Le coronavirus a fait des ravages. Mais la Bible redonne l’espoir.

Une récente étude montre une corrélation entre la lecture des Écritures et les critères établis par Harvard en matière d’épanouissement humain.

Christianity Today September 9, 2021
Illustration by Keith Negley

En période d’épreuves de nombreuses personnes se tournent vers la Bible pour être encouragées. Et d’après une récente étude, c’est une bonne idée. Au milieu d’une pandémie mondiale, d’une élection controversée aux États-Unis et de divers troubles sociaux, l’American Bible Society (ABS), avec l’aide du Human Flourishing Program de l’université de Harvard, a trouvé une forte corrélation entre la lecture des Écritures et le niveau d’espoir ressenti par les personnes.

Selon deux enquêtes menées auprès de plus de 1000 personnes à six mois d’intervalle, ceux qui lisent fréquemment la Bible s’évaluent à 33 points de plus en termes d’espoir que ne le font les lecteurs irréguliers des Écritures. L’étude a également révélé que les gens ont plus d’espoir lorsqu’ils lisent plus fréquemment les Écritures.

Sur une échelle de 1 à 100, 100 étant la note correspondant au plus d’espoir, les Américains qui déclarent lire la Bible trois ou quatre fois par an obtiennent un score de 42, ceux qui la lisent tous les mois obtiennent 59 points, toutes les semaines un score de 66, et ceux qui la lisent plusieurs fois par semaine atteignent 75.

Selon l’étude les personnes qui ne lisent jamais la Bible sont légèrement plus optimistes que ceux qui la lisent rarement. Mais ces personnes qui ne lisent pas la Bible ont environ 5 points de moins en termes d’espoir que ceux qui lisent les Écritures tous les mois.

La lecture de la Bible — avec d’autres aspects de la vie communautaire et de disciple, comme le fait d’aller à l’Église ou de participer à un petit groupe — semble contribuer au sentiment de bien-être et de bonheur des gens, déclare Tyler VanderWeele, directeur du Human Flourishing Program de l’école de santé publique T. H. Chan de l’université de Harvard.

« Les Églises jouent un rôle important et en profondeur pour contribuer au bien-être des personnes en général — et particulièrement en cette période », ajoute-t-il.

Selon VanderWeele les résultats sont cohérents avec d’autres études sur l’impact de l’appartenance religieuse et l’épanouissement humain. Les personnes qui vont à l’Église et lisent leur Bible ont tendance à être plus heureuses, moins susceptibles de se suicider et elles ont peuvent donner plus de sens à leur vie.

Cette étude en deux phases est cependant unique, car elle a interrogé des personnes avant et après la pandémie de coronavirus qui a frappé les États-Unis. La première enquête a eu lieu en janvier 2020 et la seconde en juin, lorsque le nombre total de cas confirmés dépassait les 2,5 millions et que l’Organisation mondiale de la santé recensait plus de 125 000 décès aux États-Unis.

Nous n’avions pas prévu de mener une enquête qui mettrait en évidence l’impact du COVID-19, déclare John Plake, directeur de planification pour le service (ministry intelligence) pour l’ABS. Mais les chercheurs ont discerné qu’au-delà toutes les problèmes apportés par la pandémie, une opportunité se présentait à eux.

En janvier 2020, John Plake et ses collègues de l’American Bible Society avaient décidé d’élargir le nombre de questions posées dans le cadre de leur 10e rapport annuel sur la Bible (rapport « State of the Bible »). Ils avaient examiné une mesure de l’épanouissement humain développée à Harvard et choisi d’inclure quelques questions sur le sentiment de sécurité, le bonheur et la santé mentale dans leur étude de l’utilisation de la Bible.

Ils ont recueilli des informations auprès de plus de 1 000 personnes et ont commencé à traiter ces informations, comme ils l’avaient fait les années précédentes.

Avant qu’ils n’aient terminé, les cas de COVID-19 ont commencé à monter en flèche. Le virus s’est propagé assez rapidement pour donner naissance à une pandémie, de nombreuses activités ont été interrompues, le président Donald Trump a déclaré l’urgence nationale et les autorités sanitaires ont exhorté les gens à ne pas se réunir en grands groupes.

Les chercheurs de l’ABS, sur le point de publier leur étude sur l’utilisation de la Bible, ont alors eu une autre idée : et si, au lieu de publier leurs nouvelles données la semaine de Pâques, ils les conservaient et réalisaient une deuxième enquête ? Ils pourraient ainsi avoir une idée précise de l’impact d’une crise nationale sur la façon dont les gens utilisent la Bible — et de l’impact de cette utilisation sur les gens en temps de crise.

Les chercheurs se sont vite rendu compte que, en ayant utilisé des mesures d’épanouissement humain dans l’étude de janvier, ils avaient établi par inadvertance un point de comparaison pour mesurer comment les gens se portaient pendant la pandémie du COVID-19.

VanderWeele était de la partie. Il considérait que l’étude était importante car elle permettait de faire un bilan humain de la pandémie de COVID-19 et des restrictions qui y sont liées — une réalité qui ne peut pas être mesurée par les données boursières ou le produit intérieur brut. Le Human Flourishing Program s’est associé à l’ABS pour la deuxième étude en juin.

Les résultats ont été publiés en octobre dans le Journal of General Internal Medicine dans un rapport co-écrit par VanderWeele, Plake, Jeffery Fulks d’ABS et Matthew Lee de Harvard. « Les échantillons en ligne des mesures nationales de bien-être avant et pendant la pandémie de COVID-19 » montrent que le bonheur et la satisfaction à l’égard de la vie, la santé mentale et physique, les sentiments de sens et de finalité, et la stabilité financière et matérielle ont tous fortement diminué entre janvier et juin. Le virus a dévasté le pays et les fermetures ont fait des ravages économiques en même temps qu’ils ont isolé les gens.

Pour l’essentiel, l’étude confirme ce que tout le monde sait. La stabilité financière et matérielle, comme on pouvait s’y attendre, a subi le plus gros coup dur pour de nombreuses personnes, chutant de 16,7 %. VanderWeele note toutefois que les données ont montré que l’impact économique est très variable. Certaines personnes n’ont pas perdu leur emploi et ont économisé de l’argent en restant à la maison, ce qui les a placés dans une meilleure situation financière relative, tandis que d’autres ont beaucoup souffert de l’arrêt de l’activité économique pendant la crise.

Le bonheur et la satisfaction à l’égard de la vie ont diminué de 9,6 % chez les personnes interrogées, et la santé mentale et physique de 7,4 % pour cent.

L’étude a également révélé que les liens sociaux n’ont pas diminué autant qu’on pourrait s’y attendre. Cela pourrait être dû au fait que, même si de nombreuses personnes étaient confinées, elles ont noué des relations plus étroites avec leur entourage immédiat.

La famille de VanderWeele elle-même a passé plus de temps ensemble et ses enfants ont commencé à communiquer régulièrement avec leurs grands-parents sur Internet.

« Je pense que cette période a offert un temps de réflexion sur ce qui compte vraiment dans la vie », déclare VanderWeele. « D’un point de vue chrétien, on grandit souvent à travers la souffrance. »

Mais les données les plus intéressantes, du point de vue de l’ABS, sont celles sur la façon dont la Bible, l’Église et les disciplines chrétiennes semblent avoir aidé les gens à traverser cette période sombre. Ces données ont montré que le déclin des mesures de l’épanouissement humain était moins prononcé chez les personnes qui lisaient régulièrement leur Bible et participaient à la vie de l’Église, que ce soit en personne ou en ligne.

L’engagement dans les Écritures semble avoir atteint son apogée juste après le début du COVID-19 — le niveau le plus élevé depuis des années — mais il a ensuite chuté de manière significative vers la fin du mois de juin. D’après Scott Ross, qui travaille sur la guérison des traumatismes avec des Églises en lien avec L’ABS, il s’agit là d’une tendance courante lorsque les gens subissent des traumatismes. Si beaucoup se tournent vers la Bible pour trouver des réponses dans les moments difficiles, ils cessent souvent de la lire fidèlement après un certain temps. D’une certaine manière, ce qui se passe actuellement ressemble à une réponse à un traumatisme à l’échelle de la société.

Mais les données montrent que les Américains qui se consacrent activement à l’étude de la Bible et s’engagent dans le culte collectif obtiennent de meilleurs résultats dans tous les domaines de l’épanouissement humain, notamment une meilleure santé mentale et physique et un sens plus profond de l’identité et de la vertu. Ils ont même un sentiment de stabilité financière et matérielle supérieur à ceux qui ne vont pas à l’Église ou ne se plongent pas dans la Bible.

Les chrétiens sont aussi clairement plus optimistes. Sur une échelle de 1 à 100, les non-chrétiens ont obtenu un score d’environ 50, les chrétiens non pratiquants un score de 57 et les chrétiens qui participent régulièrement à la vie d’une congrégation locale un score de 66.

Le lien n’est cependant qu’une corrélation. Les chercheurs n’ont pas démontré que la lecture de la Bible ou le culte chrétien conduisent à l’épanouissement humain, mais seulement que les deux éléments sont liés. Néanmoins, ils pensent que ces données donnent une meilleure idée de ce à quoi ressemble une société saine et procurent des raisons pratiques et sociales d’encourager la participation à la vie de l’Église et l’étude de la Bible.

« Je pense que notre étude sur la Bible m’a montré empiriquement tout ce que je savais intuitivement et existentiellement », déclare Ross.

Il croit que les Églises pourraient utiliser cette information pour faire une différence dans le ministère auprès des gens.

« Ce que nous constatons, c’est qu’à mesure que les gens ont la possibilité de partager et de s’écouter les uns les autres, de réfléchir et de se plonger dans les Écritures en groupe, nous voyons ces symptômes de traumatisme diminuer.

Adam MacInnis est un journaliste installé en Nouvelle-Écosse, au Canada.

Traduit par Valérie Marie-Agnès Dörrzapf

Révisé par Léo Lehmann

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