Church Life

L’Avent et l’« horizon des événements »

Noël illumine notre passé racheté et notre avenir plein d’espoir.

Christianity Today November 28, 2024
Ilustration par Sandra Rilova

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Lecture : Psaume 110

J’ai un jour entendu dire que si l’on pouvait s’approcher d’un trou noir et atteindre son « horizon des événements » — le point à partir duquel la lumière ne peut plus lui échapper — on verrait simultanément le passé et l’avenir. Mes tentatives pour saisir ce phénomène sont restées infructueuses. Mais même si je ne suis pas physicien, je peux me faire une idée de ce que signifie contempler son passé ou essayer de voir son avenir. 

Les deux peuvent être source de problèmes. Se tourner vers le passé entraîne souvent regrets, honte ou abattement par rapport à ce qui s’est passé et qui ne peut être changé. Regarder vers l’avenir conduit souvent à l’inquiétude, la crainte ou même l’angoisse à propos de ce qui pourrait arriver. Tel est en tout cas le cas lorsque notre regard reste tourné vers nous-mêmes. C’est pourquoi le Christ nous appelle à changer de perspective pour nous tourner vers lui. La période de l’Avent, nous invite justement à contempler ce qu’il a fait dans le passé, tout en nous tournant vers l’avenir, dans l’espoir de ce qu’il fera lorsqu’il reviendra. 

C’est déjà sur Christ que David avait les yeux lorsqu’il a composé le Psaume 110. Dieu s’y adresse d’emblée à quelqu’un que David appelle « mon Seigneur ». En d’autres termes, Dieu s’adresse au roi du roi David. Ce Roi des rois est notre Sauveur, Jésus-Christ (Ac 2.34-36). Le psaume le dépeint comme vainqueur des ennemis de Dieu, souverain des nations, puissant, vigoureux et juste. Mais, comme si ce tableau n’était pas assez magnifique, il y ajoute une autre dimension : le Christ est également prêtre selon l’ordre de Melchisédek. L’auteur de l’épître aux Hébreux expliquera le sens de cet « ordre de Melchisédek » en disant ceci à propos de ce mystérieux personnage : « [L]’Écriture ne lui attribue ni père, ni mère, ni généalogie. Elle ne mentionne ni sa naissance ni sa mort. Elle le rend ainsi semblable au Fils de Dieu, et il demeure prêtre pour toujours. » (Hé 7.3) Contrairement aux prêtres lévitiques dans l’Ancien Testament, Christ est un prêtre éternel, un médiateur constant et parfait entre Dieu et son peuple, intercédant pour lui et défendant sa cause.

Dans ce poème, David nous invite à concentrer nos pensées et nos désirs sur cette vision du prêtre-roi Jésus-Christ. Nous tourner vers son passé et contempler sa naissance, sa vie, sa souffrance, sa crucifixion, sa résurrection et son ascension nous aide à transcender nos regrets et notre honte. Le Christ est roi ; il nous assure que rien de ce qui nous est arrivé ou de ce qui est arrivé à cause de nous ne pourra se soustraire aux fins bienveillantes de Dieu (Rm 8.28). Le Christ est notre prêtre. Ce qui fait notre honte, ce que nous avons mal fait, a été réglé sur la Croix. Plus encore, le Christ a vaincu la mort et le Saint-Esprit, qui l’a ramené à la vie, habite en nous, nous donnant une vie nouvelle et une espérance pour l’avenir. Nos inquiétudes, nos peurs et nos angoisses sont remises en perspective lorsque nous nous tournons vers lui. Nous rappeler qu’il est bel et bien venu et qu’il reviendra pour détruire le mal, faire régner la justice et sauver son peuple, change notre horizon.

Pour un psaume si chargé en images violentes — ennemis transformés en marchepieds, rois anéantis, piles de cadavres — David termine sur une note étonnamment calme. Au milieu du jugement des nations, le prêtre-roi s’arrête pour faire une pause. Le dernier tableau que David nous peint est celui du Christ qui s’arrête pour boire l’eau fraîche d’un ruisseau, puis relève la tête (v. 7). Cette pause m’évoque que la fin de toutes choses n’est pas encore arrivée. Le temps que nous vivons présentement — notre « horizon des événements », si vous voulez — se trouve entre la première et la seconde venue du Christ. Plutôt que de nous laisser obséder par notre passé ou notre avenir, il nous invite, à travers ce psaume, à regarder à lui. C’est là que nous trouverons notre pardon, notre identité, notre paix, notre sécurité et notre espérance. Nous avons tout cela dans ce qu’il a fait pour nous dans le passé et ce qu’il fera dans l’avenir lorsqu’il reviendra pour établir son règne de prêtre et de roi, une fois pour toutes. 

Andrew Menkis est professeur de théologie. Ses poèmes et sa prose ont été publiés dans Modern Reformation, Ekstasis, The Gospel Coalition et Core Christianity.

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