Books

La Bible passe le test de Bechdel. Elle va même au-delà.

En étudiant les données des conversations des femmes dans les Écritures, voici ce que j’ai trouvé.

Christianity Today January 5, 2021
Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: Poh Kim Yeoh / EyeEm / ZU_09 / Getty Images

Récemment, un ami demandait sur Twitter si la Bible passait le test de Bechdel-Wallace. Bien que cette question ait déjà été posée sur Internet, le tweet de mon ami m’a amené à me demander si je pouvais utiliser mes compétences en programmation biblique pour fournir une analyse des données plus approfondie que ce que j’ai pu trouver en ligne (L’une des meilleures versions vient d’une prêtresse blogueuse surnommée Paidiske).

Si vous ne le connaissez pas, le test de Bechdel « est une mesure de la représentation des femmes » dans les films et les livres. Il est basé sur une bande dessinée d’Alison Bechdel et stipule qu’une œuvre doit contenir une scène qui répond à trois critères spécifiques : (1) au moins deux femmes pourvues d'un nom qui (2) se parlent (3) à propos d’autre chose que d’un homme.

Les films de la franchise Star Wars peuvent servir d’exemple de l’utilité du test. Le premier film Star Wars a été félicité pour avoir présenté un personnage féminin fort en la personne de la princesse Leia. Cependant, le seul autre personnage féminin nommé dans le film est tante Beru, mais elle et Leia ne se rencontrent ni ne se parlent jamais. Le film échoue donc au test de Bechdel. En revanche, Le Réveil de la Force (épisode VII) comprend une scène dans laquelle Rey et Maz Kanata discutent du destin de Rey, et qui répond donc aux trois critères du test de Bechdel.

La Bible n’a assurément pas besoin de passer le test de Bechdel pour être la Parole de Dieu. Imaginer le contraire serait probablement un bon exemple de présentisme. Mais ce test peut tout de même être un moyen utile de réexaminer les récits bibliques et d'observer l'attention de Dieu à l'égard de tous les porteurs de son image.

Une partie de mon intérêt pour cette question vient du fait que j’aime jouer avec les données bibliques. Mais la raison la plus profonde est que je suis marié à une femme incroyable dont je n'ai que commencé à voir les richesses au cours des 15 dernières années, et que je suis le père d’une jeune femme véritablement remarquable qui aimerait une réponse à cette question : quelle est la place et la valeur des femmes dans le monde ? Et que dit la Bible à ce propos ?

La Bible et ses données

Pour explorer la question du test de Bechdel, j’ai utilisé un incroyable ensemble de données en libre accès, créé par Robert Rouse de viz.bible, qui intègre personnages, lieux et événements issus de la Bible. J’ai utilisé ses données pour trouver tous les passages où des femmes sont citées ensemble (premier critère de Bechdel), tous les passages où ces femmes se parlent (deuxième critère), et plus généralement tous les passages où des femmes parlent. Ensuite, j’ai examiné les recoupements pour trouver les passages qui passent pleinement le test (y compris le troisième critère) et ceux qui le réussissent partiellement pour diverses raisons. (Mon rapport de données complet est disponible sur mon blog).

Voici un résumé de ce que j’ai trouvé. La base de données de Rouse contient 3 070 personnages, dont 202 femmes. (À titre de comparaison, le Coran contient une seule femme nommée, Marie, et d’autres textes religieux comme la Bhagavad Gita n’en ont pas.) Sur les 66 livres du canon protestant, 34 sont des livres narratifs ou principalement narratifs, et 41 contiennent des personnages féminins.

En descendant au niveau des péricopes, on trouve 261 scènes où les femmes parlent, 147 scènes avec deux femmes ou plus (premier critère), 18 où les femmes parlent entre elles (deuxième critère), dont 9 où elles ne parlent pas d'un homme.

Bechdel et au-delà

La Bible passe-t-elle donc le test de Bechdel?

La réponse courte est oui ; plusieurs scènes bibliques font apparaître deux femmes nommées qui ont une conversation à propos d'autre chose que d'un homme.

La réponse longue est plus complexe mais aussi plus riche à mon avis. Bien qu’il y ait moins de personnages féminins que de personnages masculins dans la Bible et très peu de scènes qui passent sans ambiguïté le test de Bechdel, lorsque nous lisons attentivement les passages centrés sur les femmes, nous constatons que le test de Bechdel à lui seul ne raconte pas toute l’histoire. Alors que les hommes sont omniprésents tout au long des pages de l’Écriture, des femmes de foi sont toujours présentes et influentes dans les mouvements clés de l’histoire biblique, lorsque Dieu fait des pas cruciaux pour le salut de l’humanité. C’est presque comme si, dans un monde de patriarcat et de misogynie, la présence des femmes fonctionnait comme un marqueur qui nous dirait : « Faites attention ; c’est important ! »à chaque tournant de l’histoire biblique.

Le commencement

La Genèse commence par rappeler aux lecteurs que « l’homme et la femme » sont créés à l’image de Dieu (1.27). Puis dans Genèse 3, Eve parle au serpent (v. 2) et à Dieu (v. 13), sur un pied d’égalité avec Adam. Bien que ces scènes ne passent pas le test de Bechdel, mon amie et collègue Sandra Glahn suggère qu’un nouveau test serait nécessaire dans lequel un texte faisant intervenir « une femme nommée ayant une conversation avec un être qui surclasse l'homme à propos d’autre chose qu’un homme obtiendrait des points supplémentaires sur l'échelle de représentation ».

En poursuivant notre lecture, le reste de la Genèse paraît être brutal, en particulier pour les femmes qui sont souvent exploitées, sexualisées et maltraitées par les hommes ou entre elles. La Genèse expose également le démarrage du plan de Dieu pour racheter l’humanité à travers une seule famille humaine. Dans cette histoire, une scène puissante tire une partie de sa signification précisément du fait qu’elle ne répond pas au test de Bechdel.

En Genèse 12, Dieu promet qu’il fera des descendants d’Abram et de sa femme, Saraï (tous deux nommés dans Gn 11.29), une grande nation, à travers laquelle il bénira tous les peuples de la terre. Malheureusement, Abram et Saraï ne parviennent pas à croire que Dieu peut leur donner un enfant et, ce faisant, ils abusent de la servante de Saraï, Agar. Le dialogue entre Sarai et Agar n’est pas retranscrit, mais on peut aisément deviner que la conversation a dû être assez désagréable.

Cependant, les paroles ensuite attribuées à Agar font d’elle le premier personnage de l’Écriture à donner un nom à Dieu. « Elle donna à l’Eternel, qui lui avait parlé, le nom d’Atta-El-Roï car elle dit: "Ai-je vu ici la trace de celui qui me voit ?" » (Gn 16. 13).

C’est l’un des premiers cas où l'absence des critères du test de Bechdel fait précisément partie de ce qui donne à la scène toute sa force. Au coeur de la souffrance d’une femme, Dieu voit sa douleur et travaille à la racheter.

Au fur et à mesure que nous continuons à travers le début de l’histoire biblique, nous rencontrons des passages qui échouent au test de Bechdel parce qu’ils ne remplissent que le troisième critère, où des femmes nommées parlent d’autre chose que des hommes, mais parlent à des hommes ou à des foules plutôt qu’à d’autres femmes. Dans l’histoire de la naissance de Moïse, la fille de Pharaon n’est pas nommée, et sa conversation avec Miriam ne passe donc pas entièrement le test de Bechdel (Exode 2.1–10). On trouve d’autres exemples clés avec les filles de Tselophchad, femmes négociatrices, en Nombres 27 (cf. Jos 17) et dans le cantique de Deborah en Juges 5.

Juges 4 et 5 relatent les histoires de Jaël et Deborah, et bien que les deux personnages ne se rencontrent ni ne se parlent jamais, elles représentent les femmes en tant que personnes à part entière, capables d’être des épouses et des mères, mais aussi des leaders, des négociatrices, des prophètesse et des assassins sans pitié.

La bénédiction est accomplie (tout comme le test de Bechdel)

Le prochain tournant majeur de l’histoire biblique est l’établissement de l’alliance davidique et la promesse d’un roi vertueux dont le règne juste sera éternel. Cet événement majeur est précédé par et dépend du cas le plus clair de réussite des trois critères du test de Bechdel dans la Bible.

Dans les premiers chapitres de Ruth, Naomi, Orpah et Ruth parlent des hommes : leurs maris décédés, la perspective d’un futur mariage, et Boaz. Mais Naomi et Ruth échangent également à propos de leur vie, de leurs relations mutuelles et de leur travail (Rt 2.2). Au milieu de ces conversations se trouve l’un des plus beaux passages de toutes les Écritures, un passage qui véhicule la promesse que le peuple élu de Dieu apportera la bonne nouvelle à toutes les nations. Cette histoire est racontée à travers un échange entre deux veuves, toutes deux étrangères et immigrées :

Ruth répondit : « Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi! Où tu iras j'irai, où tu habiteras j'habiterai; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu; où tu mourras je mourrai et j'y serai enterrée. Que l'Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! » La voyant décidée à l'accompagner, Naomi cessa d'insister auprès d'elle. (1.16-18)

Le le livre de Ruth ressort d'autant plus nettement qu'il est comme pris en sandwich entre la brutalité des Juges et des livres de Samuel, des Rois et des Chroniques. Dans ces livres, les femmes sont rarement vues en train de se parler (1 S 25.18–19), mais les femmes parlent, et une scène en particulier ressort.

En 2 Rois 22 apparaît le roi Josias, qui monte sur le trône à huit ans. Dix-huit ans plus tard, il décide de purifier le temple et, ce faisant, l’un des prêtres s'illustre en retrouvant le « Livre de la Loi » (v. 8). Après avoir été profondément touché en entendant les paroles de l'Écriture pour la première fois, ce ne sont pas les prêtres que Josias consulte. Au lieu de cela, il demande à cinq prêtres de sexe masculin d'aller quérir la sagesse de la prophétesse Hulda.

Nous avons là un autre exemple où l'échec à passer le test de Bechdel renforce la portée de l’histoire :

Le prêtre Hilkija, Achikam, Acbor, Shaphan et Asaja allèrent trouver la prophétesse Hulda. Elle était l'épouse de Shallum, le gardien des habits, le fils de Thikva et petit-fils de Harhas […] Elle leur annonça : […] « vous annoncerez au roi de Juda qui vous a envoyés pour consulter l'Eternel: ‘Voici ce que dit l'Eternel, le Dieu d'Israël, au sujet des paroles que tu as entendues : Ton cœur a été touché, tu t'es humilié devant l'Eternel […] Eh bien, moi aussi, j'ai entendu cela. » (v.14-15, 18–19))

Selon Aimee Byrd, « C’est la première fois que l'on voit la Parole de Dieu authentifiée avec autorité comme canonique, et cela advient par la voix d'une femme. C’est incroyable. »

Le Sauveur arrive

Dans les Évangiles, certains passages comme celui où Marthe dit à Marie que Jésus veut la voir (Jn 11.28) échouent clairement au test de Bechdel. Mais certaines des scènes les plus importantes le réussissent bel et bien.

L’Incarnation elle-même est marquée par une scène qui passe le test de Bechdel: la discussion entre Elizabeth et Marie à propos de leurs grossesses (Lc 1.41-45). Dans le chapitre suivant, lorsque l’enfant Jésus est amené au temple, il rencontre Siméon puis Anne. Après avoir vu Jésus, Anne est l’une des premières à exprimer l'importance théologique de ce petit bébé. On pourrait envisager que la scène passe partiellement le test de Bechdel parce qu’une femme nommée parle à des gens (vraisemblablement d’autres femmes) de la rédemption de Jérusalem :

Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. […] Arrivée elle aussi à la même heure, elle disait publiquement sa reconnaissance envers Dieu et parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance à Jérusalem. (2.36, 38)

En avancant vers la mort de Jésus, on assiste à une scène dans laquelle Marie-Madeleine, Marie la mère de Jacques et Salomé discutent de la pierre du tombeau qui devait être roulée. La pierre est bien sûr liée à Jésus, mais il est frappant de constater qu'au moment de l’événement le plus significatif de l’histoire de l’humanité, des femmes qui ont été nommées discutent d’un point majeur de l’intrigue :

Le dimanche, elles se rendirent au tombeau de grand matin, au lever du soleil. Elles se disaient entre elles: « Qui nous roulera la pierre qui ferme l'entrée du tombeau ? » (Mc 16.2-3)

Et enfin, dans une scène qui échoue au test de Bechdel mais qui en est d'autant plus significative, Marie-Madeleine devient la première à partager la bonne nouvelle que Jésus est ressuscité d'entre les morts :

Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur et qu'il lui avait dit cela. (Jn 20.18 ; voir aussi Lc 24.10)

Il est frappant que la naissance, la mort et la résurrection de Jésus et la proclamation de son triomphe soient liées à des scènes qui passent (ou ratent ouvertement) le test de Bechdel.

L’Église primitive

Le livre des Actes raconte l’histoire du développement de l’Église, mais il ne mentionne pas de femmes dialoguant directement entre elles. Pourtant, il relate les histoires de femmes prenant des rôles importants, telle Lydie mettant sa maison à disposition de l’une des premières Églises (Ac 16.11-15) et Priscille et Aquilas donnant des cours de théologie à Apollos (18.26).

Mon algorithme révèle également deux cas de femmes qui sont dotées d'un nom et s'expriment (« saluent ») à la fin des lettres de Paul :

Les Eglises d'Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, ainsi que l'Eglise qui se réunit dans leur maison, vous saluent chaleureusement dans le Seigneur. (1 Co 16.19)

Salue Prisca et Aquilas ainsi que la famille d'Onésiphore. […] Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères et sœurs te saluent. (2 Tm 4.19, 21)

On suppose que Claudia, nommée dans le passage de Timothée, était une femme d'origine britannique vivant à Rome et qu'elle faisait partie des personnes qui ont pris soin de Paul pendant son emprisonnement. Sans dialogue ni personnages nommés recevant les salutations, ces versets ne passent pas le test de Bechdel, mais ils soulignent (encore une fois) les rôles importants que les femmes jouaient dans l’Église primitive.

Un autre passage mérite d’être souligné, qui évoque sans doute deux personnages féminins importants. Dans la première lettre de Paul à Timothée, il écrit quelques-uns des mots les plus controversés de toutes les Écritures concernant les hommes (2.8) et les femmes (v. 9-12), puis il poursuit avec ceci:

En effet, Adam a été formé le premier, Eve ensuite. Et Adam n'a pas été trompé, alors que la femme, trompée, s'est rendue coupable d'une transgression. Cependant, elle sera sauvée à travers sa descendance si elle persévère avec simplicité dans la foi, l'amour et la progression dans la sainteté. (v. 13-15)

La plupart des traductions anglaises modernes rendent ce passage en insérant le pluriel « les femmes » au verset 15. Mais celui-ci n’est pas dans le grec et aucune ponctuation ne sépare ce verset du précédent. Comme dans la version ci-dessus, le verbe « sera sauvée » est au singulier (voir aussi la English Standard Version), ce qui laisse supposer qu’il doit être connecté à la dernière personne mentionnée dans le passage.

De plus, le mot traduit ici par « maternité » n’est utilisé nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament, et sa grammaire indique qu’il pourrait ne pas faire référence à la maternité en général mais à une maternité spécifique. Citant quelques pères de l'Église et plusieurs commentateurs modernes, George Knight écrit : « La compréhension la plus vraisemblable de ce verset est qu’il fait référence au salut spirituel par la naissance du Messie ». Cela signifie que le passage doit être traduit : « Mais elle [Ève] sera sauvée par la maternité [de Marie]» (v. 15).

Bien qu’Ève ait été la première à devenir pécheresse, par la grâce de Dieu, l'instrument par lequel la tromperie est entrée dans le monde est le même instrument par lequel viendra la rédemption. Ève, comme nous tous, sera finalement sauvée par l’œuvre de Jésus, qui a démarré par une simple cellule dans le ventre de Marie.

Bien que de nombreux commentateurs rejettent cette interprétation (voir p. ex. les notes de la NET Bible), je la préfère pour deux raisons. Premièrement, cela évite le problème de devoir expliquer comment le fait de porter des enfants confèrerait le salut. Plus important encore, cette interprétation offre l’un des résumés les plus fondamentaux, les plus beaux et les plus concis de toute l’histoire biblique et nous rappelle comment Dieu sauve toute l’humanité, homme et femme, du début à la fin, en manifestant son pouvoir et son amour infinis de la plus vulnérable et intime des manières.

L’Écriture, à mes yeux, passe le test de Bechdel et va aussi bien au-delà. Dans cette scène finale où deux femmes sont rassemblées, elles ne sont pas appréciées pour ce qu’elles disent ou ce qu’elles font mais pour qui elles sont : des enfants de Dieu. Quel que soit l’état de nos conflits actuels sur l’ethnicité, le sexe, le pouvoir et l’économie, du premier pécheur au dernier, un jour, nous serons tous sauvés par Dieu le Fils qui est devenu un homme porté par une femme.

Persévérons donc dans la foi, l’amour et la sainteté.

John Dyer (PhD, Université de Durham) est doyen et professeur au Dallas Theological Seminary. Il enseigne et écrit sur la théologie, la technologie et la sociologie. Vous pouvez le suivre sur twitter @johndyer et le retrouver sur son blog. Cet article une adaptation d'un article de son blog .

Traduit par Valérie Marie-Agnès Dörrzapf Révisé par Léo Lehmann

What do you think of this translation? Interested in helping us improve the quality and the quantity? Share your feedback here.

Interested in helping to promote our French content on social media? Find our more here.

This article is 1 of 350+ CT Global translations—including French.

You can also now follow CT in English on Telegram.

Les 20 articles les plus lus de Christianity Today en français !

Un pilote missionnaire s’écrase en Indonésie, 20 prières autour de la pandémie, et ce que votre Église peut apprendre de la manière dont l’Église à Singapour réagit au Covid-19.

Christianity Today December 22, 2020

In this series

Lisez les meilleurs articles de Christianity Today en français publié l’an dernier, classé par ordre de préférence

20.

19.

18.

17.

16.

15.

14.

13.

12.

11.

10.

9.

8.

7.

6.

5.

4.

3.

2.

1.

Check out the rest of our 2020 year-end lists here.

Semaine de l’Avent 4: Un Sauveur est né

Méditations quotidiennes pour Christianity Today.

Christianity Today December 19, 2020
Illustration by Jared Boggess

Sauter à la lecture quotidienne : Dimanche | Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi

Dimanche : Couché dans une mangeoire

Lecture du jour : Luc 2.8-20

Les temps étaient mûrs. Depuis des milliers d’années, le peuple de Dieu attendait la venue du fils suprême de David, le Roi-Messie d’Israël. Le Prince de la Paix promis. Et voilà que les rêves les plus fous que leurs prophètes avaient faits sous l’inspiration divine se concrétisaient enfin alors que le chœur des anges annonçait : Le Roi est ici ! Il est né ce jour même.

Pour l’arrivée du Messie, nous nous extasions – mais nous nous y attendons – du fait qu’un ange du Seigneur le proclame. Nous sommes ébahis – mais nous nous y attendons – à l’idée que toute une armée d’anges éclate en louanges. Il se peut même que nous nous attendions à ce que cette proclamation retentisse dans les galeries royales ou dans le temple – partout sauf dans un champ ignoré près de Bethléem… pour des bergers.

La puanteur de leurs vêtements en peaux de bêtes, leur statut social misérable et la crasse sous leurs ongles n’ont pas disqualifié ces bergers pour recevoir la parole du Seigneur. Après tout, cette bonne nouvelle d’une grande joie était « pour tout le peuple » (Lc 2.10) et, ainsi que nous le lisons plus loin, pour les « pauvres » (4.18).

Et que dit l’ange sur ce qui serait le signe de cette hyper bonne nouvelle ? Regardez la pauvreté du Messie : il sera couché dans une étable. Dans une mangeoire. Il aura la même odeur que vous, heureux bergers. Dans une condition humble. Relégué jusqu’aux marges. « Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ! » (6.20).

Et heureux sommes-nous aussi lorsque, comme les bergers, nous recevons cette bonne nouvelle et que nous nous empressons d’aller voir Jésus nous-mêmes. N’est-ce pas ainsi que nous avons commencé avec le Christ ? Nous ne comprenions pas tout ce qu’il est, tout ce qu’il a fait, et comment tout cela est censé nous transformer radicalement. Nous savions seulement que nous avions besoin de le voir, de le rencontrer. Et quand nous l’avons fait, comment pouvions-nous nous retenir de proclamer la bonne nouvelle, « en célébrant la gloire de Dieu et en lui adressant des louanges » pour tout ce que nous avions vu (Lc 2.20) ?

Cet enchaînement – entendre l’Évangile, nous empresser de rencontrer Jésus, puis proclamer l’Évangile et louer Dieu –, n’est-ce pas aussi de cette façon que nous persévérons dans la foi ? N’est-ce pas là la recette de l’adoration qui alimente notre persévérance ? N’est-ce pas le terreau où fleurit l’espérance ?

Le royaume de Dieu est rempli de récits semblables : d’humbles bergers qui deviennent des hérauts du salut respectés ; des collecteurs d’impôts et des prostituées qui deviennent amis de Dieu ; les fous et les faibles qui deviennent les sages et les forts. Jusqu’à Celui qui est notre espérance, « le Messie, le Seigneur » (2.11) qui jadis reposait dans une mangeoire.

—Quina Aragon

Méditez sur Luc 2.8-20

. Ces humbles individus choisis pour entendre l’annonce angélique, qu’est-ce qu’ils font ressortir au sujet du Christ et de son projet ? En quoi êtes-vous stimulé par la réaction des bergers envers Jésus ?

Lundi : La joie de nos désirs

Lecture du jour : Luc 2.22-38

C’est au crépuscule de la vie de Siméon et d’Anne, là où la plupart des autres auraient pu croire que la barque de leurs espérances et de leurs rêves avait mis les voiles depuis longtemps, que Dieu a fait son apparition la plus spectaculaire. C’est dans ce genre de moment où, d’un point de vue humain, tout espoir semblait perdu, que Marie et Joseph ont délicatement mis l’enfant Jésus – le Messie, réalisation de leurs espoirs et de leurs rêves – dans leurs bras. Dieu est comme ça. De manière répétée, Dieu fait des apparitions dans l’histoire et dans nos vies, quand tout semble perdu.

Peut-être, à l’instar de Siméon, avons-nous joyeusement servi et adoré Dieu pendant toute notre vie. Et peut-être aussi avons-nous ressenti que Dieu dit que ce que nous vivons avec lui n’est pas encore achevé – qu’il y a encore quelque chose à attendre.

Il se peut que, comme Anne la prophétesse, nous ayons passé toute notre vie très proches de Dieu et aussi proches que possible de son peuple. Nous avons été là où Dieu se trouve – en nous donnant aux gens avec amour – et cependant nous avons eu notre ration d’épreuves et de souffrances en cours de route. Peut-être que tous les matins nous nous levons avec de fortes attentes, mais que nous sommes constamment déçus. Peut-être que les jours s’écoulent sans que rien ne change. La vie se résume peut-être même à une longue déception. Il se peut que nous allions jusqu’à nous demander si vraiment nous avons entendu quelque chose de la part de Dieu.

Pour Siméon et Anne, en un jour ordinaire qui a démarré comme tous les autres, quelque chose a soudainement changé. Marie et Joseph sont allés au temple pour remplir les obligations de la loi de Moïse en consacrant à Dieu leur fils premier-né, Jésus. Dans ce temps qui était mûr, dans ce kairos, le Saint-Esprit a discrètement aiguillé Siméon puis Anne en direction de la sainte famille. Bien qu’ils aient été tous les deux au seuil de la mort – leur peau fripée avec les stigmates de la vieillesse, leur corps voûté, leurs mouvements ralentis et plus mesurés – Dieu s’est montré à eux avec un visage renouvelé, plein de vie, avec les yeux pétillants et une peau toute douce, sous la forme d’un nouveau-né. Imprévisible, carrément inattendu.

Le témoignage de Siméon et d’Anne nous parle, nous rappelant que Dieu continue à se montrer dans nos vies, souvent de manière inattendue. Il fait irruption, apportant une joie inimaginable dans nos jours ordinaires.

Et pas seulement dans cette vie mais aussi dans la vie à venir. Là où toutes nos espérances seront définitivement réalisées en Dieu lui-même.

Aussi, avec Siméon et Anne, puissions-nous faire retentir le sentiment exprimé dans un cantique : « Jésus, joie de notre désir ! » Toutes nos aspirations sont – et seront constamment – rendues manifestes dans le Christ, aujourd’hui et à jamais.

—Marlena Graves

Lisez Luc 2.22-38

. Attardez-vous sur l’expérience de Siméon et d’Anne en ce jour et dans les nombreuses années qui y ont conduit. En quoi leur histoire vous stimule-t-elle ? Comment leur témoignage vous inspire-t-il ?

Mardi : Une joie dérangeante

Lecture du jour : Matthieu 2.1-12

Le grand récit de la rédemption offerte par Dieu ne manque pas d’ironie. Alors même que Matthieu souligne que Jésus est le Messie promis en vertu de son lieu de naissance selon la prédiction de l’Écriture, il présente aussi à son lectorat juif un mystérieux groupe d’étrangers : des mages venus d’Orient. Immédiatement, nous voyons l’enfant Jésus qui amène les nations à venir vers lui (cf. És 11.10 ; 60.1-6).

Cette caravane de païens entre dans la Cité sainte – cœur de la vie religieuse juive et résidence d’Hérode, le soi-disant « roi des Juifs » – avec l’intention de trouver et d’adorer le véritable « roi des Juifs » (Mt 2.2). Ici, l’ironie suscite presque le rire jusqu’à ce qu’on remarque l’apparente indifférence des prêtres et des scribes à la naissance du Christ. Et jusqu’à ce qu’on voie le résultat de l’adoration mensongère d’Hérode aboutir au massacre des petits enfants.

Loin d’être anodine, l’ironie est convaincante. L’ambition des mages contraste radicalement avec celle d’Hérode. Bien que les deux parties aient été informées par les Écritures et que les deux se soient renseignées sur l’endroit où se trouve le Christ, Hérode recourt à des manipulations de couloir pour tenter d’éliminer la menace tandis que les mages se contentent de suivre l’étoile pour leur plus grande joie.

On constate aussi un contraste problématique entre la réaction d’adoration des mages et l’apparente inaction des chefs des prêtres et des scribes. Clairement, être proche de la vérité ne suffit pas. Était-il gênant pour ces spécialistes du Messie de n’avoir pas reconnu sa venue avant ces païens ? Pourquoi toute leur érudition théologique ne les a-t-elle pas mis en marche comme nous le voyons chez ces mages attentifs ? Leur capacité de réaction spirituelle était-elle obscurcie par un appétit de pouvoir et une soif de privilèges du fait qu’ils s’alliaient à un monarque tyrannique ?

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! » (Mt 5.6). Telle est la réalité qui s’incarne dans ces mages païens. Leur joie a débordé en adoration quand ils ont vu ce signe d’espoir scintillant suspendu au-dessus de la maison de l’Espoir incarné (cf. Nb 24.17). Ils sont venus de loin pour s’agenouiller très volontiers devant le « roi des Juifs » qui, ainsi qu’on le verra, est aussi le « roi des nations » (Ap 15.2-4).

L’amour de Dieu est un scandale – trop massif pour être contenu, trop surprenant pour être prédit. Il fait des païens des adorateurs du Christ, et des étrangers des héros de la foi. Est-ce que nous sommes disposés à tirer enseignement de ces chefs imprévus et de leur adoration humble et généreuse ? Si c’est le cas, peut-être que nous aussi nous incarnerons une magnifique ironie – une joie dérangeante, une espérance lumineuse, qui crève les ténèbres de notre temps.

—Quina Aragon

Réfléchissez à partir de Matthieu 2.1-12

. (On peut lire aussi Ésaïe 11.10 et 60.1-10.) Qu’est-ce qui, pour vous, ressort de la réaction des mages à la naissance du Christ ? Comment l’adoration joyeuse des mages souligne-t-elle la vocation du Christ ?

Mercredi : Le combat de Noël

Lectures du jour : Matthieu 2.1-18 ; 1 Jean 3.8

Jusqu’à maintenant dans le récit de la Nativité, tout n’a été que chants et réjouissances. Des chœurs angéliques, des bergers qui se hâtent vers la crèche, et des sages qui cherchent à venir l’adorer. Mais ici, en Matthieu 2.16-18, nous recevons le rappel brutal, massif, de la raison première pour laquelle Jésus est venu dans le monde : « Quand Hérode vit que les mages l’avaient trompé, il se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, selon la date qu’il s’était fait préciser par les mages » (v.16).

Dans ce passage, nous sommes confrontés à une réalité rude et dérangeante : il y a du mal et de la cruauté dans le monde. Il y a la terreur engendrée par le péché qui fait la loi dans le cœur des hommes et des femmes. Livrés à nos propres manigances et à l’influence du Malin, nous les humains, nous pouvons être adonnés au mensonge meurtrier et à la trahison. On le voit clairement dans les actions d’Hérode : ça ne pouvait guère être pire. Exactement là, en plein dans le récit de la Nativité, alors que nous sommes en train d’écouter les anges qui chantent, Satan et ses acolytes assassinent des nourrissons innombrables.

La frustration d’Hérode cède la place à la fureur, et il déchaîne cette rage impie. On ne peut qu’imaginer l’horreur qui a saisi Bethléem quand Hérode y a envoyé ses escadrons de la mort pour massacrer des petits garçons. C’est l’acte brutal et monstrueux d’un potentat sadique sous l’influence de Satan. Cette atrocité de l’histoire de Noël est un rappel cinglant qui nous est adressé, au milieu de nos chants, pour nous dire que Jésus est venu afin de mener un combat. Il y a une guerre, et Jésus est venu pour vaincre notre péché.

Noël, ce n’est pas les guirlandes et les décorations. Ça n’a rien à voir avec les paquets-cadeaux en tous genres. Noël relève de la guerre spirituelle. 1 Jean 3.8 nous dit qu’il s’agit du Fils de Dieu qui est né pour triompher de notre péché et pour détruire les œuvres du mal.

Puissions-nous célébrer la paix et la beauté de Noël. Oui, faisons la fête en chantant : « Joie pour le monde ! Le Seigneur vient. » Mais souvenons-nous aussi de cet épisode sombre dans le récit de Noël, parce que le massacre des petits enfants de Bethléem nous rappelle pourquoi Jésus est né. Oui, le Christ est venu dans le monde pour vaincre notre péché et détruire les œuvres du Malin.

—Anthony Carter

Cet article est adapté d’une prédication qu’Anthony Carter a donnée le 24 décembre 2017. Avec autorisation.

Attardez-vous sur Matthieu 2.1-18 et 1 Jean 3.8

. De votre point de vue, en quoi l’aboutissement terrible de l’histoire d’Hérode et des mages souligne-t-il la vocation du Christ et renvoie-t-il à l’Évangile ? Comment peut-il approfondir notre compréhension de l’espérance ?

Jeudi : L’Avent nouveau

Lecture du jour : Jean 1.1-18

La Parole – la source de la création, la lumière véritable – est entrée dans l’humanité sous la forme d’un bébé sans ressources né dans d’humbles circonstances. D’un point de vue humain, la naissance de Jésus est étonnante. Pourquoi lui, l’homme-Dieu, n’est-il pas apparu comme un jeune homme costaud exerçant ses muscles divins pour exécuter des actions spectaculaires à la vue de tous ? Les anges auraient pu claironner sa venue dans le monde entier ! Mais non : un chœur angélique n’a illuminé la nuit que pour une poignée de bergers isolés.

La manière dont Jésus est arrivé, sa vie parmi des Juifs du terroir et son exécution finale comme un criminel ont toutes les apparences d’un mauvais plan pour persuader le monde que c’est lui le Messie. Pourtant, Jean affirme : « la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jn 1.14).

La gloire dont Jean témoigne ne cadre pas avec nos conceptions humaines de la puissance et de la gloire. Quand les disciples assistent à beaucoup d’exemples miraculeux de la puissance du Christ, dans l’Évangile de Jean la plus grande démonstration de la gloire de Jésus est la croix. Jésus lui-même le dit sans détour : « ‘L’heure où le Fils de l’homme va être élevé dans sa gloire est venue… Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.’ Par ces paroles, il indiquait de quelle mort il allait mourir » (Jn 12.23, 32-33).

Le dépouillement stupéfiant de la crèche nous dirige vers l’humiliation de la croix. Telle est notre étrange espérance, elle est d’un autre monde : la Parole qui est née comme un enfant désarmé est le Sauveur qui est venu subir la mort d’un criminel – pour nous. Quand nous le recevons, dit Jean, nous entrons dans sa vie et dans sa lumière.

Parfois, je me retrouve parmi ces disciples de Jésus qui se débattent encore avec des questions (p.ex. Mt 28.17 ; Mc 9.24 ; Jn 20.24-29). Quand c’est le cas, je reviens à Jean 1.14. Les disciples avaient vu et côtoyé Jésus. Ils avaient mangé avec lui, voyagé avec lui, pêché avec lui, ri avec lui, pleuré avec lui – avec Dieu, face à face. Dans sa vie, sa mort et sa résurrection, Jésus les a si profondément transformés qu’ils étaient prêts à tout abandonner pour souffrir et même mourir pour lui. Cette réalité dissipe mes doutes.

Je pense aussi au miracle que nous célébrons le soir de Noël : Jésus, ce nouveau-né dans une crèche qui était « de condition divine » et qui « s’est dépouillé lui-même » pour nous (Ph 2.6-7). Je pense à l’enfant Jésus qui a grandi et qui est mort, et qui s’est relevé pour mes péchés, pour m’offrir l’espoir véritable, et tout renouveler. Dans ces moments, Jésus, fidèle et authentique, le chemin, la vérité et la vie, m’apparaît sous un jour nouveau (Ap 19.11 ; Jn 14.6). L’Avent nouveau.

—Marlena Graves

Méditez sur Jean 1.1-18

. (On peut aussi aller lire Jean 12.23-36 et Philippiens 2.6-11.) Méditez sur le mystère et la splendeur de l’incarnation. Quelles réactions d’ordre spirituel – comme l’adoration, la confiance, l’espérance – sont éveillées en vous ?

Vendredi : Le dernier Noël

Lectures du jour : Ésaïe 9.5-6 ; Luc 2.4-7 ; 1 Pierre 1.3-5, 13

Hérode et le diable ont essayé d’empêcher Noël d’avoir lieu : l’arrivée de celui qui est le Roi des rois est une perspective effrayante pour eux. Mais Noël est venu quand même. Satan n’a pas pu entraver les plans de Dieu qui étaient décidés de toute éternité. Il n’a pas pu empêcher le Christ de naître. Il n’a pas pu empêcher Jésus de mourir sur la croix. Il n’a pas pu empêcher le Christ d’être relevé d’entre les morts. Il n’a pas pu empêcher le Christ de bâtir son Église. Il n’a pas pu empêcher le Christ de vous sauver. Et Satan ne peut pas empêcher le Christ de vous ramener dans la maison du Père. Vous avez placé votre confiance dans le Roi qui non seulement est venu mais qui reviendra un jour.

En ce jour de Noël, alors que nous fêtons la naissance du Christ, nous nous intéressons au motif de sa venue. Et nous nous rappelons aussi qu’il y a un autre Noël à venir. Le Seigneur notre Dieu n’en a pas encore fini.

Quoi qu’en disent les contradicteurs, Jésus va revenir. Quoi qu’en disent ceux qui doutent, Jésus va revenir. Quoi qu’en disent les sceptiques, Jésus reviendra. Comme le dit l’Écriture : « Le voici qui vient avec les nuées. Tout œil le verra » (Ap 1.7).

Chers amis, souvenons-nous : chaque Noël est un Noël plus proche de ce dernier Noël où le Seigneur lui-même descendra du ciel avec une voix forte et avec les voix des anges et les trompettes de Dieu (1 Th 4.16). Si vous pensez que c’était retentissant et glorieux lorsque les anges ont annoncé sa naissance aux bergers, attendez donc sa Seconde Venue !

Pour ceux qui ne croient pas, la venue du Christ sera terrible. Mais pour ceux qui mettent leur confiance dans le Christ, sa venue sera un bonheur. Nous disons : « Viens, Seigneur ! » Maranatha ! (1 Co 16.22). Même si nous ne savons ni quand ni comment il viendra, nous prions : Viens, Seigneur Jésus, viens. Nous, ton peuple, nous t’attendons. Nous voulons être trouvés fidèles. Nous voulons persévérer. Viens, Seigneur Jésus.

En ce jour de Noël, nous célébrons le mystère de l’incarnation. Nous nous unissons aux bergers qui se sont empressés d’aller voir le petit enfant dans la crèche, glorifiant et louant Dieu. Nous adorons avec les mages qui se sont prosternés devant l’enfant Jésus. Nous nous réjouissons de la bonne nouvelle de la grâce pour laquelle Jésus est venu, est mort, est ressuscité. Nous vivons dans l’espérance. Et nous nous rappelons que ce Noël nous rapproche de ce glorieux Noël ultime que nous attendons. Avec tout ce qui nous est donné, nous chantons : « Viens, Seigneur Jésus, viens. »

—Anthony Carter

Cet article est adapté d’un sermon donné par Anthony Carter le 24 décembre 2017. Avec autorisation.

Reparcourez Ésaïe 9.5-6 ; Luc 2.4-7 et 1 Pierre 1.3-5, 13.

Méditez sur la prophétie d’Ésaïe à la lumière de la première venue et de la Seconde Venue que nous attendons. En quoi votre espérance du retour et du règne éternel du Christ approfondit-elle votre compréhension de sa naissance ? Comment peut-elle enrichir votre célébration de Noël ?

Auteurs :

Quina Aragon est une auteure est une artiste orale. Parmi ses livres pour enfants, signalons Love Made et, à paraître, Love Gave (février 2021).

Anthony Carter est premier pasteur de East Point Church à East Point, en Georgie. Ses deux livres sont Running for Mercy et Black and Reformed.

Marlena Graves est auteure et professeure adjointe. Elle est l’auteure de The Way Up Is Down et de A Beautiful Disaster.

Traduit par Philippe Malidor

Semaine de l’Avent 3: Emmanuel, Dieu avec nous

Méditations quotidiennes pour Christianity Today.

Christianity Today December 12, 2020
Illustration by Jared Boggess

Sauter à la lecture quotidienne : Dimanche | Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi

Dimanche: La grandeur et la grâce

Lecture du jour : Matthieu 1.1-17

Au cours de l’Avent, alors que nous cherchons à rencontrer le Christ et à l’adorer, nous le cherchons souvent dans l’étoile brillante qui a conduit les mages vers le miracle de la mangeoire. Nous recherchons le Christ dans les présents que sont l’or, l’encens et la myrrhe. Nous le cherchons dans la cohorte céleste des anges qui chantent pour les bergers veillant sur leurs troupeaux pendant la nuit.

On ne pense pas souvent à rechercher Jésus dans sa généalogie. C’est là qu’on voit figurer de grands hommes comme Abraham, le père des croyants, le roi David, le guerrier et l’homme pieux. Pourtant, la généalogie du Messie ne fait pas seulement ressortir la grandeur mais aussi la grâce. Son ascendance ne donne pas seulement les noms des grands chefs mais aussi ceux auxquels on s’attend le moins : des gens improbables comme Tamar, une femme impure ; Ruth, une étrangère de Moab ; et Rahab, qui travaillait surtout la nuit…

Une généalogie n’est pas simplement une liste de noms qu’on survole et qu’on zappe. Les généalogies sont des paragraphes de paradoxes qui renvoient au Dieu de l’impossible. Un Dieu qui, pour notre Messie, avait eu l’idée de le faire descendre d’une lignée de rois et de têtes couronnées mais aussi de criminels et d’exclus.

La généalogie de « Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » nous invite non seulement à méditer sur le fait que Dieu a choisi des gens, des lieux et des procédés parmi les plus invraisemblables afin d’accomplir ses projets pour son peuple ; elle nous donne aussi une récapitulation des promesses et des prophéties venant du cœur d’un Dieu fidèle qui a accompli l’avenir même qu’il avait annoncé. Plus qu’un simple résumé rempli de noms, la généalogie de Matthieu révèle la prophétie réalisée d’un Messie qui « poussera de la souche d’Isaï » (ou Jessé ; És 11.1) et l’accomplissement de la promesse de Dieu faite à Abraham : « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta descendance », et celle-ci « sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel » (Gn 22.16, 17).

Alors, attardez-vous sur cette liste de noms. Laissez-la vous conduire dans la sanctification, là où il faut persévérer entre la naissance du Christ et son retour. Qu’elle vous rappelle que nous pouvons avoir confiance en la Parole de Dieu et en sa promesse de tirer du bien de nos vies improbables et, ultimement, de tirer du bien de ce monde improbable. Alors, prenez le temps de regarder la lignée du Christ, de remercier Dieu pour tout ce qu’il a fait, tout en attendant ce qui est à venir, dans une espérance ardente et persévérante.

Rachel Kang

Méditez sur Matthieu 1.1-17

. Prenez le temps de réfléchir aux histoires de Tamar (Gn 38), Ruth (Rt 1.1-5 ; 4.13-22), Rahab (Jos 2), David (2 S 23.1-4) et Abraham (Gn 22 ; Rm 4.1-3). En quoi la généalogie de Jésus renvoie-t-elle à son projet ? Comment augmente-t-elle votre confiance en Dieu ?

Lundi: Tenir bon

Lecture du jour : Luc 1.5-25v

Dans une société de l’instantané où on peut commander quelque chose sur Internet et l’avoir dans l’heure qui suit, on a souvent du mal à attendre. Pourtant, comme l’a dit Simone Weil, « L’attente patiente dans l’espérance est le fondement de la vie spirituelle. »

Zacharie et sa femme, Elizabeth, avaient attendu pendant très longtemps. « Ils n’avaient pas d’enfant, parce qu’Elisabeth était stérile, et ils étaient l’un et l’autre d’un âge avancé » (Lc 1.7). « Zacharie » évoque celui dont le Seigneur se souvient. L’ironie est amère ici, car bien que son nom signifie le Seigneur se souvient, dans toutes ces longues années d’attente, on avait plutôt l’impression que le Seigneur l’avait oublié.

Mais en Luc 1.5-25, tout change. L’ange Gabriel apparaît à Zacharie et dit : Tu vas avoir un fils. Cette annonce est si incroyable, si stupéfiante, que la réponse de Zacharie est : Ce n’est pas possible. C’est difficile pour Zacharie de croire que cela va arriver. Et parce qu’il ne croit pas, Zacharie attrape une sorte de laryngite angélique pour les neuf mois qui suivent jusqu’à la naissance de son fils.

L’histoire de Zacharie et Elizabeth nous rappelle qu’une attitude fidèle dans l’attente, c’est la prière. Gabriel dit à Zacharie : « ta prière a été exaucée » (v.13). Cette affirmation nous permet d’imaginer comment Zacharie et Elizabeth se sont comportés pendant ces longues années de déception : ils ont persévéré dans la prière. Ils ont prié même quand les choses ne se déroulaient pas comme ils l’attendaient. Ils se sont accrochés à Dieu, même dans un contexte de mépris social, de déception et de désespérance.

Certes, leur attente n’a pas été parfaite. Il suffit de lire le verset 20 : « tu n’as pas cru à mes paroles qui s’accompliront au moment voulu » (c’est moi qui souligne). Malgré le manque de foi de Zacharie, Dieu a quand même accompli le miracle. L’Avent nous rappelle que même si notre foi n’est pas toujours forte, Dieu est assez fidèle pour intervenir. Nous pouvons douter, déprimer, être découragés, ou avoir envie de laisser tomber, pourtant Dieu fait grâce et il intervient.

L’histoire de Zacharie et Elizabeth est belle mais elle nous laisse sur notre faim. Elle est belle parce que leur attente interminable… se termine, avec une prière exaucée. Mais elle nous laisse sur notre faim parce que nous savons que nos prières ne sont pas toutes exaucées de la même manière. Telle est la complexité de l’Avent – souffrance humaine et grâce divine – et il faut tenir les deux ensemble. Que ce soit dans cette vie ou dans la vie à venir, nous savons que Dieu fera toutes choses nouvelles. Alors, avec Zacharie et Elizabeth, on tient bon.

Rich Villodas

Cet article est adapté d’une prédication de Rich Villodas donnée le 8 décembre 2019. Avec autorisation.

Méditez sur Luc 1.5-25.

Sur quels modes pourriez-vous vous mettre dans la peau de Zacharie ou sympathiser avec sa situation ? Ce récit, que vous révèle-t-il sur Dieu, sur la souffrance, sur l’attente ?

Mardi: Une partie de l’histoire

Lecture du jour : Luc 1.26-38

Aujourd’hui, Marie est formidablement célèbre, mais il fut un temps où elle était totalement inconnue. C’était juste une paysanne adolescente de Nazareth, une localité dont certains spécialistes disent qu’elle comptait peut-être moins de 100 habitants. Comme ses camarades, Marie était probablement illettrée. Compte tenu de son statut social, elle avait toutes les chances de faire un mariage modeste, avec un ouvrier pauvre. Leur famille était vouée à connaître parfois la faim, du fait qu’il n’y aurait pas assez pour joindre les deux bouts.

Quand le Dieu de l’univers décida de prendre contact avec [PhM1] , il n’a pas abordé une jeune femme de haut rang. Au contraire, il s’est approché d’une paysanne illettrée dans un tout petit village. La généalogie de Jésus (Mt 1.1-17) nous montre que nous n’avons pas à faire partie d’une race particulière ni à être « du sérail » pour être intégrés à l’histoire de Dieu. Et quand on considère Marie, on voit qu’il n’y a pas besoin d’être riche, citadin, très cultivé ou très bien placé dans la société. On peut être tout à fait modeste et faire partie de cette histoire éternelle.

Quelle est la seule qualification que Dieu paraît exiger ? Quand l’ange Gabriel s’est présenté à Marie pour lui dire : Tu vas bientôt être la [PhM2] , Marie ouvrit son cœur et dit : Oui, qu’il en soit pour moi comme tu l’as dit. Pour être intégré à cette histoire et connaître la vie que Dieu fait naître en nous, tout ce qu’il faut, c’est dire oui. Nous devons accepter l’action du Saint-Esprit en nous.

Récemment, j’ai prononcé ce que j’appelle la Prière d’Acceptation. Je la formule ainsi : Saint-Esprit, j’accepte que tu agisses en moi, et je lâche prise sur mon désir de sécurité, d’affection et de reconnaissance, de puissance et de maîtrise. Telle était l’essence du oui de Marie à Dieu. Elle a lâché prise sur la sécurité, l’affection et la reconnaissance, la puissance et la maîtrise. La conséquence, c’est que sa réputation allait être entachée pendant le reste de son existence. Un jour, elle verrait qu’on se moquerait de son fils, qu’on lui cracherait dessus, qu’on le battrait et qu’on l’attacherait à une croix romaine. Ce serait comme une épée qui lui transpercerait l’âme (Lc 2.35). Et pourtant, elle dit oui.

Comme Marie, puissions-nous prier ainsi : « Saint-Esprit, je dis oui à ton action en moi. » Que la vie de Dieu puisse naître en nous. Puissions-nous jouer notre rôle dans le grand récit divin, pour l’éternité.

Ken Shigematsu

Cet article est une adaptation d’une prédication que Ken Shigematsu a prononcée le 25 décembre 2019. Avec autorisation.

Méditez sur Luc 1.26-38

. Si vous disiez oui comme Marie, quelle forme cela pourrait-il prendre ? Consentir à l’action de l’Esprit en vous ? Priez, accueillez l’œuvre de Dieu dans votre vie.

Mercredi: Espérer quand l’avenir s’effondre

Lecture du jour : Matthieu 1.18-24

Qu’est-ce que Joseph attendait de la vie ? Nous ne savons pas grand-chose de ce charpentier qui a vécu il y a si longtemps. Matthieu nous dit qu’il était juste et fidèle. Nous voyons d’emblée qu’il était compatissant, cherchant à protéger Marie alors même que son avenir s’effondrait. Joseph savait faire des sacrifices quand il s’agissait du devoir : devenir l’époux de Marie et le père de Jésus dans des circonstances inquiétantes. Par la suite, il dut fuir en Égypte, laissant derrière lui la famille et la maison, et travailler pour protéger ce tout petit garçon qui n’était pas le sien (Mt 2.13-15).

Nous avons un aperçu de Joseph au travers de ses choix, mais j’aurais aimé en savoir davantage. Les étranges nouvelles données par l’ange, que signifiaient-elles pour lui, et comment a-t-il pu s’y retrouver ? Joseph avait-il espéré se marier et fonder une famille ? Était-il amoureux de Marie, ou bien les fiançailles avaient-elles été arrangées par ses parents ? Le jour où il apprit qu’elle était enceinte, est-ce qu’il était consterné ? ou irrité ? ou écœuré par le retard et les complications entraînées par un divorce ?

On ne saura jamais avec certitude ce que Joseph attendait de la vie, mais ce n’était certainement par ceci : une fiancée qui tombe enceinte, un enfant à naître qui n’était pas le sien, toute une vie de commérages et d’insultes en perspective. Qui allait croire à l’histoire de l’ange ? Vous l’auriez crue ? Et lui, alors ?

Peut-être qu’il n’y croyait pas, ou pas totalement. La plupart d’entre nous n’y auraient pas cru, n’auraient pas voulu y croire, même en faisant de gros efforts. On faisait des enfants exactement comme aujourd’hui. Peut-être que Joseph luttait contre des doutes récurrents, faisant éventuellement la même prière qu’un autre père de la Bible : « Je crois, [Seigneur], viens au secours de mon incrédulité ! » (Mc 9.24).

Quoi que Joseph ait attendu de la vie, du mariage et de la paternité, nous savons que la marche à escalader était plus haute que prévu. Et pourtant, il est allé de l’avant. Joseph sut se tourner résolument vers l’espérance à long-terme selon laquelle Dieu se révélerait fidèle et véritable, qu’une rédemption lointaine serait assez puissante pour retourner toute cette souffrance et toute cette noirceur, toute cette énorme déception.

Ils donnèrent au fils de Marie le nom de Jésus, un nom courant, croyant aussi qu’il portait un autre nom : Emmanuel, et croyant que cette scandaleuse histoire de naissance serait rachetée par le scandale divin, « Dieu avec nous ». Joseph pariait sa vie, son avenir et son identité sur l’hypothèse que Dieu serait fidèle ; et que ce garçon ordinaire, source de tant de déception initiale et de bouleversements dans sa vie, était véritablement l’espérance du monde.

Catherine McNiel

Lire Matthieu 1.18-24

, en faisant travailler, dans la prière, votre imagination pour entrer dans l’histoire de Joseph. Qu’a-t-il pu penser ou éprouver ? Que nous montre-t-il sur la fidélité et l’espérance ?

Jeudi: Un chant de miséricorde et de justice

Lecture du jour : Luc 1.39-56

En Luc 1.39-56, Marie quitte sa localité d’origine pour passer du temps avec sa parente, Elizabeth. Quand elle arrive chez elle, elle apprend qu’Elizabeth est enceinte elle aussi. Et quand Elizabeth voit Marie, l’enfant qui est dans son ventre remue de joie. Elizabeth dit : « Marie, tu es bénie par Dieu. » Elle proclame et confirme les paroles de Dieu à Marie.

Et, tellement heureuse de cette rencontre, Marie se met à chanter. Elle éclate de joie sans retenue. Elle chante la bonté de Dieu, puis s’attarde sur la miséricorde de Dieu. Elle dit : « sa bonté s’étend sur ceux qui le craignent » (v.50). Elle chante : « Il a secouru Israël, son serviteur, et il s’est souvenu de sa bonté » (v.54).

Nous avons tendance à penser à la miséricorde d’une manière limitée, comme d’apporter quelque soulagement à quelqu’un qui souffre. Mais dans l’Écriture, la miséricorde va plus profond et plus loin que cela. Certes, elle parle de compassion, mais elle parle aussi de la loyauté de Dieu envers son peuple et de son amour acharné pour lui.

Le cantique de Marie est aussi un chant de justice. Elle chante : « il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses… Il a rassasié de biens les affamés et il a renvoyé les riches les mains vides (v.51, 53). Quand Marie chante, ce qu’elle dit pour l’essentiel, c’est : La justice de Dieu arrive.

Bibliquement parlant, la notion de justice évoque Dieu qui prend tout ce qui va mal dans le monde et qui le redresse. Dans le royaume de Dieu, tout est renversé. Les petits sont désormais les plus grands. Les derniers sont désormais les premiers. La justice, c’est Dieu qui prend tout ce qui est brisé et qui recolle les morceaux. Au cours de l’Avent, une période d’attente ardente, nous attendons que Dieu remette tout d’aplomb. Et cela, c’est un thème capital du cantique de Marie : Seigneur, remets tout en place.

Le cantique de Marie nous rappelle qu’il n’est pas de péché assez profond pour que Dieu n’aille pas encore plus profond. La bonne nouvelle de l’Avent, c’est que Dieu est venu et que Dieu vient en la personne de Jésus – et il propose une miséricorde qui va plus profond que notre péché. Le cantique de Marie nous rappelle aussi qu’il n’y a rien de si tordu dans le monde que la justice de Dieu ne puisse aller le redresser. Voilà pourquoi nous chantons : à cause de la miséricorde de Dieu, à cause de sa justice. Voilà pourquoi nous attendons que Jésus revienne : parce que, quand il reviendra, il rendra toutes choses nouvelles.

Rich Villodas

Cet article est adapté d’une prédication donnée par Rich Villodas le 5 décembre 2019. Avec autorisation.

Méditez sur Luc 1.39-56

. Comment le cantique de Marie, dans son accent marqué sur la miséricorde et la justice de Dieu, parle-t-il aujourd’hui dans votre vie ? En quoi apporte-t-il une espérance à notre monde qui souffre ?

Vendredi: La lumière et le roi

Lectures du jour : Ésaïe 9.1-6 ; 40.1-5 ; Luc 1.57-80 ; 3.1-6

Zacharie et Elizabeth ont appelé leur enfant Jean, ce qui signifie : « Dieu a fait grâce, il nous a témoigné sa faveur ». Rempli du Saint-Esprit, Zacharie prophétise sur son propre fils : « …tu marcheras sous le regard du Seigneur pour préparer ses chemins et pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon de ses péchés, à cause de la profonde bonté de notre Dieu. Grâce à elle, le soleil levant nous a visités d’en haut pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas sur le chemin de la paix » (1.76-79).

Quand on se transporte en avant vers la vie adulte de Jean le Baptiste, nous voyons que c’est exactement ce qu’il fait. Luc rapporte ceci :

…Jean parcourut toute la région du Jourdain ; il prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés, conformément à ce qui est écrit dans le livre des paroles du prophète Ésaïe : C’est la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits.’ Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées ; ce qui est tortueux sera redressé et les chemins rocailleux seront aplanis. Et tout homme verra le salut de Dieu. (3.3-6)

Ces notions reprises d’Ésaïe sur les vallées, les collines et les routes reprofilées pour préparer le chemin étaient, dans le monde antique, associées à l’arrivée d’un personnage royal. Et, de fait, le ministère de Jean était tendu vers une seule chose : affirmer qu’un roi était sur le point d’arriver.

La prophétie de Zacharie sur son nouveau-né intègre une paraphrase d’un autre passage d’Ésaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière a brillé » (9.1). Les gens qui ont entendu Zacharie prophétiser en ces termes savaient exactement de quoi parlait le passage d’Ésaïe : la promesse de l’arrivée d’un roi. Cela fait partie du même passage bien connu qui annonce : « En effet, un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et la souveraineté reposera sur son épaule… [pour le] trône de David » (v.5-6).

C’est là une immense espérance qui nous est offerte. Nous aimerions bien croire que nous pouvons fabriquer par nos propres efforts la paix et la joie auxquelles nous aspirons, mais l’histoire de Jean le Baptiste et les paroles de Zacharie et Ésaïe affirment solennellement que la paix et la joie que chaque humain attend ne seront pas réalisées avant l’arrivée du roi. Jean le Baptiste a littéralement donné sa vie pour proclamer cette vérité, afin d’aider les gens à voir une lumière qui s’apprête à briller dans les ténèbres.

Jay Y. Kim

Cet article est adapté d’une prédication de Jay Y. Kim prononcée le 9 décembre 2018. Avec autorisation.

Examinez Luc 1.57-80

en rapport avec

Ésaïe 9.1-6 ; 40.1-5

et

Luc 3.1-6.

Quelles parties de la prophétie de Zacharie ressortent le plus pour vous ? Comment ces passages font-ils passer l’espérance de l’Avent ?

Samedi: Un Dieu tangible

Lecture du jour : Luc 2.1-7

On a dit que les dieux du monde antique vivaient en dehors de l’espace et du temps, sur un registre différent de notre existence mortelle, inatteignables. Sur terre, dans l’espoir d’entr’apercevoir la divinité, les anciens avaient établi des sanctuaires – un arbre ou une montagne sacrée, un temple ou une cité sainte – qui, croyaient-ils, existaient dans les deux domaines, tels une fenêtre sur le ciel. Les gens se déplaçaient vers ces lieux saints les jours consacrés, croyant que le divin et le terrestre pourraient presque se recouper en un moment sanctifié.

Luc a bien du mal à faire comprendre que cette histoire, ce Dieu, ce mélange de divin et d’humain n’ont rien à voir avec ça. Le Créateur arrive ici, dans notre monde boueux, poussiéreux, matériel, tourmenté, terrible. Comme une sage-femme qui note soigneusement la date et le lieu de naissance, Luc dit explicitement que la naissance [PhM3] de Dieu interrompt un événement particulier, le recensement romain, dans un lieu particulier, la ville de Bethléem, dans une famille particulière, la maison de David. Jésus est né dans l’histoire, d’une femme bien précise, exactement à telle date et en tel lieu. On pourrait vite passer sur ces détails locaux, mais pour des lecteurs issus du monde païen, ce que Luc énonce pourrait prêter à confusion.

En cette nuit, Dieu ne vient pas comme les dieux anciens, sur un nuage ou dans une tempête, son pouvoir intouchable à peine aperçu au travers d’un miroir sacré. Au contraire, [PhM4] Dieu tombe dans les bras de sa mère, débarquant sur cette terre comme chacun de nous. Pendant des mois elle l’a porté, pendant des heures elle a été en travail, avec la souffrance, le sang, les douleurs, poussant jusqu’à ce que le Fils de Dieu vienne parmi nous ; c’est un nourrisson, vulnérable, fripé, et humide. Épuisé par l’épreuve et maintenant endormi mais bientôt réveillé et criant de faim.

Voilà l’incroyable nouvelle de Luc : le vrai Dieu s’est approché de nous physiquement, tangiblement, de manière à ce que nous puissions voir de nos yeux et toucher de nos mains. Dieu est arrivé dans un village où nous pourrions aller, en une année dont nous pouvons nous souvenir. La divinité a pris chair dans le ventre d’une femme, faisant irruption dans un couple, dans une nuit et dans un village, comme toute autre naissance. Dieu, nous ne le rencontrons plus dans des endroits sacrés et dans des domaines spirituels mais ici, sur la terre ferme, dans la crasse, dans nos familles de chair et de sang.

Cette idée choque, même pour nous des siècles plus tard. Il n’y a plus de séparation entre le sacré et ce monde. Nos vies quotidiennes tourmentées sont exactement le lieu où Dieu se trouve, là où il agit. C’est un Dieu que nous pouvons toucher.

Catherine McNiel

Réfléchissez à partir de Luc 2.1-7

, en examinant les détails utilisés par Luc pour situer cet événement dans l’espace et le temps. Pourquoi est-ce significatif ? Qu’est-ce que cela fait ressortir pour vous quant à Dieu ? Quant à l’Avent ?

Les auteurs :

Rachel Kang a écrit de la prose, des poèmes et autres œuvres ; elle a créé Indelible Ink Writers, une communauté de créateurs en ligne.

Jay Y. Kim est pasteur responsable de la formation à WestGate Church, professeur en poste à Vintage Faith Church et auteur de Analog Church. Il vit avec sa famille dans la Silicon Valley.

Catherine McNiel est auteure et conférencière. Elle est l’auteure de All Shall Be Well et Long Days of Small Things.

Ken Shigematsu est pasteur principal de Tenth Church à Vancouver, en Colombie Britannique, au Canada, et l’auteur de God in My Everything et de Survival Guide for the Soul.

Rich Villodas est pasteur principal de New Life Fellowship, une Église multiraciale du Queens, à New York. Il est l’auteur de The Deeply Formed Life.

Traduit par Philippe Malidor

Books

Le conflit du Caucase viendra-t-il aussi en France ?

Le président de la Fédération des Églises Évangéliques Arméniennes d’Europe explique que des membres des diasporas turque et azérie menacent les quartiers où les Arméniens sont implantés, faisant de l’amour chrétien un véritable défi pour lui.

Des Français d'origine arménienne et leurs soutiens manifestent à Paris.

Des Français d'origine arménienne et leurs soutiens manifestent à Paris.

Christianity Today December 8, 2020
Gilbert Léonian

Tout au long de la guerre de six semaines qui a eu lieu dans le Haut-Karabakh, la diaspora arménienne a cherché à assurer un soutien à cette ancienne patrie montagneuse du Caucase que les Arméniens appellent Artsakh.

Au total, ils ont offert plus de 125 millions d’euros en aide économique et humanitaire.

En Californie, ils ont créé des blocages du trafic routier pour protester contre le manque de couverture médiatique.

Au Liban, ils ont suspendu des bannières contre l’agression azérie et turque.

Et en France, leur pression sur le Sénat a été couronnée de succès puisqu’ils ont obtenu une résolution non-contraignante reconnaissant l’indépendance de l’Artsakh. (La législation internationale reconnaît en effet le Haut-Karabakh comme un territoire azéri.)

Ce vote symbolique a fâché l’Azerbaïdjan qui a demandé que la France sorte du Groupe de Minsk, co-présidé par elle-même aux côtés de la Russie et les États-Unis et chargé de superviser les négociations avec l’Arménie depuis 1994. La Turquie, pour sa part, cherche à prendre un rôle de premier plan.

Mais les conséquences de cette situation se manifestent bien au-delà des politiques régionales. La controverse pourrait même menacer la paix sociale française, au moment même où le Président Emmanuel Macron lance une campagne contre le « séparatisme » islamique.

L’Azerbaïdjan, mais surtout la Turquie, son alliée, ont en effet une importante diaspora répartie dans toute l’Europe. Ainsi, début novembre, des Azéris et des Turcs ont mené des manifestations dans des quartiers arméniens de la région lyonnaise, allant jusqu’à vandaliser le mémorial du génocide arménien.

En conséquence, la France a dissout l’un des groupes les plus violents, appelé les « Loups gris ».

Pour mieux évaluer la situation, nous nous sommes adressés à Gilbert Léonian, un pasteur basé en région parisienne et président de la Fédération des Églises Évangéliques Arméniennes d’Europe. Parmi les quelques 500 000 Français d’origine arménienne vivant en France, environ 3% sont évangéliques. Ils célèbrent leur culte dans neuf Églises.

Gilbert Léonian a étudié à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine, près de Paris. Il se souvient y avoir lu des numéros de Christianity Today dans les années 1970, alors qu’il étudiait la théologie systématique avec Henri Blocher, théologien évangélique renommé.

Gilbert Léonian et son épouse devant leur église en région parisienne.Gilbert Léonian
Gilbert Léonian et son épouse devant leur église en région parisienne.

Il nous parle des relations entre les diverses communautés ethniques, de ses peurs par rapport au sort des églises du Haut-Karabakh et de ses luttes personnelles pour aimer ses voisins azéris et turcs :

Gilbert Léonian, dans quelle mesure les communautés arménienne, turque et azérie sont-elles intégrées dans la société française ? Maintiennent-elles leur foi respective ?

Les premiers Arméniens sont arrivés en France au début des années 1920 suite au génocide de 1915-1918.

Les autres ont rejoint la France avec différentes vagues migratoires dues à l'insécurité qui régnait dans leur pays d'origine : Liban, Syrie, Turquie, Iran et, plus récemment, suite au tremblement de terre de 1988 en Arménie.

A ce jour, la population arménienne est principalement établie en France selon un axe sud-nord, depuis le port de Marseille, où la majorité des premiers immigrants arméniens sont arrivés et se sont installés, jusqu’à Paris, via Lyon, la seconde plus grande agglomération de France.

Le peuple arménien est profondément religieux. Il est le premier peuple de l'histoire de l'Église à avoir accepté le christianisme comme religion d'État en 301, 12 ans avant l'Édit de tolérance de l'empereur Constantin 1er en 313. En France, en plus de la minorité évangélique, 90% des Arméniens appartiennent à l’Église apostolique (orthodoxe) arménienne qui compte 24 Églises. Les catholiques représentent 7% de la population arménienne avec 5 Églises. Très peu d’Arméniens se disent athées.

Nous constatons cependant en France une grande sécularisation de la pratique religieuse, conformément à la tendance générale en Europe. Pour beaucoup d'Arméniens, l'Église est plus le lieu, en diaspora, du maintien de l'identité et de la culture arménienne, plutôt qu'un lieu de ressourcement de la piété chrétienne.

Concernant les Turcs et les Azéris, il y a environ 800 000 Turcs et 50 000 Azéris en France. D’une manière générale, ils essaient d'éviter de vivre à proximité des Français d'origine arménienne. Mais on les retrouve dans les grandes villes et un peu partout en France.

Toutes les études et tous les médias citent les Arméniens comme un exemple d'intégration réussie. Le Français d'origine arménienne le plus célèbre est le chanteur Charles Aznavour.

Par contre, les Turcs et les Azéris vivent souvent dans un certain repli identitaire et communautariste. Ils sont très attachés à leur religion musulmane.

La France compte 2 500 mosquées et lieux de culte musulmans et 800 imams, dont 300 n’ont pas la nationalité française. La moitié de ces derniers sont turcs et payés comme des fonctionnaires par l’État turc. Le précédent secrétaire général de l’organisation représentant le culte musulman en France était d’origine turque.

Cela donne une certaine idée de l’influence turque en France.

Quelles relations existe-t-il entre les Arméniens et les autres communautés ethniques ?

Dans la mesure où les gouvernements turcs successifs n'ont pas reconnu le génocide de 1,5 millions d'Arméniens en 1915, cette blessure n'est toujours pas guérie. La majorité des Arméniens gardent une profonde amertume et une profonde haine face à cette injustice.

Pour sauver leurs vies, les membres de ma propre famille ont fui les massacres en passant par la Syrie. Ils sont arrivés à Marseille en 1922, traumatisés et ayant tout perdu.

Mes parents, moi-même, mes enfants et petits-enfants sommes nés en France. Nous avons fait un long chemin d'intégration depuis cinq générations.

Au fond de moi, tout en étant chrétien né de nouveau et pasteur, sans chercher à cultiver la haine et la vengeance, j'avais toujours au fond de moi une distance vis à vis des Turcs et de tout ce qui est turc.

Et puis, un jour, ce mur est tombé.

Grâce à la prière et à la compassion que Dieu a déversée dans mon cœur, j'ai commencé un chemin de dialogue dans le but d'arriver un jour à une réconciliation fondée sur la vérité. Et Dieu a mis sur mon chemin un pasteur turc qui a reconnu l'horreur du génocide et qui a demandé pardon au peuple arménien en se mettant à genoux devant toute l'assemblée de mon Église.

En 2020, avec des amis turcs de ma région, nous devions aller visiter, le village de nos grands-parents en Cilicie, afin de continuer sur ce chemin de guérison intérieure. La COVID -19 nous en a empêchés.

Mais, après les horreurs commises dernièrement par les dirigeants de la Turquie et de l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, la douleur du génocide s'est à nouveau réveillée en moi. J’ai le sentiment que ce chemin de dialogue s'est à nouveau éloigné de moi, et pour très longtemps.

Plusieurs groupes de chrétiens ont une véritable vision de Dieu pour faire connaître l'Évangile de Jésus-Christ au peuple turc. Je ne peux que les encourager à le faire et prier pour eux.

Que s’est-il passé durant cette manifestation de Turcs en région lyonnaise ?

L'impensable s'est produit à Décines, une ville près de Lyon à forte densité arménienne. Le 1er novembre 2020, environ 250 Turcs appartenant à un parti extrémiste ont défilé dans la rue principale de la ville en scandant des slogans anti-arméniens très violents. C’était comme une véritable chasse à l'homme. Quelques jours plus tard, en pleine nuit, ils ont tagué, toujours à Décines, les murs du Musée du patrimoine arménien, ainsi que le monument en souvenir des victimes de 1915. Ce type de manifestation haineuse s'est reproduit dans la ville de Vienne, au Sud de Lyon, une autre ville avec une importante population arménienne.

Après nous avoir chassés de nos terres, il y a 100 ans, ils nous pourchassent dans cette terre d'accueil qu'est la France, notre nouvelle patrie. Tous les édifices publics arméniens, dont les églises, les écoles, les centres culturels, etc… ont été placés sous surveillance policière dans toutes les villes de France, là où réside une forte communauté arménienne.

L'église de Gilbert Léonian en région parisienne.Gilbert Léonian
L’église de Gilbert Léonian en région parisienne.

Comment la communauté arménienne a-t-elle réagi à ce genre d’événement ?

Comme à leur habitude, les Arméniens ont réagi par des moyens pacifiques. Partout des meetings et des marches de protestation ont été organisés pour dénoncer le massacre des Arméniens dans le Haut-Karabakh.

A Paris, nous étions près de 20 000 personnes.

Nous avons aussi alerté le Président Emmanuel Macron, nos élus, les médias.

Dans plusieurs villes de France, dont la mienne à Alfortville, près de Paris, nous avons organisé des veillées de prières œcuméniques en faveur de la paix, avec notamment des apostoliques et évangéliques arméniens, des catholiques français et des maronites libanais.

Les officiels azerbaïdjanais déclarent qu'une fois qu'ils auront regagné la souveraineté sur le Haut-Karabakh, ils ne feront pas de mal aux citoyens arméniens. Comment voyez-vous la situation ?

Je reste très pessimiste sur la sécurité des quelques Arméniens qui vont demeurer dans la partie libre du Karabakh. Comment peut-on faire confiance à un chef de gouvernement qui s'est pavoisé en disant : « Nous avons enfin chassé ces chiens d'Arméniens ! »

Mon cœur saigne lorsque je vois dans les médias que les Arméniens qui fuient la zone occupée par les Azéris brûlent la maison qu'ils ont construite de leurs propres mains, afin qu'elle ne tombe pas aux mains des conquérants azéris.

Il ne faut pas nous faire d’illusions : les évènements dramatiques de Conflans-Sainte Honorine où un professeur d'histoire a été égorgé le 16 octobre 2020 devant son collège suite à son cours sur la liberté d'expression, et de Nice où trois fidèles catholiques ont, eux aussi, été égorgés pendant qu'ils priaient dans la cathédrale de la ville le 29 octobre, sont le fruit de la même idéologie fanatique à l'œuvre dans le carnage qu’a subi la population arménienne d'Artsakh.

Maintenant que l'accord de cessez-le-feu a été signé au détriment des Arméniens, quelles sont vos craintes ?

Tout d'abord, cette défaite ignoble et la perte des 3/4 du Haut-Karabakh sont un véritable crime contre l'humanité qui restera comme une plaie béante dans l'histoire des peuples civilisés. J'ai peur que le peuple arménien, qui a donné au cours des siècles tant de martyrs pour la cause de l'Évangile du Christ, ne se remette que difficilement de ces actes de barbarie en plein 21e siècle.

Je suis très inquiet sur la préservation des 500 églises et édifices religieux du Haut-Karabakh qui vont tomber aux mains de l'occupant. Le Haut-Karabakh est le berceau du christianisme arménien.

L'un des joyaux en grand danger est le monastère de Saint-Thaddée qui date du 12e siècle. Il est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Saint Thaddée est l'un des deux apôtres de Jésus qui ont évangélisé le peuple arménien au 1er siècle.

Et enfin je suis très préoccupé pour l'Occident. Après ce drame brutal vécu au vu et au su du monde entier, qui arrêtera le fanatisme religieux ?

Quelle est actuellement votre prière ?

Les sujets de prières sont très nombreux, car le peuple arménien est à l'agonie, et il a besoin de la solidarité du monde entier. Au lieu de cela, nous déplorons le silence coupable des autorités internationales, ainsi que le manque de courage manifesté par les Églises de toutes confessions.

Je suis pasteur, par la grâce de Dieu, au sein des Églises évangéliques arméniennes de France depuis 47 ans, et je n'ai jamais été autant ébranlé dans mon humanité et dans ma foi chrétienne que par cette guerre barbare et cette capitulation injuste.

Ma prière, c'est que Dieu manifeste sa justice, en son temps et à sa manière.

Interview et traduction par Jean-Paul Rempp, avec reportage additionnel de Jayson Casper.

Pour être informé de nos nouvelles traductions en français, suivez-nous par Facebook ou Twitter.

Semaine de l’Avent 2 : La présence de Dieu et ses promesses

Méditations quotidiennes pour Christianity Today.

Christianity Today December 5, 2020
Illustration by Jared Boggess

Sauter à la lecture quotidienne : Dimanche | Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi

Dimanche : Dieu a vu

Lecture du jour : Exode 1.1 – 3.10

L’exode d’Israël hors d’Égypte a fait travailler les imaginations d’innombrables générations. Fondamentalement, c’est une histoire d’espérance. Au début, les Israélites ne pouvaient pas s’en rendre compte. C’était une minorité méprisée, asservie par un pharaon ambitieux et rapace qui cherchait continuellement à soutirer du profit à un coût toujours moindre. Bien qu’il dépendît de leur travail, Pharaon considérait les Israélites – surtout les hommes – comme une menace potentielle. Non seulement il les exploitait jusqu’à l’os, mais il cherchait à exterminer leurs fils.

L’auteur de l’Exode commence son récit en s’intéressant aux femmes : des sages-femmes, une mère, sa fille, une servante et la fille de Pharaon. Chacune agit dans sa sphère d’influence pour résister à la politique cruelle de Pharaon. À elles toutes, elles sauvent Moïse le nouveau-né. Elles agissent avec espérance, refusant de se laisser soumettre par le régime. L’auteur décrit leurs actes de bravoure dans les termes où il décrira ensuite la manière dont Dieu sauvera la nation israélite.

Observons ces exemples : la mère de Moïse vit qu’il était beau, ce qui nous rappelle que Dieu attache du prix à chaque être humain fait à son image. Elle le plaça dans une caisse de jonc parmi les roseaux. Cette caisse (ou « panier ») fait écho au temps où Dieu sauva la famille de Noé de la mort par les eaux. Le sauvetage de Moïse préfigure la future fuite à travers la Mer des Roseaux (improprement appelée la Mer « Rouge »). La fille de Pharaon vit le coffre, vit le bébé qui pleurait et eut pitié de lui. Soudain, il y eut de l’espoir pour cet enfant condamné. Ensuite, on apprend que Dieu a vu son peuple qui souffrait, qu’il a entendu ses plaintes, et qu’il s’en est préoccupé. C’est cela qui a poussé Dieu à intervenir en envoyant Moïse pour conduire le peuple hors d’Égypte.

L’espérance chrétienne repose sur le fait que Dieu voit. Rien n’échappe à sa vigilance. Au cœur de l’Avent, se trouve l’idée que Dieu voit un monde qui est parti de travers et qu’il va faire quelque chose pour le remettre dans le droit chemin. Il peut quelquefois paraître distant de notre souffrance, mais il intervient avec cohérence pour confirmer l’alliance qu’il a conclue avec Abraham (Gn 17). C’est à cause de cette même alliance que Dieu a envoyé Jésus dans le monde.

Le récit de l’Exode nous invite à participer à l’œuvre de rédemption audacieuse de Dieu. Les femmes de ce récit n’ont pas eu d’appel du clairon venu du ciel pour les pousser à l’action. Elles ont simplement vécu comme si Dieu était capable de voir et d’agir en conséquence. Elles savaient ce qu’il était juste de faire, et elles l’ont fait.

Carmen Joy Imes

Lire Exode 1.1 – 3.10

. (On peut également lire 3.11 – 4.17 et 13.17 – 14.31.) En quoi les femmes des chapitres 1 et 2 incarnent-elles l’espérance ? Comment l’Exode peut-il enrichir notre approche de l’Avent ?

Lundi : La paix dans la tempête

Lectures du jour : Psaumes 46 et 112

Le psaume 46 affirme avec confiance : « nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée, quand les montagnes sont ébranlées au cœur des mers » (v.3). Notre monde, comme celui du psalmiste, est en plein marasme : une pandémie, une récession, de l’injustice raciale, des incendies démentiels, des ouragans, des inondations, sans oublier des élections tendues. Notre terre craque de partout et les montagnes s’effondrent dans la mer.

Ce qui me frappe dans ce psaume, c’est son incitation à la sérénité : « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu ! » (v.11). Cette sérénité n’est pas le produit dérivé de problèmes résolus. Le psalmiste reste entouré par le grondement des nations et les catastrophes naturelles. Cependant, même là, dans le tumulte, Dieu impose la sérénité. Cela rappelle Jésus qui dort à l’arrière de la barque pendant la tempête (Marc 8.23-27). Sa confiance était si grande qu’il pouvait se reposer au milieu du fracas des vagues. Une paix aussi surnaturelle est accessible à quiconque sait qui est Dieu.

Au verset 11, Dieu explique pourquoi nous pouvons être apaisés : « Je domine sur les nations, je domine sur la terre. » Dieu connaît le déroulement de l’histoire. À la fin, c’est lui qui gagne. Cette assurance-là influence notre manière de réagir aux défis de la vie. Ce Dieu -là, celui qui finira par triompher, il est près de nous (v.8, 12). Il est notre forteresse dans la tempête.

Notre espérance émerge depuis le cœur même des ennuis – sans agitation, sans crainte –, non pas parce que nous avons confiance en nous-mêmes, mais parce que celui qui connaît tout et voit tout est avec nous.

Telle est l’espérance de l’Avent. Jésus s’est fait homme, il s’est plongé dans la tourmente de l’histoire humaine. Il a poussé son premier cri dans un monde en souffrance, où Rome prélevait des impôts injustes et gardait la main sur le culte d’Israël. Et quand Jésus reviendra pour notre rédemption finale, il se replongera dans un monde encore en proie à son lot de troubles.

Comme le dit le Psaume 112 : « La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits… [Le juste] ne redoute pas les mauvaises nouvelles, son cœur est ferme, plein de confiance dans l’Éternel » (v.4, 7). Un cœur ferme sait comment se termine l’histoire, de sorte qu’il affronte les tempêtes avec confiance. Voilà notre espérance.

Carmen Joy Imes

Méditez sur les Psaumes 46 et 112

. Quelle vision ces psaumes ont-ils de la paix et de l’espérance quand les temps sont difficiles ? Vers quoi Dieu attire-t-il votre attention dans ces psaumes ?

Mardi : Une transformation stupéfiante

Lecture du jour : Ésaïe 2.1-5

Ésaïe 2 rapporte une vision de la maison du Seigneur sur sa montagne, qui est en réalité le lieu où se situe le temple. Mais dans la vision, la montagne est devenue la plus haute du monde, et elle est donc devenue une attraction touristique mondiale où convergent « toutes les nations ». La raison pour laquelle les gens viennent, c’est qu’ils veulent apprendre du Seigneur. À partir de là, l’enseignement du Seigneur va se répandre, et à partir de là il prendra les décisions qui, entre les peuples, mettront un terme à leurs dissensions.

C’est un tableau invraisemblable, pour plein de raisons. La raison pratique, c’est que Sion, la montagne sur laquelle se dresse la maison de l’Éternel, n’était qu’un promontoire insignifiant parmi quelques hauteurs plus impressionnantes (même le Mont des Oliviers est plus haut). Mais je présume que la vision n’a rien à voir avec un changement littéral lié à la topographie.

Ce qui est plus pertinent, c’est le fait qu’Ésaïe vient de décrire Jérusalem comme une ville qui est semblable à une prostituée – un lieu où il n’y a ni fidélité, ni authenticité, ni gouvernement digne de ce nom, ni attention portée aux gens vulnérables (1.21-23). Mais ce constat est suivi d’une promesse disant que la ville sera purifiée et appelée « cité fidèle » à nouveau, et « ville de la justice » à nouveau (v.26). Et c’est là qu’Ésaïe ajoute sa vision d’une seconde transformation stupéfiante (2.1-5). À la suite de la première transformation, peut-être cette vision du monde attiré vers Jérusalem sera-t-elle accomplie.

J’étais à une rencontre de prière il y a quelque temps dans laquelle un de mes collègues faisait remarquer que nous vivons dans le contexte d’une quadruple crise : une crise du système de santé, une crise raciale, une crise gouvernementale et une crise économique. Ce n’est pas un contexte dans lequel les gens se tournent vers ceux qui appartiennent à Jésus comme si eux savaient comment aborder ces crises ; il ne semble pas qu’ils se tournent vers le peuple de Dieu à la manière dont la vision d’Ésaïe dépeint les gens qui sont attirés vers Jérusalem. Pourtant, telle est bien la promesse de Dieu.

Quand Jésus est venu, il est venu comme le « oui » de Dieu à toutes ses promesses (2 Co 1.20). Il ne les a pas toutes accomplies ni tout de suite, mais il a garanti qu’elles trouveraient leur accomplissement. Puissions-nous répondre à cette vision et à cette promesse exactement comme Ésaïe y incitait son propre peuple : « marchons à la lumière de l’Éternel ! » (2.5).

John Goldingay

Méditez sur Ésaïe 2.1-5.

Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans cette vision ? À quelles attentes fortes et à quelles espérances fondamentales s’adresse-t-elle ? Méditez sur son rapport avec l’Avent ; avec la première venue du Christ et son retour attendu.

Mercredi : Construire une route

Lecture du jour : Ésaïe 40.1-11

Au cours des deux ou trois décennies écoulées, le service des routes nationales israélien a construit un réseau impressionnant de routes dans tout le pays. Parmi les projets en cours, il y a celui d’une artère urbaine avec des tunnels et des ponts qui pourra nous emmener directement au centre de Jérusalem à partir du point où l’autoroute de Tel Aviv atteint l’extérieur de la ville. Le problème, c’est que la construction suppose qu’on déplace des tombes romaines qui ont 1 900 ans, ce qui suscite des protestations. Mais les gens veulent arriver à Jérusalem, et vite, et ils ressentent le besoin d’avoir une route qui surmonte les obstacles – un peu comme celle que Dieu commande en Ésaïe 40 : « Dégagez un chemin pour l’Éternel, nivelez dans la steppe une route pour notre Dieu ! » (v.3, Bible du Semeur).

À l’été de 587 av J.-C., Dieu est, pour l’essentiel, parti de Jérusalem. Il était excédé de l’infidélité de son peuple. Sa gloire s’était retirée, comme on le voit en Ézéchiel 10. Et une fois que Dieu s’était retiré, Neboukadnetsar avait toute liberté de faire son entrée. Il se mit à dévaster la cité si intégralement qu’il la rendit quasiment inhabitable et qu’il dut implanter son quartier général de province ailleurs, à Mitspa.

Pendant un demi-siècle, il ne se passa rien. Puis, en Ésaïe 40, Dieu dit à un de ses assistants de mandater des entrepreneurs surnaturels pour déployer une autoroute avec des ouvrages d’art et des tunnels afin de lui permettre de revenir dans la cité, et de ramener son peuple dispersé avec lui. Et Dieu revint vraiment. Et aussi certains de ceux qui avaient été exilés ; et ils firent de leur mieux pour rendre à nouveau la ville habitable. Le livre d’Esdras relate comment ils reconstruisirent le temple et comment Dieu revint y demeurer et les y rencontrer à nouveau.

Tout bien considéré, les choses allèrent mieux entre Dieu et son peuple pendant les 500 années suivantes, même si, la plupart du temps au cours de cette période, ils restèrent sous l’autorité d’une succession de puissances impériales. Ils aspiraient toujours à leur indépendance.

En 30 ap J.-C., apparaît Jean le Baptiste, qui reprend Ésaïe 40 et proclame que le peuple doit se tourner vers Dieu pour être purifié. Et de nouveau, Dieu dit : Construisez-moi une route, je reviens, et je vais prendre votre destinée en main (voir Mt 3.3). Cette fois, la grande route était morale et religieuse, et c’est Jean qui était désigné pour la tracer.

Et de fait, à chaque Avent, Dieu nous redit, comme il le dit en Ésaïe 40 : Construisez-moi une route. Vous voulez voir Jésus ? Il arrive.

John Goldingay

Réfléchissez sur Ésaïe 40.1-11

, en considérant d’abord son contexte originel : le peuple de Dieu en exil, qui vit loin de Jérusalem. Puis relisez-le à la lumière du rôle de Jean le Baptiste et de la venue du Christ (Mt 3). Qu’est-ce qui en ressort pour vous quand vous regardez ce passage avec des lunettes différentes ?

Jeudi : Une prière audacieuse et dangereuse

Lecture du jour : Ésaïe 63.19 – 64.8

Nous aimerions que tu déchires les cieux et que tu descendes, au point que devant ta présence les montagnes tremblent ! Telle est la prière d’Ésaïe 63. En Ésaïe, l’ordre des chapitres laisse entendre que cette prière provient d’un temps où les Perses avaient mis fin à la mainmise babylonienne sur le Moyen-Orient. Le problème, c’est que Juda trouve que cette passation de pouvoirs n’est pas vraiment une amélioration. Les prophètes ont dit à Juda que Dieu anéantirait toutes les superpuissances, mais ce temps-là paraissait repoussé indéfiniment. La Perse qui prend le dessus sur la Babylonie souligne cela. Tout change mais rien ne change. Alors, déchire le ciel et viens remettre de l’ordre, Seigneur !

Mais au chapitre 65 d’Ésaïe, Dieu s’énerve et dit, en gros : Tu es gonflé ! Dieu semble réagir avec colère à l’effronterie de ce que les gens de Juda ont dit en Ésaïe 63.19 et 64.

Quand Jésus est venu, oui, Dieu a déchiré les cieux et il est venu mettre les choses en ordre. Les Évangiles n’utilisent pas ce registre en rapport avec l’Incarnation, même s’ils y recourent en rapport avec la venue du Saint-Esprit sur Jésus lors de son baptême (Mc 1.10), lors de sa Transfiguration (Mc 9.7) et dans sa prière lorsqu’il est sur le point d’être exécuté (Jn 12.28-29).

Puis, quelques décennies plus tard, certains de ceux qui croient en Jésus posent une question analogue aux Judéens : Pourquoi est-ce que les choses ne bougent pas ? (2 P 3.4). En effet, eux aussi ils prient : Nous voudrions que tu déchires les cieux et que tu descendes ! Pierre leur répond lui aussi d’une manière conflictuelle. Il rappelle à ses destinataires que le monde a déjà été ébranlé, par l’eau, et qu’il le sera encore, mais par le feu (v. 5-7).

Aussi bien les gens de Juda que les premiers chrétiens étaient essentiellement de petites gens sous la coupe d’un énorme empire. Ce n’est pas le cas de la plupart d’entre nous. À bien des égards, l’empire, c’est nous. Quand nous prions ainsi, comme dans le texte cité : « nous aimerions que tu ouvres les cieux et que tu descendes, que tu viennes corriger les pouvoirs impériaux, que tu viennes remédier à l’injustice », la réponse de Dieu pourrait nous effrayer. On pourrait bien s’apercevoir que Dieu fait du tri dans nos vies à nous. Quand nous demandons : descends, Seigneur !, nous l’invitons à se confronter à nous et à nous remettre en question.

John Goldingay

Lire Ésaïe 63.19 – 64.8.

(On peut aussi lire 65.1-12.) Quand avez-vous ressenti l’impatience exprimée en 63.19 ? En quoi le contexte de Dieu confronté au péché vous éclaire-t-il sur 63.19 – 64.8 ? Comment souhaitez-vous répondre à Dieu ?

Vendredi : Vie et lumière

Lectures du jour : Ésaïe 9.1 ; Jean 1.4-5, 9

Certains d’entre nous ont grandi dans les villes, et donc nous ne savons pas vraiment ce que sont les ténèbres. Dans les villes, il y a toujours une lumière allumée quelque part, et c’est cette lumière qui nous permet de voir. Mais certains d’entre nous ont été élevés à la campagne, bien loin des lumières de la ville, là où la nuit est vraiment la nuit. Là où il fait si noir qu’on ne voit même pas sa propre main devant son visage.

Telle est l’image d’Ésaïe 9.1 : la noirceur du péché est si profonde et si totale qu’elle paralyse et immobilise. On ne peut pas faire un pas devant l’autre sans prendre de risque. On ne sait pas où on va. On est perdu. Ici, les ténèbres symbolisent l’aveuglement et la mort qui proviennent du péché.

Mais Dieu résout ce problème du péché et de la mort avec Noël. Ce sont les gens qui marchent dans les ténèbres qui ont « vu une grande lumière ». Ils n’ont pas allumé la lumière ; disons plutôt qu’on a allumé la lumière sur eux. Dieu fait irruption dans la nuit du péché avec une espérance nouvelle, une vision nouvelle et une vie nouvelle dans la justice.

On ne devrait pas être surpris de voir que presque tous les Évangiles reviennent à cette prophétie d’Ésaïe pour expliquer comment Jésus est venu dans ce monde. Par exemple, quand Jean nous parle de la naissance de Jésus – l’Incarnation –, il fait appel à ce symbole de la lumière. « En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie… Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain » (Jn 1.4-5, 9).

Jésus est la lumière véritable. Cette saison évoque Dieu qui envoie cette lumière dans le monde pour donner le salut à tous ceux qui voudront bien croire en lui. Noël n’a rien à voir avec les guirlandes lumineuses sur le sapin ni avec les ampoules qui décorent la maison. Dans le meilleur des cas, ce ne sont que de piètres symboles d’une lumière bien plus puissante qui donne la vie au monde.

Cela, Ésaïe l’a vu 700 ans avant la naissance de Jésus. Il y a 2 000 ans, les apôtres ont vu de leurs yeux cette lumière dans le visage du Seigneur Jésus-Christ. Et aujourd’hui, il nous a donné cette lumière dans le message de l’Évangile. Quiconque se trouve dans l’obscurité doit se repentir du péché et croire à cette lumière afin d’entrer dans le royaume de Dieu. Voilà comment le Seigneur nous change. Voilà le message de la lumière qui donne la vie.

Thabiti Anyabwile

Cet article est adapté d’un sermon que Thabiti Anyabwile a prononcé le 17 décembre 2017. Avec autorisation.

Méditez sur Ésaïe 9.1 et Jean 1.4-5, 9.

Dans un esprit de prière, réfléchissez sur les

ténèbres,

la

lumière

et la

vie

dans ces passages. Comment la prophétie d’Ésaïe vous aide-t-elle à saisir l’espérance véritable apportée par le Christ ?

Samedi : Un Fils nous est donné

Lectures du jour : Ésaïe 7.14 ; 9.5-6

Ésaïe 9.5-6 est une splendide biographie prophétique de Jésus. Le fils que décrit Ésaïe est le « merveilleux conseiller ». Le mot merveilleux est le même mot souvent employé dans l’Ancien Testament pour désigner les miracles – les « merveilles » que Dieu a faites dans le monde. Et conseiller fait penser à la sagesse de Dieu. C’est Jésus, notre conseiller merveilleux, miraculeux, qui nous parle et nous guide afin que nous marchions dans les sentiers de la justice.

Ce fils est le « Dieu puissant ». Il est l’enfant exceptionnel dont Ésaïe 7.14 a dit qu’il naîtrait d’une vierge et qu’il serait appelé « Emmanuel », qui signifie « Dieu avec nous ». Puissance et force : il n’y a pas la moindre faiblesse en Dieu. Même quand il était un nourrisson dans une mangeoire, Jésus soutenait l’univers par sa parole faite de puissance.

Ce fils est le « Père éternel ». Cela ne signifie pas qu’il se confonde avec Dieu le Père ; le Père et le Fils sont deux personnes différentes dans la Trinité. On pourrait plutôt traduire cela en disant qu’il est le père de tous les siècles, extérieur au temps ; et dans son attitude envers son peuple, il est toujours paternel. Le Psaume 103.13 le formule ainsi : « Comme un père a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent. » Constamment dans les Évangiles, il nous est rapporté que Jésus voyait les gens et qu’il avait de la compassion pour eux. C’est un sauveur avec la tendresse d’un papa envers ses enfants.

Et ce fils est le « Prince de la paix ». Sur Jésus, Matthew Henry écrit : « En tant que Prince de la paix, il nous réconcilie avec Dieu. Il est le Dispensateur de la paix du cœur et de la conscience ; et lorsque son royaume sera pleinement établi, les hommes n’apprendront plus la guerre. »

Jésus est une merveille. Quand il nous conseille, il n’est jamais défaillant. Il est le Dieu puissant. Il a le cœur d’un père. Il apporte une paix royale à tous ceux qui croient en lui. Il est bien davantage qu’un petit enfant de plus. Il est Dieu qui vient dans le monde. Et ne passez pas à côté de cette expression importante : il nous a été donné.

Il est pour nous, si nous l’acceptons. Dans toute sa sagesse, toute sa puissance et tout son amour paternel, ce même Jésus vient dans le cœur de ceux qui lui font confiance. C’est le Fils que le monde attendait. Et il est venu dans le monde pour se donner à nous.

Cet article est adapté d’un sermon que Thabiti Anyabwile a prononcé le 17 décembre 2017. Avec autorisation.

Tabithi Anyabwile

Prenez le temps de méditer Ésaïe 7.14 et 9.5-6.

Quelles sont les expressions ou les notions qui vous parlent le plus ? Quelle espérance pensez-vous qu’elles ont apportées aux premiers destinataires d’Ésaïe ? En quoi suscitent-elles de l’espérance en vous, aujourd’hui ?

Les auteurs :

Tabithi Anyabwile est pasteur de Anacostia River Church à Washington DC. Il est l’auteur de plusieurs livres, notamment Exalting Jesus in Luke.

John Goldingay est professeur principal d’Ancien Testament au Fuller Theological Seminary. Sa traduction de tout l’Ancien Testament s’intitule The First Testament.

Carmen Joy Imes est professeure d’Ancien Testament au Prairie College et l’auteure de Bearing God’s Name : Why Sinai Still Matters.

Traduit par Philippe Malidor

20 prières supplémentaires face à la pandémie

Implorer Dieu est toujours le moyen le plus efficace de réagir en temps de crise.

Christianity Today December 4, 2020
Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: The New York Public Library / Igor Rodrigues / CDC / Unsplash

La semaine dernière, des ambulanciers sont venus chercher notre voisin âgé de l’autre côté de la rue alors que mes enfants et moi regardions impuissants depuis notre fenêtre de devant. Ils ont revêtu des masques et ont noué les uns pour les autres leurs longues blouses bleues. « Pourquoi le camion de pompiers est-il là aussi ? » a demandé mon fils.

« Je pense qu'il vient toujours quand on appelle une ambulance », dis-je, essayant de me rendre utile malgré mon sentiment présent d'inutilité.

Alors que plus de la moitié du monde vit sous l'injonction de se confiner à la maison, nous sommes nombreux à éprouver ce sentiment d’impuissance face à la souffrance d'autrui. En temps normal, il y aurait des repas à préparer et des malades à visiter à l’hôpital. Mais ces jours ne sont pas normaux.

Et pourtant, nous ne sommes pas impuissants. Loin de là. L’une des choses les plus efficaces que nous puissions faire pour nos voisins partout à travers le monde est de nous mettre à genoux et de tendre les mains vers Dieu, la source de tout secours.

J’ai écrit « 20 prières pour prier pendant cette pandémie » pour nous rappeler que Dieu est bien celui qu’il déclare être : « Voyez donc que c’est moi qui suis Dieu et qu’il n’y a pas d’autre dieu que moi. » (Dt 32:39).

Dans les semaines qui ont suivi la publication de cet article, des gens du monde entier ont lu, prié (vraisemblablement) et partagé ces prières en grand nombre. Ce grand nombre fait honneur à la facon dont l’Église se rassemble en cas de crise.

Pour ceux qui continueront avec nous à unir leurs mains malgré la distance, voici 20 prières supplémentaires pour les personnes qui nous entourent dans le monde entier :

1. Pour l’Église, luttant avec foi au milieu de la souffrance mondiale : notre Dieu, nous croyons en ta volonté de guérir et en ton pouvoir de le faire. Viens au secours de notre incrédulité.

2. Pour ceux qui se sont tournés vers la foi en Jésus pour la toute première fois durant cette pandémie : notre Dieu, aide nos nouveaux frères et sœurs à grandir dans la grâce et la connaissance de notre Sauveur.

3. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Jésus mais dont le cœur est animé de curiosité spirituelle et d'aspiration à l'éternité : notre Dieu, dans ta bonté, conduis en beaucoup à la repentance et à une foi obéissante en ton Fils.

4. Pour les secouristes et les membres du personnel soignant qui sont en première ligne, en particulier dans les épicentres de l’infection : notre Dieu, renforce leurs rangs et fortifie-les d'une énergie surnaturelle.

5. Pour les entreprises ayant la capacité (et la mission) de fabriquer des équipements de protection indispensables pour les travailleurs de la santé qui sont en première ligne : notre Dieu, affermis l'ouvrage de leurs mains.

6. Pour ceux qui travaillent dans les transports en commun, les policiers et les autres fonctionnaires qui sont à l'œuvre sans relâche et souvent sans protection adéquate : notre Dieu, donne-leur de l’endurance pour chaque jour et préserve-les de tomber malade.

7. Pour les maisons de retraite, les centres de réadaptation et les autres établissements de soins de longue durée : notre Dieu, encourage les résidents isolés et fortifie les membres du personnel qui les aident. Empêche la propagation du virus et réconforte les familles qui ne peuvent plus rendre visite à leurs proches.

8. Pour les personnes incarcérées, qui sont particulièrement vulnérables à la propagation de ce virus : notre Dieu, donne la sagesse aux responsables de leurs prisons. Protége les détenus et le personnel de la violence et de la maladie. Délivre-les tous de la peur.

9. Pour les femmes et les enfants exposés à la violence et aux abus : notre Dieu, retiens ceux qui leur font du tort. Assure la protection et le secours des victimes et réconforte-les dans leur vulnérabilité.

10. Pour les pays en voie de développement : notre Dieu, contiens la propagation de l’épidémie dans les villes les plus densément peuplées et les plus pauvres du monde. Epargne les pays déjà accablés par la maladie et les problèmes de santé chroniques.

11. Pour les personnes d'origine asiatique en Occident, les Africains en Chine et les autres personnes partout dans le monde qui sont victimes de racisme en lien avec le COVID : notre Dieu, confronte ce mal à une prompte justice et délivre nos frères et sœurs de la méchanceté.

12. Pour tous ceux qui s’inquiètent de leur avenir économique, de comment payer leur logement, leur nourriture et les médicaments essentiels : notre Dieu, donne-leur accès à des sources de soutien dans l’Église, auprès de leur gouvernement et dans leur entourage. Permets-leur de se tourner vers toi pour subvenir à leurs besoins.

13. Pour les petites Églises sans réserves financières : notre Dieu, garde leurs portes ouvertes et exhorte ton peuple à donner généreusement.

14. Pour les enseignants, contraints d’adapter leurs programmes à l’apprentissage en ligne, et pour les étudiants, contraints de développer plus d’autonomie : notre Dieu, fais des foyers des lieux de curiosité, de recherche et d’étude. Accorde une aide particulière aux enfants qui n'ont pas d'accès régulier à Internet et aux autres outils numériques.

15. Pour ceux qui sont déçus par l’annulation de célébrations marquantes comme des remises de diplômes, des mariages ou des fêtes prénatales (baby showers) : notre Dieu, réconforte-les dans leur déception et rends possible pour eux de futures retrouvailles entre amis et en famille.

16. Pour les femmes enceintes, qui font face à la perspective de vivre le travail et l'accouchement sans l’équipe de soutien qu'elles avaient espérée : notre Dieu, délivre-les de la peur et remplis-les de joie alors qu'elles assistent à l'éclosion d'une nouvelle vie.

17. Pour les femmes confrontées à une grossesse inattendue en cette période de crise économique : notre Dieu, aide-les à trouver le soutien pratique et émotionnel dont elles ont besoin pour accueillir cet enfant.

18. Pour les Églises, les ministères para-ecclésiaux et les organisations chrétiennes qui font de l’évangélisation en ligne et de la formation de disciples : notre Dieu, bénis nos efforts numériques imparfaits et continue à faire progresser le royaume de Jésus par l'intermédiaire de ton peuple.

19. Pour ceux qui meurent seuls dans les hôpitaux et pour leurs proches : notre Dieu, approche-toi d’eux et, dans ta miséricorde, permets-leur de rencontrer Christ, l’ami qui ne nous quitte ni ne nous abandonne jamais.

20. Pour ceux qui s'investissent dans la politique à tous les niveaux : notre Dieu, aide nos dirigeants à travailler en bonne intelligence et à communiquer efficacement, en mettant de côté leurs intérêts personnels pour rechercher le bien commun.

Notre Dieu, nous reconnaissons que tu as créé le monde par ta Parole, et que par elle tu continues à le soutenir. Nous nous confions en ta sagesse, ta puissance et ta bonté. Aide-nous en toute occasion à aimer comme tu as aimé et à servir comme tu sers. Donne-nous le courage de parler de notre espérance en Jésus, qui a souffert pour nous, qui est ressuscité d'entre les morts et qui reviendra. Amen.

Jen Pollock Michel est l’auteur de Teach Us to Want , Keeping Place et Surprised by Paradox . Elle vit avec son mari et leurs cinq enfants à Toronto.

Traduit par Valérie Marie-Agnès Dörrzapf Révisé par Léo Lehmann

What do you think of this translation? Interested in helping us improve the quality and the quantity? Share your feedback here.

This article is 1 of 300+ CT Global translations—including French.

L’Avent : Une espérance vivante

Méditations quotidiennes pour Christianity Today.

Christianity Today November 28, 2020
Jared Boggess

Que signifie avoir l’espérance par temps d’épreuves ? L’espérance, c’est plus qu’un ressenti : il ne s’agit pas simplement d’être perpétuellement optimiste ni d’avoir une attitude « espérante ». L’Écriture nous offre une approche de l’espérance qui est beaucoup plus solide. L’espérance chrétienne a de la robustesse, de l’endurance et un projet. Et c’est Dieu qui en est la source.

« Conformément à sa grande bonté, [Dieu] nous a fait naître de nouveau… pour une espérance vivante » (1 P 1.3). Et c’est notre « Dieu de l’espérance » qui nous rend capables de « déborder d’espérance, par la puissance du Saint-Esprit » (Rm 15.13). Cette réalité n’est pas vraie uniquement dans les bons moments ; en vérité, c’est dans les périodes obscures er difficiles que l’espérance manifeste véritablement sa fougue.

Comme Jay Y. Kim l’écrit dans « L’espérance : un saut pour l’avenir »,

Voilà à quoi ressemble l’espérance chrétienne. Elle n’esquive par la peur, l’inquiétude ou le doute ; elle leur fait face. Elle tient ferme, elle se cramponne à la paix au milieu du chaos. Au travers des nombreuses tempêtes traîtresses de la vie… l’espérance chrétienne s’ancre dans quelque chose de plus grand qui est arrivé et dans quelque chose de plus grand qui va arriver encore.

Le projet de l’Avent 2020 de Christianity Today explore le thème de l’espérance au fil de son déroulement dans tout le récit biblique. Dans ces méditations quotidiennes, nous réfléchissons sur l’espérance du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament quand il se reposait entièrement sur Dieu dans la difficulté et dans l’épreuve [Semaine 1]. Nous considérons les prophéties et les promesses d’espérance qui renvoient vers le Premier Avent : la venue du Messie [Semaine 2]. Nous méditons sur le miracle de l’espérance qui fait irruption dans l’Incarnation, lorsque « la Parole s’est faite homme, [et qu’]elle a habité parmi nous » sous forme d’un petit enfant, enveloppé de langes et couché dans une mangeoire (Jn 1.14 ; Lc 2.12). Et nous réfléchissons sur notre espérance relative à la future venue du Christ – le Second Avent que nous attendons – qui nous donne persévérance, confiance et joie dans nos vies quotidiennes, quelles que soient les difficultés que nous avons à traverser [Semaine 3 et Semaine 4].

Telle est notre « espérance vivante », que certaines traductions rendent par notre « grande attente ». Notre espérance est animée par notre attente confiante selon laquelle l’enfant qui est né va un jour revenir dans la gloire pour redresser tout ce qui est tordu, et son royaume n’aura pas de fin.

Kelli B. Trujillo, Rédactrice

Traduit par Philippe Malidor

Semaine de l’Avent 1 : Il reviendra dans la gloire

Méditations quotidiennes pour Christianity Today.

Christianity Today November 28, 2020
Illustration by Jared Boggess

Sauter à la lecture quotidienne : Dimanche | Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi

Dimanche : Entre-deux

Lectures du jour : Apocalypse 1.4-9 ; 19.11-16 ; 21.1-5, 22-27 ; 22.1-5

Presque d’emblée, le chapitre qui ouvre l’Apocalypse élève notre regard afin qu’il contemple une gloire qui surpasse radicalement notre condition terrestre : « Je suis l’Alpha et l’Oméga… celui qui est, qui était et qui vient… » (1.8). Notre Sauveur, « celui qui nous aime, qui nous a lavés de nos péchés », reviendra : « Le voici qui vient avec les nuées. Tout œil le verra » (1.5, 7-8). Jean poursuit en décrivant une merveilleuse vision du Christ lui-même – une rencontre si intimidante que, dit Jean, « je tombai à ses pieds comme mort » (v.17).

Mais en plein milieu de ces deux passages resplendissants, il y a une ligne que l’on pourrait facilement rater : la brève description que fait Jean de sa vie et de celles des destinataires de sa lettre. Jean écrit : « Moi Jean, votre frère et votre compagnon dans la persécution, le royaume et la persévérance en Jésus-Christ » (v.9). Jean a écrit l’Apocalypse en exil ; le livre fut diffusé au sein d’une Église souffrante en butte à des pressions et à des persécutions qui allaient constamment s’aggraver dans les décennies à venir. Les destinataires initiaux de l’Apocalypse vivaient dans deux réalités qui se superposaient : leur assurance quant au règne souverain et au retour glorieux du Christ, et leur expérience quotidienne sur terre, d’attente et de souffrance.

Quelque deux mille ans plus tard, nous vivons encore dans ces deux réalités qui se superposent. Ici, entre la première venue du Christ et son retour en gloire, nos vies peuvent être ressenties comme un mélange de royaume et de confiance parallèlement à l’attente et à la souffrance.

Il n’est pas étonnant que les paroles franches de Jean sur la souffrance et sur la nécessité de la patience persévérante soient entremêlées dans ses visions de gloire, car c’est cette vision de ce qui est à venir qui permet et enhardit cette persévérance. Il faut considérer les réalités décrites dans le grand finale de l’Apocalypse : le Christ victorieux, monté sur un cheval blanc, et triomphant du mal ; « un nouveau ciel et une nouvelle terre » sans tristesse ni deuil ; il « habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux » (21.1, 3) ; et une Cité sainte où des gens de toutes les nations sont rassemblés dans la lumière de la gloire de Dieu. Avec la perspective de cette réalité dernière et éternelle, toutes les circonstances de ce monde, aussi dures soient-elles, perdent de leur importance.

La notion de persévérance est répétée plusieurs fois en Apocalypse 1 à 3, souvent associée au registre du triomphe et de la conquête. La résistance n’est pas faite uniquement de patience, mais aussi de ténacité, de courage et de force. Et c’est ce que Dieu nous donne alors que nous vivons dans l’entre-deux. Dans le Christ, nous trouvons, comme le dit un vieux cantique, de la force pour aujourd’hui et une lumineuse espérance pour demain.

Kelli B. Trujillo

Méditez sur Apocalypse 1.4-9 ; 19.11-16 ; 21.1-5, 22-27 et 22.1-5.

Comment la méditation sur cet avenir affecte-t-elle votre regard sur votre situation actuelle ? Priez, invitez Dieu à renforcer votre persévérance et à faire vivre votre espérance pour l’avenir.

Lundi : Espérance prophétique

Lectures du jour : Zacharie 9.9-17 ; Romains 5.3-5, 8.18-30

« L’espérance commence dans le noir… » Je n’ai jamais pu me défaire complètement de ces mots d’Anne Lamott dans son livre Bird by Bird. Cette façon de parler de l’espérance est récemment devenue un leitmotiv de ma vie – non pas dans l’abstrait, mais comme une action vivante, une lutte, un engagement, une discipline.

Le théologien Jürgen Moltmann enracine le registre de l’espérance dans la résurrection de Jésus et dans la pratique de la protestation. Parfois, l’espérance paraît être le seul langage assez fort pour contrer le désespoir. À moins que ce ne soit, pour le dire comme Anne Lamott, une sorte de « patience révolutionnaire ».

Quelle que soit la nature de l’espérance, il y a un élément au plus profond de chacun de nous qui attend ardemment quelque chose. Parfois, c’est comme un chuchotement, mais c’est là. Néanmoins, si l’espérance surgit des profondeurs de l’âme, elle provient souvent de l’obscurité. L’espérance commence dans le chaos.

Certains jours, on a l’impression que l’on n’a jamais échappé à ce nuage qui a recouvert la surface de la terre pendant la crucifixion de Jésus. Notre monde disloqué et pesant semble tellement ténébreux qu’Élie Wiesel, en retraçant les horreurs d’Auschwitz et de la Shoah, ne pouvait que les appeler Nuit. Nous avons à dire la vérité de la souffrance et même de la souffrance de l’espérance.

J’étais avec ma grand-mère il y a quelque temps et je lui ai demandé de me raconter sa vie. Au début, elle ne voulait pas. On ne peut qu’imaginer les cicatrices profondes que son âme a endurées sur plus de 80 ans. Ses récits étaient durs. Il est difficile de décrire ce que ça signifiait pour elle d’exister en tant que femme noire dans le Sud des États-Unis. Un seul mot semblait résumer l’ardeur à survivre au milieu d’un monde cruel : amour. « Le Seigneur ne m’a jamais laissée tomber », me disait-elle.

Radical, capable de changer la vie, les communautés et le monde, l’amour n’est-il pas la voie de Jésus ? Il est venu prêcher la bonne nouvelle du royaume et guérir toutes sortes de maladies et de détresses. Prophétiser l’espérance, c’est un amour dangereux.

Martin Luther-King a dit : « La puissance dans ce qu’elle a de meilleur, c’est l’amour qui fait prévaloir les exigences de la justice, et la justice dans ce qu’elle a de meilleur, c’est l’amour qui rectifie tout ce qui se dresse contre l’amour. » Voilà ce que signifie se tenir dans le monde comme des prophètes de l’amour, de la puissance et de la justice ou, pour reprendre le vocabulaire biblique de Zacharie, être des « prisonniers pleins d’espérance » (9.12). Comme l’a dit quelqu’un : « Je ne sais ce que réserve le lendemain, mais je sais qui a en réserve le lendemain. » Alors que demain s’approche, je vais prophétiser l’amour aujourd’hui.

Danté Stewart

Ceci est une adaptation d’un article plus long intitulé “Why We Still Prophesy Hope,” (« Pourquoi nous continuons à prophétiser l’amour »), publié le 21 octobre 2019 sur ChristianityToday.com.

Lisez Zacharie 9.9-17 et Romains 5.3-5 ; 8.18-30.

Réfléchissez à ce à quoi ressemble l’espérance « dans le noir ». Comment la souffrance produit-elle espérance et amour ? Comment la première venue du Christ et son retour à venir vous permettent-ils de prophétiser l’espérance aujourd’hui ?

Mardi : Viens, Seigneur Jésus

Lectures du jour : Jean 1.1-5, 14 ; Apocalypse 22.12-13, 20

Dans son Évangile, Jean dit : « Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu… Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous » (Jn 1.1, 14). Nous avons un Dieu qui est venu. Il est venu pour rendre tangible l’intangible et visible l’invisible. Il est venu pour se rendre connaissable. Mais notre espérance ne tient pas seulement en ce qu’il est venu, mais en ce qu’il vient.

Il est de retour. Cette promesse, c’est que nous pouvons trouver du sens à ce dont nous souffrons et manquons aujourd’hui sur cette planète. Quand il reviendra, les justes seront justifiés. Quand il reviendra, il apportera avec lui votre justification pour les moqueries auxquelles vous vous êtes exposé pour avoir cru en un Dieu que vous ne voyiez pas. Quand il reviendra, tous les humains qui auront essayé de devenir des potentats et des maîtres seront jetés à terre, et nous verrons qu’il y a toujours eu un seul maître des maîtres et un seul Roi des rois. D’un seul coup, notre foi deviendra la vue. Celui dont nous aurons parlé et à qui nous aurons parlé, nous le verrons.

En Apocalypse 22, Jésus dit : « Voici, je viens bientôt et j’apporte avec moi ma récompense pour traiter chacun conformément à son œuvre. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (v.12-13). Jean témoigne : « Celui qui atteste ces choses dit : ‘Oui, je viens bientôt’ » et c’est comme si Jean n’avait plus rien d’autre à dire au moment de terminer sa lettre : « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (v.20).

Quand nous regardons vers l’avenir, les choses n’iront peut-être pas dans le sens de ce que nous voudrions pour notre pays. L’économie ne prendra peut-être pas la tournure que nous aimerions. Il y aura encore des enfants qui seront blessés par balles dans la rue, pris dans l’esclavage sexuel, ou par la drogue. Des couples battront de l’aile, nous aurons peut-être à affronter la maladie, ou à nous faire du souci pour nos petits-enfants. Dans tout cela, il y a cette espérance : Malgré tout, viens, Seigneur Jésus.

Quoi que nous ayons à affronter, nous savons qu’il reviendra. Un de ces jours, le ciel va se fissurer, l’ange va sonner de la trompette, et le monde entier le verra en même temps. Toute la création répondra quand notre Seigneur descendra du balcon du ciel pour dire : Voici le temps où je vais racheter mon Église. Amen, Viens, Seigneur Jésus.

Charlie Dates

Cet article est adapté d’un sermon prononcé par Charlie Dates le 22 décembre 2019. Avec autorisation.

Méditez sur Jean 1.1-5, 14 et Apocalypse 22.12-13, 20

, en considérant la double optique de l’Avent : Jésus est venu et il revient. Que signifie pour vous : « Malgré tout, viens, Seigneur Jésus » ?

Mercredi : Avent et Apocalypse

Lectures du jour : Marc 13.24-37 ; Luc 21.25-28

Pendant l’Avent, nous entendons des passages de l’Écriture qui résonnent sur le registre des ténèbres, de la tribulation et de l’apocalypse. Matthieu, Marc et Luc ont tous un chapitre entièrement apocalyptique. En Marc 13, Jésus dit : « Une nation se dressera contre une nation et un royaume contre un royaume » (v.8). Et ce passage devient de plus en plus sinistre : « ces jours-là, après ce temps de détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées » (v.24-25).

Pourquoi Jésus parle-t-il ainsi de mort et de ruine au lieu de parler de moutons, de bergers et d’êtres célestes ?

Dans l’Écriture, les écrits apocalyptiques émergent de la catastrophe. Les Israélites étaient un peuple favorisé ; Dieu leur avait promis un avenir de paix et de prospérité. Mais par la suite, ils furent envahis et contraints à l’exil dans l’empire babylonien. Humainement parlant, il n’y avait plus d’espoir pour eux. Quand les Israélites se retrouvèrent dans l’épreuve, c’était une « urgence théologique ». C’est à partir de cette urgence qu’une nouvelle manière de penser, apocalyptique, prit forme. Elle commença avec la deuxième moitié d’Ésaïe (chapitres 50 à 55) – écrite pendant la captivité à Babylone, alors que tout semblait perdu – et elle s’est épanouie à partir de là. À l’époque de Jésus, le vocabulaire apocalyptique était partout.

La théologie apocalyptique est, avant tout, la théologie de l’espérance – et l’espérance est aux antipodes de l’optimisme. L’optimisme flanche quand il est englouti dans les ténèbres. Au contraire, l’espérance se trouve dans quelque chose qui est au-delà de l’humanité. Elle se trouve dans le Dieu incarné.

Dans l’Évangile de Luc, quand Jésus tient des propos apocalyptiques sur « des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles » et sur « l’angoisse chez les nations », il termine en disant qu’« on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire » (21.25-27). Il évoque ainsi sa seconde venue. Il nous dit que notre grande espérance provient non d’un progrès de l’humanité mais de lui-même. Il détient la puissance souveraine qui est indépendante de l’histoire humaine. Malgré les apparences ténébreuses, Dieu en Christ façonne notre histoire en fonction de ses projets divins.

L’Avent nous dit de plonger le regard dans les ténèbres et de les appeler par leur nom. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Jésus dit : « redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche » (v.28).

Fleming Rutledge

Ceci est une adaptation d’un article plus long intitulé “Why Apocalypse Is Essential to Advent,” (“Pourquoi l’Apocalypse est fondamentale pour l’Avent”) publié le 18 décembre 2018 sur ChristianityToday.com.

Lisez Marc 13.24-37 et Luc 21.25-28.

Quels aspects de l’enseignement de Jésus vous attirent le plus ? Quels sont les plus difficiles à aborder ? En quoi ces descriptions de la puissance souveraine de Dieu sur l’histoire approfondissent-elles votre espérance ?

Jeudi : Une question plus importante

Lecture du jour : 2 Pierre 3.8-15

Pourquoi est-ce que ça traîne à ce point ? Pourquoi Jésus n’est-il pas revenu comme il l’a promis ? Les destinataires de la deuxième lettre de Pierre ont pu se poser ce genre de questions – des questions qui continuent à résonner dans notre temps. Pierre les a abordées avec une étrange assurance ; premièrement : le fait que Dieu temporise reflète sa patience et son amour salvateur (3.8-9) et, deuxièmement : le jour du Seigneur sera épouvantable et il comportera la destruction par le feu.

Le langage apocalyptique qui est celui de Pierre (semblable à celui de Jésus en Marc 13 et Luc 21) nous donne à réfléchir. Que signifie « détruit par le feu » et « destruction des cieux par le feu » ? Est-ce quelque chose que nous avons à redouter ?

Certains versets que l’on trouve plus haut en 2 Pierre nous donnent du recul pour comprendre le langage de la destruction employé au chapitre 3. En 2.5, nous est donné un parallèle avec l’époque de Noé où Dieu détruisit la terre par l’eau. Ce jugement du passé ne signifie pas que Dieu ait entièrement emporté toute la création ; de même, le jugement final par le feu ne signifie sans doute pas que Dieu va incinérer la terre afin de faire place au nouveau ciel et à la nouvelle terre. Ainsi que Pierre l’énonce dans les Actes, le Christ est dans le ciel « jusqu’au moment de la restauration totale dont Dieu a parlé depuis longtemps par la bouche de [tous] ses saints prophètes » (3.21). Le monde nouveau viendra avec la grande restauration de Dieu et la réforme complète du monde que nous connaissons aujourd’hui.

En rapport avec cette problématique, Pierre pose une question importante qui mérite une attention encore plus grande que nos questionnements sur le moment prévu par Dieu ou sur la manière dont se fera le retour du Christ. À la lumière de la venue du jour du Seigneur, Pierre demande : comment devriez-vous vous comporter ? (cf. 2 P 3.11). Pierre appelle à une réponse qui soit faite de vie sainte et d’attente pleine d’espérance : « Attendez » le nouveau ciel et la nouvelle terre (v.11-14). Nous voyons ces thèmes soulignés dans la première lettre de Pierre, lorsqu’il incite les croyants à vivre dans une confiance joyeuse, l’attention fixée sur la venue du Christ, dans l’espérance et la vigilance constante (1 P 1.3-5, 13).

Nous sommes des êtres d’espérance, comme ceux à qui on a déjà dévoilé le dénouement d’un roman plein de rebondissements, de contretemps et d’événements inattendus. Nous connaissons la fin de l’histoire ; notre connaissance de l’extraordinaire dénouement qui nous attend influe sur notre manière d’appréhender le présent. On ne comprend pas forcément quand ni comment cela se produira, mais on peut être assuré que la fin comporte à la fois le jugement et la justification du peuple de Dieu. En quoi la nouvelle du jugement final est-elle un motif d’encouragement plutôt que de frayeur ? De ce qu’il y a même de meilleur dans ce monde, Dieu va faire quelque chose d’encore meilleur que ce que nous imaginons. Le jugement, la justification et la transformation arrivent. La véritable Terre promise nous attend.

Vincent Bacote

Méditez 2 Pierre 3.8-15

(vous pouvez aussi lire 1 Pierre 1.3-5, 13). Quelles questions ce passage soulève-t-il pour vous ? Quelles émotions remue-t-il ? Comment votre espérance du « jour du Seigneur » qui vient affecte-t-elle votre consécration quotidienne ?

Vendredi : En attendant que la fête commence

Lecture du jour : 1 Thessaloniciens 4.13 – 5.11

En tant que professeur, l’une des choses que j’aime le mieux faire consiste à passer des films qu’on pourrait qualifier de « cinéma eschatologique ». Nombre de ces films tournent autour de l’Enlèvement de l’Église, une interprétation de 1 Thessaloniciens 4.17 où « enlevés » est compris comme le retour invisible du Christ quand il vient chercher son Église pour l’emmener avec lui au ciel au moment où commence la Tribulation. Le but de ces films est de rendre conscient que Jésus peut revenir à tout moment.

La diversité des opinions relatives à l’Enlèvement et autres questions tournant autour de la fin des temps est étendue, et quand nous en venons à 1 Thessaloniciens 4 – 5, nous pouvons facilement nous retrouver obnubilés uniquement par ce passage. Mais il y a ici beaucoup d’autres points importants sur le retour du Christ, et qui méritent notre attention, y compris ce qui semble être l’accent principal de Paul : comment encourager les chrétiens qui sont actuellement en vie en considérant le statut de ceux qui sont déjà morts. Seront-ils « laissés en arrière » et vont-ils rater le retour de Jésus ?

Paul encourage les Thessaloniciens (et nous) en nous disant que nous n’avons pas à avoir peur que Dieu oublie ceux qui sont morts. La résurrection du Christ est la garantie que la mort n’est nullement un obstacle à la participation au monde nouveau qui arrive avec la seconde venue du Christ. Que nous soyons vivants ou morts, notre relation au Christ est tout ce qui est indispensable pour figurer sur la liste des invités quand viendra le Jour du Seigneur.

Quand le Christ arrivera, ce sera une entrée majestueuse, avec la fanfare et tout. Elle comportera le « son de la trompette de Dieu » (4.16), vocabulaire que les Thessaloniciens auront compris comme le retour du chef le plus victorieux de tous. Contrairement à toute autre sonnerie de clairon, celle-ci relèvera les morts dans le Christ, qui rejoindront les vivants pour l’accueillir.

On trouve des thèmes semblables dans la Première Lettre de Paul aux Corinthiens où il traite aussi des inquiétudes relatives à la mort, « le dernier ennemi » que le Christ anéantira (15.26). Paul assure les Corinthiens de ceci : « La trompette sonnera, alors les morts ressusciteront incorruptibles et nous, nous serons transformés » (15.52). L’« aiguillon » de la mort sera neutralisé par la victoire définitive du Christ.

Alors que nous attendons le Jour, nous sommes appelés à nous tenir prêts : « enfilons la cuirasse de la foi et de l’amour et ayons pour casque l’espérance du salut » (1 Th 5.8). L’arrivée de ce « voleur dans la nuit » viendra comme une surprise parce que nul autre que Dieu ne sait quand cela se produira – mais ce sera la plus grande fête que nous aurons jamais vue, nous qui attendons ardemment sa venue.

Vincent Bacote

Réfléchissons à 1 Thessaloniciens 4.13 – 5.11.

(On peut également lire 1 Corinthiens 15.51-58). Comment décririez-vous l’accentuation et le ton de Paul ici ? En quoi l’espérance entre-t-elle en jeu ? Pourquoi n’est-ce pas anodin que la Seconde Venue survienne « comme un voleur dans la nuit » ?

Samedi : L’espérance pour ceux qui ne tournent pas rond

Lecture du jour : 1 Corinthiens 1.1-9

Quand on lit ce qui est écrit sur le retour du Christ en 1 Corinthiens, il est important de se rappeler le contexte de la lettre de Paul. L’Église de Corinthe était une communauté qui fonctionnait très mal. Dans l’épître de Paul, on entend parler dans l’Église de factions affiliées à différents leaders, de pratiques sexuelles scandaleuses, de controverses sur les viandes sacrifiées aux idoles, et ainsi de suite. Même si cette communauté était gravement dysfonctionnelle, en 1 Corinthiens 1.1-9 Paul qualifie ses membres de « saints » (v.2). Il poursuit en leur rappelant que Dieu s’est montré généreux envers eux en leur dispensant des dons spirituels et il dit d’eux qu’ils « attendent » ardemment le retour du Christ. Paul insiste sur la grâce de Dieu (v.4) et sur son engagement envers eux : il « vous affermira jusqu’à la fin » (v.8). En dépit des manières par lesquelles se manifeste la faiblesse de leur foi dans des comportements et des dispositions corrompues, la fidélité de Dieu envers eux (et nous) suppose l’implication de Dieu pour aider son peuple à croître et à se laisser transformer à la ressemblance du Christ.

Alors que le chapitre 1 souligne que Dieu, par sa grâce, « affermira [les croyants] jusqu’à la fin », dans la même lettre Paul décrit le retour du Christ et exhorte les Corinthiens : « Ainsi, mes frères et sœurs bien-aimés, soyez fermes, inébranlables » (15.58, c’est moi qui souligne). Il les appelle à une ferme résolution qui fait partie intégrante de l’attente du retour du Christ. Malgré leurs défaillances et leurs échecs, Paul les appelle à la fois à être transformés et à être déterminés.

On voit une image semblable de détermination dans une autre lettre de Paul : « en attendant notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ », « la grâce de Dieu… nous enseigne à renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde » (Tt 2.11-14).

On ne peut pas lire 1 Corinthiens ni les autres lettres de Paul sans remarquer à quel point il récuse le péché et les errements mais, ainsi que le révèle 1 Corinthiens 1.8-9, Paul se confronte à ces graves préoccupations sur fond de grande espérance. Nous sommes appelés à faire notre part tandis que Dieu, dans sa grâce, fait son œuvre dans nos vies.

C’est un exemple et un encouragement pour nous. À l’évidence, la plupart d’entre nous ont eu leurs moments d’errements spirituels, mais nos échecs ne devraient pas être au cœur de nos préoccupations. Au contraire, regardons vers Jésus qui non seulement a rendu possible la réconciliation avec Dieu mais qui en outre, s’est engagé envers nous de sorte que nous serons présentés à Dieu sans reproche lorsque son royaume viendra. Grâce à Dieu, sa fidélité est plus grande que nos défections.

Vincent Bacote

Relisez 1 Corinthiens 1.1-9

à la lumière des dysfonctionnements de cette Église. (Vous pouvez aussi reparcourir 1 Corinthiens 15.51-58 et lire Tite 2.11-14.) Que souligne Paul quand il parle de Dieu ? de la formation spirituelle ? du retour du Christ ? En quoi cela nourrit-il votre espérance ?

Avec la participation de :

Vincent Bacote, professeur associé de théologie à Wheaton College. Il est l’auteur de The Political Disciple : A Theology of Public Life.

Charlie Dates, pasteur senior à la Progressive Baptist Church de Chicago. Il a un doctorat de Philosophie en théologie historique obtenu à la Trinity Evangelical Divinity School.

Fleming Rutledge, prêtresse épiscopalienne, a passé vingt et un ans en paroisse avant de devenir conférencière, auteure et formatrice de nouveaux prédicateurs. Elle est l’auteure de The Crucifixion et de.

Danté Stewart est auteur et prédicateur, étudiant à la Candler School of Theology à l’Université d’Emory.

Traduit par Philippe Malidor

L’espérance : un saut pour l’avenir

L’Avent nous rappelle que l’espérance chrétienne repose sur ce qui est arrivé et sur ce qui va arriver encore.

Christianity Today November 28, 2020
Fabrizio Conti / Unsplash

Ma mère, Young Kim, est née en Corée en 1948 alors que le pays était au bord de la guerre civile. Alors qu’elle avait 5 ans, le pays avait été coupé en deux, le Nord et le Sud. Sa famille, autrefois prospère, avait tout perdu. Ses deux parents moururent quand elle était tout juste adolescente. Elle perdit ses deux frères aînés à peine quelques années plus tard. Ma mère finit par se retrouver engagée dans un mariage à problèmes. Elle se sépara de mon père et, alors qu’elle avait une petite trentaine d’années, elle émigra aux États-Unis comme mère isolée avec un sac de vêtements, quelques dollars en poche et moi, qui étais tout petit à l’époque. Sa vie est une histoire de luttes, de chagrin et de privations. Et pourtant, malgré les obstacles, elle a toujours été la personne la plus remplie d’espérance que j’aie connue.

Si vous aviez l’occasion de lui poser la question, elle vous dirait sans le moindre doute ni la moindre hésitation que Jésus est l’unique source de son espérance. Elle vous dirait que depuis qu’elle a rencontré le Christ ressuscité il y a bientôt quarante ans, les circonstances sont toujours passées derrière quelque chose de bien plus immuable. Mais ce quelque chose n’est pas le conte de fée immaculé, sophistiqué ou utopique reposant sur des pensées mirifiques ou sur des rêves d’une vie sans problèmes. Son espérance est une prise obstinée et souvent épuisante sur quelque chose de beaucoup plus consistant. C’est le fait de saisir fermement, sans hésiter, quelque chose qui est arrivé et qui arrivera encore.

En 1 Pierre 1.13, on lit ceci : « C’est pourquoi, tenez votre intelligence en éveil, soyez sobres et mettez toute votre espérance dans la grâce qui vous sera apportée lorsque Jésus-Christ apparaîtra. » Dans le texte originel grec, l’expression rendue par « en éveil » est un terme qui évoque la préparation physique. Elle provient d’une pratique courante dans le Proche-Orient ancien : les gens qui relèvent leur long vêtement et qui l’attachent afin de se préparer au travail, que ce soient les cultivateurs qui partent pour les champs, les soldats qui partent au combat ou les athlètes qui remontent leurs habits afin de pouvoir courir sans être entravés.

Je me demande si Pierre repensait à l’une de ses premières rencontres avec le Christ ressuscité quand il rédigea ces mots dans sa première lettre. À la fin de l’Évangile de Jean, nous lisons le récit de Jésus ressuscité apparaissant à ses disciples au bord du Lac de Galilée. Pierre et les autres étaient à la pêche, mais dès qu’ils reconnurent Jésus qui les appelait depuis le rivage, Pierre « remit son vêtement et sa ceinture, car il s’était déshabillé, et se jeta dans le lac » (Jn 21.7). Remettre son vêtement. C’est le même vocabulaire et la même image qu’il utilise en 1 Pierre 1.13. Quand Pierre aperçut Jésus qui se manifestait sur les rives du Lac de Galilée, il attacha immédiatement son vêtement et. Plusieurs décennies plus tard, Pierre invite les premiers disciples de Jésus à prendre la même initiative par rapport à l’espérance qu’eux – et nous – avons « dans la grâce qui [nous] sera apportée lorsque Jésus-Christ apparaîtra. »

Espérance et action

Peut-on lier « espérance » et « saut » ? En anglais, certains linguistes voient un lien étymologique entre hope (« espérance ») et hop (« saut », « sautillement »). D’où l’idée que l’espérance de quelque chose est un saut dans l’attente, un bond vers le possible. Que ce rapprochement linguistique soit ou non pertinent, la notion soulève une question intéressante. À notre époque, l’idée d’espérance a été connotée avec la passivité, dépouillée de sa nature orientée vers l’action. Nous espérons que les délais ne seront pas trop longs. Nous espérons un bon diagnostic. Nous espérons que tout marchera bien.

Aujourd’hui, l’espérance est surtout conçue comme une version amplifiée du souhait. C’est pourquoi, quand nos espérances paraissent un peu folles, on les appelle parfois des « vœux pieux ». Mais l’espérance chrétienne n’est pas un vœu pieux. L’espérance chrétienne est un bond en avant, qui vise quelque chose. On décide d’agir. On se met en mouvement. Dans The Message® (une version de la Bible en anglais courant), Eugene Peterson rend ainsi le début de 1 Pierre 1.13 : « Retroussez-vous les manches. » L’espérance chrétienne, c’est se retrousser les manches et se mettre au travail. C’est une espérance de « prolétaire », qui nous rend disposés à plonger les mains dans le cambouis, à travailler et à peiner vers ce qui est promis, vers ce qui est à attendre.

Cette nature de l’espérance chrétienne tout à fait à contre-courant est forgée par une résilience et une vaillance qui est malheureusement absente de ce que la mentalité ambiante entend par « espérance ». L’espérance chrétienne ne se défile pas devant la souffrance et la douleur de notre monde ; au contraire, elle court au-devant d’elle. Tim Keller écrit : « Là où d’autres conceptions du monde nous amènent à nous installer au milieu des joies de la vie en prévision des malheurs à venir, le christianisme donne à ses adeptes de se tenir au milieu des malheurs de ce monde en goûtant la joie à venir. » L’espérance chrétienne ne se laisse pas tromper par le monde et ses promesses de confort et de bien-être en cette vie tout en attendant anxieusement de passer à autre chose. Au contraire, l’espérance chrétienne se cale dans le combat de l’expérience humaine avec force et détermination. C’est vrai, il y a de la souffrance et de la douleur en cette vie, mais l’espérance chrétienne permet à ceux qu’elles frappent de tenir debout sans perdre le moindre atome de la dignité de l’imago Dei.

Je pense à mes amis Landon et Sarah Baker. Notre communauté s’est réjouie quand ils nous ont annoncé qu’ils attendaient un enfant. Mais à la naissance du bébé, il y a eu des complications. En pleine période de pandémie mondiale, je suis allé à l’hôpital au service de néonatalité en soins intensifs avec un masque sur le visage, afin de présenter à Dieu la belle petite fille dont la vie sur terre n’allait même pas durer trois jours. En larmes, les jeunes parents ont prié pour leur fille et l’ont tenue contre eux alors qu’elle rendait son dernier souffle avant d’entrer dans l’éternité. Ils ont lu des Psaumes pour elle et ont chanté leur amour pour Jésus. Du fond de leur douleur, leur espérance n’a jamais flanché.

Je pense à mon ami Darren Johnson, qui a passé plus d’un an au chômage. Avec une famille à nourrir et des factures à payer, la situation était tendue. Ce n’était pas faute d’avoir essayé de trouver du travail. Tout simplement, ça ne marchait pas et il ne savait pas pourquoi. Mais malgré son incompréhension, il continua à prier, à louer Dieu, à conduire sa famille avec courage et à servir sa communauté. Il était convaincu que Dieu continuait à travailler et à bouger jusque dans les plus petits détails de sa situation déroutante, même s’il ne savait pas comment. Dans son incertitude, il donnait l’exemple d’une foi monumentale. Son espérance ne flancha jamais.

Je pense à mon amie Christina Tang. Quand elle avait une vingtaine d’années, c’était une compositrice de chansons talentueuse, et elle avait travaillé sur un assortiment de chansons lorsqu’elle apprit qu’elle avait un cancer de l’estomac – et un cancer virulent. Tout le monde autour d’elle était dans la tristesse et l’incompréhension. Mais la résolution était là. Même avec le corps affaibli, Christina continua à écrire et à enregistrer. Elle trouva la force de conduire la louange de temps en temps à l’église. Quand ses mains ne pouvaient plus gratter la guitare, elle recrutait des amis musiciens pour continuer de jouer. Deux semaines après sa mort, nous avons distribué à tous les gens de l’église un exemplaire de son nouvel album : six chansons originales écrites et enregistrées dans ses derniers mois. Son espérance ne flancha jamais.

Voilà à quoi ressemble l’espérance chrétienne. Elle n’esquive pas la peur, l’inquiétude ou le doute ; elle leur fait face. Elle tient ferme, elle se cramponne à la paix au milieu de la confusion. Au travers des nombreuses tempêtes traîtresses de la vie – qu’il s’agisse de la pandémie, des divisions politiques, des troubles sociaux ou des combats personnels – l’espérance chrétienne s’ancre dans quelque chose de plus grand qui est arrivé et dans quelque chose de plus grand qui va arriver encore.

Il va revenir, alors retroussez-vous les manches

L’Avent nous sert de rappel fort à cet égard. Vers la fin novembre, on commence à voir les jardins décorés pour Noël, parfois avec des crèches. Mais cette saison dans laquelle nous entrons est moins un voyage dans l’histoire qu’un voyage vers l’avenir. L’Avent, qui vient du latin adventus, « venue », c’est notre vue à longue portée qui s’obstine à regarder l’avenir, avec l’éclairage de l’histoire. La lumière de l’histoire de Noël surgit dans l’obscurité de notre culpabilité passée, de notre souffrance présente et de nos inquiétudes pour l’avenir, nous orientant vers les jours meilleurs à venir.

En Actes 1.11, au moment où les premiers disciples de Jésus assistent à son ascension au ciel, il leur est rappelé ceci : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel. » Il reviendra. C’est la promesse que nous fêtons et dont nous faisons mémoire pendant l’Avent, et c’est le socle de l’espérance chrétienne. Rappelons-nous les paroles de Pierre : « mettez toute votre espérance dans la grâce qui vous sera apportée lorsque Jésus-Christ apparaîtra. » On peut affronter absolument tout avec de la résilience, du courage et de la patience parce que l’Avent nous redit comment l’histoire se termine. Voilà pourquoi Paul écrit : « J’estime que les souffrances du moment présent ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire qui va être révélée pour nous. […] En effet, c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or l’espérance qu’on voit n’est plus de l’espérance : ce que l’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. » (Rm 8.18, 24-25)

Ma mère a eu 70 ans il y a deux ans. Visiter Hawaï, c’était une des choses qu’elle voulait avoir faites une fois dans sa vie. Nous y sommes donc allés. Nous étions près de la plage de Waikiki, et depuis la fenêtre de notre hôtel nous pouvions voir Diamond Head, l’un des parcours les plus réputés et les plus exigeants de l’île. J’ai demandé à ma mère si elle voulait essayer. Sans hésitation, elle a dit oui. Le sentier de Diamond Trail fait un peu plus de deux kilomètres aller-retour, presque tout en montée, avec 200 m de dénivelé. J’ai immédiatement regretté de lui avoir posé la question ; je n’étais pas sûr qu’elle pouvait le faire à son âge.

Le lendemain matin, nous avons fait le petit bout de route jusqu’au début du parcours. Je lui ai encore demandé si vraiment elle voulait le faire, je l’ai rassurée en lui disant que nous pourrions toujours faire demi-tour et aller sur la plage manger un plat hawaïen à la place. Elle a souri et elle a commencé à aller de l’avant. À peu près à mi-parcours, voyant qu’elle était fatiguée, et moi aussi, je lui ai redemandé si elle voulait revenir. Elle m’a regardé, m’a souri, et elle a retroussé ses manches. Nous avons continué et, pour finir, nous avons profité de la vue depuis le sommet. C’était évident. C’est comme ça que fonctionne l’espérance pour ma mère. Et c’est comme ça que fonctionne l’espérance de Noël. On se retrousse les manches et, en peinant, on fait un pas après l’autre jusqu’à ce qu’on soit arrivé.

Une fois rentrés à l’hôtel pour nous reposer, nous avons utilisé Face Time pour appeler mes enfants – ses petits-enfants – restés à la maison. Ma mère rayonnait en racontant à son petit-fils qu’elle avait réussi à monter à Diamond Head. Il était né exactement trois mois plus tôt, et elle lui avait donné son nom coréen : So-Mahng, qui signifie espérance. Naturellement.

Jay Y. Kim est premier pasteur enseignant à WestGate Church, enseignant en poste à Vintage Faith Church, et l’auteur de Analog Church. Il vit avec sa famille à Silicon Valley.

Traduit par Philippe Malidor

This article is part of CT’s 2020 Advent Project. Learn more at MoreCT.com/Advent.

This article is also part of our 300+ CT Global translations.

Apple PodcastsDown ArrowDown ArrowDown Arrowarrow_left_altLeft ArrowLeft ArrowRight ArrowRight ArrowRight Arrowarrow_up_altUp ArrowUp ArrowAvailable at Amazoncaret-downCloseCloseEmailEmailExpandExpandExternalExternalFacebookfacebook-squareGiftGiftGooglegoogleGoogle KeephamburgerInstagraminstagram-squareLinkLinklinkedin-squareListenListenListenChristianity TodayCT Creative Studio Logologo_orgMegaphoneMenuMenupausePinterestPlayPlayPocketPodcastRSSRSSSaveSaveSaveSearchSearchsearchSpotifyStitcherTelegramTable of ContentsTable of Contentstwitter-squareWhatsAppXYouTubeYouTube