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Les 50 pays où il est le plus difficile d’être chrétien en 2021

Les dernières statistiques sur la persécution contre les chrétiens établissent que 9 martyrs sur 10 se trouvent en Afrique. Pour la première fois, le Nigéria rejoint la liste des 10 pays les plus persécuteurs, alors que le Soudan sort de la liste après certaines réformes.

Christianity Today January 13, 2021
Illustration by Mallory Rentsch / Source Image: Benne Ochs / Getty Images

Note de l'éditeur : Portes Ouvertes a maintenant publié la liste de surveillance mondiale 2023 de la persécution des chrétiens.

Chaque jour, 13 chrétiens dans le monde sont assassinés à cause de leur foi.

Chaque jour, 12 églises ou édifices chrétiens sont attaqués.

Et chaque jour, 12 chrétiens sont injustement arrêtés ou emprisonnés ; et 5 autres sont enlevés.

Tel est le rapport de l’Index Mondial de Persécution 2021, le dernier décompte annuel de Portes Ouvertes sur les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés pour avoir suivi Jésus.

« On pourrait penser que cette [liste] ne parle que d’oppression… mais en fait, elle parle de résilience », affirme David Curry, Président et Directeur de Open Doors (Portes Ouvertes) USA, qui présente aujourd’hui ce rapport.

« Le nombre de chrétiens qui souffrent devrait signifier que l’Église est en train de mourir – que les chrétiens se tiennent tranquilles, qu’ils perdent la foi, et qu’ils s’éloignent les uns des autres, dit-il. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Au contraire, grandeur nature, nous voyons s’accomplir les paroles consignées par le prophète Ésaïe : « Je vais tracer un chemin en plein désert et mettre des fleuves dans les endroits arides » (És 43.19).

Les pays de cette liste englobent 340 millions de chrétiens vivant dans des lieux de persécution très forte à extrême ; ils étaient 206 millions dans la liste de l’an dernier.

On peut en ajouter 31 millions à partir des 24 pays qui tombent juste à côté du top 50 – notamment Cuba, le Sri Lanka et les Émirats Arabes Unis – dans une proportion de 1 chrétien sur 8 devant affronter la persécution dans le monde. La proportion est de 1 chrétien sur 6 en Afrique, et 2 sur 5 en Asie.

L’année dernière, 45 nations se classaient assez haut pour être considérées comme ayant un niveau de persécution « très élevé » sur l’assortiment de 84 questions de Portes Ouvertes. Cette année, pour la première fois en 29 ans de recherches, les 50 premières se classent ainsi – de même que 4 nations supplémentaires qui étaient tombées juste en dehors.

Portes Ouvertes a repéré trois grandes tendances qui expliquent l’aggravation de l’année écoulée :

  • Le Covid-19 a servi de catalyseur de la persécution religieuse, et cela par trois leviers principaux : la discrimination dans les secours, la conversion forcée ; une surveillance et une censure croissantes justifiées par la pandémie (phénomène que nous connaissons tous, mais qui aggrave les oppressions déjà existantes). Ajoutons que les chrétiens sont fréquemment accusés d’être à l’origine du Covid…
  • Les agressions des extrémistes ont bénéficié des restrictions et des diverses formes de confinement pour se répandre davantage en Afrique sud-saharienne, du Nigéria et du Cameroun jusqu’au Burkina Faso, au Mali et au-delà.
  • Les systèmes de censure chinois continuent de se propager et de s’étendre à des conditions de surveillance nouvelles.

Portes Ouvertes étudie la persécution contre les chrétiens dans le monde depuis 1992. Voilà 20 ans que la Corée du Nord se classe n° 1, depuis 2002 au moment où la liste de l’Indice Mondial de Persécution a commencé.

La version 2021 étudie la période qui va du 1er novembre 2019 au 31 octobre 2020, et elle est établie à partir de rapports de terrain remontant d’équipiers de Portes Ouvertes dans plus de 60 pays.

L’objectif du classement annuel de l’Indice Mondial de Persécution – qui a fait l’historique de la manière dont la Corée du Nord a désormais des concurrents, la persécution ne cessant de s’aggraver – est de guider les prières et de susciter une réprobation plus efficace tout en montrant aux croyants persécutés qu’ils ne sont pas oubliés.

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Où y a-t-il le plus de persécution anti-chrétienne aujourd’hui ?

Cette année, les 10 plus grands persécuteurs sont à peu près les mêmes. Après la Corée du Nord, on trouve l’Afghanistan, suivi de la Somalie, de la Libye, du Pakistan, de l’Érythrée, du Yémen, de l’Iran, du Nigéria et de l’Inde.

Le Nigéria est entré parmi les 10 premiers pour la première fois, après avoir atteint le seuil de violence défini par Portes Ouvertes. Ce pays qui compte la plus grande population chrétienne d’Afrique, se classe en 9e position sur l’ensemble mais 2e juste derrière le Pakistan en matière de violence, et 1ère quant au nombre de chrétiens assassinés pour des raisons liées à leur foi.

Le Soudan quitte le top 10 pour la première fois en six ans après avoir aboli la peine de mort pour apostasie et garanti – du moins sur papier – la liberté de religion dans sa nouvelle Constitution après trois décennies de loi islamique. Il demeure néanmoins 13e sur la liste, car les enquêteurs de Portes Ouvertes ont remarqué que les chrétiens d’arrière-plan musulman continuent à subir des agressions, de l’ostracisation et de la discrimination de la part de leurs familles et communautés, les femmes chrétiennes étant soumises à des violences sexuelles.

Là où il est le plus difficile de suivre Jésus :



1. Corée du Nord
2. Afghanistan
3. Somalie
4. Libye
5. Pakistan
6. Érythrée
7. Yémen
8. Iran
9. Nigéria
10. Inde

L’Inde reste dans les 10 premiers pour la troisième année de suite parce qu’« elle continue de connaître une aggravation des violences contre les minorités religieuses à cause de l’extrémisme hindou soutenu par le gouvernement. »

Dans le même temps, la Chine a rejoint le top 20 pour la première fois en dix ans, à cause « d’une surveillance et d’une censure persistantes et croissantes contre les chrétiens et autres minorités religieuses. »

Sur les 50 nations les plus persécutrices :

  • 12 ont des niveaux « extrêmes » de persécution et 38 ont des niveaux « très élevés ». 4 autres en dehors des 50 premières se classent en « très élevé » : Cuba, le Sri Lanka, les Émirats Arabes Unis et le Niger.
  • 19 sont en Afrique (dont 6 en Afrique du Nord), 14 en Asie, 10 au Moyen-Orient, 5 en Asie centrale et 2 en Amérique latine.
  • 34 ont l’islam comme religion principale, 4 le bouddhisme, 2 l’hindouisme, une l’athéisme, une l’agnosticisme – et 10 le christianisme.

La liste 2021 a ajouté 4 nouveaux pays : le Mexique (n° 37), la République démocratique du Congo (RDC ; n° 40), le Mozambique (n° 45) et les Comores (n° 50).

Le Mozambique est monté de 21 points (depuis le 66e rang) « à cause de la violence islamique extrémiste dans la province septentrionale du Cabo Delgado. » La RDC est montée de 17 points (depuis le 57e rang) « surtout en raison des attaques contre les chrétiens de la part du groupe islamique ADF. » Le Mexique est monté de 15 points (depuis le 52e rang) à cause de la violence et de la discrimination anti-chrétienne de la part des trafiquants de drogue, des gangs et des communautés indigènes.

4 pays sont sortis de la liste : le Sri Lanka (ex n° 30), la Russie (ex n° 46), les Émirats Arabes Unis (ex n° 47) et le Niger (ex n° 50).

Là où les chrétiens affrontent le plus de violence :



1. Pakistan
2. Nigéria
3. République démocratique du Congo
4. Mozambique
5. Cameroun
6. République de Centrafrique
7. Inde
8. Mali
9. Sud-Soudan
10. Éthiopie

Période couverte par Portes Ouvertes : novembre 2019 à octobre 2020

Autres changements notables de classement : la Colombie est montée de 11 points, passant du n° 41 au n° 30 à cause des violences perpétrées par les guérilleros, les groupes criminels et les communautés indigènes et aussi à cause de l’intolérance séculière croissante. La Turquie est montée de 11 points depuis le 36e rang jusqu’au 25e rang à cause d’une recrudescence de violence anti-chrétienne. Et le Bangladesh est monté de 7 points depuis le 38e rang pour atteindre le 31e rang à cause des agressions de chrétiens convertis parmi ses réfugiés rohingyas.

Toutefois, d’autres types de persécutions peuvent surpasser la violence [explications à suivre]. Par exemple, la République de Centrafrique est descendue de 10 points, de 25 à 35, quoique la violence contre les chrétiens y demeure extrême. Et le Kenya est descendu de 6 points, de 43 à 49, bien que les agressions s’y soient « singulièrement accrues ».

Pendant ce temps, le Sud-Soudan se classe parmi les 10 pays les plus violents repérés par Portes Ouvertes (9e rang), mais il n’atteint pas le top 50 de l’Indice (au n° 69).

En 2017, pour le 25e anniversaire de la liste, Portes Ouvertes a publié une analyse des tendances de la persécution sur le quart de siècle écoulé. Les 10 premières nations sur une période de 25 ans étaient : la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Somalie, l’Afghanistan, les Maldives, le Yémen, le Soudan, le Vietnam et la Chine.

Cinq pays apparaissent à la fois en tête de la liste de ces 25 années et sur la liste de 2021 – signe préoccupant de la stabilité de la persécution, constate Portes Ouvertes.

Enfin, tous les pays de l’Index sont passés au niveau de persécution « très forte » à « extrême ». La persécution des chrétiens dans le monde excède de beaucoup l’Index. Depuis 8 ans, elle ne cesse de monter. On estime qu’entre les Index 2017 et 2021, elle a augmenté de plus de 8%.

Les formes de la persécution contre les chrétiens

Portes Ouvertes enquête sur la persécution en fonction de six catégories – incluant les pressions à la fois sociales et gouvernementales sur les individus, les familles et les assemblées – et s’intéresse particulièrement aux femmes.

Mais dès lors que la violence est prise comme catégorie à part, les 10 premiers pays persécuteurs changent considérablement ; seuls restent le Pakistan, le Nigéria et l’Inde. En réalité, il y a 20 pays qui sont désormais plus mortifères pour les chrétiens que la Corée du Nord.

Les martyres enregistrés dans le monde sont montés à 4 761 dans le rapport 2021, soit 60% de plus par rapport aux 2 983 du chiffre de l’année précédente et plus que les 4 305 morts recensés dans le rapport 2019. (Portes Ouvertes a pour réputation de préférer une estimation plus restreinte que d’autres ONG, qui estiment souvent les martyres à 100 000 par an.)

9 chrétiens sur 10 tués en raison de leur foi se situaient en Afrique, le reste en Asie. Le Nigéria vient en tête avec 3 530 martyrs confirmés par Portes Ouvertes dans sa liste de 2021.

Les enlèvements de chrétiens sont montés à 1 710, à comparer aux 1 052 de l’année précédente où Portes Ouvertes a fait entrer cette catégorie pour la première fois dans ses enquêtes. Le Nigéria vient en tête de liste avec 990 enlèvements.

C’est la Chine qui commet le plus d’exactions dans les deux autres catégories déjà renseignées par Portes Ouvertes.

Pékin a arrêté, emprisonné ou détenu arbitrairement 1 147 chrétiens pour des raisons liées à leur foi, sur un total de 4 277 arrestations dans le monde. Cette évaluation faite par Portes Ouvertes est à comparer au chiffre de 3 711 l’an dernier et 3 150 en 2019.

Pendant ce temps, les attaques contre les églises ou leur fermeture forcée ont atteint 4 488 cas dans le monde. Dans le rapport de l’an dernier, le décompte avait bondi de 1 847 à 9 488, dont 5 576 rien que pour la Chine.

Portes Ouvertes tient à préciser que dans plusieurs pays, les violations ci-dessus sont très difficiles à établir avec précision. Dans ces cas, des chiffres ronds sont présentés, toujours sur la base d’estimations basses.

Ces recherches sont certifiées et examinées par l’Institut International pour la Liberté Religieuse, un réseau basé en Allemagne et soutenu par l’Alliance Évangélique Mondiale.

Pourquoi les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?

Le motif principal diffère selon les pays, et le fait de mieux saisir les différences peut aider les chrétiens des autres nations à prier et à intervenir plus efficacement pour leurs frères et sœurs en Christ sous pression.

Par exemple, bien que l’Afghanistan soit le 2e pays le plus persécuteur du monde et une nation officiellement musulmane, le principal motif de persécution – d’après les enquêtes de Portes Ouvertes – n’est pas l’extrémisme islamique mais les rivalités ethniques, ou ce que le rapport appelle « l’oppression clanique ».

Portes Ouvertes répartit les sources essentielles de persécution anti-chrétienne en 8 catégories :

L’oppression islamique (29 pays) : Telle est la source principale de persécution que les chrétiens ont à affronter dans plus de la moitié des pays examinés, y compris 5 des 12 où les chrétiens doivent affronter des niveaux « extrêmes » : la Libye (n°4), le Pakistan (n°5), le Yémen (n°7), l’Iran (n°8) et la Syrie (n°12). La plupart des 29 sont officiellement des nations musulmanes ou bien sont majoritairement musulmanes ; toutefois, certaines sont à majorité chrétienne : le Nigéria (n°9), la République de Centrafrique (n°35), l’Éthiopie (n°36), la République démocratique du Congo (n°40), le Cameroun (n°42), le Mozambique (n°45) et le Kenya (n°49).

L’oppression clanique (6 pays) : C’est la principale source de persécution affrontée par les chrétiens en Afghanistan (n°2), en Somalie (n°3), au Laos (n°22), au Qatar (n°29), au Népal (n°34) et à Oman (n°44).

La paranoïa dictatoriale (5 pays) : C’est la source principale de persécution que les chrétiens doivent affronter dans 5 pays, essentiellement en Asie Centrale à majorité musulmane : l’Ouzbékistan (n°21), le Turkménistan (n°23), le Tadjikistan (n°33), Brunei, n°39) et le Kazakhstan (n°41).

Le nationalisme religieux (3 pays) : C’est la source principale de persécution que les chrétiens doivent affronter dans 3 pays d’Asie. Les chrétiens sont prioritairement ciblés par les nationalistes hindous en Inde (n°10), et par les nationalistes bouddhistes au Myanmar (n°18) et au Bhoutan (n°43).

Oppression communiste et post-communiste (3 pays) : C’est la source principale de persécution que les chrétiens doivent affronter dans 3 pays, tous en Asie : Corée du Nord (n°1), Chine (n°17) et Vietnam (n°19).

Protectionnisme dénominationnel chrétien (2 pays) : C’est la source principale de persécution que les chrétiens doivent affronter en Érythrée (n°6) et en Éthiopie (n°36).

Crime organisé et corruption (2 pays) : C’est la source principale de persécution que les chrétiens doivent affronter en Colombie (n°30) et au Mexique (n°37).

Intolérance séculière (0 pays) : Portes Ouvertes surveille cette source de persécution qui frappe les chrétiens, mais ce n’en pas la source principale dans les 50 pays étudiés.

Les principales tendances de la persécution des chrétiens

Portes Ouvertes a repéré 4 tendances nouvelles ou persistantes sur le pourquoi et le comment des persécutions contre les chrétiens dans l’année écoulée.

Premièrement : la pandémie a ouvert un nouveau boulevard à la persécution ; Portes Ouvertes a pu observer la discrimination contre les chrétiens recevant de l’assistance liée au Covid-19 en Éthiopie, en Malaisie, au Nigéria, au Vietnam et au Moyen-Orient.

En Inde, où plus de 100 000 chrétiens ont reçu de l’aide de la part de partenaires de Portes Ouvertes, on a rapporté que 80% d’entre eux ont « été écartés des points de distribution de nourriture. Certains ont dû faire des kilomètres à pied et dissimuler leur identité chrétienne pour obtenir des aliments ailleurs », observent les enquêteurs. Portes Ouvertes a également rassemblé des rapports sur « des chrétiens de zones rurales à qui on a refusé de l’assistance » au Myanmar, au Népal, au Vietnam, au Bangladesh, au Pakistan, en Asie Centrale, en Malaisie, en Afrique du Nord, au Yémen et au Soudan. « Parfois, ce refus était sous la responsabilité de fonctionnaires gouvernementaux, mais plus fréquemment cela provenait de chefs de villages, de comités ou autres instances dirigeantes locales. »

Portes Ouvertes commente :

« La pandémie mondiale a rendu la persécution plus flagrante que jamais, tout simplement parce que beaucoup de gens ont besoin de secours. La discrimination et l’oppression évidentes endurées par les chrétiens en 2020 ne devra pas être oubliée, même quand la crise du Covid-19 se sera dissipée dans la mémoire collective. »

Les confinements liés à la santé publique ont également accru la vulnérabilité de beaucoup de croyants : « Les chrétiens qui abandonnent une religion majoritaire pour suivre le Christ savent qu’ils risquent de perdre le soutien du conjoint, de la famille, de la tribu et de la communauté, et aussi celui des autorités locales et nationales », constatent les enquêteurs. « S’ils perdent des revenus à cause du Covid-19, ils ne peuvent pas se rabattre sur les réseaux coutumiers pour survivre. » Dans le même temps, les dirigeants d’Églises depuis l’Égypte jusqu’à l’Amérique Latine ont confié à Portes Ouvertes que les interdictions des offices religieux ont fait chuter les dons de 40%, réduisant leurs revenus ainsi que la capacité de leurs congrégations à procurer de l’assistance à la communauté élargie.

Commentaire de Portes Ouvertes :

« La plupart des convertis issus des religions majoritaires disent que le confinement dû à une quarantaine liée au Covid-19 les a confinés en compagnie de ceux qui s’opposaient le plus à leur foi en Jésus. Cela concerne surtout les femmes mineures et les enfants. Pour des millions de chrétiens, le travail, l’instruction et autres éléments extérieurs fournissent une brève période d’accalmie par rapport à la persécution habituelle. Aussi, quand survient le confinement, cela signifie que ce répit n’existe plus.

Nous avons aussi reçu des rapports disant que l’enlèvement, la conversion forcée ainsi que les mariages forcés de femmes et de jeunes filles se sont aggravés pendant la pandémie à cause de leur vulnérabilité accrue. En outre, des endroits d’Amérique Latine qui sont exposés aux gangs de trafiquants de drogue sont devenus encore plus dangereux pour les chrétiens, car la pandémie a diminué la présence des autorités officielles qui sont occupées à maintenir l’ordre. »

Deuxièmement ; la surveillance vidéo et numérique des groupes religieux ainsi que les progrès en matière de technologie de surveillance et la prolifération de celle-ci constitue une autre tendance marquante.

« La Chine affirme qu’elle a agi énergiquement pour contenir le Covid-19 après l’envolée du virus à Wuhan, remarquent les enquêteurs de Portes Ouvertes. Mais pour ses 97 millions de chrétiens, le coût en restrictions lourdes est élevé – surveillance jusque dans leurs maisons, pistage d’interactions en ligne et hors ligne, visages scannés pour la base de données de la Sécurité publique.

D’après le rapport :

« Les rapports de comtés dans les provinces du Henan et du Jiangxi disent que des caméras équipées pour la reconnaissance faciale sont désormais présentes dans toutes les manifestations religieuses approuvées par l’État. Beaucoup de ces caméras auraient été installées à proximité de caméras standard en circuit fermé, mais elles sont reliées au Bureau de la Sécurité publique, ce qui signifie que l’intelligence artificielle peut instantanément se connecter à d’autres bases de données gouvernementales. Le logiciel de reconnaissance faciale est relié au « Système de Conformité sociale » en Chine, qui supervise la loyauté des citoyens selon les critères du communisme. »

Pareillement, en Inde, les enquêteurs de Portes Ouvertes constatent que « les minorités religieuses redoutent que les applis qui détectent les contacts n’aient des ‘fonctions cachées’ et qu’elles ne soient utilisées pour garder l’œil sur elles et sur leurs mouvements. »

Troisièmement : la tendance à la « citoyenneté liée à la religion » a continué à se répandre. « Dans des pays comme l’Inde et la Turquie, l’identité religieuse est de plus en plus liée à l’identité nationale. Cela signifie que pour être un ‘vrai’ Indien ou un bon Turc, il faut être respectivement hindou et musulman, constatent les observateurs. Cela est souvent implicitement – voire explicitement – encouragé par les gouvernements en place. »

Commentaire de Portes Ouvertes :

« Au milieu d’un sursaut de nationalisme hindou, les chrétiens de l’Inde sont constamment sous la pression d’une propagande véhémente. Le message : ‘Pour être Indien, il faut être hindou’ signifie que des émeutiers continuent à attaquer et à harceler les chrétiens, sans oublier les musulmans. La croyance selon laquelle les chrétiens ne sont pas de vrais Indiens entraîne une discrimination et une persécution étendues souvent menées en toute impunité. L’Inde continue aussi à bloquer le flux des fonds étrangers vers de nombreux hôpitaux, écoles et organisations gérés par des chrétiens, tout cela sous le prétexte de protéger l’identité nationale indienne.

En Turquie, le gouvernement turc a également assumé le rôle de protecteur nationaliste de l’islam. À l’origine, Sainte Sophie était une cathédrale chrétienne, puis elle devint une mosquée, jusqu’à ce que la Turquie moderne décide d’en faire un musée. Mais en juillet 2020, le président turc persuada une cour d’en refaire une mosquée, renforçant ainsi le nationalisme turc… L’influence et le nationalisme de la Turquie visent à se développer au-delà de ses frontières, et très notablement dans son soutien apporté à l’Azerbaïdjan dans son conflit avec l’Arménie. »

Quatrièmement : les attaques perpétrées essentiellement pas les musulmans extrémistes se sont accrues malgré les confinements destinés à contenir le coronavirus. « Dans une grande partie du monde, la violence contre les chrétiens a effectivement diminué pendant la pandémie de Covid-19 », constatent les enquêteurs, mais les chrétiens d’Afrique sud-saharienne « ont affronté des niveaux de violence supérieurs de 30% à ce qu’ils étaient l’année précédente. »

Portes Ouvertes commente ainsi :

« Plusieurs villages du Nigéria essentiellement chrétiens ont été soit occupés soit saccagés par des bergers musulmans militants Haousa-Foulani ; parfois, des champs et des récoltes ont également été anéantis. Boko Haram – ainsi que le groupe dissident État islamique de la Province d’Afrique de l’Ouest, affilié à Daech – continuent à ravager le Nigéria et le nord-Cameroun.

Dans la région du Sahel juste au sud du désert du Sahara, l’extrémisme islamique est alimenté par l’injustice et la pauvreté. Ces groupes extrémistes exploitent les failles du gouvernement, et les djihadistes armés exercent de la propagande, font du recrutement et mènent des attaques régulières. Cette année, plusieurs groupes ont juré de faire la guerre contre les ‘infidèles’ comme les chrétiens ; ils prétendent : ‘Allah nous punit tous avec la pandémie à cause des infidèles’.

Au Burkina Faso, connu jusqu’à présent pour son harmonie interreligieuse entre musulmans et chrétiens, un million de personnes –soit 1/20e de la population – sont déplacées (et davantage encore ont faim) à cause de la sécheresse ajoutée à la violence. L’an dernier, le Burkina Faso est hélas entré dans l’Index Mondial de Persécution pour la première fois. Cette année, les extrémistes islamiques continuent à viser les églises (14 morts dans une attaque, 24 dans une autre). »

Points de comparaison entre l’Index Mondial de Persécution et les rapports analogues sur la persécution religieuse.

Portes Ouvertes pense qu’il est raisonnable de qualifier le christianisme de religion la plus gravement persécutée dans le monde. Cependant, elle note qu’il n’existe pas de documentation comparable pour la population musulmane dans le monde.

D’autres évaluations sur la liberté religieuse dans le monde corroborent nombre de constatations faites par Portes Ouvertes. Par exemple, la dernière analyse du Pew Research Center sur les hostilités gouvernementales et sociétales envers les religions a découvert que les chrétiens étaient harcelés dans 145 pays en 2018, davantage que tout autre groupe. Les musulmans étaient harcelés dans 139 pays, suivis des Juifs dans 88 pays.

En examinant les seules hostilités perpétrées par les gouvernements, les musulmans étaient inquiétés dans 126 pays et les chrétiens dans 124 pays, d’après Pew. Quand on observe uniquement l’hostilité au sein de la société, les chrétiens étaient harcelés dans 104 pays et les musulmans dans 103 pays.

Toutes les nations du monde sont scrutées par les enquêteurs de Portes Ouvertes et le personnel sur le terrain, mais une attention approfondie est accordée à 100 pays avec une accentuation particulière sur les 74 qui enregistrent de « hauts » niveaux de persécution (des scores de plus de 40 points sur l’échelle de Portes Ouvertes qui en compte 100).

Le classement de la l’Index Mondial de Persécution 2021:

Classement

Pays

1

Corée du Nord

2

Afghanistan

3

Somalie

4

Libye

5

Pakistan

6

Érythrée

7

Yémen

8

L'Iran

9

Nigeria

10

Inde

11

Irak

12

Syrie

13

Soudan

14

Arabie Saoudite

15

Maldives

16

Egypte

17

Chine

18

Myanmar

19

Vietnam

20

Mauritanie

21

Ouzbékistan

22

Laos

23

Turkménistan

24

Algérie

25

Turquie

26

Tunisie

27

Maroc

28

Mali

29

Qatar

30

Colombie

31

Bangladesh

32

Burkina Faso

33

Tadjikistan

34

Népal

35

République centrafricaine

36

Ethiopie

37

Mexique

38

Jordan

39

Brunei

40

République Démocratique du Congo

41

Kazakhstan

42

Cameroun

43

Bhoutan

44

Oman

45

Mozambique

46

Malaisie

47

Indonésie

48

Koweit

49

Kenya

50

Comores

Traduction : Philippe Malidor

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