Aux États-Unis, ces dernières semaines ont été marquées par un flot d’informations trompeuses sur divers organismes et leurs sources de financement. Il nous est apparu qu’il y aurait un sain exercice d’hygiène journalistique à aider nos lecteurs à comprendre nos sources de financement et la manière dont nous protégeons notre indépendance éditoriale.
Commençons par l’information trompeuse. Début février, la rumeur s’est répandue sur X, anciennement Twitter, que Christianity Today avait reçu un financement du gouvernement états-unien en 2023. Des influenceurs d’actualité qui nous critiquent depuis longtemps ont amplifié ces affirmations. Dans la forme la plus extrême, il a été prétendu que nous avions reçu 9 millions de dollars de subventions de l’USAID et que nous étions donc « à la solde de Biden ».
L’hystérie autour de l’USAID a des conséquences catastrophiques non seulement pour des ministères humanitaires chrétiens à l’œuvre dans le monde entier, mais surtout pour les plus pauvres et vulnérables qu’ils servent. Il est sage de peser les pour et les contre de l’association entre des ministères chrétiens et des agences gouvernementales et de chercher à éliminer la corruption là où elle est présente. Mais il n’y a aucune sagesse à jeter ces ministères et ces personnes dans les flammes avant de danser joyeusement autour du feu.
Ceci dit, pour réaffirmer ce qui aurait dû être évident dès le départ, nous n’avons jamais reçu de fonds de l’USAID.
Nous nous sommes portés candidats en 2023 à un crédit d’impôt pour le maintien des employés (ERC), un programme promulgué par le président Trump en 2020 pour aider les organisations touchées par les fermetures liées au COVID-19. Les comptables inscrivent ce crédit sur une ligne standard des formulaires fiscaux pour les « subventions » gouvernementales, même s’il s’agit d’un crédit sur les charges sociales. Nous n’avons pas encore reçu le crédit en question, mais nous tenons une comptabilité d’exercice et nos auditeurs nous ont encouragés à comptabiliser le montant comme une créance en 2023.
Nos détracteurs se trompent donc sur les faits. Ils n’ont pas tort, cependant, d’affirmer que les sources de financement peuvent être des sources de tentation.
Cette tension est inhérente à l’entreprise journalistique. Elle n’est pas propre à ceux qui dépendent de revenus philanthropiques. Une publication peut être tentée de publier quelque chose de faux ou de s’abstenir de publier quelque chose de vrai pour plaire à des actionnaires, à des directeurs, à des partenaires, à des donateurs, à des annonceurs ou à des abonnés, et ainsi améliorer sa situation financière. Cette tentation n’est pas non plus limitée à la droite ou à la gauche, ni aux seules organisations. Certains agitateurs sur les réseaux sociaux s’orientent en fonction d’un public susceptible d’augmenter leurs revenus.
La différence qu’offre une institution journalistique solide est que des normes et des pratiques spécifiques protègent l’impartialité de la voix éditoriale. Celles-ci sont imparfaites, doivent être régulièrement réexaminées avec soin, mais sont défendues avec acharnement. Dans une organisation journalistique comme Christianity Today, ces lignes directrices sont étroitement liées à notre appel. Nous manquerions à notre vocation de journalistes chrétiens si nous ne passions pas chaque article au filtre de la vérité et ne mesurions pas chaque opinion à l’aune de l’Écriture, sans crainte ni favoritisme.
C’est la raison pour laquelle la partie éditoriale et la partie commerciale de notre maison sont séparées. Les membres du conseil d’administration supervisent la mission et les valeurs du ministère, mais n’interviennent pas dans le processus éditorial. Les membres du personnel opérationnel savent qu’ils ne peuvent pas faire pression sur les rédacteurs pour obtenir ou conserver les faveurs de certaines sources de revenus. Les rédacteurs savent qu’ils sont libres de suivre leur conscience sans se soucier des conséquences financières. Nous exprimons clairement aux fondations, aux annonceurs et aux partenaires que nous protégeons l’indépendance éditoriale parce qu’elle est essentielle à la confiance des lecteurs, et que nous ne travaillons qu’avec ceux qui respectent cet engagement.
Notre code de déontologie journalistique peut être consulté ici. Nos finances sont examinées de près par notre conseil d’administration, font l’objet d’un audit indépendant chaque année et sont rendues publiques via le formulaire 990 de l’administration fiscale états-unienne. Les organisations Charity Navigator et MinistryWatch nous ont attribué d’excellentes notes en matière de transparence et de redevabilité.
Certains de nos détracteurs seront peut-être surpris d’apprendre (même s’ils ne devraient en fait pas l’être) que nous avons refusé de publier un article du président Joe Biden en 2021 parce que nous le trouvions trop politique. Nous avons également refusé de réaliser une interview avec lui dans le cadre de la campagne de 2024, car il nous aurait semblé déséquilibré de le faire pour un candidat et pas pour un autre. Il ne s’agit pas là du comportement d’une organisation qui aurait été dépendante de l’administration Biden.
Lorsque nous pensons que ces articles reflètent la vérité, nous publions des articles qui donnent une mauvaise image d’institutions chères à des membres de notre conseil d’administration. Quand cela nous paraît important pour la santé de l’Église, nous publions des récits d’inconduite pastorale dont nous savons qu’ils nous coûteront des abonnés. Il nous arrive de publier un article qui frustrera une fondation de gauche le lundi et un autre qui frustrera une fondation de droite le jeudi. Ce genre de semaine est habituel.
Nos opinions sur les questions sociales et morales — le caractère sacré de la vie, les libertés religieuses, l’éthique chrétienne du mariage et de la sexualité, la passion de Dieu pour la justice, l’appel chrétien à prendre soin des plus vulnérables, le souci de l’environnement, et même l’importance de la démocratie et de marchés libres pour l’épanouissement de l’être humain — sont restées sensiblement les mêmes depuis des dizaines d’années. Il est donc difficile de soutenir que nous aurions adopté certaines de ces positions pour faire plaisir à de nouvelles sources de revenus.
Nous entendons qu’il est frustrant pour certains que Christianity Today ne s’inscrive pas pleinement dans leur programme politique. Nous considérons cependant qu’il y a là pour nous une force. Billy Graham aimait à dire qu’il n’était pas pour l’aile gauche ou l’aile droite, mais pour « l’oiseau tout entier ». Nous sommes pour l’oiseau entier de l’Église. Ce fait dérange ceux qui voudraient nous enrôler dans un parti. Mais il nous rend très utiles pour tous ceux qui souhaitent examiner toutes les parties en fonction des Écritures.
Si vous aspirez à un peu de bon sens chrétien dans un océan de non-sens, n’hésitez pas à vous abonner. Nous nous réjouirons de votre compagnie et espérons que vous nous tiendrez redevables de notre vision.
Timothy Dalrymple est président et directeur général de Christianity Today.