La repentance rendue possible

Méditation de l’Avent pour le 8 décembre

Christianity Today December 8, 2021

Péché et repentance


Introduction à la deuxième semaine de l’Avent


Jean-Baptiste a joué un rôle crucial pour préparer les croyants à la venue du Messie. Cette semaine, nous méditons ce que l'Écriture dit de la mission de Jean. Et nous réfléchissons à la manière dont ses enseignements sur le péché et la repentance peuvent s'appliquer à notre propre vie de disciples chrétiens.

Lecture dans Luc 3.1-6

Le monde antique de la Bible nous apparaît souvent comme lointain. Dans des phrases comme « la quinzième année du règne de l’empereur Tibère » (Luc 3.1), nous croirions entendre notre professeur d’histoire au lycée. Mais l’Évangile de Luc nous introduit dans un monde qui nous est reconnaissable. Un monde où la soif de pouvoir, de célébrité et de richesse régnait partout. Dans ce monde, la force politique faisait le droit. En l’an 19 après J.-C., par exemple, l’empereur Tibère exila à son gré la communauté juive de Rome. Dans ce monde, les loyautés religieuses étaient corrompues par les compromis politiques. Les archéologues pensent avoir retrouvé la maison de Caïphe. Ses multiples étages, ses installations d’eau et ses sols en mosaïque témoignent de la bonne entente de ce grand-prêtre avec ceux qui étaient au pouvoir. Tout comme le nôtre, ce monde attendait d’être sauvé.

Jean-Baptiste pourrait avoir été membre de l’une des petites communautés de sainteté qui avait fui Jérusalem à cause de la corruption. Depuis le désert, Jean prêchait son « baptême de repentance pour le pardon des péchés » (v. 3) et annonçait le salut avec force (v. 6). En tant que précurseur de Jésus, Jean ouvrait un chemin pour que les gens voient ce que Rome, malgré ses promesses, ne pourrait jamais offrir.

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Dans l’imaginaire juif, la repentance était un moyen de retrouver la bénédiction de Dieu. Bien que le fait de se repentir rappelle aux gens leurs péchés, il s’agit néanmoins d’une excellente nouvelle. On le voit clairement dans le livre du Deutéronome. En reprenant les termes de l’alliance que Dieu avait conclue avec Israël, Moïse rappelle au peuple de Dieu que le péché mènera toujours à la ruine. C’est à leurs risques et périls, dit-il, qu’ils « invoquent une bénédiction sur eux-mêmes, pensant : “Je serai en sécurité, même si je persiste à suivre mon propre chemin” » (29.19). Quel que soit le plaisir que certains imaginent trouver dans le péché, il finira toujours par être la cause d’une catastrophe, comme Israël l’a appris à ses dépens.

La repentance nous appelle à nous détourner de nos péchés et à nous tourner vers Dieu. Autrement dit, la repentance est un appel à se détourner de l’autodestruction et à se tourner vers l’auto-préservation. La repentance est une mesure salvatrice.

Mais comme nous le rappelle le message de Jean, ce tournant n’est possible que parce que Dieu a envoyé une « parole » à Jean, fils de Zacharie, dans le désert (Luc 3.2). La bonne nouvelle est que Dieu lui-même a préparé le chemin pour que son peuple revienne à lui. Pendant l’Avent, nous nous souvenons que la repentance a été rendue possible parce que Dieu a fait naître celui qui est le Verbe, et l’a envoyé pour parler, pour servir, pour sauver.

Réfléchissez à Luc 3.1-6.


En quoi l’accent que Jean met sur la repentance est-il essentiel pour préparer le chemin de Jésus ? Quand avez-vous fait l’expérience de la repentance comme « mesure salvatrice » ? Priez, et invitez Dieu à approfondir votre compréhension et votre pratique de la repentance.

JEN POLLOCK MICHEL est une écrivaine, une animatrice de podcasts et une conférencière basée à Toronto. Elle est l’autrice de quatre livres, dont A Habit Called Faith et Surprised by Paradox.

Traduit par Valérie Dörrzapf

L’astre levant

Méditation de l’Avent pour le 7 décembre

Christianity Today December 7, 2021

Péché et repentance


Introduction à la deuxième semaine de l’Avent


Jean-Baptiste a joué un rôle crucial pour préparer les croyants à la venue du Messie. Cette semaine, nous méditons ce que l'Écriture dit de la mission de Jean. Et nous réfléchissons à la manière dont ses enseignements sur le péché et la repentance peuvent s'appliquer à notre propre vie de disciples chrétiens.

Lecture dans Luc 1.67-79

Dans ma branche de l’Église, nous prions chaque jour en reprenant les paroles du cantique de Zacharie lors de l’office du matin. Au début de chaque nouvelle journée, nous disons ou chantons : « l’astre levant viendra pour nous d’en haut, pour éclairer tous ceux qui habitent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et pour guider nos pas sur la voie de la paix » (Luc 1.78–79).

Quiconque a déjà pris la peine de se lever tôt et de gravir une colline ou une tour pour contempler la pointe rayonnante du soleil se transformer en une boule flamboyante à l’horizon saura à quel point il est facile de considérer un lever de soleil comme une image d'espérance. Le soleil qui s’élève nous dit : « Quoi qu’il se soit passé hier, voici un jour de nouvelles possibilités. Il y a de la vie au-delà des ténèbres et une paix au-delà des conflits ».

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La plus célèbre utilisation de cette métaphore nous vient peut-être du prophète Malachie, dans l’Ancien Testament, qui dépeint le soleil comme un oiseau paisible dont le passage offre miséricorde à ceux qui lèvent les yeux pour le voir. Dans la mémorable paraphrase d’Eugene Peterson dans The Message, Malachie 4.2 est traduit ainsi : « Pour toi, le lever du soleil ! Le soleil de la justice se lèvera sur ceux qui honorent mon nom, la guérison rayonnant de ses ailes ».

Ce que nous espérons en prononçant ces mots matin après matin, c’est que la douce lumière du soleil nous rappelle simplement la lumière de Dieu qui brille dans nos cœurs et nous offre une grâce renouvelée pour la journée à venir (2 Corinthiens 4.6).

L’une des choses qui me surprend toujours un peu quand je prie le chant de Zacharie, c’est que le symbole quelque peu vague et universel du soleil levant est associé à une référence obstinément concrète à un enfant spécifique dans l’histoire : le cousin de Jésus, celui que nous connaissons sous le nom de Jean-Baptiste. « Toi, petit enfant », chante Zacharie, rompant avec sa grandiose imagerie pour se concentrer sur un être humain en particulier, « tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car devant le Seigneur tu marcheras en précurseur pour lui préparer le chemin » (Luc 1.76).

Ce que cela signifie pour ma vie de prière, à mes yeux, c’est que tout ce beau discours assez général sur la lumière divine, la santé, la paix, etc. prend des contours beaucoup plus clairs dans les événements entourant un prophète israélite du premier siècle qui, un jour, se détournant de lui-même, déclara à propos de Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ! » (Jean 1.29). Le soleil nous rappelle l’espérance, certes, mais surtout cette espérance spécifique que nous avons dans le Fils qui a été élevé.

Méditez Luc 1.67-79.


Sur quoi Dieu attire-t-il votre attention dans la prophétie de Zacharie ? Que souligne ce chant à propos de Dieu ? À propos de l’humanité ? À propos de la mission de Jean et du plan de Dieu ?

WESLEY HILL est prêtre à la Trinity Episcopal Catherdral à Pittsburgh, en Pennsylvanie, et professeur agrégé de Nouveau Testament au Western Theological Seminary à Holland, dans le Michigan.

Traduit par Valérie Dörrzapf

Réconfortez mon peuple

Méditation de l’Avent pour le 6 décembre

Christianity Today December 6, 2021

Péché et repentance


Introduction à la deuxième semaine de l’Avent


Jean-Baptiste a joué un rôle crucial pour préparer les croyants à la venue du Messie. Cette semaine, nous méditons ce que l'Écriture dit de la mission de Jean. Et nous réfléchissons à la manière dont ses enseignements sur le péché et la repentance peuvent s'appliquer à notre propre vie de disciples chrétiens.

Lecture dans Ésaïe 40.1-5

Pour mieux comprendre ce magnifique passage, il est intéressant de connaître la place qu’il tient dans la tradition juive. Le peuple juif dans le monde entier suit un cycle de lecture biblique hebdomadaire, similaire au lectionnaire chrétien. Les semaines les plus sombres du cycle tombent au milieu de l’été, et mènent à Tisha Beav, le jour le plus triste du calendrier juif. Il commémore la destruction du premier et du second temple de Jérusalem. Tisha Beav marque également de nombreuses autres tragédies au cours de l’histoire juive. C’est un jour de jeûne et de deuil. Le Livre des Lamentations est lu en public et le péché d’Israël envers Dieu est mis à nu.

Mais ce n’est pas la fin de l’histoire. Immédiatement après Tisha Beav, le cycle de lecture enchaîne avec sept semaines de consolation, menant à Roch Hachana, le nouvel an juif. Et Ésaïe 40.1-26 est la lecture prévue pour la semaine qui suit Tisha Beav, rappelant que le jugement n’est pas le dernier mot. Chaque année, le peuple juif traverse les ténèbres de la rétribution divine, puis se voit rappeler que la grâce et le pardon de Dieu finissent par l’emporter. Il émerge d’un temps de cendres et de désespoir pour recevoir une nouvelle promesse de l’amour indéfectible de Dieu.

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Ésaïe écrivait au moment de l’expansion de l’empire assyrien et de la disparition du royaume d’Israël (et finalement de Juda). Une époque tumultueuse et tragique, qu’Ésaïe dépeint avec des images saisissantes. Pourtant, Ésaïe savait que tel ne serait pas le destin ultime d’Israël. Sa description de la restauration à venir est tout aussi impressionnante, insufflant espoir et persévérance à un peuple assiégé par les combats et doutant de la présence de Dieu en son sein.

Les paroles du prophète renvoient également à l’apogée de la révélation divine dans le Nouveau Testament et au rôle joué par Jean-Baptiste, qui est identifié comme « celui qui crie dans le désert » (Matthieu 3.3). L’évocation de la fin de la lourde peine de Jérusalem et du rachat de son péché (Ésaïe 40.2) deviendra un jour la réalité de toutes les nations, car Jésus a proclamé que tous les peuples de la terre sont désormais invités à entrer dans une relation d’alliance avec Dieu.

Les caractéristiques de cette nouvelle alliance inaugurée par la vie, la mort et la résurrection de Jésus reflètent l’alliance qu’Israël connaissait depuis longtemps. Bien que le péché ait des répercussions, le pardon de Dieu et son engagement envers son peuple sont sans cesse renouvelés, comme les vagues qui balaient continuellement le rivage. Puissions-nous nous réfugier dans le réconfort de la présence de Dieu et de ses promesses en attendant la pleine révélation de sa gloire, comme l’a prophétisé Ésaïe.

Méditez Ésaïe 40.1-5.


(Option : lisez aussi les v. 6-26.)


Comment ce contexte de tragédie et de douleur — dans le cycle de lecture des Écritures juives et à l’époque d’Ésaïe — enrichit-il votre compréhension de ce passage et du réconfort qu'il offre ? Comment cela peut-il approfondir votre compréhension de la mission de Jean-Baptiste ?

JEN ROSNER est professeure adjointe de théologie systématique au Fuller Theological Seminary et autrice de Finding Messiah: A Journey Into the Jewishness of the Gospel.

Traduit par Valérie Dörrzapf

Il ne nous laissera pas seuls

Méditation de l’Avent pour le 5 décembre

Christianity Today December 5, 2021

Péché et repentance


Introduction à la deuxième semaine de l’Avent


Jean-Baptiste a joué un rôle crucial pour préparer les croyants à la venue du Messie. Cette semaine, nous méditons ce que l'Écriture dit de la mission de Jean. Et nous réfléchissons à la manière dont ses enseignements sur le péché et la repentance peuvent s'appliquer à notre propre vie de disciples chrétiens.

Lecture dans Malachie 3.1-4

Aujourd’hui, nous lisons un passage du dernier livre de l’Ancien Testament, juste avant de passer au premier chapitre de Matthieu. Les Israélites sont revenus de leur exil babylonien, le temple de Jérusalem a été reconstruit, mais leur relation avec Dieu est toujours compliquée.

Le Livre de Malachie est structuré autour d’une série de déclarations de Dieu, auxquelles répondent les questions et les accusations du peuple d’Israël. Au fil de ces dialogue, le péché et la rébellion constante d’Israël sont mis à nu, tout comme le caractère inébranlable du Dieu d’Israël. Le passage que nous abordons au chapitre 3 est introduit par le besoin d’Israël que le Dieu de justice se manifeste (2.17), et par la promesse de Dieu d’envoyer un messager qui préparera le chemin du Seigneur (3.1). Puis, Dieu lui-même entrera dans le temple. Quelle promesse pleine d’espoir ! Le Dieu qui a choisi les Israélites comme son peuple choisi viendra lui-même, démontrant une fois de plus son engagement envers les siens.

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Cet espoir, cependant, n’est pas dépourvu d’un certain tranchant. Oui, Dieu vient, mais qui pourra supporter le jour de sa venue ? Dieu ne vient pas donner aux Israélites une petite tape sur l’épaule pour les faire réfléchir à leur cœur partagé dans leur adoration au temple ou leur refus d’honorer Dieu pleinement. Le Dieu qui vient est comme le brasier d’un fondeur et le savon d’un blanchisseur, mettant les Israélites à l’épreuve pour leurs injustices et leurs égarements.

Pendant l’Avent, alors que nous attendons de commémorer la naissance du Messie et que nous désirons ardemment que Dieu vienne à nouveau, notre aspiration est très réelle. Notre monde est brisé et nous avons besoin d’un sauveur. Mais, comme les Israélites, le sauveur que nous attendons ne sera peut-être pas exactement comme nous l’escomptions. Il ne nous donnera peut-être pas non plus une petite tape sur l’épaule. Au contraire, nos défauts seront mis à nu, et nous serons nous aussi serons appelés à nous repentir et à changer de voie.

Et c’est précisément là ce qu’il nous faut comprendre. Notre Dieu n’est pas un Dieu qui nous laisse tranquillement être comme nous sommes. C’est un Dieu qui nous change, et ce changement ne peut se produire que par une prise de conscience des aspects de notre vie qui ont désespérément besoin d’être réordonnés. C’est cette ouverture à nous laisser épurer entre les mains de Dieu, remettre en ordre, qui pourra réellement nous conduire plus près de lui et nous permettra d’être plus pleinement la personne que nous sommes appelés à être.

Soyons ouverts à la présence de Dieu dans nos vies, et acceptons que ce Dieu qui se présente ne ressemble pas exactement à ce que nous avions pu imaginer. Ce en quoi nous pouvons nous confier, c’est la bonté et la douceur de ce grand Dieu, le Dieu de fidélité, le Dieu qui ne nous laissera pas seuls.

Lisez Malachie 3.1-4.


Considérez la signification de ce passage sous plusieurs angles : son contexte historique et culturel d’origine, la venue de Jean-Baptiste et de Jésus, et le retour du Christ. Que révèle cette prophétie sur le caractère et l’amour de Dieu ? Priez et sollicitez l’œuvre purificatrice de Dieu dans votre vie.

Quelques suggestions pour méditer en famille cette semaine

Allez dehors pour regarder ensemble le lever du soleil. Utilisez cette expérience pour parler du cantique de Zacharie dans Luc 1.67-79 (et en particulier les versets 78-79). Discutez des façons dont Zacharie décrit le rôle de Jean-Baptiste et parlez de l’image du soleil levant qui annonce la venue de Jésus.

Faites un tour en famille pour observer les décorations de Noël dans les environs, mais faites-le de manière créative. À chaque intersection, laissez un membre différent de la famille prendre la décision : « Allons-nous continuer dans la même direction ou allons-nous tourner et prendre une autre direction ? ». À la fin de la promenade, utilisez l’expérience comme une leçon sur le repentir. Comme le dit Jen Pollock Michel dans la méditation du 8 décembre, « La repentance est un appel à se détourner de notre péché et à se tourner vers Dieu. » La repentance ne signifie pas seulement dire « désolé » — elle signifie se tourner et aller dans une autre direction. Discutez des raisons pour lesquelles l’appel biblique à la repentance est une bonne nouvelle et mettez l’accent sur le pardon et la grâce généreuse de Dieu.

Quelques suggestions pour un groupe de partage ou d’étude biblique

Mettez en pratique le commandement répété par Jean « Repentez-vous ! » en passant ensemble un temps silencieux de repentance et de confession devant Dieu. Vous pourriez aussi allumer un feu dans une cheminée, puis demander aux membres du groupe d’écrire individuellement sur un petit papier quelques mots, phrases ou symboles représentant leur confession. Pour illustrer le pardon abondant et total de Dieu, invitez les membres du groupe à chiffonner leur papier et à le jeter dans le feu.

Jean-Baptiste s’est notamment attaché à souligner la nécessité d’un « fruit conforme à la repentance », et il insistait sur l’importance de partager vêtements et nourriture avec les pauvres (Luc 3.8, 11). Décidez d’un moyen simple de mettre en pratique ce principe en groupe pendant la période des fêtes, par exemple en faisant du bénévolat dans une banque alimentaire ou en collectant des fonds pour fournir des vêtements et d’autres produits de première nécessité à des personnes dans le besoin.

Traduit par Valérie Dörrzapf

JEN ROSNER est professeure adjointe de théologie systématique au Fuller Theological Seminary et autrice de Finding Messiah: A Journey Into the Jewishness of the Gospel.

La vie de l’Évangile « en personne »

Méditation de l’Avent pour le 4 décembre.

Christianity Today December 4, 2021
Nicole Xu

Le retour du Christ et son règne éternel


Introduction à la première semaine de l’Avent


Cette semaine, nous nous concentrons d’abord sur un autre « avent » : notre ferme espérance du retour du Christ. Nous explorons la description que nous font les Écritures de la puissance du Christ et de son juste jugement, ainsi que de l'avenir glorieux qui nous attend avec Dieu dans la nouvelle création.

Lecture dans 1 Thessaloniciens 3.9-13.

Vous est-il déjà arrivé que quelqu’un vous manque cruellement et que vous souhaitiez le revoir ? Au cours des interminables mois de la pandémie, nous avons tous eu de nombreux êtres chers que nous ne pouvions pas voir, saluer ou embrasser en personne. Les appels sur Zoom et FaceTime ne suffisent pas. Nous désirons être dans le même espace, la même pièce, au même endroit. Nous avons envie de nous voir face à face.

L’apôtre Paul désirait lui aussi voir les croyants de Thessalonique en personne. Il est ravi du compte-rendu de Timothée qui lui rapporte avec confiance que les Thessaloniciens incarnent véritablement l’Évangile, le vivent concrètement, en « restant fermes dans le Seigneur » (3.8). Il souhaiterait leur rendre visite personnellement, et pourtant cette lettre doit suffire pour le moment. Quel est le message qu’il leur adresse ? Que la Bonne Nouvelle doit être vécue « en personne » jusqu’à ce que nous voyions Jésus face à face. À quoi cela ressemble-t-il ? La Bonne Nouvelle de l’amour de Jésus doit « croître et déborder envers les uns les autres et envers tous » (v. 12).

Ce type d’amour n’est pas facile à incarner dans notre monde divisé. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui ont laissé les valeurs du monde s’insinuer en eux et supplanter l’amour chrétien et l’esprit de l’Évangile. En tant qu’Église, nous sommes peut-être plus divisés que jamais auparavant.

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Ce rappel opportun de Paul de la nécessité de grandir dans un amour débordant les uns pour les autres n’est cependant pas quelque chose que nous pouvons accomplir par nous-mêmes. Au contraire : « Que le Seigneur fasse croître votre amour » (v. 12).

Les conséquences de l’Évangile s’expriment dans notre amour semblable à celui du Christ, en particulier pour ceux que nous considérons comme faisant partie de la catégorie « tout le monde », les autres. Nous ne pouvons pas prétendre que nous attendons avec impatience la seconde venue de Jésus — le couronnement de l’histoire de l’Évangile — si nous ne pouvons pas supporter la vue de nos frères et sœurs dans le Seigneur aujourd’hui !

En attendant le retour de Jésus, Paul exhorte les croyants à « être irréprochables et saints » (v. 13) dans une société qui célèbre le compromis et le péché. Notre anticipation pleine d’espérance du second avènement nous met au défi de toujours mener une vie sainte à la gloire de Dieu. Cela implique de se supporter les uns les autres et d’être patients avec ceux avec qui nous sommes en désaccord, en comptant sur la puissance de Dieu pour nous en donner la force.

Paul exhortait les Thessaloniciens à vivre de cette façon en vue du retour de Jésus : laisser leur vie de disciple actuelle être façonnée par leur espérance future. Comme eux, nous aspirons à voir Jésus face à face. L’Avent nous rappelle qu’un jour nous le verrons. Puissions-nous nous efforcer de marcher d’ici-là dans l’amour et la sainteté. Viens vite, Seigneur Jésus !

MATTHEW D. KIM est le professeur George F. Bennett de prédication et de théologie pratique au Gordon-Conwell Theological Seminary et l’auteur de Preaching to People in Pain.

Méditez 1 Thessaloniciens 3.9-13.


Comment l’anticipation du retour du Christ façonne-t-elle votre vie quotidienne ? Comment l’idée de vivre la vie de l’Évangile « en personne » oriente-t-elle vos aspirations ? Priez Dieu qu’il fortifie votre cœur et approfondisse votre amour pour les autres en attendant le retour du Christ.

Traduit par Valérie Dörrzapf Révisé par Léo Lehmann

Viens, Seigneur Jésus !

Méditation de l’Avent pour le 3 décembre

Christianity Today December 3, 2021
Nicole Xu

Le retour du Christ et son règne éternel


Introduction à la première semaine de l’Avent


Cette semaine, nous nous concentrons d’abord sur un autre « avent » : notre ferme espérance du retour du Christ. Nous explorons la description que nous font les Écritures de la puissance du Christ et de son juste jugement, ainsi que de l'avenir glorieux qui nous attend avec Dieu dans la nouvelle création.

Lecture dans Apocalypse 22.12-20.

La Bible se termine par cette prière : « Viens, Seigneur Jésus ». Nous en trouvons l’écho dans certains hymnes de l’Avent, tels que « O viens bientôt Emmanuel ».

Les chrétiens l’ont prié dès les premiers jours ; à l’exception du Notre Père, c’est la prière chrétienne la plus ancienne que nous connaissions. Nous le savons parce que Paul la cite dans sa version originale en araméen, « Maranatha », qui signifie « Notre Seigneur, viens ! » (1 Corinthiens 16.22). Pour que Paul s’attende à ce que ses lecteurs de langue grecque à Corinthe reconnaissent cette expression araméenne, elle devait occuper une place essentielle dans le culte des premiers chrétiens.

Dans Apocalypse 22.20, il s’agit d’une réponse à la promesse que Jésus a faite de venir. Au verset 12 et à nouveau au verset 20, Jésus lui-même dit : « Je viens bientôt ». Cette promesse revient tout au long du livre de l’Apocalypse (voir 2.5, 16 ; 3.11 ; 16.15 ; 22.7, 12, 20), annonçant le jugement pour certains et la bénédiction pour d’autres, jusqu’à ce qu’elle suscite enfin une réponse : « Viens ! »

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Nous entendons d’abord cette réponse au verset 17. C’est la prière de « l’Esprit et de l’épouse ». Par « l’Esprit », on entend probablement l’Esprit saint qui parle à travers les prophètes chrétiens dans l’adoration. L'épouse, c’est l'Église qui se joint à cette prière de l'Esprit.

Imaginez la mariée attendant l’arrivée de l’époux. Elle est parée et prête pour lui (voir 19.7-8). L’épouse n’est pas l’Église telle qu’elle nous apparaît, mais l’Église telle qu’elle devrait être, dans l’attente et préparée pour la venue du Seigneur. Elle est l’Église qui prie : « Viens, Seigneur Jésus ! ».

Imaginons une lecture à haute voix du livre de l’Apocalypse lors d’un culte. Lorsque le lecteur lirait « Que tous ceux qui entendent disent : “Viens !” », toute l’assemblée se joindrait à la prière en répondant : « Viens, Seigneur Jésus ! ». Cette prière sincère nous identifie comme l’épouse de l’Agneau.

Mais dans la seconde moitié du verset 17, l’utilisation du mot « venir » change. Désormais, ce sont les auditeurs, « tous ceux qui ont soif », qui sont invités à « venir » et recevoir de Dieu « l’eau de la vie ». L’eau de la vie appartient à la nouvelle création (21.6) et à la Nouvelle Jérusalem (22.1). Mais elle est déjà disponible dans le présent pour ceux qui attendent la venue de Jésus.

C’est comme s’il venait déjà à nous, avant sa venue définitive, et nous donnait un avant-goût de la nouvelle création. Et c’est cela, le salut. Nous l’attendons car nous l’avons déjà rencontré.

RICHARD BAUCKHAM est professeur émérite d’études du Nouveau Testament à l’Université de Saint Andrews, en Ecosse, et auteur de nombreux livres, notamment La théologie de l’Apocalypse.

Méditez Apocalypse 22.12-20.


Que signifie prier « Viens, Seigneur Jésus » ? Comment cette prière vous met-elle au défi ou vous transforme-t-elle ? Joignez-vous aux chrétiens du monde entier et à travers les siècles en reprenant cette antique prière aujourd’hui.

Traduit par Valérie Dörrzapf Révisé par Léo Lehmann

Une ville de lumière

Méditation de l’Avent pour le 2 décembre.

Christianity Today December 2, 2021
Nicole Xu

Le retour du Christ et son règne éternel


Introduction à la première semaine de l’Avent


Cette semaine, nous nous concentrons d’abord sur un autre « avent » : notre ferme espérance du retour du Christ. Nous explorons la description que nous font les Écritures de la puissance du Christ et de son juste jugement, ainsi que de l'avenir glorieux qui nous attend avec Dieu dans la nouvelle création.

Lecture dans Apocalypse 21.9–22.5.

Quand j’ai quitté l’Angleterre pour vivre en Écosse, la plus grande brièveté des journées d’hiver a été difficile pour moi. Les jours où le temps est couvert, c’est parfois un peu comme s’il n’y avait jamais eu de lumière du tout. J’ai trouvé cela déprimant, mais certaines personnes en sont sérieusement affectées et doivent s’asseoir à la lumière de lampes qui imitent la lumière du soleil. Nous dépendons tous de cette lumière du soleil, tant pour notre santé physique que pour notre bien-être mental.

Il n’est pas surprenant que de nombreuses cultures aient adoré le soleil, et parfois la lune également. Pourquoi une journée ensoleillée nous remonte le moral ? Pourquoi beaucoup de gens aiment-ils se prélasser au soleil ? La science a démontré que la distance entre notre planète et le soleil, avec le degré de lumière et de chaleur qu’elle permet, est essentielle à la vie sur terre.

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Dans cette création, les bénédictions de Dieu nous sont transmises par le moyen de créatures, et la lumière du soleil en fait partie. Dans la nouvelle création, nous vivrons dans la présence immédiate de Dieu, immergés en elle comme nous le sommes maintenant dans la lumière du jour, et il n’y aura plus de nuit.

Imaginez ! Une ville remplie de lumière. Imaginez-la comme un joyau éclatant (Apocalypse 21.11), la lumière se reflétant dans toutes les pierres précieuses de nombreuses couleurs énumérées dans les versets 19-20. Imaginez, si vous le pouvez, la façon dont la lumière brille à travers l’or transparent dont est faite la ville (vv. 18, 21). Prenez un peu de recul pour contempler la ville à distance. Elle se dresse au sommet d’une montagne (v. 10) et brille sur tout le pays environnant. C’est la lumière du soleil de ce monde nouveau. C’est la lumière par laquelle les gens vivent (v. 24).

Pensez maintenant à un vitrail dans une église avec des représentations vivantes de personnages bibliques ou autres. L’ensemble en lui-même est assez beau en tout temps, mais quand le soleil le traverse, il rayonne. Ses couleurs intenses s’illuminent ! Dans la Nouvelle Jérusalem, la beauté de toutes les créatures de Dieu sera un délice pour tous. Nous les verrons sous leurs vraies couleurs. La lumière de la présence immédiate de Dieu n’annulera pas leurs formes et leurs couleurs, leur réalité créée, mais elle les éclairera, les transfigurera.

Tout au long de la Bible, la lumière renvoie à Dieu et à Jésus (qui a dit « Je suis la lumière du monde » en Jean 8.12). Pensez à la façon dont la lumière de Dieu brille déjà dans nos vies dans ce monde, comment elle illumine nos existences, comment nous pouvons marcher dans sa clarté. Si nous voyons cette lumière, elle éclairera le chemin que nous pouvons parcourir vers la ville de lumière. Que pourrions-nous emporter avec nous pour nous présenter à Dieu et contribuer à la vie de cette ville éternelle (Apocalypse 21.24, 26) ?

RICHARD BAUCKHAM est professeur émérite d’études du Nouveau Testament à l’Université de Saint Andrews, en Ecosse, et auteur de nombreux livres, notamment La théologie de l’Apocalypse.

Contemplez Apocalypse 21.9–22.5


Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans ces belles images ? Quelles vérités ces images de lumière brillante et de gloire éclatante transmettent-elles au sujet de Dieu ? À propos de la nouvelle création ? À propos de notre espoir ultime ?

Traduit par Valérie Dörrzapf Révisé par Léo Lehmann

Toutes choses nouvelles

Méditation de l’Avent pour le 1er décembre

Christianity Today December 1, 2021
Nicole Xu

Le retour du Christ et son règne éternel


Introduction à la première semaine de l’Avent


Cette semaine, nous nous concentrons d’abord sur un autre « avent » : notre ferme espérance du retour du Christ. Nous explorons la description que nous font les Écritures de la puissance du Christ et de son juste jugement, ainsi que de l'avenir glorieux qui nous attend avec Dieu dans la nouvelle création.

Lecture dans Apocalypse 21.1-6.

Comment avez-vous vécu la pandémie ? Quel effet a-t-elle eu sur votre relation avec Dieu ? Certaines personnes se sont rapprochées de Dieu et ont trouvé la force de traverser des moments difficiles. Mais pour certains, qui ont peut-être perdu des proches ou frémi devant l’ampleur des souffrances de ce monde, la pandémie a soulevé bien des questions.

Comment un Dieu d’amour peut-il permettre que de telles choses se produisent ? C’est le séculaire « problème de la souffrance », au moins aussi vieux que le Livre de Job. L’Écriture n’a pas de réponse unique à cette question ; elle nous donne plusieurs perspectives pour y méditer.

Puis, juste à la fin de la Bible, nous trouvons ce message : « Il n’y aura plus ni mort, ni deuil, ni cri, ni douleur » (Apocalypse 21.4). Dieu va guérir sa création de tout ce qui l’endommage et la détruit. Certains se plaignent parfois du peu d’expressions de l’amour de Dieu dans le livre de l’Apocalypse. Certains pourraient dire la même chose à propos de ce que nous avons vécu durant la pandémie. Mais pouvez-vous imaginer une plus belle image de l’amour de Dieu que celle-ci : Dieu « essuiera toute larme de leurs yeux » (v. 4) ?

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L’Apocalypse décrit par de nombreuses images les horreurs de l’histoire. Mais l’espoir transparaît à chaque fois et s’épanouit dans cette vision finale donnée au prophète. Dieu fera toutes choses nouvelles. Dieu a un nouvel avenir à offrir à toute sa création.

Quand nous pensons à l’avenir, nous réfléchissons le plus souvent à partir de ce que le passé et le présent pourraient nous amener. Mais il s’agit ici de tout autre chose. Tout comme Dieu seul peut créer, Dieu seul peut renouveler l’ensemble de sa création. Cela a commencé par la résurrection de Jésus : une chose nouvelle qui change tout. Et dans des vies transformées par l’Esprit du Christ, nous avons un avant-goût de ce nouvel avenir.

Cet avenir va lui-même bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Mais la vision de Jean nous invite aussi à lever les yeux vers cette haute montagne (v. 10) d’où le prophète contemple la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel. Avec ce regard, nous pouvons voir beaucoup plus loin.

Au cœur de ce nouvel avenir, il y a Dieu : « Voici la Tente de Dieu avec les hommes. Il habitera avec eux ; ils seront ses peuples et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu. » (v. 3). Tel a toujours été le dessein de Dieu pour sa création, et c’est ce qui fera toute la différence.

Partager la vision de Jean n’est pas une simple pieuse rêverie. Elle nous donne l’espoir de vivre. Nous pouvons dès à présent commencer à vivre selon ce que Dieu promet, et cela fera toute la différence dans nos vies, ici et maintenant aussi.

RICHARD BAUCKHAM est professeur émérite d’études du Nouveau Testament à l’Université de Saint Andrews, en Ecosse, et auteur de nombreux livres, notamment La théologie de l’Apocalypse.

Méditez sur Apocalypse 21.1-6.


Comment ce passage peut-il vous parler face à la douleur et aux difficultés dans votre vie ? Et dans le monde ? Comment oriente-t-il votre perspective spirituelle ? Répondez à Dieu dans une prière d’adoration et de confiance.

Traduit par Valérie Dörrzapf Révisé par Léo Lehmann

Je n’étais pas un garçon assez « dur ». Dieu m’a montré que je n’avais pas à l’être.

Comment un enfant paisible et aimant la lecture est venu à la foi au milieu d’une famille de bagarreurs de rue pétris de colère.

Christianity Today November 30, 2021
Matt Nager

Il est des jours dont les événements se gravent dans votre mémoire comme au fer rouge. Ce jour-là en fait partie ; le soleil brillait, les oiseaux chantaient, et je jouais sous le porche de la maison de fortune que nous avions en location dans les quartiers nord de Denver, dans l’État du Colorado.

Unlikely Fighter: The Story of How a Fatherless Street Kid Overcame Violence, Chaos, and Confusion to Become a Radical Christ Follower

Pour le garçonnet de 5 ans que j’étais, c’était un après-midi idéal : pas de coups de feu dans les rues, ni de voitures pleines de voyous passant lentement à la recherche de mauvais coups, comme c’était souvent le cas dans le quartier, où ma propre famille n’était pas étrangère à la violence (nous en étions même souvent l’épicentre).

Tout allait donc bien ce jour-là, jusqu’à ce qu’une voiture neuve et rutilante ne s’arrête devant la maison et que son conducteur ne se mette à regarder avec insistance vers moi. C’était Paul, un des hommes auxquels ma maman avait été mariée. Il nous avait soudainement quittés sans prévenir, et nous n’avions plus entendu parler de lui depuis des mois.

Ma mère l’aperçut par la fenêtre de la cuisine. Jurant comme un charretier, elle alla prendre notre batte de baseball. Sortie au pas de charge de la maison, cigarette aux lèvres, elle mit Paul au défi de sortir de la voiture. Et, pendant qu’il évaluait la situation, elle se mit à frapper les phares et le pare-brise.

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Paul commit l’erreur tactique de sortir. Sans désemparer, Maman cessa de fracasser la voiture pour se mettre à le frapper, lui. Quand il parvint enfin à rejoindre en boitant le siège du conducteur, je sus que nous ne le reverrions jamais.

Je me dis aussitôt deux choses : un, que je ne désobéirais plus jamais à Maman ; deux, que quelque chose avait soudainement déclenché en elle cette rage qui la conduisait régulièrement à des accès de violence semblables. Des années plus tard, ma grand-mère m’apprendrait ce qu’était ce « quelque chose »…

Ma mère était une fêtarde, et j’étais le fruit d’une de ses nuits de « fête », où elle avait rencontré un garçon nommé Toney. Elle tomba enceinte. Et lui, militaire, fut muté. Plutôt que d’avoir à affronter ses parents, des chrétiens baptistes très stricts, Maman prit la route de Boston, depuis Denver, au prétexte d’aller rendre visite à mon oncle Tommy et à ma tante Carol. Mais elle allait en réalité là-bas pour se faire avorter, illégalement à l’époque (nous étions 8 ans avant la légalisation de l’avortement). Tommy et Carol parvinrent à l’en dissuader.

Avant que ma grand-mère ne me dise que j’avais failli être victime d’un avortement, je m’étais toujours demandé pourquoi Maman pleurait souvent en me regardant, et en se parlant à elle-même avec reproche : « Je ne suis qu’une minable, rien qu'une fichue misérable ». Mais après avoir appris son secret, je compris non seulement ses larmes, mais aussi la rage qui l’habitait envers les hommes. C’était une rage nourrie de honte.

Mais c’est toute ma famille qui était pleine de rage. Ma mère avait cinq frères adeptes de la musculation et des bagarres de rue, que la mafia des quartiers nord de Denver surnommait les « crazy brothers ». Quand la mafia elle-même juge que votre famille est dysfonctionnelle, c’est que cela va vraiment mal… Or, la famille Mathias (c’était le nom de jeune fille de Maman) faisait la loi dans les rues des quartiers nord de Denver, dans les années 60 et 70. Ils ne pratiquaient pas le crime organisé, mais plutôt un genre de criminalité désorganisée.

Mon oncle Jack avait passé un bon nombre de ses jeunes années en prison, notamment pour avoir essayé d’étrangler deux policiers qui tentaient de l’interpeller pour une agression. Mon oncle Bob avait été incarcéré pour avoir battu à mort un gars qui avait poignardé son meilleur ami…

Toute la famille Mathias s’inquiétait à mon sujet. Car à la différence de mes durs de cousins, j’étais un petit garçon tranquille, amateur de lecture. Au lieu de me bagarrer, je fuyais les conflits. Je n’avais pas de père pour m’apprendre à me défendre, et tout le monde pensait que je serais très vite englouti par les rues tumultueuses de notre quartier.

Un jour de Noël, chez mes grands-parents, on m’appela alors que les cadeaux venaient d’être ouverts. C’était mon oncle Dave, un phénix de virilité masculine (champion de judo, médaillé d’or de boxe, médaillé militaire), qui lança :

« J’ai encore un cadeau à donner ; et c’est pour petit Greg. »

Jamais je n’avais ainsi été singularisé au sein de ma grande et bruyante famille. Je me faisais en général tout petit dans un coin, essayant de me faire oublier. Oncle Dave me tendit son cadeau, que je déballais : c’était une poupée. Il eut un sourire de mépris en me disant : « Je me suis dit que comme tu n’avais pas de père, tu aimerais peut-être jouer avec des poupées comme les petites filles ».

C’était une humiliation sans nom. Et j’ai découvert à ce moment-là que, moi aussi, j’avais hérité d’un peu de la rage familiale. Je lui fourrai la poupée au creux de l'estomac en criant : « Je ne suis pas une fille ! »

J’entendis les rires et les commentaires – du genre « Vous avez vu ce tempérament ? Il est peut-être quand même des nôtres ! » – mais cela n’avait plus d’importance pour moi. L’oncle Dave exprimait ce que, je le percevais, beaucoup de mes proches pensaient de moi : je ne faisais pas vraiment partie de cette famille. Je n’étais pas un dur ; pas assez.

Ce jour déclencha en moi une quête de mon identité. Qui étais-je ? Pourquoi Dieu m’avait-il mis sur cette terre ? Très vite on remarqua que j’étais toujours à me cacher ici où là dans la maison – derrière un canapé, ou sous l’évier de la cuisine – avec une Bible et une lampe torche. Même si je ne parvenais pas à prononcer ou à comprendre chacun des mots que je lisais, je savais confusément que ce livre contenait les réponses dont j’avais besoin.

Mes grands-parents baptistes m’amenèrent à l’Église, et je me mis à demander aux moniteurs de l’École du dimanche comment devenir chrétien. Ils me répondaient : « Demande à Jésus de venir dans ton cœur » ou « confesse à Dieu tous tes péchés ». Étant un jeune garçon à l’esprit très pratique, je me demandais alors ce qui se passerait si je devais un jour subir une transplantation cardiaque ou si j’oubliais de confesser un seul de mes péchés…

Ma confusion perdura jusqu’à ce qu’un jour, dans l’Église « pour les grands », tout me devint soudain clair. Le prédicateur expliquait comment Jésus était mort pour le pardon de nos péchés, puis ressuscité. Il dit encore que si nous mettions notre foi en Jésus, nous serions sauvés. Là, à l’âge de 8 ans, j’ai cru en Christ mon Sauveur.

Comme par miracle, à peu près à la même époque, Dieu opérait dans ma famille une œuvre de transformation. Un bien singulier évangéliste surnommé « Yankee » sut parler avec audace à Oncle Jack, le plus dur des « crazy brothers ». Quand « Yankee » frappa à sa porte, Jack tenait une canette de bière dans chaque main (une pour boire et l’autre pour cracher). Étonnamment, Il se mit à écouter l’annonce de l’Évangile que lui présentait « Yankee ».

« Est-ce que cela vous parle ? » finit par demander celui-ci à Jack.

« La vache, oui ! » fut sa prière de conversion. Et en l’espace d’un mois, Jack amena 250 personnes à l’église, dans sa volonté que chacun entende cette même Bonne Nouvelle qui lui avait donné l’espérance. L’un après l’autre, tous mes oncles vinrent à Christ. Oncle Bob plia le genou devant Jésus alors qu’il se trouvait à l’arrière d’un fourgon de police, arrêté pour meurtre.

Après avoir vu l’Évangile transformer les miens, faire de ces bagarreurs de rue remplis de rage des proclamateurs passionnés de l’amour de Dieu, je rejoignis moi-même l’Église fondée par « Yankee ».

Là, j’appris à partager ma foi, et commençai à annoncer l’Évangile à tout le monde. Mais la personne que j’avais le plus à cœur, c’était Maman.

Chaque fois que j’essayais de lui parler de Jésus, elle me faisait taire : « Dieu ne peut pas me pardonner – me disait-elle – tu ne sais pas tout ce que j’ai fait dans ma vie ! » Mais un jour enfin – j’avais 15 ans – j’entrai avec détermination dans la cuisine et fis en sorte que ma mère écoute jusqu’au bout le message de l’Évangile.

« Tu veux dire que si je mets ma foi en Jésus, Il me pardonnera tous mes péchés ? – me demanda-t-elle – même les plus graves ? »

« C’est ça, Maman. C’est pour cela qu’il est mort sur la croix », lui expliquai-je.

Elle tira une longue bouffée de sa cigarette et leva les yeux vers le ciel pendant un moment, puis dit :

« Je prends. » Et quand maman se lançait, elle y allait pour de bon !

Il y a 17 ans, ma mère était alitée dans une unité de soin pour malade en phase terminale, et elle me demanda :

« Tu te rappelles ce que tu disais aux enfants du quartier qui se moquaient de toi parce que tu étais sans père ? ». Non, je ne m’en souvenais pas. Elle me dit :

« Tu disais : Dieu est mon père ! »

A l’âge de 8 ans, j’ai rencontré le Père que je n’avais jamais connu ; le Père qui ne me délaisserait ni ne m’abandonnerait jamais ; le Père qui avait changé la trajectoire de ma vie, et de celle de tous les miens.

Greg Stier est le fondateur de l’œuvre d’évangélisation « Dare 2 Share », et l’auteur du livre Unlikely Fighter: The Story of How a Fatherless Street Kid Overcame Violence, Chaos, and Confusion to Become a Radical Christ Follower.

Traduit par Samuel Charles, pour les Documents Expériences

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History

L’Église a besoin de réforme, pas de déconstruction

Quelques réflexions pour le mouvement « exvangélique ».

Christianity Today November 30, 2021
Image: Illustration by Rick Szuecs / Source Images: Patrick Wittke / Unsplash / Envato

Le mot déconstruction est à la mode de nos jours. Dans le contexte américain, le terme exvangélique (« exvangelical ») s’est imposé comme un marqueur identitaire pour tout un mouvement militant. Les récits de foi — et de « perte de foi » — de ces personnes sont souvent empreints d’émotions et de vulnérabilité. Elles découlent d’un parcours et d’expériences de vie ; les chrétiens luttant avec leur foi ont besoin d’amour et d’oreilles attentives, pas seulement d’arguments.

Néanmoins, nous avons en tant qu’Église la responsabilité d’engager de manière réfléchie un dialogue culturel plus large autour de la déconstruction. Jésus est la vérité qui nous libère. Il est normal de se poser des questions difficiles sur la foi. C’est une partie essentielle de la maturité chrétienne. Mais il y a de bonnes et de moins bonnes façons d’évaluer de manière critique les prétentions à la vérité. Voici donc quelques lignes directrices qui me paraissent utiles :

Tout d’abord, sachons faire la distinction entre déconstruction et réforme. L’Église est une institution créée par Christ, mais aussi une institution pécheresse. Elle a toujours besoin d’être réformée. Si la frustration d’une personne envers l’Église découle d’une vision biblique de la communauté, ce n’est pas de la déconstruction. Il s’agit plutôt de rappeler l’Église à l’Évangile.

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Il y a toujours eu des réformateurs dans l’Église, et nous ne les avons pas appelés « déconstructeurs ». Il ne s’agit pas que de mots. Appeler quelque chose à se réformer (par opposition à chercher sa destruction) revient à reconnaître implicitement la valeur de sa conception originale.

Par exemple, je suis souvent consternée par la misogynie que je vois dans l’Église. Mais je reconnais aussi que la notion de dignité intrinsèque des femmes m’est donnée par l’Église elle-même. En comparaison du monde païen qui l’entourait, l’Église primitive a élevé le statut de la femme. L’idée d’égalité humaine innée émerge du meilleur de la pensée chrétienne. Nous ne pouvons pas déconstruire l’Église tout en puisant dans sa logique, ses croyances et sa tradition.

Deuxièmement, évitons de rester centrés par inadvertance sur des voix occidentales et blanches. Souvent, lorsque des chrétiens blancs déconstruisent leur foi en raison du racisme et de l’injustice dans l’Église, ils n’apprennent pas des Églises noires, latino-américaines ou d’immigrants, ni ne les rejoignent. Nous avons besoin d’écouter davantage les évangéliques non-blancs qui ont un autre héritage d’engagement conjoint envers l’orthodoxie et la justice.

Troisièmement, évitons les artifices ou la manipulation. Joshua Harris, célèbre pour son J’ai tourné le dos au flirt, a récemment récolté des huées de tous les horizons théologiques pour son cours à 275 $ sur la déconstruction, qu’il a ensuite annulé. Mais le phénomène ne se limite pas à lui. Récemment, j’ai été accueillie sur Facebook par une publicité pour un coach en déconstruction. Il existe désormais dans notre contexte toute une industrie dédiée à la monétisation de la déconstruction.

Certaines parties du mouvement exvangélique abandonnent les engagements doctrinaux de l’évangélicalisme mais conservent l’engouement passionné pour les modes et les gagdets marketing qui lui est endémique. Or, la superficialité consumériste de l’évangélicalisme contemporain devrait justement être déconstruite — démantelée et subvertie — et non reproduite.

Enfin, affrontons les hommes d’acier — les versions les plus solides d’un argument — et non les hommes de paille. Plusieurs parmi ceux qui déconstruisent le plus bruyamment le christianisme rejettent une version étroite du fondamentalisme américain et le confondent avec toute la tradition chrétienne. Cependant, une bonne partie de ce qui nous dérange dans certains milieux de la communauté évangélique — par exemple l’anti-intellectualisme, un manque de compassion ou de souci pour la justice, l’enchevêtrement avec le conservatisme politique, une méfiance envers le mystère — sont largement absents, notamment, de la pensée patristique chrétienne.

Il n’y a jamais eu de moment pur et sans tache dans la vie l’Église. Pourtant, si vous considérez le large éventail de la foi chrétienne telle qu’elle apparaît dans les pensées catholique, orthodoxe et protestante, une tradition commune émerge — une tradition qui offre une véritable espérance pour notre moment particulier de la vie de l’Église.

Si une personne en arrive au point de ne vraiment plus croire aux affirmations du christianisme, elle sera honnête et intègre en abandonnant clairement la foi, plutôt qu’en cherchant à la remodeler en fonction de ses préférences. Je respecte cela. Mais il est important que cette évaluation critique porte sur la foi telle qu’elle est réellement, et non sur une version tronquée de celle-ci.

Ce dont une Église pécheresse a besoin, ce n’est pas de déconstruction mais de construction en profondeur. Nous devons abandonner la critique à bon marché pour élaborer une vision plus fidèle de la communauté de Jésus. Cependant, nous ne pouvons pas le faire sans préserver le dépôt de la foi que nous avons reçu de l’Église historique et mondiale. Nous ne pouvons pas le faire sans la vérité de l’Écriture. Et nous ne pouvons pas le faire sans le Saint-Esprit.

Tish Harrison Warren est prêtresse de l’Église anglicane d’Amérique du Nord et autrice de Liturgie de la vie ordinaire et de Prayer in the night (IVP, 2021). Suivez-la sur Twitter @Tish_H_Warren.

Traduit par Émilie Leblanc Tremblay

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