Le théoricien évangélique des réveils le plus connu, Jonathan Edwards, enseignait que personne ne peut juger un réveil de seconde main. Edwards vivait avant l’ère des télécommunications, mais je pense qu’il aurait encore aujourd’hui estimé que la réalité spirituelle d’un réveil n’est pas accessible à distance, quelle que soit la qualité technologique de la retransmission. L’image de la chose n’est pas la chose elle-même.
C’est pour cette raison que, cinq ans après m’être rendu à l’université Asbury pour donner une conférence sur les réveils religieux américains, j’y suis retourné pour en voir un.
De nombreux croyants peuvent se souvenir d’un moment exceptionnel dans la vie de leur assemblée, par exemple au cours d’un sermon inhabituel, du genre de ceux que de nombreux prédicateurs ne prêchent qu’une seule fois dans leur vie, ou alors dans un moment de grande bénédiction ou d’affliction touchant tout le monde. En de telles occasions, une communauté entière est unie dans la clarté de sa concentration sur Dieu, et elle agit « d’un seul cœur » ou homothumadon, pour reprendre le terme grec des Actes des Apôtres.
Il est remarquable que ce sentiment communautaire — qui peut s’exprimer par le chant et la louange, renforcés par de courtes lectures de l’Écriture et de brefs témoignages — se manifeste maintenant non seulement à Asbury, mais aussi dans diverses chapelles universitaires à travers les États-Unis. Les étudiants et les visiteurs vont et viennent, mais ceux qui se rassemblent éprouvent un sentiment d’unité.
Le mot réveil, en anglais revival, désigne une période au cours de laquelle une communauté chrétienne est revitalisée. On a défini le phénomène comme « une période d’éveil religieux : un intérêt renouvelé pour la religion », avec « des rassemblements souvent caractérisés par une effervescence émotionnelle. »
Le fait de désigner un rassemblement comme réveil laisse entendre que s’y est produite une intensification de l’expérience religieuse. Une multitude rassemblée ne constitue pas un réveil. Ce qui caractérise un réveil, c’est l’approfondissement du sentiment et de l’expression spirituels.
Les réveils sont des événements communautaires et qui touchent à l’expérience vécue. Il se produit souvent une contagion spirituelle, qui fait que les expériences d’une personne se répercutent sur les autres. Le terme de renouveau n’est pas aussi bien défini que celui de réveil, mais il évoque aussi un regain dans le zèle ou la vitalité d’un groupe de croyants chrétiens qui avaient décliné dans leur engagement.
Depuis le milieu des années 1700, les rapports sur les réveils chrétiens provenant de différentes régions et de différents groupes culturels présentent des thèmes communs. Les participants parlent de leur sens aigu des choses spirituelles, de leur grande joie et de leur foi, de leur profonde tristesse face au péché, de leur désir passionné de partager l’Évangile à d’autres et de leurs sentiments accrus d’amour pour Dieu et leurs semblables.
En période de réveil, les gens peuvent se masser dans les bâtiments disponibles, les remplissant au-delà de leur capacité. Les cultes peuvent durer du matin au milieu de la nuit. Les nouvelles d’un réveil se propagent généralement rapidement, et parfois les rapports qui en sont faits — en personne, dans la presse ou dans les médias audiovisuels — déclenchent de nouveaux réveils ailleurs.
Dans certains cas, les gens confessent ouvertement leurs péchés en public. Une autre caractéristique des réveils est la générosité : des personnes prêtes à donner de leur temps, de leur argent ou de leurs ressources pour soutenir ce qui se passe. Les réveils sont souvent controversés, les opposants et les partisans se critiquant mutuellement. Dans le sillage des réveils apparaît l’antirevivalisme.
Les réveils peuvent être marqués par des manifestations corporelles inhabituelles, des personnes qui tombent, se roulent sur le sol, sont traversées de mouvements musculaires involontaires, rient, crient et dansent sous l’action de l’Esprit. Une autre caractéristique des réveils pourrait être ce que l’on appelle les signes et les prodiges, tels que la guérison des malades, les prophéties, les visions ou les rêves révélant des choses cachées, la délivrance du pouvoir de Satan et le parler en langues.
Les réveils passés ont établi de nouvelles formes de communauté ainsi que des expressions pratiques et militantes de la foi. Les réveils ont remodelé des structures sociales et ecclésiales en transférant le pouvoir du centre vers la périphérie. Des personnes qui n’avaient pas l’occasion de s’exprimer ou de diriger ont été propulsées sous les feux de la rampe. Les femmes, les personnes de couleur, les jeunes et les moins instruits ont tous joué un rôle majeur dans les réveils chrétiens modernes.
Les réveils ont provoqué des débats sur la spiritualité authentique et ses contrefaçons, l’activité démoniaque et ses effets, le péril du fanatisme religieux, le ministère des laïcs, le rôle des femmes dans l’Église, la nécessité de nouvelles associations parmi les fidèles et les appels aux réformes et à la justice sociales.
Au cours du siècle dernier, l’Église mondiale s’est beaucoup développée grâce à des réveils religieux ou, comme l’auteur Mark Shaw les appelle, des « mouvements populaires charismatiques ». Ces mouvements ouvrent à une nouvelle vision pour l’avenir et suscitent ce que Shaw appelle un « fatalisme positif » : la conviction qu’aucun problème — personnel, familial ou politique — n’est trop important ou trop difficile pour pouvoir être résolu.
La question que se posent souvent les observateurs — s’agit-il vraiment d’un réveil ? — n’est peut-être pas la meilleure, car elle laisse entendre qu’il existerait un critère unique à l’aune duquel tout nouveau mouvement spirituel pourrait être évalué. Certains à Asbury préfèrent d’ailleurs parleur d’une effusion (de l’Esprit) plutôt que de réveil, évitant ainsi toute association limitante à ce dernier terme.
Puisque l’Esprit est Dieu, l’Esprit est infini. Il existe donc aussi une infinité de façons dont l’Esprit peut s’exprimer dans nos réalités humaines. Winkie Pratney compare le réveil à nos romances. Tout comme quelqu’un qui a déjà été amoureux peut trouver qu’être amoureux d’une nouvelle personne est une expérience toute nouvelle, la romance de l’Esprit ne sera jamais exactement la même en deux occasions différentes.
Les réveils qui ont vu le jour entre 1900 et 1909 au Pays de Galles, en Inde, aux États-Unis, en Corée, au Chili et ailleurs étaient liés, mais présentaient diverses variations locales. Les gens du Pays de Galles ont chanté des hymnes, et beaucoup se sont convertis. Ceux de Los Angeles ont parlé en langues. En Inde, des écolières se sont publiquement repenties de leurs péchés, comme l’ont fait de nombreuses personnes lors du réveil coréen. Des adorateurs au Chili ont eu des visions du paradis.
Qui peut dire pourquoi telle manifestation de l’Esprit a prévalu dans tel lieu et pas dans tel autre ? « Il y a diversité de dons, mais le même Esprit […] Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour le bien de tous. » (1 Co 12.4, 7)
Au lieu de se demander « Est-ce un réveil ? », il me semble que « Est-ce l’Esprit ? » constituerait une meilleure question. La reconnaissance de la diversité de l’action de l’Esprit devrait nous dissuader de porter des jugements spirituels trop rapides et de nous fier à notre propre expérience pour évaluer celle des autres.
Le discernement spirituel, tel que Jésus l’a enseigné, exige que nous distinguions « à leurs fruits » (Mt 7.20) la réalité et les contrefaçons. Dans son traité intitulé Religious Affections, Edwards fait de la « sainte pratique » le principal signe de véritable spiritualité. Le problème, c’est que la « sainte pratique » ne devient évidente qu’avec le temps, alors que notre univers de réseaux sociaux prononce ses jugements en quelques secondes. Nous devons nous engager dans une réflexion patiente et priante et nous abstenir de jugements trop rapides si nous voulons faire preuve d’un discernement juste et biblique.
Quatre leçons possibles d’Asbury
Asbury est un réveil qu’il me paraît difficile de ne pas apprécier. Sur place, je n’ai rien vu d’extrême, d’excentrique ou de déplaisant. Les personnes qui ont fait la queue pendant des heures pour entrer ont été d’une politesse sans faille. À l’intérieur, je n’ai vu aucun des comportements visant à attirer l’attention qui ont souvent accompagné les réveils du passé et engendré des controverses.
Alors que nous chantions des cantiques populaires tels que « Ouvre les yeux de mon cœur », « Revelation Song », « Sans nombre sont les raisons (Bénis l’Éternel) » et « No Longer Slaves », je me suis souvenu des récits du réveil gallois de 1904-1905, avec des cultes de plusieurs heures de chants communautaires, sans aucun conducteur humain visible, et sans beaucoup de prédication, qui conduisit cependant à une estimation de 100 000 conversions.
Une femme chilienne, s’exprimant par l’intermédiaire d’un interprète, a déclaré que les nouvelles d’Asbury avaient enflammé l’Amérique latine. Les responsables nous ont encouragés à nous lever et à tendre les mains vers le sud pour prier pour le réveil en Amérique latine. Cela m’a rappelé la demande envoyée en 1905 par des croyants de Los Angeles à Evan Roberts — chef de file du réveil gallois — pour que lui et d’autres prient pour le réveil en Californie. Il a répondu, les assurant de ses prières. Les pentecôtistes considèrent le réveil de la rue Azusa de 1906 en partie au moins comme une réponse à ces demandes adressées à Dieu à plus de 8000 km de là.
Les responsables d’Asbury avouent qu’ils ne savent pas où les choses vont aller, mais l’ADN spirituel du récent réveil permet de tirer quelques conclusions préliminaires :
1. Rejeter le culte et la culture des célébrités revivalistes
Les moyens de communication ont évolué au cours du siècle dernier, et il en a été de même pour les célébrités au cœur des réveils. Ces personnes avaient la réputation d’être tellement ointes et douées de l’Esprit que leurs paroles ou leur présence physique modifiaient l’atmosphère spirituelle et entraînaient des multitudes de personnes dans une rencontre avec Dieu qui transformait leur âme.
Pourtant, trop souvent, les célébrités revivalistes n’ont pas été à la hauteur de leur réputation. D’autres ont semblé offrir des débuts prometteurs, mais sont tombés par la suite dans des compromis sexuels ou financiers qui ont mis fin à leur ministère.
Mais que se passerait-il s’il se produisait un réveil spirituel sans célébrités ? Le prince des ténèbres pourrait en rester perplexe. Comment saper un réveil dans lequel les dirigeants évitent les feux de la rampe et servent humblement et anonymement pour le bien commun de tous ? Sans un leader remarquable à corrompre par orgueil, cupidité ou luxure, comment scandaliser le public ?
Depuis la scène d’Asbury, des responsables ont pris la parole pour le dire clairement : « Il n’y a pas de célébrités dans cette affaire. La seule célébrité, c’est Jésus ». L’Église a été exhortée à « se réveiller au fait qu’une génération émergente a désespérément faim de surnaturel et se rebelle contre toute forme de divertissement religieux. »
2. Repenser la relation entre la vie spirituelle et les médias numériques
Les descriptions de ce qui s’est passé à Asbury pourraient paraître finalement assez banales : des gens se rassemblent, ils chantent, ils lisent les Écritures, ils racontent l’œuvre de Dieu dans leur vie. N’est-ce pas ce qui se passe dans d’innombrables Églises chaque semaine ? La qualité insaisissable de l’expérience d’Asbury n’aura de sens que pour quelqu’un qui y a personnellement assissté.
Cet élément intangible — le je ne sais quoi de la présence divine et de ce sentiment de communauté — ne peut pas être transmis électroniquement, même si ceux qui dirigent ce mouvement l’avaient souhaité.
Asbury est donc un plaidoyer en faveur d’une spiritualité incarnée et un coup porté à la médiatisation désincarnée. N’imaginez pas que YouTube, Facebook ou TikTok vous feront vivre la même expérience.
Ce message pourrait ne pas plaire à tout le monde. Il va à l’encontre de l’idée de plus en plus répandue selon laquelle tout ce qui est humainement important est transmissible par voie électronique. Asbury nous dit que tel n’est pas le cas !
3. Réconcilier les approches calvinistes et wesleyano-arminiennes du réveil
À partir du début des années 1800, les calvinistes ont perçu le spectre de l’hérésie pélagienne dans l’accent mis par le revivalisme sur les personnalités humaines et les techniques liées aux émotions. Appliquée au réveil chrétien, l’option pélagienne serait de dire que « si nous devons avoir un réveil, alors nous pouvons. » Cette prémisse conduit à se concentrer sur la technique et les méthodes permettant de provoquer un réveil.
À l’encontre de réveils « élaborés » par l’effort, l’énergie et la manipulation humaine, les calvinistes qui ont soutenu ce genre de mouvements conçoivent les réveils comme « envoyés » par la grâce soudaine et inattendue de Dieu. Pour reprendre une analogie courante, un agriculteur peut labourer la terre, mais doit attendre les averses célestes pour arroser les cultures.
Pour les calvinistes, les techniques censées garantir le réveil sont non seulement trompeuses, mais aussi blasphématoires, car elles suggèrent que quelque chose de surnaturel — la sainte présence de Dieu — pourrait être manipulé par l’homme. À l’inverse, les méthodistes et autres arminiens ont souvent vu dans les propos des calvinistes une justification de la complaisance ou du fatalisme.
Pourtant, l’opposition entre « réveils » calvinistes et « revivalisme » non calviniste est surestimée. Les arminiens qui auraient « élaboré » leurs réveils par des efforts humains, ont surtout beaucoup cherché, prié et attendu Dieu. Les calvinistes, qui étaient censés ne rien faire d’autre que de chercher, prier et attendre le réveil « envoyé » par Dieu s’efforçaient d’attiser les flammèches de grâce qui apparaissaient parmi eux.
Rien à Asbury ne prête le flanc à la critique courante du revivalisme centré sur l’homme. Bien qu’il se soit produit sur un campus méthodiste, le réveil d’Asbury présente les marques de spontanéité et de fidélité aux Écritures qui, selon les calvinistes, sont des conditions préalables à la reconnaissance d’un « mouvement de Dieu ». En tant que calviniste, j’espère que mes collègues calvinistes ne s’y opposeront pas. J’espère au moins qu’ils suivront le conseil d’Edwards en allant voir sur place avant de porter un jugement.
4. Réduire le fossé entre réveils de type pentecôtiste et critiques anti-pentecôtistes
Certains évangéliques définissent le réveil comme « une bénédiction extraordinaire des moyens ordinaires de la grâce ». C’est ce que l’on voit à Asbury. Les « moyens ordinaires », tels que le chant de l’assemblée, la lecture des Écritures et la prière, récoltent des « bénédictions extraordinaires » en cette saison de grâce. La tradition méthodiste du réveil pourrait offrir un baume pour aider à guérir le désastreux clivage entre pentecôtistes et anti-pentecôtistes.
Le méthodisme se trouve dans une position médiane, presque à mi-chemin entre les franges les plus extrêmes des charismatiques indépendants et l’anti-revivalisme implacable de certains protestants confessionnels. John Wesley était ouvert aux expériences spirituelles inhabituelles, mais intolérant à l’égard d’une spiritualité perturbatrice, des doctrines étranges et des évangélistes récalcitrants qui refusaient la correction fraternelle.
Cette attitude wesleyenne d’ouverture prudente pourrait permettre au réveil d’Asbury de contribuer à combler un fossé entre chrétiens à propos des réveils. Asbury pourrait encourager les pentecôtistes et les anti-pentecôtistes à se rencontrer dans cet entre-deux méthodiste et à ouvrir leurs cœurs et leurs esprits les uns aux autres.
En tant que charismatique, j’y vois une leçon particulière pour mes collègues pentecôtistes et charismatiques. Aujourd’hui, certaines parties de nos mouvements très centrés sur l’Esprit se sont éloignées de principes fondamentaux tels que la Bible, le salut des perdus, la repentance, l’obéissance et la croix du Christ, au profit de « visions dans la salle du trône », de rencontres avec des anges et de spéculations sur la fin des temps. Cela doit être corrigé, et Asbury suggère qu’il est possible de le faire sans devenir anti-pentecôtiste.
Les anti-pentecôtistes ne sont pas seuls à limiter l’Esprit. Lorsque les charismatiques considèrent les expériences spectaculaires, ou la liste des dons charismatiques de 1 Corinthiens 12, comme les seuls phénomènes surnaturels, ils omettent beaucoup de choses. Les Écritures enseignent que l’Esprit est celui qui convertit, le Consolateur, le Sanctificateur et l’Esprit de Vérité, tout comme il est le Guérisseur et la source de tous nos dons.
Asbury est un rappel que le salut lui-même est surnaturel. La Parole de Dieu est surnaturelle. La condamnation des péchés est surnaturelle. La compassion pour ceux qui souffrent et ceux qui sont perdus est surnaturelle. Nous avons besoin d’embrasser l’horizon complet des œuvres de l’Esprit.
Un nouveau paradigme pour l’avenir
Le spécialiste des sciences sociales Anthony Wallace est un auteur intéressant à propos du réveil. Dans la présentation que Mark Shaw fait de la théorie de Wallace, les « mouvements de revitalisation » se déroulent en trois phases : problème, paradigme et puissance.
Au stade du problème, les gens ont l’impression que leurs cartes de la réalité ne fonctionnent plus. Les anciennes routes mènent à des impasses. Au stade du paradigme, un leader ou un groupe de leaders émerge sans être ni réactionnaire (s’accrochant au passé) ni radical (rejetant tout du passé). Dans la phase de puissance, le nouveau paradigme devient un mouvement de masse.
Si nous appliquons ces idées à la situation actuelle de l’Église mondiale, nous pourrions tenir le raisonnement suivant :
L’Église a besoin de renouveau et de réforme, mais nous restons bloqués au stade du problème. Les vieilles routes ont conduit à des impasses, notamment les divisions apparemment insolubles — calvinistes contre arminiens, pentecôtistes contre anti-pentecôtistes — qui accaparent le temps, l’attention et l’énergie que nous sommes appelés à concentrer sur Dieu et sur l’appel à l’évangélisation et à la formation de disciples. L’un des signes que nous nous trouvons dans cette étape du problème est que les débats sur les réveils eux-mêmes sont aussi devenus tout à fait prévisibles et banals.
Le réveil d’Asbury pourrait ouvrir à l’étape du paradigme. Le nouveau paradigme, selon Wallace, n’est pas entièrement nouveau, mais constitue un réagencement de modèles antérieurs. Conformément à cette théorie, ce qui est vécu à Asbury n’est ni réactionnaire ni radical.
L’étape du paradigme implique que des leaders redécouvrent le Nouveau Testament et les racines de leurs propres idées et pratiques. Comme un arbre, le modèle émergent a besoin de s’enraciner profondément avant de pouvoir commencer à déployer ses branches.
Les défis d’un nouveau mouvement se présenteront surtout lors du passage du stade du paradigme au stade de la puissance, lorsqu’un mouvement commence à remettre en question le statu quo. L’opposition à cette étape de montée en puissance proviendra à la fois des réactionnaires et des radicaux.
Si un nouveau paradigme de revitalisation spirituelle peut rester résolument centriste et éviter de se laisser capturer par les réactionnaires ou les radicaux, alors il y a un espoir que ce paradigme devienne un paradigme dominant, et qu’une revitalisation et une réforme généralisées et systémiques de l’Église deviennent alors possibles.
Encore quelques conseils pour le réveil
En attendant de voir quels nouveaux paradigmes pourraient émerger, permettez-moi de conclure avec quelques recommandations pour le réveil, de la part de quelqu’un qui a passé des années à lire et à écrire sur les réveils chrétiens et qui a eu l’occasion d’observer ce qui s’est passé à Asbury.
Si vous êtes croyant et que vous entendez parler de nouvelles expériences de l’amour de Dieu au sein de son peuple, ainsi que d’un désir plus profond de prière et d’adoration, réjouissez-vous. Notre réaction par défaut — avant toute autre chose — devrait être la joie.
Méfiez-vous des personnes qui se présentent comme des experts du Saint-Esprit (même des personnes comme moi, qui écrivent des articles comme celui-ci). Personne ne connaît tout de l’Esprit. Chacun d’entre nous est en cours d’apprentissage.
Laissez Dieu vous guider et vous donner du discernement, en vous appuyant sur les Écritures et en échangeant avec un pasteur et d’autres compagnons de route spirituels. Le Seigneur désire que vous puissiez « discerner ce qui est essentiel » (Ph 1.10). Il ne vous laissera pas tomber. Reconnaissez que les événements spirituels, contrairement aux événements physiques, ne sont pas simplement accessibles par nos cinq sens. Les choses spirituelles doivent être discernées spirituellement, ce qui signifie qu’elles doivent être discernées par leurs effets, qui se révèlent au fil du temps.
Priez pour les responsables et les participants aux réveils et pour le réveil de votre propre cœur. Joignez-vous à d’autres croyants pour prier avec ferveur pour le réveil dans votre propre communauté. Faites cause commune avec des personnes partageant les mêmes idées, également issues d’autres groupes ethniques, sociaux ou confessionnels. Une plus grande unité avec elles pourrait bien faire partie du plan de Dieu.
En suivant finalement le modèle d’Asbury, rassemblez des chrétiens plus jeunes et des leaders plus expérimentés. La fougue de la jeunesse et la sagesse de l’âge offrent un mélange détonant.
Michael McClymond est professeur de christianisme moderne à la Saint Louis University. Il a dirigé l’Encyclopedia of Religious Revivals in America, en 2 volumes, et est le co-auteur (avec Gerald McDermott) de The Theology of Jonathan Edwards. Son prochain livre s’intitulera Martyrs, Monks, and Mystics: An Introduction to Christian Spirituality (Paulist Press, automne 2023).
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