites, nous ne servons pas de notre mieux les personnes que Dieu place sur notre chemin. »

Une étude de LifeWay Research montre que seulement 2 % des pasteurs protestants découragent les gens d’aller consulter. De plus, 84 % d’entre eux pensent que les Églises devraient soutenir les personnes atteintes de maladie mentale.

Kelsey Vincent, pasteure des jeunes et des familles à la First Baptist Church de Decatur, en Géorgie, assume pleinement cette responsabilité. Elle a mis son Église en contact avec Robert Vore, un thérapeute chrétien d’Atlanta qui travaille avec les jeunes et offre une formation aux Églises sur les problèmes de santé mentale.

Vincent a invité Vore à un dîner-conférence organisé par l’Église. Vore y a enseigné aux élèves et aux parents certains signes indicateurs de problèmes de santé mentale chez les adolescents et des moyens par lesquels ils peuvent s’entraider. Plus tard, lorsque plusieurs jeunes de l’Église ont expérimenté des crises de santé mentale, Vincent a appelé Vore, et celui-ci l’a guidée pour poser les bonnes questions.

« Cela se produit dans tous les groupes de jeunes, ministères universitaires et autres milieux où je donne des conférences », dit Vore. « Peu de temps après, les membres de l’équipe me disent qu’ils ont maintenant des conversations qu’ils n’avaient jamais eues avant. »

Ces conversations peuvent conduire à ce que les chrétiens de la génération Z soient dirigés vers des professionnels en santé mentale lorsqu’ils en ont besoin. Mais une prise de conscience accrue des problèmes de santé mentale ouvre également de nouvelles possibilités pour le service chrétien. Hegwood s’en est rendu compte lorsqu’il a consulté pour la première fois.

« J’étais dans le ministère étudiant depuis une décennie à ce moment-là », rapporte Hegwood. « Ce que j’expérimentais personnellement — aller voir un thérapeute chrétien — ressemblait plus à de la formation de disciple que tout ce que j’avais pu expérimenter dans ma vie d’Église. Et j’ai grandi dans l’Église. »

Hegwood explique qu’il savait, par exemple, ce que dit 2 Corinthiens 10.5 : « nous faisons prisonnière toute pensée pour l’amener à obéir à Christ ». Cependant, il n’avait jamais eu de moyen efficace de faire cela jusqu’à ce que son conseiller lui apprenne à prendre conscience de ses pensées et de ses sentiments pour être capable de les remettre parfois en question.

Selon Vore, apprendre à gérer ses émotions constitue un premier pas important vers la santé mentale. Les gens tendent à catégoriser les émotions désagréables telles la tristesse, la peur ou la colère comme « mauvaises » ou « incorrectes ». Il est important d’aider les jeunes à comprendre que Dieu les a créés avec des émotions, dit Vore, et qu’ils peuvent confronter les pensées qui ne sont pas vraies tout en validant la légitimité de leurs émotions.

« Elles constituent une partie saine de notre être », affirme Vore. « Vous pouvez l’observer à travers toutes les Écritures : Dieu a des émotions. Jésus a des émotions, même celles que pourrions voir comme désagréables. […] Ce n’est pas un manque de foi d’expérimenter ces sentiments. »

Hegwood et Vincent ont tous deux utilisé le film Disney-Pixar Inside Out (Vice-Versa ou Sens-dessus-dessous en version française) pour illustrer ce point. Le film se déroule principalement dans le cerveau de Riley, 11 ans, où ses émotions se bousculent pour le contrôle. La joie, généralement l’émotion dominante, essaie de garder Riley toujours heureuse. Elle doit apprendre que la tristesse a aussi une place dans la vie de Riley.

Vincent a dirigé une retraite de jeunes reliant Inside Out aux Psaumes. Elle a montré aux jeunes combien d’émotions il y a dans les Psaumes afin de leur faire voir que Dieu a créé les émotions humaines — et qu’il est capable de les gérer.

« S’il y a une chose que je sens que les jeunes pourraient répéter et enseigner aux autres après avoir été avec moi pendant deux ans, c’est bien que nous avons la permission d’être honnêtes avec Dieu concernant nos sentiments », dit Vincent. « On ne doit pas en avoir honte. On n’a pas à faire semblant d’être heureux devant qui que ce soit, et surtout pas devant Dieu. »

Hegwood ne veut pas non plus que les jeunes fassent semblant avec lui. Au travers de son cheminement, il a appris à leur poser des questions difficiles.

« La façon dont cela a changé mon approche du ministère jeunesse a été de mettre désormais l’accent sur la communauté », explique-t-il. « Mais ma perception de la formation de disciple, elle, a été transformée au niveau de l’accent sur l’individu. »

Il sait maintenant que former les jeunes ne consiste pas à simplement régler leurs problèmes. Il s’agit plutôt d’apprendre à les connaître, cœur et esprit, et de leur fournir, lorsque nécessaire, l’aide dont ils ont besoin pour être en bonne santé mentale.

Lanie Anderson est écrivaine et étudiante de séminaire à Oxford, Mississippi.

Traduit par Émilie Leblanc Tremblay

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La lumière arrive

Méditation de l’Avent pour le 17 décembre

Christianity Today December 17, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 9.1-2

Je n’oublierai pas de sitôt un court échange de SMS que j’ai eu récemment avec un ami. Il faisait le tour de la ville de New York, dans laquelle j’habite. Je lui ai demandé de me donner un aperçu de son itinéraire. Il a répondu par ce message : « mon premier arrêt sera le mémorial du 11 septembre ». La lecture de ces mots m’a plongé dans la réflexion.

Voyez-vous, bien que je sois originaire de New York, je ne suis jamais allé au mémorial du 11 septembre. Ce n’est pas que je ne sais pas comment y aller. C’est juste… eh bien… l’obscurité. Il faudrait que j’affronte l’obscurité de ce jour-là et que je me laisse rappeler les manifestations continues d’obscurité envahissent notre monde : les guerres, le racisme, les pertes et la nature si fragile de la vie. Tant d’obscurité.

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Pourtant, malgré toute l’obscurité qui nous entoure, le temps de l’Avent situe notre monde dans une histoire plus vaste et pleine d’espérance. C’est l’histoire de la lumière irrésistible de Dieu parmi son peuple. Une lumière qui illumine les ténèbres individuelles et collectives dont nous faisons l’expérience ou sommes témoins. Une lumière qui guérit.

L’Avent nous invite à une attente priante, une sainte veille, une observation attentive. Qu’attendons-nous ? Une lumière resplendissante. La lumière de Dieu.

Ésaïe annonce qu’une grande lumière arrive, venue d’une source inattendue. Elle se fraie un chemin par le biais d’un enfant, le Messie. Cette lumière ne se trouve pas dans un nouveau pouvoir politique, ni dans un mouvement culturel. Elle ne se trouve pas dans une idéologie particulière, mais dans le Dieu vivant incarné. Il s’agit d’un thème important de l’Écriture, souligné par Jean, l’auteur de l’Évangile. Dans ses écrits, la lumière qui est venue n’est pas une quelconque onde électromagnétique impersonnelle. Il s’agit de la vérité stupéfiante de la manifestation personnelle de l’être même de Dieu en Jésus-Christ. Jésus est la lumière qui brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas vaincu (Jean 1.5).

Ésaïe annonçait prophétiquement un jour qui devait venir. Ce jour est arrivé en Jésus. Mais nous attendons aussi un autre jour où les ténèbres seront pleinement et définitivement vaincues. Telle est la promesse qui nous est rappelée en cette saison.

Le temps de l’Avent nous rappelle que, aussi sombre que soit la nuit, la lumière est venue, et la lumière vient. Réjouissons-nous donc ! L’obscurité que vous ressentez aujourd’hui n’aura pas le dernier mot. Pas plus que le chagrin, l’incertitude et le désespoir. Comme l’a un jour dit l’écrivain Wendell Berry, « Il fait de plus en plus sombre, et soudain Jésus est né ».

Contemplez Ésaïe 9.1-2.


(Option : lisez aussi Matthieu 4.12-17 et Jean 1.1-5).


Quelles ténèbres dans ce monde ou dans votre vie sont parfois difficiles à affronter ? En quoi la promesse d’Esaïe vous encourage-t-elle ? Comment Jésus — la lumière — a-t-il vaincu les ténèbres dans votre vie ?

RICH VILLODAS est le pasteur principal de la New Life Fellowship à Queens, New York. Il est l'auteur de The Deeply Formed Life: Five Transformative Values to Root Us in the Way of Jesus.

Traduit par Léo Lehmann

History

Dieu utilise les changements climatiques pour transformer les sociétés

Dans la Bible comme dans l’histoire, les crises qui affectent la Création peuvent déboucher sur des réformes salvatrices.

Christianity Today December 16, 2021
Illustration by Michael Marsicano

En septembre 2017, l’ouragan Irma de catégorie 5 frappa l’île de Barbuda et la rendit inhabitable, forçant ainsi ses habitants à évacuer vers l’île voisine d’Antigua. À peine dix jours plus tard, Maria, un autre ouragan, passait juste au sud d’Antigua, la secouant par des pluies torrentielles et des vents violents. Cet ouragan fut aussi classé en catégorie 5.

La directrice du ministère de l’Environnement d’Antigua-et-Barbuda, l’ambassadrice Diann Black-Layne, déclarait alors au New York Times que la production de carbone des pays développés constitue une cause significative des intenses tempêtes qui sévissent dans sa région. Elle estimait aussi que son pays, petite nation insulaire, était trop modeste pour résoudre le problème à lui tout seul. Elle proposa donc un plan d’action qui pourrait en surprendre plus d’un.

Au journaliste Michael Barbaro, elle fit la déclaration suivante : « Nous prions. Nous sommes des gens qui craignons Dieu. Nous croyons au pardon, et nous croyons à l’efficacité de la prière. Nous croyons que Dieu prendra notre défense. Je vous le dis avec conviction : la prière est une arme très puissante ».

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Et en effet, le Seigneur promet réellement d’entendre les supplications de cette femme (Exode 22.21-24). Et si Dieu entend ces appels à l’aide, il devrait en aller de même des membres de son peuple. Trop de chrétiens (comme de non-chrétiens) pensent que le changement climatique est avant tout un problème politique ou économique. Mais c’est aussi une question spirituelle, qui requiert donc une approche biblique.

La Bible a en fait beaucoup à dire sur le changement climatique d’origine humaine. L’Ancien Testament, en particulier, relate les efforts de Dieu pour orienter l’activité d’une société afin que celle-ci contribue à la glorification de Son nom. Il illustre aussi les échecs de cette même société à se conformer à cette volonté divine.

L’enseignement biblique devrait inciter les chrétiens à anticiper les changements climatiques d’origine humaine et à prendre en considération les preuves de la crise climatique actuelle, même s’ils arrivent à des conclusions différentes sur la façon d’interpréter ces preuves. Mais il y a peut-être quelque chose de plus important encore : la Bible enseigne que les crises climatiques ont souvent une visée réformatrice.

La terre et la loi

Un climat porteur de vie trouve son origine dans la bonté de Dieu. Sur ce point, tous les chrétiens sont d’accord, quelles que soient leurs divergences sur les causes du changement climatique. Certains arguent même de l’idée qu’un Dieu bon ne permettrait jamais que le climat se dégrade. Cependant, il est clair que le climat est sensible à l’activité humaine. Et cette leçon apparaît dès le Jardin d’Éden.

La Genèse présente l’Éden comme un lieu doté d’un climat adapté à la présence humaine (Genèse 2.5-6). Elle présente aussi l’humanité dans sa relation à Dieu, en tant qu’intendante de sa création (2.15-19). Le péché humain fait souffrir tout ce que nous gérons, y compris le climat, don de Dieu pour nous. (Genèse 3.17-19 ; Romains 8.19-22).

Le récit de l’Exode prolonge cette thématique. Dieu a délivré Israël du pays d’Égypte pour le conduire vers un autre pays identifié tout de suite par son climat favorable à l’activité humaine (Deutéronome 11.9-12). Cependant, pour que les bonnes conditions climatiques perdurent en Canaan, le peuple devait respecter les directives divines. Le Deutéronome dit : « Si vous obéissez aux commandements que je vous donne aujourd’hui, en aimant l’Éternel votre Dieu et en lui rendant un culte de tout votre cœur et de tout votre être, je répandrai sur votre pays la pluie au temps opportun, la pluie d’automne et la pluie de printemps, et vous aurez de belles récoltes de blé, de vin nouveau et d’huile » (11.13-14).

Parmi les lois que Dieu a données à Israël, il a inclus des ordonnances sur la gestion des terres agricoles qui devaient diriger leur gestion de leur environnement. Les chrétiens d’aujourd’hui peuvent encore tirer de ces lois de sages principes de gestion.

L’une des « réglementations environnementales » les plus frappantes de l’Ancien Testament est la loi sur la jachère des terres pendant l’année sabbatique (Exode 23.10-11). Sans engrais modernes, les agriculteurs de l’époque — comme de nombreux agriculteurs encore aujourd’hui — devaient reconstituer les éléments nutritifs du sol par la rotation des cultures ou en laissant les champs en jachère pendant une saison. L’abandon de ce principe entraîne un épuisement du sol, un manque de croissance des plantes, une perte de rétention de l’humidité et de ce fait des problèmes en matière d’évaporation de l’eau et de pluies.

Les anciens Israélites devaient laisser leurs champs en jachère tous les sept ans. Le livre du Lévitique prévient que le non-respect de ce principe entraînerait un assèchement du sol par une baisse des précipitations. « Mais si vous ne m’écoutez pas, et si vous n’appliquez pas tous ces commandements […] Je briserai la force dont vous vous enorgueillissez ; je rendrai le ciel au-dessus de vous dur comme du fer, et votre terre comme du bronze. […] Durant toute cette période où [la terre] demeurera dévastée, elle se reposera pour les années de repos dont vous l’aurez frustrée le temps que vous l’aurez habitée » (Lévitique 26.14, 19, 35).

Oui, cette règle avait des fonctions sociétales et spirituelles. Elle permettait un repos physique de la terre cultivable tout en affermissant par ricochet la confiance des Israélites dans la généreuse providence de Dieu. Elle affirmait aussi le lien entre déficit pluvial et dégradation du sol que la science moderne le reconnaît à son tour. L’existence de ce lien indique que la loi d’Israël envisageait l’activité humaine comme pouvant avoir un impact direct sur le climat. Dieu attendait donc clairement que son peuple modère l’exploitation de ses surfaces cultivées. La loi sur la jachère du sol limitait l’exploitation de ce dernier dans le but de garantir son rendement économique à long terme et pour protéger l’environnement.

Certes, l’Israël biblique ne possédait pas les outils scientifiques nécessaires à explorer la mécanique climatique au-delà de ces principes de bon sens exprimés dans les ordonnances de la Torah. Mais à partir de ces principes, Israël a appris que le climat nécessitait une bonne gestion.

D’autres points de repères quant à la culture des terres et au climat apparaissent dans le calendrier religieux d’Israël. Trois fêtes de pèlerinage constituaient la colonne vertébrale de ce calendrier. Elles impliquaient un rassemblement de tout le peuple à Jérusalem. Et les cérémonies qui y étaient associées marquaient un moment particulier dans les activités agricoles saisonnières du peuple. Ce calendrier a ainsi orienté la façon dont le peuple gérait ses activités agricoles.

La première fête était la Pâque. Elle marquait le passage entre la saison des pluies et le printemps, époque de la moisson de l’orge. La Fête des Semaines avait lieu sept semaines plus tard, au moment où le printemps faisait place à l’été et où le blé était prêt à être moissonné. À l’approche de la nouvelle saison des pluies, le dernier rassemblement à l’occasion de la Fête des Cabanes marquait la fin de l’été, lorsque les fruits d’été étaient mûrs.

Ces fêtes enseignaient à Israël à travailler et à célébrer le Seigneur en fonction des saisons. Israël a également appris à utiliser la richesse produite par ses récoltes. Les familles apportaient lors des rassemblements les dîmes et autres offrandes de chaque récolte saisonnière (Deutéronome 16.1-17). Certaines des dîmes étaient consommées pendant les fêtes. Mais une partie était aussi destinée à secourir les personnes vulnérables (14.28-29).

Grâce à ce calendrier saisonnier, Israël a appris à gérer son environnement en veillant à ce que la richesse récoltée se reporte de manière bienfaisante sur tous les habitants du pays, y compris ceux qui avaient été dépossédés de leur terre et les personnes vulnérables. Tant qu’Israël observait toutes ces ordonnances divines, les conditions favorables à une agriculture florissante devaient se perpétuer :

« Si vous écoutez attentivement la parole de l’Éternel votre Dieu et si vous obéissez à tous les commandements que je vous donne aujourd’hui […] l’Éternel ouvrira pour vous son bon trésor céleste pour donner en temps voulu la pluie nécessaire aux terres et pour bénir tout travail que vous accomplirez. […] Par contre, si vous n’obéissez pas à l’Éternel votre Dieu […] Il frappera aussi vos champs par la sécheresse, la rouille et le charbon. Tous ces fléaux vous poursuivront jusqu’à ce que vous disparaissiez. Le ciel au-dessus de vos têtes sera aussi dur que du bronze, et la terre sous vos pieds sera comme du fer. Au lieu de pluie, l’Éternel enverra sur votre pays de la poussière et du sable qui tomberont du ciel sur vous jusqu’à ce que vous soyez exterminés. » (Deutéronome 28.1, 12, 15, 22-24)

Ces fêtes saisonnières et les moissons qui y étaient associées étaient, bien entendu, spécifiques au pays de Canaan. L’Église du Nouveau Testament, dont la présence actuelle s’étend à travers tous les climats terrestres, de l’Arctique aux Tropiques, n’est pas censée perpétuer ces pratiques de la Loi, liées à l’Ancienne Alliance. Cependant, les chrétiens sont toujours exhortés à apprendre de la sagesse de cette Loi (1 Corinthiens 10.11 ; 2 Timothée 3.16). Les lois sur la gestion environnementale et les terres agricoles peuvent aider les chrétiens à saisir l’importance d’une bonne gestion de leur environnement aujourd’hui et de constater à l’inverse que les défaillances dans ce domaine se répercutent sur la gestion équitable des ressources terrestres.

Les changements climatiques dans la Bible

Lorsqu’une terre subit des dégradations sévères en raison d’un changement climatique, Dieu a enseigné à Israël à réagir en se demandant pourquoi. Quand le pays aura été « ravagé par le soufre, le sel et le feu […]. Tous ces peuples se demanderont : “Pourquoi l’Éternel a-t-il ainsi traité ce pays ? Quelle était la cause de cette grande et ardente colère ?” » (Deutéronome 29.22-23).

Mais toutes les crises climatiques ne résultent pas d’un jugement. Les souffrances de Job étaient provoquées par des phénomènes météorologiques anormaux bien qu’il fût innocent devant Dieu (Job 1.16, 19).

Pourtant, même Job a répondu à sa situation en s’interrogeant. L’examen de conscience est une attitude typiquement chrétienne face au changement climatique et il peut conduire, si nécessaire, à des réformes morales et économiques. Les prophètes de l’Ancien Testament en ont montré la voie.

Le Déluge en Genèse 6-9 est l’exemple le plus dramatique de ce genre de situation. Dieu a envoyé le Déluge en réponse directe au péché humain. Noé a pris des mesures pratiques, comme la construction d’une arche. Il a également averti les autres, les appelant à la repentance (2 Pierre 2.5). Après le déluge, Noé a reçu cette promesse de Dieu :

« Aussi longtemps que durera la terre,
semailles et moissons,
froid et chaleur,
été, hiver,
et jour et nuit
jamais ne cesseront. » (Genèse 8.22)

Certains chrétiens interprètent cette promesse comme signifiant que Dieu ne permettra jamais de changement climatique après Noé. Et pourtant, Dieu a appelé Moïse, bien plus tard, à proférer les avertissements détaillés que nous avons évoqués sur les risques d’instabilité climatique. Ainsi, bien que la promesse de Dieu à Noé fixe une limite aux jugements liés au climat, elle ne justifie pas de notre part une indifférence face aux changements climatiques.

Les événements bibliques survenus longtemps après Moïse ne font que confirmer cela. À l’époque du roi Achab, Dieu a envoyé une sécheresse qui a duré plusieurs années. Mais une fois qu’Élie a conduit le peuple à la repentance, « le ciel s’obscurci[t] d’épais nuages poussés par un vent de tempête. Soudain, une pluie torrentielle se mit à tomber » (1 Rois 17.45).

En son temps, le prophète Ésaïe a lui aussi lié l’instabilité climatique à la cupidité et aux injustices envers les pauvres (Ésaïe 32.1-20). Le prophète Samuel a cité les pluies hors saison comme un avertissement (1 Samuel 12.17-18). Les Psaumes indiquent que le bon ordre des saisons dépend du bon ordre de la communauté (Psaumes 65.104). Et les jugements qui accompagneront le retour promis de Christ incluent également des catastrophes climatiques (Marc 13.8 ; Apocalypse 6.8 ; 8.7 ; 11.19 ; 16.17-21).

Le principe éthique suivant traverse l’Ancien comme le Nouveau Testament : un climat favorable est un cadeau du Seigneur. Mais un climat instable est une incitation à nous demander ce qui cloche dans notre comportement.

Le témoignage de la science

Puisque, selon les Écritures, nous pouvons nous attendre à ce que le Seigneur emploie un changement climatique pour nous amener à la repentance, nous devrions être ouverts à la possibilité que ce soit ce qui se passe à l’heure actuelle.

Selon la NASA, les températures mondiales ont augmenté de 1,18 degré depuis 1880. Cela peut sembler peu, mais c’est suffisant pour faire fondre 428 milliards de tonnes de glace polaire chaque année. Ce phénomène contribue à l’élévation du niveau mondial de la mer de 3,4 millimètres par an. De tels changements provoquent de très fortes tempêtes, des sécheresses, des inondations et d’autres catastrophes naturelles que nous voyons de plus en plus fréquemment à la une des journaux et au sein de nos propres communautés.

La Bible ne nous parle pas spécifiquement du changement climatique actuel ou de ce qui le provoque. Mais nous n’avons pas besoin de ce genre de précision de sa part. L’Écriture est suffisamment explicite quand elle relate comment Dieu a autrefois agi avec son peuple, et elle a préservé ces leçons pour orienter notre réponse dans des situations comparables aujourd’hui. Cela inclut ses enseignements sur le climat.

Une fois que nous reconnaissons que le changement climatique est souvent un moyen divin de nous amener à changer de voie, les outils de la science peuvent nous aider de deux manières.

Premièrement, la science nous aide à identifier les domaines de l’activité humaine à tenir à l’œil. Dieu, dans sa providence, nous contraint à y prêter une attention particulière. Les émissions de carbone liées aux activités industrielles ont été identifiées comme le facteur le plus important pour le réchauffement climatique. Ce constat met un coup de projecteur providentiel sur les pratiques industrielles modernes. Alors que les décideurs politiques se concentrent sur les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’Église devrait aborder les questions de volonté de puissance, de cupidité, d’exploitation abusive des ressources de la création et d’autres péchés liés à certaines pratiques industrielles. La science, conjuguée à la puissance de conviction du Saint-Esprit, peut nous aider à reconnaître les domaines dans lesquels il nous faut rechercher un renouveau spirituel.

D’autre part, les preuves scientifiques du changement climatique aident à éveiller les incroyants à la nécessité de modifier nos habitudes à tous. Beaucoup de ceux qui résisteraient à l’appel à des réformes basées sur notre responsabilité devant Dieu seront plus enclins à soutenir de telles réformes si leur impérieuse nécessité est scientifiquement démontrable. Les chrétiens ne devraient pas avoir besoin de la science du climat pour motiver leur engagement à s’impliquer dans une saine gestion de l’environnement. Mais disposer de données scientifiques renforce aussi la motivation des non-croyants à persévérer dans une meilleure gestion du climat.

La foi et la science ne s’opposent pas. Et la politique climatique est un domaine où le témoignage chrétien et l’expertise scientifique peuvent collaborer de manière productive.

Une influence réformatrice

Les données recueillies par les agences gouvernementales américaines montrent bien que les circonstances actuelles sont plus sérieuses que les changements climatiques passés. Mais il n’empêche que des changements climatiques se sont déjà produits antérieurement. Par exemple, à la fin du Moyen Âge, les températures ont commencé à se refroidir. Au cours de cette période, connue sous le nom de « petit âge glaciaire », les hivers sont devenus plus froids et plus longs. Les réactions à cela ont varié, mais beaucoup à travers l’Europe se sont tournées vers les Écritures.

Dans son livre Quand la nature se rebelle, l’historien Philipp Blom écrit : « Les interprétations théologiques des événements climatiques étaient courantes et se diffusaient largement sous forme imprimée. Les sermons liés aux conditions météorologiques sont devenus un genre littéraire mineur à part entière ».

Par exemple, dans son commentaire sur Genèse 3.18-19, le réformateur Jean Calvin aborde les mauvaises récoltes de son époque en raison des changements de temps : « ce qui reste de la bénédiction de Dieu s’amoindrit peu à peu parce que la méchanceté des hommes croît. Et de fait il y a bien grand danger que si le monde ne s’amende pas, la plus grande partie des hommes ne périsse bientôt de famine et d’autres grandes misères. […] Les intempéries de l’air, la gelée, les tonnerres, les pluies hors de saison, les sécheresses, brûlures, grêles et tout ce qui est en désordre en ce monde sont les fruits du péché ». Calvin n’était pas du genre à mâcher ses mots !

Les cantiques sur le climat sont une autre caractéristique de l’époque, écrit Blom. Par exemple, le cantique du 17e siècle de Paul Gerhardt, « O Herrscher in dem Himmelszelt » (« Ô Souverain dans les cieux »), dit :

Ainsi tous les éléments
étendent ici-bas leurs mains contre nous.
La peur nous vient de la mer et des profondeurs.
La peur nous vient des airs et des hauteurs.

Le retour à Dieu a été l’une des conséquences du petit âge glaciaire ! Et de fait, le changement climatique est une composante souvent négligée de la Réforme. Cet exemple nous encourage, aujourd’hui encore, à être prêts à reconnaître le changement climatique lorsqu’il se produit, et à lui faire face par un renouveau spirituel.

Bien sûr toutes les réponses au petit âge glaciaire ne furent pas bonnes. Les événements climatiques interprétés sans discernement comme un avertissement divin ont pu déboucher sur des comportements atroces. La période a vu, par exemple, une forte augmentation des procès en sorcellerie. Quelque 110 000 procès de sorcières ont eu lieu dans toute l’Europe. La moitié d’entre eux ont abouti à des exécutions sommaires.

De telles tragédies sont une mise en garde contre une mauvaise interprétation théologique des causes du changement climatique. La sobriété de l’explication biblique des Réformateurs est la meilleure réponse qui soit.

Une occasion d’agir

D’une manière ou d’une autre, le changement climatique modifiera les sociétés humaines. Que Dieu réprime ou non des péchés spécifiques, l’augmentation des tempêtes, des sécheresses et d’autres phénomènes affectera de vastes segments de l’humanité. Et, comme c’est souvent le cas, les populations vulnérables souffriront le plus des échecs des puissants.

L’Église est là pour promouvoir l’œuvre de la rédemption du Christ dans de tels moments. Les chrétiens risquent de gaspiller cette occasion de témoignage en niant ou en minimisant le changement climatique.

Au début de l’année 2021, les Nations Unies ont annoncé une « Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ».

De 2021 à 2030, des coopérations publiques et privées s’efforceront de récupérer 350 millions d’hectares de terres appauvries et d’éliminer jusqu’à 26 gigatonnes de gaz à effet de serre de l’atmosphère.

Il n’y a aucune raison pour que l’Église n’ait pas des ambitions aussi fortes pour le renouveau de la terre et de l’atmosphère en réponse au changement climatique. Mais, en parallèle au renouveau écologique, nos efforts devraient aussi viser une réforme sociale et spirituelle de l’humanité.

Certes, la science peut mettre en évidence les mécanismes du changement climatique et, de leur côté, les politiciens peuvent tenter de réguler les comportements, mais c’est à l’Église de toucher les consciences en apportant au monde le message rédempteur du Christ. Car en Christ :

« Le désert et le pays desséché s’égayeront ;
la plaine aride tressaillira d’allégresse et fleurira comme le narcisse ;
[…] Ils verront la gloire du SEIGNEUR,
la magnificence de notre Dieu. » (Ésaïe 35.1-2, NBS)

Michael LeFebvre est pasteur presbytérien, professeur d’Ancien Testament et membre du Center for Pastoral Theologians . Il est l’auteur de The Liturgy of Creation: Understanding Calendars in Old Testament Context (« La liturgie de la Création : comprendre les calendriers dans le contexte de l’Ancien Testament »).

Traduit par Jacques Lemaire

Révisé par Léo Lehmann

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La mission du Messie

Méditation de l’Avent pour le 16 décembre

Christianity Today December 16, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 61.1-4, 8-11

La mission de l’Église fait souvent l’objet de débats. Sommes-nous censés évangéliser ou œuvrer pour la justice ? Les chrétiens doivent-ils donner la priorité au pardon des péchés ou au soin des malades ? Ces débats trouvent leurs racines dans un vieux clivage en matière de théologie et de mission. Pour le dire très schématiquement, les uns pourraient être inflexibles sur la nécessité de nourrir les affamés, mais indifférents à la naissance virginale, tandis que les autres s’orienteraient dans le sens inverse. Les uns se consacrent à l’amélioration du monde et les autres à la promesse d’un au-delà céleste.

Les deux camps auraient été réprouvés par Jésus. En se rendant à la synagogue et en lisant un passage d’Ésaïe 61, il annonçait sa mission : l’Esprit du Seigneur l’avait oint pour apporter « une bonne nouvelle aux pauvres […] pour proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer en liberté les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur » (Luc 4.18-19). Jésus a montré comment le royaume de Dieu apporte le pardon et la libération, la guérison et l’espérance, comme autant de signes du renouveau de la création à venir.

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Ésaïe lui-même attendait le jour où Dieu ferait naître de nouveaux cieux et une nouvelle terre où « toute chair » viendrait l’adorer (Ésaïe 66, 22-23). Bien qu’Ésaïe, et Israël avec lui, aient pu imaginer que cela se produirait d’un seul coup, Dieu en Christ — l’Oint — inaugurait en fait un règne qui culminera un jour dans la refonte complète du monde. Il commencera par nous : par la relation entre Dieu et l’être humain qui était au cœur de la création. Et il travaillera par le biais de ceux qu’il a justifiés pour apporter la justice. Le peuple restauré se joint à Dieu dans son œuvre de restauration du monde.

Mais en annonçant l’accomplissement de la prophétie d’Ésaïe, Jésus se désignait aussi comme le porteur du Royaume. Il ne s’agit pas d’un simple projet d’amélioration sociale. La refonte totale du monde et de ses systèmes commence par une graine qui tombe en terre et meurt (Jean 12.24). C’est le Messie seul qui inaugure le royaume.

La mission du Messie, l’Oint de l’Esprit, se poursuit à travers le peuple du Messie, les petits oints. Luc fait un parallèle avec ce récit dans son deuxième livre, le livre des Actes, en parlant de l’Esprit qui oint les disciples de Jésus dans la chambre haute. Dans un sens très réel, la mission de l’Église n’est pas la mission de l’Église, mais celle du Messie. C’est Jésus qui l’a commencée ; Jésus qui, par l’Esprit, nous donne le pouvoir d’y participer ; et Jésus qui reviendra dans la gloire pour porter son règne à son apogée.

Lisez Ésaïe 61.1-4, 8-11.


(Option : lisez aussi Luc 4.14-21.)


Songez au public d’origine d’Ésaïe : quel espoir cette promesse lui offrait-elle ? Que soulignait-elle sur le caractère et les projets de Dieu ? Qu’est-ce qui vous frappe aujourd’hui lorsque vous lisez cette promesse à la lumière de Jésus et de l’Évangile ?

GLENN PACKIAM est pasteur senior associé à la New Life Church de Colorado Springs. Il a notamment écrit Worship and the World to Come et The Resilient Pastor (février 2022).

Traduit par Léo Lehmann

Espoir véritable

Méditation de l’Avent pour le 15 décembre

Christianity Today December 15, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 42.1-7

Nous oublions parfois que nous nous nous fabriquons sans cesse des idoles. Nous nous attachons aux idoles du pouvoir, de la richesse, de l’honneur, des autres, des institutions, de la désinformation, de la tradition. Et parfois nous oublions aussi que Dieu ne se tait pas face à l’idolâtrie et au mal. Il dévoile la vanité de leurs promesses et révèle Christ comme le remède à nos tendances à nous construire des idoles.

Dans Ésaïe 42, en réponse à l’idolâtrie sans substance et aux faux dieux dénués de sens, auxquels il s’est adressé dans le chapitre précédent, Dieu annonce la venue de son serviteur en qui il se plaît, qu’il a choisi, et en qui son Esprit habitera. Alors que les idoles sont faibles et impuissantes, le serviteur fidèle promis par Dieu apportera la justice au monde entier. Il ne piétinera pas ceux qui sont vulnérables et ne s’enflera pas d’orgueil. Au lieu de cela, sa tendre compassion se manifestera envers ceux qui sont faibles, blessés ou dont la foi vacille.

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Tant de choses dans notre monde aujourd’hui peuvent nous amener à nous demander où est Dieu : lorsque l’attrait des idoles trompe même les plus fidèles d’entre nous, lorsque l’injustice enveloppe notre monde comme un nuage noir, et lorsque les faibles peuvent à peine respirer parce que leurs supplications les ont épuisés. Ce passage nous rappelle que le serviteur promis prendra un jour tout ce qui ne va pas dans le monde et le réparera. Il est choisi par Dieu pour apporter la justice dans l’humilité et l’amour. Il est appelé par Dieu à offrir une alliance à son peuple, à être l’agent irréprochable qui accomplira sa parole et sa volonté.

Dans Matthieu 12.15-21, après que Jésus ait guéri de nombreuses personnes dans une grande foule qui le suivait, la Parole nous dit qu’ainsi « devait s’accomplir cette parole du prophète Esaïe », faisant justement référence à Ésaïe 42.1-4. Toutes les promesses de Dieu résident en Jésus et ont leur accomplissement en lui (Matthieu 5.17 ; 2 Corinthiens 1.20). Jésus incarne la vérité, la justice, la droiture, la fidélité, l’humilité, la douceur et tous les fruits de l’Esprit. Et pour tous ceux qui l’appellent « Seigneur », à travers notre union avec lui, nos vies doivent refléter la même chose, bien qu’imparfaitement. Car seul Jésus a le pouvoir de faire sortir les nations des ténèbres pour connaître sa merveilleuse lumière. Seul Jésus peut libérer les prisonniers du péché et de l’obscurité.

Alors que nous réfléchissons en ce temps de l’Avent à la fidélité de Dieu qui a envoyé son serviteur, souvenons-nous que si la justice a ultimement été rendue à la Croix, c’est aussi une réalité future à laquelle nous aspirons en attendant sa seconde venue.

Méditez sur Ésaïe 42.1-7.


(Option : lire aussi Ésaïe 41.)


Qu’est-ce qui attire votre attention dans cette description du serviteur ? Comment Jésus a-t-il accompli ces promesses et comment le fera-t-il encore ? Dans la prière, confessez les manières dont vous avez placé votre espoir dans les idoles contemporaines. Demandez à Dieu de vous aider à placer véritablement tout votre confiance en lui.

KRISTIE ANYABWILE a dirigé la rédaction de His Testimonies, My Heritage et est l’autrice de Literarily: How Understanding Bible Genres Transforms Bible Study (mars 2022).

Traduit par Teodora Haiducu

Commérage ou dénonciation d’abus ?

Nos langues seraient-elles parfois trop retenues ? Dans la lutte contre certains abus, des chrétiens s’emploient à retrouver une distinction biblique entre commérages malfaisants et saine critique.

Christianity Today December 14, 2021
Illustration by Andrea Ucini

Heather Fulk ne parvient pas à se souvenir si elle avait entendu parler de la politique de non-dénigrement mise en place par Dave Ramsey avant que son mari, Jon, ne soit licencié de la société dirigée par le gourou chrétien de la finance en mai 2020.

Mais ceux qui travaillent pour Ramsey Solutions et les millions de personnes qui suivent les enseignements de son fondateur sur le leadership savent qu’il est peu tolérant pour la négativité dans les rangs. Ramsey définit le commérage comme le fait de « discuter de quelque chose de négatif avec quelqu’un qui ne peut pas aider à résoudre le problème ». Les critiques doivent être adressées directement au responsable ; se plaindre à ses collègues est considéré comme « déloyal ».

Il arrive bien sûr que les employés de Ramsey aient des critiques à formuler, qu’il s’agisse de petites choses comme leur avis sur un invité de la méditation hebdomadaire animée par leur patron, ou de préoccupations plus importantes quant à leur place dans l’entreprise, mais ils doivent veiller à ne pas les partager avec des collègues qui pourraient les dénoncer.

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« Il faut être prudent avec les nouvelles relations avant de savoir si une personne est sûre », déclare un ancien employé qui a quitté l’entreprise il y a quelques mois et a souhaité conserver l’anonymat par crainte de représailles.

Pour certains, les réticences s’étendent bien au-delà de l’entreprise. « Ils ont l’impression que de parler à leur conjoint ou à leurs amis relève déjà du commérage », rapporte un autre employé.

Ils savent qu’il ne faut pas faire comme Heather Fulk. Dans les premiers mois de la pandémie, l’année dernière, elle a partagé sur sa page Facebook ses inquiétudes quant à la réouverture du bureau de « l’entreprise de Jon ». Un collègue a rapporté le message de trois phrases à Ramsey Solutions et le mari de Heather a été licencié dans le mois qui a suivi.

Lors de l’entretien de licenciement, selon un enregistrement, le directeur des ressources humaines de Ramsey a confirmé que le message sur les médias sociaux était la raison de cette décision. « Nous ne sommes manifestement pas d’accord sur la définition du commérage » a fait remarquer son mari.

Après le licenciement de son mari, Heather a reçu une lettre de mise en demeure de la part de l’entreprise. Elle a donc été très évasive dans les informations partagées à ses amis sur Facebook, en leur précisant qu’ils pouvaient lui envoyer un message s’ils voulaient savoir avec plus de précisions pourquoi son mari n’était plus employé chez Ramsey.

Elle était encore en train de gérer sa culpabilité pour ce qui s’était passé quand une femme, responsable dans son Église, a pris contact avec elle. Heather pensait qu’elle venait lui apporter son soutien dans l’épreuve et les deux femmes se sont rencontrées devant chez elle. Au lieu de cela, il s’agissait de critiquer son récent message sur Facebook : « Ça donnait l’impression que tu voulais juste agiter des rumeurs ».

C’est à juste titre que les chrétiens tiennent compte des avertissements scripturaires concernant les médisances, les choses dites en secret et les ragots mensongers. Cependant il arrive aussi que certains responsables se réfèrent à ces enseignements pour faire taire et discréditer les victimes de harcèlement et les lanceurs d’alerte.

L’un des plus anciens équipiers de l’association fondée par Ravi Zacharias avait soulevé en interne ses préoccupations concernant le comportement du fondateur à l’étranger, et a été mis en difficulté pour avoir « répandu des rumeurs ». Les femmes qui ont porté des accusations d’inconduite sexuelle contre le fondateur de la Willow Creek Community Church, Bill Hybels, ont été accusées de mener une campagne visant à faire tomber l’Église par des « allégations mensongères ».

Au cours de la décennie qui a suivi la publication de son livre Resisting Gossip (« Résister au commérage »), le pasteur Matthew Mitchell a également remarqué la répétition de ce type de schéma. Il y a deux ans, Mitchell écrivait sur son blog qu’il craignait que des responsables en place n’utilisent son travail pour étouffer les critiques au sein de leurs Églises.

Alors que les mouvements #MeToo et #ChurchToo ont mis en avant la parole des victimes, Mitchell rapportait qu’il avait eu de nombreuses occasions de constater « à quel point il était difficile de parler et de le faire ouvertement lorsque vous avez été maltraité par une personne en position d’autorité, et d’avoir ensuite la pression supplémentaire d’être accusé de médisance ». Le réflexe de discréditer ceux qui font état de préoccupations au sein d’un groupe peut constituer un signal d’alerte sur une possible culture de l’abus.

La réponse à apporter, Mitchell et d’autres experts sont d’accord là-dessus, n’est pas que l’Église cesse d’enseigner contre les dangers de la médisance. Mais elle doit commencer par établir une bonne compréhension de ce que constitue véritablement celle-ci.

William Vanderbloemen, dont la société conseille les employeurs chrétiens en matière d’embauche et de culture d’entreprise, explique que ses clients sont de plus en plus nombreux à ajouter des clauses d’interdiction des commérages dans leurs manuels du salarié, d’autant plus que les médias sociaux permettent aux gens de diffuser largement des informations potentiellement préjudiciables. Pour faire respecter ces règles, ils doivent naviguer autour de la frontière subjective de ce qui peut être considéré comme « médisance » ou établir des paramètres définissant le terme dès le départ.

Le fait d’appeler cela « sujet de prière » n’empêche pas que cela soit un ragot. Mais c’est ainsi qu’on le dissimule parfois », explique Vanderbloemen, ancien pasteur à Houston.

La médisance et Matthieu 18

La Bible ne nous offre pas une définition unique et utilise plusieurs mots pour désigner ce que nous appellerions commérages ou médisance. Selon Karen Ehman, une conférencière de Proverbs 31 Ministries et autrice de Keep It Shut (« Bouclez-la »), dans l’Ancien Testament, les termes font généralement référence à une personne — un « conteur » ou un « trafiquant d’informations » — plutôt qu’à une action. Les termes du Nouveau Testament pour désigner le commérage, dit-elle, font référence à de vains bavardages (1 Tm 6.20) et aux chuchotements (2 Co 12.20).

« Nous avons hérité de cette idée selon laquelle “parler dans le dos de quelqu’un” relève du commérage. Peut-être en est-il ainsi. Mais peut-être pas », expose Ehman, qui a passé cinq ans à étudier les recommandations de l’Écriture sur l’expression verbale afin de lutter contre sa tendance à se mettre en difficulté par ses paroles. « Si c’est vrai, et que je ne le fais pas de manière calomnieuse ou malveillante, ce n’est pas vraiment de la médisance. C’est juste parler de quelqu’un quand il n’est pas dans la pièce ».

Pour les chrétiens, la médisance n’est pas tant un type de discours qu’une motivation à parler. Parfois, les ragots sont alimentés par notre propre égoïsme ou une volonté de se mettre en valeur : nous voulons attirer l’attention et être considérés comme faisant partie de ceux qui savent. Parfois, il s’agit d’une motivation peu amène envers les autres, d’un désir de les caricaturer ou de révéler un secret qui pourrait nuire à leur réputation.

Qualifier de « médisance » toute information négative ou sensible, c’est passer à côté de l’essentiel.

« Parfois, nous devons dire quelque chose de négatif que nous savons être vrai sur une personne absente, pour mettre notre interlocuteur en garde contre les agissements de cette personne, car il risque d’être blessé de la même manière », explique Mitchell, citant Paul dans 2 Timothée 4.15 à propos du mal commis par Alexandre l’orfèvre. Paul écrit ainsi : « Toi aussi, garde-toi de lui, car il s’est opposé avec acharnement à notre prédication ».

En vue d’une évolution vers plus de transparence, de confiance et de redevabilité, des institutions chrétiennes examinent plus attentivement si elles offrent des possibilités de s’exprimer librement à ceux qui veulent à juste titre prendre la parole pour dire la vérité, dénoncer le péché et protéger d’autres personnes du danger.

D’une certaine manière, le travail à distance pendant le COVID-19 a obligé les employeurs chrétiens à communiquer plus clairement et à instaurer une plus grande confiance, selon Al Lopus, PDG du Best Christian Workplaces Institute.

Les Églises, les œuvres et les entreprises chrétiennes veulent créer une culture de travail positive dans laquelle il est attendu des employés qu’ils manifestent les fruits de l’Esprit, mais cela ne signifie pas qu’il faille taire tout élément négatif.

« Nous encourageons nos partenaires à créer un environnement dans lequel les gens se sentent libres d’exprimer leurs opinions », dit Lopus, ajoutant qu’une communication ouverte rend également les organisations plus innovantes. « Il y a une forme saine de conflit lorsque les gens ne sont pas d’accord sur des questions ou des idées ».

Sur base de Matthieu 18, les chrétiens peuvent couramment être qualifiés de médisants pour avoir parlé des mauvais comportements de quelqu’un sans s’être d’abord adressés directement à la personne en question.

« J’ai beaucoup réfléchi à cette accusation de médisance », rapporte Sandra Glahn, qui a accompagné une Église pour prendre soin d’un groupe de femmes rapportant des faits d’abus et de harcèlement sexuels de la part de diacres. « Lorsqu’une différence de pouvoir entre en ligne de compte, on trouve un mode opératoire plus directement applicable dans la première épître à Timothée, lorsque l’apôtre dit à son jeune collaborateur : “N’accepte pas d’accusation contre un responsable d’Église si elle n’est pas appuyée par deux ou trois témoins. Ceux qui ont péché, tu dois les reprendre devant tous, afin que cela inspire de la crainte aux autres” (1 Tm 5.19-20). »

Affronter les abus commis par des responsables d’Église devrait ainsi impliquer des tierces personnes plutôt que d’obliger la victime à rencontrer son agresseur présumé dans un tête-à-tête déséquilibré.

« Les deux ou trois personnes doivent avoir un échange avant la dénonciation. Cette conversation n’est pas de la médisance », précise Glahn. « Les deux ou trois peuvent aussi avoir besoin de consulter un conseiller spirituel. Cela élargit encore le cercle. Cette conversation n’est pas non plus de la médisance. »

Non seulement ces conversations sont permises, mais elles contribuent aussi à une forme de redevabilité.

« Nous avons vu, en particulier ces dernières années, des personnes puissantes capables de nuire à d’autres personnes — parfois pendant de nombreuses années — et s’en tirer, en partie parce que les victimes étaient isolées et ne se connaissaient pas entre elles, en partie parce que l’organisation protégeait ses dirigeants de critiques justifiées », déclare Stephen Witmer, un pasteur du Massachusetts qui a écrit sur la médisance dans l’Église.

Il est important de savoir qui est introduit dans le cercle. Qu’il s’agisse de préoccupations majeures ou de petites critiques, les chrétiens devraient chercher un interlocuteur qui puisse faire plus qu’entendre leurs doléances.

« Lorsque nous parlons à une tierce personne d’un problème que nous percevons chez quelqu’un, nous devrions considérer cette tierce personne comme un participant impliqué, et non comme un destinataire passif, et, en conséquence, la choisir avec soin », estime Witmer. « Peut-être nous aidera-t-elle à réfléchir à ce que nous allons dire lorsque nous approcherons la personne. Elle pourra peut-être nous accompagner pour parler à la personne. Elle ne devrait pas être un simple récepteur de notre besoin de nous épancher. »

Pour des victimes qui par peur ont gardé le silence sur leurs expériences, qui ont ruminé, se sont inquiétées et se sont blâmées elles-mêmes au point d’être spirituellement au bout du rouleau, ce petit groupe d’auditeurs de confiance peut être une bouée de sauvetage. Il peut également mettre en évidence un système abusif et permettre une prise de conscience à la fois déchirante et réconfortante que, malgré l’isolement qu’elles ont ressenti en silence, les victimes ne sont pas seules.

« Quand ils appellent cela du commérage, quand ils ne permettent pas de discuter et de mettre les choses sur la table, il n’y a aucune chance que quelqu’un comprenne ce qui lui arrive », déclare Melissa Hogan, l’une des plus de douze anciens employés et conjoints d’employés de Ramsey Solutions qui ont répondu à nos questions. « Nous en avons besoin. Nous avons besoin de personnes pour nous entourer ».

En d’autres termes, le patron ou les ressources humaines ne sont pas les seuls à pouvoir vous aider à faire face à vos préoccupations ; il y a aussi la personne à côté de vous qui peut vous écouter et peut-être vous dire « moi aussi ».

L’ex-mari de Hogan, Chris, était l’un des cadres dirigeants de Ramsey Solutions et l’entreprise a supervisé un « processus de restauration » lorsque le couple a eu des difficultés conjugales découlant des aventures amoureuses du mari. En 2019, Dave Ramsey a dit à son personnel que Melissa Hogan était venue le voir et avait violemment « accusé Chris de faire toutes sortes de choses ». L’entreprise a ensuite soutenu Chris au travers de ce que Ramsey a décrit comme un « divorce houleux ». Chris Hogan a quitté l’entreprise en mars dernier en raison « d’actions et de comportements » qui n’étaient pas « en accord avec les valeurs fondamentales de Ramsey Solutions ».

Melissa Hogan dit que c’est entièrement grâce à Dieu qu’elle est entrée en contact, il y a cinq ans, avec un cercle de femmes par le biais du club des épouses rattaché à l’entreprise. Au moment de son divorce, Hogan avait l’impression qu’elle ne pouvait pas s’ouvrir à elles à cause du bâillon imposé par Ramsey. Aujourd’hui, elles constituent son groupe de soutien : elles échangent des messages sur l’application Voxer, étudient ensemble les abus spirituels et sensibilisent les gens dans l’espoir que d’autres puissent échapper à des environnements manipulateurs.

Wade Mullen, auteur de Something's Not Right : Decoding the Hidden Tactics of Abuse–and Freeing Yourself from Its Power (« Quelque chose ne tourne pas rond : décoder les tactiques abusives cachées et se libérer de leur emprise »), décrit comment des organisations abusives et toxiques craignent l’élan collectif qui peut se produire lorsqu’une personne raconte à une autre ce qui lui est arrivé et réalise qu’elle n’est pas la seule.

« L’une des formes de représailles consiste pour les dirigeants à réagir à la mise en lumière de la vérité par la déformation les raisons morales et éthiques qui poussent la personne à parler aux autres, la faisant passer pour une personne amère et revancharde qui ne fait que répandre des rumeurs », explique-t-il. « Dans certains cas, j’ai vu des responsables religieux attribuer les révélations d’abus à des efforts sataniques pour détruire l’œuvre de Dieu. Ils qualifient ces révélations de ragots et affirment ensuite que les ragots, et par extension le porteur de ragots, sont utilisés par le Diable lui-même pour attaquer l’Église ou leur ministère. »

Lopus, de Best Christian Workplaces, affirme qu’un environnement chrétien « est le seul endroit où les gens peuvent apporter tout leur être au travail. » En conséquence, les employés peuvent développer des liens plus profonds avec les personnes avec lesquelles ils travaillent et avoir des attentes plus élevées envers les dirigeants.

Dans un tel cadre, le mauvais management de l’équipe de travail va avoir des ramifications spirituelles, incitant les gens à se blâmer eux-mêmes ou à en vouloir aux dirigeants chrétiens qui ne représenteraient pas à leurs yeux l’attitude de Jésus.

Parler au nom de la vérité, de l’amour et de la justice

Certaines ressources chrétiennes ont pour but d’aider les pasteurs à se protéger, eux et leurs Églises, contre les ragots et les calomnies, qui selon Vanderbloemen deviennent une menace importante à l’ère de la « cancel culture » (« culture de l’annulation ») et des histoires sordides rendues virales sur les médias sociaux. « Maintenant que tout le monde a son propre réseau de diffusion […], cela pourrait creuser encore le sillon, car les ragots sont un vieux phénomène »,

Si l’Écriture pouvait inciter les gens à dénoncer les péchés des responsables devant l’Église, il n’y avait jusque-là aucun moyen de le faire instantanément devant des foules dépassant largement sa propre communauté (et les dirigeants d’alors n’avaient pas non plus la portée mondiale de certains pasteurs, auteurs et responsables de ministères populaires d’aujourd’hui).

« Je sais qu’il y a de tragiques cas d’école où “Cette personne n’a pas pu s’exprimer parce qu’elle pensait qu’elle perdrait son emploi, et le gars a pu agir pendant des années et des années comme une sorte de prédateur sexuel”. Je sais que ces histoires existent, et je ne veux pas les minimiser », déclare-t-il. « Mais je sais aussi que le pouvoir des ragots est également plus grand que jamais. Vous pouvez ruiner la vie d’une personne sans la moindre once de vérité. »

Vanderbloemen expose qu’au cours des cinq dernières années les clauses de non-dénigrement, qui faisaient généralement partie des accords de licenciement, se sont étendues pour s’appliquer également aux membres de la famille, comme un moyen de parer aux médisances, aux commérages et aux insultes sur les médias sociaux.

Selon lui, dans la plupart des cas, des erreurs ont été commises de part et d’autre et ces accords permettent aux Églises de tourner la page sans avoir à régler le conflit en public. D’un point de vue juridique, ces accords visent à protéger les deux parties de toute conséquence de la rupture : un ancien employeur ne pourra pas critiquer l’ancien salarié sur les conditions de son départ si le salarié et sa famille acceptent de faire de même.

Mais l’attention portée à l’utilisation de clauses de non-dénigrement et d’accords de confidentialité par les Églises et les ministères chrétiens soulève des inquiétudes quant à la dissimulation de fautes importantes. Vanderbloemen précise qu’« un bon accord de confidentialité comprendra toujours une clause stipulant que si quelque chose de criminel est survenu, vous avez pleinement le droit de le signaler », ce qui doit permettre de dénoncer la mauvaise gestion des fonds, les mauvais traitements ou le harcèlement sexuel.

Des Églises ont aussi été réduites au silence par des politiques de non-dénigrement ; il a fallu une nouvelle loi au Texas, adoptée à la suite d’abus chez les baptistes du Sud, pour que les Églises puissent divulguer à des employeurs potentiels, sans risquer d’être poursuivies, les raisons du départ d’un salarié ou d’un bénévole.

Karen Ehman déclare : « Donner son opinion honnête lorsqu’on vous demande des références sur quelqu’un au travail » ne relève pas de la médisance, mais plutôt d’une information utile destinée à quelqu’un qui devrait la connaître.

Mais qu’en est-il de la révélation d’informations potentiellement préjudiciables à la vue de tous vos contacts sur les médias sociaux, ou même de tout Internet ?

Certains affirment que les dirigeants qui ont abusé de leur pouvoir sont tenus à une exigence plus élevée et qu’en raison de leur influence ils doivent être interpellés en public, même s’ils se sont repentis. Glahn rappelle l’enseignement de 1 Timothée, qui recommande de dénoncer les responsables d’Église qui ont péché « devant tout le monde », en guise d’avertissement.

Mais nos motivations et nos dispositions intérieures sont des facteurs déterminants pour savoir si nous nous laissons aller à des commérages dans ce domaine. Mitchell met en garde chacun — victimes comme spectateurs — contre le fait de considérer comme une source d’amusement les feuilletons auxquels donnent lieu de telles polémiques face à un responsable.

« Les personnes vulnérables doivent continuer à faire attention à la façon dont elles parlent des puissants ; il n’y a pas là d’excuse pour agir avec bassesse », souligne-t-il. « Même les personnes abusées doivent parler en quête de vérité, d’amour et de justice, et non dans un désir de vengeance, par besoin de râler, ou même de se défouler. »

Pour avoir beaucoup étudié le fonctionnement des ragots, Mitchell entend effectivement des pasteurs dont les Églises ont été divisées par des commérages. Mais la raison pour laquelle vous avez besoin de débarrasser votre Église des ragots est d’en faire un endroit sain pour les fidèles, dit-il, et non pas pour que le pasteur n’ait pas à faire face aux critiques.

« C’est le revers du leadership chrétien. Celui qui est placé plus haut est appelé à s’abaisser davantage, et cela peut signifier prendre plus de coups que vous ne le souhaiteriez sans vous défendre, mais c’est la joie de ce leadership chrétien », dit Mitchell, qui a été pasteur de l’Église évangélique libre de Lanse en Pennsylvanie au cours des 23 dernières années.

Les pasteurs sont inévitablement confrontés à des réactions négatives et à des murmures sur les bancs d’église — une année d’exigences en matière de masques et de restrictions litigieuses sur les rassemblements l’a démontré — mais ils doivent décider quand laisser passer une remarque et quand y donner suite.

« Au cours de mes années de pastorat, j’ai entendu des critiques à mon sujet qui relevaient du commérage. J’ai généralement suivi le conseil de Charles Spurgeon selon lequel les pasteurs devraient avoir un œil aveugle et une oreille sourde, et devraient tourner cet œil aveugle et cette oreille sourde vers les personnes s’adonnant au commérage », raconte Witmer, pasteur principal de la Pepperell Christian Fellowship. « J’ai ignoré les reproches rapportés de manière anonyme ou j’ai demandé au rapporteur d’orienter les personnes à l’origine des critiques vers une conversation directe avec moi. »

Pour Heather Fulk, dans le Tennessee, la suggestion d’une ex-responsable d’Église et amie qu’elle voulait attiser les ragots sur Ramsey est encore douloureuse.

« Je réalise tout juste à quel point cela nous a fait du tort », déclarait-elle à l’approche de l’anniversaire du licenciement de son mari. Elle en est venue à se considérer comme une victime de traumatisme, encore sous le choc du licenciement brutal de son mari et dans la crainte de nouvelles représailles lorsqu’elle s’exprime sur le sujet.

Les Fulk fréquentent maintenant une nouvelle Église, après en avoir intégré un groupe de maison pour suivre ensemble le culte en ligne pendant la pandémie. Elle a pu avoir des échanges réguliers avec les pasteurs et l’équipe dirigeante sur la nécessité d’être attentifs à une bonne prise en charge des victimes d’abus.

« Nous sommes tellement habitués à utiliser un langage spirituel pour couvrir des comportements abusifs », exprime-t-elle. « C’est joli parce qu’on y a mis un verset biblique, mais maintenant je me dis : “Non, je ne pense pas que cela signifie vraiment ça”. »

Traduit par Denis Schultz

Révisé par Léo Lehmann

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Nous ramener à la maison

Méditation de l’Avent pour le 14 décembre

Christianity Today December 14, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 12.2-6 ; 52.7-10 et Sophonie 3.14-20

Quand vous entendez l’expression « à la maison », qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ? Pour certains, cette expression ravive des traumatismes. D’autres se sentent partagés quant à leur expérience et leurs souvenirs de la « maison ». Certains ont hâte de s’éloigner de ce lieu. D’autres ne se sont jamais sentis chez eux. Et, bien sûr, beaucoup aiment profondément leur foyer, ont hâte de rentrer chez eux. Les casaniers sont nombreux.

Avoir envie d’un chez-soi, d’un endroit auquel nous appartenons, fait partie de la condition humaine. Un endroit où l’on peut être soi-même, où l’on est connu et aimé, et où l’on se sent bien chez soi. La maison doit être un lieu de paix, où nous sommes à l’aise au lieu d’être sur nos gardes. La maison est un lieu de sécurité. En fin de compte, dans un certain sens, nous aspirons tous à être des casaniers : vivre sans connaître le fait d’être étranger.

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Dans Sophonie 3.20, le Seigneur dit : « En ce temps-là, je vous rassemblerai ; à ce moment-là, je vous ramènerai à la maison ». Dieu promet de ramener un jour à la maison son peuple dispersé à travers le monde. Cette maison est une maison de festins et de chants, à cause de tout ce que représente le salut accompli par Dieu (Ésaïe 52.9, 10). C’est une maison pleine de célébrations spontanées et ouvertes à tous. C’est une fête pour tous les âges parce que ce qui est trop beau pour être vrai est vrai (Sophonie 3.14-15). Elle est pleine de joie et de louanges. C’est un lieu de refuge, où Dieu est notre « force et notre défense » (Ésaïe 12.2). Cette maison, est un lieu sans discrimination, où les humbles, les opprimés et les exilés peuvent retrouver la place à laquelle ils se sentent le plus eux-mêmes (Sophonie 3.19-20).

Dans chacun de ces passages, Dieu parlait à un peuple particulier à un moment et à un endroit particuliers. Mais ces prophéties s’étendent également au-delà de leur contexte immédiat, car ce retour « à la maison » fait partie intégrante du salut lui-même.

Jésus fait écho à ces aspirations à un véritable foyer lorsqu’il proclame : « Si quelqu’un m’aime, il obéira à ma parole. Mon Père aussi l’aimera : nous viendrons à lui et nous établirons notre demeure chez lui » (Jean 14.23). Et plus tôt, en Jean 14.3, Jésus annonce qu’il nous prépare un lieu, une maison, juste pour nous.

Nous sommes une maison pour Dieu, une maison en Dieu, et Dieu prépare une maison pour nous. Mais cela ne concerne pas seulement un jour futur ; dès ici et maintenant, nous pouvons trouver quelque chose d’un chez-nous et être pour d’autres la maison de Dieu. Nous pouvons « annoncer de bonnes nouvelles » et inviter d’autres à se joindre à nous (Ésaïe 52.7). Qui ne voudrait pas habiter une telle maison ?

Méditez sur Ésaïe 12.2-6 ; 52.7-10 et Sophonie 3.14-20.


Comment ces prophéties élargissent-elles votre vision du salut, de ce qu’il signifie, et de ce que Jésus est venu offrir ? Comment désireriez-vous apporter cette bonne nouvelle de la possibilité d’un retour « à la maison » à d’autres ? Dans la prière, exprimez votre reconnaissance et votre adoration envers Dieu.

MARLENA GRAVES est doctorante et professeur auxiliaire en séminaire. Elle est l’autrice de plusieurs livres, dont The Way Up Is Down: Becoming Yourself by Forgetting Yourself.

Traduit par Teodora Haiducu

À quoi ressemble l’espoir

Méditation de l’Avent pour le 13 décembre

Christianity Today December 13, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 11.1-5 et Jérémie 33.14-16

J’ai trois filles, et je les considère souvent avec émerveillement. Je ne peux tout simplement pas comprendre comment des univers entiers — la vie, l’identité et l’avenir de mes filles — sont générés à partir de la fécondation d’un ovule microscopique. Comment le miracle et le mystère de la vie humaine sont-ils possibles ? Seul Dieu le sait.

De l’époque du prophète Ésaïe à celle de Jérémie, des générations d’Israélites dans les royaumes du nord et du sud ont subi la destruction de leur terre, de leurs vies, de leurs familles et de leurs moyens de subsistance, le jugement de Dieu pour leurs péchés. Tout espoir d’une issue heureuse était perdu. Trop de générations avaient vécu la mort de mille manières différentes pour croire que la situation de leur descendants déboucherait sur autre chose. Et pourtant, ils soupiraient toujours après un sauveur pour les secourir, un messie pour les arracher aux griffes de leurs ennemis.

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Alors que l’espoir s’évanouissait, qu’ils vivaient comme des étrangers opprimés dans des empires destructeurs, le prophète Ésaïe puis le prophète Jérémie ont tous deux parlé d’espoir. À travers eux, Dieu a communiqué cette promesse d’espérance, décrite comme une petite pousse surgissant « du tronc d’Isaï », comme un « germe juste » jaillissant de « la dynastie de David » (Ésaïe 11.1 ; Jérémie 33.15).

Bien des générations ont passé avant que l’espérance promise par Dieu ne voie le jour. Et pourtant, il a accompli sa promesse, par l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Alors que des générations du peuple de Dieu se demandaient si Dieu se montrerait un jour, Jésus est venu, juste au bon moment. Jésus, qui est « notre juste Sauveur » (Jérémie 33.16), celui sur qui repose l’Esprit, plein de justice et de droiture.

Dans son humanité, Jésus est né de la semence divine confiée à Joseph et à Marie. Jésus : une petite pousse jaillissant du tronc d’Isaï qui contient tous les mondes présents et à venir, car « rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui » et « tout subsiste en lui » (Jean 1.3 ; Colossiens 1.17). Encore une fois, je contemple dans l’émerveillement, l’admiration,.

Tout comme je ne peux sonder la nature de l’existence miraculeuse de mes filles, je ne peux pas comprendre les mystères du salut de Dieu ou le qui, le quoi, le où ou le pourquoi du temps de Dieu. Mais je sais que Dieu tient ses promesses, dans l’histoire, envers son peuple et envers les individus. Dieu se manifeste toujours. Toujours. Il intervient au moment où nous nous y attendons le moins et d’une manière inattendue, lorsque tout espoir semble perdu. Imaginez : notre Dieu se présente comme une petite pousse verte dans une forêt entièrement ravagée. Prêtez-y attention.

Contemplez Ésaïe 11.1-5 et Jérémie 33.14-16.


Quel espoir ces passages offrent-ils ? Qu’est-ce que les destinataires originaux de ces prophéties ont pu penser ou se demander ? Priez en pensant au rameau de l’espérance et du salut que Dieu a promis à son peuple.

MARLENA GRAVES est doctorante et professeur auxiliaire en séminaire. Elle est l’autrice de plusieurs livres, dont The Way Up Is Down: Becoming Yourself by Forgetting Yourself.

Traduit par Teodora Haiducu

Le Dieu qui souffre

Méditation de l’Avent pour le 12 décembre.

Christianity Today December 12, 2021

Sacrifice et salut


Introduction à la troisième semaine de l’Avent


Par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament, Dieu décrit l’espérance du salut dans un langage et au moyen d’images poétiques. Cette semaine, nous méditons les prophéties annonçant le Messie : le serviteur, la lumière, celui que Dieu avait promis à son peuple languissant.

Lecture dans Ésaïe 52.13-53.12

Il peut être facile de faire du sentimentalisme autour de l’Incarnation. Nous imaginons l’homme-Dieu comme un bébé avec sa mère ; nous anticipons son ministère en tant que « Merveilleux Conseiller » et « Prince de la Paix » (Ésaïe 9.6). Ce sont véritablement des aspects de l’identité et de l’humanité de Jésus, et ce sont certainement des thèmes scripturaires importants pour cette période de l’année. Mais les paroles prophétiques d’Ésaïe dans ce dernier de ses chants du Serviteur, qui décrivent un futur serviteur du Seigneur qui sera trouvé fidèle pour diriger les nations, précisent notre compréhension de la vie incarnée du Christ : Jésus est né pour souffrir et mourir.

Le chemin de Jésus vers la gloire n’avait rien d’aisé. Au lieu d’être accepté par le monde, il a été méprisé et rejeté (53.3). Au lieu d’être exalté comme roi, il a été torturé et assassiné (53.5, 9). Ce n’est pas une simple tragédie humaine : cela fait mystérieusement partie du plan divin (53.10). La souffrance volontaire du Christ révèle sa disposition à devenir non seulement notre souverain sacrificateur, mais aussi l’agneau du sacrifice.

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Cette réalité est plus qu’un concept théologique. Jésus a souffert en tant qu’être humain dans un corps physique, prenant part aux aspects les plus douloureux et les plus sombres de l’expérience humaine. Il sait ce que c’est que d’être brutalisé et humilié (52.14), opprimé et abandonné (53:8). Dans l’Incarnation, Jésus s’identifie à nous même dans nos pires formes de souffrance. La période de Noël est parfois douloureuse ou solitaire pour certains. Mais pour tous, cet aspect de la vie de Jésus peut être singulièrement réconfortant. Aucune tragédie humaine ne dépasse sa compréhension ou sa solidarité.

Mais Ésaïe précise également que l’histoire de Jésus ne se termine pas par la souffrance et la mort. Son affliction est le moyen par lequel il obtient sa victoire : « Après avoir souffert, il verra la lumière de la vie et sera satisfait » (53.11). Il y a là plus qu’une justification personnelle. En tant que serviteur juste de Dieu, Jésus établit la justice et la rédemption pour toutes les nations de la terre. En d’autres termes, Jésus prend part à notre souffrance pour que nous puissions prendre part à sa résurrection. Ses blessures rachètent les nôtres et deviennent la source même de notre guérison (53.5).

Alors que nous contemplons l’Incarnation dans toute sa beauté, nous pouvons aussi être reconnaissants pour ce qu’elle a de rugueux. Jésus est descendu du ciel, mais il est ensuite allé plus loin encore : au plus profond de la honte et de la souffrance humaines. Il a fait cela pour notre bien. Et lorsque nous le rencontrons dans nos propres souffrances, nos péchés et notre honte, nous pouvons être sûrs qu’il ne nous laissera pas là, car par ses blessures nous sommes guéris.

Méditez sur Ésaïe 52.13-53.12.


Qu’est-ce qui attire le plus votre attention dans ce passage ? Comment cette prophétie pleine de poésie approfondit-elle votre interaction avec l’Évangile ? Priez en réfléchissant à la façon dont ces sombres descriptions de ce que le serviteur souffrirait sont cruciales dans la manière dont nous célébrons l’Avent.

Quelques suggestions pour méditer en famille cette semaine

Utilisez un télescope ou des jumelles pour observer des objets lointains. Discutez de la façon dont Dieu a permis aux prophètes de l’Ancien Testament de voir ce qu’il allait faire dans le futur. Parlez de certaines des vérités que les prophètes ont annoncées au sujet de Jésus.

Éteignez les lumières de votre maison pour jouer au loup ou à cache-cache avec des lampes de poche. Amusez-vous ensemble, puis discutez d’Ésaïe 9.2 et de Jean 1.4-5, 9 et de l’identité du Christ en tant que lumière promise dans Ésaïe 9.

Quelques suggestions pour un groupe de partage ou d’étude biblique

Écoutez ensemble des extraits du « Messie » de Haendel tout en méditant les prophéties de l’Ancien Testament annonçant la venue de Jésus.

Si votre groupe se réunit le soir, sortez pour regarder les étoiles dans le ciel nocturne. Lisez Ésaïe 9.2 et Jean 1.5, puis prenez le temps de prier tout particulièrement pour ceux qui ne connaissent pas Jésus. Demandez à Dieu d’aider votre groupe à partager l’Évangile de la lumière avec ceux qui sont encore dans les ténèbres.

HANNAH KING est prêtresse et écrivaine dans l'Église anglicane d'Amérique du Nord. Elle est pasteure associée à la Village Church de Greenville, en Caroline du Sud.

Traduit par Teodora Haiducu et Valérie Dörrzapf

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