Un fatal fantasme

Mercredi saint – La trahison de Judas révèle une espérance mal orientée.

Christianity Today March 15, 2024
Death Is Vast As a Planet At Night, par Catherine Prescott. Huile sur toile. 20 x 25″. 2009.

Alors l’un des douze, appelé Judas l’Iscariot, alla vers les chefs des prêtres et dit : « Que voulez-vous me donner pour que je vous livre Jésus ? » Ils lui payèrent 30 pièces d’argent. (Matthieu 26.14)

Lecture proposée : Matthieu 26.14-16

« On peut observer […] que [Jésus] n’a jamais été considéré comme un simple professeur de morale. Il n’a produit cet effet sur aucun de ceux qui l’ont rencontré. Il produisait principalement trois effets : la haine, la terreur ou l’adoration. Il n’y a aucune trace de personnes ayant exprimé une approbation modérée. » C. S. Lewis, Dieu au banc des accusés.

Nous ne pouvons pas choisir la version de Jésus que nous allons adorer. Nous l’aimons tel qu’il est. Tout le reste est de l’idolâtrie. Tout le reste relève de la fantaisie. Tout le reste est en deçà de ce que Jésus a voulu nous offrir par sa mort.

Un jour, un homme a suivi Jésus et a été considéré comme l’un de ses disciples. Il lui a été permis d’accomplir des œuvres que seul Jésus pouvait permettre, et il a été chargé de veiller sur les ressources pour leur mission. Cependant, à un moment donné de son voyage de trois ans avec le Messie, il a succombé à la maladie du désenchantement. Sa vie, qui s’est achevée à Akeldama, ou « champ du sang » (Ac 1.19), souligne à la fois les limites de nos pensées humaines et l’invitation de Jésus à une confiance totale.

Mais prenons un peu de recul par rapport à la fameuse fatalité de son histoire, et observons l’environnement qui était le sien. Comment la vie à proximité de la Source de toute espérance, de toute beauté, de toute joie, a-t-elle pu se terminer dans une telle angoisse et un tel désespoir ? Le poison de la comparaison aurait-il ainsi aigri son cœur ? Son imagination a-t-elle été captivée par le fantasme d’un monarque héroïque qui renverserait un empire oppressif ? A-t-il vu une contradiction insoluble dans la réponse gracieuse de Jésus à Marie de Béthanie versant une précieuse huile pour oindre ses pieds ?

Le fantasme peut attacher une personne à une vision erronée des choses. Il prend la place que la foi et l’espoir devraient occuper. Lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, la spirale de la désillusion et de la déception se met en place. Il faut trouver quelqu’un à blâmer. Bien qu’il soit tentant de reprocher à Dieu de ne pas avoir fait émerger le bien que nous avions imaginé, si nous faisons face à la réalité, c’est pourtant bien nous qui avons cédé à l’appel séduisant de l’illusion.

Face à la réalité de Jésus, l’allégeance de Judas à ses propres objectifs a fini par l’aveugler et il est passé à côté de l’histoire qu’il aurait pu vivre. Jésus n’entre pas dans nos cases et nos idées limitées. Il brise continuellement nos attentes. Sa royauté s’établit dans la grâce et la vérité, et non dans la satisfaction de nos désirs. Il a une intention, un but, une orientation à chacun de ses pas et chacune de ses décisions. Le chagrin, la douleur, la confusion, les attentes insatisfaites et les prières sans réponse ont tendance à révéler le fond de nos cœurs : aimons-nous Jésus pour ce qu’il est vraiment, ou pour le fantasme que nous nous sommes créé à son sujet ?

Jésus était bien le Roi qui renverserait un empire oppressif, mais contrairement aux attentes de Judas, cet empire n’était pas Rome, mais le péché, la haine et, en fin de compte, la mort. Jésus n’a rien de décevant. Il est le Roi qui réduit en miettes nos rêves les plus excitants pour révéler une autre histoire riche en possibilités, en foi et en joie.

Avec l’histoire de Judas, nous pleurons les fausses promesses de la chair et notre désir de succès mondains. Nous détachons aussi nos yeux des fantasmes que nous nous sommes construits pour les lever vers Celui dont la vie nous pousse à désirer des choses plus profondes, plus belles, plus authentiques et plus durables que tout ce que notre esprit peut concevoir.

Lorsque nos fantasmes s’effondrent et que nous nous sentons vulnérables, nous pouvons nous éloigner dans la déception, ou nous tourner vers Jésus dans notre vulnérabilité. Dans sa nature éternelle, il est celui qui veut engloutir nos illusions et nous offrir son espérance vivante, respirante, ressuscitée.

À méditer



Quelles sont les vérités sur Jésus que vous avez du mal à accepter ? Quels sont les aspects de sa nature avec lesquels vous luttez ?

Que change le fait d’aimer Jésus tel qu’il est ? Comment le fait de l’accueillir et l’aimer pleinement pourrait-il influencer votre vécu de tous les jours et votre vision du monde ?

Eniola Abioye est une missionnaire, autrice-compositrice et poète californienne qui collabore avec des groupes tels que Upper Room, Bethel et Maverick City.

Cet article fait partie de Pâques au quotidien, notre série de méditations pour vous accompagner personnellement, en petit groupe ou en famille durant le carême et les fêtes de Pâques 2024.

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