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Alors que les Gazaouis manifestent contre le Hamas, les chrétiens locaux restent à l’écart

Les quelques centaines de chrétiens encore présents à Gaza cherchent à préserver leur sécurité au milieu des attaques continues.

Palestinians take part in an anti-Hamas protest, calling for an end to the war with Israel, in the northern Gaza Strip.

Des Palestiniens participent à une manifestation anti-Hamas, appelant à la fin de la guerre avec Israël, dans le nord de la bande de Gaza.

Christianity Today April 14, 2025
Contributeur, Getty / Adaptations par Christianity Today

Dans un rare élan de défiance, des milliers de Gazaouis sont descendus dans les rues de la ville de Beit Lahia, au nord, ainsi que dans d’autres villes au cours des dernières semaines, pour exiger le retrait du Hamas et la fin de la guerre.

Des vidéos des manifestations, commencées il y a deux semaines, montrent des protestataires scandant « Dehors, dehors, dehors ! Hamas, dehors ! » et brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Le Hamas ne nous représente pas. » Les manifestations ont duré trois jours, avant de reprendre de manière sporadique la semaine dernière.

Les manifestants ont exprimé leur colère contre le Hamas, qui dirige Gaza depuis 18 ans, après qu’Israël a cessé l’acheminement de l’aide humanitaire et repris ses bombardements le 18 mars, mettant fin à une trêve de deux mois. Israël a déclaré que le refus du Hamas d’accepter les conditions d’une trêve prolongée avait entraîné la reprise des attaques. Depuis le début de la guerre, les frappes aériennes israéliennes ont rasé des villes entières et tué des dizaines de milliers de Palestiniens, combattants et civils.

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Le Hamas continue de contrôler Gaza malgré la mort de milliers de ses soldats et de plusieurs dirigeants clés. Il refuse également de libérer les 24 otages restants présumés vivants.

« Le Hamas a peur de ces manifestations », affirme Ihab Hassan, chrétien palestinien et militant des droits humains basé à Washington, D.C. Originaire de Cisjordanie, il explique avoir été en contact avec au moins dix manifestants au cours des dernières semaines. L’un d’eux lui a confié qu’il était prêt à payer le prix de la contestation, car il voulait s’opposer au Hamas et à la guerre.

Cependant, les membres de la petite communauté chrétienne restante à Gaza ne participent pas aux manifestations, souligne-t-il. Beaucoup cherchent encore à se réfugier face aux bombardements israéliens dans le nord et évitent tout engagement politique car ils représentent une minorité dans l’enclave.

Manifester à Gaza est un acte risqué, car le Hamas a déjà par le passé réprimé violemment les critiques et les contestations. En 2017 et en 2019, ses responsables ont arrêté et torturé des centaines de Palestiniens qui protestaient contre les mauvaises conditions de vie, et en ont réprimé la couverture médiatique. La manifestation la plus récente avant celle-ci avait eu lieu juste deux mois avant l’attaque du Hamas contre Israël en 2023.

Cette fois-ci, des membres du Hamas ont enlevé et torturé un manifestant de 22 ans, Odai Al-Rubai, qui est mort peu après son arrivée à l’hôpital. Selon le New York Times, le Hamas a menacé d’infliger le même sort à d’autres Palestiniens critiques à son égard.

Les 1 000 à 1 200 chrétiens de Gaza présents au début de la guerre ne sont plus que 600 à 700, selon Khalil Sayegh, chrétien palestinien et analyste politique ayant vécu à Gaza jusqu’en 2009. Il est en contact quotidien avec sa sœur aînée et ses cousins qui y vivent encore.

Il affirme que les chrétiens de Gaza souffrent de graves pénuries alimentaires à cause du blocus israélien qui dure depuis six semaines. « On se dirige vers une famine », dit-il, précisant que des voisins musulmans viennent aussi chercher de l’aide auprès des églises.

La plupart des chrétiens ayant fui vers l’Égypte depuis le début du conflit ne souhaitent pas revenir. Pendant la trêve de deux mois entamée en janvier, ceux qui étaient restés sont retournés dans leurs maisons au nord, selon Sayegh.

Mais maintenant que la trêve est terminée et qu’Israël a émis de nouveaux ordres d’évacuation, les chrétiens n’ont nulle part où aller. La semaine dernière, une frappe israélienne a détruit la maison d’une famille chrétienne, rapporte Sayegh. Ils ont survécu en se réfugiant dans une église.

Mais se réfugier dans l’une des trois églises de Gaza-ville ne garantit pas la sécurité. En octobre 2023, au moins 17 chrétiens sont morts à la suite d’une frappe israélienne sur le complexe de l’église grecque orthodoxe Saint-Porphyre, considérée comme la troisième plus ancienne église du monde. Israël a déclaré viser un centre de commandement du Hamas voisin.

Sayegh rapporte qu’au moins 30 chrétiens sont morts depuis le début de la guerre. Son père a fait une crise cardiaque en décembre 2023 alors qu’il se réfugiait dans l’église catholique de la Sainte-Famille, à Gaza-ville. Les chars israéliens entouraient le complexe, empêchant l’accès aux soins, explique-t-il.

Une mère et sa fille ont succombé à des tirs de sniper dans le même complexe en 2023. Israël a nié avoir ciblé intentionnellement les femmes ou l’église, tout en reconnaissant un échange de tirs avec des membres du Hamas dans cette zone.

Les chrétiens font également face aux pressions de l’islamisation de Gaza par le Hamas, indique Sayegh. Lui comme Ihab Hassan ont dû lutter contre des rumeurs qui, selon eux, auraient pu mettre la communauté chrétienne en danger. Par exemple, l’automne dernier, un activiste a faussement affirmé sur les réseaux sociaux que des chrétiens de Gaza collaboraient avec Israël pour faire larguer des tracts évangéliques depuis des avions, ce qui a suscité des commentaires hostiles envers les chrétiens.

Quand Sayegh a expliqué que les tracts provenaient d’un hôpital baptiste de Gaza et n’avaient aucun lien avec Israël, l’activiste a supprimé son message, mais la rumeur s’était déjà propagée sur plusieurs sites affiliés au Hamas.

« Nous avons eu peur que cela mène à une attaque contre l’Église », confie Hassan.

Sayegh affirme que de nombreux Palestiniens à Gaza souhaitent la fin du Hamas, et que ces soulèvements sont des signes « sans précédent » de leur ras-le-bol. Un sondage mené en 2024 par Zogby Research Services a révélé que, si 85 % des personnes interrogées à Gaza tiennent Israël pour responsable du conflit actuel, 87 % estiment également que le Hamas est à blâmer.

Hassan conclut que les manifestants envoient un message clair au Hamas :
« Ce que vous faites met nos vies en danger pour rien. »

Traduit par Camille Westphal Perrier pour Infochrétienne et révisé par Christianity Today

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