Près de dix ans après la légalisation du mariage homosexuel dans tout le pays par la Cour suprême des États-Unis, la plupart des pasteurs y sont toujours opposés et le pourcentage de ceux qui le soutiennent n’augmente pas.
Selon une récente étude de Lifeway Research, un pasteur protestant américain sur cinq (21 %) déclare ne rien voir de mal à ce que deux personnes du même sexe se marient.
Trois personnes sur quatre (75 %) y sont opposées, dont 69 % qui affirment un net désaccord à l’égard du mariage entre personnes du même sexe. 4 % des personnes interrogées se disent incertaines.
Des études antérieures du même organisme révélaient un soutien croissant de la part des pasteurs. En 2010, 15 % des pasteurs protestants américains n’avaient aucun problème moral avec cette pratique. Le pourcentage de personnes favorables était passé à 24 % en 2019. Aujourd’hui, le soutien est statistiquement inchangé à 21 %.
« Les débats sur la moralité du mariage homosexuel se poursuivent au sein des dénominations au niveau national et juridictionnel, mais le nombre total de pasteurs protestants qui soutiennent le mariage homosexuel n’augmente pas », constate Scott McConnell, directeur exécutif de Lifeway Research. « La croissance antérieure a été observée plus clairement parmi les pasteurs des églises protestantes traditionnelles, et ce niveau n’a pas augmenté dans notre dernière enquête. »
Les pasteurs sont légèrement plus favorables aux unions civiles légales entre deux personnes du même sexe autres que le mariage, mais la plupart d’entre eux y restent opposés. Actuellement, 28 % soutiennent de tels arrangements, un changement statistiquement négligeable par rapport aux 32 % de 2019 et aux 28 % de 2018.
L’augmentation antérieure du soutien du clergé aux mariages entre personnes de même sexe était surtout le fait des pasteurs de dénominations protestantes traditionnelles, ou « mainline ». En 2010, un tiers (32 %) y était favorable. En 2019, près de la moitié d’entre eux (47 %) n’y voyaient rien d’anormal. Le soutien actuel parmi les pasteurs de ce courant reste à des niveaux similaires (46 %).
Les pasteurs évangéliques demeurent généralement opposés au mariage homosexuel. Depuis 2010, moins d’une personne sur dix se déclare favorable à cette pratique. À l’heure actuelle, 7 % des pasteurs protestants évangéliques américains déclarent qu’ils ne voient rien de mal à ce que deux personnes du même sexe se marient.
Un clivage similaire existe en ce qui concerne les unions civiles entre deux personnes du même sexe. La plupart des pasteurs « mainline » (54 %) y sont favorables, alors que seuls 14 % des pasteurs évangéliques sont de cet avis.
Les méthodistes (53 %), les presbytériens/réformés (36 %) et les luthériens (34 %) sont plus susceptibles d’être favorables au mariage homosexuel que les pasteurs du mouvement restaurationniste (« Église du Christ », 8 %), les non-dénominationnels (5 %), les baptistes (4 %) ou les pentecôtistes (1 %).
Dans l’ensemble, les femmes pasteurs (42 %), plus nombreuses dans les dénominations traditionnelles, sont beaucoup plus susceptibles que leurs homologues masculins (16 %) de soutenir le mariage entre personnes du même sexe.
D’autres groupes démographiques présentent également des degrés de soutien distincts, bien que les variations ne soient pas aussi fortes qu’entre les diverses dénominations.
Les jeunes pasteurs soutiennent davantage cette pratique que les pasteurs plus âgés. Les pasteurs protestants âgés de 18 à 44 ans (27 %) et de 55 à 64 ans (22 %) sont plus susceptibles que les pasteurs âgés de 65 ans et plus (15 %) de ne voir aucun problème avec le mariage homosexuel.
« Les convictions morales et doctrinales des individus n’évoluent généralement pas très souvent ou de manière très marquée, de sorte que nous ne nous attendons pas à ce que les positions des pasteurs évoluent fortement », analyse McConnell. « Toutefois, les différences que nous observons en fonction de l’âge montrent que le nombre plus élevé de jeunes pasteurs qui ne voient rien de mal dans le mariage homosexuel n’a pas encore beaucoup d’impact sur les chiffres globaux. »
Les personnes plus formées tendent aussi à soutenir davantage ce type de mariage. Les pasteurs titulaires d’un master (30 %) ou d’un doctorat (26 %) sont plus susceptibles que ceux qui n’ont pas de diplôme universitaire (9 %) ou une licence (7 %) d’y donner leur approbation.
Les pasteurs du Nord-Est (27 %), où le mariage homosexuel a été légalisé pour la première fois aux États-Unis, et du Midwest (25 %) sont plus susceptibles d’y être favorables que ceux du Sud (18 %).
Ceux qui conduisent des églises plus petites sont également plus nombreux à ne rien voir de mal à ce que deux personnes du même sexe se marient. Les pasteurs des églises comptant moins de 50 fidèles (27 %) et ceux des églises comptant entre 50 et 99 fidèles (25 %) sont plus susceptibles que ceux des églises comptant entre 100 et 249 fidèles (11 %) et 250 fidèles ou plus (8 %) d’y être favorables.
« Étant donné que les pasteurs des églises de taille moyenne et grande sont moins nombreux à être moralement ouverts au mariage homosexuel, une majorité encore plus nette de croyants protestants se trouve dans des églises où le pasteur ne soutient pas les mariages ou les unions civiles homosexuels », dit Mc Connell.
De nombreuses différences entre les différents types de pasteurs se manifestent également pour les autres formes d’union homosexuelles. Les jeunes pasteurs sont plus susceptibles d’y apporter leur soutien que les pasteurs plus âgés, de même que les pasteurs ayant un niveau de formation plus élevé.
Les habitants du Nord-Est et du Midwest ont tendance à y être plus favorables que ceux du Sud. Les pasteurs des plus petites églises sont plus susceptibles de ne rien voir de mal dans les unions civiles entre deux personnes du même sexe que ceux des grandes églises.