La synagogue où tout a changé

La venue de Jésus soulage notre attente inquiète.

Christianity Today December 7, 2023
Phil Schorr

L’Esprit du Seigneur est sur moi
car il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres.
Il m’a envoyé pour annoncer
aux captifs la délivrance,
aux aveugles le recouvrement de la vue,
pour apporter la liberté aux opprimés
et proclamer une année de faveur
accordée par le Seigneur.

Il roula le livre, le rendit au servant et s’assit. Dans la synagogue, tous les yeux étaient braqués sur lui. –  Aujourd’hui même, commença-t-il, pour vous qui l’entendez, cette prophétie de l’Écriture est devenue réalité.

(Luc 4.18-21)

Il n’y a pas longtemps, une amie a emmené ma fille au centre commercial avec sa famille. J’étais reconnaissante pour cette matinée de travail ininterrompu et m’apprêtais à aller la chercher lorsque j’ai entendu le téléphone de mon mari sonner. C’était le mari de mon amie : « Il y a eu une fusillade au centre commercial. J’ai parlé à ma femme. Elle et les filles vont bien, mais elles sont retenues dans les bâtiments et n’ont pas encore été autorisées à partir. »

Je suis arrivée au centre commercial en un temps record et, étourdie par l’urgence, j’ai vécu l’attente la plus éprouvante de ma vie. J’attendais des nouvelles de la police. J’attendais de pouvoir parler à mon amie pour savoir ce qui s’était passé. J’attendais de tenir ma fille dans mes bras. J’attendais d’inspecter ses éventuelles blessures. J’attendais d’apaiser ses peurs et les miennes.

La peur et l’urgence qu’elle suscite transpirent sans cesse autour de nous, que ce soit directement, dans la vie de ceux que nous aimons, ou dans le flot des informations qui nous parviennent : guerres, maladies, corruption, violence… Les besoins sont urgents, mais où est notre espoir ? Lorsque je m’efforce de maintenir le désespoir à distance, j’imagine ce qu’a pu ressentir l’antique communauté juive dans l’attente de sa délivrance et de l’arrivée du Messie. Cela faisait 400 ans qu’ils n’avaient pas entendu la voix de Dieu, et ils avaient été soumis à bien des captivités et des oppressions. Certains devaient se demander si Dieu les avait oubliés et si un Sauveur allait vraiment venir.

Et puis un jour, un homme nommé Jésus est entré dans une synagogue et s’est levé pour lire un passage du rouleau du prophète Ésaïe :

L’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour annoncer aux captifs la délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue, pour apporter la liberté aux opprimés et proclamer une année de faveur accordée par le Seigneur. (Lc 4.18-19)

Mais Jésus ne s’est pas arrêté là. Il ne s’est pas contenté de leur rappeler qu’il y avait un avenir à espérer. Au lieu de cela, il a fait cette déclaration qui a dû en bousculer plus d’un : « Aujourd’hui même, pour vous qui l’entendez, cette prophétie de l’Écriture est devenue réalité. » (v. 21)

Jésus annonce officiellement qu’il inaugure le royaume de Dieu. À sa suite, nous ne traversons plus les mauvaises nouvelles de notre monde dans le désespoir. Au lieu de cela, nous regardons à Jésus assis sur son trône. Nous pouvons nous appuyer sur sa promesse de rédemption, même lorsque nous sommes confrontés à des circonstances horribles dans notre propre vie, comme ce jour où j’ai attendu ma fille au centre commercial. Lorsque j’ai enfin vu son visage et que j’ai pu la serrer contre moi, le soulagement et la joie que j’ai ressentis n’avaient jamais été aussi forts. Cela m’a rappelé que Dieu n’en a pas fini. Nous n’en sommes pas à la fin. Le Roi est là, et le jubilé éternel est proche.

À méditer



Comment l’expérience de peur et d’urgence vécue par l’autrice résonne-t-elle avec vos propres expériences d’attente et d’aspiration à la délivrance ou d’espoir dans des situations difficiles ?

Lorsque Jésus proclame l’accomplissement des promesses messianiques d’Ésaïe, il affirme que le royaume de Dieu est arrivé. En tant que disciples de Jésus, comment cette proclamation nous remplit-elle d’espoir et peut-elle nous rendre agissants face aux défis et aux ténèbres de ce monde ?

Kristel Acevedo est autrice, formatrice biblique et directrice de la formation spirituelle à la Transformation Church, tout près de Charlotte, en Caroline du Nord.

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Books
Review

Quand la « culture de la pureté » détourne de la foi en Christ

Dans ses récentes mémoires, Shannon Harris fait entendre sa version du célèbre J’ai tourné le dos au flirt. Elle promeut également un évangile bien différent de celui de Christ.

Christianity Today December 7, 2023
Adaptations par Christianity Today/Image source : Getty/Unsplash

J’ai lu l’original anglais de Jeune homme rencontre jeune fille il y a plusieurs dizaines d’années, alors que j’étais adolescente, comme des milliers d’autres jeunes ayant grandi dans l’Église. Il s’agissait de la suite très attendue du désormais célèbre livre de Joshua Harris, J’ai tourné le dos au flirt. Encore très jeune adulte, Joshua Harris nous expliquait comment sortir ensemble (ou plutôt comment se « faire la cour ») en toute pureté, afin que nous puissions tous arriver vierges à notre nuit de noces.

The Woman They Wanted: Shattering the Illusion of the Good Christian Wife

Jeune homme rencontre jeune fille devait nous raconter comment tout cela avait fonctionné pour Josh sur le plan personnel. L’ouvrage nous introduisait également à Shannon, que j’imaginais alors comme une « première dame » marchant aux côtés de Josh. Il s’avère finalement que son rôle était plutôt celui d’une aide d’arrière-plan. Comme l’explique Shannon Harris dans son récent ouvrage The Woman They Wanted: Shattering the Illusion of the Good Christian Wife (« La femme qu’ils voulaient : briser l’illusion de la bonne épouse chrétienne »), elle nourrissait le rêve de devenir chanteuse et actrice, mais s’est retrouvée chargée de distribuer des collations à l’équipe.

J’ai naïvement lu Jeune homme rencontre jeune fille comme une histoire d’amour. Je voyais Joshua et Shannon Harris comme un exemple pour tous les jeunes qui essaient de fréquenter quelqu’un de la « bonne » façon. Le livre apparaissait comme une sorte de promesse que, si je suivais les mêmes règles, je pourrais moi aussi trouver mon futur conjoint et vivre heureuse jusqu’à la fin de mes jours.

Des décennies plus tard, en tenant les mémoires de Shannon Harris, je peux pratiquement sentir entre mes mains le poids des réalités qui ont été tues. Shannon Harris insère enfin sa propre voix dans le récit, nous donnant une perspective entièrement différente sur leur mariage, leur ministère et la façon dont le fait d’être la femme d’un célèbre pasteur et leader évangélique l’a laissée « affamée » et sans « plus rien à donner ».

De « lourds fardeaux » à gérer

Comment Shannon Harris est-elle passée d’une vie de jeune chrétienne enthousiaste au sentiment que l’église locale l’avait chargée de « lourds fardeaux » ? Ceux qui ont connu la jeune femme avant sa conversion, comme l’autrice Aimee Byrd, la décrivent comme « belle, populaire, très talentueuse, amicale et toujours souriante ». Harris dit d’elle-même : « J’étais une jeune femme talentueuse et pleine d’énergie. »

Elle était une enfant courageuse et motivée, prête à jouer le rôle principal dans la pièce de théâtre de l’école. Une chanteuse toujours heureuse de faire entendre sa voix. Mais peu de temps après avoir commencé à fréquenter Joshua, Shannon s’est retrouvée projetée dans un nouveau monde avec son code spécifique de règles et d’attentes et un appel à abandonner ses rêves.

Elle se souvient que Carolyn, l’épouse de C. J. Mahaney (le pasteur principal de l’église de Joshua), lui a dit, au début de leur relation, qu’épouser Josh signifierait renoncer à ses propres ambitions. Carolyn Mahaney la présentera même comme « la fille qui a renoncé à ses rêves pour l’église locale ».

Pendant plus de dix ans, elle a joué le rôle de femme de pasteur : elle a cuisiné, fait le ménage, élevé les enfants, aidé à l’organisation du culte et ouvert sa maison. On lui dit également ce qu’elle ne doit pas porter, à quelle fréquence elle peut faire entendre sa propre voix et quelle est sa place dans la hiérarchie de l’église. « Il n’était pas question de suivre mon cœur, dit-elle, mais seulement de suivre le leader. »

Elle se souvient du jour où Carolyn Mahaney l’a emmenée dans le garage pour lui montrer son congélateur rempli de repas préparés pour sa famille et pour les membres de l’église qu’elle accueillait. Shannon raconte que lorsqu’elle a vu les rangées de poulets à la Kiev et de tartes au chocolat et à la menthe surgelés, elle a su que ce n’était pas l’idée qu’elle se faisait de la « féminité ». Néanmoins, elle s’est conformée docilement au plan qui lui était proposé, en acceptant d’être « surveillée et dirigée » tout au long de son parcours. Pour survivre, Harris dit qu’elle a essayé de s’installer « dans la coquille la plus silencieuse et la plus petite possible ».

Les femmes et la « théologie du vermisseau »

En réfléchissant à ces années où elle s’est sentie comme de la pâte à modeler entre les mains des responsables masculins de son église, Shannon Harris conclut que toute sa conversion au christianisme a été essentiellement fondée sur « la prémisse de la honte ». Ainsi, elle avait l’impression d’être toujours en train d’essayer de rattraper ses péchés. De nombreuses femmes issues du mouvement de la « culture de la pureté » (dont le mari de Shannon, Joshua, était ironiquement le fer de lance) ressentent la même chose, avec l’impression que l’évangile qu’elles ont entendu était le suivant : « Vous avez commis une erreur, vous êtes donc à jamais sale et coupable, et vous devez vivre une vie de basse servitude. »

Nous savons que ce n’est pas ce qu’enseignent les Écritures. Pourquoi donc est-ce ce qu’entendent tant de gens dans l’Église ? Cette question nous oblige à examiner la place du calvinisme dans l’amertume de Harris à l’égard du christianisme . Elle considère la théologie calviniste comme la raison pour laquelle elle paie maintenant son thérapeute « des centaines de dollars pour lui rappeler qu’elle est fabuleuse ».

Ce qu’elle a vu dans ce camp théologique particulier était un groupe d’hommes qui prônaient avec force la doctrine de la dépravation totale, mais qui, d’une certaine manière, pensaient qu’eux avaient tout juste. « Personne d’autre ne pratiquait le christianisme de manière assez juste, assez rigoureuse ou assez biblique », écrit Harris, « et leur certitude indiscutable était devenue lassante. »

J’ai moi aussi été baignée par la théologie calviniste pendant mes années de formation dans l’Église. Le mouvement de jeunesse Young, Restless and Reformed battait son plein à l’époque où j’étais à l’université. Shannon Harris souligne à juste titre certains des mauvais fruits que le mouvement peut porter, tels que l’orgueil, le manque de prise en considération de l’imago Dei en l’être humain et une approche confuse de notre valeur aux yeux de Dieu. Sommes-nous totalement dépravés ou « une créature si merveilleuse » (Ps 139.14) ?

Harris conclut que, pour guérir de cette théologie, nous devons nous efforcer de nous connecter « à notre propre sagesse, à la nature et à notre corps, à notre propre épanouissement dans le travail et le plaisir, et à nos propres façons d’être et de faire ». J’imagine que de nombreux lecteurs ont souligné cette phrase dans leur exemplaire de son livre, trouvant rafraîchissant de penser de manière aussi positive à eux-mêmes et à leur corps après des années de sermons sur nos « cœurs insensés » et notre « chair pécheresse ».

Mais comment cela se passe-t-il dans la pratique ?

Parfois, il peut s’agir d’apporter à votre voisin du pain fraîchement préparé, juste pour lui remonter le moral. Mais dans d’autres cas, cela peut consister à suivre sa propre sagesse et à rechercher son propre plaisir, par exemple en se goinfrant de biscuits tout en regardant du porno. Ou troller quelqu’un que vous n’aimez pas en ligne au lieu de passer du temps avec vos enfants.

Nous pouvons représenter Dieu de toutes sortes de belles manières, et nous le faisons, mais sans le Christ, nous sommes toujours des malades, des pécheurs qui ont besoin d’être sauvés.

Nous sommes d’éblouissants porteurs de l’image de Dieu et nous avons aussi hérité du péché d’Adam. Nous sommes des créatures merveilleuses et nous ne sommes pas à la hauteur de la gloire de Dieu. Les deux sont vrais et ne s’opposent pas l’un à l’autre. Je pense que c’est à juste titre que Shannon Harris nous met en garde contre une « théologie du vermisseau », mais elle s’égare par ailleurs : si nous ne faisons que souligner notre bonté et nier notre problème avec le péché, nous perdons notre besoin de repentance. Nous perdons ainsi l’Évangile, et nous perdons Jésus.

Le rejet de l’Esprit saint

Un matin, pendant leur lune de miel, Shannon raconte que Joshua avait la migraine. Elle décide alors d’aller se promener seule. Elle aperçoit bientôt, à travers une porte ouverte, un homme en jean bleu et chemise de flanelle qui travaille le bois. Elle écrit à propos de ce moment : « Je ne me souvenais pas de la dernière fois où j’avais vu un homme aussi séduisant, et je suis restée quelques secondes dans l’embrasure de la porte à le regarder. » Puis elle s’est dit : « Voilà un gars avec qui j’aimerais faire l’amour. »

Ce récit s’inscrit dans le contexte des premières inquiétudes concernant son mariage, preuve, je suppose, que dès le départ tout n’était pas rose. Mais à dire vrai, si les sexes dans cette histoire étaient inversés — si un homme marié (disons, Joshua Harris) racontait comment, pendant sa lune de miel, il s’est arrêté et a regardé une femme à travers une porte ouverte et a pensé à la façon dont il aimerait avoir des relations sexuelles avec elle, alors que sa jeune épouse était au lit avec un mal de tête — bien des chrétiens sur les réseaux sociaux seraient à juste titre dans tous leurs états.

Cependant, de nombreux lecteurs chrétiens du livre de Shannon Harris qui tweetent sur la façon dont celle-ci a été maltraitée par l’Église (parce qu’elle l’a effectivement été), et certains commentateurs soulignant comment nous devrions écouter son histoire (et nous devrions effectivement le faire), ne disent rien sur le fait que son ouvrage propose un évangile entièrement différent de l’Évangile de Jésus-Christ.

Au bout du compte, Harris se débarrasse de la totalité de la dépravation humaine, qualifiant de « courageux » le péché originel qui a amené Jésus sur terre pour mourir pour nous et faisant d’Ève dans le jardin d’Éden « une femme qui a pris l’initiative ».

Si je peux écouter avec respect et compassion l’histoire de ce qu’elle a vécu et confirmer nombre de ses critiques de l’Église moderne, je ne peux pas approuver toutes ses conclusions, en particulier lorsqu’elle rejette notre besoin du Christ et se choisit elle-même, plutôt que le Saint-Esprit, comme guide ultime. Dans un chapitre, Harris explique comment elle apprend aujourd’hui à faire confiance à son intuition, à sa voix intérieure, à son cœur et à sa sagesse. Pour comprendre ce qu’elle entend par là, on peut notamment se reporter au chapitre suivant, où elle qualifie de « sagesse » l’acte d’Ève mangeant de l’arbre interdit : « Et si Eve avait eu raison de prendre le fruit ? Et si elle était censée avoir la sagesse ? »

Paul, anticipant notre tendance humaine à abuser de la liberté chrétienne pour satisfaire notre propre chair, avertissait l’église de Galatie que nos désirs et le Saint-Esprit sont souvent « opposés entre eux » (5.17). Nous ne pouvons pas simplement « suivre notre cœur » et nous attendre à ce que nous choisissions naturellement le chemin de la ressemblance à Christ. Nous avons besoin d’aide. Nous avons besoin de l’Esprit saint, le « Secours » que Jésus nous a laissé lorsqu’il est retourné au ciel. Le nier, c’est rejeter les paroles mêmes de Jésus.

Shannon Harris s’est éloignée de l’Église. « Peut-on lui en vouloir ? », se demanderont beaucoup. Après les horribles traitements qu’elle a subis, comment ne s’en serait-elle pas détournée ? En lisant des récits comme le sien, il nous faut nous compte que, comme elle le souligne, son « expérience de l’Église est malheureusement représentative de l’expérience de beaucoup d’autres ».

Nous serions stupides et arrogants de rejeter son histoire simplement parce qu’elle affirme ne plus savoir si Dieu existe. De nombreux fidèles, en particulier des femmes, sont épuisés, blessés et trouvent davantage de réconfort dans la thérapie que dans l’Église.

Cela s’explique en partie par le fait que l’Église leur a dit qu’ils ou elles devaient, comme Harris, se ranger dans une petite boîte fabriquée par les hommes pour être de bons chrétiens. Il est possible de reconnaître cela, de pointer du doigt l’Église et ses responsables corrompus, et de tweeter avec colère à ce sujet.

Mais je pense qu’il est également nécessaire de réfléchir sobrement à la manière dont nous avons aussi pu contribuer personnellement à pousser des personnes hors de l’Église — des personnes comme Shannon Harris. Par exemple des frères et sœurs dont on se moquerait parce qu’ils « déconstruisent » leur foi. Peut-être que tout ce qu’ils ont vu et expérimenté dans l’Église n’a rien à voir avec Jésus, et qu’ils s’en vont sans n’avoir jamais vu son visage.

Rachel Joy Welcher est éditrice pour Fathom Magazine. Elle est l’autrice de Talking Back to Purity Culture: Rediscovering Faithful Christian Sexuality.

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Culture

Mourir à nos selfies

Nous ne verrons jamais la gloire de Dieu si nous ne sommes préoccupés que de notre image.

Christianity Today December 7, 2023
Illustration de Mallory Rentsch/Images sources : Getty/WikiMedia Commons

La mythologie grecque n’est pas le guide ultime de la vie chrétienne, mais j’apprécie les réflexions intelligentes qu’offrent ces antiques récits. Je me suis récemment souvenu de Narcisse, ce jeune homme qui négligeait tous ses autres amours et besoins physiques pour pouvoir fixer sans fin son propre reflet. Dans la version la plus courante de l’histoire, Narcisse finit par mourir assis au bord du bassin où se reflète son image, conclusion tragique et ironique de son amour égocentrique.

Cette vieille tragédie s’applique toujours — et peut-être tout particulièrement — à notre ego et à notre orgueil modernes. Les bassins et les miroirs ne sont de loin pas les seuls obstacles à affronter si nous voulons cultiver l’humilité aujourd’hui.

Nous sommes les porteurs de l’image de Dieu. Pourtant, aidés par nos téléphones et les réseaux sociaux, beaucoup d’entre nous passent plus de temps avec leur reflet que Narcisse lui-même, et certainement plus que nos ancêtres à n’importe quelle autre époque de notre histoire. L’écrasante majorité des adultes américains possèdent aujourd’hui un smartphone. Et avec des milliards d’appareils mobiles en circulation dans le monde, la situation est la même dans de nombreux autres pays. Nous sommes une société de l’« égoportrait », encouragée à se regarder et à s’afficher très régulièrement, dans l’espoir d’attirer plus de « likes » et de renforcer notre « image ».

Nous avons oublié le péril de Narcisse. Mais nous oublions aussi la grâce qui s’exprime à travers son histoire : après la mort de Narcisse, il est transformé en fleur.

À la fin de l’été dernier, j’ai donné un concert dans une ferme horticole campagnarde de l’État de Washington, alors que les dahlias étaient en pleine floraison. Des rangées et des rangées de pompons spectaculaires se balançaient comme des feux d’artifice de velours jaillissant de leurs solides tiges vertes. Accompagnés de la guitare, du piano et de la batterie, nous chantions au coucher du soleil sous une tente blanche, la communauté et les musiciens s’unissant pour élever nos voix par-dessus les fleurs. Nous expérimentions consciemment quelque chose de l’hospitalité de Dieu. C’était comme vivre l’église dans les champs.

Après le concert, une petite fille m’a apporté une poignée de fleurs fraîches : des fleurs violettes arrondies, des silhouettes roses qui ressemblaient à des œillets en désordre, des dahlias anémones alternant blanc et couleur lavande. Les fleurs et la gentillesse de cette petite m’ont charmée. Nous avons échangé quelques mots sur la diversité et la vitalité de chacune d’entre elles et de chacun de nous, tous reflétant la créativité de Dieu.

Jésus dit à ses amis : « Observez comment poussent les plus belles fleurs : elles ne travaillent pas et ne tissent pas ; cependant je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas eu d’aussi belles tenues que l’une d’elles. » (Lc 12.27)

Les fleurs ne se préoccupent pas d’elles-mêmes. Elles sont tout simplement. Le chanteur américain Tom Petty les évoque justement comme un symbole d’insouciance dans sa chanson « You belong among the wildflowers ». Ces beautés fleurissent, dansent dans le vent et font le bonheur du Seigneur, le nôtre et celui des abeilles. Si c’est ce ainsi que Dieu agit avec l’herbe des champs, interroge l’Évangile, combien plus pourra-t-il faire avec nous ?

Dans le mythe, Narcisse connaît une triste fin. Mais il y a peut-être là aussi une grâce.

La grâce est comme une sorte de viseur qui nous aide à savoir où regarder : non pas notre reflet, mais la gloire de Dieu telle qu’elle apparaît même dans nos vies ordinaires. Les cieux parlent de cette gloire dès à présent (Ps 19), et le voir peut nous aider à trouver notre place en tant qu’élément significatif de la belle création de Dieu.

Les fleurs fraîches peuvent se faner, mais cette limite ne les amoindrit pas. Quand je ferme les yeux, je vois encore ces dahlias dans mon esprit, et ils me font réfléchir : quel épanouissement Dieu a-t-il prévu pour moi en ce moment ? Quelle chanson suis-je appelée à chanter en cette saison ? Et qui est la Source céleste qu’évoquent les vers de l’autrice de cantiques Anne Steele ?

Toi la source de la vraie joie, toi que j’adore sans l’avoir vu ! Dévoile à mes yeux tes beautés, que j’apprenne encore à t’aimer.

Ne voir que soi et passer sa vie captivé par son faible rayonnement conduit, en effet, à la mort. Et la mort est toujours une tragédie. Mais regarder à Dieu, c’est voir la résurrection et la vie nouvelle.

La vie de résurrection fleurit par la grâce. Elle nous permet de prêter moins d’attention à nous-mêmes.

Lorsque nous trouvons notre véritable valeur en regardant à Jésus, nous nous libérons du vain reflet de notre propre image, sachant au contraire que nous appartenons à l’unique source de toute vraie joie. Nous sommes libres de nous donner, comme des cantiques dans un champ de dahlias. Nous pouvons porter des fruits magnifiques sans avoir besoin de contempler notre propre beauté, parce que nous sommes vus et pris en compte par celui qui compte plus que tout autre.

Sandra McCracken est autrice, compositrice et interprète à Nashville. Elle est également l’animatrice du podcast The Slow Work produit par CT.

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Un rendez-vous imprévu

Ce que l’assurance persévérante de Siméon nous apprend.

Christianity Today December 6, 2023
Phil Schorr

Il y avait alors, à Jérusalem, un homme appelé Siméon. C’était un homme juste et pieux ; il vivait dans l’attente de la consolation d’Israël, et le Saint-Esprit reposait sur lui. L’Esprit Saint lui avait révélé qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie, l’Envoyé du Seigneur.

(Luc 2.25-26)

Quand vous êtes-vous retrouvé pour la dernière fois dans une salle d’attente ? Pour moi c’était il y a quelques semaines au cabinet de mon médecin. L’espace est lumineux, chaleureux et confortable. Après s’être annoncé, on peut y feuilleter une pile de magazines, regarder une émission sur l’écran installé dans un coin, parcourir les réseaux sociaux sur son téléphone ou simplement regarder par la fenêtre pour passer le temps. Mais l’attente est inévitable. Personne dans la salle ne pouvait y échapper et le délai a certainement été plus long qu’aucun d’entre nous ne l’aurait souhaité. Nous avons en nous une tendance à vouloir que la vie se déroule au rythme prévu, selon notre agenda.

Souvent, notre attente est liée à un rendez-vous que nous avons pris. Nous nous sommes mis d’accord pour voir telle ou telle personne à une heure convenue pour telle ou telle raison. Mais lorsque l’horaire prévu passe, nous nous retrouvons à patienter. Et plus l’attente est longue, plus nous sommes agités.

Et si vous saviez que vous avez une sorte de rendez-vous avec la personne la plus importante de l’univers, mais qu’il ne peut être inscrit sur votre agenda ? Que se passerait-il si on vous disait que vous aurez une audience avec le Roi des rois, mais qu’on ne vous donnait ni date ni heure — qu’on vous disait seulement que ce serait quelque temps avant votre mort ? C’est ce qui est arrivé à Siméon.

« Il y avait alors, à Jérusalem, un homme appelé Siméon. C’était un homme juste et pieux ; il vivait dans l’attente de la consolation d’Israël, et le Saint-Esprit reposait sur lui. L’Esprit saint lui avait révélé qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie, l’Envoyé du Seigneur. » (Lc 2.25-26)

De quel genre de salle d’attente s’agit-il ? Se réveillait-il chaque jour en se demandant : « Est-ce que c’est pour aujourd’hui ? » Il ne fait aucun doute que cette promesse du Saint-Esprit avait été convaincante et restait gravée dans sa mémoire. Mais il y a certainement eu des jours où Siméon ressentait le fardeau de l’attente de ce seul et unique enfant, source du salut de l’humanité. Comment a-t-il persévéré dans le bouillonnement qui accompagne le fait de connaître la fin de l’histoire, tout en devant vivre avec l’incertitude de l’entre-deux ?

Je ne peux que conclure que la persévérance de Siméon était enracinée dans la personne qui avait établi le plan, plus que dans le plan lui-même. Peut-être n’avait-il pas la prétention d’avoir une opinion sur les délais ou les détails de ce plan — peut-être a-t-il pu simplement les considérer comme relevant de la souveraineté divine. Siméon était heureux de voir tout cela se dérouler sous ses yeux, confiant que celui qui avait promis ferait exactement ce qu’il avait dit, au moment parfait et pour le bien de « tous ceux qui, avec amour, attendent sa venue » (2 Tm 4.8).

Quel cadeau que de contempler l’arrivée du salut de Dieu à travers les yeux de Siméon ! J’aimerais savoir attendre comme il l’a fait, plein d’assurance que le Roi reviendra accomplir sa promesse. Il respecte ses rendez-vous. Et ce jour-là, nous partirons en paix, rejoignant une grande nuée de témoins, face à face avec celui qui est notre salut (Ap 22.1-5).

À méditer



Comment l’idée de l’attente d’une rencontre avec le Roi des rois change-t-elle votre perspective sur les temps choisis par Dieu pour accomplir ses promesses dans votre vie ?

La patience de Siméon devait s’enraciner dans la personne qui avait établi le plan plutôt que de se concentrer sur le plan lui-même. Comment pouvez-vous appliquer ce principe à votre propre vie ? Comment la confiance en la souveraineté de Dieu vous donne-t-elle de l’assurance ?

Monty Waldron est marié et père de quatre enfants. Il a fondé l’église Fellowship Bible en 2000.

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Culture

Un amour implacable

Lorsque nous sommes dans la peur, Dieu recherche notre cœur.

Christianity Today December 5, 2023
Phil Schorr

L’Éternel parla de nouveau à Ahaz et lui dit : Demande pour toi un signe extraordinaire à l’Éternel, ton Dieu, soit dans les régions d’en bas, soit dans les lieux élevés.

Mais Ahaz dit : Je n’en demanderai pas. Je ne veux pas forcer la main à l’Éternel.

Ésaïe dit alors : Écoutez donc, dynastie de David. Ne vous suffit-il pas de mettre à dure épreuve la patience des hommes pour qu’il vous faille encore lasser celle de mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe : Voici, la jeune fille sera enceinte et elle enfantera un fils, elle lui donnera pour nom : Emmanuel (Dieu avec nous).

(Ésaïe 7.10-14)

Je rappelle chaque jour à mon jeune fils combien je l’aime. Ces derniers mois, j’ai parfois remarqué qu’il était inquiet et triste. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il a été marqué par les nouvelles récurrentes concernant les fusillades dans les écoles, les émeutes dans notre pays, la pandémie et les diverses tensions politiques. Pour être honnête, j’ai également eu très peur à bien des moments. Mais je rappelle souvent à mon fils : « Kingston, tu es pleinement aimé. Nous sommes en sécurité. Dieu est avec nous, même si tu ne le sens pas. » Mon fils, comme beaucoup d’entre nous, a du mal à y croire. Le monde est lourd. Où est l’espoir ?

En Ésaïe 7.10-14, on trouve un roi Ahaz effrayé au milieu de luttes et de tensions politiques. Les ennemis se rapprochent de la nation de Juda et Ahaz, qui s’est éloigné de Dieu, ressent le besoin de chercher ailleurs un secours et un apaisement. Le roi connaissait la loi de Dieu, mais il n’avait pas confiance en elle. Alors que Dieu voulait lui offrir la sécurité, Ahaz était gouverné par l’idolâtrie, jusqu’à sacrifier son propre fils (2 R 16). Dieu annonce alors ce que signifie cette voie pour Juda : si Ahaz n’écoute pas ses instructions et ne change pas, la destruction sera inévitable (Es 10-11).

L’insistance de Dieu face au roi de Juda ne vise pas seulement la repentance d’Ahaz, mais aussi le salut de tout son peuple, tout comme dans la vie, la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus pour nous. Les yeux du roi de Juda étaient absorbés par des réalités passagères, alors qu’une perspective éternelle frappait à sa porte. Mais la grâce de Dieu persévère malgré notre infidélité. Même si Ahaz rejette la puissance et la présence de Dieu, Ésaïe lui donne un signe : « Voici, la jeune fille sera enceinte et elle enfantera un fils, elle lui donnera pour nom : Emmanuel (Dieu avec nous). » (Es 7.14)

La naissance de Jésus apporte un salut extraordinaire. L’espoir est maintenant là (Mt 1.20-22). Dieu est avec nous, malgré les turbulences et des circonstances souvent périlleuses de nos vies. Il est descendu pour nous offrir l’espérance éternelle dans nos afflictions passagères. Il nous demande d’écouter et de croire. Dans notre faiblesse et notre incrédulité, il nous aide à le faire.

Lorsque mon fils avait peur, j’étais implacable dans la poursuite de son cœur, tout comme Dieu l’est pour le nôtre. J’avais besoin que mon fils sache que la peur n’avait pas à nous gouverner. Cette place revient à notre espérance en Christ. Oui, certaines périodes nous mettent face à la réalité du doute et de la peur, mais l’amour de Jésus pour son peuple ne cesse d’abonder. Il a offert le salut en se donnant en rançon pour la vie de beaucoup. Et il nous promet ceci : « Comme un homme que sa mère console, je vous consolerai. » (Es 66.13) Il est notre repère par excellence, un roi qui nous offre la vie en échange de sa mort. Aujourd’hui, n’endurcissez pas votre cœur comme Ahaz, mais sachez que la puissance de Dieu est en vous, que sa présence est avec vous et que ses bénédictions sont sur vous.

À méditer



Comment l’histoire du roi Ahaz montre-t-elle que Dieu poursuit sans relâche le cœur de son peuple et désire son salut ?

De quelle manière pouvons-nous trouver de l’espoir et du réconfort dans l’assurance que Dieu est avec nous, même au milieu de la tourmente et de la peur ?

Alexandra Hoover est épouse, mère de trois enfants, conférencière, responsable de ministère et autrice du best-seller Eyes Up: How to Trust God’s Heart by Tracing His Hand.

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En ces temps de division, nous devrions davantage parler de nos ennemis.

Cela peut sembler contre-intuitif, mais il y a des raisons bibliques et culturelles de le penser.

Christianity Today December 5, 2023
Illustration d’Abigail Erickson/Images sources : WikiMedia Commons

Nous parlons moins de nos ennemis qu’auparavant.

Ce n’est peut-être pas ce que vous ressentez. L’abondance de luttes internes, de médisances, d’injures et de méchanceté dans le discours public contemporain, y compris au sein de l’Église, est à la fois tragique et destructrice. Calomnie et remarques désobligeantes font partie du quotidien de nombreux cercles. La dernière chose dont nous aurions besoin en ces temps de division pourrait donc sembler être une pensée et un discours sur les « ennemis ».

Or, c’est tout le contraire, et ce pour deux raisons. La première est biblique : les Écritures parlent des ennemis avec une grande clarté et une fréquence remarquable, y compris d’une manière que nous sommes explicitement invités à imiter. La deuxième raison est d’ordre culturel : la confusion quant à l’identité des ennemis de Dieu et à la manière dont l’Église devrait réagir face à eux incite les chrétiens à s’attaquer mutuellement bien plus qu’elle ne limite les hostilités.

Prenons d’abord l’argument biblique. Il y a environ 400 références à un « ennemi » ou à des « ennemis » dans les Écritures. À titre de comparaison, c’est environ deux fois plus souvent que les mots relatifs à la « grâce ». Certes, beaucoup de ces exemples concernent des adversaires politiques ou militaires d’Israël aujourd’hui disparus. Mais d’autres désignent ceux qui aiment le monde, haïssent la Croix et l’Église (Jc 4.4; Ph 3.18 ; Ap 11.5, 12).

De nombreuses références concernent l’œuvre du Messie lui-même, qui « possédera les villes de ses ennemis » (Ge 22.17), et qui — dans le texte biblique le plus fréquemment cité par Jésus et par le Nouveau Testament — s’assiéra à la droite de Dieu jusqu’à ce que ses ennemis soient transformés en son « marchepied » (Ps 110.1). Apparemment, écraser la tête de ses ennemis est un élément central de ce que le Christ est venu faire. C’est le sujet de la première prophétie à son sujet, dès le jardin d’Eden (Ge 3.15), et l’image est préfigurée dans la Bible hébraïque par de nombreux récits de têtes abattues, de Sisera à Goliath, en passant par Abimelek et Dagon.

Les apôtres exhortent directement l’Église à prier et à chanter les psaumes (Ep 5.19), qui regorgent de supplications pour la délivrance et la destruction de nos ennemis. À moins que nous ne soyons prêts à découper ces passages aux ciseaux, à la manière de la Bible éditée par Thomas Jefferson, nous devrons trouver des manières pertinentes de les comprendre et de les prier. Après tout, même le Psaume 23, le psaume le plus paisible, le plus pastoral et le plus populaire qui soit, présente une table dressée « en face de mes adversaires » (v. 5).

Nous devons donc nous poser la question : comment implorer le salut du Dieu qui « brise les dents des méchants » tout en continuant à aimer nos ennemis (Ps 3.8 ; Mt 5.44) ? Demandons-nous à Dieu de renverser des groupes terroristes comme l’État islamique ou des tyrans comme Vladimir Poutine ? D’écraser le Diable et toutes ses œuvres ? De venger Jésus ? De détruire notre propre péché ? D’éliminer tout mal au jour du jugement ? Tout cela à la fois ? J’ai trouvé un ouvrage de Trevor Laurence, Cursing with God: The Imprecatory Psalms and the Ethics of Christian Prayer, extrêmement utile sur ces questions.

Notre contexte culturel actuel a également grand besoin d’une vision biblique de l’inimitié. Un curieux paradoxe est à l’œuvre. Alors que les Occidentaux modernes sont de moins en moins convaincus de l’existence du Diable, ils sont de plus en plus enclins à se considérer les uns les autres comme diaboliques. Comme l’ont fait remarquer des historiens tels que Tom Holland et Alec Ryrie, nous invoquons aujourd’hui Hitler, les nazis ou l’Holocauste au lieu de Satan, des démons ou de l’enfer, mais l’effet est à peu près le même.

Ces tendances sont liées. Nous savons au fond de nous que le mal radical existe. Si nous n’apprenons pas à discerner précisément qui sont nos ennemis, nous avons tendance à les voir partout. La plupart d’entre nous évitent les termes tels que « ennemis » ou « méchants », préférant diverses combinaisons d’insultes, de jurons, d’épithètes rancunières et de généralisations calomnieuses. Mais même lorsque le langage de l’inimitié disparaît, l’expérience de cette inimitié ne disparaît pas, comme le sait bien quiconque s’est déjà réjoui de la chute de quelqu’un (ou lamenté de la réussite de cette même personne).

L’un des antidotes aux débouchés les plus dangereux de l’inimitié consiste à déterminer plus clairement qui sont nos véritables ennemis. Le péché, la mort, le monde, la chair, le Diable : Tels sont les ennemis que le Christ est venu écraser. Ils sont à l’œuvre en nous, tout comme en ceux que nous peinons à aimer. Mais tout en détestant Mammon, nous pouvons aimer le jeune homme riche. Tout en détestant l’idolâtrie, nous pouvons aimer les Éphésiens, les Londoniens ou les Parisiens. En effet, nous luttons contre les forces spirituelles du mal, et non contre la chair et le sang (Ep 6.12).

« Chaque groupe a un démon », m’a dit un pasteur avisé il y a plusieurs années. « En l’occurrence, le nôtre devrait être le Diable. »

Andrew Wilson est pasteur enseignant à la King’s Church de Londres et auteur de Remaking the World.

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Noël nous intègre à la famille non traditionnelle de Dieu.

Après la perte de mon père durant mon enfance, j’ai appris à trouver ma véritable lignée dans l’Incarnation.

Christianity Today December 5, 2023
Illustration de Mallory Rentsch/Images sources : WikiMedia Commons

Enfant, j’adorais feuilleter les cartes de Noël que ma famille recevait chaque année. À l’époque où les réseaux sociaux n’existaient pas encore, ces photos annuelles glissées dans la boîte aux lettres me permettaient de me sentir en contact avec des amis et des membres de la famille éloignés.

Après la mort de mon père, cependant, les cartes de Noël me rappelaient ce que j’avais perdu. Ces photos de familles intactes et souriantes et leurs salutations joyeuses étaient comme du sel versé sur ma plaie. Les fins d’année sont toujours difficiles pour les personnes en deuil. Mais pour moi, elles ajoutaient une mesure de honte au chagrin que je portais tout au long de l’année. Dans ma blessure d’enfant, je ressentais certaines intuitions : mes frères et sœurs et moi-même n’étions plus à la hauteur des cartes de Noël, car notre famille n’était plus complète. C’est pour cela que nous n’avions plus jamais envoyé de vœux de Noël après la mort de mon père.

L’importance que notre culture accorde à la famille nucléaire prend une tournure religieuse à l’approche de Noël. Nous associons Marie, Joseph et Jésus niché dans la crèche à nos propres conceptions sentimentales de l’unité familiale. Nous invitons des familles à venir allumer les bougies de l’avent dans l’église. Nous nous réunissons autour de la table avec notre famille élargie pour faire la fête. Dans l’emballement général, il est facile de penser que la « paix sur la terre » s’exprime avant tout sous la forme d’une famille complète et en bonne santé au pied d’un sapin de Noël.

Soyons clairs : la famille est un don de Dieu qui mérite d’être valorisé et soutenu. Dieu a créé la famille en partie pour nous permettre d’apprendre à aimer et à être aimés. Le monde a besoin de voir des familles engagées dans l’entreprise à la fois difficile et sacrée de vivre ensemble. Mais comme l’écrit Esau McCaulley, spécialiste du Nouveau Testament, « notre image de la famille à Noël — entourée de décorations, riche, heureuse et intacte — colle assez peu à l’Évangile du premier [Noël] ».

La famille de Jésus n’est pas vraiment à la hauteur de nos cartes de Noël. Son premier « Noël » (sa naissance) n’a pas eu lieu dans une maison confortable entouré d’une famille traditionnelle, mais dans une annexe pour animaux avec une mère tombée enceinte avant d’être mariée et un père adoptif. Son enfance a probablement été marquée par la honte associée à la grossesse de sa mère aux yeux de la société (Mt 1.18-19), les terreurs du déplacement de sa famille en Égypte (Mt 2.13-15) et les réalités de la pauvreté (Lc 2.24).

Devenu adulte, Jésus n’a pas non plus formé une famille traditionnelle. Il est resté célibataire jusqu’à sa mort.

Ayant perdu mon père quand j’étais jeune, j’ai trouvé un grand réconfort dans le fait que l’histoire de la famille de Jésus est si complexe. Dès sa conception, Emmanuel démontre qu’il est Dieu avec nous tous, y compris les laissés-pour-compte, les pauvres, les célibataires et les endeuillés. La magie de Noël, de la proximité du Christ, c’est qu’elle concerne précisément ceux qui pourraient sembler en être exclus. La famille de Jésus elle-même est la preuve de cette vérité.

Mais Jésus et ses parents — désignés dans l’histoire de l’Église comme la Sainte Famille — nous offrent également le modèle d’un cadre nouveau et plus large instauré par Jésus lui-même. Interpellé au sujet de sa mère et ses frères qui l’appelaient, Jésus enseigne : « celui qui fait la volonté de mon Père céleste, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. » (Mt 12.50) Les parents humains de Jésus sont les premiers personnages des Évangiles à faire preuve de cette obéissance à la volonté du Père.

Le fameux « oui » de Marie au message de Gabriel est ce qui a fait d’elle la mère de Jésus. Elle a consenti à la volonté de Dieu et l’a accueillie de la manière la plus personnelle, la plus coûteuse et la plus incarnée. Marie est pour cela un personnage unique dans l’histoire du salut et un exemple pour tous les chrétiens.

De même, Joseph a obéi à l’ordre angélique de prendre Marie pour épouse et d’accueillir son fils comme sien (Mt 1.18-25). La profonde humilité et la disposition au service de Joseph illustrent ce qu’est le royaume contre-culturel de Dieu et restent un témoignage prophétique pour nous aujourd’hui.

Dans leur obéissance commune à Dieu, Marie et Joseph ont vécu ensemble comme Adam et Ève devaient le faire. Leur alliance représente les débuts de l’humanité rachetée, la famille de Dieu. En d’autres termes, les personnages principaux de l’histoire de Noël ne nous offrent pas seulement un modèle de famille nucléaire. Ils nous offrent un modèle pour l’Église.

Dans mon enfance, pendant et après la mort de mon père à la suite d’un cancer, l’église est devenue pour moi une sainte famille, une communauté paternelle et maternelle qui m’a permis de grandir dans l’obéissance à Dieu. Ils ont entouré et soutenu ma mère alors qu’elle apprenait comment prendre soin de six enfants en tant que veuve. Mes frères et sœurs et moi avons été nourris, habillés et même — pendant un certain temps — logés par des chrétiens. Une poignée d’hommes, en particulier, nous ont fidèlement accompagnés en tant que pères spirituels. Leur présence durable a changé ma vie.

Ces dernières années, l’influence de ces hommes me fait penser à Joseph, un homme dont la paternité n’était pas limitée par la biologie. Comme l’écrit le pape François à propos du ministère de Joseph, « les pères ne naissent pas, ils se font. […] Chaque fois qu’un homme accepte la responsabilité de la vie d’une autre personne, il devient d’une certaine manière un père pour celle-ci. »

Jésus n’est pas venu abolir la famille. Mais il est venu l’élargir. Il est venu pour que nous puissions partager sa filiation et nous asseoir à sa table familiale. Il est venu pour transformer des étrangers en frères et sœurs et des hommes et des femmes sans enfants en pères et mères spirituels. Cela n’efface pas la douleur de nos éloignements familiaux, du deuil ou du célibat non désiré. Mais cela permet de recadrer cette douleur. Et cela devrait recadrer la manière dont tous les foyers chrétiens comprennent le sens de leur vie commune.

Dans son livre Habits of the Household, Justin Whitmel Earley invite les familles nucléaires à faire de l’hospitalité une forme de mission.

« Nous ne nous occupons pas de notre foyer parce que nous sommes responsables de notre lignée et de personne d’autre — ce serait une forme déguisée de tribalisme », écrit-il. « Nous nous occupons plutôt de la famille parce que c’est à travers elle que la bénédiction de Dieu s’étend à d’autres. »

À l’approche de Noël, nous repensons au petit foyer non traditionnel qui a étendu la bénédiction de Dieu au monde grâce à la naissance du Christ. Et nous pouvons nous émerveiller de la façon dont ce foyer s’étend pour englober chacun d’entre nous.

Je m’émerveille de cette vérité chaque fois que je regarde l’icône de la Sainte Famille qui se trouve sur mon bureau. Elle m’a été donnée par une amie lorsque j’étais enceinte, et elle m’inspire généralement à prier pour mon propre ministère en tant que mère de trois enfants. Mais de temps en temps, j’y vois un portrait de famille dans lequel je suis aussi mystérieusement présente.

Pour être claire, la famille humaine de Jésus était et reste distincte de la mienne. Mais sa famille spirituelle comprend ceux qui sont nés « non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais […] de Dieu. » (Jn 1.13) Cette famille est issue de toutes les tribus, de toutes les langues et de toutes les nations, et sa destinée est la communion éternelle avec le Père (Ap 7.9-10).

Lors d’un Noël particulièrement difficile, il y a quelques années, alors que je pleurais la perte soudaine de mon frère, j’ai découvert une autre image évoquant la Sainte Famille. Dans un dessin intitulé « Mary and Eve », Ève est nue, triste et les pieds entravés par le serpent. Marie est enceinte, vêtue de blanc et marche sur la tête du même serpent.

Cette image est devenue une sorte de carte de Noël personnelle. Elle me rappelle de ne pas chercher mon accomplissement ultime dans une quelconque forme de la famille nucléaire, mais de me confier, ainsi que mes proches, au Fils qui fait de nous tous des fils et des filles.

Face au deuil et à la solitude persistante, cette lignée familiale inébranlable nous soutient. Elle nous enseigne comment vivre ensemble en tant que communauté de frères et sœurs jusqu'à la venue du Seigneur. Elle inscrit notre peine dans l'espérance plus large des retrouvailles — et de la résurrection — qui nous attendent.

Hannah King est prêtresse et autrice dans l'Église anglicane d'Amérique du Nord. Elle est pasteure associée à la Village Church de Greenville, en Caroline du Sud.

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La prophétie d’un souverain parfait

Un surprenant pouvoir à venir

Christianity Today December 4, 2023
Phil Schorr

Voici venir le temps, l’Éternel le déclare, où je vais donner à David un germe juste. Il régnera avec sagesse et il exercera le droit et la justice dans le pays. À cette époque-là, Juda sera sauvé, et Israël vivra dans la sécurité. Voici quel est le nom dont on l’appellera : « L’Éternel est notre justice ».

(Jérémie 23.5-6)

Jérémie était le prophète d’un peuple en proie à des troubles politiques. Pendant des années, Juda était gouverné par des rois méchants, des hommes dont les règnes furent caractérisés par la cupidité, l’idolâtrie et l’injustice. Au lieu de s’occuper du peuple, ils l’opprimaient. Jérémie les invite à se souvenir de l’alliance et à prendre soin du peuple de Dieu. Au lieu d’imiter les nations qui les entourent, il appelle les rois à être différents, à montrer aux nations comment adorer le seul vrai Dieu. Mais ils ignorent les avertissements du prophète. Encore et encore, ces rois préfèreront leur péché à Dieu, et le peuple en souffrira.

Au milieu de ce chaos, Dieu ne reste pas silencieux. Par l’intermédiaire de Jérémie, il dénonce l’insuffisance et l’échec des dirigeants de Juda. Ses paroles sont pleines d’accusations contre ceux qui oubliaient que leur autorité n’était que dérivée de leur Souverain. Les rois avaient perdu de vue qu’ils n’étaient que des intendants, chargés de prendre soin d’un peuple qui appartenait à Dieu.

Puis, en Jérémie 23.5-6, le prophète fait une promesse surprenante. Dieu n’allait pas supprimer la théocratie de Juda. Il allait la parfaire. Dans la lignée de David, Dieu susciterait un « germe juste », héritier légitime du trône. Ce roi ferait ce que les rois de Juda n’avaient pas pu faire : diriger d’une manière qui reflète parfaitement la justice et l’équité de Dieu. Sous son règne, le peuple prospérera et Dieu sera adoré. Ce roi sauvera le peuple de l’oppression.

Mais ce roi ne sera pas un roi humain comme les autres. Ce roi sera le Fils de Dieu, Jésus.

Dans des paroles pleines d’espoir, le prophète rappelle au peuple que Dieu ne l’a pas oublié. Il n’a pas fermé les yeux sur leur souffrance. Au contraire, il prépare la fin de cette souffrance. Par amour, Dieu le Père enverra Dieu le Fils dans le monde pour le sauver du problème fondamental qui affectait Juda et ses rois : le péché.

Sous le règne de Jésus, le péché ne sera plus. Le Christ redressera les torts, punira le mal et établira l’équité pour tous. L’humanité sera traitée avec justice et reflétera la justice de Dieu. Jésus rétablira le shalom que le péché a chamboulé et tente sans cesse de détruire.

Dans le monde entier, les êtres humains connaissent le poids des troubles politiques. Bien des dirigeants sont en proie à la cupidité, l’idolâtrie et l’injustice plutôt que soucieux de la création de Dieu. Pourtant, de la même manière que Dieu a vu la douleur de Juda, il voit la nôtre, et l’espoir du Messie promis est aussi nôtre. En célébrant la première venue de Jésus, nous attendons aussi avec impatience son retour. Nous avons besoin de pouvoir dire : « l’Éternel est notre justice. » Nous avons besoin de Jésus.

À méditer



Que révèlent les échecs des rois humains de Juda sur l’importance de responsables qui reflètent la justice et la droiture de Dieu ? De quelle manière pouvons-nous appliquer cela dans notre propre vie et dans nos diverses sphères d’influence ?

Comment le règne de Jésus en tant que « germe juste » permet-il de restaurer le shalom et de vaincre le péché ?

Elizabeth Woodson est formatrice biblique, théologienne, autrice et fondatrice de l’Institut Woodson, une organisation qui aide les croyants à mieux comprendre leur foi et à la faire grandir.

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L’humilité de notre roi

Un grand revêtu de douceur

Christianity Today December 3, 2023
Phil Schorr

Et toi, Bethléhem Ephrata, bien que tu sois petite parmi les villes de Juda, de toi il sortira pour moi celui qui régnera sur Israël ! Son origine remonte aux temps passés, aux jours anciens.
C’est pourquoi l’Éternel livrera à d’autres son peuple jusqu’au moment où celle qui doit enfanter enfantera ; alors le reste de ses frères rejoindra les Israélites.
Lui, il sera bien établi, il paîtra son troupeau, revêtu de la force de l’Éternel, avec la majesté de l’Éternel, son Dieu. Et les gens de son peuple seront bien installés, car on reconnaîtra désormais sa grandeur jusqu’aux confins du monde.

(Michée 5.1-3)

Lorsque l’on relit les prophéties de l’Ancien Testament, on s’aperçoit qu’il a toujours été inscrit qu’un souverain éternel émergerait de Bethléem. Michée 5.1 proclame, comme si le prophète l’annonçait du haut des toits pour atteindre tous les habitants de la ville : « de toi il sortira pour moi celui qui régnera sur Israël ! Son origine remonte aux temps passés, aux jours anciens. »

Avec cette proclamation résolue, il est clair que Dieu n’a pas voulu que la nouvelle de cette naissance soit gardée secrète. Elle devait être répandue avec confiance dans tout le pays. Oui, l’Oint, dont on disait qu’il descendait de la lignée davidique, allait bel et bien venir pour sauver le peuple d’Israël d’un fardeau dont il ne pouvait se libérer lui-même.

Imaginez l’attente que cela a pu provoquer à l’époque du prophète : ce n’était rien de moins que celui que le prophète Daniel appellerait « l’Ancien des Jours » qui était en route ! Les curieux et les rêveurs devaient se poser bien des questions. Comment sera ce roi ? Quelle sagesse nous apportera-t-il pour nous ramener de l’exil ? Comment ce roi se fera-t-il connaître lorsqu’il viendra enfin ?

Dans la douceur de sa divine nature, Jésus revêtira l’aspect d’un grand berger gratifiant ses brebis de la douce présence de sa force rassurante. Il y a quelque chose de profondément apaisant dans le fait d’avoir un Sauveur qui me guide comme un berger guide ses brebis. Il me conduit dans la voie que je devrais suivre plutôt que dans celle que j’imagine être la meilleure. Nous sommes tous « prompts à errer » loin du chemin sûr et de son cœur, comme le dit si bien le chant « Ô toi, source de tout bienfait », traduisant un cantique traditionnel anglais bien connu.

Au nom du Père, le Berger couvrira Israël de sa majesté et de son honneur. Il sera le ferme protecteur de la vie des siens, les conduisant résolument vers les pâturages éternels. C’était quelque chose que non seulement le peuple de Dieu désirait, mais dont il avait désespérément besoin : un havre de paix qui lui procure le repos. Michée 5.3 dit aussi la divine protection que le Christ apportera : « Et les gens de son peuple seront bien installés, car on reconnaîtra désormais sa grandeur jusqu’aux confins du monde. »

Les brebis que nous sommes recevons en lui abondance et sécurité. Les habitants de son pays diront de ce chef des bergers : « À lui, nous devrons notre paix. » (v. 4) Imaginez un troupeau de moutons paisibles se reposant à l’ombre d’un arbre, tandis que le berger se tient debout, le bâton à la main, assurant une pleine sérénité à ceux sur lesquels il veille. Sa paix sera le shalom éternel dans tous les domaines de la vie. Même les forces assyriennes qui menaçaient Israël sur tous les fronts ne seront pas en mesure d’envahir son territoire (v. 4). Telle est bien la vérité : nous ne trouverons nul lieu plus sûr que notre appartenance au Créateur qui nous aime et veut nous voir nous épanouir dans ses campagnes, sans plus jamais être menacés.

À méditer



Comment l’humilité de notre Roi façonne-t-elle notre compréhension des desseins mystérieux de Dieu ?

De quelle manière le fait d’accueillir Jésus comme véritable berger de notre vie transforme-t-il notre vie quotidienne et nos relations ?

Alexis Ragan est autrice créative, professeure d'anglais langue étrangère et passionnée par les missions mondiales.

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L’espérance véritable ne peut être produite à la chaîne.

Que se passe-t-il lorsque nous acceptons les limites de notre force ?

Christianity Today December 3, 2023
Phil Schorr

Qu’il illumine ainsi votre intelligence afin que vous compreniez en quoi consiste l’espérance à laquelle vous avez été appelés, quelle est la glorieuse richesse de l’héritage que Dieu vous fera partager avec les membres du peuple saint, et quelle est l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il met en œuvre en notre faveur, à nous qui plaçons notre confiance en lui. Cette puissance, en effet, il l’a déployée dans toute sa force en la faisant agir en Christ lorsqu’il l’a ressuscité et l’a fait siéger à sa droite, dans le monde céleste.

(Éphésiens 1.18-20)

L’espérance demande beaucoup de travail. Une dure vérité — du genre de celles qui nous font grimacer — n’est peut-être pas la meilleure façon de commencer une méditation pour l’Avent, mais laissez-moi m’expliquer. Oui, Jésus nous apporte l’espérance ultime, mais comme de nombreux aspects de la foi chrétienne, vivre dans l’espérance n’est pas toujours facile. L’histoire de notre foi inclut peut-être quelques jours ensoleillés sur le lac de Galilée, mais elle repose sur une croix. Nous savons, si nous sommes honnêtes, que le voyage ne sera pas facile. Prenons donc le temps d’assimiler quelques vérités qui peuvent nous nourrir et construire ce qu’on appelle l’espérance.

En Éphésiens 1, Paul écrit à l’Église sur la réalité de l’espérance et sur le fait que celle-ci n’est pas liée à quoi que ce soit que l’Église elle-même pourrait accomplir. Voilà qui apporte un certain soulagement : la question n’est pas de savoir ce que nous pourrions faire. Non, l’espérance entre en scène lorsque l’Église cesse d’essayer de se débrouiller par elle-même et place son espoir dans la puissance du Christ et son autorité sur toutes choses.

Il peut paraître simple de « lâcher prise et laisser faire Dieu », mais il faut y réfléchir à deux fois. Essayez de vous souvenir de la dernière fois où vous avez dû cesser d’essayer de faire les choses par vous-même et permettre à quelqu’un de le faire à votre place : projets professionnels, éducation des enfants, ou même votre engagement dans l’Église. Ce niveau de confiance et de perte de contrôle peut parfois paraître presque impossible. Nous aimons dire que nous plaçons notre espoir en Jésus, mais il est tellement plus facile de placer notre espoir dans nos propres compétences et capacités. C’est pour cela que l’espérance demande du travail. Lâcher prise est un travail.

Prendre conscience des limites de mes propres forces m’aidera à m’appuyer sur Jésus pour le laisser être à la source de mon espérance. En Éphésiens 1.19, Paul parle de la grandeur incommensurable de la puissance de Dieu. De mon côté, je me réveille chaque matin dans mon corps de 49 ans et je boite. Le sommeil semble être devenu un sport de combat et lorsque je vais à la salle de sport mon objectif est de m’étirer suffisamment pour ne pas être endolori lorsque je me lèverai le lendemain matin. Ma force a des limites. Mais l’épître aux Éphésiens affirme clairement que la force de celui qui nous donne réellement l’espérance est incommensurable. Il n’y a pas de limites à sa grandeur et à son pouvoir. Aucune. Il y a réellement là une chose en laquelle nous pouvons tous placer notre espoir, quelles que soient les circonstances.

Voici ce que je retiens : l’autorité reçue de notre Roi tout-puissant repose sur nous par la richesse de sa grâce, et elle vit en nous chrétiens. En cette période de Noël, nous pouvons nous appuyer sur ce don de notre créateur pour laisser sa force couler en nous et à travers nous. Au milieu du brouhaha, malgré les esprits fatigués et les corps endoloris, laissez votre espérance s’ancrer dans la force et l’assurance qu’il nous offre. C’est le meilleur des choix.

À méditer



Comment l’idée que l’espérance nécessite de lâcher prise résonne-t-elle avec votre propre cheminement de foi ? Dans quels domaines de votre vie trouvez-vous difficile d’abandonner le contrôle et de faire confiance à la puissance de Dieu ?

En tant que chrétiens, nous bénéficions de l’autorité de notre Roi tout-puissant. Comment pouvez-vous puiser dans sa force et son autorité pendant la période de Noël, au milieu de l’agitation et de la fatigue ?

Carlos Whittaker est conteur, conférencier et auteur de Moment Maker, Kill the Spider, Enter Wild. Son dernier ouvrage s’intitule How to Human.

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