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Attaque terroriste contre une Église congolaise et appel au soutien des chrétiens

Dans un Congo en proie à de nombreux troubles, un groupe rattaché à l’État islamique frappe des chrétiens pentecôtistes dans la ville de Kasindi.

Conséquences d’une attaque terroriste des ADF contre une Église pentecôtiste à Kasindi, dans la province du Nord-Kivu de la République démocratique du Congo (RDC), le 16 janvier 2023.

Conséquences d’une attaque terroriste des ADF contre une Église pentecôtiste à Kasindi, dans la province du Nord-Kivu de la République démocratique du Congo (RDC), le 16 janvier 2023.

Christianity Today January 23, 2023
Zanem Nety Zaidi/Xinhua/Getty Images

Des chrétiens congolais lancent un appel à l’aide.

Dans une nouvelle attaque contre des civils en République démocratique du Congo (RDC), un attentat terroriste a tué 14 personnes et en a blessé 63 autres lors d’un culte de baptêmes dans une Église pentecôtiste à Kasindi. Située dans la province montagneuse du Nord-Kivu, à la frontière avec l’Ouganda, la région du nord-est est déjà officiellement en « état de siège », statut similaire à l’état d’urgence, depuis 2021.

« L’est du Congo est devenu un théâtre de l’extrémisme violent », rapporte Eale Bosela, directeur régional de l’Association pour l’éducation théologique chrétienne en Afrique. « Les gens sont massacrés comme des animaux. »

L’attentat à la bombe a été imputé aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe affilié à la province d’Afrique centrale de l’État islamique, qui en a revendiqué la responsabilité. Formé à son origine en 1995 de rebelles djihadistes et d’insurgés, il s’agit de l’un des plus de 120 groupes armés du Nord-Kivu.

De nombreux Congolais étaient confus et troublés.

« Comment une telle situation peut-elle se produire », demande Kiza Kivua, un agriculteur de 50 ans qui a perdu son frère dans l’attaque, « alors que Kasindi est remplie de soldats ? »

Avec un nombre de combattants estimé à 500 ou plus, les ADF étaient autrefois principalement motivées par leur opposition à Yoweri Museveni, président de l’Ouganda depuis 1986. Poussé au-delà de la frontière, le groupe armé compte désormais une majorité de membres congolais et de nombreuses recrues étrangères.

Un ressortissant kenyan a été arrêté par la RDC dans l’enquête sur cet attentat.

« Comme tant d’autres groupes, les ADF ont trouvé refuge dans la région », explique Scott Morgan, président du groupe de travail Afrique de l’International Religious Freedom Roundtable. « Mais à présent, ils ont adopté pour principe de s’attaquer aux chrétiens. »

Ils ne sont pas les seuls.

D’autres groupes armés comme le M23 et la CODECO ont attaqué des Églises, rapporte Scott Morgan, également analyste pour Militant Wire. Mais les ADF ont été parmi les plus belliqueux. La Conférence épiscopale nationale du Congo a comptabilisé 6 000 civils tués, 7 500 kidnappings et 3 millions de déplacés depuis 2013. Un rapport des Nations Unies dénombrait 370 civils tués depuis avril dernier.

La violence freine le témoignage chrétien. Une dénomination congolaise qui comptait autrefois 54 Églises dans la région en est aujourd’hui réduite à onze. Un autre comptait 25 Églises, et n’en a plus que huit.

Le département d’État américain a qualifié les ADF d’organisation terroriste étrangère en 2021. Mais Scott Morgan appelle à ce qu’elles soient à nouveau désignées comme « entité particulièrement préoccupante », une étiquette appliquée aux États-Unis en vertu de l’International Religious Freedom Act aux groupes qui se livrent à des persécutions religieuses.

L’Église du Christ au Congo (ECC) a lancé un appel à Dieu.

« Seigneur, jusqu’à quand nous oublieras-tu ? » commence son communiqué, citant le psaume 13. Ce groupe de coordination est celui dont fait partie la Communauté des Églises Pentecôtistes d’Afrique Centrale (CEPAC), et réunit plus de 60 dénominations protestantes. L’ECC a dénoncé un acte « lâche et méprisable », demandant au gouvernement de « redoubler » ses efforts dans la zone déjà déclarée en état de siège.

Le Congo est connu comme une zone de conflit minier depuis au moins 2003.

Un rapport cartographique des Nations unies a répertorié les riches ressources naturelles du pays, qui produit 10 % du cuivre et 17 % des diamants du monde. Mais l’industrie électronique dépend encore plus du Congo. Les ordinateurs et les téléphones portables dépendent du cobalt, dont 34 % de la production mondiale est extraite dans la région. Et un pourcentage stupéfiant de 60 à 80 % des réserves de coltan se trouve au Nord et au Sud-Kivu.

Le rapport énumère également 125 entreprises et individus impliqués dans ces conflits.

« Que le Seigneur nous aide à réfléchir en profondeur sur la conspiration qui pèse contre notre nation », conclut le communiqué de l’ECC.

De nombreux chrétiens locaux jugent la situation de manière analogue, voire plus sévère.

« C’en est trop », déclare Fohle Lygunda, responsable de la théologie et de l’engagement du réseau Tearfund pour l’Afrique. « La communauté internationale doit rompre son silence coupable et cesser de soutenir un plan diabolique de balkanisation de la RDC. »

Fohle Lygunda appelle les chrétiens à agir aujourd’hui comme les missionnaires protestants qui amenèrent les Anglais et les Américains à s’élever contre le roi colonisateur Léopold II de Belgique au début du 20e siècle.

Certaines organisations chrétiennes attirent l’attention sur la tragédie en cours.

Voice of the Martyrs a récemment qualifié la RDC de nation « hostile » dans son guide de prière 2023, publié début janvier. En décembre, l’association Aide à l’Église en détresse a souligné le meurtre de prêtres et de religieuses congolais dans son rapport sur l’année 2022. Et la semaine dernière, Portes Ouvertes a classé le pays au 37e rang de son Index mondial 2023 des 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés.

Le pape François, qui se rendra en RDC à partir du 31 janvier, a présenté ses condoléances.

« Christ, Seigneur de la vie », a-t-il prié, « que les personnes concernées trouvent consolation et confiance en Dieu ».

En préparation de sa visite, François a rencontré en décembre Denis Mukwege, le prix Nobel de la paix congolais, gynécologue célèbre pour son travail médical auprès des victimes de viols et son combat contre les violences sexuelles.

En tant que pentecôtiste, son hôpital du Sud-Kivu est affilié à la CEPAC.

« [Cette attaque] ne peut en aucun cas être traitée comme un simple fait divers », a déclaré Mukwege, « et doit entraîner une réaction forte de l’État afin que chacun puisse exercer sa foi en toute sérénité ».

La population du Congo, qui compte 105 millions d’habitants, est composée d’environ 48 % de protestants, 47 % de catholiques et 5 % de musulmans. Ainsi, des sources nous ont déclaré qu’elles espéraient que le corps du Christ serait sensible à cet appel à l’aide.

« Commencez à faire pression sur la communauté internationale pour éradiquer les groupes armés dans l’est du Congo », dit Eale Bosela. « Les terroristes des ADF abattent les gens comme ils abattent les chèvres. »

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