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Décès de Charles Stanley, prédicateur tenace et fondateur du ministère « En contact »

Le pasteur baptiste d’Atlanta vivait selon la devise « Obéir à Dieu et lui remettre toutes les conséquences ».

Charles Stanley

Charles Stanley

Christianity Today April 20, 2023
Illustration by Christianity Today / Source Images: Courtesy of In Touch Ministries

Charles Stanley reçut un jour un coup de poing au visage pour son Église. Ce pasteur de longue date et prédicateur, souvent acclamé, est décédé mardi à l’âge de 90 ans. Il s’était battu avec acharnement pour diriger sa communauté de la Convention baptiste du Sud, ce qui lui valut une réputation de fidèle obstination, d’engagement à suivre la volonté de Dieu et de vie de prière dévouée.

Il répétait souvent sa devise, qu’il tenait de son grand-père : « Obéir à Dieu et lui remettre toutes les conséquences ». Ce genre d’obéissance avait un coût, disait Stanley, mais Dieu récompense la foi obstinée.

« Mon grand-père m’avait dit : “Charles, si Dieu te dit de foncer tête baissée à travers un mur de briques, tu prends la direction du mur”, écrivait-il dans ses mémoires en 2016, “et quand tu y arriveras, Dieu y fera un passage.” »

Stanley fut pasteur de la First Baptist Church d’Atlanta pendant 51 ans. Il commença comme pasteur associé en 1969, alors que la mégaéglise comptait 5000 membres, et resta en chaire jusqu’en 2020, dans une communauté qui aura grandi jusqu’à atteindre 15 000 membres. Il prêchait également quotidiennement à la radio et à la télévision par l’intermédiaire de In Touch Ministries (« En contact »), qu’il fonda en 1972, et fut considéré aux États-Unis comme l’un des meilleurs prédicateurs de sa génération, aux côtés de Charles Swindoll et de Billy Graham.

Le fils de Stanley, Andy, est également pasteur d’une mégaéglise à Atlanta et un prédicateur très apprécié. Les deux sont le seul duo père-fils à avoir figuré sur les listes de prédicateurs vivants les plus influents établies par l’institut Lifeway Research ou le George W. Truett Theological Seminary.

Stanley fut un membre fondateur de la Majorité morale et de la Coalition chrétienne, servit comme président de la Convention baptiste du Sud à un moment clé de lutte entre conservateurs et modérés, et écrivit plus de 50 livres.

Le futur prédicateur naquit en 1932 à Dry Fork, en Virginie, une ville dont il dira plus tard qu’elle était si petite qu’elle ne figurait pas sur la carte. Son père, également prénommé Charles, mourut alors que Stanley n’avait que neuf mois.

Sa mère, Rebecca Hardy Stanley, trouva un emploi dans une usine textile au milieu de la Grande Dépression, pour environ 9 dollars par semaine. Lorsqu’elle ne travaillait pas, elle emmenait son fils dans une Église pentecôtiste et lui apprenait à lire la Bible et à prier.

« Je peux encore entendre sa voix prononcer mon nom devant Dieu et lui dire qu’elle voulait que je le suive dans tout ce qu’il m’appellerait à faire », racontera Stanley.

À l’âge de 12 ans, il accepte Jésus comme son sauveur. Deux ans plus tard, il discerne un appel à la prédication et se dédie au ministère.

Rebecca se remarie alors que Stanley était adolescent. Son second mari était alcoolique et violent. Le jeune Stanley essaya de lutter contre son beau-père, allant même jusqu’à brandir un couteau face à lui. Il supplia sa mère de divorcer, mais elle resta attachée à cette union en raison de sa foi.

Cette expérience de violence eut un impact sur le reste de la vie de Stanley, comme il s’en souviendra plus tard.

« J’étais très, très mal à l’aise tant que je n’étais pas aux commandes », expliqua-t-il. « J’étais très, très combatif et très, très compétitif. Du coup, dans mon ministère, j’apportais l’esprit de survie. Tu fais ou tu meurs. Tu fais tout ce qui est nécessaire pour gagner. Peu importe ce que c’est. »

Stanley étudia à l’université de Richmond grâce à une bourse sollicitée par sa mère. Il rencontra là une étudiante en art de Caroline du Nord, Anna Margaret Johnson. Ils se marièrent en 1955.

Après avoir obtenu son diplôme au Southwestern Baptist Theological Seminary, Stanley prit en charge une Église baptiste dans l’État d’origine de sa nouvelle épouse, prêchant à la Fruitland Baptist Church et enseignant au Fruitland Baptist Bible Institute (aujourd’hui College). Il déménagea ensuite à Fairborn (Ohio), à Miami (Floride) et à Bartow (Floride) avant d’accepter l’appel à devenir pasteur associé dans une grande Église baptiste du centre d’Atlanta en 1969.

Le pasteur principal démissionna deux ans plus tard, et il fut demandé à Stanley d’assumer ses responsabilités jusqu’à ce qu’un remplaçant soit trouvé. Il posa lui-même sa candidature, mais le comité de recherche vota contre lui à 5 voix contre 2.

Cependant, tandis que se poursuivaient les recherches, la fréquentation des cultes commença à augmenter, les dons se multiplièrent et de plus en plus de membres de l’Église suggérèrent que Stanley prenne le poste de pasteur. Plusieurs diacres — subtilement puis moins subtilement — firent pression sur Stanley pour qu’il se retire.

Stanley refusa.

« Les gens voulaient se débarrasser de moi », racontera-t-il. « Ils ne pouvaient pas me dire pourquoi. Ils disaient simplement que tout ce que je prêchais, c’était comment être sauvé, la venue de Jésus et comment être rempli du Saint-Esprit. J’ai ri et je me suis dit : “Mon Dieu, j’espère bien que c’est le cas !” »

Le pasteur Stanley est à l’origine d’un nouveau conflit lorsqu’il révoque certains enseignants de l’école du dimanche, malgré les objections du surintendant de l’école du dimanche, qui estime alors que le pasteur n’a pas l’autorité nécessaire pour prendre cette décision.

Selon l’Atlanta Constitution, un diacre dénonçait alors la « pure course au pouvoir » de Stanley, et plusieurs responsables se dirent « mal à l’aise » face à la « passion démesurée du pasteur pour le pouvoir politique » et à sa « confiance extravagante dans sa compréhension de la volonté de Dieu ».

Lors d’une réunion d’Église houleuse, l’un des membres du conseil de l’Église laissa échapper un juron.

Stanley lui répondit : « Tu devrais faire attention à ton langage ! »

Le membre du conseil d’administration rétorqua : « Non, tu devrais faire attention à toi », puis brandit son poing et frappa Stanley au visage.

Andy, 13 ans à l’époque, regardait la scène depuis l’un des premiers bancs. Il raconte que son père ne broncha pas lorsqu’il fut frappé. Il ne riposta pas non plus, remportant ainsi une victoire morale et la discussion.

« J’ai vu mon père tendre l’autre joue », écrira plus tard le jeune Stanley, « mais il n’a jamais tourné le dos et pris la fuite. »

Lorsque les membres de l’Église tinrent une réunion de trois heures pour décider s’ils voulaient garder Stanley, la majorité vota oui. L’Église décida alors que Stanley deviendrait le pasteur principal.

Il attendit une semaine pour annoncer s’il acceptait ou non le poste. Trente-six des 59 diacres de la communauté démissionnèrent.

Stanley apporta la même ténacité à la Convention baptiste du Sud lorsqu’il en fut élu président en 1984. Ses partisans espéraient qu’il serait celui qui résoudrait le conflit entre les conservateurs et les modérés de la dénomination. Ses opposants craignaient la même chose, un président de séminaire appelant même à une « guerre sainte » contre les conservateurs, dont Stanley, qui insistaient sur une plus grande uniformité théologique dans la dénomination, au détriment de l’autonomie des congrégations.

Les conservateurs déclarèrent qu’ils mettraient un terme à la dérive libérale, en particulier dans les séminaires et dans les organisations de politique publique de l’Église. Au cours de sa première année de présidence, Stanley soutint des mesures visant à empêcher les communautés d’ordonner des femmes. À l’époque, il y avait 13 femmes pasteurs dans la Convention baptiste et plus de 220 avaient été ordonnées.

La deuxième année, surmontant l’opposition pour se voir réélu avec 55 % des voix, Stanley utilisa son pouvoir présidentiel et ses compétences en matière de manœuvres diplomatiques pour nommer une série de conservateurs dans d’importants conseils baptistes.

Cependant, le plus grand combat de Stanley fut de tenter de sauver son mariage et de rester en chaire après son divorce.

Anna Stanley demanda le divorce en 1993, sans explication et en utilisant uniquement les initiales du couple, A. S. et C. S. La nouvelle se répandit tout de même et provoqua un tollé à la First Baptist Church. La congrégation n’avait jamais permis à un homme divorcé d’exercer un ministère, et Stanley lui-même enseignait que la chose était impossible.

Stanley annonça en chaire que le couple ne divorçait pas, mais qu’ils étaient séparés et travaillaient sur leur mariage. Une semaine plus tard, Anna modifia l’action en justice pour demander une séparation formelle au lieu d’un divorce, puis elle abandonna l’affaire.

Elle déposa une nouvelle demande en 1995.

« Je suis consternée par le refus de mon mari d’accepter l’état critique de notre mariage », déclarait Anna Stanley dans un communiqué transmis à l’Atlanta Constitution. « Au lieu de cela, il a annoncé à plusieurs reprises du haut de sa chaire que des progrès étaient réalisés en vue de notre réconciliation, alors qu’en réalité, c’est tout le contraire qui s’est produit. Je ne veux pas contribuer à cette mascarade. »

Il n’y avait pas d’allégation d’infidélité ou de comportement immoral. Anna déclara que son mari avait depuis longtemps établi clairement ses priorités, et qu’elle n’en faisait pas partie.

Un certain nombre de responsables de l’Église — qui comptait alors environ 13 000 fidèles chaque semaine — souhaitent alors que Stanley se retire, au moins temporairement. D’autres le poussent à démissionner. L’un d’entre eux était son fils, Andy Stanley, pasteur d’une extension de l’Église en pleine expansion et considéré comme l’héritier présomptif de la chaire de la communauté.

Plus tard, Andy dira qu’il voulait seulement que son père propose de démissionner, donnant ainsi à l’Église la possibilité de faire elle-même le choix de garder son pasteur bien-aimé. Son père, dit-il, n’entendit plus rien après le mot « démission ».

Charles réagit durement et considéra son fils comme un ennemi. Andy quitta la communauté, s’éloigna de son père et fonda la North Point Community Church, une mégaéglise sensible aux personnes en recherche qui grandirait jusqu’à compter près de 40 000 personnes.

Charles Stanley décrivit cette période comme la plus difficile et la plus solitaire de sa vie.

« Les premières fois que je suis allé à l’épicerie le soir tout seul, que je suis rentré chez moi tout seul, dans une maison vide, j’ai eu du mal. Mais je me suis dit : “Ok Seigneur, c’est là que j’en suis », racontera Stanley. « Ma femme s’était éloignée. Pour un pasteur, c’est un désastre. L’Église allait me renvoyer parce que l’on imagine toujours le pire. Mais mon Église ne l’a pas fait. Ils m’ont dit : “Tu as été là pour nous quand nous avions besoin de toi. Maintenant, nous allons être là pour toi.” »

L’Église vota en faveur du maintien de Stanley, même si la séparation se poursuivait. Lorsque Anna demanda le divorce pour une troisième fois en 2000 et réussit à mettre fin à leur mariage, un membre du conseil d’administration annonça que Stanley resterait pasteur principal. L’assemblée réagit à la nouvelle par une ovation debout.

Alors que certains responsables évangéliques condamnèrent la décision de Stanley de poursuivre son ministère en tant qu’homme divorcé, affirmant qu’il sapait le témoignage moral des évangéliques, peu de choses changèrent réellement dans l’Église baptiste d’Atlanta. Selon Stanley, son divorce aurait même fait de lui un pasteur plus efficace.

« C’était Romains 8.28. Dieu savait ce qu’il faisait », déclara Stanley. « Les gens me disaient : “Avant, je ne pouvais pas t’écouter. Que savais-tu de la solitude, de la douleur, de la souffrance et de la perte ? Maintenant, je peux suivre tes émissions parce que je sais que tu sais ce que je ressens.” »

Stanley se réconcilia avec son fils par le biais d’un accompagnement, les deux pasteurs se faisant accompagner ensemble. Stanley parla de la mort de son père, de sa relation traumatisante avec son beau-père et de son besoin de garder le contrôle. Il invita Andy à prêcher à la First Baptist Church en 2007. Le sermon du jeune Stanley portait sur un thème familier : « Le prix à payer pour suivre le Christ. »

La prédication de Charles Stanley fut largement saluée dans les dernières années de sa vie, en particulier pour sa simplicité, son caractère pratique et son efficacité. Il abordait aussi fréquemment l’importance de la prière et de sa propre pratique consistant à s’agenouiller quotidiennement pour parler à Dieu.

« Pour moi, c’est la clé », déclarait-il à Christianity Today. « C’est la clé de tout. Parce que ce que vous faites, c’est reconnaître Dieu au moment où vous avez besoin de son aide, de sa perspicacité, de sa compréhension, de son courage ou de sa fidélité, de quelque manière qu’elle puisse s’exprimer. »

Lorsqu’on lui demanda quel conseil il donnerait à ses petits-enfants, s’ils se lançaient dans le ministère, ou ce qu’il pourrait inscrire sur sa tombe à sa mort, Stanley revint à sa devise de foi inébranlable : « Obéir à Dieu et lui remettre toutes les conséquences »

Il laisse derrière lui son fils Andy, sa fille Becky Stanley Brodersen et six petits-enfants. Anna Stanley était déjà décédée en 2014.

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