Note de l'éditeur : Portes Ouvertes a maintenant publié la liste de surveillance mondiale 2023 de la persécution des chrétiens.
L’année dernière, mille chrétiens de plus que l’année précédente ont été tués pour leur foi.
Mille chrétiens de plus ont été emprisonnés.
Six cents églises de plus ont été attaquées ou fermées.
L’Afghanistan est le nouveau numéro un de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022, le dernier rapport annuel de Portes Ouvertes sur les 50 pays où il est le plus dangereux et difficile d’être chrétien.
« Les résultats de cette année indiquent des changements majeurs dans le paysage de la persécution », affirme David Curry, président de Portes Ouvertes aux États-Unis.
Depuis que Portes Ouvertes a commencé son classement en 1992, la Corée du Nord était en tête. Mais depuis la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans en août dernier, les croyants afghans ont dû quitter leur pays ou se réfugier à l’intérieur de celui-ci. Beaucoup ont perdu tout ce qu’ils possédaient, note le rapport, et les églises de maison ont été fermées.
« Avant les talibans, ce n’était pas génial, mais ça allait encore », raconte un Afghan évacué, requérant l’anonymat dans l’espoir de pouvoir un jour revenir. « [À présent] les chrétiens vivent dans la peur, en secret, dans la clandestinité totale ».
Portes Ouvertes s’empresse de souligner que le passage de la Corée du Nord à la deuxième place ne reflète pas une amélioration de la liberté religieuse dans ce pays. Au contraire, une nouvelle loi sur la pensée anti-réactionnaire a entraîné une augmentation des arrestations de chrétiens et des fermetures d’Églises de maison.
Au total, 360 millions de chrétiens vivent dans des pays où les niveaux de persécution ou de discrimination sont élevés. Cela représente un chrétien sur sept dans le monde, dont un sur cinq en Afrique, deux sur cinq en Asie et un sur quinze en Amérique latine.
L’année dernière, pour la première fois en 29 ans de suivi, les 50 pays obtenaient un score suffisant pour enregistrer des niveaux de persécution « très forts » dans la grille de 84 critères de Portes Ouvertes. Cette année, les 50 pays se sont à nouveau qualifiés, de même que 5 autres qui ne rentrent pas dans le classement.
Alors que l’extrémisme islamique continue de susciter le plus de persécutions, Portes Ouvertes note que les restrictions liées au COVID-19 « sont devenues un moyen commode de renforcer le contrôle et la surveillance des minorités religieuses et de leurs rassemblements » en Chine et dans d’autres pays. Les chercheurs ont également constaté que les persécutions poussent de plus en plus les chrétiens à s’exiler, des dizaines de milliers d’entre eux, notamment au Myanmar, devenant réfugiés dans d’autres pays.
L’objectif des classements annuels de l’Index Mondial de Persécution — qui témoignent de la concurrence grandissante que rencontre la Corée du Nord au fur et à mesure que la persécution s’aggrave — est de guider les prières et d’aider à transformer l’indignation en action pertinente, tout en montrant aux croyants persécutés qu’ils ne sont pas oubliés.
L’édition 2022 couvre la période du 1er octobre 2020 au 30 septembre 2021, et est compilée à partir de rapports de terrain rédigés par des travailleurs de Portes Ouvertes dans plus de 60 pays.
Où les chrétiens sont-ils le plus persécutés aujourd’hui ?
L’Afghanistan ne représente pas le seul changement substantiel dans le classement de cette année. Le Myanmar est passé de la 18e à la 12e place, en raison de l’augmentation de la violence après son coup d’État et de la discrimination en matière de soins de santé. Le Qatar est passé de la 29e à la 18e place, car les Églises de maison auparavant tolérées n’ont pas été autorisées à rouvrir après les fermetures du COVID-19, alors que les mosquées et les quelques Églises officiellement enregistrées ont pu le faire. L’Indonésie est passée de la 47e à la 28e place, en raison de deux attaques islamistes meurtrières contre des églises, malgré la répression gouvernementale contre les terroristes. Enfin, Cuba est passé de la 51e à la 37e place, en raison de l’intensification des mesures prises à l’encontre des dirigeants et des militants chrétiens opposés aux principes communistes.
Dans l’ensemble, les dix premières nations n’ont fait qu’intervertir leurs places par rapport à l’année dernière. La Somalie se maintient à la troisième place, tout comme la Libye à la quatrième, l’Érythrée à la sixième et l’Inde à la dixième. Le Yémen a gagné deux places pour devenir le cinquième pays, remplaçant le Pakistan qui a perdu trois places pour devenir huitième. L’Iran a reculé d’un rang pour se retrouver en neuvième position, et le Nigeria a gagné deux places pour se retrouver en septième position, complétant ainsi les groupe des pires.
Étonnamment retiré en novembre de la liste annuelle des pays particulièrement préoccupants du département d’État américain, après avoir été ajouté en 2020, le Nigeria fait l’objet d’une attention particulière dans le rapport de Portes Ouvertes.
« Une fois que vous êtes chrétien au Nigeria, votre vie est toujours en jeu », explique Manga, dont le père a été décapité par Boko Haram. « [Mais] ce n’est pas comme si nous avions un [autre] endroit aller, nous n’avons pas le choix ».
La nation la plus peuplée d’Afrique s’est classée première dans les sous-catégories de l’Index Mondial de Persécution concernant les chrétiens tués, enlevés, harcelés sexuellement, maltraités physiquement ou mentalement, et les maisons et entreprises attaquées pour des raisons religieuses. Elle se classe en deuxième position dans les sous-catégories « attaques d’églises » et « déplacements internes ».
« Il est de plus en plus évident que les chrétiens (et les groupes minoritaires) ne peuvent pas compter sur l’appareil de sécurité pour leur protection », indique le rapport.
Les violations de la liberté religieuse au Nigeria sont liées à une présence islamiste en pleine expansion dans le Sahel africain. Le Mali est passé de la 28e à la 24e place, et Portes Ouvertes craint qu’il ne progresse encore l’année prochaine. Le Burkina Faso est resté stable à la 32e place et le Niger est passé de la 54e à la 33e place. Tout près, la République centrafricaine est passée de la 35e à la 31e place.
« L’épicentre du djihadisme international se trouve désormais dans la région du Sahel », déclare Illia Djadi, analyste principal de Portes Ouvertes pour la liberté de religion et de croyance en Afrique subsaharienne. « Ce terrorisme se déplace vers le sud (…) et des pays majoritairement chrétiens comme le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire sont désormais touchés. » (Aucun ne figure dans l’Index).
Les pays à majorité chrétienne se classent relativement bas dans le top 50. On y trouve la Colombie (n° 30), Cuba (n° 37), l’Éthiopie (n° 38), la République démocratique du Congo (n° 40), le Mozambique (n° 41), le Mexique (n° 43) et le Cameroun (n° 44).
Parmi les 50 premières nations :
- 11 ont des niveaux de persécution « extrêmes » et 39 des niveaux « très forts ». Cinq autres nations ne figurant pas parmi les 50 premières connaissent également un niveau « très fort » de persécution : le Kenya, le Sri Lanka, les Comores, les Émirats arabes unis et la Tanzanie.
- 18 sont en Afrique (dont 6 en Afrique du Nord), 29 en Asie, 10 au Moyen-Orient, 4 en Asie centrale et 3 en Amérique latine.
- 34 ont l’islam comme religion principale, 4 le bouddhisme, 2 l’hindouisme, 1 l’athéisme, 1 l’agnosticisme et 10 le christianisme.
La liste 2022 comprend deux nouveaux pays : Cuba et le Niger. Deux pays ont été retirés de la liste : le Kenya et les Comores.
Parmi les autres remontées notables, citons l’Arabie saoudite, qui passe de la 14e à la 11e place, en raison de la disponibilité d’informations plus spécifiques sur la situation des migrants convertis. Un autre pays du Golfe, Oman, est quant à lui passé de la 44e à la 36e place, suite à une augmentation de la surveillance des chrétiens, en particulier des convertis, dont plusieurs ont été forcés de quitter le pays. En Asie, le Bhoutan est passé de la 43e à la 34e place en raison d’une augmentation de la violence contre les chrétiens dans ce pays bouddhiste traditionnellement non violent.
Tous les mouvements notables n’ont pas été négatifs. L’Irak et la Syrie ont chacun perdu trois places, passant respectivement à la 14e et à la 15e place, en raison de la diminution du nombre d’églises attaquées et de chrétiens tués. La Tunisie est passée de la 25e à la 35e place, car moins de chrétiens ont été détenus, tandis qu’une baisse de la violence contre les chrétiens a fait passer le Tadjikistan de la 43e à la 45e place. Par ailleurs, la diminution des attaques perpétrées par des groupes hindous radicaux au Népal a fait passer le pays de la 34e à la 48e place.
Portes Ouvertes suggère toutefois que certaines de ces améliorations pourraient être superficielles, en raison d’une baisse de l’activité chrétienne due au COVID-19. L’Égypte est passée de la 16e à la 20e place, et la Turquie de la 35e à la 42e place, en raison de la diminution des attaques contre les églises. Pourtant, en Égypte, la violence à l’encontre des chrétiens individuels est restée élevée, huit croyants ayant été tués, tandis que la Turquie a été le théâtre d’une rhétorique gouvernementale de plus en plus agressive à l’encontre des chrétiens, qui souffrent d’une méfiance sociale croissante.
D’autres nations ont contrebalancé les évolutions positives par des évolutions négatives. Le Soudan est resté à la 13e place car les réformes de la liberté religieuse au niveau national n’ont pas encore été mises en œuvre au niveau local. La Colombie s’est maintenue à la 30e place, car moins de chrétiens ont été tués, mais l’activité criminelle et l’hostilité sociale ont augmenté, en particulier dans les communautés autochtones. Enfin, l’Éthiopie, qui a perdu deux places pour se retrouver au 38e rang, a vu sa baisse de la violence à l’encontre des chrétiens compensée par les pressions communautaires dans un contexte de guerre civile qui rend difficile la distinction entre persécution religieuse et ethnique.
Comment les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?
Portes Ouvertes suit la persécution dans six catégories — incluant la pression sociale et gouvernementale sur les individus, les familles et les communautés — et prête une attention particulière aux femmes. Presque toutes les catégories ont connu une augmentation cette année, et certaines ont atteint des sommets.
Lorsque l’on se concentre exclusivement sur la violence, le top 10 des persécuteurs change radicalement — seuls l’Afghanistan, le Nigeria, le Pakistan et l’Inde restent. En fait, 16 pays sont plus meurtriers pour les chrétiens que la Corée du Nord.
Il y a eu plus de 1000 martyrs en plus par rapport à l’année précédente, puisque Portes Ouvertes a recensé 5 898 chrétiens tués pour leur foi au cours de la période considérée. Représentant une augmentation de 24 %, ce bilan reste une amélioration par rapport au pic de 2016 où l’on avait recensé 7 106 morts. Le Nigeria représente 79 % du total, suivi du Pakistan avec 11 %.
Portes Ouvertes établit des listes précises sur la violence dans les nations qui ont obtenu un classement de 41 points ou plus. L’organisation est connue pour favoriser une estimation plus prudente que d’autres groupes, qui évaluent souvent le nombre de martyrs à 100 000 par an.
Lorsque les chiffres ne peuvent être vérifiés, les estimations sont données en chiffres ronds de 10, 100, 1 000 ou 10 000, en supposant qu’ils sont plus élevés en réalité. Et certaines données nationales ne peuvent être fournies pour des raisons de sécurité, ce qui se traduit par la mention « NN » pour l’Afghanistan, les Maldives, la Corée du Nord, la Somalie et le Yémen.
Dans cette catégorie, ce sont une nation non nommée, le Burkina Faso, la RDC et le Mozambique qui complètent la liste avec un total symbolique de 100 martyrs.
Une deuxième catégorie recense les attaques contre les églises et autres bâtiments chrétiens tels que les hôpitaux, les écoles et les cimetières, qu’ils soient détruits, fermés ou confisqués. Le chiffre de 5 110 représente une augmentation de 14 % par rapport à l’année dernière, mais ne représente que la moitié du chiffre record de 9 488 enregistré en 2020.
La Chine (n° 17), qui a rejoint le top 20 l’année dernière pour la première fois en dix ans, est en tête avec 59 % des attaques d’églises enregistrées. Le Nigeria était en deuxième position avec 470 incidents, suivi du Bangladesh, du Pakistan et du Qatar. La République centrafricaine, le Burkina Faso, le Mozambique, le Burundi, l’Angola et le Rwanda ont tous reçu l’estimation symbolique de 100 attaques.
La catégorie des chrétiens détenus sans procès, arrêtés, condamnés et emprisonnés a atteint un nouveau record en 2021, avec un total de 6 175, soit environ 1 000 cas de plus que pour la période précédente. Portes Ouvertes divise cette catégorie en deux sous-catégories, avec 4 765 croyants arrêtés, soit une augmentation de 69 %. L’Inde est en tête avec 1 310 cas. Elle et un pays non nommé, avec le Pakistan et la Chine, représentent 90 % du total.
Le chiffre de 1 410 croyants emprisonnés représente toutefois une diminution de 4 % par rapport à la période précédente. Un pays non identifié, l’Érythrée, la Chine et le Bangladesh constituent 91 % du total.
Le nombre de chrétiens enlevés a atteint un nouveau record, avec un total de 3 829, soit une augmentation de 124 % par rapport à la période précédente. Le Nigéria représente 66 % du total, suivi du Pakistan avec 26 %.
Les déplacements constituent de loin la catégorie la plus importante, avec 218 709 chrétiens contraints de quitter leur foyer ou de se cacher pour des raisons liées à leur foi. En outre, 25 038 chrétiens ont été contraints de quitter leur pays. Le Myanmar représentait 91 % et 80 % de ces deux catégories.
Portes Ouvertes affirme que plusieurs catégories sont particulièrement difficiles à quantifier avec précision, la plus importante étant les 24 678 cas d’abus physiques et mentaux, y compris les coups et les menaces de mort. Sur les 74 nations étudiées, 36 se sont vu attribuer des valeurs symboliques. Le Nigeria est arrivé en tête, suivi de l’Inde, de deux nations non nommées, de l’Érythrée, du Pakistan, du Myanmar, de la Chine, de la République centrafricaine, du Mozambique et de la Malaisie.
On estime que 4 543 maisons et propriétés chrétiennes ont été attaquées en 2021, ainsi que 1 906 magasins et entreprises. Dans cette dernière rubrique, 18 pays sur 36 ont reçu des estimations symboliques, et le Nigeria arrive en tête.
Le Nigeria, le Pakistan et le Mozambique sont les pays auxquels sont attribués le plus grand nombre de cas dans la première rubrique, seuls le Cameroun et le Bangladesh ayant pu enregistrer les cas réels. L’Irak, la Syrie, la Chine, le Burkina Faso et la RDC complètent le top 10, avec chacun un score symbolique de 100 attaques.
Les catégories spécifiques aux femmes ont également été difficiles à mesurer avec précision pour les chercheurs de Portes Ouvertes. Le total se monte à 3 147 cas de viols et de harcèlement sexuel, avec en tête le Nigeria et le Pakistan, et 36 sur 48 pays ayant reçu un score symbolique. En ce qui concerne les mariages forcés avec des non-chrétiens, le rapport estime un total de 1 588 cas, le Pakistan étant au premier rang des estimations attribuées à 25 pays sur 37.
Pourquoi les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?
La motivation principale varie d’un pays à l’autre, et une meilleure compréhension des différences peut aider les chrétiens des autres nations à prier et à plaider plus efficacement en faveur de leurs frères et sœurs en Christ persécutés.
Portes Ouvertes classe les principales sources de persécution des chrétiens en huit groupes :
Oppression islamiste (33 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans plus de la moitié des pays de l’Index de Persécution, dont 7 des 10 premiers : Afghanistan (n° 1), Somalie (n° 3), Libye (n° 4), Yémen (n° 5), Nigeria (n° 7), Pakistan (n° 8) et Iran (n° 9). La plupart de ces 33 pays sont officiellement des nations musulmanes ou à majorité musulmane, mais six d’entre eux sont en fait à majorité chrétienne : le Nigeria, la République centrafricaine (n° 31), l’Éthiopie (n° 38), la RDC (n° 40), le Mozambique (n° 41) et le Cameroun (n° 44).
Paranoïa dictatoriale (5 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution des chrétiens dans cinq pays à majorité musulmane, principalement en Asie centrale : Ouzbékistan (n° 21), Turkménistan (n° 25), Bangladesh (n° 29), Tadjikistan (n° 45) et Kazakhstan (n° 47).
Oppression communiste et post-communiste (5 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution des chrétiens dans cinq pays, principalement en Asie : la Corée du Nord (n° 2), la Chine (n° 17), le Vietnam (n° 19), le Laos (n° 26) et Cuba (n° 37).
Nationalisme religieux (4 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans quatre pays d’Asie. Les chrétiens sont principalement visés par les nationalistes hindous en Inde (n° 10) et au Népal (n° 48), et par les nationalistes bouddhistes au Myanmar (n° 12) et au Bhoutan (n° 34).
Crime organisé et corruption (2 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution des chrétiens en Colombie (n° 30) et au Mexique (n° 43).
Exclusivisme confessionnel chrétien (1 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés en Érythrée (n° 6).
Intolérance séculière (0 pays) et oppression clanique (0 pays) : Portes Ouvertes suit ces sources de persécution, mais aucune n’est la source principale dans un des 50 pays de la liste 2022. Cependant, l’année précédente, l’oppression clanique était la principale source de persécution en Afghanistan, en Somalie, au Laos, au Qatar, au Népal et à Oman.
Comment se situe l’Index Mondial de Persécution par rapport à d’autres travaux sur la persécution religieuse ?
Portes Ouvertes estime qu’il est raisonnable de considérer le christianisme comme la religion la plus sévèrement persécutée au monde. En même temps, elle note qu’il n’existe pas de documentation comparable pour la population musulmane.
D’autres analyses de la liberté de religion dans le monde corroborent bon nombre des conclusions de Portes Ouvertes. Par exemple, la dernière analyse du Pew Research Center sur les hostilités gouvernementales et sociétales envers la religion a révélé que des chrétiens ont été malmenés dans 153 pays en 2019, soit plus que tout autre groupe religieux. Les musulmans ont été malmenés dans 147 pays, suivis par les juifs dans 89 pays.
Si l’on se concentre uniquement sur l’hostilité des gouvernements, les musulmans sont harcelés dans 135 pays et les chrétiens dans 128, selon Pew. Si l’on examine uniquement l’hostilité au sein de la société, les musulmans sont harcelés dans 115 pays et les chrétiens dans 107.
La répartition correspond aux données de Portes Ouvertes. La Chine, le Myanmar, le Soudan et la Syrie ont enregistré plus de 10 000 incidents de harcèlement gouvernemental chacun. Le Sri Lanka, l’Afghanistan et l’Égypte se distinguent par des niveaux élevés d’hostilité sociale.
La plupart des pays figurant sur la liste de Portes Ouvertes figurent également sur la liste annuelle du département d’État américain qui dénonce les gouvernements qui ont « commis ou toléré des violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté de religion ».
Sa liste des pays plus préoccupants comprend le Myanmar (n° 12 de l’Index 2022), la Chine (n° 17), l’Érythrée (n° 6), l’Iran (n° 9), la Corée du Nord (n° 2), le Pakistan (n° 8), la Russie (qui a quitté l’Index l’année dernière), l’Arabie saoudite (n° 11), le Tadjikistan (n° 45) et le Turkménistan (n° 25). Sa liste de surveillance spéciale de deuxième niveau comprend l’Algérie (n° 22), les Comores (qui ont quitté l’Index cette année), Cuba (n° 37) et le Nicaragua (non classé mais surveillé par Portes Ouvertes).
Le département d’État américain établit également une liste d’entités particulièrement préoccupantes, ou acteurs non gouvernementaux source de persécutions, qui sont tous actifs dans des pays figurant sur la liste de Portes Ouvertes. Il s’agit notamment de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) au Nigeria (n° 7 de l’Index), des Talibans en Afghanistan (n° 1), d’Al-Shabaab en Somalie (n° 4), de Daech principalement en Irak (n° 14), de Hayat Tahrir al-Sham en Syrie (n° 15), des Houthis au Yémen (n° 5), et de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et de Jamaat Nasr al-Islam wal Muslimin au Sahel.
Dans son rapport 2021, la Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) recommandait les mêmes nations pour la liste des pays les plus préoccupants, avec l’ajout du Nigeria, de l’Inde (n° 10), de la Syrie et du Vietnam (n° 19). Pour la liste de surveillance de deuxième niveau du Département d’État américain, l’USCIRF préconise les mêmes nations, à l’exception des Comores, et a ajouté l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan (non classé mais surveillé par Portes Ouvertes), l’Égypte (n° 20), l’Indonésie (n° 28), l’Irak, le Kazakhstan (n° 47), la Malaisie (n° 50), la Turquie (n° 42) et l’Ouzbékistan (n° 21).
Toutes les nations du monde sont suivies par les chercheurs et le personnel de terrain de Portes Ouvertes, mais une attention spécifique est accordée à 100 nations, avec un accent particulier sur les 76 qui enregistrent des niveaux élevés de persécution (scores de plus de 40 sur l’échelle de 100 points de Portes Ouvertes).
Index Mondial de Persécution 2022 de Portes Ouvertes
Rang | Pays |
1 | Afghanistan |
2 | Corée du Nord |
3 | Somalie |
4 | Libye |
5 | Yémen |
6 | Érythrée |
7 | Nigeria |
8 | Pakistan |
9 | Iran |
10 | Inde |
11 | Arabie Saoudite |
12 | Birmanie |
13 | Soudan |
14 | Irak |
15 | Syrie |
16 | Maldives |
17 | Chine |
18 | Qatar |
19 | Viêt Nam |
20 | Egypte |
21 | Ouzbékistan |
22 | Algérie |
23 | Mauritanie |
24 | Mali |
25 | Turkménistan |
26 | Laos |
27 | Maroc |
28 | Indonésie |
29 | Bangladesh |
30 | Colombie |
31 | République centrafricaine |
32 | Burkina Faso |
33 | Niger |
34 | Bhoutan |
35 | Tunisie |
36 | Oman |
37 | Cuba |
38 | Ethiopie |
39 | Jordanie |
40 | République démocratique du Congo |
41 | Mozambique |
42 | Turquie |
43 | Mexique |
44 | Cameroun |
45 | Tadjikistan |
46 | Brunéi |
47 | Kazakhstan |
48 | Népal |
49 | Koweit |
50 | Malaisie |
En français, l’édition 2022 de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens peut être retrouvée sur le site de Portes Ouvertes France ou Suisse.
Traduit par Léo Lehmann
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