Une vaine louange ?

Mardi saint – La grâce de donner lorsque la générosité semble absurde

Christianity Today March 15, 2024
Offertory, par Susan Savage. Acrylique sur toile. 32 x 26″.

Elle a fait ce qu’elle a pu, elle a d’avance parfumé mon corps pour l’ensevelissement. Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera aussi en souvenir de cette femme ce qu’elle a fait. (Marc 14.8-9)

Lecture proposée : Marc 14.3-9

S’il y a bien une chose que j’aime, c’est un cadeau inattendu, qu’il soit offert ou reçu. Récemment, je me suis retrouvée à laisser partir des invités chez moi avec des objets que je chérissais : théières, vêtements et même bijoux de ma propre personne. J’ai alors ressenti l’exaltation et la liberté que l’on trouve dans l’acte de donner des choses qui ont une vraie valeur. Mais les dons extravagants et inattendus de ce type proviennent rarement d’une générosité naturelle. Une grâce surnaturelle est à l’œuvre, comme celle que nous voyons dans l’histoire de la femme au vase d’albâtre (Mc 14.3-9).

Je sais que ce genre de choses est une grâce parce que j’ai passé la majeure partie de ma vie à souffrir d’une mentalité de pénurie : l’idée qu’il n’y en a pas assez pour tout le monde et que je ferais mieux de mettre de côté le peu que j’ai. Lorsque je lis le récit de la femme qui oint Jésus dans les jours précédant sa crucifixion, mon esprit se remplit d’un « oui » retentissant et j’essuie des larmes d’admiration devant cet acte mémorable d’adoration. Mais j’avoue — et je le fais en grimaçant — que ma chair a toujours la même réaction que ceux qui étaient dans la salle : je commence à scruter son extravagance.

Face à ceux qui protestent au gaspillage et à l’inconvenance, le Christ prend la défense de la femme, expliquant à ses disciples qu’elle l’a préparé pour son ensevelissement (v. 8). Son acte de dévotion et son sacrifice pointeront pour toujours vers la Bonne Nouvelle, et on se souviendra d’elle chaque fois qu’elle sera proclamée dans le monde entier (v. 9). La femme qui a oint Jésus a répandu ce qui pourrait avoir été son bien le plus précieux, déversant ce trésor pour l’amour du Dieu incarné. Elle a oint le Verbe avant son ensevelissement, rappelant de manière tangible que Jésus est l’Oint, le Messie tant attendu (Es 61.1-3).

Je m’imagine que Jésus était encore légèrement parfumé de cette huile lorsqu’il fut emmené devant Pilate. Je m’imagine que l’on pouvait encore sentir l’arôme boisé et doux du nard sur ses cheveux, sa barbe, un reste de cette onction. Lorsqu’il a porté sa croix, je me demande si les passants ont perçu le parfum, au-delà de l’odeur de la sueur et du sang. Peut-être ont-ils senti une douceur dans l’air lorsque le Christ est monté à Golgotha. Je me demande si les hommes cloués à leur propre croix de chaque côté de lui ont perçu cette odeur.

Dans le judaïsme ancien, le signe de l’onction était le plus souvent réservé aux rois. L’acte audacieux de cette femme ne reconnaissait pas seulement le Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, il préfigurait également ce que le Christ ferait deux jours plus tard en s’abandonnant sur la croix d’une manière somptueuse, aimante et apparemment insensée. En se « déversant » en offrande, Jésus accomplit ce que nous n’aurions jamais pu faire par nous-mêmes. Ce qui nous paraît insensé peut parfois être de la fidélité ; ce qui peut sembler être du gaspillage peut se révéler adoration.

Ma générosité est plus une discipline spirituelle qu’une vertu ; je ne peux guère me vanter de mes dons, car ceux-ci sont contraires à la volonté de ma chair. Dieu, dans sa bonté, m’invite cependant à donner généreusement et me donne le pouvoir de le faire par son Esprit. Je me suis rendu compte qu’en m’apprenant à donner certaines choses, il guérit la partie de moi qui croit encore que je n’aurai jamais assez. Je me glorifie donc de cette faiblesse et je me réjouis même s’il m’arrive encore d’entendre les voix qui s’adressent à la femme de Béthanie :

« Comment oses-tu faire ça ? »

« C’est irresponsable. Tu es irresponsable. »

« Tu donnes plus que tu ne peux te permettre. Et pour quoi faire ? »

Puis vient Jésus, mon défenseur : « Elle a fait une belle chose… Elle a fait ce qu’elle a pu. » Et les voix se taisent.

À méditer



Quelle est votre réponse honnête à la générosité scandaleuse de la femme qui oint Jésus ? À qui ressembleriez-vous le plus dans cette scène ?

Comment cette extravagante générosité remet-elle en question nos instincts de préservation financière ou sociale ?

Hannah Weidmann est la cofondatrice de Everyday Heirloom Co, une marque qui se consacre à proposer aux femmes des bijoux rappelant leur statut de bien-aimées de Dieu en utilisant des méthodes intemporelles d’artisanat et de narration.

Cet article fait partie de Pâques au quotidien, notre série de méditations pour vous accompagner personnellement, en petit groupe ou en famille durant le carême et les fêtes de Pâques 2024.

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