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Un tour du monde en 11 cultes

Un nouveau récit de voyage à travers les diverses formes du culte chrétien célèbre l’unité de l’Évangile à travers les différences culturelles — avec certaines limites.

A globe with pictures of an Asian and African church worshiping
Christianity Today August 28, 2025
Illustration de Mallory Rentsch Tlapek/Images sources : Getty, Unsplash

Dans un village reculé du Cambodge, des chrétiens vêtus de noir louent Dieu au moyen de chants autochtones et d’une danse locale accompagnés de battements de mains. Dans une ville embouteillée de Corée du Sud, une grande assemblée entonne un hymne solennel tout en priant Dieu à haute voix. Pendant ce temps, dans une église polonaise qui accueille 60 réfugiés ukrainiens, la communauté rassemblée chante un hymne polonais avec un accompagnement au violon après avoir entendu deux pasteurs différents, l’un originaire d’Ukraine, l’autre de Pologne, prêcher la Parole de Dieu.

From the Rising of the Sun: A Journey of Worship Around the World

From the Rising of the Sun: A Journey of Worship Around the World

HarperCollins

192 pages

$18.48

Ces quelques images de chrétiens adorant Dieu à travers le monde témoignent du riche festin qu’offre un nouveau livre paru en anglais sous le titre From the Rising of the Sun: A Journey of Worship Around the World. (« Du lever du soleil : Un voyage à travers le culte dans le monde ») Les auteurs, Tim Challies et Tim Keesee, nous emmènent dans un voyage tourbillonnant, commençant juste à l’ouest de la ligne de changement de date dans l’océan Pacifique, où un nouveau jour commence, et se terminant sur la côte de l’Alaska, juste à l’est de l’endroit où le jour s’achève. Le titre de l’ouvrage est inspiré du Psaume 113.3 : « Du lever du soleil jusqu’à son coucher, que le nom de l’Éternel soit célébré ! »

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En cours de route, le livre nous fait découvrir des communautés chrétiennes rassemblées dans 11 contextes différents. Ensemble, ces églises élèvent le Christ tout au long des 24 heures qui composent un dimanche. Elles ont été choisies dans des pays situés dans environ un fuseau horaire sur deux. Malheureusement, aucune église d’Asie du Sud ne figure sur l’itinéraire, probablement en raison de restrictions de dernière minute en matière de visas auxquelles les auteurs ont été confrontés.

Quel est l’objectif de cette tournée mondiale ? Il s’agit principalement de raconter comment les diverses expressions locales de la louange, de la prédication et des sacrements démontrent à la fois nos riches différences et l’unité qui est la nôtre en tant qu’Église du Christ à travers le monde. Dans l’ensemble, les auteurs accomplissent cette tâche avec succès. Le livre est généralement plus descriptif que réflexif. Il s’agit davantage de montrer certains points communs et certaines différences que d’expliquer leur raison d’être. Si vous cherchez une analyse plus approfondie de ce qui rassemble ou différencie l’Église chrétienne dans le monde, ce n’est peut-être pas par là qu’il faut commencer.

La structure du livre est simple, ce qui le rend facile à suivre. Dans le prologue et l’introduction, Challies et Keesee racontent chacun personnellement comment le projet a pris forme et ce qui les a amenés à choisir les églises à visiter. Nous apprenons qu’une fois le plan élaboré, sa mise en œuvre s’est heurtée à une série d’obstacles, notamment le diagnostic et le traitement d’un cancer, la perte dévastatrice d’un enfant et une pandémie mondiale qui a interrompu les voyages. Néanmoins, le rêve des auteurs a persisté et a finalement abouti à ce livre et à une série de films qui l’accompagne.

Les principaux chapitres suivent également un schéma simple. Chacun d’entre eux consiste principalement en un récit de voyage basé sur les entrées du journal de Keesee pendant les trois ou quatre jours que les deux hommes ont passés dans chaque endroit donné. Les chapitres commencent par une réflexion générale, souvent tirée de l’histoire des missions chrétiennes dans ce lieu. Keesee relate ensuite des récits de foi de croyants ou de responsables d’église que les auteurs ont rencontrés.

Keesee est un conteur doué, et ces témoignages constituent l’un des éléments les plus riches et les plus inspirants du livre. Par exemple, lors d’un séjour en Pologne, les auteurs ont rencontré une Ukrainienne, Svetlana, et ses quatre enfants. Originaire de Mariupol, ville dévastée par trois mois de bombardements russes, Svetlana a payé des passeurs pour extraire sa famille de son pays. Avec bien peu d’eau et de nourriture, ils ont effectué un dangereux voyage à travers la Crimée, la Russie, la Lettonie et la Lituanie avant d’atteindre finalement la Pologne.

Ayant entendu parler d’une église à Rybnik, en Pologne, qui s’occupait des réfugiés, Svetlana a supplié le pasteur de laisser sa famille rester là. Les locaux étaient déjà surpeuplés, mais le pasteur a offert l’hospitalité à cette famille désespérée, qui vivait et célébrait le culte dans l’église depuis quatre mois au moment de la visite des auteurs.

Enfin, chaque chapitre se termine par une description du culte dominical vécu par les auteurs. J’ai trouvé particulièrement saisissant leur récit d’un rassemblement d’une église de maison dans un salon au Maroc. Ils décrivent une petite communauté chrétienne rassemblée autour d’une table offrant du thé à la menthe et des pâtisseries locales. La rencontre commence par des prières et des chants accompagnés à la guitare, à la fois cantiques arabes locaux et chants traduits de l’anglais. La mélodie du chant « En mon cœur, j’ai choisi » sonne familière, mais cette communauté y a ajouté un couplet en arabe : « Si je suis enchaîné, ou mis en prison ».

Le sermon, appuyé sur 1 Corinthiens 1.26-31, explique comment Dieu a choisi les faibles, les humbles et les méprisés dans le monde, afin que personne ne mette son espoir en lui-même. La prédication est interactive, l’animateur posant des questions et les fidèles demandant des éclaircissements. Ensuite, le groupe chante le Notre Père et partage le pain et la coupe pour la communion. Keesee commente : « Dans cette salle, il y avait des jeunes et des vieux, des personnes bien formées et d’autres à peine alphabétisées. Certains ont de bons emplois et de brillantes perspectives, tandis que d’autres sont des parias, des pauvres, voire des gens un peu bizarres. Il n’y a aucune raison pour que nous soyons ensemble ici, si ce n’est cette raison éternelle : Christ ! »

La scène qu’ils décrivent m’évoque mes propres souvenirs de cultes dans des églises de maison dans les pays asiatiques, où le simple fait de se réunir pour louer Christ est une entreprise risquée. J’étais là-bas pour les enseigner sur la Bible, mais leur adoration joyeuse m’a appris à lire plus fidèlement les passages du Nouveau Testament sur la souffrance pour le Christ.

Après chaque chapitre, Challies propose une brève réflexion sur un aspect du culte chrétien dans ces divers contextes, couvrant des sujets tels que les dispositions du cœur d’un visiteur, la musique, la prédication et les chants dans différentes langues. Ces sections mettent en lumière les éléments communs et les différences. Certaines m’ont paru de grande valeur, comme celle sur la diversité des pratiques des différentes églises en matière de repas du Seigneur. D’autres sont très brèves et presque évidentes, comme ses réflexions sur le thème « Être un bon visiteur » : en résumé, essayez d’éviter d’offenser les gens ! Dans chaque cas, des questions de discussion utiles permettent aux lecteurs d’approfondir leur réflexion et de trouver des applications dans leur propre contexte.

Il y a beaucoup de choses que j’apprécie dans ce livre. Après avoir vécu en dehors de mon Amérique natale pendant près de 25 ans et exercé mon ministère sur plusieurs continents, le désir des auteurs de montrer comment les chrétiens de diverses langues et cultures exaltent notre unique Seigneur résonne profondément en moi. Ces instantanés offrent un avant-goût de la vision de l’Apocalypse où une multitude de gens de toute tribu et de toute langue se prosternent devant le trône de Dieu et de l’Agneau (7.9-11). Bien que nous ne le voyions pas toujours ou que nous ne l’incarnions pas, cette diversité de cultures, de langues et d’expressions cultuelles fait partie intégrante de ce que nous sommes en tant que peuple de Dieu. Elle perdurera dans la nouvelle création.

De plus, le livre est magnifiquement écrit, dans un style narratif et agréable à lire — parfait pour un large public chrétien. Les auteurs intègrent harmonieusement des passages bibliques et des cantiques dans leurs récits de voyage, et les photos de leurs rencontres avec les gens et de divers lieux enrichissent leurs descriptions. J’apprécie également leurs efforts pour fournir un contexte historique pertinent, des voyages de l’explorateur et capitaine britannique James Cook aux éruptions d’un volcan chilien, en passant par la position marginale de l’Église primitive en Afrique du Nord.

Cependant, malgré les aspects positifs de ce livre, il m’a laissé plusieurs inquiétudes. Tout d’abord, pour un livre qui prétend célébrer la diversité des cultes chrétiens dans le monde, la perspective reste relativement étroite.

Consciemment ou non, Challies et Keesee ont fixé certaines limites quant au type d’églises qu’ils ont visitées. Ils ont voulu se concentrer sur des communautés manifestant « un engagement sérieux envers l’Écriture et la saine doctrine ». Cela peut faire sens. Mais dans la pratique, ces paramètres débouchent sur un panel d’églises conservatrices et évangéliques principalement associées à une théologie globalement réformée. En outre, presque toutes ces églises privilégient une forme de prédication expositive centrée sur la doctrine.

Compte tenu des antécédents réformés de Challies (pasteur) et de Keesee (responsable d’une organisation missionnaire), ce résultat n’est peut-être pas surprenant. Mais je me demande ce qui se serait passé si les auteurs avaient élargi leur voyage et étaient sortis d’une certaine zone de confort. Et s’ils avaient inclus des églises d’inspiration méthodiste wesleyenne ou pentecôtiste ? Étant donné que les pentecôtistes constituent le plus important ensemble de chrétiens évangéliques assistant à un culte chaque dimanche, cette tradition aurait pu être prise en considération.

Et d’ailleurs, qu’en est-il des chrétiens catholiques ou orthodoxes ? Certains apparaîtront certainement parmi la multitude décrite en Apocalypse 7.9. Ou encore les églises qui ont davantage recours au théâtre, aux rituels, aux récits, à divers médias ou à d’autres styles de prédication, comme les appels à l’assemblée et les réponses de celle-ci si familiers des cultes afro-américains ? Ou des communautés qui mettent l’accent sur la vie chrétienne autant ou plus que sur la bonne doctrine ?

Et qu’en est-il des femmes ? Dans le livre, les pasteurs et les membres de l’équipe pastorale sont toujours des hommes. Les femmes s’en tiennent à des rôles tels que la composition musicale et le chant. Cependant, en tant que missionnaire et professeur dans différents contextes à travers le monde, j’ai constamment vu Dieu utiliser des femmes appelées et douées de l’Esprit pour de nombreuses tâches au sein de l’Église, y compris dans la direction pastorale et la prédication. Qu’aurions-nous vu si les auteurs étaient sortis de leur zone de confort pour intégrer à leur parcours une église accordant davantage de responsabilités aux femmes ?

Combler ces lacunes aurait donné un livre différent. Mais peut-être celui-ci aurait-il mieux reflété la vision de l’Apocalypse où se rassemblent des adorateurs de toute nation, tribu, peuple et culture.

Deuxièmement, j’aurais aimé que les auteurs fassent preuve d’une meilleure compréhension des questions liées à la mission de l’Église. Challies et Keesee ont tendance à voir l’Église à travers le monde selon un prisme occidental traditionnel. Leurs descriptions des missionnaires d’hier et d’aujourd’hui ne sont pas dépourvues d’un caractère quelque peu romancé. Les missionnaires y sont vus comme des héros, principalement des hommes occidentaux, qui ont enduré de grandes difficultés (et parfois le martyre) pour implanter l’Évangile.

Je reconnais volontiers l’énorme dette que nous avons envers les pionniers missionnaires qui ont tout risqué pour accomplir la mission du Christ de faire de toutes les nations des disciples. Ayant passé la majeure partie de ma vie d’adulte dans des missions internationales, je suis le dernier à penser qu’il faudrait se débarrasser de tous les missionnaires.

Mais le livre aurait pu faire preuve de plus de sensibilité à l’égard d’autres aspects de l’héritage missionnaire occidental, comme les attitudes colonialistes et les présupposés culturels qui influencent encore la manière d’adorer Dieu dans le monde entier. Par exemple, dans le climat tropical du Pacifique Sud, j’ai observé que de nombreux pasteurs portent encore des chemises, des cravates et parfois des vestes. La raison en est, m’a-t-on dit, que les missionnaires avaient prescrit cette tenue pour la prédication. Les églises que les auteurs décrivent tout au long du livre s’appuient fortement, même si pas exclusivement, sur des traductions d’hymnes occidentaux.

De plus, les missions telles qu’elles sont décrites dans l’ouvrage progressent dans une seule direction, de « nous » à « eux », de l’Ouest vers le reste. Mais aujourd’hui, les missions sont mondialisées et multidirectionnelles — « de partout vers partout », comme le formulait le théologien sud-américain Samuel Escobar. Des missionnaires du monde entier viennent aussi exercer leur ministère en Occident. Je suis conscient que ce livre n’est pas un manuel missionnaire. Mais il pourrait parfois renforcer les stéréotypes qui façonnent encore les mentalités de bien des communautés évangéliques dans mon contexte nord-américain.

Enfin, Challies et Keesee auraient pu renforcer leur ouvrage par une réflexion plus approfondie sur les différents lieux de culte qu’ils ont observés. Ils semblent simplement se réjouir de tous les exemples de culte et de prédication qu’ils ont rencontrés, sans chercher à les évaluer ou à adopter un regard critique. J’avais espéré que la fin du livre donnerait lieu à une réflexion sur les forces et les faiblesses des différentes pratiques et traditions ou qu’ils se pencheraient sur leur signification théologique. Mais tel n’est pas le cas.

Il est intéressant de noter que, dans leur réflexion finale sur le culte, les auteurs décrivent le sentiment d’être « chez soi » dans différentes églises où des éléments familiers étaient présents. D’un côté, je partage leur enthousiasme pour ce qui unit les chrétiens à travers divers lieux et traditions à travers le monde. D’un autre côté, un peu moins de familiarité et un peu plus d’inconfort face à certaines différences auraient pu produire un portrait plus riche de la magnifique diversité du corps de Christ à travers la terre.

En dépit de ces préoccupations, ce livre mérite d’être lu, en particulier par les chrétiens qui partiraient du principe, consciemment ou non, que « la façon dont nous pratiquons le culte est juste » ou que « tout le monde le fait comme nous ». Avec un enthousiasme contagieux et une prose élégante, Challies et Keesee transforment un carnet de voyage en une belle occasion de célébrer la variété dynamique qui caractérise l’unique Église de Jésus-Christ dans le monde.

Dean Flemming est professeur émérite de Nouveau Testament et de mission à la MidAmerica Nazarene University. Il est notamment l’auteur de Recovering the Full Mission of God: A Biblical Perspective on Being, Doing and Telling.

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