Des politiciens ou du peuple, qui entrave le plus la religion ? Une analyse de données mondiales.

Parmi 198 nations et territoires examinés par le Pew Research Center, 9 sur 10 discriminent les communautés de croyants. La Chine et le Nigeria obtiennent les pires résultats.

De jeunes chrétiens irakiens participent à un office du dimanche.

De jeunes chrétiens irakiens participent à un office du dimanche.

Christianity Today March 22, 2024
Spencer Platt/Getty/Adaptations par CT

Les restrictions gouvernementales en matière de religion atteignent un niveau record à l’échelle mondiale.

L’hostilité sociale à l’égard de la religion, elle, a toutefois diminué.

C’est ce que conclut le Pew Research Center dans sa 14e analyse annuelle de la mesure dans laquelle 198 nations et territoires — et leurs citoyens — entravent les croyances et pratiques religieuses.

Une forme ou une autre de discrimination des groupes religieux a été enregistrée dans tous les cas sauf huit.

Le rapport 2024, publié au début du mois, s’appuie principalement sur plus d’une douzaine de sources en provenance des Nations unies, des États-Unis, de l’Europe et de la société civile, et reflète la situation en 2021, dernière année pour laquelle des données complètes sont disponibles.

La médiane mondiale sur l’échelle de 10 points de Pew pour les restrictions gouvernementales a atteint 3,0 pour la première fois, poursuivant une progression constante depuis un score de départ de 1,8 en 2007. Dans l’ensemble, 55 pays (28 %) ont enregistré un niveau « très élevé » ou « élevé », soit seulement deux de moins que les 57 de l’année dernière.

Le Nicaragua est mis en avant pour sa persécution à l’égard du clergé catholique.

Des différences régionales sont bien visibles : le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) ont obtenu un score de 5,9, en hausse par rapport à un score de référence de 4,7 en 2007. L’Asie-Pacifique a obtenu un score de 4,2, contre 3,2 au départ. L’Europe a obtenu un score de 3,1, contre 1,7 au départ. L’Afrique subsaharienne a obtenu un score de 2,6, contre 1,7 au départ. Les Amériques ont obtenu un score de 2,1, contre 1,0 au départ.

Les 20 critères de Pew concernant les restrictions gouvernementales comprennent notamment les efforts visant à « interdire des croyances particulières, interdire la conversion, limiter la prédication ou accorder un traitement préférentiel à un ou plusieurs groupes religieux ».

Certains éléments pris en compte se rapportent au COVID-19, comme les amendes imposées par le Canada aux églises restées ouvertes.

Treize autres mesures relatives à des actes d’hostilité religieuse commis par des individus ou des groupes comprennent « les conflits armés ou le terrorisme liés à la religion, la violence collective ou sectaire, la discrimination vestimentaire pour des raisons religieuses et d’autres formes d’intimidation ou d’abus liés à la religion ».

L’hostilité sociale à l’égard de la religion a poursuivi sa tendance à la baisse depuis le pic de 2,0 atteint en 2018, passant à 1,6, le score le plus bas depuis le 1,2 de 2009. Mais 43 pays (22 %) ont encore enregistré un niveau « très élevé » ou « élevé » en la matière, bien qu’ils soient nettement moins nombreux que les 65 pays concernés en 2012.

Le Nigeria est spécifiquement mentionné pour les affrontements entre éleveurs musulmans et agriculteurs chrétiens.

L’ordre des différentes régions en matière d’hostilité sociale correspond à celui des restrictions gouvernementales. La région MENA a obtenu un score de 3,6, revenant à un niveau proche de son score de référence de 3,7 après les années fastes de 2012-2014. L’Asie-Pacifique a obtenu un score de 1,9, contre 1,7 au départ. L’Europe a obtenu un score de 1,9, contre 1,2 au départ. L’Afrique subsaharienne a obtenu un score de 1,3, contre 0,4 au départ. Les Amériques ont obtenu un score de 0,8, contre 0,3 au départ.

Seules quatre nations obtiennent un statut « très élevé » dans les deux catégories : Afghanistan, Égypte, Pakistan et Syrie.

L’Algérie, l’Azerbaïdjan, la Chine (avec le score le plus élevé de 9,1), l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, la Malaisie, les Maldives, le Myanmar, la Russie, l’Arabie saoudite, Singapour, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan se maintiennent à leurs côtés parmi les gouvernements les plus restrictifs. Le Pakistan a rejoint la liste cette année avec le Turkménistan, tandis que le Brunei et l’Érythrée en sont sortis.

Moins de nations obtiennent le statut « très élevé » en matière d’hostilité sociale, mais s’y maintiennent notamment l’Inde, Israël et le Nigéria (avec le score le plus élevé de 8,9). Aucune nouvelle nation n’a rejoint cette liste cette année, tandis que l’Irak, la Libye, le Mali et la Somalie en sont sortis.

L’évaluation est faite sur la base d’un barème. Les 5 premières nations dans chaque indice ont été classées dans la catégorie « très élevé », tandis que les 15 suivantes ont été classées dans la catégorie « élevé ». Les 20 suivants ont été classés dans la catégorie « modéré », tandis que les 60 restants ont été classés dans la catégorie « faible ». Bien que Pew reconnaisse clairement la Corée du Nord comme nation problématique en la matière, celle-ci n’a pas été incluse dans le rapport en raison de l’impossibilité pour des observateurs indépendants d’y accéder régulièrement.

Le score de la plupart des pays figurant dans les deux listes n’a que peu ou pas évolué. Seules 16 nations ont enregistré une augmentation modérée de 1,0 à 1,9 ou plus de leur score combiné, tandis que seules neuf nations ont connu une diminution similaire. Un seul pays, le Soudan, a enregistré une baisse de 2,0 ou plus pour les restrictions imposées par le gouvernement, car une nouvelle constitution, en suspens en raison de la guerre civile, a décriminalisé l’apostasie.

En ce qui concerne l’hostilité sociale, seules la Turquie et la Bolivie ont connu une baisse similaire, cette dernière en raison de l’absence de rapports — comme il y en avait eu les années précédentes — sur l’expulsion de missionnaires protestants des régions habitées par les autochtones. À l’inverse, l’Ouganda et le Monténégro ont vu leur score augmenter de 2,0, ce dernier en raison d’actes de vandalisme à l’encontre de mosquées et du harcèlement prosélyte de certains chrétiens.

Selon Pew, les discriminations gouvernementales sont les plus fréquentes. Plus de 9 nations sur 10 (183 au total) ont enregistré au moins un incident. La discrimination sociale a été enregistrée dans plus de 8 pays sur 10 (160 au total), et 157 pays connaissent les deux formes de discrimination.

Pew recense également le type de contrainte ou de violence infligée. Les dommages matériels sont les plus fréquents dans 105 pays, l’Europe enregistrant le taux le plus élevé avec 71 % de pays concernés. La région MENA arrive en tête pour tous les autres types d’incidents, avec des agressions physiques enregistrées dans 91 pays, des détentions dans 77 pays, des déplacements dans 38 pays et des meurtres dans 45.

L’Éthiopie se distingue par la mort de 78 prêtres au cours de sa guerre civile.

Les chrétiens et les musulmans restent les groupes religieux les plus persécutés. Le nombre de nations discriminant les chrétiens est passé de 155 à 160, contre 107 au départ. Le nombre de nations discriminant les musulmans a diminué, passant de 145 à 141, mais reste en hausse par rapport au chiffre de référence de 96. La discrimination à l’égard des Juifs a également diminué, passant de 94 à 91, mais n’était enregistrée que dans 51 pays en 2007.

Dans la catégorie « autres » des bahá'ís, des sikhs et des zoroastriens sont discriminés dans 64 pays, suivis par les religions populaires dans 40 pays. Les discriminations à l’encontre des bouddhistes (dans 28 pays), des hindous (dans 24 pays) et d’une catégorie « non affiliés » composée d’athées, d’agnostiques et d’humanistes (dans 27 pays) étaient moins répandues.

Une nouvelle rubrique du rapport de Pew permet de suivre les pays qui accordent des avantages aux groupes religieux. Sur un total de 161 pays qualifiés, 127 soutiennent l’enseignement religieux, 107 offrent des fonds pour la construction ou l’entretien d’édifices religieux et 67 rémunèrent le clergé dans une certaine mesure. Dans cette dernière catégorie, plus de la moitié (36 nations) accordaient un traitement préférentiel à certaines religions. Et sur l’ensemble, 149 de ces gouvernements ont néanmoins discriminé des croyants ou se sont immiscés dans leur culte.

L’Arabie saoudite, note Pew, verse des allocations aux imams tout en bridant leurs sermons.

Outre le décompte par nations, Pew a également assemblé des données pour mesurer l’impact des restrictions et de l’hostilité sur une large part de l’humanité. Parmi les 25 plus grandes nations — représentant 5,8 des 7,8 milliards de la population mondiale en 2021 — l’Égypte, le Pakistan, l’Inde, l’Indonésie et le Nigeria ont enregistré les niveaux globaux les plus élevés. Le Japon, les États-Unis, l’Afrique du Sud, l’Italie et le Brésil offrent une situation plus favorable aux croyants.

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History

Petra: la Jordanie autorise les premières prières chrétiennes depuis 1 400 ans.

Une initiative de promotion du tourisme religieux dans l’antique cité rappelle Moab, Byzance, le christianisme tribal arabe et les spéculations sur le premier voyage missionnaire de Paul.

L’archevêque Christophore dans l’église byzantine de Pétra.

L’archevêque Christophore dans l’église byzantine de Pétra.

Christianity Today March 22, 2024
fournie par le Conseil des commissaires de l’Autorité régionale de Pétra

Imaginez-vous dans la peau d’Indiana Jones, traversant l’étroite gorge du Siq, longue de près d’un kilomètre, de hautes falaises s’élevant de part et d’autre. Soudain, derrière un tournant, apparaît l’ancienne cité de Pétra et son majestueux Trésor, tombeau du premier siècle taillé dans le roc pour un ancien roi nabatéen. Vous passez devant la structure de 40 mètres de haut et ses statues de dieux romains et égyptiens, avant de vous diriger vers le monastère, tout aussi impressionnant, par une raide montée de 800 marches.

Mais avant d’atteindre le plus grand monument de Pétra, vous quittez le sentier pour entrer dans des vestiges d’un autre genre, où flotte une odeur d’encens et où des mosaïques tapissent le sol autour de petites colonnes réaménagées. Contrairement au héros incarné par Harrison Ford, vous ne rencontrez pas un chevalier du 11e siècle préservé par le Saint Graal. En face de vous, le métropolite grec orthodoxe de Jordanie vous tend une coupe de communion.

En janvier, il a conduit les premières prières chrétiennes officielles à Pétra depuis 1 400 ans.

D’autres générations de cinéphiles se référeront peut-être plutôt à Le retour de la momie, Transformers: La Revanche, ou même Mortal Kombat : Destruction finale. Les productions hollywoodiennes sur place ont généré bien des revenus pour la Jordanie, mais ceux-ci ne sont pas grand-chose à côté des 5,3 milliards de dollars que le pays a engrangé en 2022 grâce à son industrie du tourisme. Cette année-là, Pétra a reçu 900 000 visiteurs, soit près d’un quart du total national.

Mais aujourd’hui, le royaume hachémite y ajoute une composante religieuse.

« C’est une grande bénédiction de se trouver dans ce lieu saint de Pétra », a déclaré l’archevêque Christophore, avant de procéder à la distribution du pain et du vin. « Nous ne pensons pas d’abord à la pierre qui nous entoure, mais aux saints et à l’identité spirituelle de cet héritage, cette histoire et cette civilisation, ainsi qu’à notre grande et bienheureuse patrie. »

En 2021, la Jordanie a lancé une stratégie nationale de promotion du tourisme sur cinq ans mettant l’accent sur les sites religieux, notamment les lieux de pèlerinage approuvés par le Vatican, à savoir le lieu du baptême de Jésus à Béthanie au-delà du Jourdain, le mont Nébo, d’où Moïse a vu la Terre promise, et Mukawir, qui abrite un palais hérodien associé au site biblique de Machéronte où Jean-Baptiste a peut-être été décapité. Environ 85 % des touristes viennent pour des raisons culturelles et patrimoniales, et un quart des visiteurs du site de baptême de Jésus viennent des États-Unis.

La Jordanie souhaiterait prolonger le séjour de ces touristes déjà susceptibles de visiter Pétra.

« Malheureusement, Pétra est surtout connue pour son Trésor et son Siq », explique Fares al-Braizat, chef du conseil des commissaires de l’autorité régionale de Pétra. « Elle peut offrir bien d’autres choses, et les églises sont une découverte supplémentaire. »

Dix ont été découvertes à ce jour, et des fouilles sont encore en cours. Mais la cathédrale byzantine du cinquième siècle n’a été découverte qu’en 1990 et entièrement mise au jour que huit ans plus tard. La restauration a suffisamment progressé non seulement pour inciter al-Braizat à ajouter Pétra à la liste des sites historiques chrétiens de Jordanie, mais aussi pour faire revivre le patrimoine religieux de l’ancienne cité. Cela ne fait qu’ajouter à la réputation de la nation en tant que musée à ciel ouvert, dit-il.

La communauté évangélique de Jordanie s’en réjouit.

« Comment peut-on avoir un site ecclésial historique et ne pas le bénir par la prière ? », dit David Rihani, président des Assemblées de Dieu de Jordanie. « Pétra montre que le gouvernement se préoccupe de l’histoire du christianisme dans ce pays. »

L’histoire biblique est encore plus longue. Pétra pourrait avoir été habitée dès 7000 ans av. J.-C. et est devenue la capitale du royaume nabatéen vers le quatrième siècle avant notre ère. L’historien juif Josèphe et les traducteurs de la Septante ont rattaché cette tribu arabe au fils premier-né d’Ismaël, Nebajoth, et certains identifient Pétra au Kadès biblique où Moïse a frappé le rocher qui a fait jaillir de l’eau dans Nombres 20.

Les Édomites de l’âge du fer refusèrent alors aux Hébreux le passage sur la route du roi — située en Jordanie — et Aaron mourut ensuite et fut enterré au mont Hor. La tradition locale, Josèphe et l’historien chrétien Eusèbe le situent à Pétra, où un sanctuaire au sommet de la montagne recouvrirait son tombeau.

Hérode le Grand, soutenu par Cléopâtre, pille Nabatée en 32 av. J.-C., mais son fils Hérode Antipas épouse la fille du roi nabatéen Arétas IV, dont il divorce en l’an 27 en faveur d’Hérodiade, la femme de son frère, ce qui provoque la controverse avec Jean-Baptiste.

L’histoire des débuts du christianisme à Pétra est assez contestée. Après sa conversion, Paul déclare dans Galates 1 qu’il s’est immédiatement rendu en « Arabie », que des spécialistes identifient au royaume nabatéen, qui comprenait la Syrie. Nombreux sont ceux qui pensent que ce séjour de trois ans était une période de contemplation. Mais, notant que l’expérience de Paul sur le chemin de Damas s’est accompagnée de son appel à l’apostolat, Martin Hengel soutenait qu’il s’agissait en fait du premier voyage missionnaire de Paul.

Fares al-Braizat et Giovanni Pietro Dal Toso, ambassadeur du Vatican en Jordanie, devant le Trésor de Pétra.fournie par le Conseil des commissaires de l’Autorité régionale de Pétra/Adaptations par CT 
Fares al-Braizat et Giovanni Pietro Dal Toso, ambassadeur du Vatican en Jordanie, devant le Trésor de Pétra.

Les targums juifs racontent que la femme d’Abraham, Agar, s’est installée dans la région. Paul parle d’elle en Galates 4. On sait qu’une communauté juive a existé à Hégra, la deuxième ville la plus importante du royaume nabatéen, située non loin de Pétra. Ésaïe 60 mentionne les « béliers de Nebajoth » offerts sur l’autel de Jérusalem, et Hengel imaginait que Paul aurait pu être motivé par cette vision du royaume messianique.

Cette explication fournit un contexte au récit de 2 Corinthiens 11 concernant la fuite de Paul hors de Damas, descendu dans un panier depuis le mur de la ville. Actes 9 attribue les troubles aux responsables juifs, mais Paul nomme spécifiquement le gouverneur du roi Arétas, seule mention d’un souverain contemporain dans ses épîtres. Il n’est pas difficile d’imaginer que la prédication de l’apôtre ait dérangé ses frères hellénistes et que le responsable local soit intervenu pour calmer la situation.

Mais il n’y a aucune preuve archéologique que Paul ait visité Pétra, ou que l’apôtre ait participé à la conversion du peuple nabatéen, souligne Pearce Paul Creasman, directeur exécutif de l’American Center of Research (ACOR), décrit comme un « génie » par le National Geographic. Basé à Amman, l’ACOR a été fondé en 1968 et a fouillé l’église byzantine de Pétra en 1992. Au cours des années suivantes, trois autres sites ecclésiaux ont été mis au jour, descendant chronologiquement le long de la montagne.

L’église de la crête, datant de la fin du 4e siècle, est considérée comme la plus ancienne, tandis que la chapelle bleue, nommée d’après la couleur du granit égyptien de ses colonnes, a probablement précédé de peu celle que l’on a initialement nommée l’église de Pétra, à laquelle une quatrième structure, un baptistère, a été rattachée plus tard. Toutes sont aujourd’hui facilement accessibles aux touristes.

Un père de l’Église, Athanase, mentionne un évêque, Astérios de Pétra, qui dénonça l’arianisme comme hérésie et fut envoyé en exil avant d’être rétabli dans ses fonctions par l’empereur Julien en l’an 362. L’archevêque Christophore a affirmé qu’il y avait sept diocèses à Pétra, sous la juridiction de l’église de Jérusalem. Un ensemble d’environ 140 papyrus découverts dans l’église byzantine en 1993 témoigne de l’existence d’une communauté florissante dès le 6e siècle. Les textes grecs présentent un type de protoarabe et décrivent comment des édits de l’empereur Justinien ont été appliqués localement dans l’année qui a suivi leur publication.

Selon Pearce Paul Creasman, les recherches actuelles ne permettent pas de déterminer comment le christianisme est arrivé dans la ville. Les tombes témoignent de la déification des rois nabatéens, tandis que les temples soutenaient le culte du dieu local Dusarès et de ses trois compagnes al-Uzza, Allat et Manat. Pétra perdit son indépendance au profit des Romains en l’an 106, et un tremblement de terre en 363 scella le déclin de son âge d’or en tant que plaque tournante régionale des caravanes, supplantée par Palmyre, en Syrie, et par les nouvelles routes maritimes.

Pourtant, l’histoire regorge d’exemples où les nouvelles idées religieuses ont pris racine dans les villes commerçantes, et Pétra était alors un centre verdoyant dans un désert régional qui a attiré une population allant jusqu’à plus de 20 000 personnes. Cependant, tous les sites chrétiens découverts actuellement datent d’après le tremblement de terre, la recomposition du paysage ayant probablement offert l’occasion de donner à la ville une identité plus chrétienne.

Certains spécialistes pensent que Pétra est restée majoritairement païenne et que, si certains temples ont été réaffectés — ou du moins marqués d’une croix —, d’autres ont conservé leur fonction d’origine. Le célèbre monastère, dédié à l’origine au roi Obodas premier, a été transformé en église à une date inconnue, tandis que le Trésor présente également des sculptures chrétiennes plus tardives.

« Les idées et les croyances changent », dit Creasman, « même si les populations restent les mêmes. »

Pétra disparaît ensuite de l’histoire, et l’on sait peu de choses sur l’islamisation de la région. On y trouve un château croisé du 12e siècle, ainsi que des preuves de la curiosité musulmane lors de la visite du sultan mamelouk égyptien un siècle plus tard. Pétra n’a été redécouverte par les explorateurs occidentaux qu’en 1812 et a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985. En 2007, elle a été élue comme l’une des sept nouvelles merveilles du monde.

Mais c’est le statut de Pétra en tant qu’« icône du monde arabe » qui lui confère une signification particulière pour les chrétiens jordaniens, dit Chris Dawson, professeur adjoint britannique de théologie historique au Jordan Evangelical Theological Seminary (JETS). Auteur de Travel Through Jordan, qu’il qualifie de petit guide pour les étudiants de la Bible, il a conduit des groupes de touristes sur des sites chrétiens pendant des dizaines d’années et décrit 60 lieux qui éclairent les Écritures.

« Il existe une idée selon laquelle pour être authentiquement arabe, il faut être musulman », explique-t-il Dawson. « Le fait de présenter Pétra comme une ville authentiquement arabe et chrétienne, aussi pluraliste qu’elle ait été, est une occasion de montrer le contraire. »

Mais il y a aussi d’autres endroits. Pella, par exemple, est une ville de la Décapole dans laquelle les chrétiens se sont réfugiés après la destruction de Jérusalem en l’an 70. Madaba, outre sa célèbre carte en mosaïque de la Terre sainte, possède une église voisine présentant clairement une identité arabe. Et Jerash, l’une des villes gréco-romaines les mieux préservées au monde, permet aux croyants d’aujourd’hui d’imaginer ce qu’était la vie civile imprégnée de paganisme.

Avec un ancien temple à Zeus construit par un « fils de Zébédée », certainement sans lien avec ceux de l’Écriture, Jerash abritait des autels d’encens pour les dieux, ainsi que ce que les archéologues ont identifié comme un oracle, une fabrique d’idoles et un marché de viande jadis approvisionné avec les restes des sacrifices. Compte tenu de l’enseignement de Paul en 1 Corinthiens 8, comment les chrétiens pouvaient-ils gérer leur régime alimentaire et s’adapter culturellement à leur environnement ?

« Il ne s’agit pas tant de faire un pèlerinage que de se mettre à la place des premiers croyants. Cela nous aide à comprendre les pressions qu’ils subissaient. »

Si le christianisme a disparu de Pétra et d’autres villes jordaniennes avec l’avènement de l’islam, il existe un lien durable entre ces villes et les disciples de Jésus aujourd’hui. Dawson rappelle que les premiers chrétiens arabes ont pris pour patrons Côme et Damien, persécutés par les Romains au 3e siècle, et ont donné leur nom à des églises dans toute la région, y compris dans l’actuelle ville de Jerash. La tribu arabe des Ghassanides, elle, a adopté Serge, un soldat syrien de la même époque décapité pour sa foi, comme saint-patron.

Un collègue de Dawson au JETS est un descendant des Ghassanides.

Haidar Hallasa, 76 ans, membre de la faculté et pasteur de l’église du Nazaréen, a consacré la seconde moitié de sa vie à l’étude de l’histoire du christianisme arabe. Auteur de titres arabes tels que La géographie biblique de Jordanie et Notre histoire oubliée, il explique que de nombreux chrétiens modernes du Levant descendent de cette ancienne tribu, qui a vu le jour au Yémen au 4e siècle.

Son arrière-grand-père, un musulman bédouin, est arrivé dans la région de Transjordanie en 1735, fuyant des crimes qu’il avait commis dans la région de Bethléem. Se présentant comme un Copte égyptien, il se fait alors engager comme berger et se forge une réputation d’honnêteté qui lui permet de se marier avec la fille borgne d’un chef de tribu.

Selon Hallasa, sa sous-tribu qui en est issue compte aujourd’hui 10 000 personnes.

Mais les Ghassanides n’étaient pas la seule tribu chrétienne influente. Au début de l’ère islamique, le premier calife omeyyade, qui régnait depuis Damas, épousa une fille de la tribu des Benu Kalb et nomma son parent chrétien prince régnant de Tibériade. De nombreux membres de ces tribus se convertirent finalement à l’islam et d’autres fuirent vers Constantinople. Pour cette raison, Hallasa explique parfois aux musulmans ouverts d’esprit que leur identité religieuse n’est peut-être pas due à la foi, mais à des raisons économiques. Si les mariages mixtes témoignent de relativement bonnes relations entre chrétiens et musulmans, les chrétiens arabes se voyaient imposer des taxes parfois exorbitantes au titre de leur dhimmitude qui faisait d’eux des citoyens de seconde zone.

Dans l’espoir qu’une meilleure connaissance de l’histoire puisse inciter certains à réfléchir à l’Évangile, Hallasa a répertorié 52 autres tribus de la péninsule arabique ayant des origines chrétiennes. Mais son message principal est celui de la tolérance au sein de la société.

Bien que cela ait été difficile, il a réussi à se faire accepter dans sa ville natale de Karak, à 120 kilomètres au sud d’Amman, une ville qui appartenait autrefois aux Moabites, aux Nabatéens et aux chrétiens, mais qui est aujourd’hui majoritairement musulmane.

« Les islamistes radicaux veulent nous diviser », dit Hallasa. « Je dis le contraire : vous étiez chrétiens, nous le sommes restés, mais nous sommes tous un seul peuple. »

Également Ghassanide, David Rihani estime que les évangéliques ont un rôle particulier à jouer pour relier la Jordanie au christianisme mondial. Les touristes n’apportent pas seulement des revenus à une économie en difficulté, mais aussi un contact avec leur foi. Et ceux qui viennent en Terre sainte et prolongent leur séjour en Jordanie favorisent des échanges promoteurs de paix.

Les prières des chrétiens à Pétra ne peuvent qu’aider.

Vaguement conscient de cette histoire avant l’annonce, le responsable des Assemblées de Dieu estime que celle-ci met en évidence le rôle de la Jordanie dans la diffusion de la Bible dans toute la région. Mais surtout, la prière chrétienne à Pétra est une forme d’encouragement divin.

« Dieu nous dit : Je suis déjà venu ici, et je continuerai avec vous », dit Rihani. « Nous ne devrions pas y voir des pierres dépourvue d’aspect spirituel, car le message de l’Évangile est vivant en Jordanie. »

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Valoriser le potentiel des églises de migrants en Europe

Un professeur de théologie venu de Sierra Leone explique comment les nouveaux arrivants africains transforment l’Église en Belgique et sur le reste du continent.

Des fidèles d’une église nigériane au Royaume-Uni lors d’un moment de prière.

Des fidèles d’une église nigériane au Royaume-Uni lors d’un moment de prière.

Christianity Today March 21, 2024
Gideon Mendel/Getty

Joseph Bosco Bangura s’est donné pour mission de modifier la façon dont nous percevons les églises de migrants.

Depuis plus de 25 ans, il étudie la manière dont les nouveaux mouvements chrétiens créent des possibilités de contact et de transformation au sein des sociétés. Ses recherches sur le mouvement pentecôtiste en plein essor dans son pays d’origine, la Sierra Leone, ont révélé à la fois l’important attrait populaire de ce mouvement et la créativité avec laquelle les églises charismatiques et pentecôtistes ont intégré les traditions religieuses africaines indigènes.

Aujourd’hui, il s’intéresse à l’impact des églises de migrants en Europe. Il enseigne la missiologie à la Faculté de théologie évangélique de Louvain (ETF) en Belgique et à l’Université de théologie protestante (PThU) aux Pays-Bas, et est également pasteur d’une église de migrants. Il s’est entretenu avec nous sur les opportunités et les défis auxquels sont confrontées les communautés de migrants dans les sociétés européennes sécularisées.

Qu’est-ce qui vous a poussé à étudier les églises de migrants en Europe ?

Il y a toujours un lien entre la mobilité des personnes et la diffusion de leur foi. Chaque fois que les Juifs ont émigré — c’est d’ailleurs d’eux que vient le terme de diaspora — cela a eu une incidence sur leur foi. Il en est allé de même dans l’Église primitive. Les chrétiens ne sont pas partis tout de suite ; c’est la persécution qui a entraîné leur dispersion. La migration coïncide systématiquement avec une nouvelle diffusion de l’Évangile. Elle élargit les possibilités d’apporter de nouveaux éléments de foi dans des lieux où ils étaient jusque-là inconnus.

En Europe occidentale, les églises autochtones (c’est-à-dire les églises européennes blanches) sont aujourd’hui plus conscientes des enjeux missionnaires des communautés de migrants. Que peuvent faire ces dernières pour l’Église dans une Europe sécularisée ? Elles pourraient être la bouée de sauvetage pour la survie de la foi dans un monde sécularisé.

Certaines organisations missionnaires prennent au sérieux la présence des migrants et réfléchissent à la manière de les impliquer. Ainsi, Harvey Kwiyani, un universitaire du Malawi qui a beaucoup écrit sur la mission et la migration, travaille pour la Church Mission Society. Leita Ngoy, originaire de la République démocratique du Congo (RDC) et enseignante en Allemagne, est consultante pour Pain pour le monde, qui aide les églises allemandes à mieux accueillir les migrants. La Société biblique pour les Pays-Bas et la Flandre (Belgique) a nommé Samuel Ekpo, un Nigérian, au poste de responsable des relations avec les églises migrantes et internationales.

Ma propre nomination en tant que professeur de missiologie à l’ETF, financée par une organisation missionnaire néerlandaise, et mon rôle d’enseignant à la PThU reflètent également ce qui se passe. Les Occidentaux se rendent compte que s’ils veulent contribuer au développement du christianisme mondial, ils doivent faire en sorte que leurs propres établissements d’enseignement reflètent la diversité de l’Église de Dieu.

Pourriez-vous décrire votre propre communauté ?

En tant que pasteur de l’église Exceeding Grace Bible Church à Anvers, en Belgique, je sers auprès de migrants qui souhaitent vivre ensemble leur foi. Les 70 personnes qui nous rejoignent régulièrement reflètent une grande diversité ethnique. Ils sont originaires de la RDC, du Tchad, du Ghana, du Nigeria et du Cameroun. Nombre d’entre eux sont naturalisés Belges. Nous sommes parfaitement bilingues en anglais et en français.

Nous sommes tous Africains de par la couleur de notre peau, mais les cultures sont différentes. Lorsque nous nous réunissons ou prenons des décisions, nous avons des représentants de chacune de ces cultures, afin de montrer qu’en Christ nous ne faisons qu’un. Nous avons également des origines chrétiennes diverses : charismatiques, évangéliques, catholiques. Nous essayons de construire des ponts. C’est un travail constant.

Indépendamment des différences culturelles internes, nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes que les migrants partout ailleurs en Belgique : l’intégration dans la société, la langue et le fait d’être considérés comme des étrangers qui ne sont pas tout à fait à leur place.

Quelle est l’histoire des églises de migrants en Belgique ?

En tant qu’ancienne puissance colonisatrice de la RDC, la Belgique a fait venir des étudiants congolais pour étudier dans les universités belges avant même l’indépendance de la RDC en 1960, avec l’intention d’en faire l’élite politique qui façonnerait le pays. Mais certains n’y sont pas retournés. La première église de migrants à Bruxelles a été créée dans les années 1980 avec le soutien de Campus Crusade for Christ. En raison de sa politique libérale à l’égard des demandeurs d’asile, la Belgique a ensuite attiré d’autres migrants africains tels que les Rwandais pendant le génocide de 1994 ou les Africains de l’Ouest fuyant la crise économique dans leur pays d’origine.

Les responsables des églises de migrants ont commencé à s’intégrer dans diverses organisations ecclésiastiques, comme l’Alliance évangélique belge. Plus récemment, une association a été créée pour permettre aux pasteurs d’origine africaine et caribéenne de se rencontrer et de s’encourager. Dans le nord de la Belgique en particulier, on trouve des églises de migrants dans presque toutes les villes, généralement affiliées à des associations évangéliques et pentecôtistes locales. La présence d’églises de migrants a revivifié l’ensemble du christianisme protestant dans ce pays majoritairement catholique.

Quels sont les différents types d’églises que l’on rencontre en Belgique ?

Dans mon enseignement, je décris quatre catégories. Il y a les églises de migrants, définies sur la base de leur composition ethnique et de leur différence par rapport à leur contexte d’accueil. D’autre part, il y a les églises autochtones, bien que j’entende rarement mes collègues flamands qualifier leur église de la sorte. Pour eux, il s’agit simplement de leur église d’origine.

Troisièmement, il y a des églises multiculturelles, où une église autochtone ouvre ses portes à d’autres rassemblements plus culturels en son sein. Vous pouvez avoir un pasteur européen à la tête de l’ensemble, mais on organise un rassemblement de Philippins le mercredi ou un groupe d’Africains se réunit le vendredi. Ils ont leurs propres activités pendant la semaine et se retrouvent tous ensemble le dimanche. C’est une bonne chose, mais cela soulève des questions quant à la réalité de la multiculturalité de l’église dans ses organes de gouvernance. Les personnes de couleur peuvent-elles prendre la parole à d’autres moments que lors d’un dimanche de la mission ? La vision est souvent sapée par le manque de diversité dans la structure de direction elle-même.

Enfin, il existe des églises internationales, qui utilisent exclusivement l’anglais et attirent principalement des professionnels liés à l’OTAN, à l’Union européenne, aux ambassades occidentales ou aux grandes entreprises. Comme elles sont économiquement indépendantes et capables de subvenir à leurs besoins, elles n’accordent pas la priorité aux contacts avec les communautés chrétiennes locales. La direction est exclusivement blanche. Elles servent elles aussi un groupe spécifique d’immigrés, mais comme il s’agit de diplomates ou de cadres d’entreprise représentant l’échelon supérieur de la société, on ne les présente pas comme des églises de migrants.

Joseph Bosco Bangura enseigne à la Faculté de théologie évangélique de Louvain (ETF) en Belgique.fournie par Joseph Bosco Bangura
Joseph Bosco Bangura enseigne à la Faculté de théologie évangélique de Louvain (ETF) en Belgique.

Pourquoi est-il si difficile pour les églises multiculturelles d’avoir une direction multiculturelle ?

L’idée d’avoir des responsables qui représentent la multiculturalité de l’Église est un excellent objectif. J’aimerais penser qu’une telle église serait un bon exemple de ce que nous vivrons au paradis. Mais il est très compliqué d’y parvenir, et de nombreuses questions doivent être abordées.

Il y a une vingtaine d’années, l’International Baptist Church d’Anvers se portait bien sous la direction de ses fondateurs européens. Lorsque l’église a été confiée à des responsables africains, le nombre d’Européens a lentement diminué en raison de préoccupations liées au fait que l’enseignement biblique n’était pas suffisamment solide sur le plan théologique.

Actuellement, la question de la migration est très polarisante dans la sphère politique. Cela affecte les perceptions des chrétiens et leur capacité à collaborer les uns avec les autres.

On reproche parfois aux églises de migrants de ne s’intéresser qu’aux personnes de leur propre ethnie et d’entretenir une ségrégation au sein du corps du Christ. Que pensez-vous de cette critique ?

En 2003, Jan Jongeneel avançait que lorsque des communautés religieuses émigrent, la première étape, en particulier pour la première génération, consiste à se tourner vers l’intérieur et à répondre aux besoins des membres de cette communauté. Vous devez disposer d’une base à partir de laquelle partir en mission. Nous devons donner aux nouvelles églises de migrants le temps de redéfinir leur identité en fonction de leur statut dans leur nouvelle société.

Les églises de migrants tentent de répondre à un besoin missionnaire. Ce n’est pas rendre justice à leur cause que de se concentrer sur les contrastes avec d’autres églises. Voyons plutôt comment les différents types d’églises peuvent collaborer pour atteindre l’Europe pour le Christ.

Comment encouragez-vous les chrétiens migrants à s’intégrer dans la culture qui les entoure ?

Dans mon église, nous encourageons les familles à inscrire leurs enfants aux cours de religion protestante proposés dans les écoles primaires et secondaires de Belgique. Cela leur donne une idée de la manière dont les protestants de Belgique conçoivent la foi. Il est de plus en plus courant de voir des personnes qui me ressemblent enseigner cette matière. En avril, j’organiserai un séminaire pour 400 enseignants, où je parlerai de la religiosité africaine et de la manière dont elle peut contribuer à revitaliser l’enseignement religieux dans les écoles. C’est une ouverture importante.

J’encourage également mes collègues africains à se rendre dans des communautés évangéliques ou pentecôtistes locales. Nous ne sommes peut-être pas d’accord sur tout, mais nous sommes une minorité et nous ne pouvons pas nous permettre de rester chacun de notre côté. Nous devrions nous réunir pour partager nos ressources et nous encourager mutuellement. Cela pourrait aider la mission non seulement en Belgique, mais aussi depuis la Belgique vers les pays dont nous sommes originaires. Par exemple, si une église locale belge souhaite partir en mission en Sierra Leone, je pourrais lui fournir des informations utiles avant qu’elle ne se rende sur le terrain.

Comment voyez-vous l’impact de la culture belge sécularisée sur la deuxième génération de migrants africains ?

En 2020, j’ai publié un chapitre sur cette question. Les enfants de migrants n’apprécient pas toujours la spiritualité de leurs parents. Ils sont également confrontés à une crise d’identité. Leurs parents ne les considèrent pas comme des Africains à la maison, mais ils sont considérés comme tels à l’école. La collaboration avec les églises autochtones peut contribuer à répondre à certains de leurs besoins et les aider à se décider pour Christ.

Les parents migrants de la première génération sont souvent en difficulté pour comprendre les défis auxquels est confrontée la deuxième génération, car ils portent encore en eux la formation spirituelle qu’ils ont reçue en Afrique. Par exemple, une jeune femme qui avait terminé ses études secondaires ressentait la pression de la vie académique — de la part de ses pairs et de ses parents — et a voulu prendre une année sabbatique. Elle voulait simplement se rafraîchir l’esprit et éviter le burn-out, mais ses parents ont conclu que le diable l’influençait. Comment ces parents peuvent-ils interpréter ces phénomènes psychologiques d’une manière qui soit bénéfique pour leurs enfants ? C’est une réelle lutte. J’espère que nous pourrons trouver des solutions.

Comment résumeriez-vous la manière dont les chrétiens devraient réfléchir au rôle des migrants dans la mission de l’Église ?

Pendant longtemps, les communautés chrétiennes de migrants ont été décrites à travers le prisme des autres, les communautés locales autochtones qui sont toujours en position de domination culturelle. Mais nous sommes nous-mêmes des agents missionnaires actifs, qui contribuent à façonner la trajectoire de la mission dans une culture sécularisée. Je me réjouis que l’ETF s’investisse dans de nouvelles approches de la mission.

Lorsque j’ai commencé à étudier la théologie en 1993, la relation entre la migration et la mission n’était pas à l’ordre du jour. Par conséquent, je n’étais pas bien préparée lorsque j’ai dû migrer. Nous devrions préparer les gens à ce que, où que le Seigneur les emmène, pour quelque raison que ce soit, ils puissent considérer leur migration comme un encouragement de Dieu à répandre l’Évangile dans de nouveaux lieux et parmi des personnes qui ont quitté la foi ou ne sont pas chrétiennes.

Puisque vous travaillez à rassembler des chrétiens de cultures diverses, que me serviriez-vous si je venais manger chez vous ?

Nous commencerions par une soupe belge, puis un plat de riz africain épicé et de feuilles de manioc, et nous terminerions par un pudding belge classique au chocolat, le tout servi sur une table décorée d’une nappe africaine tressée.

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Les « tradwives » ou le renouveau fondamentaliste sur Instagram

Une nouvelle vague d’influenceuses veut « restaurer » une vision étroite de la féminité biblique avec de jolies photos, des robes longues et du pain fait maison.

Christianity Today March 19, 2024
WikiMedia Commons/Adaptations par CT

Restaurons la beauté », commence la légende d’une vidéo populaire sur Instagram.

Le clip met en scène l’influenceuse chrétienne Katie Calabrese dans une longue robe aérienne, suivie d’un montage d’images : des fleurs sur une bible ouverte, une corde à linge couverte de sobres vêtements de lin, une cage d’escalier épurée avec des planchers en bois et des murs en lambris, une femme sans visage debout devant un bol de pâte à pain et tenant un bébé dans ses bras.

La légende énumère d’autres choses dont son autrice espère le retour : « Des femmes qui savent préparer un délicieux repas pour des invités inattendus », aller à l’église, avoir une famille nombreuse, « aimer leur mari et chanter ses louanges devant les autres ».

Katie Calabrese fait partie d’une cohorte d’influenceuses « tradwife » (pour l’anglais « traditional wife », « épouse traditionnelle ») en ligne, dont les personnages sont construits sur le renouveau de diverses expressions « traditionnelles » de la féminité, du mariage, de la tenue du foyer et de la vie familiale. L’idée maîtresse de leur message de retour en arrière est familière à ceux qui ont grandi dans des cercles chrétiens fondamentalistes, malgré le nouvel emballage pensé pour Instagram et TikTok, où les contenus de type tradwife se sont multipliés depuis 2020.

Ces contenus apparaissent résolument anhistoriques et s’inspirent d’idées et d’images de toutes les époques. Certaines tradwives construisent leur marque à la manière du personnage de June Cleaver dans les années 1950, portant du rouge à lèvres et une robe trapèze pour faire le ménage. D’autres évoquent des images de La petite maison dans la prairie : robes longues, pain rustique fait maison et habitations rurales. Certaines publications empruntent à des peintures de foyers victoriens ou de réunions sociales de l’époque de la Régence anglaise.

À la différence d’autres influenceuses qui créent du contenu sur l’école à la maison ou l’agriculture familiale, l’influenceuse tradwife fait de la féminité « traditionnelle » le principe central de sa marque et de son identité en ligne. La distinction est parfois subtile, mais toutes les influenceuses en ligne qui portent des robes longues et fabriquent du levain n’entrent pas dans la catégorie des tradwives.

https://www.instagram.com/p/C4SCeKZtUPn/

« La tendance tradwife se réfère à un passé mythique où chacun connaissait son rôle », explique Emily McGowin, professeure associée de théologie au Wheaton College et autrice du livre Quivering Families: The Quiverfull Movement and Evangelical Theology of the Family.

« Nous vivons une époque de confusion et de laideur. Les gens recherchent quelque chose de beau et d’attrayant, un temps où les choses étaient plus simples, même si nous savons qu’elles ne l’étaient pas réellement. »

De nombreuses influenceuses tradwife sont également des chrétiennes qui mettent en avant leur foi, plaidant en faveur de la « féminité biblique » au moyen de fils d’actualité élégants et méticuleusement conçus. Même les créatrices qui ne se considèrent pas comme croyantes proposent une vision du monde à laquelle de nombreuses femmes chrétiennes, en particulier parmi les évangéliques, adhèrent aisément.

Les questions de genre sont au cœur de ce que signifie être une tradwife. Il n’est pas surprenant que des femmes évangéliques soient attirées par des contenus qui affirment la distinction entre les sexes et placent les femmes au service de leur famille et de leur mari. Il en va de même pour des catholiques et des mormons, ainsi que certains agnostiques du Nouvel Âge et des « non affiliés » religieux socialement conservateurs.

Évangéliques et mormons se retrouvent tout particulièrement dans l’espace tradwife. Malgré des différences théologiques marquées, beaucoup partagent une même vision de la vie familiale, du mariage, de l’habillement et de la liberté religieuse.

Lorsque la tradwife mormone Hannah Neeleman publie une vidéo de sa famille de dix personnes se préparant pour aller à l’église sur son compte Instagram « Ballerina Farm », l’image présentée a suffisamment peu à voir avec la doctrine et les pratiques cultuelles pour que les croyants évangéliques puissent mettre de côté leurs objections concernant le type d’église en question.

Plus qu’un ensemble particulier de croyances chrétiennes, ce serait plutôt une forme de fondamentalisme qui unit la mouvance tradwife.

Le chroniqueur David French décrit le fondamentalisme comme une posture psychologique marquée par la certitude, la véhémence et la solidarité. Les contenus tradwife et les communautés d’adeptes qui se rassemblent autour de leurs autrices présentent ces trois caractéristiques : la certitude de connaître une manière plus épanouissante et conforme à la volonté de Dieu d’être femme, épouse et mère ; la défense intense et constante d’un style de vie particulier avec le souci perfectionniste de son esthétique ; et la solidarité avec les millions d’adeptes qui aiment, commentent et partagent.

Une forme de séparatisme fait partie intégrante de l’offre de contenu tradwife, attirant les chrétiennes qui veulent être « dans le monde, mais pas de lui », les « femmes de valeur » des temps modernes. Ces influenceuses sont des modèles attrayants pour celles qui veulent s’habiller, nourrir leur famille, éduquer leurs enfants ou nettoyer leur maison différemment de ce à quoi l’on s’attendrait dans une société moderne du 21e siècle.

Celles qui ont grandi dans des contextes religieux fondamentalistes reconnaissent les parallèles entre leur expérience et le contenu tradwife. Celui-ci promeut un mode de vie qu’elles ont expérimenté de première main, vendu par leurs églises et leurs communautés religieuses.

Elles peuvent ainsi voir là une nouvelle façon de spiritualiser une certaine hyperféminité et des rôles strictement définis pour les hommes et les femmes. Le contenu est le même, mais l’emballage a été repensé pour une nouvelle génération.

« Ces images de beauté simple et de vie lente ne sont pas réelles », déclare Abbi Nye, archiviste à l’université du Wisconsin-Milwaukee, qui a grandi en tant qu’aînée de neuf enfants dans une église pentecôtiste du mouvement de la dernière pluie au nord de l’État de New York.

Avant Instagram, souligne-t-elle, il existait déjà des magazines destinés aux familles chrétiennes conservatrices, tels que Above Rubies et Vision Forum (de l’organisation du même nom). Leurs récits nostalgiques et sentimentaux encourageaient les femmes à envisager de rester au foyer, de faire l’école à la maison, de jardiner et de multiplier les enfants.

Nye raconte que les familles de son église essayaient elles aussi de vivre la vie que les influenceuses tradwife promeuvent en ligne, mais que cela mettait les femmes et les enfants dans une situation de vulnérabilité. Presque tout le monde avait du mal à joindre les deux bouts.

« Le contenu tradwife que nous voyons en ligne est produit par des personnes qui ont beaucoup d’argent. Dans ma communauté, la plupart des gens vivaient en dessous du seuil de pauvreté », dit Nye, qui dirige un réseau de défense des victimes d’abus au sein de sa communauté religieuse. « Cela me met en colère parce que je sais que l’image présentée est fausse. »

De récents reportages sur les influenceuses tradwife ont montré que les porte-drapeaux de cette tendance sont plutôt bien soutenus financièrement. Hannah Neeleman est la belle-fille du fondateur de la compagnie aérienne JetBlue. Ballerina Farm est une entreprise lucrative et le compte où vous pouvez regarder Neeleman faire de la pâtisserie, traire une vache, ou participer au récent concours Miss Monde rassemble près de 9 millions d’abonnés sur Instagram.

https://www.instagram.com/p/Ci9MSEBjYxY/

Les influenceuses tradwife qui n’ont pas la fortune de Neeleman peuvent tout de même mettre en avant des images de vie et de maison idylliques. Comme elle le dit en légende, la publication de Katie Calabrese appelant à « restaurer la beauté » est composée d’images trouvées sur Pinterest.

L’autrice Tia Levings, apparue dans la récente série documentaire Tout ce qui brille n'est pas or : Les secrets de la famille Duggar, affirme que le contenu tradwife n’est qu’une nouvelle version des productions et des livres qui l’ont amenée à une vie « traditionnelle » au milieu des années 90.

Elle subissait à l’époque l’influence d’églises ou de conférences où elle apprenait les dangers des vaccinations et des pédiatres, la nécessité de la mise en conserve pour constituer un garde-manger pour la fin du monde et la manière de commander par correspondance des kits de naissance et des remèdes à base d’herbes médicinales. Magazines, catalogues et brochures artisanales circulaient pour aider les femmes à envisager une existence plus pure et mise à part.

Le numéro d’avril 2009 de Above Rubies présente un article de deux pages sur le pain au levain (toujours à la mode chez les influenceuses contemporaines) et un article intitulé « Comment se battre comme une femme » qui encourage les femmes à « pleurer comme une guerrière » parce que « les larmes sont uniques aux femmes et les larmes poussent Dieu à la bataille ».

L’article accompagnant une recette de levain pourrait être tiré de la légende d’un post Instagram, chantant les louanges du « pain fait maison, artisanal, biologique, succulent, à la pâte aigre, aux céréales anciennes », exempt des phytates qui « rendent votre pain très difficile à digérer », mais avertissant également : « si vous avez plus de 30 ans et que vous n’avez pas un métabolisme à la Speedy Gonzales, ne prenez pas plus de deux morceaux en une seule fois. »

Le design d’Above Rubies n’a pas le raffinement esthétique des contenus Instagram populaires d’aujourd’hui, mais le magazine tente clairement d’atteindre les femmes avec les mêmes messages : le monde qui vous entoure — la nourriture, les écoles, les médias — n’est pas ce qu’il devrait être. En tant que femme, vous pouvez faire en sorte que votre foyer soit différent.

« Le message n’a pas changé », souligne Julie Ingersoll, professeure d’études religieuses à l’université de Floride du Nord. « Le support est différent, et cela a un impact. Mais si l’on regarde les publications du passé, les mêmes racines sont reconnaissables. »

La famille de Rebekah Hargraves a rejoint une église réformée mettant l’accent sur l’intégration de tous les âges dans le culte près de Chattanooga, dans le Tennessee, pendant son adolescence, et elle a été rapidement séduite par les catalogues et les publications de Vision Forum.

Elle et son père ont assisté à des conférences père-fille, où des hommes soulignaient la valeur des filles au foyer et du fait de renoncer à ses aspirations professionnelles pour répondre à une vocation plus élevée.

« D’une certaine manière, ma famille était mûre pour la cueillette », dit Hargraves, qui est aujourd’hui autrice et blogueuse et fait l’école à la maison pour ses deux enfants. « Ma mère rêvait d’un retour dans le passé. Mes arrière-grands-parents avaient une ferme. Nous avions tous une vision romantique de ce mode de vie. »

Elle a toujours été scolarisée à domicile, mais la vie à la maison a commencé à changer lorsque la famille a adopté les idéaux vantés par des livres tels que So Much More, un guide de survie pour les jeunes femmes vivant dans une « culture sauvagement féministe et antichrétienne ».

« Je suis passée de l’idée qu’il pourrait être beau de porter des robes longues à la conviction que c’était un péché de ne pas le faire », raconte Hargraves.

Avant de rejoindre leur nouvelle église, elle rêvait de travailler dans l’édition, en particulier pour Lifeway, l’éditeur de la Convention baptiste du Sud. Mais la nouvelle vision de la féminité qui s’offre alors à elle semble l’obliger à renoncer à ce rêve.

Tia Levings, dont les parents étaient des entrepreneurs du Midwest, a grandi en pensant qu’elle pourrait avoir une carrière tout en prenant soin de son foyer. En devenant mère, elle a cependant été séduite par l’idée que consacrer sa vie à son foyer et à sa famille était sa vocation la plus élevée. Elle est convaincue que le contenu tradwife, ancien et nouveau, offre à de nombreuses mères chrétiennes ce qu’elles recherchent désespérément : l’encouragement et la reconnaissance.

« Les mères sont épuisées, la beauté de cette esthétique est donc un élément qui encourage les femmes à rentrer chez elles. Pourquoi ne pas jardiner et faire des conserves ? Il se trouve que tout cela est plein de beauté », dit Levings. « Le nettoyage des sols devient un acte sacré. Vous accomplissez le mandat missionnaire par le biais de la maternité. »

Dans l’expérience de Levings, romancer les tâches ménagères banales semblait être une façon d’honorer et d’élever ce travail au rang de seule option valable pour les femmes. Le sentiment de sens et de certitude fournis était puissant. C’était sa façon de participer au projet dominioniste de gagner le monde au Christ. Et pendant un certain temps, cela lui a permis de rester fidèle à son rôle.

« On a l’impression de faire un choix positif et proactif pour sa maison et sa famille », témoigne-t-elle. « Mais j’étais tellement isolée et seule dans ma petite maison de banlieue. Tout ce que cela m’a laissé, c’est une grande solitude. »

Les influenceuses chrétiennes tradwife proposent leur mode de vie, leur famille et leur maison comme source d’inspiration, mais aussi comme preuve que vivre selon leur version de la féminité « traditionnelle » porte de bons fruits. Le contenu est séduisant. Et c’est le but. L’idée sous-jacente est que ce mode de vie est conforme au dessein et à l’intention de Dieu pour les femmes et leurs familles. La combinaison de l’esthétique et de l’idée de mission spirituelle rend ce message particulièrement puissant et saisissant.

« Nous étions très conscientes que nous étions en train de prouver quelque chose », se souvient Abbi Nye, ajoutant que la femme de son pasteur avait demandé aux familles de considérer leur comportement et leurs apparences comme un témoignage pour le monde. « La raison pour laquelle nous nous habillions bien était de rendre Jésus attrayant aux yeux du monde. Nous devions prouver que l’école à la maison était la meilleure chose, que notre église était la meilleure, que c’était la meilleure façon de faire. »

Leur mission consistait à prouver non seulement la supériorité de leur mode de vie différent, mais aussi leur engagement envers une définition claire des rôles et de la hiérarchie des deux sexes. Le féminisme était l’ennemi, tout comme de nombreuses tradwives affirment aujourd’hui offrir une alternative à l’échec du « féminisme de la femme d’affaires ».

La certitude, la véhémence et la solidarité dont Nye, Hargraves et Levings ont fait l’expérience ont finalement fait place à la prise de conscience qu’une vision abstraite de la féminité traditionnelle et de la vie de famille ne tenait pas les promesses d’une vie belle, confortable et paisible. Elle a également commencé à s’effriter lorsqu’elles ont rencontré des femmes chrétiennes qui faisaient les choses différemment.

Lorsqu’elle s’est inscrite, à 17 ans, à un cours de danse de salon destiné aux enfants scolarisés à domicile, Rebeka Hargraves a été choquée par une camarade qui portait des shorts. « Mais elle avait cette lumière en elle », se souvient-elle. « Et je n’arrivais pas à comprendre comment quelqu’un pouvait avoir le Christ et porter des shorts. »

Cette rencontre a ébranlé sa confiance dans la justesse et la supériorité du mode de vie de sa famille, et elle y repense comme au début de l’effritement de son engagement dans une vie « traditionnelle ».

« Cela a semé le doute. Cela me mettait mal à l’aise, mais je ne pouvais pas l’ignorer. Je me suis dit que j’avais peut-être tort, que quelque chose ne collait pas. »

Pour certaines femmes chrétiennes, le modèle tradwife peut offrir une manière idéale de vivre la féminité biblique, mais l’orientation fondamentaliste d’une grande partie du contenu implique qu’il n’y a qu’un seul idéal, qu’un seul « projet de Dieu » pour les femmes.

Même des conservateurs attachés à des rôles de genre vus comme bibliques ont mis en garde contre le fait de présenter ou de considérer l’esthétique tradwife comme la norme chrétienne.

« Il n’y a évidemment rien de mal à vivre dans une ferme, à faire son propre levain, à cultiver sa terre et toutes ces choses merveilleuses, mais parce que c’est devenu une tendance sur TikTok et les réseaux sociaux, certaines personnes ont malheureusement fait l’erreur de confondre cette soi-disant vie traditionnelle et le fait d’être une femme traditionnelle avec le fait d’être une épouse biblique », expliquait la chroniqueuse Allie Beth Stuckey lors d’une grande conférence de la Convention baptiste du Sud le mois dernier. « Il existe bien sûr des normes bibliques auxquelles les femmes sont appelées à se conformer, mais ce ne sont pas les normes que fixent les réseaux sociaux. »

Les défenseurs de ces créatrices disent que les tradwives s’expriment, créent des entreprises et produisent un contenu qui sert leur public. Néanmoins, certains contenus tradwife associés à la foi ont des implications significatives sur notre théologie du genre.

« Notre théologie du genre est très importante », souligne Emily McGowin. « Mais lorsque Jésus prêche l’Évangile, il ne parle pas de la façon dont nous correspondons à notre rôle de genre. »

L’évangile des contenus tradwife prétend offrir aux femmes une autre et meilleure voie. Celles qui en ont vécu les versions précédentes savent que le fondamentalisme et le légalisme peuvent promettre la liberté, mais aboutissent à une vision qui, si belle soit-elle, se révèle étroite et enfermante.

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Viens, suis-moi ! Les pasteurs brésiliens face à la concurrence des influenceurs chrétiens

Des responsables évangéliques mettent en garde contre l’immaturité spirituelle et les motivations économiques à l’œuvre sur les réseaux sociaux.

Christianity Today March 19, 2024
Illustration par Christianity Today/Images sources : Unsplash/Getty

Les pasteurs brésiliens craignent qu’un sermon hebdomadaire ne suffise pas à concurrencer les figures populaires des réseaux sociaux que leurs fidèles écoutent le reste de la semaine.

Internet a joué un rôle clé dans l’essor du christianisme évangélique au Brésil, mais le web a également rendu les enseignements hérétiques et l’industrie des influenceurs chrétiens plus omniprésents que jamais. Comment les églises et institutions orthodoxes peuvent-elles réagir ?

Deux enquêtes récentes montrent que les Youtubeurs et podcasteurs chrétiens brésiliens ont plus d’influence que les responsables de dénominations et les pasteurs des grandes églises du pays.

L’institut de recherche sur l’opinion publique Quaest a en effet constaté que les principaux leaders évangéliques étaient surclassés par ces influenceurs en matière de notoriété, d’interaction et de mobilisation.

Selon ces recherches, la chaîne JesusCopy était plus populaire qu’Edir Macedo, le riche fondateur de l’Église universelle du Royaume de Dieu, la quatrième plus grande dénomination du pays. Le podcast de théologie Bibotalk obtenait un meilleur score que l’évêque Robson Rodovalho, fondateur des églises Sara Nossa Terra, un mouvement néo-pentecôtiste.

Une autre enquête — réalisée par Nosotros, un groupe de consultants créé par l’anthropologue Juliano Spyer — révèle également que les voix évangéliques habituelles ont tendance à être de plus en plus isolées et négligées dans le débat en ligne.

En la matière, « des personnalités influentes comme le député Marco Feliciano et l’évêque Edir Macedo ne se distinguent pas des autres évangéliques qui jouent un rôle central dans ce milieu », explique Spyer. « Des personnes comme la chanteuse et pasteure Eyshila, la pasteure Camila Barros, le chanteur et compositeur Anderson Freire, et la pasteure et chanteuse Midiam Lima sont peut-être moins connues de ceux qui ne sont pas évangéliques, mais elles comptent parmi les voix les plus influentes dans ce contexte. »

À leur crédit, les réseaux sociaux ont facilité le contact entre la société brésilienne et le christianisme évangélique et l’acceptation de ce dernier. Plutôt que d’être connus pour des positions passées contre le carnaval, la télévision, les feuilletons et le football, les évangéliques sur les réseaux sociaux ont brisé les stéréotypes et se présentent comme tendance et connectés.

Mais l’enthousiasme suscité par cette nouvelle façon de communiquer l’Évangile doit aussi compter avec des responsables abusifs et des enseignements peu orthodoxes.

Le Movimento Galpão — qui signifie quelque chose comme « mouvement de l’entrepôt », en référence à son bâtiment — a été fondé en 2021 à Alphaville, une banlieue aisée de São Paulo. Il organisait des cultes hebdomadaires pour les jeunes et les retransmettait à des milliers de téléspectateurs sur les réseaux sociaux. Le visage du mouvement était Victor Bonato, un influenceur avec 145 000 abonnés sur Instagram.

L’histoire s’est terminée par un scandale en septembre dernier lorsque Bonato — un pseudonyme derrière lequel se cachait Victor de Paula Gonçalves, un professionnel du marketing numérique âgé de 27 ans — a été arrêté pour des accusations d’agression sexuelle à l’encontre de trois femmes. Le Movimento Galpão a alors pris ses distances par rapport à celui-ci. Une semaine plus tard, le bâtiment fermait pour « rénovation ».

« Cette réforme signifie un nouveau temps, un temps de connexion, d’accès à de nouveaux niveaux en Dieu, un temps d’alignement », explique une déclaration sur Instagram, « et nous vous invitons à faire de même de votre côté ; nous reviendrons bientôt avec notre nouveau programme. » Le mouvement ne s’est plus manifesté depuis.

Les responsables évangéliques sont désireux de voir les jeunes les rejoindre et grandir dans la foi, mais ils mettent en garde contre des conducteurs qui n’ont pas de formation théologique adéquate, d’expérience pastorale ou de supervision.

Selon le théologien pentecôtiste Gutierres Fernandes Siqueira, l’une des raisons de ce problème est le manque de formation théologique et d’expérience pastorale.

« L’apôtre Paul a mis en garde contre le danger de voir de jeunes convertis devenir responsables ou enseignants », dit-il, rappelant qu’un ancien « ne doit pas non plus être un nouveau converti, de peur qu’aveuglé par l’orgueil il ne tombe sous le même jugement que le diable. » (1 Tm 3.6)

« En raison de la croissance rapide du christianisme évangélique au Brésil, certaines personnes qui viennent de se convertir assument déjà le rôle d’influenceur. »

Historiquement, un responsable devait avoir étudié la théologie ou avoir servi pendant des années dans une église locale avant d’avoir l’occasion de prêcher devant une assemblée. Si les chrétiens cherchent des enseignements autres que ceux de leurs propres responsables, ils devraient néanmoins continuer à interroger ces contenus et ceux qui les leur fournissent.

Le pasteur Sérgio Queiroz, fondateur de Cidade Viva, une église baptiste de João Pessoa, recommande aux chrétiens de tenir compte de la formation spirituelle, des qualifications et des motivations de l’influenceur.

« Les producteurs de contenu sont toujours confrontés à un dilemme entre la mise en ligne d’un contenu approfondi, soigneusement produit et documenté, et l’édition de courtes vidéos faciles à consommer et qui ont plus de chances de devenir virales », dit Queiroz, également professeur à la Faculdade Internacional Cidade Viva. « Un producteur respectable devrait toujours préférer la profondeur à la viralité. »

Pour les nouveaux venus dans la foi, les tentations sont nombreuses. Les réseaux sociaux chrétiens brésiliens constituent un véritable écosystème commercial qui s’autoalimente à grande échelle. Avec la popularité croissante des influenceurs, ces réseaux sont devenus une opportunité financière tentante pour les chrétiens brésiliens.

Le nombre de personnes aspirant à cette activité est si important qu’il a donné naissance à des mouvements tels que O Retiro, qui se présente comme « le plus grand rassemblement d’influenceurs chrétiens au monde » et dont « la mission est de refléter l’Évangile dans tout le pays à travers les médias sociaux ».

Créé par le pasteur et évangéliste Guilherme Batista, O Retiro organise des événements pour des centaines d’influenceurs chrétiens, facturant jusqu’à l’équivalent de 150 dollars américains par billet.

Mais ces comptes d’influenceurs ont tendance à proposer un contenu qui relève beaucoup du développement personnel : moins d’évangélisation et plus de citations motivantes. Dans le rapport de l’enquête Nosotros, 30 % des influenceurs chrétiens peuvent être considérés comme de simples orateurs inspirants. Parmi les autres, 25 % abordent un contenu politique et 45 % produisent un contenu plus centré sur la foi.

« Partout où il existe une théologie encline à stimuler l’estime de soi, l’individualisme comme doctrine éthique et l’esprit d’entreprise comme logique économique, le coaching sera là comme instrument ou comme possibilité ecclésiologique », dit Taylor de Aguiar, un anthropologue dont la thèse de doctorat porte sur les pratiques de coaching dans l’environnement évangélique.

« Sur Instagram, les gens semblent toujours heureux et prêts à partager tout ce qui est bon pour eux et, par extension, pour les autres. » « Qui serait capable d’être critique lorsqu’il reçoit des vidéos avec des mots bien formulés, sensés et touchants sur la façon de surmonter la procrastination, le deuil ou d’évoluer dans la vie professionnelle en laissant les obstacles derrière soi ? »

Les messages de ce type ont leur place dans l’enseignement chrétien, mais les critiques s’inquiètent du fait que l’économie et les algorithmes des médias sociaux leur accordent une importance excessive et que l’Église devienne trop dépendante des ressources de développement personnel.

En outre, ce contenu renforce la tendance d’une partie de l’Église à penser qu’il est possible de prêcher en ligne sans avoir suivi d’études théologiques. « La tradition évangélique au Brésil a un côté anti-intellectuel », dit le théologien pentecôtiste Siqueira. La présence de cet activisme numérique, conclut-il, est une sorte d’héritage de cette tradition.

« Ces influenceurs peuvent même penser que [la prédication] ne nécessite pas de préparation, mais seulement de la rhétorique et un bon slogan. Mais l’Église, c’est bien plus que cela. »

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Les pasteurs atteints de troubles de l’attention peuvent s’épuiser ou briller.

Des leaders énergiques et charismatiques se battent pour se concentrer sur l’essentiel.

Christianity Today March 19, 2024
Illustration d’Abigail Erickson/Images sources : Getty

Pendant longtemps, le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) renvoyait principalement à quelques clichés : l’enfant distrait qui fait l’idiot pendant un match ou l’élève agité qui se désintéresse des cours.

Personne n’imaginait un pasteur d’âge mûr essayant de terminer le brouillon de son sermon tard dans la nuit de samedi à dimanche.

Mais comme les taux de TDAH continuent d’augmenter — avec une hausse des diagnostics chez les femmes et les adultes — l’image de ce trouble est devenue plus nuancée, et de plus en plus de personnes acceptent leur TDAH, y compris dans le cadre de leur ministère.

Les symptômes du TDAH peuvent représenter un défi particulier pour les pasteurs, dont la vocation généraliste se déploie souvent sans l’aide administrative dont ils auraient besoin. Lorsque Chad Brooks voit un pasteur atteint de TDAH, il voit quelqu’un qui va soit s’épuiser dans le ministère, soit représenter l’avenir de l’église.

Brooks est pasteur et coach et travaille avec les pasteurs de l’Église méthodiste unie (UMC) au sein du ministère Passion in Partnership. L’UMC exige que tous les pasteurs fassent une évaluation de leurs compétences à mi-carrière. Brooks a observé que les pasteurs qui viennent le voir pour un coaching et ont obtenu des résultats médiocres en matière de prédication dans leur évaluation ont souvent un diagnostic clinique de TDAH.

Il a mis au point un cours intitulé « Prêcher malgré la distraction » pour aider les pasteurs à apprendre à travailler plus efficacement pendant la semaine plutôt que d’utiliser l’adrénaline de la procrastination pour produire un sermon le samedi soir. Un nombre croissant de pasteurs s’adressent à lui pour un coaching individuel parce que leur TDAH rend trop difficile la concentration dans une salle de classe.

« Ces personnes sont profondément passionnées par les gens et le ministère, et si nous ne parvenons pas à trouver un moyen de marcher avec elles, nous passerons à côté de choses dont nous avons désespérément besoin en ce moment », estime-t-il.

Russell Barkley, expert en TDAH, explique que ce trouble se comprend mieux comme une déficience des fonctions exécutives, la maîtrise de soi nécessaire pour soutenir une action en vue d’atteindre un objectif. Les fonctions exécutives contrôlent des fonctions cérébrales telles que l’inhibition du comportement, le contrôle des émotions, la planification et la résolution de problèmes… en d’autres termes, les choses dont vous avez besoin pour vivre en adulte normal.

La définition de Barkley traduit la myriade de façons dont le TDAH peut perturber la vie. Pour les pasteurs souffrant de TDAH, les aspects essentiels du pastorat moderne tels que la planification des réunions, la gestion des rendez-vous, l’étude des Écritures et la préparation des sermons sont de réels défis. Parallèlement, de nombreuses personnes atteintes de TDAH font état d’une capacité d’hyperfocalisation, même si leur cerveau ne se fixe pas sur des choses productives.

La prévalence des diagnostics de TDAH, qui ont encore augmenté pendant la pandémie, est largement passée inaperçue et n’a pas été prise en compte par l’Église, même si de plus en plus de pasteurs souffrant de cette maladie en ressentent les effets.

Avec la réduction de la taille des églises aux États-Unis, celles-ci attendent de leurs pasteurs qu’ils soient des généralistes capables de tout gérer et les pasteurs dont les fonctions exécutives sont altérées luttent à la fois contre la honte et contre eux-mêmes.

Pour Brooks, une grande partie de son travail consiste à aider les pasteurs à être honnêtes avec eux-mêmes sur leurs forces et leurs faiblesses et à développer des habitudes qui correspondent à la façon dont Dieu les a créés.

Il demande à ses clients de documenter la façon dont ils passent leur temps, car la gestion du temps est un problème majeur pour les personnes atteintes de TDAH. En planifiant la décomposition de tâches telles que la préparation des sermons, les pasteurs peuvent gérer leur charge de travail sans attendre la montée d’adrénaline découlant de la procrastination.

Casey Cease est un pasteur laïc et coach qui travaille également dans le domaine du marketing et de l’édition. Il estime que sa capacité à passer d’un domaine à l’autre est l’un des résultats de son TDAH. Il apprécie la variété.

Bien qu’il ne travaille plus comme implanteur d’église, Cease se souvient à quel point il redoutait d’écrire ses sermons. En tant qu’implanteur d’église au sein du réseau Actes 29, Cease pensait que son style de sermon personnel devait correspondre aux styles académiques et intellectuels de Don Carson, Tim Keller et John Piper. Pourtant, plus il essayait de rédiger ses sermons comme les autres pasteurs, plus ses sermons devenaient mauvais.

« J’avais l’impression d’être déficient », raconte-t-il.

Aujourd’hui, il prêche environ une fois par mois. Il s’autorise pour cela à s’appuyer sur ce qui lui permettra d’être fidèle au texte, attentif à sa communauté et ouvert à l’action de l’Esprit saint.

La planification est essentielle. Il réserve le mardi comme jour de préparation du sermon et prévoit un temps d’activité physique ce même jour pour aider à sa concentration. Il imprime le texte et utilise des stylos et des surligneurs pour interagir physiquement avec le passage pendant qu’il y réfléchit. À la fin de la journée, il espère avoir un plan général du sermon, de sorte que, s’il n’a pas le temps d’y revenir avant le samedi, il puisse toujours prêcher un sermon fidèle à l’Écriture.

Pour Cease, accepter son TDAH signifie aussi accepter que son meilleur travail de préparation de prédication se fasse naturellement le dimanche matin tôt. Lorsqu’il a appris à travailler avec son cerveau plutôt que contre lui, « le stress de la procrastination a disparu », dit-il.

La préparation des sermons est toujours un défi, mais avec un plan pour décomposer les tâches, la chose ne semble plus insurmontable.

Comme pour la préparation de ses sermons, le pasteur a découvert des moyens d’optimiser sa pratique des disciplines spirituelles afin que ses pensées ne vagabondent plus autant. Sortir pour s’isoler, prier en marchant, rédiger des prières — plus Cease implique ses sens, plus il parvient à gérer ses pensées.

Le fait que le ministère pastoral de Cease ait consisté à fonder une église est également un atout. Les personnes atteintes de TDAH sont souvent enthousiasmées par les grandes idées et leur énergie est contagieuse. Elles attirent les autres avec une vision convaincante et laissent ensuite à des personnes plus douées sur le plan administratif le soin de s’occuper des détails.

Brooks relève que de nombreuses personnes atteintes de TDAH sont douées pour rassembler les gens, ce que le populaire module d’évaluation CliftonStrengths appelle le charisme. Cease relate qu’il s’est montré franc avec sa communauté au sujet de ses luttes avec le TDAH, de son anxiété et de sa dépression, instaurant la transparence dès les premiers jours de l’église.

Matt Podszus pense lui que son TDAH lui permet d’entrer en contact avec les gens. Il est naturellement curieux et intuitif, et lorsqu’il a commencé un ministère parmi les étudiants avec l’organisation The Navigators, son TDAH lui a donné de l’énergie pour les premiers jours de cette nouvelle entreprise, lorsque l’avenir n’était pas défini. Il constate aujourd’hui que son TDAH l’aide à envisager des connexions et des possibilités inexploitées que d’autres personnes ne voient pas.

Son ministère s’est développé, mais les responsabilités se sont accrues. Gérer des projets, répondre à davantage de courriels et assister à davantage de réunions ont mis Podszus à rude épreuve. « Je le ressens viscéralement comme un vent contraire », témoigne-t-il.

De nombreux pasteurs interrogés dans le cadre de cet article sont des implanteurs d’églises ou ont lancé de nouveaux ministères. Pour eux, ces nouveaux ministères offraient une diversité intéressante et correspondaient bien à leur énergie et à leur capacité à rassembler les gens autour d’une vision.

Mike Emlet, accompagnateur chrétien et médecin, explique que les personnes atteintes de TDAH ont parfois honte de ne pas travailler ou de ne pas penser comme les autres. Qu’il s’agisse de pasteurs ou de paroissiens, il constate que les personnes atteintes de TDAH intériorisent l’idée que ce diagnostic les définit.

« Nous devons dissocier notre valeur, notre utilité et notre justice de nos performances », souligne-t-il. « À la place, l’Évangile nous invite à nous demander à quoi ressemble la fidélité aujourd’hui. »

Parfois, la fidélité à l’Évangile consiste à prendre les médicaments nécessaires pour aider le cerveau à se concentrer.

« Je remercie souvent Dieu de m’avoir fourni mes médicaments lorsque je les prends », dit Cease.

Les médicaments et un accompagnement ont permis à Jeff Davis de retrouver une vie plus agréable. Il est aujourd’hui un actif responsable laïc de la Stonebriar Community Church, près de Dallas, mais il lui était beaucoup plus difficile d’enseigner l’école du dimanche et d’animer des petits groupes avant qu’il ne commence à suivre un traitement pour le TDAH. En réalité, il a été sans abri pendant près de deux ans. Il raconte que ses fonctions exécutives déficientes l’empêchaient de trouver et de conserver un emploi.

Il souffrait d’obésité morbide parce que la suralimentation lui semblait être le seul moyen de calmer son cerveau. Un suivi et des médicaments pour le TDAH l’ont aidé à trouver de meilleures façons de gérer ses symptômes, et il a perdu plus de 35 kilos depuis l’automne 2022.

Autrefois sans domicile fixe, cet ingénieur informatique est aujourd’hui vice-président de l’ingénierie d’une entreprise spécialisée dans les modules conversationnels d’intelligence artificielle.

Il y a peu d’écrits sur le TDAH d’un point de vue chrétien. Davis propose donc quelques articles sur le sujet afin de déstigmatiser une lutte qui a défini sa vie. Si les formes plus légères de TDAH peuvent présenter des avantages, le sien le tirait fondamentalement vers le bas.

« Est-ce que c’est une maladie ? J’étais sans domicile fixe. J’ai vécu dans mon camion pendant 20 mois. Si ce n’est pas une maladie mentale, je ne sais pas ce que c’est. »

Selon lui, les réactions à son blog ont été positives, de nombreux lecteurs le remerciant de parler enfin d’un sujet qui est rarement abordé dans les églises. Il se sent frustré lorsque les chrétiens considèrent le TDAH comme une simple incapacité à se concentrer.

Podszus raconte que le mot « juste » est source de stress pour lui, « parce que tout ce qui va être dit après cela ne sera pas faisable ». Par exemple, « juste » répondre à un courriel ou « juste » suivre un engagement.

Il étudie au North Park Seminary et même la demande d’un aménagement raisonnable pour les études est difficile pour une personne atteinte de TDAH — raison pour laquelle un tel aménagement serait d’emblée nécessaire. Remplir des demandes, organiser des rendez-vous et obtenir des documents exige une attention aux détails et un suivi qui semblent impossibles à l’esprit de celui qui vit avec ce trouble.

Mike Emlet rappelle que 1 Corinthiens 12 enseigne que chaque croyant est doué et nécessaire pour le corps du Christ.

Le TDAH peut apporter des avantages, en particulier en matière de résolution de problèmes hors des sentiers battus. Selon Podszus, son manque d’attention aux détails lui permet de donner à ses équipes les moyens de faire leur travail sans les microgérer.

Pour Brooks, les dons d’entrepreneur et l’énergie présents chez tant de pasteurs atteints de TDAH les rendront indispensables à l’avenir de l’Église.

« Nous allons avoir besoin de ces responsables, car dans les régions où je travaille, j’aurais besoin de 20 pasteurs entrepreneurs pour hier. » « Ce sont les pasteurs dont notre époque a le plus besoin. »

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Reconditionnés par la grâce

Lundi de Pâques – Comment Jésus renouvelle notre vie même après que nous l’ayons déçu.

Christianity Today March 17, 2024
: Bedroom, par Claire Waterman. Acrylique sur panneau de bois. 2022.

Jésus leur dit : « Venez manger ! » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? », car ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approcha, prit le pain et leur en donna ; il fit de même avec le poisson. (Jean 21.12-13)

Lecture proposée : Jean 21.1-14

Au début du 20e siècle, un médecin russe nommé Ivan Pavlov reçut le prix Nobel. Les chiens salivent naturellement à l’odeur de la nourriture, mais Pavlov voulait voir s’il pouvait provoquer la salivation avec un autre stimulus. Comme on vous l’a peut-être raconté lors d’un cours de sciences au lycée, Pavlov faisait sonner une cloche avant de donner à manger aux chiens. La sonnerie de la cloche a fini par faire saliver les chiens. Pavlov appelait cela un réflexe conditionné.

À un degré ou à un autre, nous sommes tous comme les chiens de Pavlov. Au fil du temps, nous acquérons un ensemble élaboré de réflexes conditionnés. Si quelqu’un nous gifle sur la joue, notre réflexe conditionné est de le gifler à notre tour. Je suppose que je ne suis pas le seul à fonctionner ainsi.

L’Évangile, c’est Jésus qui reconditionne nos réflexes par sa grâce. Le résultat ? Nous aimons nos ennemis, nous prions pour ceux qui nous persécutent et nous bénissons ceux qui nous maudissent. Nous tendons l’autre joue, nous faisons le kilomètre en plus et nous abandonnons notre chemise. Les théologiens parlent à ce sujet des « six antithèses », mais j’aime aussi y voir six habitudes contre-culturelles.

Pas moins de six fois dans le Sermon sur la montagne, Jésus dit : « Vous avez appris qu’il a été dit […] Mais moi je vous dis… » (Mt 5.21-48) Jésus reconfigure les mentalités de l’Ancien Testament telles que le « œil pour œil, dent pour dent » (Mt 5.38). Il remet en question notre éthique, à commencer par ce qui concerne le pardon.

Vous vous souvenez, en Matthieu 18, lorsque Pierre demande à Jésus combien de fois nous devrions pardonner ? Il pensait être généreux en proposant sept fois. Jésus fait nettement monter la barre : soixante-dix fois sept fois. C’est sur une plage au bord de la mer de Galilée (Jean 21) que cette compréhension du pardon viendra plus personnellement toucher Pierre. Cette apparition de Jésus est postérieure à la résurrection, et donc postérieure à son reniement par son disciple. Pierre avait nié avoir connu Jésus non pas une fois, ni deux fois, mais trois fois, et c’est après le troisième reniement que le coq a chanté, rappelant à Pierre la prophétie de Jésus (Mt 26.75).

Si je peux me permettre une observation pavlovienne, je me demande si après cela Pierre s’est senti coupable chaque fois qu’il a entendu un coq chanter. Chaque matin, un réveil brutal aurait pu lui rappeler cet échec capital, jusqu’au matin où Jésus a reconditionné ses réflexes.

Pierre est en train de pêcher lorsque son Seigneur l’interpelle par-dessus l’eau : « Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez. » La brume matinale empêchait peut-être de voir qui avait prononcé le mot, mais une nouvelle pêche miraculeuse le rend évident. Jean dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » (Jn 21.4-7)

C’est alors que Pierre saute du bateau et nage jusqu’au rivage. Lorsqu’il arrive, Jésus fait frire du poisson sur des braises. Comment ne pas aimer un Dieu qui prépare le petit-déjeuner sur la plage pour ses disciples ?

Après ce petit-déjeuner, Jésus pose une question à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (v. 15) Il ne la pose pas une ou deux fois, mais trois fois. Coïncidence ? Je ne pense pas. Trois reniements nécessitent trois réaffirmations. Voilà comment, quand et où Jésus reconditionne les réflexes de Pierre.

Avez-vous déjà remarqué l’heure de la journée ? Jean est précis : « Le matin venu » (v. 4). En d’autres termes, à l’heure où les coqs chantent. Le son qui rappelait à Pierre son plus grand échec — ce son qui devait susciter en lui bien de la culpabilité — produirait maintenant un sentiment de gratitude. Jésus ne s’est pas contenté de restaurer Pierre dans sa mission. Jésus a reconditionné ses réflexes par sa grâce.

Vous est-il déjà arrivé que quelqu’un vous témoigne de l’amour alors que vous vous y attendiez et le méritiez le moins ? Cela change la vie, n’est-ce pas ? Et si nous aimions les autres comme Dieu nous a aimés ? Le péché sans la grâce conduit à la culpabilité, mais le don de Pâques révèle comment le péché avec la grâce peut conduire à une profonde gratitude que nous pourrons ressentir et exprimer chaque matin, chaque après-midi et chaque nuit.

Nous avons tendance à abandonner Dieu, mais Dieu ne nous abandonne pas. Il est le Dieu de la deuxième, de la troisième et de la millième chance. Même lorsque nous avons l’impression d’avoir trahi notre Dieu, c’est lui qui nous poursuit, qui nous appelle par-dessus les flots. Tel est le Dieu qui nous prépare le petit-déjeuner sur la plage. Tel est le Dieu qui nous offre un nouveau souffle de vie.

À méditer



Quels réflexes conditionnés voyez-vous à l’œuvre dans votre propre vie ou dans celle de ceux qui vous entourent ?

En quoi la réintégration de Pierre par Jésus constitue-t-elle un exemple saisissant de la grâce de Dieu, en particulier après un échec ?

Mark Batterson est le pasteur principal de la National Community Church à Washington, DC. Il est l’auteur de 23 livres dont certains ont été primés comme best-sellers dans le New York Times.

Cet article fait partie de Pâques au quotidien, notre série de méditations pour vous accompagner personnellement, en petit groupe ou en famille durant le carême et les fêtes de Pâques 2024.

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À notre rencontre au jardin du tombeau

Dimanche de Pâques – Jésus reste avec nous dans notre deuil, à Pâques et au-delà.

Christianity Today March 17, 2024
Double Take, par Cherith Lundin. Huile sur panneau. 24 x 26″ chacun. 2017.

En disant cela, elle se retourna et vit Jésus debout, mais elle ne savait pas que c’était lui. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (Jean 20.14-15)

Lecture proposée : Jean 20.11-18

C’est une tension permanente, une question existentielle que se posent les chrétiens : Comment s’accrocher à la joie alors que ce monde nous pousse vers tant de tristesses ? En tant que croyants, nous fondons notre espérance sur la victoire du Christ sur la mort. Nous nous réjouissons de notre salut — le don de la vie éternelle — mais le chagrin nous enserre constamment dans cette vie.

Je me réveille chaque matin à de nouveaux bienfaits, mais je me heurte aussi jour après jour à de vieilles blessures. Je pourrais vous faire ma litanie de pertes, mais je sais que vous avez aussi les vôtres : un enfant éloigné. Un mariage qui a besoin d’être restauré. Un nouveau diagnostic. Un être cher disparu trop tôt. Une maison qui a brûlé. Un animal décédé. Un amour trahi. Une foule qui vous a heurté.

Lorsque Jésus ressuscité apparaît dans le jardin près du tombeau, encore méconnaissable pour Marie, il lui demande : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » (Jean 20.15) Le Christ, même dans ce moment de victoire, laisse de la place à son chagrin. Avec cela, la Résurrection ne rappelle-t-elle pas l’Incarnation ? Il y a là un mystère insondable : le Christ est venu comme un bébé, abandonnant tout pouvoir afin d’accomplir notre rédemption, oui, mais aussi simplement pour manifester sa proximité avec nous.

Jésus, avec la simplicité d’une question, laisse place à la douleur de Marie. Au jardin entourant le tombeau — ce lieu entremêlant verdure et sépulture, deuil et miracle — ce moment de compassion du Christ à l’égard de Marie démontre que nous sommes choisis pour le connaître et pour être connus de lui. Nous ne sommes pas seulement un peuple à secourir ; nous sommes assurément un peuple sauvé et envoyé (Mc 3.13-14), mais aussi un peuple simplement invité à être avec lui.

Le dimanche de Pâques, je me souviens de la première chose que Jésus a faite après sa résurrection. Bien que l’homme-Dieu vienne d’être ressuscité, il continue à s’abaisser et se pencher vers nous. C’est comme cela que Jésus a toujours été. Il est le Verbe fait chair, prenant une forme humaine pour cohabiter et manger avec nous, souffrir et se réjouir avec nous. Tel est notre Seigneur ressuscité, prêtant l’oreille à Marie, prenant le temps de ces retrouvailles au jardin du tombeau. Tel est le Dieu qui se tenait dans le jardin aux côtés de l’humanité au commencement des temps.

Voilà tout le sens de la joie de Marie lorsqu’il prononce son nom et qu’elle reconnaît et retrouve enfin son Rabbouni (Jn 20.16). Là se trouve aussi notre joie. Jésus ressuscité nous apporte le salut, mais il vient aussi lui-même à nous. Sa victoire nous fera passer de la tombe à la gloire, et il est venu pour être avec nous dès à présent, dans le jardin du tombeau de la vie sur terre. Même si le deuil s’immisce sans cesse dans tout ce que nous aimons et vivons, Jésus vient à notre rencontre, à la fois pendant la saison de Pâques et jusque dans l’éternité. Alléluia !

À méditer



En cette période, comment vous accrochez-vous à la joie alors que ce monde vit tant de sujets de tristesse ?

Que diriez-vous si Jésus vous demandait « Pourquoi pleures-tu ? » ?

Rachel Marie Kang est la fondatrice de The Fallow House et l’autrice de deux livres.

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La gloire de nos lourdeurs

Samedi saint – Lorsque la vie est trop dure à supporter, notre besoin d’un Sauveur devient évident.

Christianity Today March 17, 2024
Kitchen, par Claire Waterman. Gouache sur papier. 2020

Et il m’a dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi. (2 Corinthiens 12.9)

Lecture proposée : 2 Corinthiens 12.9-10

Avez-vous déjà entendu ce cliché chrétien qui prétend que « Dieu ne vous donnera pas plus que vous ne pouvez gérer » ? Ce n’est pas que cette affirmation n’ait pas une part de vérité. 1 Corinthiens 10.13 dit que « Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ». Mais cette idée est mal orientée dans la mesure où elle met l’accent sur ce que nous pouvons gérer — par nos propres forces et notre suffisance — plutôt que sur ce que Dieu fournira lorsque nous serons inévitablement dépassés.

Je me souviens de nuits passées sur le sol froid de ma cuisine, de mon corps affaibli par des mois sans appétit, des rivières de larmes, des joues brûlantes et du sentiment d’être seule jusque tard dans la nuit, tous les soirs. Même à une époque de ma vie remplie de ruptures inattendues, Jésus m’a rencontrée à plusieurs reprises sur ce sol alors que je criais pour qu’il réconcilie, rachète et renouvelle. Il a écouté toutes ces prières prononcées ou bégayées, ma faiblesse se manifestant au grand jour. Chaque minute ressemblait à un marathon. Mais à chaque inspiration et expiration, Jésus m’invitait à entrer dans sa grâce suffisante, renforçant ma faiblesse par sa parfaite puissance. Ce que le Seigneur a dit à l’apôtre Paul, je l’ai ressenti dans ma vie aussi : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Co 12.9)

Aller au bout de moi-même est précisément ce qui a créé un espace en moi pour que Dieu entre. Il m’a lavée de sa miséricorde et m’a revêtue de sa force. Ma faiblesse totale est devenue la demeure de sa gloire. Oui, comme l’a déclaré Paul : « Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi. » (v. 9)

En tant qu’être humain faillible qui a connu des souffrances que beaucoup de ses pairs ne partagent pas, je sais au plus profond de ma chair et de mes os que nous ne sommes pas censés supporter seuls le poids des épreuves de la vie. Si Dieu ne nous donnait que ce que nous pouvons supporter, nous n’aurions pas besoin d’un sauveur autre que nous-mêmes, et la mort sanglante de Jésus n’aurait pas eu de raison d’être. Le poids du monde brisé reposerait simplement sur nos épaules lorsque nous luttons contre une relation brisée qui pourrait ne jamais être réparée, contre une maladie permanente que nous n’aurions jamais imaginé devoir supporter, et contre toutes les autres inconnues qui se dressent devant nous.

Pourtant, si nous traversons des épreuves qui nous dépassent, le sang de Jésus est le plus extraordinaire cadeau immérité que nous puissions recevoir. Notre incapacité absolue à nous sauver nous-mêmes met en lumière la réalité de notre besoin absolu d’un sauveur.

Avec Jésus comme Sauveur, nous trouvons le réconfort en sachant que son cœur est sensible à notre douleur, car il a lui aussi enduré une peine inimaginable. Dans son innocence, il a montré qu’il était le seul digne d’être l’agneau sacrifié pour nos péchés. C’est une lourde vérité que celui qui était innocent ait dû porter le poids et la punition de tout péché, mais c’est la raison même pour laquelle nous devons croire le Christ lorsqu’il dit que sa grâce est suffisante. La gloire de Dieu brille toujours plus fort lorsque nous permettons à nos faiblesses de devenir une manifestation de sa grâce, de sa puissance et de sa force infinies.

Malgré sa force souveraine, le Christ n’a pas réconcilié, restauré ou renouvelé les situations pour lesquelles je priais désespérément sur le sol de ma cuisine. Au lieu de cela, ce que je pensais être solide s’est transformé en poussière. Et pourtant, je me suis retrouvée libérée, libérée de l’attente d’une vie à ma mesure, où la souffrance était contenue et les relations bien gardées. De l’autre côté de la confiance en mes propres ressources, j’ai trouvé le repos dans la relation avec le Christ, dans la réconciliation, la rédemption et le renouveau en lui, et non dans mes circonstances.

Que notre faiblesse — dans l’obscurité des nuits passées sur le sol d’une cuisine, et dans tous les autres endroits où notre fragilité devient indéniable — soit un témoignage de la force du Christ, notre Sauveur présent dans les profondeurs comme dans les hauteurs. Confions-nous à sa suffisance, car lorsque nous sommes faibles, c’est alors que nous sommes forts.

À méditer



Y a-t-il un moment ou une période de votre vie où vous vous êtes senti au bout de vous-même (physiquement, mentalement ou spirituellement), mais où Jésus vous a rencontré dans sa grâce, sa puissance et sa force ? Quelle était cette expérience et que vous a-t-elle appris sur le caractère de Jésus ?

À la lumière de l’Évangile, comment pouvez-vous réagir avec une joie sincère au milieu de vos faiblesses et de vos difficultés ?

Kaitlyn Rose Leventhal est une peintre abstraite professionnelle qui vit en Colombie-Britannique, au Canada, avec son mari et son chien.

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Tandis que les corps refroidissent

Vendredi saint – Il n’y a pas de résurrection sans mort.

Christianity Today March 15, 2024
Interior with Crucifix and Nothing Special, par Joel Sheesley. 56 x 70″. 2001.

À midi, l’obscurité s’est abattue sur tout le pays jusqu’à trois heures de l’après-midi. À trois heures de l’après-midi, Jésus s’écria d’une voix forte : « Eloi, Eloi, lema sabachthani » (ce qui signifie « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »). (Marc 15.33-34)

Lecture proposée : Marc 15.33-41

Il peut être difficile d’espérer et de croire lorsque tout ce que l’on touche est froid. Cela fait plus de trois ans que je prie pour une certaine situation. Récemment, les choses en sont arrivées à un point où je ressentais vraiment le besoin de voir un mouvement. Je n’en ai pas vu.

Le mouvement apporte de la chaleur. Le mouvement vous réchauffe. Faites du jogging sur place pendant quelques minutes et vous sentirez votre température augmenter. Votre cœur se met à pomper. Votre corps s’active. Mais comment prier quand les mains sont froides ? Comment garder l’espoir lorsque tout autour de vous est immobile ?

Je ne sais pas où vous auriez besoin de voir du mouvement. Je ne sais pas à quel point votre cœur est inquiet. Je ne sais pas si vous vous réveillez la nuit parce que votre corps doit encore traiter tout ce que vous n’avez pas eu le temps d’affronter pendant la journée. Je ne sais pas si cela fait trois ans que vous attendez, ou dix. Mais je vais partager avec vous ce que je ne cesse de me dire : abandonne-toi à la réalité de Pâques.

Tout au long du ministère de Jésus, les disciples ont vu beaucoup de choses bouger : les aveugles voyaient, les boiteux marchaient, les malades étaient guéris. L’enseignement de Jésus attirait les foules et faisait des convertis. En l’espace de trois ans, il s’est passé tellement de choses en eux et autour d’eux qu’ils ont dû en ressentir une chaleur omniprésente. Et soudain, tout s’est arrêté. Le vendredi saint, tout est devenu froid.

Ce vendredi est saint, parce que c’est le jour où nous nous souvenons de la sainteté de la mort du Christ qui a ouvert la voie à notre salut. Il y a de l’émerveillement même dans le silence. Dieu agit même lorsque le sang ne circule pas. Dieu peut agir même lorsque tout semble être immobile. Aujourd’hui, le Vendredi saint est un symbole d’espoir pour le monde entier. Mais c’était aussi le jour avant que les disciples ne sachent qu’il y aurait une résurrection. Nous l’oublions parfois : lorsqu’ils ont vu Jésus cloué sur une croix, ils l’ont fait sans comprendre le but du Calvaire. 1 Pierre 1.24-25 dit : « car toute créature est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur des champs. L’herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole du Seigneur subsiste éternellement. Cette parole est justement celle qui vous a été annoncée par l’Évangile. » En ce moment, si vous ne voyez que de l’herbe séchée, demandez-vous s’il pourrait être bon de s’asseoir et d’attendre, comme l’ont fait les disciples. Et si, aujourd’hui, nous ne détournions pas notre regard de la lamentation de l’Agneau ? Et si, aujourd’hui, nous nous soumettions au silence du samedi ? Et si, aujourd’hui, nous ne nous réjouissions pas de la joie que les disciples de Dieu n’imaginaient pas venir le dimanche matin ? Et si, aujourd’hui, nous nous abandonnions à la sainte douleur du vendredi ?

Il n’y a pas de résurrection sans mort ; il n’y a pas de dimanche matin sans vendredi soir ; il n’y a pas de rédemption sans Celui qui nous a rachetés. Faites confiance aux méthodes du ciel.

Peut-être que, comme moi, vous regardez le sable passer dans un sablier ; ces maigres grains n’ont rien de très encourageant. Abandonnez vos émotions à la vérité de Pâques. Que le Vendredi saint soit un Vendredi saint. Laissez la mort avoir le goût de la mort. Laissez l’atmosphère se faire inconfortablement froide.

Et nous nous retrouverons dimanche matin.

À méditer



Comment garder espoir lorsque tout autour de vous est immobile ?

Qu’est-ce que la symbolique du Vendredi saint vous rappelle et comment pouvez-vous l’appliquer à votre propre vie ?

Heather Thompson Day est une conférencière interdénominationnelle, autrice d’un best-seller et animatrice de Viral Jesus , un podcast de Christianity Today.

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