À la Grace Community Church, à New Canaan, dans le Connecticut, des hôtes accueillants bavardent avec les habitués et les nouveaux venus qui affluent vers les portes du lycée local où la communauté se réunit.
Un groupe de visiteurs entoure également le pasteur principal, l’écoutant parler tandis qu’il fixe son micro-cravate, quelques minutes avant le début du culte dans l’auditorium attenant. Ce groupe a roulé plus d’une heure depuis l’Académie militaire de West Point, dans l’État de New York, pour le rencontrer.
Cliffe Knechtle, pasteur de 71 ans d’une communauté non dénominationnelle, est aussi une célébrité sur Internet. Le dimanche, il prêche devant des centaines de personnes. Sur TikTok, Instagram et YouTube, des millions de personnes ont vu des extraits des discussions qu’il mène en plein air sur les campus depuis quatre décennies.
Ces vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent Knechtle en train de débattre avec des contradicteurs virulents ou de cheminer paisiblement avec une personne en quête de réponse face à un doute persistant à propos de la foi chrétienne.
« Nous avons vu ses vidéos, mais je crois que le plus important pour nous, c’était de le voir en personne », explique Markel Johnson, l’un des cadets en visite. « Nous lui avons même parlé de l’idée qu’il vienne, peut-être, à West Point. »
Des visiteurs comme Johnson se présentent régulièrement à l’église, venant parfois d’aussi loin que l’Australie. Mais si Knechtle attire de nombreux pèlerins de TikTok à New Canaan, il touche un public bien plus large sur Internet.
Avant le décollage plutôt soudain de son audience sur les plateformes vidéo, Knechtle persévérait dans un long parcours relativement discret, de campus en campus, souvent avec sa femme, Sharon, et leurs trois garçons. Même si beaucoup de choses ont changé, il insiste sur le fait qu’une chose n’a pas bougé : c’est la fidélité, et non la popularité, qui donne la mesure du succès d’un ministère et d’un prédicateur.
À 26 ans, Knechtle était frustré.
Il avait rejoint InterVarsity Christian Fellowship comme évangéliste peu après l’obtention de son diplôme au Gordon-Conwell Theological Seminary, dans le Massachusetts, en 1979. Espérant atteindre des étudiants non-croyants, il se rendait dans des universités, où il visitait des foyers étudiants pour prendre la parole.
Mais les non-croyants se présentaient rarement. La plupart du temps, c’étaient des chrétiens qui voulaient échanger avec lui. Knechtle ne savait pas trop comment changer la donne, mais Leighton Ford avait une idée.
Évangéliste prolifique et reconnu, Ford, aujourd’hui âgé de 93 ans, a été beaucoup de choses pour beaucoup de gens. Pour Billy Graham, il fut un protégé, un partenaire de ministère et un beau-frère. Pour les participants à des événements d’évangélisation de masse dans le monde entier, il fut un prédicateur inspirant. Et pour le père de Knechtle, Emilio, il était un ami.
Plusieurs années auparavant, Emilio Knechtle avait emmené son fils rencontrer Ford et sa femme chez eux, à Charlotte, en Caroline du Nord. Les Knechtle visitaient le Davidson College, situé à proximité, où Cliffe s’inscrirait bientôt. Après son installation sur le campus, les Ford l’invitèrent pour une nouvelle visite. Rapidement, il passa la plupart de ses week-ends chez eux.
Ford deviendra pour Cliffe un père spirituel et un mentor ; ses paroles adressées au jeune pasteur découragé eurent donc un grand poids. Ils étaient assis ensemble dans le salon des parents de Cliffe quand Ford fit une suggestion qui allait changer la vie de Knechtle.

FFord raconta que, lors d’une récente visite à l’Université de l’Arizona, il avait remarqué un prédicateur de plein air délivrant un message de « feu de l’enfer et de damnation ». Les étudiants s’étaient rapidement rassemblés autour de lui. Et si Cliffe essayait quelque chose de similaire, mais qu’au lieu de condamner ses auditeurs à l’enfer, il présentait « à la fois l’amour et la vérité du Christ » ?
Knechtle se souvient de sa réaction instinctive : « C’est une idée folle, mais puisque c’est Leighton Ford qui me le dit, je crois que je vais essayer. »
Il se rendit à Fort Lauderdale, en Floride, pendant les vacances de printemps, dans le cadre d’un projet avec InterVarsity, et se mit à prêcher sur une plage bondée. De jeunes vacanciers quittèrent leurs serviettes pour écouter.
« J’ai jeté mon plan à la poubelle et j’ai commencé à répondre à leurs questions, et c’est comme ça que nous avons entamé le dialogue », se rappelle Knechtle.
InterVarsity commence alors à envoyer Knechtle dans des universités partout dans le pays pour tenir des dialogues en plein air. Chaque visite durait environ une semaine, et la section locale d’InterVarsity ou une autre organisation chrétienne sur le campus obtenait l’autorisation des responsables de l’établissement pour organiser ces rassemblements.
Knechtle démarrait chaque séance par une brève introduction, puis invitait les personnes présentes à poser des questions. Un article de Christianity Today de 1981 rapporte qu’il a visité plus de 30 campus au cours de la première année de ce nouveau ministère, un rythme qu’il maintiendra pendant la décennie suivante.
Ces premières années sont passionnantes et stimulantes. Knechtle parle à de nombreux jeunes dans le doute ou agnostiques, dont beaucoup espèrent le coincer. Parfois, ils y parviennent. Dans ces moments-là, Knechtle revient régulièrement — avec une courte pause entre chaque mot et en les comptant sur ses doigts pour les souligner — à ce qui deviendra pour lui une phrase clé : « Je. Ne. Sais. Pas. »
« J’ai dû donner cette réponse beaucoup plus souvent quand j’ai commencé à prêcher en plein air qu’aujourd’hui », raconte Knechtle. « Mais je pense encore aujourd’hui que c’est l’une des meilleures réponses que je puisse donner. »
Knechtle a si souvent répété « Je ne sais pas » qu’il rapporte que cette phrase a constitué les premiers mots de son fils aîné, Robert. Cette honnêteté et cette vulnérabilité distinguaient Knechtle du type de prédicateur auquel la plupart des étudiants s’attendaient. Il continua d’attirer des perturbateurs, mais beaucoup de non-chrétiens appréciaient sa démarche.
Paul Tokunaga est témoin de cette dynamique alors qu’il est aumônier à l’Université de Floride au début des années 1980. Les étudiants là-bas étaient habitués à voir des prédicateurs de plein air « crier et souvent invectiver les gens », dit Tokunaga. La section InterVarsity invite Knechtle en espérant qu’il engagerait un dialogue constructif avec les étudiants tout en captant leur attention.
Les étudiants se disaient : « Hmm, ce type est un peu différent », se souvient Tokunaga. « Il ne nous insulte pas, il nous écoute, et une partie de ce qu’il dit a du sens. Je crois que je vais rester pour voir ce qu’il en est. »
Lors de sa première visite dans cette université, Knechtle demande à quelques étudiants d’InterVarsity de raconter leur cheminement vers Dieu. La fois suivante, Tokunaga prend son courage à deux mains et se propose pour partager son histoire avec les étudiants. À sa surprise, Knechtle le met plutôt au défi de le rejoindre pour prêcher et répondre aux questions.
« J’ai cru faire une crise cardiaque », se rappelle Tokunaga. Il craignait de ne pas avoir l’esprit assez vif pour apporter de bonnes réponses dans un débat, et l’idée d’affronter des perturbateurs l’intimidait. En somme, cela ressemblait à une bonne occasion de se ridiculiser. Malgré tout, Tokunaga décide d’essayer.
Avant de se présenter devant un public, Tokunaga prêche dans son appartement devant Knechtle, qui lui donne des conseils et tente de simuler l’environnement qu’ils rencontreraient sur le campus. Puis, plus tard dans la semaine, ils se rendent sur le terrain.
« Je suis donc allé là-bas », raconte Tokunaga. « Cliffe restait un peu en retrait… Il était en quelque sorte ma bouée de sauvetage. Et ça s’est plutôt bien passé. Les gens ont posé des questions, et je crois avoir répondu à la plupart d’entre elles. Je ne sais pas si mes réponses étaient bonnes ou non, mais j’ai fait de mon mieux. »
Malgré ses réserves initiales, cette expérience servira de tremplin à Tokunaga. Il a continué à prendre la parole et a servi avec InterVarsity pendant plus de quarante ans, notamment comme vice-président.
Au fil des années, Knechtle poursuit son ministère itinérant et se constitue une communauté de fidèles. Il est invité à intervenir dans le cadre d’une croisade de Billy Graham à Chapel Hill, en Caroline du Nord, en 1982, et à la conférence missionnaire étudiante Urbana en 1984.
En 1986, InterVarsity Press publie le premier livre de Knechtle, Give Me an Answer That Satisfies My Heart and My Mind: Answers to Your Toughest Questions About Christianity (« Donnez-moi une réponse qui satisfasse mon cœur et mon esprit : réponses à vos questions les plus difficiles sur le christianisme »)
Toujours conscient des stéréotypes négatifs, il écrit dans l’introduction qu’il espère que le livre « donnerait un certain crédit et de la substance à son ministère, puisque les prédicateurs de plein air n’ont pas la meilleure réputation. »
Près de quarante ans plus tard, il n’est pas sûr que le livre ait beaucoup influencé la manière dont les gens percevaient son travail. Aujourd’hui, toutefois, ses fans sur les réseaux sociaux apportent des exemplaires à ses événements ou à son église pour qu’il les dédicace.
La dynamique familiale finit par contraindre Knechtle à réduire ses déplacements. Ses fils grandissaient et la famille avait besoin de plus de stabilité. Il accepte un poste de pasteur adjoint dans une église près de New Canaan. Les dialogues de plein air continuent, mais à un rythme réduit. Un nouveau ministère appelé Give Me An Answer émerge.
Au début des années 1990, le pasteur principal de l’église de Knechtle lui demande s’il avait déjà envisagé d’utiliser la télévision pour partager les débats dans les campus avec un public plus large. D’abord sceptique, Knechtle soumet l’idée à Ford, qui l’encourage à solliciter les conseils de Ben Haden, un pasteur presbytérien à la tête d’un ministère télévisé florissant. Haden lui explique comment démarrer.
Peu après, une petite équipe de tournage accompagne Knechtle dans ses déplacements à Austin (Texas), East Lansing (Michigan) et d’autres villes universitaires situées entre les deux. Un producteur montait les images en épisodes d’une demi-heure, diffusés sur une chaîne locale dans le Connecticut et sur d’autres marchés.
De vieilles vidéos de Knechtle des années 1990 le montrent exactement comme les étudiants le voient encore aujourd’hui : il fait les cent pas, répond aux questions des étudiants, ponctuant ses propos de gestes expressifs ou de pauses bien calculées. Il aborde aussi des questions théologiques ou morales plus énigmatiques, mais son objectif reste toujours de présenter aux étudiants « son plus proche ami, Jésus-Christ ».

Lors de mon premier contact avec Cliffe, je l’avais appelé pour fixer un entretien. Il décrocha alors que je laissais un message. Après quelques politesses, je proposai d’organiser un rendez-vous sur Zoom.
Il fit une pause.
« Je suis désolé, mon frère », dit-il avec une pointe d’embarras, avant d’expliquer qu’il ne savait pas vraiment utiliser la plateforme sans aide. Pouvions-nous simplement nous parler sur sa ligne fixe ?
Vous comprendrez ainsi que la création d’un ministère sur les réseaux sociaux n’était pas l’idée de Cliffe. Deux membres du conseil de Give Me An Answer avaient encouragé Stuart Knechtle, son fils cadet, qui a rejoint le ministère en 2015, à réutiliser le contenu télévisé sur des plateformes plus récentes.
Stuart n’avait pas de compte sur TikTok ou Instagram, et il n’était pas convaincu que les dialogues en plein air y trouveraient un public. TikTok n’était-il pas réservé aux adolescents munis de perches à selfie ?
« Je pensais que c’était ridicule », nous raconte-t-il. Finalement, certains contacts lui ont envoyé des études sur la façon dont d’autres ministères s’étaient développés grâce à TikTok, et il s’est dit : « D’accord, essayons. »
Il commence à poster des vidéos sur TikTok en 2020. Elles montraient quelques secondes de Cliffe en train de parler ou de débattre avec quelqu’un sur un campus, accompagnées d’une citation accrocheuse tirée de leur discussion. Si la plupart des vidéos passent inaperçues, certaines prennent rapidement de l’ampleur, notamment celles abordant des enjeux culturels plus larges.
« J’ai cherché un équilibre : créer de l’engagement, même si ce n’est pas ouvertement évangélistique, puis publier un extrait évoquant l’Évangile pour que le public non chrétien puisse l’entendre », explique Stuart.
Les comptes du ministère cumulent désormais plus de deux millions d’abonnés sur TikTok et Instagram, et plus de 880 000 sur YouTube.
Stuart se souvient que le cap du million a été un tournant. Des comptes de fans ont commencé à remixer et à republier leur contenu, à transformer leurs clips en mèmes ou à les monter avec une musique dramatique en fond sonore. Cela a contribué à élargir encore davantage leur audience.
Lorsque j’ai interviewé Cliffe l’année dernière, il y avait encore un peu d’incrédulité dans sa voix lorsqu’il parlait de l’ampleur de la présence du ministère sur Internet. Il voyait en TikTok une « plateforme de réseaux sociaux séculière et éloignée de Dieu », mais estimait que « pouvoir présenter l’Évangile dans cet environnement est un véritable privilège ».
TikTok a transformé l’accueil réservé aux Knechtle sur les campus. Avant, Cliffe devait attendre que des foules se forment : un jour, il a commencé à prêcher à sa femme faute de spectateurs. Parfois, des foules se retournaient contre lui, allant jusqu’à lui cracher dessus ou lui lancer des objets. L’un des premiers souvenirs de Stuart est celui de Cliffe s’adressant à une foule particulièrement hostile à l’université de Californie, à Berkeley.
Aujourd’hui, les foules se forment avant même leur arrivée. Sur de nombreux campus, notamment dans les universités de la Bible Belt, la majorité des questions viennent de chrétiens ayant découvert le duo en ligne.
Cliffe se dit reconnaissant de pouvoir parler à autant d’étudiants, mais souligne que cette nouvelle situation comporte aussi des défis. Toute cette attention positive rend plus difficile le dialogue avec les non-chrétiens.
« Si vous avez là un grand groupe d’étudiants et que la vaste majorité d’entre eux suivent le Christ, il n’est pas bien vu de se lever et de me critiquer ouvertement, et ça me manque, » explique Cliffe. « Ce sont ces personnes-là que je veux rencontrer. »
Pour les téléspectateurs qui ont vu Cliffe avoir un échange enflammé avec un étudiant agnostique et qui se sont dit qu’il devrait peut-être modérer ses propos, il l’a fait. Parfois, les débats avec les étudiants dégénèrent en disputes houleuses, et Cliffe reconnaît qu’à certains moments, il s’est senti « trop énervé, trop en colère » et « trop virulent ». Il a ressenti que le Saint-Esprit le poussait à réaliser cela, parfois juste après un échange, et il s’est excusé.
« J’ai dû travailler dur pour développer ma patience, et cela m’a été extrêmement utile pour progresser dans ce domaine », a-t-il expliqué.
Pour autant, il est convaincu qu’il doit offrir la défense la plus complète possible de l’Évangile, même si cela implique de froisser certains interlocuteurs.
Cette conviction s’est renforcée après une conversation, il y a plusieurs années, avec Steve Brown, pasteur presbytérien et auteur. Lors d’un projet d’évangélisation sur la plage organisé par InterVarsity à Fort Lauderdale, Cliffe a évoqué l’idée que parfois il serait préférable de perdre un débat pour ne pas repousser la personne vis-à-vis de l’Évangile. Brown a rejeté immédiatement cette idée.
« Steve m’a regardé et m’a dit : “Ne perds jamais un débat” », se souvient Cliffe. « “Assure-toi de communiquer la vérité aussi clairement que possible.” »
C’est une leçon que Cliffe a transmise à son fils. Stuart, qui est à la fois pasteur adjoint à Grace et thérapeute, a adopté lors de son premier dialogue en plein air avec Cliffe une approche détendue et analytique dans leurs échanges avec les étudiants. assistant pastor at Grace, is also a therapist. In his first open-air dialogue with Cliffe after joining his ministry, Stuart took a laid-back, clinical approach in their conversations with students.

Stuart se souvient s’être senti « un peu découragé » à la fin de la journée, car peu de gens s’étaient arrêtés pour discuter avec eux et les échanges qu’ils avaient eus ne semblaient pas très productifs. Par la suite, Cliffe lui a offert quelques mots d’encouragement — puis quelques conseils : pour lui, l’évangélisation en plein air n’est pas le moment pour une « séance de thérapie de groupe ».
« Je ne pense pas avoir jamais repris cette approche », rapporte Stuart. « Je fais beaucoup d’accompagnement individuel, [mais] ce style et cette manière de présenter ne fonctionnent pas bien. Il faut toujours chercher à toucher le cœur et à amener une personne au royaume par l’amour, mais si votre façon de présenter est trop politiquement correcte, cela ne sera tout simplement pas efficace dans ce genre d’environnement. »
Des extraits de débats en plein air se multiplient en ligne, car de nombreux ministères et groupes ont reconnu leur pouvoir pour attirer des spectateurs et générer de l’interaction en ligne.
Sean McDowell, professeur d’apologétique à l’Université Biola et animateur du podcast Think Biblically, explique que les gens sont attirés par le « caractère dramatique inhérent » aux dialogues en plein air, et que ce format peut souvent aider un orateur à toucher un public plus large.
« Beaucoup de personnes sont invitées à réfléchir à des questions spirituelles alors qu’elles ne sont pas activement en recherche », analyse McDowell. « L’inconvénient est que de nombreux intervenants ne parviennent pas à interagir de manière aussi pertinente que Cliffe et peuvent sembler en colère ou mal informés. Bien fait et avec discernement, je ne pense pas qu’il y ait de réel inconvénient à faire [de cette approche] un élément important de l’évangélisation. C’est un moyen efficace d’évangéliser et Cliffe et Stuart sont les meilleurs. »
La croissance rapide de leur ministère numérique a valu à Cliffe et Stuart des invitations à intervenir dans de nouveaux lieux, y compris là où les pasteurs évangéliques ne sont habituellement pas conviés. En mai 2024, ils étaient sur le podcast Impaulsive de l’influenceur Logan Paul.
L’émission de Paul peut être crue et ne risquerait guère d’être confondue avec un programme évangélique. Pendant deux heures et demie, Paul et son coanimateur Mike Majlak ont posé aux Knechtle des questions difficiles mais amicales sur leur foi. L’épisode a cumulé 4,2 millions de vues.
Ils ont reçu « quelques critiques » en ligne, selon Cliffe, de la part de chrétiens préoccupés par leur apparition aux côtés d’une personnalité controversée comme Paul, mais Cliffe estime que la plupart comprennent leur motivation : se rendre « dans des lieux où les gens ont désespérément besoin de l’Évangile ».
Comme sur un campus universitaire, son objectif dans des lieux comme le podcast de Paul est « d’écouter les gens, comprendre où ils en sont, et les aider à faire un pas de plus vers le Christ ».
Il a également reçu des invitations à se produire dans des espaces plus politiques. Au fil des années, Cliffe a évité de s’engager directement dans ce domaine et répond souvent aux questions politiques en soulignant que l’Amérique est grande lorsqu’elle suit le Christ et moins lorsqu’elle ne le fait pas. Il encourage les chrétiens à voter et à s’impliquer en politique, mais ne soutient publiquement aucun parti ni candidat spécifique.
En décembre, il expliquait à Christianity Today que cette approche reflète la priorité de son ministère.
« Je me sens appelé à construire des ponts avec des personnes qui ne croient pas en Christ. Je ne veux m’aliéner personne inutilement. La croix du Christ est déjà suffisamment choquante en soi ; le mot péché également, tout comme le jugement et l’enfer. Et nous ne reculons pas devant cela. »
« Nous ne reculons pas non plus devant les enseignements éthiques de la Bible, qui peuvent aussi choquer. Je ne veux donc pas ajouter les divergences politiques à la conversation. À la place, j’enseigne aux gens à lire la Bible, à l’appliquer à leur vie et à réfléchir aux différentes questions. »
Pour autant, il n’hésite pas à exprimer des positions claires sur des sujets sensibles, tels que l’avortement et la sexualité. Malgré son refus de soutenir des partis ou candidats précis, Cliffe est également apparu à des événements organisés par Charlie Kirk, activiste politique conservateur et figure influente du mouvement MAGA.
D’une certaine manière, cette collaboration est logique : Kirk est chrétien évangélique, et la foi a pris un rôle plus important dans son travail ces dernières années. Comme Cliffe, il visite des campus universitaires pour répondre aux questions des étudiants, et les extraits de ces événements cumulent des millions de vues sur les réseaux sociaux.
Cependant, les deux hommes ont des visions différentes sur la manière dont la foi et la politique devraient s’articuler. Dans les échanges avec les étudiants, Cliffe prend soin de rappeler que suivre Jésus ne se limite pas à un parti ou à une idéologie. Kirk, en revanche, prétend qu’un véritable chrétien né de nouveau ne peut pas voter pour un démocrate.
Kirk a également encouragé les pasteurs américains à soutenir directement les candidats conservateurs et a affirmé que les fidèles devraient quitter leur église si leurs pasteurs refusent de devenir ouvertement politiques.
Cliffe souligne que lui et Stuart étaient apparus aux côtés de Kirk lors d’un échange entre chrétiens, et non à un événement politique. Ils l’ont ensuite rejoint pour un autre rassemblement similaire en février. Les deux événements étaient organisés par TPUSA Faith, initiative centrée sur l’église de l’organisation Turning Point USA de Kirk.
« Si quelqu’un de l’autre côté du spectre politique m’invitait à parler de la foi, j’accueillerais l’opportunité et sauterais dessus immédiatement », affirme Knechtle. « Jusqu’ici, seul Charlie Kirk nous a invités. J’ai donc accepté et nous avons passé un excellent moment là-bas. »
Les nombreux jeunes évangéliques qui remplissent le Vines Center de la Liberty University pour ses rassemblements réguliers applaudissent généralement chaleureusement les conférenciers invités lorsqu’ils montent sur scène.
En novembre dernier, ils se sont levés pour Cliffe. L’ovation a duré près de 30 secondes. Lorsqu’elle s’est enfin calmée, plusieurs étudiants dans le public l’ont interpellé, comme des fans de toujours voyant enfin leur musicien préféré en concert.
Il a répondu par un sourire timide, un geste de la main et un pouce levé, puis a entamé son discours : « Comment partagez-vous votre foi ? Comment communiquez-vous Jésus-Christ aux personnes vivant dans la culture séculière dans laquelle nous vivons aujourd’hui ? Trois points ce matin… »
Pourquoi Cliffe suscite-t-il un engouement si passionné chez les jeunes évangéliques, férus des réseaux sociaux ? Le faire réfléchir sur son « succès » ou son « influence » est un peu délicat, car il semble automatiquement attribuer la reconnaissance à d’autres : Dieu, pour avoir donné à son ministère d’atteindre les gens de nouvelles façons ; Stuart, pour avoir créé et géré leurs comptes sur les réseaux sociaux ; son église, pour son soutien constant. De son point de vue, il n’a fait que continuer à avancer dans la même direction.
« J’ai reçu un très beau compliment la semaine dernière », a-t-il raconté en discutant avec moi dans le sous-sol de sa maison du Connecticut, tandis que sa famille se rassemblait à l’étage. « Un homme m’a dit : “J’ai regardé tes anciennes vidéos. Je t’écoute encore aujourd’hui. Tu es le même.” Donc le message est clair : la fidélité est le baromètre du succès. Le message ne change pas. »
Cliffe voit le processus par lequel une personne décide de mettre sa foi en Christ comme une « chaîne à plusieurs maillons ». Les conversations en plein air, dit-il, constituent souvent un premier ou un maillon intermédiaire, plutôt que le dernier.
Au cours de ses nombreuses années de ministère avant l’ère TikTok, il n’observait souvent pas beaucoup de fruits visibles de son travail (même si cela lui est parfois arrivé). Aujourd’hui, des centaines de réponses aux publications sur les réseaux sociaux témoignent de l’impact de Give Me An Answer, qui a aidé beaucoup de personnes à placer leur confiance en Christ pour la première fois.
Durant notre conversation, Cliffe évoquera à plusieurs reprises l’importance de la fidélité. Je lui ai demandé si cet accent sur la fidélité à son appel était ce qui l’avait maintenu motivé durant les périodes plus décourageantes de sa carrière.
« Oui, mais ce n’est pas différent d’aujourd’hui », a-t-il répondu avec une intensité soudaine. « Je dois juste trouver comment organiser au mieux mon emploi du temps pour atteindre le plus de non-chrétiens possible, et c’est exactement la question que je me posais il y a 44 ans et il y a 20 ans. Donc, ça n’a vraiment pas beaucoup changé. »
Traduit par Mélanie Boukorras pour Infochrétienne.