Theology

Une astuce simple pour savoir si votre lecture biblique va dans le bon sens

Je savais que l’Écriture était inerrante et inspirée, mais je ne la laissais pas m’entrainer vers l’amour et l’adoration.

Christianity Today February 25, 2025
Illustration by Mallory Rentsch / Source Images: WikiMedia Commons

Selon Saint Augustin, il est possible de s’assurer que nous comprenons la Bible correctement. Lue de la bonne manière, elle produira en nous un « double amour pour Dieu et pour le prochain ».

En effet, écrit Augustin, « celui qui en exprime un sens propre à édifier cette même charité, sans toutefois rendre la pensée de l’écrivain sacré dans le passage qu’il interprète, se trompe à la vérité ; cependant son erreur n’est point dangereuse, et réellement il ne ment point. »

J’ai lu ces paroles de son De la doctrine chrétienne à l’automne 2008. Et j’ai compris que j’avais un problème. J’avais passé mes deux dernières années dans le programme d’exégèse biblique d’une célèbre école supérieure, et je n’étais pas sûr du tout que ma formation en hébreu, en grec et en exégèse ait nourri ce « double amour » en moi. Je comprenais l’importance de l’Écriture, je savais qu’elle était divinement inspirée. Mais l’avais-je laissé me toucher comme elle le devait ?

Le problème ne venait pas de mon grec ou de mon hébreu. Il ne venait pas non plus des Écritures. Je soupçonnais qu’il se trouvait du côté de ma théologie.

On m’avait enseigné tous les versets sur l’inerrance, l’infaillibilité et l’inspiration de la Bible. On m’avait dit qu’elle était plus tranchante qu’une épée à deux tranchants. Mais ces mots semblaient stériles et inertes pour décrire ce livre que je savais différent de tous les autres. L’inspiration biblique me semblait quelque chose de solide, mais je n’en tirais pas un imaginaire suffisamment dynamique pour engager ma vie chrétienne dans l’étude et la piété.

Augustin avait raison : après avoir lu les Écritures, je devais aimer davantage Dieu et mon prochain. Y avait-il un modèle biblique, et pas seulement des textes de référence, pour me guider ? Jean 5 m’a aidé à avancer.

Dans Jean 5.1-18, Jésus guérit, à Bethesda, un homme malade depuis 38 ans. Cela se passe un jour de sabbat, et suscite donc la controverse. Jésus y répond en témoignant de qui il est vraiment. Il ne témoigne pas de lui-même, car, dit-il : « si je témoigne de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai » (Jn 5.31). Au lieu de cela, comme l’exige Deutéronome 19.15, Jésus fait appel à des témoins.

Premièrement, il y a Jean Baptiste, qui est « un autre qui me rend témoignage » (Jn 5.33). Deuxièmement, « les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir […] attestent que le Père m’a envoyé » (Jn 5.36). Troisièmement, Jésus déclare que « le Père qui m’a envoyé m’a lui-même rendu témoignage » (Jn 5.37).

Enfin, Jésus affirme que les Écritures elles-mêmes pointent vers lui. C’est ici qu’il offre un ajustement essentiel à ma vision de ce que signifie « bien comprendre les Écritures ». Une vision qui me semble également toujours prévalente dans le monde évangélique.

Voici ce que dit Jésus : « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; or ce sont elles qui rendent témoignage de moi. […] Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est de moi qu’il a écrit. » (Jn 5.39, 46)

Il ne suffit pas de dire que l’Écriture est sans erreur. Nous devons comprendre son but et son point de référence ultime. Dans ce texte, Jésus dit que ses contemporains n’ont pas pu comprendre son œuvre, parce qu’ils n’ont pas compris à quoi fait référence l’Écriture. Dans la Bible, c’est de Jésus qu’il s’agit. C’est à son sujet que Moïse et tous les prophètes ont écrit. De la même manière, nous comprenons mal l’Écriture si nous ne voyons pas qu’elle témoigne du Christ qui est venu, qui est mort et qui est ressuscité.

Nous sommes tout aussi enclins à nous méprendre sur le sens des Écritures que les gens du premier siècle. Peut-être même davantage.

Nous devons retrouver ce dont la Bible témoigne. Toute utilisation de l’Écriture qui ne tiendra pas compte de ce témoignage tournera court, car elle ne répondra pas à l’objectif même qu’elle poursuit.

Retrouver cette théologie de l’Écriture comme témoin du Christ peut changer notre vie de foi de deux manières.

Premièrement, elle nous rappelle que nous aimons la Bible parce que nous aimons Jésus, et elle nous encourage donc à nous y replonger.

L’une des marques distinctives des chrétiens qui reconnaissent la nature première de la Bible comme témoignage sera leur immersion dans les Écritures parce qu’ils aiment celui dont elles témoignent. Nous avons l’immense privilège de disposer de l’ensemble du témoignage scripturaire à propos de la personne et de l’œuvre du Christ, y compris les Évangiles et tout le  témoignage apostolique du Nouveau Testament. Comme Thomas Cranmer l’a éloquemment prié il y a bien longtemps, lors de la réforme anglaise, nous devrions « lire, marquer, apprendre et ruminer intérieurement » les Écritures.

Deuxièmement, cette théologie nous invite à suivre les traces de Jean-Baptiste, qui a fidèlement témoigné du Christ comme celui-ci le déclare en Jean 5.33.

Cela me rappelle le célèbre retable d’Issenheim, peint par Matthias Grünewald. Jean Baptiste y est présent au moment de la crucifixion. Jean ayant été décapité bien avant la mort du Christ, l’image est à la fois follement et merveilleusement anachronique. Il se tient sur le côté, un doigt osseux pointant vers Jésus. C’est là que nous trouvons les mots : « Il faut qu’il croisse, et que je diminue ».

Et que tient-il dans l’autre main ? Une Bible ouverte. Je pense qu’il y a là l’exemple que nous sommes censés suivre. Comme Jean, l’Écriture dans une main, et pointant vers le Christ avec l’autre main, nous sommes faits pour lui rendre témoignage. Toutes nos lectures, nos études, nos luttes, nos débats, notre vie et même notre mort peuvent être animés par cette mission : témoigner du Christ.

À partir de là, d’après Augustin, il sera facile de vérifier si nous allons dans le bon sens. Ai-je ce double amour pour Dieu et pour mon prochain ?

Si je n’ai pas l’amour…

Traduit par Anne Haumont

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